Démocratie et liberté: un nœud gordien à trancher dans le contexte
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Démocratie et liberté: un nœud gordien à trancher dans le contexte
ISSN 2411-6750 Germivoire 4/2016 Démocratie et liberté: un nœud gordien à trancher dans le contexte africain Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE (Université de Kara, Togo) Résumé La démocratie et la liberté ont partie liée. Mais cette évidence s’amenuise dans nos États au fur et à mesure qu’on se confronte à la réalité quotidienne. Le paradoxe est que tandis que les principes démocratiques et les principes libéraux se soutiennent réciproquement puisqu’ils jaillissent de la même source, à savoir les Lumières, la réduction des libertés publiques va en grandissant lorsque l’affirmation des libertés individuelles ou collectives achoppe sur la loi démocratique de la majorité qui s’impose de droit à la minorité. Les décisions démocratiques peuvent embrigader les libertés en même temps qu’elles peuvent les sauvegarder. En conséquence, la ré-articulation des principes démocratiques et libéraux s’impose aujourd’hui dans les sociétés africaines où la revendication des libertés par les citoyens est souvent perçue comme un défi visà-vis de l’État. Mots-clés : démocratie, État, individu, liberté, règle majoritaire. Abstract The democracy and the freedom left connected. But this obvious fact diminishes in our States as we confront with the daily reality. The paradox is that the democratic principles and the liberal principles support themselves mutually because they spring from the same source, worth knowing Enlightenments, while the reduction of the public liberties goes by growing when the assertion of personal freedoms stumbles over the democratic law of the majority which is imperative of right upon the minority. The democratic decisions can encroach on the liberties at the same time as they can protect them. The re-joint of the democratic and liberal principles is imperative in the African societies today where the claiming of the liberties by the citizens is often perceived as a challenge towards the State. Keywords : Democracy, State, individual, liberty, majority rule. Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain http://germivoire.net/?ivoire=detailart&idart=468&rub=179 23 Germivoire 4/2016 Introduction La démocratie est envisagée comme le rempart contre la tyrannie réductrice des libertés. Cependant, ce régime politique reste à améliorer à cause des limites qui lui sont inhérentes. Déjà dans la Grèce antique, les limites de la démocratie directe se sont révélées au grand jour, en témoigne l’exclusion sociale de Socrate qui a suscité les distances de Platon vis-à-vis du régime démocratique de la "Polis". La démocratie représentative telle qu’elle se réalise aujourd’hui, montre que les représentants, les élus, sont souvent déconnectés des aspirations de l’électorat, du peuple, parce qu’ils n’émanent pas véritablement de lui à travers un processus électoral loyal. Dans la majorité des États africains, le processus de démocratisation devient paradoxalement celui de la restriction des libertés. Les élections qui sont des expressions évidentes de la démocratie deviennent un casse-tête sur le continent par faute du respect des règles du jeu par les protagonistes ; les revendications identitaires ou corporatistes sont souvent sources de défi vis-à-vis du pouvoir central, de l’État. La mainmise de l’État sur la société en vue de son contrôle ne va pas sans restriction des libertés publiques. Le problème que nous posons est le suivant : la démocratie induit-elle incontestablement la liberté ? Nous répondons à priori que pour que la démocratie puisse accomplir sa promesse de liberté, il revient aux pouvoirs politiques et aux peuples de les articuler à travers la publicité, l’intercommunication publique entre les gouvernants et les gouvernés. Pour y arriver, notre argumentaire procède en trois étapes : l’articulation principielle de la démocratie avec la liberté ; la difficile relation entre la démocratie et la liberté ; la publicité pour concilier la démocratie et la liberté. 