LE HERISSON N°20_Mise en page 1

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LE HERISSON N°20_Mise en page 1
Qui s’y frotte s’y pique
Le Hérisson
Hebdomadaire Satirique nigérien d'informations générales paraissant tous les Mardis N°20 du 13 Mai au 20 Mai 2014 Prix : 300 FCFA
Visites de Président de la République à Doutchi et Maradi
L’expert du Niger profond reprend du service
A moins de deux ans des prochaines échéances électorales, voilà le Président de la République, Mahamadou Issoufou qui retrouve ses anciens reflexes. Le candidat du
Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialiste (PNDS Tarayya), aujourd’hui aux commandes de l’Etat, qui détient
parmi les leaders de l’échiquier politique national, le palmarès de villages nigériens visités et qui a battu son propre record lors de ses périples de 2010, est à nouveau
l’hôte du Niger profond.Contrairement, à ce qu’on a observé par le passé (quand il portait encore le boubou rose),
cette fois, la délégation de l’autoproclamé « Calife Omar du
Niger » (la plus haute fonction de l’Etat oblige) est loin des
routes. Comme l’avion ne connait pas la campagne, Mahamadou Issoufou semble se contenter de prendre les pools
des grands centres urbains, du moins pour l’instant.
Avis n°18 du 9 mai de la Cour Constitutionnelle
Hama Amadou, à nouveau, mis devant ses responsabilités
Le samedi 9 mai 2014, la Cour Constitutionnelle a
rendu un avis suite à la saisine de Hama Amadou.
C’était le 2 mai dernier que le Président de l’Assemblée
nationale par lettre n°18/PAN/SG demandait l’éclairage
de la plus haute instance en matière d’interprétation de
la constitution sur principalement deux questions. Le
requérant voulait non seulement savoir ce que recouvre le concept de « crise de confiance » énoncée à l’article 89 alinéa 4 de la constitution mais également si le
président de l’Assemblée nationale peut être de l’opposition. Pour la première question, il s’agit, selon les
termes du Président de l’Assemblée nationale, « d’en
cerner les contours pour éviter toute interprétation
abusive », «…le concept de crise de confiance (étant)
introduit pour la première fois dans l’histoire constitutionnelle du Niger ».
Coalition Sauvons le Niger :
Une certaine dose d’activisme politique
Société
Brèves ...Brèves... Brèves
Journée mondiale de la Croix Rouge :La Croix Rouge fait sa genèse
La Croix Rouge nigérienne a commémoré la journée mondiale du 8 mai à
l’instar de l’ensemble des Croix Rouges des 189 pays de la planète sous
le thème : «Mon histoire Croix Rouge». Cette commémoration coïncide
avec le 186ème anniversaire de la naissance du père fondateur de la Croix
Rouge Henry DUNANT. C’était en présence de la Première Dame du Niger,
Hadjia Aisssata Issoufou, Présidente d’Honneur de la Croix Rouge. Une
occasion pour cette institution de distinguer les acteurs qui ont œuvré pour
sa réussite dans notre pays. Dans le lot, des enseignantes de l’école primaire ont été honorées. Le doyen de la presse publique nigérienne Hima
Adamou Dama Dama a aussi été élevé au grade supérieur de la Croix
Rouge et du Croissant Rouge. Plusieurs activités culturelles ont été menées par les élèves de la Croix Rouge nigérienne. C’est aussi l’occasion
pour le président Ali Bonguéré de brosser le tableau reluisant de son institution dans notre pays. Il faut entre autres souligner que, depuis son installation au Niger, la Croix Rouge et le Croissant Rouge ont accompagné
les autorités nigériennes dans leur lutte contre l’insécurité alimentaire et
les catastrophes naturelles. Dans le domaine de l’humanitaire, la croix
rouge s’est mobilisée avec les partenaires pour venir en aide aux refugiés
maliens, les expulsés nigériens de la Libye et aux déplacés du Nigeria.
Dans le domaine de la santé, 14 projets et programmes ont été mis en
œuvre, dans toutes les régions, a souligné le Président de la Croix Rouge
Nigérienne. Plus de 5000 volontaires recensés et enregistrés et plus de
3000 volontaires ont été formés dans le cadre de la réponse aux secours
d’urgence. Toujours dans ce domaine, 150.000 personnes ont été assistées, 10758 tonnes de vivres distribuées, plus de 5000 abris construits, 45
millions de cash distribués à 1800 familles et près de 15.000 moustiquaires,
8.250 couvertures et 15200 nattes distribués en 2014. Presque dans tous
les domaines, la Croix Rouge et le Croissant Rouge ont été présents dans
l’accompagnement des familles en difficultés avec l’aide de toutes les composantes à savoir le CICR et les différentes fédérations tant de Niamey que
celles de l’intérieur du pays.
Sortie des leaders politiques nigériens sur Africable
La bourde de Mohamed Bazoum
Lors de son passage sur la télévision Africable, le patron du principal parti
au pouvoir, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS
Tarayya) a manqué de tact. La rage au cœur, il a confondu adversaires et
sympathisants de la renaissance. « Il (Hama Amadou) avait l’habitude de
dire dans son entourage, dont certains de ses lieutenants, qui étaient dans
ses confidences (qui) sont, aujourd’hui, avec nous, que s’il laissait Issoufou continuer son mandat, il n’aurait aucune chance lui d’être élu en 2016.
Il me faut rebattre les cartes, à la fin de l’année 2013, disait-il et confiner Issoufou dans une position de cohabitation où il n’aurait aucun pouvoir. »
Voilà donc Bazoum qui jette en pâtures les « vrais amis » du Guri System,
ceux qui ont opté pour les « coquilles vides » au nom de l’intérêt supérieur
de la nation.
