Qui était Anne-Marie JAVOUHEY
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Bienheureuse Anne-Marie Javouhey, fondatrice des Soeurs de Saint Joseph de Cluny par Paul de Molliens "Madame Javouhey ? Mais c’est un grand homme !" Ce mot du roi Louis-Philippe exprime l’admiration suscitée jusqu’au sommet de l’État par Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Sous la Restauration, alors qu’elle était de retour du Sénégal où elle avait établi écoles et hôpitaux, le ministre de la Marine lui disait : "Demandez, madame, tout ce que vous croirez juste et raisonnable. J’ai une entière confiance en vous." Qui est donc cette femme si respectée et aimée ? Celle qui inspirait ces sentiments aux plus hauts niveaux, suscitait amour et reconnaissance dans le cœur des oubliés du monde, les derniers esclaves de l’empire français, au Sénégal ou aux Antilles. Aujourd’hui encore, les Guyanais de Mana, descendants des esclaves noirs, ne l’ont pas oubliée ; elle qui a apporté à leurs ancêtres la libération et la reconnaissance de leur dignité avec l’amour de JésusChrist. En mai 1831, alors qu'elle vient de recevoir de "bien tristes" nouvelles de France, elle écrit de Cayenne : "Je voudrais être partout où il y a du danger et de la peine." De ce côté, on peut dire qu’elle fut comblée tout au long de sa vie. La naissance d’une vocation Anne-Marie Javouhey naquit à Chamblanc, un village de Bourgogne, cinquième de dix enfants, dont six vécurent, et fut baptisée le 11 novembre 1779, fête de saint Martin. Dans les temps troublés de la Révolution, alors que son père, Balthazar Javouhey, maire de son village, a choisi le parti de composer avec les autorités qui tentent d’assujettir les prêtres et la religion, sa fille Nanette a clairement choisi Dieu, quoi qu’il puisse en coûter. Alors que toute jeune encore, elle se débrouille pour permettre au prêtre réfractaire de continuer la célébration des offices dans la clandestinité, Balthazar doit mettre le holà : "Je ne veux pas d’histoires avec les autorités. La maison est surveillée. Arrange-toi avec ton frère Étienne (l’aîné). S’il faut un coup de main, on est toujours là." La suite prouvera que le père Javouhey, bien que complètement dépassé par les "excentricités" de sa fille aînée, sera effectivement toujours là pour un coup de main ou pour assurer les besoins matériels. © Congrégation des Soeurs de St Joseph de Cluny Elle a dix-neuf ans lorsque, à force de prière et d’engagement auprès des jeunes villageois, une certitude s’impose à elle. "Le Seigneur me fit connaître d’une manière extraordinaire, mais sûre, qu’il m’appelait à l’état que j’ai embrassé pour instruire les pauvres et élever les orphelins." Cet engagement prit la forme d’une cérémonie de consécration organisée dans la maison familiale, le jour de la saint Martin 1798. Peu après, elle concrétise cet engagement en rejoignant, à Besançon, une communauté de Filles de la Charité dévouées aux soins des malades et à l’instruction des enfants des quartiers pauvres. "Où Dieu m’attend-il ?" Dans la nuit de l’âme qu’elle éprouva alors, Dieu lui fit savoir qu’il l’attendait ailleurs, auprès des plus pauvres, des plus délaissés, des plus lointains, des "hommes noirs" dont peu de gens se souciaient, et dont la paysanne de Chamblanc ignorait jusqu’à l’existence. C’est alors qu’elle rencontre l’abbé de Lestrange, forte personnalité ayant renoncé à la charge du diocèse de Vienne pour devenir trappiste, moine vagabond chassé par la Révolution de son monastère de la Valsainte, en Suisse. C’est là qu’Anne-Marie finit par échouer en 1803, au monastère des Trappistines de la Sainte Volonté de Dieu. Au matin de sa