anna nozière - les francos

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anna nozière - les francos
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
ANNA NOZIÈRE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
THÉÂTRE / tout public dès 6 ans
JOSÉPHINE
LES ENFANTS PUNIS
texte et mise en scène
ANNA NOZIÈRE
avec
SARAJEANNE DRILLAUD
son
LOÏC LACHAIZE
lumière
ANTONIN LIÈGE
scénographie et costumes
TOMOYO FUNABASHI
coproduction Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN,
Association LH, OARA – Office artistique pour la Région Aquitaine,
avec la participation artistique du Jeune théâtre national
L'association LH est soutenue par la Ville de Bordeaux, la DRAC Aquitaine
et le Conseil régional d'Aquitaine, remerciements au Théâtre Le Canal à Redon
texte publié dans la collection Heyoka jeunesse, coédition Actes Sud-Papiers–CDN de Sartrouville
durée 1H
ce dossier destiné aux enseignants du Premier degré a été réalisé
par Dominique Lambert et Georges Papazoff, conseillers pédagogiques en Arts visuels,
avec le soutien de la Direction des services départementaux de l’éducation nationale des Yvelines
14 JANVIER > 22 MAI 2014
SPECTACLE POUR BIBLIOTHÈQUE ET PETIT LIEU NON ÉQUIPÉ
création le 14 janvier 2014 à l’auditorium de Viroflay
biennale conçue par le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN, en partenariat avec le Conseil général des Yvelines. Réalisée en partenariat
avec les Théâtres des Yvelines et l’association Créat’Yve, la Bibliothèque départementale des Yvelines, les écoles, les collèges, les lycées, les communes et communautés d’agglomération du département des Yvelines, la Direction des services départementaux de l’Education nationale
des Yvelines et le lycée Jules-Verne de Sartrouville. Avec l’aide du Ministère de la culture et de la communication–Drac Ile-de-France, de la ville
de Sartrouville et de la Région Ile-de-France dans le cadre de la permanence artistique et culturelle / illustrations en linogravure Joëlle Jolivet
ODYSSÉES EN YVELINES
J’ai la conviction que le théâtre jeune public – qui est une dimension fondamentale de l’identité du
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – est un art majeur. Il met en jeu le lien intime qui relie tout
un chacun à l’enfance. Les souvenirs et les traces du passé affluent, les joies, les peurs, les blessures
parfois...C’est une source intarissable... Toujours je me demande : « Quelle forme artistique le
dialogue entre le passé et le présent peut-il susciter ? » Et aussi : « Comment s’adresser à tous –
enfant, adolescent, adulte ? » Les réponses se construisent petit à petit, avec les artistes, de façon
empirique et fragile, à travers la création de spectacles. Odyssées en Yvelines est cette chance :
six créations originales voient le jour en même temps, sur notre territoire, six créations, toutes différentes. Elles forment une mosaïque sensible que je vous invite à découvrir à nos côtés. Nous avons
l’espoir que nous saurons susciter la curiosité, l’enthousiasme, le débat ; que nous saurons être
aussi sérieux et drôles, graves et légers que nous l’avons rêvé.
Soyez les bienvenus dans Odyssées.
Sylvain Maurice
Directeur du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN, octobre 2013
ODYSSÉES EN YVELINES : UN TERRITOIRE ARTISTIQUE ET CULTUREL
La biennale Odyssées en Yvelines poursuit trois objectifs : un projet de création théâtrale adressé
aux enfants et aux adolescents, un projet d'aménagement culturel du territoire départemental, un
projet d'action culturelle en direction de la jeunesse.
Conçue en étroite collaboration avec le Conseil Général des Yvelines, qui la finance, la biennale
Odyssées en Yvelines est portée par le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre dramatique
national. Elle associe le réseau des théâtres de ville et les scènes conventionnées, le Théâtre de
Saint-Quentin-en-Yvelines – Scène nationale, le réseau des bibliothèques du département des
Yvelines, ainsi que les écoles, collèges et lycées du département grâce au soutien de la Direction des
Services départementaux de l’Education nationale des Yvelines (DSDEN 78).