Toujours sur Africable :Seini Oumarou jette des peaux de banane à
Hama Amadou
Répondant à la question de la rumeur sur l’éventualité d’une fusion entre
son parti, le Mouvement pour la Société de Développement (MNSD Nassara) et le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa) de Hama Amadou, Seini Oumarou à
laissé entendre que c’est « Monsieur, ils veulent ma mort » qui est venu
vers lui et qu’il a copieusement rejeté l’offre de fusion. Le candidat malheureux au second tour des dernières présidentielles donne donc raison à
Ladan Tchana qui a évoqué le sujet mettant en exergue la démarche unilatérale de Hama Amadou en violation des statuts et règlement intérieur du
MODEN/FA Lumana/Africa. Ache dey a koy zomo kaba. Donc Ladan n’avait
pas menti sur Hama. Mais comme le cheval ailé est la propriété personnelle
de « Youri boy », il peut fouler des ses deux pieds à volonté les textes du
parti sans qu’un œil ose ciller sur lui. Hama te ni bayi !
Jeune à fric :Encore des plates excuses
Décidément, le magasine panafricain jeune à fric (de son vrai nom Jeune
Afrique) a perdu la vue et l’aura. Après ses plates excuses consécutives à
l’extradition de Saadi Kadafi où il croyait avoir vu des grandes malles de
dollars larguées sur le Niger, le voilà qui revient avec d’autres plates excuses, cette fois autour des redevances minières aux collectivités territoriales détournées par les tenants du pouvoir et l’achat d’un nouvel avion
présidentiel pour le Niger par AREVA. Cette fois également, Jeune à fric dit
avoir manqué à l’exercice banal de vérification de ses informations avant
publication. Et bizarrement, il dit détenir les preuves de son mensonge
avant publication du journal papier mais ne pouvait rien faire, l’édition du
numéro mensonger étant sans doute déjà lancé, il s’est contenté de ses «
plates excuses » sur son site internet. Jeune à fric kenan !
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Crime crapuleux au Quartier Aéroport
Un gendarme mortellement tué avec un couteau
Jusqu’où iront les marchands de la
mort dans notre capitale, Niamey ?
En effet, dans la nuit du mercredi 7
au jeudi 8 mai dernier, aux environs
de 3 heures du matin, un homme
s’est introduit au domicile d’un jeune
gendarme avec pour objectif de le
tuer. L’ayant trouvé en plein sommeil, il lui couvre le visage avant de
lui administrer en plein ventre un
couteau. D’après des sources
proches de la victime, le gendarme
Hassan est marié et père d’un enfant. Cette barbarie a alerté sa
femme qui a immédiatement crié
pour chercher secours. C’est ainsi
que le grand frère du gendarme qui
se trouve être dans la concession
surgit aussitôt. Selon les informations qui nous sont parvenues, l’assassin aurait intimé l’ordre au grand
frère de ne pas bouger sinon il subira le même sort que son frère.
Malgré la présence des voisins
venus en nombre, l’assassin n’a pas
pu être maîtrisé et a réussi à prendre la fuite. Pour l’instant, cet individu n’a pas pu être identifié et
retrouvé malgré le quadrillage de la
zone par les éléments de la gendarmerie. Personne ne sait le mobile
de cet acte ignoble sur ce gendarme. Pour ceux qui le connaissent, la victime est un homme sans
histoire. La nuit même de sa mort, il
a rendu visite à sa propre mère à
qui il a fait le lit avant de prendre
congé d’elle. Malheureusement,
c’était la dernière image que cette
pauvre mère gardera de son fils.
L’enquête poursuit son cours normal. Mais ce crime appelle
quelques interrogations de notre
part. En effet, il est connu de tous
que notre société fortement islamisée n’est pas habituée à ces genres
d’atrocité. Qu’est ce qui explique
cette ignominie ? Est-ce un règlement de compte ou un crime commandité ? Nos valeurs sociales
d’antan sont-elles en train de prendre un coup ? Comment un criminel
de cet acabit peut-il se volatiliser si
facilement malgré la présence de
quelques personnes ?
Ibrahim Amadou
Education
L’étau se resserre sur le gouvernement
Décidément, les syndicats des secteurs de l’éducation ne désarment
pas. Cette semaine, la Fédération
unique des syndicats de l’enseignement du Niger (FUSEN) projette
une grève de quarante huit heures
(48 h) les jeudi 15 et vendredi 16
mai 2014 pour protester contre le
non respect par le gouvernement du
protocole d’accord qu’il a signé avec
ce cadre. De tous les engagements
pris, le gouvernement n’a respecté
jusqu’ici aucun échéancier, preuve
qu’il ne croit à aucun protocole qu’il
signe avec les syndicats.
Aussi après le FUSEN, le Cadre
permanent de réflexion et d’actions
des syndicats de l’enseignement
(CPRASE) prend le relais les jeudi
22 et vendredi 23 mai 2014. Ce
cadre a prévu une marche le jeudi
22 et entend bloquer toutes les
tâches scolaires et administratives.
Ce qui veut dire que les bulletins ne
seront pas remplis. Un acte qui rappelle le passage automatique en
2003 lorsque l’Union nationale des
appelés du service civique et volontaires de l’enseignement du secondaire (UNAVES) n’a pas eu
satisfaction sur sa plate forme revendicative.