1. L’articulation principielle de la démocratie avec la liberté La démocratie représentative est la forme de démocratie dans laquelle les élus représentent le peuple, la volonté générale ; et selon (Rousseau, 1992 : 52), « pour qu’une volonté soit générale, il n’est pas toujours nécessaire qu’elle soit unanime, mais il est nécessaire que toutes les voix soit comptées ; toute exclusion formelle rompt la généralité ». En principe, la démocratie favorise la liberté. Benjamin Constant est l'un des premiers à défendre la nécessité d'un régime représentatif. C'est pourquoi il défend une démocratie censitaire, estimant qu'un minimum de propriétés est nécessaire pour pouvoir prendre part à la désignation des dirigeants de l'État. Il a ainsi perçu significativement la dynamique historique à l’œuvre dans les sociétés modernes et a tenté, en son temps, de définir les conditions de viabilité d’un régime démocratique représentatif : Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 24 Germivoire 4/2016 Le système représentatif n’est autre chose qu’une organisation à l’aide de laquelle une nation se décharge sur quelques individus de ce qu’elle ne peut ou ne veut pas faire elle-même. (…) Le système représentatif est une procuration donnée à un certain nombre d’hommes par la masse du peuple, qui veut que ses intérêts soient défendus, et qui néanmoins n’a pas le temps de les défendre toujours lui-même. (Constant, 1980 : 513). La démocratie exige l'existence et le libre exercice de certains droits fondamentaux individuels et collectifs. Ce sont, en particulier, le droit à la vie, à la liberté et à la propriété car, ainsi que le réaffirmait Locke, « nul ne doit nuire à un autre, par rapport à sa vie, à sa santé, à sa liberté, à son bien ». (Locke, 1992 : 145). Ces droits exigent, pour être effectifs, l'égalité, la non-discrimination, la liberté d'expression, d’opinion et d’association. Toutefois, l'application équitable et réelle de tous les droits fondamentaux dépend des lois de procédure qui relèvent de la nomenclature constitutionnelle de chaque État. Ceux-ci font allégeance à la Déclaration universelle des droits de l'homme : « Tous les êtres humains naissent libre et égaux en dignité et en droit … » (Nations Unies, 1978 : 1). Les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont inhérents à tous les êtres humains. Ils sont inaliénables et doivent être garantis par la loi. La responsabilité première des gouvernements est de les garantir, de les protéger et de les promouvoir. L’observance et le plein exercice de ces droits promeuvent la liberté, la justice et la coexistence harmonieuse et pacifique au sein d’un État de droit et démocratique. Le gouvernement démocratique repose sur la volonté du peuple, exprimée à intervalles réguliers par des élections libres, équitables et impartiales dont les règles de déroulement sont énoncées publiquement, connues et acceptées de commun accord par les protagonistes. La démocratie est fondée sur le respect de la personne humaine et des idéaux de l'État de droit. Elle est la meilleure garantie de la liberté d'expression, de la tolérance envers tous les groupes de la société. (Walzer, 1997) montre que la démocratie, de par son caractère représentatif, public et pluraliste, implique la responsabilité de tous les acteurs, à savoir l'obligation pour les pouvoirs politiques de se conformer à la loi et de n’agir que dans l’intérêt général, le devoir pour le peuple de participer activement aux affaires de la Cité, l'exercice impartial de la justice et la reconnaissance des partis politiques en lutte pour la conquête du pouvoir d’État. Mais de quelle justice s’agira-t-il si ce n’est celle qui dit le Droit de façon libre et démocratique, sans par conséquent être téléguidée par les pouvoirs politiques qui disposent en fait d’une supériorité numérique par rapport au reste des Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 25 Germivoire 4/2016 protagonistes, l’opposition en l’occurrence, puisqu’étant au faîte avec les divers leviers de l’administration. La liberté est la quête fondamentale en démocratie. Elle doit être garantie à tous les citoyens. Elle figure en bonne place dans les symboles des États qui se veulent démocratiques. En voici quelques exemples : la Statue de la liberté aux États-Unis exprime la démocratie et la liberté retrouvée par cette nation américaine ; la devise de la France recherche la conciliation entre les principes de liberté, d'égalité, et de fraternité ; celle du Togo, le travail, la liberté et la patrie. Cette conciliation est un enjeu politique qui vise à articuler les valeurs de la démocratie et celles de la liberté. De par son histoire, la démocratie s’est toujours illustrée dans la recherche de la liberté. On peut entrevoir avec (Huntington, 1997) trois grandes vagues dans les mouvements de la démocratie, entrecoupées toutefois de reflux autoritaires, lorsqu’il démontre que la démocratisation des pays progresse dans le monde par vagues successives. Les vagues de la démocratie et les reflux autoritaires identifiés par Huntington sont évidemment des tendances. La première