La Sardaigne et Rhodes aux mains des Alliés

Transcription

La Sardaigne et Rhodes aux mains des Alliés
Chapitres 16-17 – Le naufrage de l’empire italien
Octobre 1940
La guerre en Méditerranée (et, encore un peu, en Afrique du Nord)
La Sardaigne et Rhodes aux mains des Alliés
1er octobre
Opération Marignan
A l’assaut de la Maddalena
Sardaigne – Première opération amphibie contre l’archipel de La Maddalena. Partant l’une de
Bonifacio, l’autre de Santa Teresa di Gallura, deux flottilles hétéroclites, où l’on trouve
notamment les deux prises faites à Porto Torres (le caboteur Arsia et le chalutier Sogliola)
emmène un bataillon et demi de fusiliers-marins à l’assaut des “îles extérieures” de
l’archipel : Spargi, Budelli, Razzoli et Santa Maria. Cette action incite les batteries
secondaires encore actives sur La Maddalena même à se révéler mais les Français, méfiants,
ont agi à l’aube, et les canons italiens n’ont pas le temps de gêner l’opération avant d’être
muselés par les croiseurs légers La Galissonnière et Jean-de-Vienne, qu’escortent les
torpilleurs de la 4e DCT. Bien réglé par leurs hydravions qui opèrent en toute quiétude, leur tir
s’avère très efficace.
Mussolini dramatise
Rome – Dramatisant la situation, Mussolini ordonne à ses armées de « créer un mur d’acier
protégeant la terre sacrée d’Italie ». Au fil de ses nombreux discours, il compare les forces
alliées, qui ont achevé leur prise de contrôle de l’Afrique du Nord, à l’ancienne rivale de
Rome, Carthage, ce qui lui permet de conclure invariablement ses péroraisons par les mots de
Caton l’Ancien « Delenda est Carthago ! » (Carthage doit être détruite).
Opération Cordite
La nuit
Rhodes – Les forces italiennes abandonnent Arnitia et se retirent sur Messanegro.
………
La journée
Rhodes – Après avoir occupé sans coup férir Arnitia, l’aile droite et le centre alliés se portent
vers Messanegro. Le général Mittelhauser fait une nouvelle offre de reddition que le général
Piazzoni repousse. Décidé à gagner à l’économie, Mittelhauser se contente de faire bombarder
les positions ennemies et d’attendre que son aile gauche vienne se rabattre sur Messanegro.
Cette dernière a commencé la journée en se divisant en deux : suivis par les fantassins du 18e
bataillon néo-zélandais, 12 véhicules chenillés (les 2 Mk VI et les 5 Bren Carriers qui restent
aux Néo-Zélandais et 5 des 9 R-35 encore disponibles) se dirigent, hors route, vers la plaine
de Cattavia, où se trouvent notamment l’aérodrome et la prison militaire. Le reste des troupes
se dirige vers le village de Cattavia lui-même. Le premier groupe saisit sans difficulté
l’aérodrome, les blindés alliés s’offrant une répétition de la charge des Dragons de Gironde :
pour rien, puisqu’il n’y a pas le moindre appareil sur le terrain, ni même l’ombre d’une
garnison 1. Puis les soldats alliés prennent, sans combat, la prison militaire, où ils ont le plaisir
de délivrer leurs camarades, enfermés là depuis plusieurs semaines ou quelques jours. Quant
1
En 1914, l’escadron du lieutenant Gironde (16e Dragons) chargea un aérodrome de campagne allemand et y
détruisit plusieurs avions.
au groupe principal, il se heurte à la position de Cattavia-village, qu’il ne peut emporter avant
la fin de la journée.
………
Rome – En « récompense de la valeur démontrée dans la défense obstinée de l’île de
Rhodes », Mussolini élève Piazzoni au grade de général de division. Cette promotion n’était
guère envisageable quand De Vecchi était présent, le gouverneur civil et militaire des îles de
l’Egée n’étant que général de brigade. L’autonomie militaire de Rhodes l’a rendu possible !
« Les Français feront donc un prisonnier plus gradé… » soupire le promu.