Aujourd’hui, au regard des décisions que le directoire du CPRASE
et les secrétaires généraux de tous
les syndicats affiliés à ce cadre,
ont prises, il est fort à craindre que
les examens du BEPC et du BAC
seront perturbés. En tout cas, au
cours de leurs multiples réunions,
les cadres du CPRASE ont opté
pour la méthode forte tant que le
gouvernement n’a pas régularisé
l’indemnité de craie jusqu’ici non encore perçue dans le secondaire. En
effet, aucun enseignant du secondaire n’a encore bénéficié de cette
indemnité. Et au vu des missions de
sensibilisation que le CPRASE entend envoyer dans les écoles et à
l’intérieur du pays, il est fort à craindre le pire. D’ailleurs, selon des
sources dignes de foi, tout porte à
croire que le chaos est à venir car à
coup sûr le CPRASE a décidé de se
faire entendre sinon les examens en
pâtiront.
La balle est donc dans le camp du
gouvernement qui doit éviter à
l’école nigérienne ce scénario catastrophe où il serait fort probable
que les enseignants comptent « ouvrir la cage » tant que cette indemnité n’est pas définitivement réglée.
Aussi, le combat compte continuer
avec à la clé des rencontres imminentes entre la FUSEN et le
CPRASE pour se pencher sur les
grands maux qui assaillent l’école
nigérienne. Ces deux grands cadres
comptent désormais enfourcher le
cheval corporatiste pour se pencher
sur des questions urgentes tel le
statut particulier ou grille salariale
de l’enseignant, la question des
suspendus du spécial A, la suppression du CFEPD et bien d’autres
sujets brûlants du monde de l’éducation.
Zara Adamou Abdou
LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
POLITIQUE
Visites de Président de la République à Doutchi et Maradi
L’expert du Niger profond reprend du service
A moins de deux ans des prochaines échéances électorales,
voilà le Président de la République,
Mahamadou Issoufou qui retrouve
ses anciens reflexes. Le candidat du
Parti Nigérien pour la Démocratie et
le Socialiste (PNDS Tarayya), aujourd’hui aux commandes de l’Etat,
qui détient parmi les leaders de
l’échiquier politique national, le palmarès de villages nigériens visités et
qui a battu son propre record lors de
ses périples de 2010, est à nouveau
l’hôte du Niger profond. Contrairement, à ce qu’on a observé par le
passé (quand il portait encore le
boubou rose), cette fois, la délégation de l’autoproclamé « Calife Omar
du Niger » (la plus haute fonction de
l’Etat oblige) est loin des routes.
Comme l’avion ne connait pas la
campagne, Mahamadou Issoufou
semble se contenter de prendre les
pools des grands centres urbains,
du moins pour l’instant. Après la capitale de l’Aréwa, la semaine dernière, le 12 mai 2014, le Président
de la République fut l’hôte des populations de la capitale économique
du Niger. Officiellement, pour le
voyage de Dogondoutchi, il s’agissait pour le Père de la Nation d’aller
voir ce qu’il ne peut apprécier à sa
juste valeur à partir de son « bunker
» barricadé de la présidence, c'està-dire les fruits de sa « Renaissance
», et pour l’étape de Maradi, le Chef
suprême de l’administration était
parti marquer sa présence à l’ouverture de la rencontre des cadres de
commandement (gouverneurs, préfets, autorités des collectivités décentralisées et chefs traditionnels).
Bien évidemment pour l’opposition,
tout cela est bien beau pour être
vrai. Alors pour l’Alliance pour la République, la Démocratie et la Réconciliation (ARDR), coépouse de la
Mouvance pour la Renaissance du
Niger (MRN) et certains observateurs de la scène politique, Issoufou
Mahamadou est tout simplement en
précampagne électorale, une espèce d’avance avant le prochain
coup de sifflet en vue des
échéances électorales à venir. « Il
est habitué à ce genre de croc en
jambe », dixit un militant de l’opposition faisant allusion à ses visites
bien escortées dans le Niger profond sous le régime de la transition
militaire du Général 4 étoiles, Djibo
Salou. Pour vous chers lecteurs, «
Le Hérisson » a essayé de décorti-
quer les deux premières sorties nationales du « ballon d’or » africain
des déplacements extérieurs.
Dogondoutchi ou le nouveau rendez-vous de l’assainissement
Vraisemblablement, le Président de
la République, Issoufou Mahamadou aime à marteler son engagement d’œuvrer à la lutte contre la
corruption et l’impunité dans la région de Dosso. Il y a moins de deux
ans de cela, à l’occasion du lancement des travaux de la mise en
place de la fibre optique dans la capitale des Djermakoye, le Chef de
l’Etat de réaffirmer son engagement
pris dans son discours d’investiture
à moraliser la vie publique. Un cri de
guerre lancé à la Haute autorité à la
lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) et les autres organes de répression de la
délinquance financière et économique, avait-on pensé. Puis comme
par enchantement, rien, ou disons
zéro (0) assainissement. Car après,
on aurait enregistré des successions
de libertés provisoires dans les affaires de payement de fausses factures au Ministère de l’Economie et
des Finances, du ministère de
Transports et de l’Aviation civile, du
Ministère de la Santé (gestion scandaleuse du fameux fonds GAVI) et
des fausses exonérations dans les
douanes, des dossiers restés lettres
mortes comme ceux de Oumarou
Dogari, du barrage de Kandadji et
bien de suspicions scandaleuses
autour du prêt congolais portant sur
50 milliards de FCFA et celui controversé d’Exim Bank qui continuent
encore à défrayer la chronique. Autant d’éléments d’appréciation qui
montrent l’échec de l’assainissement tant promis par le tombeur de
Seini Oumarou lors des dernières
campagnes électorales. Car, si «
LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
today », Dieu décidait d’arrêter la rotation de la terre, le « Calife Omar du
Niger » peut s’enorgueillir d’avoir
construit des classes, des forages,
des routes bitumées, un marché à
Maradi et un échangeur à Niamey,
équipé l’armée, recruté des milliers
de jeunes diplômés à la fonction publique, rehaussé le salaire des fonctionnaires, libéré les otages français,
fait couler le pétrole nigérien, amené
le train à Niamey et le multimilliardaire nigérian Aliko Dangoté à Keita,
« brisé » la casserole de son ex allié,
Hama Amadou (allusion faite au
dossier fonds d’aide à la presse
2001) sans compter ses bonnes intentions (construction de chemin de
fer et d’un second échangeur à Niamey, réalisation prochaine de Dosso
Sogha, etc.), que répondra-t-il devant le Seigneur des mondes de sa
promesse non tenue relative à la
moralisation des mœurs publiques ?
