Saint-Denis-de-Pile ne veut pas rater le train

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Saint-Denis-de-Pile ne veut pas rater le train
SUD-OUEST - Mercredi 18 Novembre 2009
ÉQUIPEMENT. La commune se bat pour la création d'une gare digne de ce nom
Saint-Denis-de-Pile ne veut pas rater le train
La bataille du rail engagée par le maire de Saint-Denis-de-Pile
pour une halte ferroviaire plus accessible et plus sécurisée en
attendant la création d'une nouvelle gare. (photos Jacques
Ferchaud)
D'ordinaire calme et serein, à la colère rentrée, Alain Marois
frappe aujourd'hui du poing sur la table : « Je ne lâcherai pas ce
dossier », martèle-t-il.
La gare de Saint-Denis-de-Pile est devenue au fil des années
son cheval de bataille. « Ça fait trente ans qu'on en parle. À
l'époque j'étais conseiller municipal. Lors de l'aménagement des voies pour permettre le passage des trains à grande
vitesse, des passages à niveau ont été supprimés et la gare de Saint-Denis-de-Pile a été transférée et transformée, quelques
centaines de mètres plus loin, en une simple halte, érigée sur le point le plus haut, au-dessus du ruisseau Le Lavié. Pour
faire l'économie d'un passage souterrain qui a été réalisé juste au-dessus du lit du ruisseau. Il fallait y penser ! », ironise-til.
Depuis, la commune n'a cessé de dénoncer l'inaccessibilité et les dangers de cette halte de fortune. Onze marches de
béton, raides à monter, qui la rendent inaccessible aux handicapés. Deux abris saccagés à tout vent. Des TGV qui vous
frôlent le museau et vous décoiffent sur les quais. « Les parents, légitimement, n'ont guère envie de voir traîner leurs
enfants en bordure de voie », souligne le maire.
Pas étonnant que la fréquentation du TER Libourne-Coutras par les locaux soit si faible : une centaine d'usagers
quotidiens pour une commune de 5 000 habitants en plein développement. « C'est sans doute à cause de cette faible
fréquentation que RFF reste sourd à nos sollicitations. Mais c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Si les Dyonisiens
bénéficiaient d'une infrastructure plus accessible, plus confortable, et plus sécurisée, peut-être qu'ils n'iraient pas
encombrer les parkings libournais pour prendre le train », assure-t-il.
Un triple interlocuteur
La commune réclame prioritairement une réhabilitation de cette halte. Et elle se déclare prête à accompagner les travaux
nécessaires, concernant notamment le stationnement qui s'effectue le long de la route sur un terrain appartenant à RFF,
pour manifester sa bonne volonté.
Mais elle n'a jamais eu de réponse à ses courriers. Exception faite de la Région. Philippe Buisson, son vice-président en
charge des TER, se rendra sur le terrain le 24 novembre prochain pour tenter de débloquer la situation.
Elle revendique ensuite la création d'une gare digne de ce nom au lieu-dit Les champs d'Henri. Elle a acquis la maison du
garde-barrière et les terrains attenants à cet effet. « Mais le dossier se heurte à une multitude d'interlocuteurs », souligne
Alain Marois : RFF qui a en charge les aménagements, la SNCF qui gère le trafic avec la Région ».
En plein développement
Il est de toute évidence difficile de faire avancer tout le monde en même temps. Alors que se profile la future Ligne à
grande vitesse en site propre, Saint-Denis-de-Pile ne voudrait pas rater le train du développement ferroviaire régional qui
se dessine parallèlement.
« La Région entend en effet revoir les cadencements avec la SNCF, confirme Philippe Buisson. La gare projetée se situe
de plain-pied, à proximité de la Zaid (Zone d'aménagement d'intérêt départemental) qui va "booster" tout ce secteur du
Libournais. Si la région se doit d'aider à l'amélioration de l'existant, elle doit aussi anticiper. Saint-Denis-de-Pile doit
pouvoir jouer tout son rôle et son projet est dans les tuyaux ».
Reste à convaincre RFF et la SNCF de revoir leurs schémas ferroviaires. Depuis la fin septembre, la commune a ouvert en
mairie un « livre blanc », sorte de pétition ouverte à l'ensemble des habitants. Ceux-ci sont invités à venir exprimer leurs
doléances.
Une centaine a déjà consigné ses observations sur le registre. « Plus ils seront nombreux, plus la commune sera en mesure
de défendre leurs intérêts », assure le maire.
Auteur : jeanb-françois harribey
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