Irriguer l'ensemble du territoire départemental par des projets de formats différents (petites formes
décentralisées, grandes formes inscrites au cœur des saisons théâtrales) ; proposer des artistes de
différentes sensibilités, des plus émergents aux plus reconnus ; partager et transmettre aux
enfants et aux adolescents, en construisant des résidences de création, au théâtre, au collège, en
bibliothèque : Odyssées a pour ambition de créer des liens solides entre les artistes et les publics,
dans un projet qui rassemble les générations.
Le partage du sens et de l’émotion esthétique n’a pas d’âge.
Dominique Bérody
Délégué général jeunesse et décentralisation en Yvelines
Joséphine (Les Enfants punis)
dossier pédagogique # 3
JOSÉPHINE (LES ENFANTS PUNIS)
« Cette histoire m’est arrivée il y a très longtemps.
J’avais à peine six ou sept ans. Je ne l’ai encore jamais racontée,
parce que personne ne m’aurait crue.
Pourtant, je m’en souviens très bien.
»
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I] A propos de la pièce
La pièce
5
L’auteure
5
La mise en scène
6
La comédienne
6
La mise en son
6
II] Du texte à l’adaptation théâtrale
Joséphine (Les Enfants punis)
Entretien avec Anna Nozière, auteure et metteur en scène
7
Des pistes pédagogiques avant d’aller voir le spectacle
9
dossier pédagogique # 4
I] A PROPOS DE LA PIÈCE
LA PIÈCE
« Après Les Fidèles, Histoire d’Annie Rozier et La Petite, j’achève un triptyque sur l’enfant et la famille
avec Joséphine (Les Enfants punis), un spectacle destiné aux enfants à partir de 6 ans. Portée par
une comédienne seule, dans un espace intime, cette forme minimaliste est un travail sur la confidence et les sons de l’enfance. Je travaille toujours en étroite collaboration avec les artistes que
j’engage, et poursuis le travail sur mes spectacles au fur et à mesure des représentations, suivant
l’évolution du lien spectacle/public et les espaces que je rencontre en tournée. Je suis particulièrement heureuse de savoir que les spectateurs qui m’accompagnent au bout de ce cycle théâtral, où
le thème de l’enfance a pris tant de place, seront les enfants eux-mêmes. » Anna Nozière
L’histoire
Joséphine a sept ans et son père vient encore de la punir. Cette fois, ça commence à bien faire…
La reine des bêtises est privée de sortie. Ses parents sont à bout de nerfs ! Mais peut-on rester cloîtrée, lorsque faire des bêtises est un art de vivre ? Joséphine, qui fourre son nez partout, décide de
monter au grenier. Là, elle découvre une porte cachée derrière des piles de cartons. En cachette, elle
ouvre cette porte, qui claque violemment derrière elle. Joséphine est enfermée dans le placard des
enfants punis. Commence alors une aventure très inattendue…
L’AUTEURE
© P. Bun
Anna Nozière est née en 1972. Elle a 13 ans lorsqu’elle joue
et met en scène pour la première fois, dans un village de
800 habitants, en Limousin. Des tréteaux, une bétaillère
transformée en coulisses, des phares de voitures soudés
à d’énormes boîtes de conserve en guise de projecteurs
et de poursuites - que manipulent en direct des techniciens assis sur des chaises d’arbitre de tennis, avec des
gants de cuisine pour se protéger de la chaleur ! –, une
console d’éclairage fabriquée par le génie du coin avec
un programmateur de lave linge et des boutonspoussoirs de vieilles Citroën… sont la marque de fabrique
de sa troupe d’adolescents.
Nul ne se doute alors que cette aventure humaine et théâtrale se renouvellera chaque année et durera presque vingt ans : du groupe –peu à peu dispersé – est resté un noyau dur, passionné, dont le
travail évolue dans une rigueur croissante (formation des comédiens, concours d’intervenants
extérieurs), des liens de plus en plus étroits avec sa région, des invitations à venir en France, puis à
l’étranger. En parallèle, Anna Nozière s’associe à des travaux professionnels et expérimente la fonction de metteur en scène au sein de travaux collectifs, puis plus personnels, dans des propositions
dont la singularité assumée enchante la presse et le public.
Joséphine (Les Enfants punis)
dossier pédagogique # 5
1]
...