Rien, au regard de l’échec cuisant
du volet assainissement. A la date
du 13 mai 2014, on est toujours
dans le scénario que fustigeait le
même Zaki sous la 5ème République de Baba Tandja l’inversion
des valeurs qu’il caricaturait par ces
propos « aux grands voleurs la révérence et aux petits voleurs la potence ». Espérons qu’auprès de
Baoura, le Président de la République a eu la formule magique pour
que l’assainissement soit enfin soit
amorcé et que Dogondoutchi ne soit
pas un autre rendez-vous raté pour
la lutte contre la corruption.
Maradi, ou l’appel tardif aux devoirs des cadres de commandement
La réunion des cadres de commandement aurait dû normalement se
tenir la première année de la mise
en œuvre de la « Renaissance ».
Puisque, selon le discours du Prési-
dent de la République, à cette occasion, elle se veut le top départ d’un
nouveau prototype de cadres de
l’administrateur territorial, made in «
Renaissance », histoire de rompre
d’avec le passé. Certes, il n’est pas
jamais trop tard pour bien faire,
comme le dit l’adage, mais la rencontre de Maradi n’est pas arrivée
trop tôt pour impulser efficacement
les changements au niveau local. A
moins de deux ans des prochaines
échéances électorales, à quoi peuton s’attendre d’un préfet, d’un gouverneur
nommé
sur
des
considérations partisanes ou d’un
maire que de constituer pour lui et
sa formation politique, un trésor de
guerre politique, donc le contraire de
la nouvelle mission de veille de l’orthodoxie de gestion de la collectivité
que le Chef de l’Etat lui a assignée à
Maradi. Tout porte à croire que l’appel de la capitale économique du
Niger a été adressé à une partie de
l’auditoire du Président de la République, les chefs traditionnels qui
n’ont aucun objectif électoraliste ni
partisan. En cette période de rappel
des troupes politiques, difficile d’attendre de la part des préfets et gouverneurs civils et politiques et des
maires les résultats escomptés par
le Chef d’Etat. En attendant la suite
du périple et les prochains sujets à
l’agenda du Président de la République, tout semble faire croire que
les deux premières sorties ont un
goût d’inachevé.
Oumar Sanda
LE HERISSON
HEBDOMADAIRE SATIRIQUE NIGERIEN
D’INFORMATIONS GENERALES
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1000 Exemplaires
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POLITIQUE
Avis n°18 du 9 mai de la Cour Constitutionnelle
Hama Amadou, à nouveau, mis devant ses responsabilités
Le samedi 9 mai 2014, la Cour
Constitutionnelle a rendu un avis
suite à la saisine de Hama Amadou.
C’était le 2 mai dernier que le Président de l’Assemblée nationale par
lettre n°18/PAN/SG demandait
l’éclairage de la plus haute instance
en matière d’interprétation de la
constitution sur principalement deux
questions. Le requérant voulait non
seulement savoir ce que recouvre le
concept de « crise de confiance »
énoncée à l’article 89 alinéa 4 de la
constitution mais également si le
président de l’Assemblée nationale
peut être de l’opposition. Pour la
première question, il s’agit, selon les
termes du Président de l’Assemblée
nationale, « d’en cerner les contours
pour éviter toute interprétation abusive », «…le concept de crise de
confiance (étant) introduit pour la
première fois dans l’histoire constitutionnelle du Niger ». S’agissant de
la seconde préoccupation, elle
concourt sans doute à mettre fin à la
polémique en cours sur l’absurdité
évoquée par les députés de la majorité parlementaire d’une présidence de l’Assemblée nationale
assumée par l’opposant Hama Amadou. Sur justement cette question, la
Cour Constitutionnelle a donné son
éclairage que tout député peut postuler à la présidence de l’Assemblée
nationale quelle que soit son appartenance politique, mais n’est élu, en
cas de pluralité de candidats, que
celui qui recueille « la majorité des
voix des députés requise par l’article
14 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. » Voilà qui est
limpide. Autrement dit, en application au cas de Hama Amadou, il n’y
a aucune aberration que dans sa
nouvelle situation d’opposant que
l’actuel Président de l’Assemblée
nationale continue à occuper le fauteuil du chef du parlement nigérien
si tant est-il qu’il bénéficie de la
confiance des députés. Voilà donc
qui tait la polémique véhiculée par la
majorité parlementaire sur l’aberration, selon elle, de voir un membre
de la minorité dirigée le parlement.
Pour le cas du Niger, Hama Amadou
était membre de la majorité parlementaire et c’est chemin faisant,
après le retrait de son parti de la
mouvance présidentielle, qu’il s’est
retrouvé dans la posture actuelle de
Président de l’Assemblée nationale
appartenant désormais au rang de
l’opposition minoritaire au parlement. Dès lors qu’il n’est plus dans
le groupe de la majorité parlementaire, il court le risque de perdre la
confiance des députés de ladite majorité. Ces derniers ont donc la possibilité de le débarquer de son
piédestal en faisant usage de l’article 89, alinéa 4 de la constitution qui
évoque la « crise de confiance »
entre les députés et le Président de
l’Assemblée nationale, concept dont
Hama Amadou a demandé l’éclairage.