vague de démocratisation s’illustre au début du XIXè siècle. Celle-ci commence avec les révolutions libérales qui traversent de nombreux pays européens, mais concerne également les pays qui sont connus comme les premières démocraties d’Amérique, comme les États-Unis et le Canada, avec l’octroi du droit de vote à une vaste proportion de la population masculine aux États-Unis pour se prolonger jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, avec la rechute démocratique généralisée que l’on a observée au moment de la guerre. La deuxième vague commence avec la libération de nombreux pays d’Europe occidentale par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, auxquels s’ajouteront des pays d’Amérique latine et des pays issus de la décolonisation. Avec le triomphe des Alliés, cette vague de démocratie se manifeste avec la création de l’Organisation des Nations Unies qui entérine la démocratie comme régime politique libérateur. La troisième vague commence au milieu des années 1970 avec la chute des dictatures au Portugal puis en Espagne. Dans les années 1980, de nombreux pays latino-américains reviennent à des gouvernements civils. Au début des années 1990, la chute de l’URSS permet le développement de la démocratie dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale. Même si Huntington ne se prononce pas sur la suite du processus de démocratisation, celui qui va toucher l’Afrique à partir des années 1990 notamment, cette troisième vague témoigne, n’en point douter, de l’aspiration d’un grand nombre de peuples africains à la démocratie, mais aussi avec des rechutes et des retours Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 26 Germivoire 4/2016 sporadiques à la dictature et à la confiscation des libertés fondamentales à cause des velléités autoritaires de certains chefs d’État et de leur entourage (Caillé, 2006). Le Printemps arabe comme l’ont appelé (Basbous, 2011), (Guidère, 2011), et (Filiu, 2011), en comparaison au Printemps des peuple de 1848 ou au printemps de Prague de 1968, ou encore à la chute du Rideau de fer en 1989, ces mouvements de contestation dans certains pays du Maghreb et du Proche-Orient comme l’Egypte, la Tunisie, la Libye, la Syrie et Bahreïn, pourrait marquer le début d’une quatrième vague de démocratisation. Les principales causes de ces mouvements à forte dimension sociale sont le manque de libertés individuelles et publiques, le chômage, la misère, le coût élevé de la vie ainsi qu'un besoin de démocratie qui ne soit pas une simple façade. Le bilan étant pour le moins mitigé, il est possible de parler de reflux autoritaire dans la plupart des cas puisque très peu parmi ces États ont pu instaurer des gouvernements démocratiques, les mouvements de la société civile étant dans la plupart des cas étouffés dans l’œuf, mais aussi avec quelquefois des révolutions réussies tout au moins à défaut de l’effectivité des réformes (Piot, 2011). Des vents similaires soufflent encore sur le continent, au Burkina Faso, au Burundi, en République démocratique du Congo par exemple, avec des réussites ou des échecs. La lutte des peuples pour la démocratie va toujours de pair avec la recherche de plus en plus grande de liberté bien que les reflux autoritaires guettent le processus. Ce fait illustre le danger qui menace les démocraties libérales. (Goyard-Fabre, 1998 : 129, 131, 165) parle à ce propos des « vertiges », des « dilemmes » ou des « distorsions » de la démocratie. Chez (Aristote, 1941) par exemple, la démocratie est la forme la plus proche du gouvernement constitutionnel. Et pourtant, si proches soient-ils, les deux termes ne désignent pas la même chose. Aristote refuse de faire de la démocratie une sorte de bon gouvernement, en comparaison avec d'autres constitutions qui seraient pires. La démocratie, pour lui, loin d’être le meilleur régime politique, est plutôt un régime dévié. Contre Platon, il refuse de considérer une constitution déviée comme bonne : « Nous, par contre, nous disons que ces constitutions sont complètement viciées, et qu'il n'est pas juste de dire que telle oligarchie est meilleure qu'une autre : elle est moins mauvaise ». (Aristote, 1960-1989 : 1289 b8). Aujourd’hui encore, la question de la liberté est d'autant plus fondamentale qu’elle constitue selon (Kä Mana, 1991) l’essentiel de la lutte des peuples africains, celle-ci étant reconnue comme la condition première de la réalisation d’une vraie démocratie. Comment expliquer la difficile relation entre la Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 27 Germivoire 4/2016 démocratie et la liberté consécutive aux rechutes dans le processus de démocratisation ? 