………
Alexandrie, 14h30 (12h30 GMT) – Départ sur lège pour Famagouste des trois paquebots
Gouverneur-général Grévy, Gouverneur-général Jonnart, Gouverneur-général Tirman ainsi
que du cargo rapide Calédonien. Ils doivent charger à destination de Rhodes les éléments
présents à Chypre de la 4th New Zealand Infantry Brigade (et leurs matériels). Les quatre
transports sont escortés par les destroyers HMAS Stuart et Vampire ainsi que par les
torpilleurs MN Le Mars, Tempête et Typhon.
2 octobre
Opération Marignan
A l’assaut de la Maddalena
Enfin remise en état de naviguer, la MAS-438 quitte in extremis La Maddalena à 01h00 GMT
(02h00 heure italienne). Elle rejoint La Spezia, où ses réparations seront achevées, mais, à
l’inverse de la MAS-533, elle ne reviendra pas en première ligne : elle servira plusieurs mois à
des tâches d’entraînement avant d’être désarmée.
Opération Cordite
Rhodes – Tandis que les blindés français et néo-zélandais ainsi qu’une partie du 18e Bataillon
d’infanterie, rejoints par la moitié du IV/6e REI et le II/41e RAC, se dirigent vers le Cap
Prasso par une route qui est plutôt une piste, le reste des forces de l’aile gauche fait tomber le
village de Cattavia à la mi-journée. Outre les deux batteries du Cap et la garnison de
Messanegro, il n’y a plus sur Rhodes de troupes italiennes en état de combattre. Précisément,
Messanegro repousse une reconnaissance en force du II/6e REI. Mittelhauser n’insiste pas et
fait reprendre les tirs d’artillerie.
………
Chypre, 17h15 (15h15 GMT) – Arrivée à Famagouste du convoi parti la veille d’Alexandrie.
Son approche a été couverte par des patrouilles ASM effectuées par les escorteurs de Cordite
momentanément stationnés à Limassol et par le patrouilleur auxiliaire MN Cap Nord.
3 octobre
Opération Marignan
A l’assaut de la Maddalena
Sardaigne – Les fusiliers-marins débarquent sur l’île de la Maddalena. Plus que par la
résistance des quelques forces italiennes présentes sur l’île, leur progression va être gênée par
les tirs des derniers canons actifs de Caprera. Cette île est bombardée par des navires de
guerre, des bombardiers et par l’artillerie lourde mise en position à l’est de Palau.
Opération Cordite
Rhodes – Tandis que les bombardements aériens et terrestres ont repris dès l’aube, le général
(de division) Piazzoni se résigne enfin à engager des négociations pour une reddition
honorable. Au terme d’une assez brève discussion, Mittelhauser accepte de lui accorder les
honneurs de la guerre. Il en profite pour repousser l’heure d’effet de la reddition au
lendemain. Ce n’est évidemment pas pour ménager son adversaire, mais pour que le général
néo-zélandais Freyberg, attendu à Rhodes dans la soirée, venant du Caire en hydravion, puisse
assister à la cérémonie…
………
Chypre, 08h30 (06h30 GMT) – Arrivée à Famagouste, venant d’Alexandrie, des destroyers
HMS Dainty et Decoy ainsi que des torpilleurs MN Basque et Forbin. Ils viennent prendre en
charge le pétrolier MN Tarn et le transport de munitions MN Golo. En effet, les amiraux
Cunningham, Godfroy et Carpentier sont aisément tombés d’accord pour placer la “basearrière proche” d’Accolade non plus dans un port chypriote mais à Rhodes même. Les deux
navires ravitailleurs doivent donc aller compléter leurs réserves à Alexandrie avant de partir
pour Rhodes, via Limassol.
4 octobre
Opération Marignan
A l’assaut de la Maddalena
Sardaigne – L’île de la Maddalena est entièrement conquise dans la soirée. Les Français n’y
trouvent aucun officier ayant autorité sur l’ensemble des îles, toutes obéissant encore, au
moins en théorie, à l’amiral de division Sportiello. Il faudra donc réduire à leur tour Caprera
et San Stefano.
L’Axe prépare sa riposte
Col du Brenner – Mussolini et Hitler se retrouvent à la frontière italo-allemande.
Ses rêves de “guerre parallèle” bien envolés, le Duce se voit contraint de quémander (aussi
dignement que possible tout de même) de l’aide pour rétablir la situation de l’Italie en
Méditerranée. Si la reconquête du Dodécanèse et de l’Afrique du Nord ne peut être
immédiatement mise à l’ordre du jour, celle de la Sardaigne apparaît comme un objectif
nettement plus réaliste, d’autant plus qu’elle peut être associée à une attaque de la Corse,
dernier lambeau encore libre de la France européenne (et que Mussolini considère comme une
terre italienne vouée à l’irrédentisme).