S’agissant de la crise de confiance,
l’institution que dirige Mme Diori Kadidjatou Ly donne la précision suivante : « les faits et actes
susceptibles de servir de fondement
à une procédure de destitution du
Président de l’Assemblée nationale
consécutive à une crise de
confiance peut découler de l’exercice de ses charges consacrées par
la Constitution et les textes régissant
le fonctionnement de l’Assemblée
nationale, dès lors que ces faits et
actes sont de nature à affecter la
confiance que lui ont accordée les
députés en l’élisant au poste de Président de l’institution ». Mieux la
Cour répond au requérant qu’il n’y a
aucune contradiction entre l’exercice de la crise de confiance et ses
droits et libertés consacrés par le
paragraphe 1 de l’article 22 du
Pacte international relatif aux droits
civiques et politiques de 1966 et l’article 30 de la constitution qui évoque
le droit de toute personne « à la liberté de pensée, d’opinion, d’expression, de conscience, de religion
et de culte », étant entendu que
dans sa saisine, Hama Amadou a
fait allusion à sa jouissance de ces
deux textes, le premier supranational et le second national. L’essentiel
pour lui est de ne pas perdre la
confiance placée en lui par les députés. Pour cela, il se doit d’observer la stricte neutralité dans la
conduite de sa fonction de Président
de l’Assemblée nationale, normalement au dessus de la mêlée des
groupes parlementaires.
C’est la seconde fois que la Cour
Constitutionnelle met le Président
de l’Assemblée nationale au devant
de ses responsabilités. Si dans l’arrêt récent, elle fait remarquer à
Hama Amadou son devoir de veiller
au respect du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale, ce qui insinue qu’il doit faire montre de neutralité dans l’exercice de sa noble
fonction, cette fois encore, dans cet
avis, elle le lui rappelle en évoquant
le risque pour lui d’être soumis au
vote de défiance s’il venait à heurter
la confiance des députés qui l’ont
élu. Saura-t-il être à la hauteur de
cette délicate posture ? Le défi lancé
par la majorité de le faire débarquer
tient-il toujours ? Le président de
l’Assemblée pourra-t-il garder sa
langue dans la poche et continuer à
voir les choses politiques se
conduire normalement ? Que dira
alors l’opposition de lui qui est toujours partiellement aux affaires politiques de ce pays ?
Oumar Sanda
Assemblée nationale
Vers l’apocalypse de la première législature de la 7ème République
Face au blocage des travaux à
l’hémicycle, des voix et des rumeurs persistantes font état de
l’intention du Président de la République de souffler sur la corne
pour mettre fin au monde des députés de la première législature
de la 7ème République. Le Père
de la Nation ira-t-il vraiment à
cette extrémité que lui confère la
constitution ?
Au journal « Le Hérisson » nous
n’aurons cesse de le dire, la dissolution de l’Assemblée nationale
n’arrange pas le Niger, et ceci
pour deux à trois raisons principales. Premièrement, l’organisation des législatives anticipées
suppose des dépenses supplé-
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mentaires sur un budget qui
peine à joindre les deux bouts de
l’année. De surcroît en cette
veille de saison des pluies où
l’état des routes devient piteux,
un véritable goulot d’étranglement à l’horizon pour les organisations nationales et locales d’un
tel scrutin. Deuxièmement, on
n’a jamais vu cela dans l’histoire
politique du monde, du moins
pour ce que nous en savons,
qu’un exécutif disposant d’une
majorité parlementaire confortable dissoudre l’Assemblée nationale. Mieux, quand il réussit
même à dénicher des voix dans
l’opposition. Dans la situation du
Niger, politiquement parlant, c’est
à l’Alliance pour la République, la
Démocratie et la Réconciliation
(ARDR) de Seini Oumarou, Mahamane Ousmane et Hama
Amadou de se ronger les ongles
face à ce qu’elle appelle l’opération de démantèlement des partis politiques (menée, selon elle,
par le principal parti au pouvoir
sous la houlette du richissime
homme d’affaires nigérian Dhahirou Mangal). Le Président de la
République ira-t-il à Canossa au
risque, au retour de ce voyage
périlleux, de perdre sa majorité ?
Troisièmement, la dissolution de
l’Assemblée nationale constitue
un risque de déflagration du tissu
social. Car, la fin du monde des
députés de la première législature de la 7ème République suppose aussi la fin des immunités
parlementaires. Bonjour donc la
chasse aux sorcières et la perte
des droits civiques et politiques
de certains parlementaires qui
trainent des casseroles mais
également ceux pour lesquels il
est facile de dépoussiérer des
vieux dossiers. Voici donc les
risques, aussi bien pour le Niger
que pour les deux principaux
camps adverses du moment. Les
acteurs politiques de deux bords
se doivent donc de mettre de
l’eau dans leur vin. A bon entendeur… !
Oumar Sanda
LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
NATION
Il était une fois…
Le 13 mai 1991
Chaque 13 mai, les « mères de l’humanité » du Niger commémorent la
journée nationale de la femme.
Cette date festive n’est pas une
journée décrétée au hasard par les
pouvoirs publics pour célébrer la
femme nigérienne. En amont, il y a
eu un 13 mai historique.