LA MISE EN SCÈNE
Après un parcours de vingt ans dans une troupe de théâtre amateur, Anna Nozière collabore avec
différentes institutions et compagnies professionnelles. Dans des travaux collectifs puis personnels, elle continue d'expérimenter un théâtre exigeant, physique dont la singularité assumée séduit
la presse et le public. Enfin, forte de ce parcours qu'elle qualifie de « grand chantier d'apprentissage », elle décide de créer davantage en son nom. Elle fonde sa compagnie et se consacre à l'écriture de Les Fidèles, Histoire d'Annie Rozier, un texte à la fois burlesque et intime, lauréat à l'unanimité
de l'Aide à la création du Centre national du théâtre et du Soutien de la SACD à l'auteur, publié aux
éditions Les Solitaires intempestifs. Le spectacle est programmé au Festival Impatience (Odéon–
Théâtre de l'Europe, édition 2011). Elle crée ensuite La Petite à La Colline–Théâtre national en septembre 2012, un texte écrit au fur et à mesure des répétitions, lauréat de l'Aide à la création CNT,
de la Bourse d'auteur du CNL et de l'Aide à l'écriture dramatique de l'OARA.
LA COMÉDIENNE
© DR
Sarajeanne Drillaud
Après plus de 10 ans de natation en niveau national et
une licence de philosophie, elle entre au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique (promo 2004), puis
elle commence à travailler avec Pauline Bureau dans Un
songe..., Une nuit d'été/5' avant l'aube, avec Philippe
Adrien dans Yvonne Princesse de Bourgogne et Meurtres
de la princesse juive, avec Claude Yersin dans L'Objecteur,
F. Hoffman dans Procès Ivre, Bérangère Janelle dans Le
Cid, Simon Abkarian dans Pénélope O Pénélope, Jocelyn
Laguarigue dans Le Visage des poings, Anna Nozière dans
La Petite et aussi Michelle Brûlé, Olivier Bruhnes... A la
radio, elle travaille avec Cédric Aussir et M. Gateau. Avec
Laura Koffler en doublage (Carlos, Les Mystères de Lisbonne, Une famille Bresilenne...) À l'image avec
René Ferré, J.-J.Kahn, Pascal Deux... C’est sa deuxième création avec Anna Nozière.
LA MISE EN SON
Loïc Lachaize
Ingénieur du son, il a fait ses armes avec Bernard Lubat de 1999 à 2007, accompagnant spectacles
et enregistrements. De cette collaboration naissent plusieurs disques dont Improvista avec Michel
Portal ainsi que de nombreux concerts. Se réclamant non-spécialiste, Loïc Lachaize pratique en artisan les métiers de preneur de son, monteur, mixeur ou créateur. Il travaille notamment avec Pascal
Convert ou Régine Chopinot pour des œuvres vivantes et écrites. Il réalise le disque Esquiç de Christian
Vieussens, lauréat du Prix Charles-Cros en 2010. C'est sa troisième création avec Anna Nozière.
Joséphine (Les Enfants punis)
dossier pédagogique # 6
2] DU TEXTE À L’ADAPTATION THÉÂTRALE
ENTRETIEN AVEC ANNA NOZIÈRE, AUTEUR ET METTEUR EN SCÈNE
Voici les questions que nous avions préparées et envoyées à Anna Nozière et voici la réponse
qu’elle nous a donnée au cours d’un entretien téléphonique.
1.
Vous commencez cette pièce sur une notre de
confidence et d’aveu : quelle en est la portée ?
2.
Avec Joséphine, vous achevez un triptyque sur
l’enfance par une réconciliation ou un début de
réconciliation. Qu’est-ce qui les séparait ?
Qu’est-ce qui peut les unir à nouveau ?
3.
Avez-vous l’impression de dire quelque chose de
particulier dans vos pièces en général et dans
Joséphine en particulier qui rebondisse avec une
réflexion sur la notion d’autorité parentale ?
4.
Lorsque l’on parle des bêtises d’enfants, et elles
sont nombreuses dans la pièce, on a malgré tout
l’impression qu’elles ne sont pas de même nature. Certaines sont moins bénignes que d’autres : une fugue – de l’eau de javel dans les
plantes – couper le zizi de mon frère – voler –
trop manger, rire, sauter – ne pas ranger sa
chambre – ne pas vouloir se laver – faire chuter
la maîtresse par accident – manger des vers de
terre . Quant à la Grande Fille, elle a tué le cochon ? Pourquoi un tel mélange d’importance
des bêtises dans cette pièce ?