De son côté, Hitler sait qu’après la décapitation de la flotte, la perte de la Sardaigne, de la
Libye et du Dodécanèse, tandis que l’Afrique de l’Est apparaît condamnée, l’autorité de
Mussolini est contestée avec vigueur à la direction même du Parti Fasciste. Il est donc prêt à
montrer sa solidarité à celui qui avait été son modèle. Il va envoyer en Italie des forces
terrestres : une division “légère” (mécanisée) et deux divisions d’infanterie. Surtout, le Führer
accepte de déployer dans la Péninsule trois FliegerKorps de la Luftwaffe, « dès que la
question anglaise sera réglée. » C’est sur eux que va reposer le début de la contre-attaque de
l’Axe en Méditerranée.
Opération Cordite
Rhodes, 08h30 (06h30 GMT) – Conformément aux termes de la capitulation signée la veille,
les dernières troupes italiennes (dont environ 200 hommes du IV/9e RI) sortent de
Messanegro en armes et défilent devant leurs vainqueurs, Français, Polonais et NéoZélandais 2, au premier rang desquels se tiennent les généraux Mittelhauser, Richard,
Kopanski et Freyberg.
2
Ces derniers sont représentés par une partie du 18e Bataillon d’Infanterie et les artilleurs du 4e Régiment
d’Artillerie de Campagne.
En revanche, les deux batteries du Cap Prasso (Mocenigo à l’est, Bragadino à l’ouest)
refusent de se rendre.
Pendant ce temps, le navire-hôpital Sphinx entame la seconde de deux rotations à destination
d’Alexandrie, qui lui auront permis d’évacuer sur la grande base égyptienne la majorité des
blessés graves de Cordite, un certain nombre demeurant pris en charge dans les hôpitaux,
civils et militaires, de Rhodes. Le commandement italien est averti par l’intermédiaire de la
Croix-Rouge de ses prochains mouvements – et du fait qu’il transporte aussi des blessés
transalpins.
………
Chypre, 18h00 (16h00 GMT) – Départ de Famagouste des trois paquebots Gouverneurgénéral Grévy, Gouverneur-général Jonnart, Gouverneur-général Tirman ainsi que du cargo
rapide Calédonien, avec leur escorte. Ils ont chargé toutes les unités de la 4th New Zealand
Infantry Brigade stationnées à Chypre depuis le 5 septembre ainsi que leur matériel.
………
Alexandrie, 17h00 (15h00 GMT) – Arrivée des Tarn et Golo et de leur quatre escorteurs.
5 octobre
Opération Cordite
Rhodes – Les deux batteries du Cap Prasso sont convaincues de se rendre en trois temps :
destruction de leurs armes de défense rapprochée ; l’avance étant devenue sans danger, tirs à
vue des pièces du II/41e RAC sur tous les ouvrages accessibles ; enfin, une fois qu’ils ont eu
rejoint, envoi des sapeurs français et polonais sur les hauts des batteries. Celles-ci se rendent
un peu après midi, non sans que leurs équipages n’aient tout soigneusement saboté.
Contrairement aux batteries de Lindos, elles n’auront pas tiré un seul coup de canon contre
des navires !
………
L’opération Cordite est achevée, mais elle n’a pas été sans mal. Les pertes subies lors de la
prise du port, succédant aux problèmes rencontrés en Norvège au mois d’avril, en Sardaigne
au mois de septembre et surtout à l’échec devant Pantelleria, donnent à réfléchir aux étatsmajors alliés, qui comprennent que des navires de débarquement spécialisés sont une
nécessité. Les troupes françaises ont en effet rencontré d’extrêmes difficultés pour décharger
directement sur les plages des chars même relativement légers comme les R-35. Or, les
combats à Rhodes ont amplement démontré que disposer rapidement de blindés est vital pour
le succès d’une opération de débarquement.