prise d’habit, et par la voix inspirée de Dom de Lestrange, Dieu lui fit à nouveau savoir que c’était ailleurs qu’il l’attendait. Elle entreprend alors d’ouvrir des écoles et des ateliers un peu partout en Bourgogne et en Franche-Comté. Dans cette inlassable activité, elle entraîne toute sa famille, y compris son père, Balthazar, qui suit toujours. Les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny La nouvelle congrégation des Sœurs de Saint-Joseph est créée en 1807 à Chalon-sur-Saône. Les quatre sœurs Javouhey font partie des premières religieuses. Elles sont bientôt à Autun, puis à Cluny, puis à Paris et un peu partout en France. © Congrégation des Soeurs de St Joseph de Cluny La rencontre en 1817 de Lainé, ministre de l’Intérieur, permet à l’aventure missionnaire de commencer : à l’Ile Bourbon (la Réunion) d’abord, puis, au Sénégal, en Gambie britannique, en SierraLeone, aux Antilles, en Guyane. Responsable de sa congrégation, Anne-Marie est le plus souvent retenue en France, en particulier lors de la première fondation à l’Ile Bourbon. Quand enfin elle pourra se rendre en Afrique, ce sera pour rétablir une situation fort compromise. Sur place elle fait merveille, malgré les oppositions qui viennent de partout, et pas seulement des propriétaires coloniaux qui ne voient pas son action d’un bon œil. Les difficultés viendront parfois du clergé. Elles surgiront aussi à l’intérieur de la toute nouvelle congrégation lorsque certaines fondations ne suivront plus leur fondatrice, par peur ou par orgueil. Lorsque Monseigneur d’Héricourt, évêque d’Autun, tentera de se faire reconnaître comme le responsable suprême de la congrégation, n’hésitant pas pour satisfaire son ambition à recourir aux pires procédés en vue d’accabler et de faire plier la fondatrice, celle-ci saura préserver l’essentiel de l’œuvre entreprise tout en faisant les concessions exigées par la soumission à l’autorité ecclésiastique. Dans les différentes maisons d’outre-mer confiées à la congrégation, les débuts de l’émancipation des esclaves purent s’effectuer grâce aux actions menées par les sœurs dans les différents domaines de l’éducation, de la santé et de l’économie. Seule contre presque tous, Anne-Marie Javouhey affirme la nécessité de l’éducation pour les indigènes. C’est grâce à elle que les premiers Sénégalais purent accéder au sacerdoce après une formation au séminaire de Bailleul, dans le nord de la France. Pour la formation d’un clergé indigène, Anne-Marie Javouhey avait presque cent ans d’avance, comme elle avait aussi un siècle d’avance dans le domaine de l’instruction au bénéfice de tous. Courte biographie Anne Marie Javouhey nait le 10 novembre 1779 à Jallanges dans une famille de paysans bourguignons. Ses parents se fixent à Chamblanc près de Seurre en Côte d'Or. Chez les Javouhey, la foi, l'honnêteté, le travail sont au rendez-vous du quotidien. La mère est un femmeeffacée toute de tendresse et d'attention. Son Père Balthazar saura - aux dépens de sa bourse et malgré ses emportements - aider Anne-Marie dans des entreprises qu'il n'avait ni prévues ni souhaitées... Petite fille, Anne Marie manifeste déjà d'étonnantes dispositions à l'autorité et un dynamisme communicatif. Elle rencontre le Christ. Sa communion, en pleine Révolution Française est un événement spirituel. Elle se sait appelée. Son oui sera total et définitif. Alors que s'apaisent les remous de la Terreur, elle organise des séances de catéchisme pour les enfants et les jeunes de sa paroisse. Au son du tambour, elle rassemble son petit monde et l'entraine dans la grange de son oncle où elle s'improvise prédicateur. Elle prépare à l'Eucharistie ses amis enthousiastes. Monsieur Ballange, le prêtre réfractaire qu'elle a aidé tout au long des heures sombres de la persécution, n'aura plus qu'à parfaire cet enseignement. La jeune fille affirme ici sa personnalité et sa vocation. Toute sa vie elle ouvrira des voies nouvelles à l'Evangile. Tambour battant ! Quelques dates de la vie d'Anne Marie Javouhey : 1779 : 10 novembre, naissance d'Anne Marie Javouhey à Seurre. 