5.
Les enfants se moquent les uns des autres. La
Grande Fille cache son prénom. Peut-on parler
de souffrance ?
6.
Le titre premier Le placard et les enfants punis
est devenu Joséphine (Les Enfants punis). Ce placard qui paraît lié à la punition et à l’enfermement n’est-il pas aussi une cachette protectrice
de l’enfance ?
7.
Vous entrecoupez les dialogues de textes en
vers, scandés, poétiques. D’où viennent-ils ?
Comment seront-ils dits ?
Joséphine (Les Enfants punis)
Vous m'avez envoyé des questions. Je vais vous
expliquer pourquoi je ne peux pas y répondre.
C’est peut-être ça qui parlera le mieux de mon
travail.
De mon point de vue, si ce texte raconte une
seule chose aux enfants, c’est que leurs parents
sont d’anciens enfants. La pièce n’a pas pour
fonction de les aider à comprendre cette réalité
mais elle peut les aider à l'intégrer. Bien sûr, on
leur a dit plusieurs fois « moi aussi j’ai eu ton
âge » et souvent ils ont des photos, bref ils savent. Pourtant, je crois que majoritairement, les
enfants n’ont pas intégré organiquement, viscéralement, que leurs parents ont été des enfants.
Si j’écris des histoires de placards, d'animaux,
d'angoisses archaïques, de colères rentrées, de
pulsions, c’est précisément pour éviter aux spectateurs de mentaliser, quelque soit leur âge.
Mon travail d'artiste, c'est de faire en sorte que
les spectateurs saisissent, sentent, intègrent.
Question : est-ce à dire que vous vous adressez plus au cerveau émotionnel qu'au cerveau
rationnel ?
Oui, on peut dire que je m'adresse au cerveau
« reptilien » plus qu’au cerveau « cérébral ».
Préparer les enfants au spectacle, c’est simplement les préparer à le recevoir. Non pas en leur
expliquant ce qu’il y aurait à comprendre ou en
voulant qu’ils le comprennent ou en l’interprétant à leur place qui serait certainement la pire
chose à faire pour les amener à se laisser toucher par le spectacle mais en préparant leurs
yeux et leurs oreilles !
En leur disant par exemple « Cette petite fille,
c'est vous », « Ces enfants, c'est vous ». Il est important que les enfants soient ouverts à ce qu'ils
vont entendre et voir. Le spectacle n’est pas à
présenter comme une chose extérieure à eux
mais comme quelque chose qui pourrait venir
dossier pédagogique # 7
2]
...
les rencontrer dans leur propre histoire. Il faut
aussi que les enseignants acceptent, lorsque
cela doit arriver, que les enfants soient surpris,
perdus, déroutés, qu'ils ne comprennent pas
tout...
Il est bien plus précieux que les images et les
mots résonnent en eux, qu'ils s'abandonnent à
leur ressenti du spectacle. Les enfants doivent
s’y sentir autorisés. De même, il faut accepter
après le spectacle qu’ils n’aient pas conscience
de ce qu’ils ont eux-mêmes intégré. La relation
entre un spectacle et un spectateur, quel que
soit son âge, est intime et souffre toujours de
l’intrusion. Ça ne veut pas dire que les enfants
ne doivent pas parler du spectacle qu’ils ont vu.
Ça veut dire qu’il faut faire confiance à ce qui ne
sera pas verbalisé.
Question : vous voulez que ça résonne et non
pas que ça raisonne ?
Oui c'est ça. Une histoire, ça ne se dissèque pas.
Au mieux, ça s’apprivoise.
Une fois dit ce préambule, je vais essayer d'aborder vos questions.
A la question de la séparation : qu'est-ce qui sépare les parents des enfants ? En vérité, je n'en
sais rien. Ce que je sais, c’est que si j'avais des enfants, j'aimerais que le texte puisse les amener à
éprouver par eux-mêmes ce qui les sépare de
leurs propres parents.