Le bilan des pertes humaines témoigne de l’âpreté des combats terrestres de Karpathos et
Rhodes. Les Italiens ont eu 1 207 tués ou disparus et 3 863 blessés ; ils laissent aux mains des
Alliés près de 15 000 prisonniers. Ces derniers ont également souffert : les Polonais comptent
156 tués et 467 blessés, les Français 431 tués et 1 389 blessés, les Néo-Zélandais 37 tués et 65
blessés (soit au total 624 morts et près de 2 000 blessés).
De Cordite à Accolade
Rhodes-ville, 05h30 (03h30 GMT) – Arrivée des dragueurs auxiliaires Saint-Christophe et
Tamise.
18h30 (16h30 GMT) – Arrivée dans le port de commerce des trois paquebots Gouverneurgénéral Grévy, Gouverneur-général Jonnart, Gouverneur-général Tirman ainsi que du cargo
rapide Calédonien. Seuls les hommes et les animaux sont mis à terre ; le matériel et les
approvisionnements ne quittent pas les transports. Faute de place, seuls les deux destroyers
australiens leur tiennent compagnie. Les trois torpilleurs français gagnent Karpathos et
mouillent dans la baie de Pigadia.
………
Alexandrie, 07h00 (05h00 GMT) – Leurs stocks complétés, le Tarn et le Golo appareillent
pour Limassol, toujours escortés par les destroyers HMS Dainty et Decoy et les torpilleurs
MN Basque et Forbin.
08h15 (06h15 GMT) – Comme il est apparu nécessaire de faire de la place dans le port de
commerce de Rhodes, le grand remorqueur HMS Respond est à nouveau sur la brèche. Il part
cette fois chercher le paquebot Patria endommagé. Les destroyers HMS Janus, Jervis, Juno,
Mohawk et Nubian l’accompagnent : escorte évidemment surdimensionnée pour le voyage
aller, mais jugée adaptée pour le retour en raison de l’activité des sous-marins italiens.
L’aviso MN Commandant-Rivière, qui doit rejoindre le Dodécanèse, est aussi du voyage.
Trop lents en revanche, les chalutiers ASM HMS Kingston-Coral, Loch Melfort et
Wolborough, attendus eux aussi dans le Dodécanèse, font route de leur côté.
6 octobre
De Cordite à Accolade
Le fracas des armes se tait pour quelques jours dans le Dodécanèse. Les Alliés en tiennent
désormais le sud, plus l’île de Symi, et les Italiens le nord, les deux camps étant séparés par
un no man’s land composé pour l’essentiel des îles de Tilos (Piscopi) et Nissiros, dont les
Italiens se sont retirés sans que leurs ennemis y prennent pied 3.
S’il n’y a pas de combats, on note de nombreux mouvements dans les airs et sur mer. Mais
ces derniers vont être perturbés par une brusque dégradation du temps, beau jusque là. Ce
mauvais temps était attendu, mais pas aussi tôt. Un fort vent d’ouest se lève dès le petit matin
et balaye la mer Egée. Il tourne peu à peu à la tempête. Celle-ci durera jusqu’au 10 octobre,
avec quelques accalmies les deux derniers jours.
………
Rhodes, 09h00 (07h00 GMT) – Les MS-406 du GC I/7, venant de Karpathos, se redéploient
sur l’aérodrome de Maritsa, bientôt rejoints par les SBC-4 de l’escadrille AB1.
23h45 (21h45 GMT) – Arrivée du remorqueur HMS Respond et de ses escorteurs. La fin de
leur voyage a été gênée par l’état de la mer, agitée par le fort vent d’ouest.
………
Chypre, 08h20 (07h20 GMT) – Arrivée à Limassol du pétrolier Tarn et du transport de
munitions Golo. Leur escorte repart sans délai pour Alexandrie.
………
Alexandrie, 09h30 (07h30 GMT) – Arrivée du croiseur auxiliaire Koutoubia (X4). Le navire,
qui a été engagé dans l’opération Marignan, va participer à Accolade en compagnie du Ville
d’Oran (X5), constituant avec lui la 2e Division de croiseurs auxiliaires (DCX) 4. Des quatre
croiseurs auxiliaires de Cordite, le Ville d’Oran est le seul qui doit demeurer en Méditerranée
orientale. Comme prévu, la 1ère DCX d’origine – les trois « El » (El Mansour X6, El Kantara
X16, El Djézaïr X17) – doit aller patrouiller ou escorter des convois dans l’Atlantique.
