« Analyse stratégique des partenariats de recherche dans le

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« Analyse stratégique des partenariats de recherche dans le
ANRT – FutuRIS – Les Rencontres
Les Rencontres FutuRIS
Jeudi 18 février 2010
« Analyse stratégique des partenariats de recherche dans le
consexse de l’éualtasion der tnisér de qecheqche »
Monsieur Jean-François Quillien
(Délégué au partenariat avec les entreprises, Direction de la Valorisation, INRA)
Rappel de la présentation de la séance
Les changements majeurs intervenus dans le paysage de la recherche publique française (ANR, AERES,
PCRD, PRES, RTRA…) ont eu des effets importants sur les stratégies partenariales des laboratoires
publics de recherche. Les évolutions des modes de financement et d’évaluation en particulier,
suscitent un certain nombre de questions nouvelles quant à la façon dont les unités construisent et
gèrent leurs partenariats. Face à ces évolutions, la Direction de la Valorisation de l’INRA a adapté la
démarche ASP (Analyse Stratégique du Partenariat), inspirée des théories des réseaux sociotechniques
du Centre de Sociologie de l‘Innovation de l’Ecole des Mines de Paris, et développée par la société
Technopolis France, au nouveau contexte de l’évaluation des unités de recherche. L’intervenant
décrira le dispositif interne qui a été mis en place à titre expérimental pour accompagner les directeurs
de trois unités de recherche et restituera les enseignements qui peuvent en être tirés. La discussion
permettra de confronter cette expérience avec celle d’autres organismes et de s’interroger sur le
caractère généralisable de la méthode.
Qtelpter mosr rtq …
… l’expérience du partenariat scientifique de Jean-François Quillien
Après une expérience de la recherche dans le secteur privé (centre technique), Jean François Quillien
a travaillé plusieurs années en tant qu’attaché scientifique auprès de l’Ambassade de France aux EtatsUnis où il était en charge de l’élaboration des collaborations avec les universités américaines, y compris
au plan de la valorisation de la recherche. Il a également participé à plusieurs projets européens, dont
un qu’il a coordonné (24 pays représentés). Il est aujourd’hui responsable de la délégation au
partenariat avec les entreprises de l’INRA.
… la délégation au partenariat avec les entreprises (DPE) de l’INRA
La DPE a pour mission de mieux accueillir les entreprises en les informant sur les compétences des
chercheurs de l’INRA et sur les conditions de mise en œuvre des partenariats industriels
(www.inra.fr/entreprises). En interne, elle propose aux chercheurs une série de services destinés à les
aider à mieux maîtriser leurs partenariats. La Délégation au Partenariat avec les Entreprises est une
unité d’appui à la recherche rattachée à la Direction de la Valorisation (DV) dirigée par Gérard Jacquin.
L’Analyse Stratégique du Partenariat (ASP), concept imaginé par Bastiaan de Laat, est un outil qu’elle a
développé pour les unités de recherche.
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Contact : Jean-François Quillien
Délégué au Partenariat avec les Entreprises
Direction de la valorisation - INRA
[email protected]
Synthèse de la présentation de Jean-François QUILLIEN
Le paqsenaqias à l’INRA
Depuis sa création après guerre le partenariat est ancré dans les pratiques de l’INRA. L’ouvrage
« Regard sur les pratiques de l’INRA » (1998), rédigé par le Centre de sociologie de l’innovation (CSI) et
le Centre de gestion scientifique (CGS), présente la manière dont les chercheurs ont historiquement
construit leurs relations avec leur environnement socioéconomique.
Le nouveau paysage de la recherche a considérablement changé les pratiques du partenariat à l’Inra. Il
a en particulier introduit le management par projet au sein des unités de recherche. Dans ce contexte,
la DPE apporte son soutien aux unités en mettant en place différents outils dont l’Analyse stratégique
des partenariats (ASP).
L’ASP n’est pas un concept nouveau. Elle a été mise au point à la fin des années 90 par M. de Laat pour
les besoins du Cirad et du Cemagref*. Sa première adaptation au sein de l’INRA date de 2005 et son
utilisation, même si elle a toujours été appréciée des chercheurs, a été très ponctuelle : six unités sur
230 en ont fait la demande entre 2005 et 2008. Cependant, on constate depuis quelques mois un fort
intérêt de la part des directeurs d’unités de recherche pour l’ASP. Cela s’explique par l’augmentation
des partenariats, et donc de la difficulté à les gérer, et par les nouvelles conditions de l’évaluation des
unités par l’AERES.