2. La difficile relation entre la démocratie et la liberté La relation entre la démocratie et la liberté ne va pas toujours de soi. Platon est le premier à le reconnaître et à développer une analyse et une théorie critique importante visant à dénoncer la démocratie, en l’occurrence la démocratie athénienne, au sein de laquelle il vit. Sa critique ne vise pas à proprement parler ce qu'aujourd'hui on désigne comme régime démocratique, représentatif et libéral. Son opposition au partage du pouvoir politique entre tous les citoyens s’appuie sur l'idée que pour gouverner, il faut une certaine sagesse et un certain savoir. Selon lui, les simples citoyens, ignorant de la Vérité et réfléchissant surtout en fonction de leurs intérêts particuliers attirés par la "doxa", l’opinion, ne sauraient mener à bien les affaires de l’État. En conséquence, le pouvoir du peuple ne peut que conduire à la corruption. Il défend ainsi au contraire l'idée que seuls devraient gouverner des philosophes-rois ou des rois-philosophes quand on sait qu’il a été fortement marqué par l’injuste condamnation de son maître par un tribunal populaire, ce qui finit par le convaincre de la corruption des esprits et des institutions politiques démocratiques (Platon, 1993). Loin de plaider pour un gouvernement aristocratique, ce qui apparaît en filigrane dans la logique de Platon est l’éducation à la vie citoyenne en ce sens que le gouvernement des hommes exige un savoir, un savoir-faire et un savoir-être. L’idée de l'incapacité du peuple à diriger les affaires publiques et à légiférer se retrouve plus tard poursuivie, après Platon et contre lui, par des critiques modernes envers l'idée d'une démocratie directe dans laquelle les libertés auront leur libre-cours, lui opposant les avantages d'un régime représentatif, qu'ils conçoivent comme une alternative à la démocratie plutôt que comme son équivalent. Parallèlement à la critique des droits de l'homme, Karl Marx et à sa suite les marxistes, dénoncent ce qu'ils qualifient de démocratie bourgeoise pour son caractère factice et vide de contenu. L'égalité politique des citoyens que les démocraties libérales prétendent établir et garantir, serait contredite par le rapport de domination entre la classe bourgeoise et la classe prolétarienne. Ainsi, les courants marxistes considèrent que dans une société capitaliste, l'égalité des citoyens est principalement fictive, éphémère et illusoire, et que les droits et libertés accordés aux individus sont non pas matériels et donc effectifs, mais simplement formels, du moins théoriques. Cela, principalement en ce qu'ils ne contreviennent en rien aux inégalités économiques qui se répercutent comme Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 28 Germivoire 4/2016 inégalités d'accès au savoir et à l'information, empêchant ainsi le prolétariat, la classe populaire, de jouir réellement des droits et libertés qui lui sont théoriquement accordés, mais qui sont matériellement inaccessibles. (Marx, 1994 : 71) conclut qu’ « il s’agit de la liberté de l’homme comme nomade isolée et repliée sur elle-même ». Ainsi, la question sociale où les questions de libertés sont aussi en jeu, celle des droits de créances ou des droits sociaux et économiques, celle des travailleurs comme cela revient souvent dans le paysage politique aujourd’hui, ne peuvent pas être évacuées, sans revenir à l’œuvre de Marx. En effet : « Lorsque l’homme aura reconnu et organisé ses forces propres comme forces sociales et ne retranchera donc plus de lui la force sociale sous l’aspect de la force publique ; c’est alors seulement que l’émancipation humaine sera accomplie ». (Marx, 1994 : 71). Sans refuser la démocratie, de nombreux penseurs ont mis en avant ses limites si elle n'est pas encadrée par des règles de droit immuables. Au lendemain des expériences révolutionnaires de la fin du XVIIIè siècle et des dérives du régime napoléonien en France, Alexis de Tocqueville va souligner certains dangers qui menacent la démocratie. Tocqueville, s'il considère la marche vers la démocratie comme irrésistible, note cependant le risque à accorder tous les pouvoirs au peuple ou à un organe représentatif. On sait que la conclusion de son grand ouvrage avait été déjà cette alternative posée à la démocratie : la liberté ou les césars. Mais il ne lie pas uniquement la liberté à la démocratie. (Tocqueville, 1981 : 120) y adjoint l’égalité : La liberté s’est manifestée aux hommes dans différents temps et sous différentes formes ; elle ne s’est point attachée exclusivement à un état social, et on la rencontre autre part que dans la