Cependant, avant de mettre le cap à l’ouest, les trois paquebots doivent aller à Rhodes pour
embarquer d’une part le III/24e RIC, qu’il faut ramener à Chypre, d’autre part une partie des
prisonniers italiens, qu’il faut transférer à Beyrouth. Néanmoins, leur transfert dans
l’Atlantique n’étant pas à quelques jours près, la nouvelle de la brusque dégradation du temps
fait reporter leur départ, prévu à l’origine ce matin même à 10h30 (08h30 GMT).
3
On y trouve aussi plusieurs petites îles et îlots, habités ou non, dont le plus important est Sirna (Sirina), entre
Karpathos et Astypalée (Stampalia).
4
La 2e DCX prévue en septembre 1939 devait comprendre les paquebots Ville d’Oran et Ville d’Alger ; ce
dernier n’a finalement pas été armé en croiseur auxiliaire.
7 octobre
Opération Marignan
A l’assaut de la Maddalena
Sardaigne – Après deux jours de réorganisation, les fusiliers-marins attaquent l’île de
Caprera. Au même moment, un bataillon de la 373e DBIA débarque sur San Stefano.
Si San Stefano est conquise dès le soir même, il va falloir quatre jours aux fusiliers-marins
pour obtenir méthodiquement la reddition des points forts de Caprera 5 et même un jour de
plus pour éliminer quelques irréductibles.
Mer Tyrrhénienne – Le Thétis (L.V. Lefeuvre), lui aussi de la 13e DSM, dépasse le Calypso
dans la course au plus gros transport torpillé en envoyant par le fond le vapeur Providenza
(8 549 GRT), allant de Naples en Sicile.
De Cordite à Accolade
Rhodes, 07h30 (05h30 GMT) – Les marins alliés doivent se rendre à l’évidence : la très forte
mer rend sinon impossible, du moins trop risqué le départ en remorque du paquebot Patria,
tout comme celui, par ses propres moyens, du chalutier ASM Kingston-Cyanite, mis en état
de naviguer par la pose d’un paillet Makaroff. Ils n’ont plus qu’à prendre patience jusqu’au
retour d’un temps calme. Les destroyers Janus, Jervis et Juno vont aller attendre ce moment
favorable à Karpathos, dans la baie de Pigadia.
08h50 (06h50 GMT) – Arrivée des trois chalutiers ASM.
………
Beyrouth, 07h45 (05h45 GMT) – Arrivée de l’arraisonneur-dragueur Le Cid.
8 octobre
De Cordite à Accolade
Karpathos, 01h50 (23h50 GMT) – L’aérodrome est bombardé par deux SM.82 partis de
Rome-Guidonia. L’un des Cant Z.501 survivants du 84e Groupe autonome RM, connaissant
bien les lieux, a lancé quelques engins éclairants pour illuminer la cible.
Heureusement pour les Français, les appareils présents, moins nombreux depuis le
mouvement de l’avant-veille, étaient bien desserrés. Il y a pourtant du dégât. Chez les marinsaviateurs, 2 SBC-4 de l’escadrille AB4 sont détruits et l’une des machines de l’AB2 est
endommagée. Pour leur part, les chasseurs du GC I/4 perdent un de leurs Curtiss (perte qui
s’ajoute à celle d’un avion accidenté le 3 octobre), tandis qu’un autre est endommagé. Un
pilote du GC I/4 est tué, ainsi que quatre membres des équipes au sol. Deux bombes touchent
l’un des camps du 7e Bataillon du Levant en garnison sur Karpathos, faisant deux tués et sept
blessés. Surprise, la DCA légère qui défend l’aérodrome manque l’éclaireur ; elle est bien sûr
totalement impuissante contre les Marsupiali qui bombardent à haute altitude.
Cependant, au moment d’amerrir dans une crique discrète (et protégée du vent d’ouest) d’un
îlot proche de Léros, le Cant Z.501 est victime d’un problème de moteur ; il prend contact
plus brutalement que prévu avec l’eau, endommage sa coque et coule à demi, sa voilure
restant émergée. En fin de matinée, l’épave sera repérée et mitraillée par une paire de Curtiss
H-75 du GCI/4.
5
Forts ou batteries de Candeo, Messa del Cervo, Poggio Baccà, Poggio Rasu, sans compter la petite Isola del
Porco.