De la même façon, quand vous me posez une
question sur les bêtises et leurs diverses importances, sur le mélange des bêtises qu'il y a dans
mon texte, la réponse est dans la salle. J’aime
l’idée qu’un enfant-spectateur puisse se dire, en
secret ou pas, « Je suis celui qui a fait telle bêtise, ou celui qui a fait telle autre bêtise ». Ou
« Je suis différent. Moi, c’est autre chose que
j’aurais raconté si j’avais été dans le placard ».
Concernant votre question sur la souffrance, j’ai
simplement envie de vous répondre que je n'ai
jamais rencontré un adulte qui n'ait rien à réparer de son enfance. Les grands exercent un pou-
Joséphine (Les Enfants punis)
voir sur les petits. C’est comme ça. Ce n'est pas
intéressant de cacher la souffrance que ça peut
générer, même chez les enfants heureux. Ce
n’est jamais intéressant de cacher sa peine. Dans
Joséphine, je montre des enfants joyeux mais
aussi confrontés à leurs trouilles, à leurs hontes.
Ce qui est important pour moi, c'est que les enfants-spectateurs puissent se projeter. Les petits
et même les tout-petits ont le droit d’avoir leurs
zones d’ombre. Enfants et parents partagent des
endroits de terreur, archaïques. On a tous une
peur viscérale de l’abandon, de la séparation, de
la mort. On a tous un placard métaphorique, un
placard psychique…
Question : si nous vous donnons l'étymologie
du mot enfant, « in fare » : celui qui n'a pas le
droit de parler, est-ce que cela répond à votre
vision de l'enfance ?
Bien sûr que l’enfant n’a pas la parole. Bien sûr
qu’on ne l’écoute pas au bon endroit.
Cela étant dit, ma démarche artistique n'est pas
thérapeutique. La fonction d'un artiste, de mon
point de vue, et c’est déjà une tâche assez
lourde, c’est de modifier quelque chose chez le
spectateur. Quelque chose qui est peut-être secret, impalpable, un peu mystérieux. Qui n’est
pas nécessairement à nommer et qui échappe à
l’artiste lui-même.
Vouloir que tout le monde soit touché au même
endroit, je trouve que c’est aussi illusoire qu’ennuyeux. Permettre à chacun de vivre son spectacle, ça, oui, ça m’intéresse ! Quand on joue
devant cent-vingt spectateurs, j’aime l’idée qu’il
y ait cent-vingt spectacles dans cent-vingt têtes.
Question : diriez-vous que c'est une forme
d'engagement ?
L’art est par nature engagé. Quand je donne à
voir ou à entendre une œuvre, je m’engage. Je
dis : je le fais. Quand, dans un musée, devant un
tableau blanc avec une tache de peinture bleue
dessus, j’entends des gens dire : « ah ben ça,
dossier pédagogique # 8
2]
...
j’aurais pu le faire ! », j’ai toujours envie de leur
répondre : « oui, mais vous ne l’avez pas fait ».
Je n'ai pas d'engagement « politique » dans mon
œuvre. Par contre, ni de lien avec l'actualité. Ce
n'est ni mon endroit, ni mon espace. Lorsqu'on
me demande d'intervenir dans le collège de
Redon par exemple, auprès d'élèves en difficulté,
je ne le fais pas par engagement politique mais
pour partager mon art avec des enfants. Quand
je vais jouer en prison, c’est pareil. Je peux
accepter, pour des raisons politiques, d’y jouer
dans des conditions techniques que j’aurais refusées dans un autre lieu mais j’y vais comme
artiste pour partager un spectacle avec des détenus. Un enfant, un prisonnier, c’est toujours
une histoire de confrontation avec l’œuvre.
l’intérieur », j’ai essayé petit à petit de me
reconnecter à mon enfance, à mes sensations
de l’enfance, en écrivant Joséphine. Je me disais
« alors petite Anna, qu'est-ce que tu voudrais
que je te raconte ? » ou « qu’est-ce qui te ferait
du bien, comme histoire ? ».
Comme tous les auteurs, je déteste les clichés.
Par exemple l’association de l’île, de l’océan et
du bateau. Mais en permanence, l’enfant à laquelle je me reconnectais voyait une île, un
océan et un bateau. Comme adulte, je me disais :
« Ce n'est pas possible ! Je ne vais pas écrire à
partir d’un cliché pareil, quand même ! » Pour un
auteur, c'est la honte ! Mais, comme enfant, je
n’en démordais pas, c’était l'image dominante.