démocratie. Elle ne saurait donc former le caractère distinctif des siècles démocratiques. Le fait particulier et dominant qui singularise ces siècles, c’est l’égalité des conditions ; la passion principale qui agite les hommes dans ces temps-là, c’est l’amour de cette égalité. La question de l’égalité est une question nodale dans les États africains quand il s’agit de la répartition équitable des ressources, de la justice économique donc, ou de l’accès équitable aux services de base, de la justice sociale. Le refus des dirigeants d’œuvrer pour le bonheur de tous les citoyens, quels que soient leur bord politique ou couche sociale, et de libérer le pouvoir politique à terme échu, crée un clivage au sein de l’État : d’un côté les partisans du pouvoir, souvent favorisés, de l’autre les adversaires, souvent défavorisés. Pendant qu’au Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 29 Germivoire 4/2016 sein d’un même État des citoyens manifestent contre le pouvoir, d’autres manifestent pour le pouvoir, avec pour corollaire la réaction acharnée du pouvoir pour la protection de ses intérêts. Dans le cas de la démocratie à "l’africaine", la liberté n’est octroyée qu’aux partisans. Cela fait des heureux dans un camp et des frustrés dans l’autre. Or, on peut même illustrer avec (Hobbes, 1983) que depuis la genèse de l’État moderne, le but premier de la République est d’assurer et de maintenir un climat pacifique au sein de l’État. Cette analyse, replacée dans le contexte de la démocratie représentative à proprement parler, révèle que la liberté n’est permise en réalité qu’à la majorité. Les minorités, qu’elles soient sociale, politique, religieuse, ethnique, se trouvent privées de la liberté, sauf au cas où elles acceptent de suivre, avec le risque de déperdition identitaire, la majorité. Ces remarques ont été développées par (Hayek, 1994) en particulier. Les limites de la démocratie, quant à sa capacité de garantir la liberté pour tous, se trouvent accentuées, selon lui, par la dictature de la majorité et la démagogie des hommes politiques, avec pour conséquence, l’amenuisement des libertés publiques et la dépendance avérée du social du politique. Or, la démocratie est le système politique généralement présenté comme le moins mauvais (Lefort, 1998). Dans ce système fondé pour l’essentiel sur la règle majoritaire, la majorité et les minorités sont pourtant conviées à cohabiter. Cette coexistence ne se réalise pas sans difficultés. Ainsi, à la suite de Tocqueville, Hayek considère que la démocratie est un moyen et non une fin en soi et même si le suffrage universel de la majorité est considéré comme le meilleur arrangement politique dans le monde occidental et dans tout autre régime démocratique aujourd’hui, cela ne prouve pas que cela soit requis par un principe fondamental qui garantit la liberté de tous. Dans ces conditions, la promesse première de la démocratie qui vise un gouvernement de tous, devient un gouvernement d’exclusion. L’intérêt général qui est proclamé n’est que de façade. La politique en Afrique est assimilée à l’enrichissement de la classe dirigeante. (Rancière, 2005) considère que les démocraties représentatives ne sont que des pseudo-démocraties, où le peuple est, dans les faits, dépossédé du pouvoir politique effectif qui est, à leurs yeux, détenu par une oligarchie, une petite minorité d'individus constituée par les politiques, les experts ou les élites militaire, économique ou religieuse. Cependant, la démocratie doit se réinscrire dans sa vocation de gouvernement populaire et se libérer de l’élitisme qui menace de la cloisonner et de la dénaturer. De même que le pouvoir politique est désiré par les peuples qui ne demandent que la liberté introuvable dans les communautés sans État, de même, la citoyenneté exige des Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 30 Germivoire 4/2016 individus qu’ils participent activement à la gestion de leur État à travers la publicité ou en se constituant en société civile pour le contrôle de l’action gouvernementale. Que faire pour que la liberté promise par la démocratie puisse être effective dans nos États ? 