Pour les Alliés, ce raid a malgré tout l’effet positif de réveiller une vigilance qui tendait à
s’assoupir.
………
Rhodes, 10h45 (08h45 GMT) – Venant de Chypre, les Martin-167 du GB I/39 rejoignent à
leur tour en milieu de matinée l’aérodrome de Maritsa.
………
Alexandrie, 07h30 (05h30 GMT) – Le paquebot Gouverneur-général Chanzy prend la mer, à
vide. Escorté par les destroyers HMS Defender et Ilex, il va à Beyrouth embarquer le 11e
Bataillon de Marche de Volontaires Etrangers (BMVE), lequel, rebaptisé XI/6e REI, va
renforcer les deux bataillons (II et IV) que le 6e REI engage dans Accolade.
9 octobre
De Cordite à Accolade
Alexandrie, 10h00 (08h00 GMT) – Escortée par les destroyers HMS Griffin, Hasty et
Hotspur, la 1ère DCX, réduite aux trois « El », lève l’ancre pour Rhodes. Certes, la tempête
n’est pas encore terminée, mais les prévisions météo laissent prévoir son affaiblissement
prochain. Il va donc redevenir humain de transporter des prisonniers italiens à fond de cale !
15h25 (13h25 GMT) – Le navire-hôpital Sphinx met lui aussi à profit l’affaiblissement
progressif de la tempête pour repartir pour le Dodécanèse, ravitaillé en carburant et vivres et
réapprovisionné en matériels et médicaments, fin prêt pour participer à Accolade.
………
Beyrouth, 09h35 (07h35 GMT) – Arrivée du Chanzy et de ses deux escorteurs.
18h30 (16h30 GMT) – Le Chanzy, avec le XI/6e REI à son bord, et son escorte reprennent la
mer pour Rhodes.
Opération Accolade – Prélude
Limassol, 12h00 (09h00 GMT) – Départ pour le Dodécanèse d’un convoi lent rassemblant le
monitor HMS Terror, le pétrolier MN Tarn et le transport de munitions MN Golo. Les trois
précieux navires bénéficient d’une forte escorte : les deux avisos (MN Ailette et Dubourdieu)
et les deux chalutiers ASM (HMS Lydiard et Victorian) présents à Chypre, bientôt rejoints au
large du cap Akamas par les destroyers HMAS Stuart et Vampire et les torpilleurs MN Le
Mars, Tempête et Typhon. Il ne reste plus dans les eaux chypriotes que le patrouilleur
auxiliaire MN Cap Nord.
………
Léros et Astypalée (Stampalia) – Dans l’après-midi, une première accalmie de la tempête
permet de commencer une campagne de bombardement destinée à affaiblir les défenses
d’Astypalée, tout en laissant planer la menace d’un possible assaut sur Léros. C’est cette île
qui est visée la première par les Martin 167, avant que les bombardiers légers français,
rejoints par les SBC-4 de l’Aéronavale, ne s’en prennent aux batteries de Stampalia. Un
Martin 167 du GB I/39 est endommagé par la DCA au-dessus de Léros, tandis que la DCA
légère d’Astypalée parvient à endommager un SBC-4 de l’AB2 avant d’être définitivement
muselée par les efforts conjugués des Curtiss du GC I/4 et des Potez du GAO I/583.
Mer Adriatique – Après deux premières patrouilles infructueuses, le Narval (dont le
commandant, François Drogou, a été nommé capitaine de corvette fin août) ne peut faire
mieux, lors de sa troisième qu’endommager au canon, non loin de Rimini, un patrouilleur
auxiliaire (une goélette à moteur). L’arrivée du Lanciere, l’un des contre-torpilleurs de la 12e
Escadrille CT, repliée de Tarente à Ancône, le force à rompre le combat.
10 octobre
Opération Accolade – Prélude
Alexandrie, 00h20 (22h20 GMT) – Départ des navires devant compléter la force d’appui-feu
du débarquement sur Astypalée, à savoir les trois croiseurs légers MN Montcalm, Gloire et
Georges-Leygues, accompagnés de six escorteurs : contre-torpilleurs MN Tartu et Kersaint ;
torpilleurs MN Tornade et Tramontane ; destroyers HMS Hereward et Hero.