C’était précisément le 13 mai 1991,
les femmes nigériennes, à l’appel
de leurs leaders, organisèrent une
marche pacifique qui les a
conduites au Ministère des Affaires
Etrangères où la Commission préparatoire à la conférence nationale
souveraine tenait ses travaux. Il
s’agissait pour les femmes nigériennes de protester contre la discrimination dont elles font l’objet. Pour
la frange la plus majoritaire de la population nigérienne (50, 4% en
1991), il n’y avait qu’une seule
femme au sein de la commission
préparatoire à la conférence nationale souveraine, d’où leur colère et
leur réclamation d’une plus grande
représentativité au sein de ladite
commission.
Ce jour-là, la voix de la femme nigérienne va porter loin. Les « pantalons » capitulèrent devant les «
pagnes » et la représentation des
femmes fut portée de 1 à 5 au sein
de la commission préparatoire à la
conférence nationale souveraine.
Vive les femmes ! Vive la date historique du 13 qui sera consacrée
journée nationale de la femme.
Quel est le chemin parcouru par les
femmes nigériennes depuis cette
journée mémorable ? Beaucoup
d’eau a coulé sous le pont Kennedy
de Niamey mais également de nombreux acquis ont été enregistrés par
les femmes en matière notamment
la loi des quotas. Quelqu’un d’autre
dira, cette avancée, c’est pour les
femmes instruites et dans une certaine mesure celles qui aspirent à
une carrière politique, que le plus
grand nombre ignore l’existence de
la date historique du 13 mai et
courbe l’échine chaque jour que
Dieu fait sous le poids de lourdes
charges familiales : corvée d’eau et
de bois, vaisselle, éducation des enfants, pilage de mil, préparation culinaire, travaux champêtres et
procréation dans des conditions inimaginables, sans compter de leur
devoir conjugal nocturne…
Oumar Sanda
SONITRAV,
le transporteur du Millénaire
La Nigérienne des Transports Voyageurs (SONITRAV) avec ses bus flambants neufs, climatisés
avec vidéos incorporées, dessert tous les jours en
aller-retour les axes suivants :
Niamey – Maradi – Zinder – Diffa
Niamey – Tahoua – Abalak
Niamey – Téra – Ouaga – Abidjan
SONITRAV, le transporteur du Millénaire est situé
vers le CCOG,
à côté de la station Oil Libya
LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
L’oeil vigilant…
Coalition Sauvons le Niger :
Une certaine dose d’activisme politique
Une nouvelle coalition vient de naître le dimanche 11 mai 2014 à Niamey. Cette coalition, selon ses
concepteurs regroupe une cinquantaine d’associations de la société civile nigérienne dont le Réseau des
Organisations pour la Transparence
et l’Analyse Budgétaire, le Mouvement pour une citoyenneté responsable, le MOJEN, entre autres. Tout
juste après sa naissance, ce regroupement a rendu publique une
déclaration dans laquelle il dénonce
la gestion du régime de la 7ème République et la situation née à l’Assemblée
Nationale
consécutivement à la mise en place
du bureau de l’institution. Dans son
esprit et dans sa lettre, ce nouveau
cadre vise à ramener le débat sur
l’échec de la classe politique nigérienne dans son ensemble. Mais à
la lecture de ce texte, l’on se rend
compte que la coalition a raté son
entrée pour la simple raison que le
contenu ressemble beaucoup à une
déclaration de l’opposition politique
qu’aux sorties habituelles de la société civile. Dans le cercle des déclarants, l’on a constaté des
militants farouches de certaines formations politiques bien connues du
paysage politique nigérien. La coalition dénonce entre autre l’enrichissement illicite, le trafic d’influences,
la gabegie dans la gestion du pouvoir d’Etat, le patinage du régime de
la renaissance dans les négociations avec le Groupe Nucléaire
Areva. En substance, la déclaration
affirme que «l’administration publique, qui doit rester une institution
neutre et apolitique comme le prescrit l’article 62 de la constitution, est
transformée en un bras séculier de
la coalition au pouvoir ; sur fond de
magouilles dans les recrutements,
les promotions et la mobilité des
agents de l’Etat». Aussi, une autre
revendication de l’opposition est reprise dans la déclaration du dimanche 11 mai. Elle consiste à dire
que «contrairement aux engagements solennels pris devant le peuple, et en violation flagrante de leurs
serments confessionnels, la corruption, l’enrichissement illicite, la
concussion, le trafic d’influences, le
népotisme, le blanchiment d’argent,
l’impunité et l’injustice sont, au vu et
au su de tout le monde, érigées en
mode de gouvernance par le régime
actuel ». Avec cette déclaration l’opposition politique peut dormir tranquille. Son combat, est finalement
récupéré par les «acteurs» de la société civile. Ce débat pose l’équation de l’amalgame entre société
civile et société politique.
Dans un passé récent, nous avions
connu au Niger des regroupements
des acteurs politiques et civils pour
la restauration et de défense de la
démocratie (après le hold-up électoral de feu Baré en 1996) et aussi
en 2009, quand il s’est agi de freiner l’élan du Président Tandja Mamadou dans sa volonté de tordre le
cou à la démocratie en s’octroyant
un bonus à la fin de son deuxième
et dernier mandat constitutionnel.
Mais la nouvelle coalition «Sauvons
le Niger» qui a été créée pour sauver le Niger est-elle réellement dans
la même position que les précédentes ? Bien que la déclaration
souligne une grogne sociale grandissante et l’effervescence du front
social, il est incontestable que
toutes ces situations sont l’œuvre
des gouvernants mais également
des politiciens aguerris dans la déstabilisation des institutions tant que
ce ne sont pas eux qui sont aux
commandes de l’Etat. D’ailleurs,
tous ses mouvements rappelés
dans la déclaration n’ont jamais un
caractère revendicatif sérieux. Les
observateurs de la scène politique
nigérienne vont-ils croire à ce mouvement.
