4 - Editions Italiques
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88 WILDCAT – IRAK 1991/2003 Attiré par le vacarme, un jeune major arrive. Discussion… Il me prie de ne pas continuer. Je lui rétorque que je ne veux pas foutre le bordel dans son dispositif mais qu’il n’est absolument pas nécessaire de pointer un fusil d’assaut sur moi et de me parler comme à un chien. L’officier donne néanmoins l’ordre aux MP de ne pas me laisser passer. O.K., on va s’amuser! Je décide de jouer l’usure. Je me remets au volant et entame la lecture du dernier SAS. De temps en temps, je quitte Malko Linge et la pulpeuse comtesse Alexandra pour jeter un œil dehors. Les mecs en face, debout, ont toujours, réglementairement, le M-16 à l’épaule braqué sur mon véhicule. Cela va durer deux heures, et ils doivent en avoir plein le cul. Je vais tenter une petite manœuvre de diversion pour tester leurs réactions. Je rebrousse chemin et, à leur vue, je prends un chemin de traverse et revient vers le nord. Les MP se ruent dans leur Humvee et me bloquent le passage. Les deux véhicules se font face sur une espèce de digue. Impossible d’aller sur le côté car la région est marécageuse. Pendant ce tempslà, sur la route principale, une meute entière de wildcats aurait pu passer. Je feins la colère et m’assieds avec ma grille de mots croisés, adossé à la roue avant de mon véhicule. On restera ici le temps qu’il faut, et si les deux guignols en face n’ont que cela à faire, cela ne me dérange absolument pas. Le MP noir et son collègue portoricain qui me braquent toujours ne doivent avoir qu’une envie : m’en foutre une dans la gueule. Au bout d’une demi-heure, des camions de munitions destinés à la batterie de M-198 qui s’est mise en place un peu plus loin à gauche de la route se présentent. Le Humvee et ma Daihatsu bloquent l’accès, et les gros Oshkosh ne peuvent bien sûr pas reculer. J’entends des « Fuck ! fuck and fuck » de toutes parts. Un officier d’artillerie se met à engueuler les MP. Ces derniers ne savent plus quoi faire. Le jeune major de la Police militaire, alerté par radio, rejoint avec son Humvee. Je peux enfin discuter en toute sérénité avec lui. Comme il me parle gentiment, le dialogue est constructif. Nous dégageons bien sûr la route, et ce n’est pas à moi que les artilleurs lancent des regards furibards mais aux deux zouaves de MP. Revenu sur la route, je montre quelques numéros de Raids à l’officier. Je lui dis que je suis un ancien soldat, que je comprends bien qu’ils doivent exécuter les ordres, mais qu’il y a une certaine façon de le faire. En me demandant de lui donner ma parole de soldat, il me fait promettre de n’avancer que lorsque le Humvee sera parti. Là, il y a malentendu, car il croit sincèrement que je vais rester plusieurs heures sur place…