07h30 (05h30 GMT) – Départ pour Rhodes, à vide, de la 2e DCX (Ville d’Oran et
Koutoubia), escortée par les destroyers HMS Diamond et Imperial et les torpilleurs MN
Simoun et Fortuné. Les deux croiseurs auxiliaires sont chargés de ramener au Levant les I et
III/6e REI mis au repos. Ils chargeront aussi des prisonniers italiens.
………
Léros et Astypalée (Stampalia) – Les Alliés lancent de nouvelles missions de
bombardement sur les deux îles chaque fois que la météo s’améliore. Au-dessus de Léros, les
Martin prennent des précautions et bombardent de plus haut : la précision s’en ressent mais ils
rentrent tous intacts. Les artilleurs italiens se vengent sur un Potez du GAO I/583 venu
prendre des photos en fin de journée : l’appareil est touché par plusieurs éclats et
l’observateur est blessé.
………
Rhodes, 10h00 (08h00 GMT) – Arrivée des trois croiseurs auxiliaires de la 1ère DCX et de
leur escorte. Tandis que les trois destroyers croisent au large, les paquebots chargent chacun
1 500 prisonniers italiens. L’El Mansour et l’El Djézaïr se partagent en outre les hommes du
III/24e RIC qui retournent (au moins momentanément) en garnison à Chypre.
18h40 (16h40 GMT) – Les trois « El » appareillent pour Beyrouth. Ils feront un petit crochet
par Famagouste pour y déposer les Marsouins.
………
Karpathos et Rhodes, 16h15 à 17h55 (14h15 à 15h55 GMT) – Le convoi lent parti la veille
de Limassol se disperse entre la baie de Pigadia, où va provisoirement mouiller le HMS
Terror, et le port de commerce de Rhodes, où s’amarrent le Tarn et le Golo. La canonnière
HMS Aphis et le navire-hôpital Sphinx, qui arrive d’Alexandrie, vont rejoindre le Terror à
Karpathos.
………
Au large de Karpathos, 20h30 (18h30 GMT) – Concentration des forces d’assaut
d’Astypalée : 26 bâtiments en tout, plus le Sphinx. Il y a d’un côté les navires de guerre
rapides, soit les trois croiseurs légers et leurs sept escorteurs (2 contre-torpilleurs, 2 destroyers
et 3 torpilleurs 6). De l’autre, trois transports de troupes (les paquebots Gouverneur-général
Grévy, Gouverneur-général Jonnart, Gouverneur-général Tirman), le monitor Terror et la
canonnière Aphis ainsi que le navire-hôpital Sphinx 7. Autour d’eux montent la garde onze
escorteurs (2 destroyers, 2 torpilleurs, 2 avisos et 5 chalutiers ASM 8). Accompagnés des
avisos-dragueurs MN Commandant-Delage et Commandant-Rivière et HMS Abingdon, les
sept dragueurs auxiliaires (voir Appendice) sont partis en avant dès la tombée de la nuit afin
de commencer à nettoyer les champs de mines (dont l’existence ne faisait aucun doute depuis
que l’Achéron avait coulé un mouilleur de mines en août).
6
Le torpilleur Typhon a rejoint les Tornade et Tramontane.
Sans le moindre blessé à bord, ce dernier navigue tous feux éteints au sein du convoi. L’envoyer seul, feux
allumés, aurait été fort indiscret.
8
Destroyers HMAS Stuart, Vampire ; torpilleurs MN Le Mars, Tempête ; avisos MN Ailette, Dubourdieu ;
chalutiers ASM HMS Kingston-Coral, Loch Melfort, Lydiard, Victorian, Wolborough.
7
Le général Freyberg a engagé dans l’opération deux des bataillons de la 4th Brigade : le 18e,
qui a déjà vu le feu, et le 20e, encore novice. Le premier a pris passage sur le Grévy (où se
trouve également Freyberg), le second sur le Jonnart. Quant au Tirman, il transporte, sur la
suggestion de Mittelhauser, le groupe d’artillerie de montagne polonais, dont les pièces de
65 mm sont d’une manutention assez aisée et qui pourra compléter l’appui-feu naval et aérien.
………
Rhodes, 22h00 (20h00 GMT) – Arrivée du paquebot Gouverneur-général Chanzy et de son
escorte. Les légionnaires débarquent immédiatement, mais leur matériel ne sera déchargé que
le lendemain matin.