Il n’y aujourd’hui, aucunement péril
en la demeure, relativement à
l’exercice de la démocratie. Rien
aussi de la déliquescence des institutions républicaines comme souhaité par les boutefeux. La seule
institution qui est en crise, c’est l’Assemblée Nationale. Et ici, tout le
monde sait que c’est une situation
créée de toute pièce par l’opposition
parlementaire, en témoigne l’arrêt
N°4/CC/2014 qui souligne que tout
député peut se présenter à un poste
électif au sein de l’hémicycle. Mais
l’obstination de maintenir une candidature contre la décision de la
cour a provoqué un blocage. Au vu
des dénonciations faites par un
cadre qui se veut neutre, le doute
persiste sur la bonne foi des uns et
des autres à placer la barre haute
en sauvant le Niger pas du système
de gestion qui a toujours caractérisé
les régimes politiques et militaires
du Niger, mais à sauver l’opposition
politique nigérienne qui ne trouve
pratiquement pas d’argumentaire
pour mener un combat pour l’intérêt
général. Aux dernières nouvelles,
nous apprenons que plusieurs signataires de « Sauvons le Niger »
se seraient désolidarisés de sa déclaration au motif qu’ils n’avaient
pas été associés à la rédaction du
fameux texte porté à la connaissance des Nigériens.
Ibrahim Amadou
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MESSAGE
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LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
Société
Blague de la
semaine
Panique, un dimanche
matin à l’église
Un fou entre dans le temple
avec un gros couteau en
main et dit : " je vais tuer tout
le monde mais par ordre alphabétique. Qui a son nom
qui commence par A ? " . Le
pasteur dit : " moi je m'appelle ZAHOUI ZADI ZEPHIRIN. Mais celui qui est juste
après moi s'appelle ALI ABDOULAYE." Ce dernier répond: " ce n'est pas vrai je
m'appelle ZOUMANA". Une
femme derrière répond: "
moi je m'appelle ZIAGNON
ZEZEKOU ZIKE ZEPHIRINE." Et le fou répond : "
moi-même je m'appelle
ZOUALI ZOUOMINI. Donc
on est même chose. Si tu
étais là, ce jour là comment
allais-tu t'appeler?
Yao ne sait pas comment
consommer sa nuit de
noces
Yao se marie et le soir de sa
nuit de noces, il appelle son
père: "Papa, qu'est-ce que
je fais?" Son père dit: "Déshabille-la, déshabille-toi et
allonge-toi avec elle sur le
lit."
15 minutes après, Yao appelle: "Papa, je suis nu et au
lit avec elle, je fais quoi"?
Son père: "Merde, fiston!
Mets la partie la plus dure
de ton corps où elle fait
pipi". 30 minutes après, Yao
appelle: "Papa, j'ai ma tête
dans la cuvette des toilettes.
Je fais quoi? "Noie-toi, imbécile".
Fait divers
La curiosité compromettante d’un « dogari »
L’histoire qui va suivre s’est déroulée dans la région de Zinder
au cours d’un jugement rendu à
la cour d’un chef de canton. Une
curieuse intrusion d’un courtisan
du chef dans le procès a failli lui
coûter sa tête.
Nous sommes au mois d’avril
2014, un jour ordinaire dans la
cour du chef de canton. Au menu
du programme de « sarki » (chef
de canton) et de ses « fadawas »
(ses courtisans), quelques litiges
de champ à solutionner et une affaire d’adultère. C’est d’ailleurs le
dénouement de cette dernière
qui va prendre beaucoup de
temps au tribunal local. Pourtant,
rien ne semblait indiquer la tournure qu’allait prendre cette affaire. Kamilou, le plaignant, tenait
bien son « voleur » entre ses
mains. Il avait pris Samaila en flagrant délit chez lui et avait même
ses témoins oculaires. En bon
homme de foi, il a su maîtriser sa
colère devant le fait insupportable et n’a point agressé Samaila.
Il s’est également gardé de porter la main sur sa « salope » de
femme se contentant seulement
de l’invectiver. Disons qu’en dépit
de la forfaiture que Kouloua venait de commettre, Kamilou aime
encore sa supposée de femme.
Toutefois, il a juré de ne pas laisser le « crime » impuni, d’où la
convocation de Samaila chez le
chef de canton. En guise de
dommages et intérêts, l’époux de
Kouloua avait exigé que son «
voleur » lui verse la coquette
somme de 200 000 FCFA,
somme pouvant lui octroyer une
nouvelle épouse afin de laver honorablement son affront. Devant
le chef et ses courtisans, Samaila
avait avoué son péché mais voulait une réduction de la fourchette
de la « contravention ». C’est en
ce moment qu’apparait le troisième larron dans cette affaire
qui n’est personne d’autre que le
Sarkin dogarai (premier responsable de la sécurité du chef de
canton). Celui-ci de demander à
Samaila : « laquelle des femmes
de Kamilou as-tu touchée ? Celle
qui a le gros nombril ou l’autre
aux fesses d’hyène ? » Sans
doute l’imprudent interrogateur
ne s’est pas rendu compte de sa
bêtise. Alors les regards se tournèrent vers « dogari ». Comment
a-t-il su que l’une des femmes de
Kamilou a un gros nombril ? Vraisemblablement, Sarkin Dogarai
en sait plus qu’il ne doit savoir. Et
l’accusation fut étendue au responsable de la sécurité du chef
de canton qui fut sermonné et
taxé d’une forte amende, soit la
bagatelle somme de 400 000
FCFA. C’est là une bonne pioche
qui peut permettre à Kamilou de
prendre deux nouvelles épouses,
de laver ainsi son double affront
et probablement de se débarrasser de ses deux « âmes pècheresses ».