11 novembre, baptème à l'Eglise de Seurre. 1798 : 11 novembre, elle se consacre à Dieu à Chamblanc, au cours d'une messe clandestine (la révolution a supprimé toutes les communautés religieuses). 1800 : Septembre-novembre, essai à Besançon chez les soeurs de la Charité que fonde Jeanne-Antide Thouret ; elle y reçoit "l'appel missionnaire". 1803 : Juillet-octobre, essai à la trappe de la Riedra, en Suisse, sous la direction de dom de Lestrange qui authentifie sa vocation de fondatrice. 1805 : 14 août, arrivée à Chalon (Saône et Loire) pour y faire, avec ses soeurs, la classe aux enfants pauvres ; rencontre ave le pape Pie VII qui les bénit et les encourage. 1806 : 20 août, bénédiction de l'oratoire sous le patronage de saint joseph ; la petite société en reçoit son nom - 12 décembre, approbation légale de l'association religieuse de Saint Joseph. 1807 : 12 mai, fondation de la congrégation par la prise d'habit et la profession, à chalon, des quatre soeurs Javouhey (devenues soeur Anne Marie, Soeur Marie-Thérèse, Soeur Marie Joseph et Soeur Rosalie) et de cinq autres jeunes filles. 1812 : 29 mai, acquisition de la maison de Cluny ; la congrégation prend le nom de Saint Joseph de Cluny. 1816 : Devant les succès de l'école ouverte à Paris, le ministère des Colonies demande des soeurs pour aller outre-mer ; la vocation missionnaire de la congrégation se précise. 1817 : Premier départ de soeurs pour l'Ile Bourbon (aujourd'hui île de la Réunion). 1819 : Premier départ de soeurs pour le Sénégal 1822 : Premier départ de soeur pour la Guyanne et la Guadeloupe - 1er février, la fondatrice par ellemême pour le Sénégal, puis la Gambie et la Sierra Léone. Des soeurs sont envoyées en Martinique en 1824, à Saint Pierre et Miquelon en 1826; à Pondichéry en 1827... 1828 : Départ d'Anne Marie Javouhey pour son premier séjour à Mana (Guyane) jusqu'en 1933. 1835 : Avril, Chapritre de Cluny où Mgr D'Héricourt, Evêque d'Autun, veut changer les statuts de la Congrégation (Origine du long conflit entre cet évêque er la fondatrice). 26 décembre, deuxième départ de Mère Javouhey pour Mana,où le gouvernement lui confie la préparation de cinq cents esclaves à la liberté. 1836 : Des soeurs sont envoyées à la Trinidad 1840: 19 septembre, ordination des trois premiers prêtres sénégalais, formés par les soins de ls Fondatrice dans le petit séminaire ouvert par elle en 1825 à Bailleuil (Oise), puis transféré à Limoux (Aude). 1843 : Départ des premières soeurs en Océanie (Marquises et Tahiti) - Aout, retour de la fondatrice ne France. 4 septembre, privée des acements en Guyanne depuis septembre 1841, elle est admise à recevoir la communion à Fontainebleau. 1845 : Septembre, dispersion du noviciat de Cluny (rétabli en javier 1846). - Septembre, départ des soeurs vers Sainte Marie de Madagascar et Mayotte. 1849 : Acquisition de la maison mère au faubourg Saint Jacques à paris et autorisation de l'archevêque d'y établir le second noviciat. 1851:15 juillet, mort d'Anne Marie Javouhey à Paris? Elle laisse mille deux cents soeurs réparties en cen quarante communautés dans les cinq parties du monde. 1945 :15 octobre, béatification d'Anne Marie Javouhey par le Pape Pie XII.
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