Ecoles de la Province du Limburg
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Ecoles de la Province du Limburg
ADEME/Energie-Cités Plans de déplacements d'entreprises Plans de déplacements d'entreprises 2003 Ecoles de la Province du Limburg (BE) Au fil des années, avec le développement important des déplacements, le trafic motorisé est devenu une des principales nuisances pour l’environnement de nos villes. Nombre d’études montrent que, si on laisse la situation évoluer au rythme actuel, les villes ne connaîtront plus que congestion d’ici quelques temps et la pollution de l’air, le bruit seront tels qu’il deviendra inévitable de prendre des mesures drastiques. Mais comment infléchir cette tendance ? La solution miracle n’existe pas mais lorsque l’on sait qu'une part importante des déplacements est liée aux trajets domicile-travail et que ceux-ci ont lieu aux heures de pointe (heures auxquelles les nuisances sont les plus aiguës), force est de constater que les entreprises, les autorités locales, les administrations, et l'ensemble des organismes publics et para-publics constituent des acteurs-clés de la problématique des déplacements. Dès lors, pourquoi ne pas imaginer de faire intervenir ces organismes dans une démarche pro-active et volontaire ? En effet, ils disposent de moyens incitatifs et organisationnels qui peuvent permettre de rationaliser leurs déplacements : les Plans de mobilité. En les instaurant, ils jouent un rôle actif en matière de mobilité intelligente et durable. Dans la Province du Limburg, une expérience significative est en cours. Qu'en est-il exactement ? Quels enseignements peut-on en tirer et quelles perspectives peut-on en dégager ? ASPECTS GENERAUX La Province du Limburg est peuplée de 1130 000 habitants. Elle est relativement difficile à classifier sur le plan économique étant donné la diversité de ses activités. On peut néanmoins la décrire comme une région « mixte » présentant un fort caractère industriel et qui dispose d'une situation géographique stratégique, au carrefour du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et des pays nordiques. Les moyens de communication vers le reste de l'Europe sont d'ailleurs bien développés : la région dispose d'un maillage autoroutier très important et d'un accès très aisé à l'aéroport international de Bruxelles et aux ports maritimes de Rotterdam et d'Anvers. Le système éducatif est en outre très développé, tant au niveau élémentaire et secondaire qu'universitaire. CONTEXTE La Belgique est un Etat fédéral où les compétences en matière de trafic et de mobilité sont divisées. Généralement, l'échelon national est responsable des chemins de fer, des transports aériens, du code de la route et des mesures fiscales liées aux transport. A l'échelon régional sont réparties les compétences en matière de législation environnementale, d'aménagement, et de transports publics (bus, trams et métros). En Flandres, à travers les « Conventions de mobilité », la Région a élaboré un cadre légal au développement des politiques de mobilité des villes. A travers ces conventions, les municipalités deviennent responsables de la mise en place de plans de mobilités locaux, de la politique de stationnement, et peuvent influencer le prix des transports publics. Ces conventions constituent le cadre législatif le plus avancé en Belgique pour la mise en place de plans de gestion de la mobilité. 1 ADEME/Energie-Cités Plans de déplacements d'entreprises 2003 La densité du trafic a énormément augmenté aux abords des écoles ces dernières années. De plus en plus d'élèves sont emmenés à l'école en voiture, diminuant ainsi leur indépendance ou leurs possibilités de faire de l'exercice et de se rencontrer. L'expérience a montré que parents et enfants vivant près des écoles sont généralement enclins à y accéder par d'autres moyens que la voiture mais n'osent pas le faire pour diverses raisons (accessibilité, sécurité notamment). A travers le projet MOST (« Mobility Management Strategies for the Next Decades »), cofinancé par la Commission européenne - Direction générale Energie et Transport (DG TREN), huit municipalités de la Province du Limbourg et leurs écoles ont cherché à accroître l'utilisation des modes de transport « alternatifs » pour les trajets domicile-école. L'objectif concernait autant la sécurité des enfants sur le chemin de l'école que la réduction de la pollution engendrée par les déplacements individuels motorisés. Trois acteurs principaux se sont engagés dans la démarche. Tout d'abord, le bureau de consultants en transport Langzaam Verkeer s'est chargé d'initier la Province, les municipalités et les écoles aux logiques de gestion de la mobilité. Le bureau a aussi organisé divers