3. La publicité pour concilier la démocratie et la liberté La publicité réconcilie les acteurs dans l’arène politique. Kant aborde la notion de publicité, mais sous un angle éloigné de la conception d’aujourd’hui liée à l’économie marchande, à savoir une activité ayant pour objectif de faire connaître une marque, d’inciter le public à acheter un produit, à utiliser un service ou à intéresser un client, ce qui ressemble de près à de la propagande sur le plan idéologique ou politique. Pour Kant en effet, la publicité est la fonction des espaces publics démocratiques. Ces espaces ont une vocation d’expression citoyenne. Ces lieux communs, neutralisés par l’absence de l’autorité de l’État, permettent la libre expression des citoyens. La pensée kantienne s’accorde, à n’en point douter, avec le contexte des Lumières : « Pour propager les Lumières, il n’est rien requis d’autre que la liberté ; et à vrai dire, ce qu’il y a de plus inoffensif sous ce nom, à savoir la liberté de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines » (Kant, 2007 : 7). Les Lumières expriment la sortie de l’homme de l’état de tutelle et d’enfance vers l’état adulte par l’usage de sa raison. Les lieux publics aident l’individu dans l’élévation publique de sa raison. Ils lui permettent de confronter sa rationalité à celle des autres et de se constituer et de bâtir une raison plus élevée et finalement plus critique. La place publique facilite la publicité qui permet cette élévation de la raison individuelle et finalement celle collective en ce sens que les individualités ne se reconnaissent qu’au sein d’un public. L’arbre à palabre a cette renommée dans les communautés africaines comme étant le lieu par excellence du débat public. La démocratie se trouve donc renforcée dans l’espace public par des individus éclairés, capables de juger de la pertinence des actions publiques. Par la neutralité de ces lieux publics, à la lumière de l’Agora dans la démocratie athénienne, l’on peut critiquer les institutions dans un cadre non institutionnalisé par différence au cadre politique formel réservé difficilement à la société civile. Ainsi, le public est doté d’un pouvoir de légiférer, mais aussi et surtout, celui de mettre en interrogation le pouvoir politique et de délibérer. L’espace critique kantien, loin d’évacuer le conflit, l’adversité ou l’opposition, les intègre comme des éléments constitutifs du pluralisme démocratique. À la suite de Kant, (Habermas, 1992) théorise l’espace public. Il insiste particulièrement sur Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 31 Germivoire 4/2016 l’expression de la dissidence populaire face à l’État grâce aux places publiques. La place publique est centrale dans l’organisation d’une opposition à l’État surtout lorsqu’elle est dépossédée de l’emprise de l’État. Les lieux publics sont des instruments du pouvoir étatique qui les dominent. Cette interprétation située dans le contexte africain montre pourquoi ils sont investis par les pouvoirs publics au risque de devenir des espaces de manifestation des différences politiques. La publicité, la communication et la démocratie ont partie liée. C’est en ce sens qu’il propose la discussion pour décomplexer le débat politique : L’intrication des domaines public et privé à eu de fait pour corollaire une désorganisation de la sphère publique qui autrefois jouait un rôle médiateur entre l’État et la société civile. Cette fonction, tout d’abord propre au publique, incombe aujourd’hui à ces institutions qui se sont formées soit sur la base de la sphère privée, comme les associations et les syndicats, soit à partir de la sphère publique, comme les partis, et qui mènent en collaboration avec l’appareil d’État, mais à travers les circuits internes des administrations, les opérations d’exercice et de rééquilibrage des pouvoirs. (Habermas, 1986 : 185-186). La publicité est l’expression libre de la raison au sein de l’opinion publique. (Kant, 2007) en fait la condition essentielle devant sortir l’individu de la situation de minorité. La pensée n’est effective, elle ne se fortifie et finalement n’existe que dans l’échange, le partage et le dialogue : « Il faut que l’usage public de la raison soit toujours libre et lui seul peut répandre les Lumières parmi les hommes » (Kant, 2007 : 7). En effet, c’est par la publicité que les politiques de l’État peuvent être soumises à l’examen critique de la part du peuple. (Chombart de Lauwe, 1983 : 158) dit que La pratique politique consiste, en principe, dans l’élaboration de la décision au niveau d’un groupe, d’une ville, d’une région, d’une société, voire, sur le plan international, d’un ensemble de sociétés. Or, la décision collective, dans une conception démocratique, est l’aboutissement de confrontations entre des tendances diverses, entre des classes, des partis, des mouvements qui entrent en conflit pour orienter les choix dans le sens qu’ils estiment le meilleur. Le caractère public des décisions politiques est la pierre philosophale permettant de juger leur conformité avec les principes universaux de l’État de droit et de la démocratie. Sans la publicité les orientations politiques du gouvernement deviennent caduques. Elles ne trouvent pas d’écho favorable au sein de la population. De ce point de vue, la publicité concilie les gouvernants et les gouvernés au sein de l’opinion publique. Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 32 Germivoire 4/2016 Beaucoup de démocraties en Afrique dégénèrent vis-à-vis du modèle souhaité pour ce qui est de leur mission de garantes de la liberté, d’éradication de la pauvreté, de réduction des inégalités sociales, due aux politiques économiques et sociales inadaptées. Une démocratie véritable exige beaucoup plus que de simples élections périodiques. (Chombart de Lauwe, 1983 : 159) fait remarquer que « Les pratiques électorales, les techniques de manipulation utilisées par les candidats, le mépris de beaucoup d’élus pour les électeurs font apparaître trop souvent la vie politique comme une parodie de démocratie ». Elle nécessite en sus l'existence de l'État de droit, des libertés individuelles, des contrepouvoirs constitutionnels, la civilité du pouvoir politique et le refus de sa militarisation. La liberté démocratique est une liberté mesurée ; mais pour l’essentiel, elle exige que la contrainte n’advienne qu’en dernier ressort, du moins pour faire respecter l’ordre démocratique. De ce point de vue, l’ordre démocratique implique également les pouvoirs politiques et les forces sociales. La démocratie est toujours liée aux rapports qui régissent les pouvoirs politiques et les peuples, les gouvernants et les gouvernés. Elle se réfère aux citoyens libres dans leur quête de se réaliser sans contrainte extérieure excessive et à leur volonté de pouvoir participer librement à l'amélioration de l’environnement politique et social. La notion de liberté implique une considération égale pour tous les groupes sociaux et l'égalité entre les personnes. Ainsi, dans le cadre de l'explicitation de la notion de démocratie pour tous, la notion de liberté pourrait se rapporter à ce qu’il serait convenu d’appeler la libre expression, la liberté de parole ou plus précisément la communication. La communication en démocratie vient renforcer le caractère volontariste des actions politiques et leur approbation par le peuple. Ainsi réalisée, elle devrait aboutir, sur tous les plans qui engagent la vie d’une nation, à une réelle compréhension mutuelle et donc à un partage de responsabilités au niveau de toutes les couches de la société. La communication en démocratie, en tant que communication institutionnalisée et volontariste, doit aussi susciter une meilleure participation à la vie citoyenne et doit provoquer une compréhension effective des actes politiques que l’on pose. Elle confère également au citoyen la capacité de s'opposer à tout ce qui semble contraire aux idéaux démocratiques et aux fondements des droits de l’homme et des libertés publiques. Elle signifie la participation des citoyens au processus ininterrompu de dialogue, de discussion, de consensus et d'accord sur les décisions qui affectent leur vie commune. Le canal de cette communication, le langage utilisé, doit être compréhensible et accepté de tous comme la loi elle-même, comme le fait si bien Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 33 Germivoire 4/2016 remarquer (Habermas, 1978 : 23) : « Le langage fonctionne à la manière d’un transformateur ». La langue de bois, la ruse et l’incompréhension ne sont pas des facteurs de confiance au sein de l’État. Les peuples africains sont en réalité multilingues. Toutefois, le partage et la libre circulation de l'information, dupliquée autant que faire se peut dans les langues locales, permettent la participation de tous à la construction de l’unité nationale. Le secret d’État, les restrictions de la liberté d'information et d'expression, de même que l'usage tronqué de l’information au service exclusif du profit et du pouvoir sont les marques d'une culture où l'autre, l’opposant, est perçu comme une cible potentielle ou un ennemi réel à abattre. Pour qu’elle soit effective, la communication en démocratie doit tendre au partage de l’information qui découle d’une collaboration effective entre toutes les couches de la société. La communication démocratique est une didactique multidisciplinaire axée sur l’éducation citoyenne. Car le manque d’éducation est un frein au processus de démocratisation en Afrique. Dans un État démocratique, le chef de l’État ne doit pas se comporter comme un roi qui décide d’autorité du présent et de l’avenir de sa royauté. L’État moderne et démocratique exige une gestion consensuelle. C’est ce qui fait le charme du régime démocratique