Oumarou Kané
Solution du jeu précédent
LE HERISSON N°20 du 13 MAI au 20 MAI 2014
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NATION
Page littéraire : le contexte socio-politique du désenchantement (suite).
« …Mais les illusions persistèrent
encore car les ONG (Organisations
Non-Gouvernementales) fleurirent
un peu partout, pour procurer une
assistance plus directe aux populations appauvries, pour remonter des
coopératives là où les organismes
d’Etat avaient échoué : l’Enda, l’Oxfam, Plan International ; tandis que
les accords de coopération se renouvelèrent, mais avec des priorités
pour l’agriculture et la santé.
On assista alors à une activité multiforme et anarchique. La planification si chère aux premiers chefs
d’Etat, fut oubliée par les militaires,
ou abandonnée en partie par les
gouvernements civils, découragés
sans doute par l’impossibilité
concrète de réaliser les plans quinquennaux prévus dans les dossiers.
Ils ne contrôlèrent pas davantage
les ONG et chacune travailla dans
son coin, assumant les besoins de
base : santé, eau, potable, aide aux
paysans. Si bien qu’ « on se demande si l’existence des ONG ne
constitue pas aujourd’hui un moyen
idéal pour les gouvernements de fuir
leurs responsabilités » (Sylvie Brunel).
Des économistes et sociologues
africains se concertèrent alors et rejoignirent les analyses de Samir
Amin (économiste égyptien de renommée internationale) qui pronos-
tiquait la pérennité du sous-développement des pays de la périphérie, s’ils persévéraient dans cette
non-maîtrise de leur économie. Les
uns prônèrent le « décrochement »
d’avec le système occidental, d’autres le « développement auto-centré
», ou encore « endogène ».
Joseph Kizerbo dirigea un séminaire
au Mali sur ce thème et il en sortit un
ouvrage plein d’idées, « La Natte
des autres » , dont le titre s’inspire
du proverbe local : « On dort mal
lorsqu’on dort sur la natte des autres
». Un peu partout sur le continent
des actions de sauvetage furent entreprises mais sans lendemain. Les
chômeurs se multipliant, les femmes
travaillèrent davantage. Les « Mama
Benz » du Togo et du Bénin étaient
déjà célèbres pour mener leur commerce de pagnes entre avion et camions Mercédès tout le long de la
côte Atlantique. Mais un peu partout
un mouvement d’échanges se produisit, de l’Afrique francophone à
monnaie stable et unique, vers la
zone anglophone à monnaies variées et fluctuantes (Gambie, Libéria
; Nigéria).
En somme une forme d’intégration
économique était en train de s’élaborer mais de façon « informelle »
(commerces non déclarés, sans patentes, revenus non évalués et donc
non taxés) échappant au contrôle
des Etats- et s’appuyant souvent sur
la fraude douanière. Mal vue donc
du point de vue des gouvernements
africains. Mais plus mal vue encore
du côté des banques françaises qui
recevaient de ces pays anglophones des milliards de CFA à
échanger contre de la bonne devise(
le franc français)… et dont elles ne
pouvaient rien faire sinon retourner
en CFA en Afrique francophone d’où
il n’était pas censé sortir. Perte
sèche pour le Trésor français !
Néanmoins si les indépendances
s’avéraient difficiles à gérer, et beaucoup plus qu’on ne se l’était imaginé, l’espoir n’était pas perdu. On
proposait diverses solutions aux
maux de l’Afrique. Certains suggéraient d’augmenter l’aide jusqu’à
faire un véritable « Plan Marshall ».
D’autres estimaient qu’avec une
meilleure gestion, les économies
pouvaient se redresser. D’autres
enfin se disaient que l’Afrique profonde trouverait ses solutions de
survie, même si elles n’étaient pas
prévues dans les études de faisabilité des experts nationaux et internationaux.
Peu d’intellectuels
avaient compris que l’on s’acheminait vers une « Afrique de l’Ouest
bloquée » (c’est le titre d’un ouvrage
de Samir Amin) – ne parlons pas de
l’Afrique centrale. « Au romantisme
des hommes succéda le réalisme
des choses », comme le dit si bien
Jean François Khan dans « Chacun
son tour », Stock, 1976.
L’espoir tant lié, ce nouvel ordre se
confirme inutile car la corruption, le
favoritisme et la dictature des nouveaux « colons noirs » écrasaient
une fois de plus l’Afrique. C’est alors
la désillusion chez les peuples
d’Afrique désormais plongés dans la
peur, le soupçon et le doute.
C’est sans doute dans cette pesanteur socio-politique et même économique qu’éclot le roman africain de
la troisième génération ou roman du
désenchantement.
Avec la verve satirique et destiné à
un public africain, le roman présente
d’un mélange de mythe et de réalité,
le tableau sombre d’une Afrique ensanglantée ou violentée par ceux
qui devaient assurer son décollage.
Angoissés par les problèmes de
l’heure et l’incertitude d’un lendemain meilleur, les écrivains vont à
leur tour exprimer leur peur et leur
désillusion. »
Source : Lilyan Kesteloot, « Histoire
de la Littérature Négro-africaine »,
Edition Karthala -AUF, 2004.
Zabeirou Dangali.
Vente Matériaux de Construction
Hamza Amadou Maïnassara
BP : 11 002 Tel : 20 73 29 83/ 20 73 72 57 CEL : 93 92 43 34/96 97 26 56
Niamey / Niger
Commerce général Marketing
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