événements à destination des élèves des écoles et a pris en charge la coordination générale du projet MOST pour le Limbourg. Parallèlement, la Province (deuxième acteur), co-financeur du projet MOST, a saisi l'occasion du projet pour prendre part aux « Conventions de mobilité » et a servi d'intermédiaire entre les municipalités et la compagnie régionale de transport et entre les municipalités elles-mêmes pour la coordination de leurs actions. Ces municipalités (troisième acteur), ont saisi l'opportunité de MOST pour offrir à leurs écoles une plus grande sécurité et ont assuré, à leur tour, la coordination entre les différentes écoles. EXPERIENCE DES ECOLES DE LA PROVINCE DU LIMBOURG Elaboration Au lancement du projet, Langzaam Verkeer avait prévu d'étendre ses actions dans cinq domaines différents : • information et conseil, • coordination des différents acteurs, • éducation, • campagnes de sensibilisation, • organisation des transports. La cible de l'ensemble de ces actions fut les élèves des écoles élémentaires (4-12 ans) concernées et leurs parents, les professeurs et le personnel d'administration. Le plan de travail initial prévoyait les actions suivantes : Action Information et conseil Coordination des différents acteurs Education Campagnes de sensibilisation Période d'application Durée du projet Durée du projet Durée du projet Un mois Organisation des transports Produits et services connexes (supports de communication, ressources humaines, etc.) Durée du projet Durée du projet, surtout lors des mois de mai Date de début et de fin 2000 – 2002 2000 – 2002 2000 – 2002 10 – 19 mai 2000 ± 1 semaine en mai 2001 ±1 semaine en mai 2002 2000 – 2002 2000 – 2002 Pour connaître la situation initiale, une enquête préliminaire fut menée lors du lancement du projet sur les habitudes de déplacement des enfants et de leurs parents (distance parcourue, report modal, temps de trajet, etc.). 250 questionnaires furent distribués et le taux de réponse atteint 54,4%. Les résultats obtenus furent les suivants : • 61% des enfants vi vent à moins de deux kilomètres de leur école, • 21% des enfants viennent à pied en été (16% en hiver), en groupe ou avec leurs parents, • 29% viennent à vélo en été (12% en hiver), et 11% d'entre eux le font non accompagnés, • 46% viennent en voiture en été (68% en hiver), • 3% utilisent le bus scolaire et 1% les transports publics, été comme hiver, • presque personne ne fait de trajet supérieur à 15 mn. 2 ADEME/Energie-Cités Plans de déplacements d'entreprises 2003 Les raisons avancées pour le choix de tel ou tel mode de transport sont la distance avant tout, puis le confort, la sécurité et l'absence de transports publics. Aménagements et mesures Au début du projet, Langzaam Verkeer a tenté de lancer l'ensemble des actions prévues dans les huit municipalités en même temps. Toutefois, les écoles présentaient des situations parfois très différentes quant à leur gestion passée de la mobilité de leurs élèves, et certaines d'entre-elles, qui avaient déjà développé l'accès à vélo, requéraient des actions plus poussées. Aussi, cette stratégie fut elle revue au cours de la deuxième année du projet. Quatre ensembles de mesures de plus en plus en plus complètes furent définis et proposés aux écoles en fonction des situations : - er Le 1 ensemble concerne une campagne de sensibilisation, « A l'école sans voiture », qui a été menée chaque année. Durant une semaine, au mois de mai, l'école encouragea les élèves, parents d'élèves et enseignants à venir à l'école par des moyens moins polluants. Afin de motiver les enfants, une action « Economisons l'école » fut mise en place. Elle consistait en un jeu s'étalant sur une semaine complète pendant laquelle les enfants venant à l'école par des moyens « alternatifs » recevaient un point chaque matin. Ces points étaient collectés sur une carte qui, une fois complète, était collée sur un tableau représentant un serpent géant. Ensemble, les élèves de la classe pouvaient gagner différents lots en remplissant complètement le serpent. En 2000, 15 écoles prirent part au jeu. En 2001, elles étaient 30, représentant un total de 8 050 élèves et parents d'élèves et 585 professeurs. En 2002, elles étaient 36, représentant un total de 5 580 élèves et parents d'élèves, et 380 professeurs. Le serpent géant et les élèves de différentes classes lors de l'action « Economisons l'école ». - Le 2ème ensemble vise à introduire et accroître l'utilisation du vélo. Pour cela, des petits groupes d'élèves venant à l'école par ce moyen furent formés. Des parcours furent identifiés par lesquels ces groupes pouvaient passer, accompagnés par un adulte. Au total, sept des huit municipalités prenant part au projet MOST initièrent cette