Le microscope thermique à sonde locale
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Le microscope thermique à sonde locale
Le microscope thermique à sonde locale CETHIL Centre de Thermique de Lyon INSA/UCBL Equipe TIM Transferts aux Interfaces et dans les Matériaux UMR CNRS 5008 Correspondants :S. GOMES, M. RAYNAUD Tél : 04 72 43 64 28 E-mail : [email protected] Le microscope thermique à sonde locale dont dispose le Centre de Thermique de Lyon est le microscope CP Recherche de ThermoMicroscope. Son principe de fonctionnement repose sur celui d'un microscope à force atomique (AFM : Atomic Force microscope ) utilisé en mode « contact - force constante » et équipé d’une pointesonde thermique. Microscope optique permettant la visualisation de la surface d’étude Tête du microscope Table anti-vibration Photographie du microscope à champ proche CP Recherche ThermoMicroscope Le principe de fonctionnement de l'AFM est basé sur la détection des forces interatomiques s’exerçant entre une pointe associée à un microlevier de constante de raideur fixée, et la surface d’un échantillon (conducteur, semiconducteur, isolant). La figure 1 présente les éléments essentiels de l'AFM utilisé. Comme pour de nombreux AFM commerciaux, les mouvements verticaux du microlevier provoqués par l'interaction pointe-échantillon sont détectés optiquement. Le dispositif de détection est constitué : - d’une diode laser (caractéristiques : longueur d'onde 600-700 nm et puissance maximum délivrée 0.2 mW), - d’un miroir, - et d’un photodétecteur à quatre quadrants. Le faisceau laser est focalisé sur le dessus du microlevier. Ce dernier le réfléchit vers le miroir qui à son tour le réfléchit vers le photodétecteur. Les variations d’intensité reçue par le photodétecteur traduisent les déplacements en Z du microlevier qui peuvent être mesurées après étalonnage de la réponse du système de détection en fonction de la déflexion du microlevier. Un tube piézoélectrique supporte l'échantillon. Composé de pièces de céramiques piézo-électriques découplées physiquement et électriquement les unes des autres, il permet les déplacements latéraux (en X,Y) et verticaux (en Z) de l'échantillon par rapport à la pointe dont le support reste fixe. Miroir Laser Photodétecteur Rétroaction Microlevier Pointe Echantillon Z piézo Courant de référence Boucle de rétroaction Figure1 : Schéma du principe de fonctionnement de l’AFM en mode force constante. Le balayage de la surface par la pointe dans les directions horizontales X, Y et le déplacement de la pointe dans la direction verticale Z résultent de l’application d'une tension au piézo-électrique approprié. Les portées du tube que nous utilisons sont de 5 µm en X et Y et de 2.5 µm en Z. Pour une performance maximale de l’appareil, le microscope est placé sur une table ‘anti-vibration’ qui l’isole de toutes les fréquences provenant du sol supérieures à 1,5Hz et son local est climatisé. Comme précisé auparavant, l’AFM est utilisé en mode « contact - force constante » dans la configuration du SThM. La pointe et l’échantillon sont alors suffisamment rapprochés pour que l’on admette que le contact est réalisé et que la pointe détecte des forces dont la composante dominante est d’origine répulsive. Lorsque la pointe est engagée au contact de la surface d'un échantillon, la force pointe-échantillon (la déflexion du microlevier) correspond à une valeur particulière du courant en sortie du photodétecteur : le courant de référence fixé par l'opérateur. Durant le balayage de la surface de l'échantillon par la pointe, une boucle d'asservissement contrôle activement le scanner piézo-électrique Z pour redresser la déflexion du bras de levier de telle sorte que le courant en sortie du photodétecteur corresponde à celui de référence. La topographie de la surface est ainsi obtenue de façon précise puisque les variations de la tension Vz du tube piézo-électrique sont directement proportionnelles aux variations de hauteur de la surface. L’élément clé de tout SThM est la sonde microthermique. La pointe utilisée a été inventée par Dinwiddie et al en 1994. Elle est constituée d’un bras de levier ayant en son extrémité une sonde constituée d’un élément thermorésistif (Figure 2). Le bras de levier est fabriqué à partir d’un fil de type Wollaston : fil d’argent d’un diamètre de 75 µm contenant un filament de platine/10% rhodium d’un diamètre de 5 µm. L’élément thermorésistif est obtenu en attaquant par électrochimie le fil sur une longueur approximative de 200 µm : l’épaisseur d’argent qui enveloppe le filament de platine est ainsi supprimée. Une fois dénudé, le filament est plié en forme de V pour donner à la pointe sa forme finale. La résolution latérale obtenue avec ce type de capteur est de l’ordre de la centaine de nanomètres. colle miroir Filament thermorésistif