L'auteur et l'enfant en moi se sont battues, et
c'est l'enfant qui a gagné.
Question : quand vous dites ça, est-ce que vous
voulez dire que l'enfant est une personne ?
Évidemment ! Pour conclure je vais vous raconter quelque chose : comme j’écris toujours « de
DES PISTES PÉDAGOGIQUES AVANT D’ALLER VOIR LE SPECTACLE
Un cartable, plein d’objets / indices du spectacle
Dans un cartable ancien (en cuir ?), mettre des objets qui seraient des indices du spectacle. Ce cartable peut
être apporté par un visiteur qui vient parler de la pièce (responsable du spectacle, par exemple) ou par l’enseignant. Il sera étudié de façon précise et l’enseignant demandera aux élèves d’émettre des hypothèses sur
le spectacle. Après une discussion en classe entière, ces hypothèses peuvent faire l’objet d’un écrit et/ou d’un
dessin pour expliquer ce que l’élève imagine.
> Contenu du cartable par exemple :
• Un petit âne en plastique ;
• Une corde à sauter ;
• Une boite à meuh(1) ;
• Un livre de conte ;
• Une feuille morte ;
• Une branche d’arbre ;
• Un bateau en jouet (= un arche de Noé) ;
• Une vieille photo d’enfant qu’on gardera en classe.
(1) La boîte à meuh, aussi nommée boîte à vache, est une boîte qui, lorsqu'elle est retournée (en dirigeant vers le bas les trous présents sur sa
face supérieure) puis remise dans le bon sens, produit le son « meuh » onomatopée imitant le meuglement de la vache. Elle sert principalement de jouet ou de souvenir. Cylindrique, elle est généralement décorée d'une image de vache.
Joséphine (Les Enfants punis)
dossier pédagogique # 9
2]
...
Étudier, approfondir un morceau de texte
> Voici un extrait du texte de la pièce :
« Je me suis réveillée, remplie de courbatures. Tout le placard s’est agité. Le trou était gros comme un œuf, au loin
je voyais un bateau ! Yann a pris l’épée d’un jumeau, il l’a tenue fort des deux mains et il s’est posté face au mur.
Je le regardais faire d’en haut. J’étais perchée sur la Grande fille. »
Ensemble, les élèves analysent le texte et cherchent des explications à ce qui est décrit. Ensuite, on leur propose de jouer ce texte.
Il faut déterminer le nombre de personnages (il en faudra 5), les accessoires et la composition sur un plateau
de la scène.
On va aussi leur demander de le réécrire à la manière d’un texte de théâtre (dialogues et didascalies).
Maintenant ils doivent imaginer ce qui s’est passé avant et ce qui va se passer après.
Ils jouent la scène selon leurs réflexions.
On leur présentera la pièce en insistant sur le nombre de comédien qui la joue : une seule !
> Étudier un extrait du livre Les Malheurs de Sophie :
Lire en classe le texte ci-après. Faire commenter aux élèves.
Les Petits Poissons (Les Malheurs de Sophie par la Comtesse de Ségur)
[…] Un matin, Sophie jouait ; sa bonne lui avait donné du pain, qu’elle avait coupé en petits morceaux, des
amandes, qu’elle coupait en tranches, et des feuilles de salade ; elle demanda à sa bonne de l’huile et du vinaigre pour faire la salade.
« Non, répondit la bonne ; je veux bien vous donner du sel, mais pas d’huile ni de vinaigre, qui pourraient tacher
votre robe. » Sophie prit le sel, en mit sur sa salade ; il lui en restait beaucoup.