démarche, pour un total de 17 écoles et 340 élèves effectuant le trajet quotidiennement. - Le 3ème ensemble consiste en l'élaboration d'un véritable Plan de déplacements (« Travel Plan ») auquel la municipalité, l'administration scolaire, les professeurs, les élèves et leur parents prirent part. Parmi les huit municipalités prenant part au projet, cinq sont actuellement en train de définir un nouveau plan de transports prenant en compte les trajets scolaires. Le nombre d'écoles développant un Plan de déplacements est de 11. Ces projets viennent s'intégrer à la politique générale du gouvernement flamand qui cherche à développer les politiques de transport locales à travers la mise en place de « conventions » passées avec les municipalités (Cf. infra). 3 Un adulte accompagne un groupe d'él èves se rendant à l'école à vélo ADEME/Energie-Cités - Plans de déplacements d'entreprises 2003 Le quatrième et dernier ensemble de mesures permet à la municipalité et aux écoles de la ville de passer un « accord » (« School agreement ») par lequel elles s'engagent formellement à rendre les trajets domicile-école plus sûrs et moins générateurs de pollution. Cette quatrième étape, plus contraignante, est en même temps plus complète puisqu'elle amène la municipalité à travailler avec l'ensemble des écoles situées sur son territoire. Elle a jusqu'ici été entreprise par deux des huit municipalités prenant part au projet MOST. Communication et sensibilisation Pour chacun des sous-projets décrits ci-dessus, une intense promotion a été faite, tant auprès des élèves que de leurs parents, des enseignants ou de l'administration. Ainsi, pour le développement des trajets à vélos, un manuel sur les « groupes de vélos » et des prospectus ont été distribués et une vidéo présentée publiquement a plusieurs reprises. De nombreuses brochures sur les plans de déplacements ont été distribuées au sein des écoles, des municipalités et des administrations régionales concernées. Le bureau Langzaam Verkeer s'est efforcé d'être très présent afin de coordonner les actions menées. Bien que le projet soit aujourd'hui achevé, il reste disponible auprès des écoles qui souhaitent obtenir des informations. EVALUATION Groupe travaillant à l'élaboration d'un plan de déplacements La communication réalisée autour des activités a porté ses fruits puisque 90% des personnes interrogées affirmaient avoir connaissance des actions qui étaient menées dans l'école de leur enfant. 75,2% des parents ont aussi affirmé avoir pris part aux semaines « A l'école sans voiture » en amenant leurs enfants à pied, à vélo ou en bus. La raison principale qu'ils invoquent est l'enthousiasme de leurs enfants pour cette initiative (51,7%). Une enquête d'évaluation fut menée en mai 2002 auprès des écoles. Elle a permis d'établir que la popularité de la voiture est proportionnelle à la distance à parcourir, bien que 61,5% des élèves vivent à moins de trois kilomètres de leur école. Les motivations poussant les parents à laisser leurs enfants venir à l'école à pied ou à vélo sont la distance réduite du parcours à effectuer et le caractère sain d'une telle démarche. La participation aux groupes de vélos est motivé e par la sécurité que de tels groupes apportent au trajet des enfants. Enfin, l'utilisation de la voiture est le plus souvent motivée par la possibilité de combiner d'autres trajets à celui domicile-école. L'engagement des parents apparaît chaque fois comme primordial pour la réussite des projets étant donné que ce sont eux qui, en dernier ressort, choisissent le mode de transport de leurs enfants. La répétition des différentes activités dans le Brochure distribuée dans les écoles pour la promotion des plans de déplacements temps est aussi importante pour garder la problématique du transport à l'esprit des parents, d'autant plus que ceux-ci constituent un public très versatile, disparaissant régulièrement avec le passage des élèves dans les classes supérieures. 4 ADEME/Energie-Cités Plans de déplacements d'entreprises 2003 PERSPECTIVES La mise en place de plans de déplacements requiert beaucoup de temps et les projets initiés sont encore en développement. Ils ont néanmoins permis à d'autres villes de prendre conscience des problèmes liés aux déplacements des élèves. Dix autres municipalités ont ainsi initié des Plans de déplacements en collaboration avec le bureau Langzaam Verkeer ou ont signé des accords avec leurs écoles. POUR ALLER PLUS LOIN Langzaam Verkeer Mrs. Elke BOSSAERT JP Minckelerstraat 43 BE-3000 LEUVEN Tél : +32 16 31 77 05 E-mail : [email protected] Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités en collaboration avec Langzaam Verkeer et grâce au soutien financier de l’ADEME Nord-Pas de Calais. 5