Présentation de la méthode ASP
La méthode ASP est avant tout une approche collective qui s’appuie sur un collectif de recherche
(unité, équipe, projet, etc.). Elle a pour but d’aider les unités à mener une réflexion prospective sur
leurs partenariats, y compris scientifiques. Elle débute par une première rencontre avec le directeur
d’unité pour bien mesurer les enjeux et fixer les objectifs. L’ensemble des chercheurs concernés sont
ensuite réunis pendant une journée pour une séance de travail collectif. Un rapport confidentiel est
ensuite remis au directeur d’unité.
La journée de travail avec l’ensemble des chercheurs se déroule en sept étapes structurées autour de
deux grandes phases. La première vise à caractériser l’unité, identifier le domaine d’activité
stratégique, analyser le réseau et les liens entre les acteurs. La seconde, plus prospective, vise à
réfléchir au positionnement futur et à définir un plan d’actions.
La caractérisation de l’unité s’appuie sur la « Rose des vents de la recherche » (Larédo, Mustar). Il est
très important, en ce début d’analyse, que l’ensemble de l’équipe s’entende pour identifier son
« terrain de jeu » stratégique. Une fois ce travail effectué, les chercheurs sont invités à identifier
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l’ensemble des acteurs qui, indépendamment d’eux, interviennent dans le domaine considéré. Ces
acteurs sont ensuite positionnés sur une représentation graphique autour de quatre pôles - science,
technologie, usagers, puissance publique -, et caractérisés selon leur importance et la fréquence de
leurs interactions (analyse du réseau d’acteurs & analyse des liens). Les chercheurs sont ensuite invités
à réfléchir au positionnement qu’ils envisagent pour leur unité dans un horizon de quatre à cinq ans. Il
en résulte une liste relativement limitée de partenaires potentiels et un plan d’actions.
L’ARP es l’éualtasion der tnisér (AERER)
Dans le cadre des évaluations menées par l’AERES, les chercheurs sont invités à dresser un bilan de
leurs activités passées et à réfléchir à leurs projets futurs. Pour caractériser les activités d’un
laboratoire, le groupe EREFIN1 (Groupe de travail inter-établissements sur l'Évaluation de la REcherche
FINalisée) a proposé à l’AERES d’utiliser une matrice activités/produits. Cette matrice peut être
aisément utilisée dans l’ASP pour caractériser l’activité de l’unité en lieu et place de la « Rose des
vents ». L’ASP constitue ainsi pour les chercheurs une aide à la rédaction du rapport (dossier unique)
qui leur est demandé par l’AERES dans le cadre de la procédure d’évaluation des unités de recherche.
Quelques enseignements
L’ASP est donc une aide concrète apportée aux unités de recherche. Elle leur permet de mener une
réflexion collective sur le partenariat de l’unité, de dégager une vision commune et d’impliquer les
chercheurs dans l’élaboration de nouveaux partenariats. Il s’agit de passer d’un partenariat subi à un
partenariat construit au service du projet d’unité. En ce sens, l’ASP contribue également à la
préparation des évaluations menées par l’AERES.
Débat
Comment expliquez-vous le fait que seulement six analyses ASP ont été menées en quatre ans ?
Au départ il s’agissait pour nous de tester la méthode. Il nous a fallu un peu de temps pour convaincre
les chercheurs de passer une journée sur un exercice qu’ils ne connaissaient pas. Nous avions
également besoin de temps pour acquérir le savoir-faire lié à l’application de l’ASP dans le contexte de
l’Inra. Quand nous avons constaté que la méthode donnait de bons résultats, il nous a fallu réfléchir au
déploiement de la méthode en interne, ce qui passait inévitablement par la formation d’autres
personnes. La mise en place en 2007 des évaluations d’unités par l’AERES a créé des conditions
nouvelles pour les directeurs d’unité qui sont aujourd’hui demandeurs. Nous avons du adapter notre
pratique à ce nouveau contexte lui-même en cours de création. Nos premières expériences nous ont
donné de la crédibilité et le temps nécessaire pour mettre en place un dispositif à l’échelle de
l’institution.