Microlevier en fil de Wollaston Figure 2 : Image d’une pointe SThM obtenue par microscopie électronique à balayage. (a) vue générale du microlevier et de la pointe. (b) vue de la pointe [1]. *Principe de la mesure thermique Comme tout capteur thermorésistif, la sonde thermique peut être utilisée dans deux modes de fonctionnement : mode passif et mode actif. Les balayages de la surface d’un échantillon peuvent ainsi être réalisés dans le mode "contraste de température" et dans le mode "température constante" (également appelé mode de "contraste de conductivité thermique"), permettant alors d’obtenir soit la cartographie de la température, soit l’image du contraste de conductivité thermique de la surface d’un échantillon. Dans le cadre de cette présentation, seul le mode de "contraste de conductivité thermique" sera présenté. Dans ce mode, l’élément résistif de la sonde thermique est chauffé par effet joule et a simultanément les rôles de source excitatrice de l’échantillon et de détecteur. Comme représenté sur la figure 3, la pointe constitue l’une des branches d’un pont de Wheatstone et le circuit électrique possède une boucle de rétroaction sur la tension Vout d’équilibre du pont. Cette dernière permet de garder la sonde à température (température moyenne sur la longueur de l’élément thermorésistif) constante. Lorsque la sonde est balayée en surface de l’échantillon, une quantité de chaleur est transférée de la pointe chauffée vers l’échantillon. Ce transfert de chaleur produirait une diminution de la résistance électrique de la pointe en la refroidissant d’où un déséquilibre du pont. La boucle de rétroaction sensible à ce déséquilibre permet le réajustement de la tension appliquée au pont afin que ce dernier retrouve son équilibre : la tension appliquée au pont augmente jusqu’à ce que la pointe, davantage chauffée par effet Joule, retrouve sa résistance électrique (sa température) initiale. boucle d’asservis semen t R1 Résistance de Figure la sonde11 Rp R2 Résistance de contrôle Rc Tension Vo ut aux bornes du pont de Wheastone Figure 3 : Schéma simplifié du circuit électrique correspondant au mode de fonctionnement « température constante » du SThM. Tandis que la surface de l’échantillon est balayée par la sonde chauffée, les variations de pertes de flux de la sonde sont mesurées en contrôlant la tension Vout aux bornes du pont de Wheatstone. Les variations de cette tension sont utilisées pour créer le contraste des images thermiques. Deux résistances R1 et R2, l’une de 20 Ω et l’autre de 100 Ω, composent deux des trois autres branches du pont de Wheatstone et définissent le rapport 5 : 1 ± 0,1 % de ce dernier. Une résistance variable de contrôle, RC, constitue la dernière branche du pont. Cette résistance de contrôle permet à l’utilisateur de fixer la température de fonctionnement Top de la sonde durant les mesures. Le temps de réponse du dispositif qui correspond à ce mode est de 10 à 30 µs. *Limitations de la méthode La plage de conductivités thermiques à laquelle le SThM est sensible est réduite aux conductivités inférieures à 40 W.m-1K-1. Les expériences se réalisant actuellement à l’ambiante, la température de la pointe est supérieure à 100°C de manière à réduire le couplage thermique via l’eau adsorbée en surface des échantillons. Les pointes thermiques sont réalisées manuellement. Une courbe d’étalonnage doit donc être réalisée pour chaque pointe. Les échantillons doivent être poli miroirs et non accidentés, de manière à ce que la variation de contraste de l’image thermique ne soit pas perturbé par une variation de l’aire d’échange thermique entre la pointe et l’échantillon. *Développements en cours Nous réalisons actuellement une enceinte afin de pouvoir réaliser nos mesures sous vide primaire. Cet arrangement nous permettra non seulement de contrôler avec précision les conditions environnementales de nos mesures mais également de réduire l’adsorption d’eau en surface de l’échantillon et les transferts de chaleur de la pointe vers son environnement par convection et conduction. Références [1] Gomès S., Trannoy N. and Grossel P., "D.C Thermal Microscopy: Study of the thermal exchanges between a probe and a sample", 1999, Meas. Sc.Technol. 10 pp 805-811. [2] [3] [4] Gomès S., Depasse F., Trannoy N. and Grossel Ph., "A. C. Scanning Thermal Microscopy: Tip Sample Interaction and Buried defaults Modelling", 2000, Int J. Therm. Sci. 39 pp 526-531. Gomès S., Trannoy N., Grossel Ph., Depasse F., Bainier Cl. and Charraut D, D.C. Scanning Thermal Microscopy: Characterisation and Interpretation of the Measurement, 2001, Int. J. Therm. Sci. 40 pp 949958. Gomès S. and Ziane Dj., Investigation of the electrical degradation of a metal-oxyde-silicon capacitor by Scanning Thermal Microscopy, soumis à Solid State Electronic en nov. 2001.