représentatif tel qu’il est pensé par Montesquieu, à savoir le contrôle des pouvoirs : Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire ; car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur. (Montesquieu, 1979 : 294). Les nombreuses élections qui se déroulent dans les différents États africains ne sont malheureusement pas le signe d’un ancrage démocratique du continent. Les luttes partisanes sont souvent d’obédience régionaliste, ethnique, clanique et même familiale. Le nomadisme politique ou la transhumance politique y est monnaie courante. L’aboutissement de tout cela, c’est l’inconsistance des programmes politiques et la méconnaissance des aspirations véritables du peuple. Le forcing électoral ne peut qu’être nécessairement non productif puisque la majorité de la population ne se retrouve pas dans la gouvernance qui s’instaure à leur corps défendant. L’on aboutit inéluctablement, de cette manière, à la résurgence des fléaux dont on caractérise souvent la politique en Afrique, à savoir le régionalisme, Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 34 Germivoire 4/2016 l’ethnocentrisme, le tribalisme, le clanisme, la manipulation, la corruption et autres attitudes d’exclusion. Ils naissent d’un défaut de communication et, fondamentalement, d’une "anémie" de communication démocratique. Or, en politique, la parole donnée, la communication, en tant que caractéristique principale des hommes en société, est cardinale. Partis au pouvoir et partis dans l’opposition ; pouvoirs d’État et pouvoirs civils doivent dialoguer au sein de l’État. C’est en cela que la communication en démocratie exige la publicité, la franchise de l’information et l’éducation à la critique constructive. Conclusion Le divorce de plus en plus grandissant entre la démocratie et la liberté dans les États africains recommande une nouvelle orientation à la pratique démocratique. La démocratie peut être fondée sur l'acquisition d'un maximum de libertés particulières, l’intercommunication entre le pouvoir politique, l’État et le pouvoir civil, le peuple, sur l’essentiel des droits et devoirs qui permettent le vivreensemble : La pratique politique est paralysée par le processus déjà signalé du développement de la communication verticale ascendante, par laquelle les décisions prises au sommet sont répercutées à la base, tandis que la communication ascendante est freinée par de multiples obstacles. Or, la pratique politique consiste dans la prise de conscience des situations locales, en relation avec les problèmes généraux de la société, qui permet aux aspirations des individus et des groupes de se transformer en revendication, en manifestation d’une volonté, et de peser ainsi sur la décision collective. (Chombart de Lauwe, 1983 : 159-160). C’est en ce sens que la gouvernance par la publicité, par l’association des citoyens aux décisions politiques, conduit à une conception dynamique de la démocratie. La poursuite d'un degré de démocratie de plus en plus élevé, par une aspiration continue des peuples africains à plus de liberté, peut constituer un idéal réaliste, une ratiocination fondée sur la gestion collégiale du patrimoine public. La démocratie est un état de dépassement des pratiques dictatoriales, comme l’est la liberté elle-même, un état consécutif de dépassement des contraintes. La vie tout entière répond à un mouvement dynamique et, de ce point de vue, la démocratie reste à parfaire, étant un idéal constant de liberté et de vie commune. L’éducation à la citoyenneté se trouve nécessaire en vue de faire connaître à tous, aux gouvernants comme aux peuples, la valence de l’État. La solution constitutionnelle ne permet pas de résoudre l’ambiguïté entre la démocratie et la liberté quand on sait que toutes les démocraties d’aujourd’hui, notamment celles africaines disposent de constitutions et sont même dans une inflation législative, sans être Dotsè Charles-Grégoire ALOSSE : Démocratie et liberté : un nœud gordien à trancher dans le contexte africain 35 Germivoire 4/2016 pour autant à l’abri d’abus de pouvoirs et de restrictions des libertés. Ceux pour qui les gouvernants œuvrent, les peuples, doivent être constamment informés et consultés à propos des décisions qui les concernent et, ainsi, la gouvernance devient attractive, participative, consensuelle, ce qui permet d’éviter la confrontation au sein de l’État et la désaffection des citoyens vis-à-vis de la politique. Bibliographie Aristote (1941) : Constitution d'Athènes. Paris : Les Belles Lettres. Aristote (1960-1989) : Politique. Paris : Les Belles Lettres. 5 vol. 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