Le groupe EREFIN s’est constitué en 2006 pour permettre aux établissements de recherche finalisée de préparer, dans le cadre du pilotage
stratégique, une série de documents sur l’évaluation des unités de recherche. Source : http://www.obs-ost.fr/en/la-cooperative/erefin.html
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Comment qualifieriez-vous l’évolution des partenariats des unités de recherche de l’INRA entre le
pôle science et le pôle technologie ?
Les unités de recherche se positionnent entre le pôle Science et le pôle Technologique avec une
tendance à se rapprocher du pôle Science. Pour autant, le nombre de contrats de recherche avec des
partenaires privés a quasiment doublé en 4 ans (177 contrats en 2004, contre 247 en 2008). La mise en
place du financement par projet instauré par l’ANR a contribué ces dernières années à l’accroissement
des partenariats avec les entreprises.
L’ASP prend-t-elle en compte la dimension économique et financière dans l’analyse ?
La réflexion collective proposée dans le cadre de l’ASP a pour but de faire émerger des priorités et des
priorités partagés. Elle n’intègre pas à proprement parler d’analyse économique et financière. Mais
l’ASP peut être complétée par des analyses plus classiques reposant sur des éléments factuels tels que
l’analyse systématique des contrats passés ou des calculs de coûts complets par exemple. En
définitive, ce qui importe c’est que les partenariats viennent nourrir le projet scientifique de l’unité.
L’ASP semble reposer principalement sur la perception des chercheurs des unités de recherche.
Comment s’opère l’adéquation avec la stratégie définit par la Direction de l’INRA ?
Sur le plan scientifique, chaque projet d’unité est co-construit avec la hiérarchie scientifique, le
Département de Recherche, qui lui-même « discute » chaque année avec le collège de direction
(Directoriales). Sur le plan contractuel, outre le fait que les unités bénéficient de l’appui juridique de la
Direction de la Valorisation, tous les contrats de recherche sont visés par le chef de département et
son adjoint partenariat pour précisément garantir les cohérences. L’intérêt majeur de la démarche ASP
est de mener une réflexion collective portée par les acteurs qui leur permet de prendre du recul sur
leurs pratiques partenariales.
Pensez-vous que cette méthode soit duplicable au sein d’une équipe de recherche privée où l’aspect
économique est un critère prépondérant ?
L’INRA a adapté la méthode ASP à ses besoins. L’adaptation aux besoins de l’entreprise est tout à fait
envisageable, mais nécessiterait probablement des ajustements.
Avez-vous un retour d’expériences sur plusieurs années pour analyser les changements instaurés au
sein des unités de recherche ?
Nous n’avons pas réalisé pour l’instant d’évaluation systématique. Nous avons cependant recueilli le
témoignage des directeurs d’unités dans lesquelles nous étions intervenus de 2005 à 2008. Ils nous ont
tous dit qu’ils trouvaient cette analyse bénéfique, ils avaient encore bien en tête les éléments de la
réflexion stratégique et ils nous ont tous cité des actions concrètes qu’ils avaient prises à la suite de ces
ASP. Nous avons peu de recul par contre car c’est trop récent sur les conséquences de la mise en
œuvre des ces ASP sur les évaluations faites par l’AERES.
* la description de la méthode ASP a fait l’objet d’un article qui a été soumis à publication.
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Calendrier des prochaines Rencontres FutuRIS
Rencontre 2 : lundi 29 mars 2010 de 8h30 à 10h00
Marier l’excellence individuelle et l’excellence collective – J. Haiech (Université de Strasbourg)
Rencontre 3 : mercredi 14 avril 2010 de 8h30 à 10h00
Les universités à l’heure de la mondialisation : des acteurs émergents pour de nouveaux critères
d’excellence – H. Dang Vu (Université Paris-Est Marne la Vallée)
Rencontre 4 : mardi 18 mai 2010 de 8h30 à 10h00
Soutien global à la phase initiale de lancement d’innovation dans les PME – J. Martinat et J. Laurent
(Commission Innovation CGPME du Rhône)
Responsable : Jérôme Fontaine
Chargé d'études ANRT - FutuRIS
Email : [email protected]
Tél. 01 55 35 26 67 / Fax : 01 55 35 25 55
ANRT 41, Boulevard des Capucines 75002 Paris
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