« Si j’avais quelque chose à saler ? se dit-elle. Je ne veux pas saler du pain ; il me faudrait de la viande ou du poisson… Oh ! la bonne idée ! Je vais saler les petits poissons de maman ; j’en couperai quelques-uns en tranches
avec mon couteau, je salerai les autres tout entiers ; que ce sera amusant ! Quel joli plat cela fera ! »
Et voilà Sophie qui ne réfléchit pas que sa maman n’aura plus les jolis petits poissons qu’elle aime tant, que ces
pauvres petits souffriront beaucoup d’être salés vivants ou d’être coupés en tranches. Sophie court dans le salon
où étaient les petits poissons ; elle s’approche de la cuvette, les pêche tous, les met dans une assiette de son ménage, retourne à sa petite table, prend quelques-uns de ces pauvres petits poissons et les étend sur un plat. Mais
les poissons, qui ne se sentaient pas à l’aise hors de l’eau, remuaient et sautaient tant qu’ils pouvaient. Pour les
faire tenir tranquilles, Sophie leur verse du sel sur le dos, sur la tête, sur la queue. En effet, ils restent immobiles :
les pauvres petits étaient morts. Quand son assiette fut pleine, elle en prit d’autres et se mit à les couper en
tranches. Au premier coup de couteau les malheureux poissons se tordaient en désespérés ; mais ils devenaient
bientôt immobiles, parce qu’ils mouraient. Après le second poisson, Sophie s’aperçut qu’elle les tuait en les coupant en morceaux ; elle regarda avec inquiétude les poissons salés ; ne les voyant pas remuer, elle les examina
attentivement et vit qu’ils étaient tous morts. Sophie devint rouge comme une cerise. « Que va dire maman ? se
dit-elle. Que vais-je devenir, moi, pauvre malheureuse ! Comment faire pour cacher cela ? » […]
Ensuite, les faire parler des bêtises que les enfants font sans intention cruelle.
Mettre en place un atelier philo :
http://www.ac-caen.fr/ia50/circo/chv/resspeda/vivrenc1/ateliers_philo.pdf
Joséphine (Les Enfants punis)
dossier pédagogique # 10
CALENDRIER
Auditorium - Viroflay
MARDI 14 JANVIER
Salle des fêtes - Montainville
VENDREDI 17 JANVIER
Médiathèque de Frontenac - Jouars-Pontchartrain
MARDI 21 JANVIER
Bibliothèque - Andrésy
JEUDI 23 JANVIER
Salle des fêtes - Saulx-Marchais
VENDREDI 24 JANVIER
Médiathèque - Louveciennes
SAMEDI 1er FÉVRIER
Salle Michel-Cacheux - Marcq
MARDI 4 FÉVRIER
Bibliothèque - Ablis
JEUDI 6 FÉVRIER
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN
VENDREDI 7 FÉVRIER
Centre Culturel Jean-Vilar - Marly-le-Roi
VENDREDI 14 FÉVRIER
Maison de quartier A.-Renoir - Guyancourt
MERCREDI 19, JEUDI 20 FÉVRIER
Bibliothèque - Maisons-Laffitte
MERCREDI 5 MARS
Bibliothèque - Mareil-sur-Mauldre
JEUDI 6 MARS
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN
VENDREDI 7 MARS
INFOS PRATIQUES
Bibliothèque - Vieille-Eglise
LUNDI 10 MARS
SYLVAIN MAURICE directeur
Bibliothèque - Les Bréviaires
MARDI 11 MARS
DOMINIQUE BÉRODY
délégué général jeunesse
et décentralisation en Yvelines
[email protected]
CLÉMENTINE BACCA
chargée de mission Odyssées en Yvelines
01 30 86 77 78
[email protected]
Salle des fêtes - Carrières-sur-Seine
MERCREDI 12 MARS
Bibliothèque - Garancières
VENDREDI 21 MARS
Salle Maurice-Moitrier - Moisson
MARDI 25 MARS
Médiathèque - Les Mureaux
MERCREDI 26 ET JEUDI 27 MARS
Bibliothèque de Bennecour
VENDREDI 28 MARS
• tél 01 30 86 77 77
• site www.odyssees-yvelines.com
• blog www.odyssees-yvelines.com/blog
• mail [email protected]
La Passerelle - Rosny-sur-Seine
MARDI 1er AVRIL
MJC - Montesson
MERCREDI 2 AVRIL
et en tournée nationale
Pessac en Scènes
MARDI 11 FÉVRIER
Théâtre intercommunal - Redon
LUNDI 17, MARDI 18 MARS
Théâtre - Hautefage-La-Tour - Villeneuve/Lot
MARDI 8, MERCREDI 9 ET JEUDI 10 AVRIL
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN
LUNDI 12, MARDI 13, JEUDI 15, VENDREDI 16,
SAMEDI 17 MAI
Le Centre Athanor - Montluçon
JEUDI 22 MAI