hypnoses et therapies

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hypnoses et therapies
HYPNOSES ET THERAPIES
Laurent Barbay
Mémoire de Maître-Praticien en Hypnose
Enseignements dispensés par Olivier Lockert
Institut Français Hypnose Ericksonienne
IFHE - Paris
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
Table des matières
1. Bienvenue dans Hypnoses et Thérapies
1
2. Cher Inconscient, à nous deux !
6
Exemple A : « ça va trop vite dans la tête »
6
Exemple B : « cinéma-phobie »
7
Exemple C : « duo d’allergies »
9
3. Hypnose Humaniste et croyances
11
Exemple D : « évoluer et grandir »
13
Exemple E : « invincible »
15
Exemple F : « un trou noir »
17
Exemple G : « je prends tout »
18
4. Aventures Métaphoriques
Exemple H : « c’est une lutte »
5. Introduction au travail des traumatismes
20
22
25
5.1. Éléments présents lors de traumatismes
29
5.2. De la conscience corporelle à la conscience de soi
31
Exemple I : « je me sens désabusée »
33
Exemple J : « la petite à la grosse tête »
35
Exemple K : « de gros boums »
38
Exemple L : « avion-phobie »
41
6. Conclusion avec un grand V
Inspirations bibliographiques
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
43
46
1
1. Bienvenue dans Hypnoses et Thérapies
« Le plus dur n’est pas de faire entrer la personne dans un état modifié de
conscience, mais de la faire sortir de l’état dans lequel elle est plongée… depuis
quinze ou vingt ans ! »1
Alain Cayrol
L’Hypnose au sens large est la porte d’entrée d’un univers fascinant. Les grilles de
lecture et de compréhensions que m’ont offerts la PNL, l’Hypnose Ericksonienne, la
Nouvelle Hypnose et l’Hypnose Humaniste, me dévoilent de mieux en mieux chaque
jour, les processus qui se déroulent en arrière plan lors d’un travail thérapeutique qui
fonctionne. De plus, l’Hypnose m’a permis d’avoir accès à un ensemble d’outils
pratiques et performants, qui me permettent d’agir efficacement et en profondeur
sur une large gamme de problèmes et de situations.
« … l’Hypnose n’est que l’actualisation technique des structures cachées dans les
approches efficaces de guérison et de changement… »2
Olivier Lockert
Les champs d’applications des principes et outils hypnotiques débordent largement le
cadre de mon cabinet de consultation. En effet, la connaissance du langage de
l’inconscient influence tout naturellement ma manière de communiquer au quotidien,
quel que soit le contexte. La conscience de l’impact des mots et du langage nonverbal dans les relations humaines, est amplifiée par la pratique de l’hypnose.
L’utilisation en partie inconsciente des différentes formes de suggestions, de
métaphores ou d’anecdotes, comme autant d’encouragements subliminaux, viennent
nourrir et enrichir ma manière de communiquer en général.
La pratique de la thérapie peut s’envisager comme l’accompagnement d’une
personne depuis l’Etat présent : son problème, jusqu’à l’Etat Désiré : sa solution. Les
processus de transformations se déroulant pendant la thérapie permettent au client
de changer, et notamment de changer d’Etat Intérieur. Nous pouvons éclairer le
processus thérapeutique comme étant ce qui permet de passer d’un état intérieur à
un autre. Le thérapeute devient alors, un spécialiste et un facilitateur de transitions.
En cas de stress, l’organisme s’active en vue de répondre à la situation. Si nos
réponses de combat ou de fuite son inopérantes, il nous reste une troisième réponse
pour faire face à l’événement, la réponse d’inhibition, l’action de faire le mort en se
figeant. Les animaux utilisent cette stratégie et les humains ont le même câblage
neurologique pour les réponses instinctives. Une des réponses efficace aux
traitements des traumatismes se trouve dans le déblocage de cette réponse de
figement. Bien souvent, elle ne peut pas se résoudre chez l’homme aussi
naturellement que pour les animaux, à cause de notre mental. Notre puissant et
complexe néo-cortex, est soumis aux réponses instinctives de fuite, de combat et
d’inhibition, mais il peut, par peur et excès de contrôle, interférer avec les processus
de réactions instinctuelles régulatrices, en train de se dérouler dans notre organisme.
1
2
Cité dans Hypnose de Lockert Olivier Editions IFHE 2001-2003, page 246
Lockert Olivier, Hypnose Humaniste, Editons IFHE 2006, page 21
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
2
Par exemple, un troupeau de biches entrent et sortent de très nombreuses fois de
cet état de stress chaque jour, pour reprendre leur état d’attention habituelle.
Lorsque le groupe estime être hors de danger, leurs corps manifestent des petits
tremblement, des mouvements nerveux, comme une crispation qui s’étend depuis la
tête jusqu’au bassin et aux membres postérieurs. L’organisme utilise ces
tremblements pour décharger les excès d’énergie du système nerveux et le
rééquilibrer. Les cerfs et les biches traversent des dizaines de fois par jour ce cycle
d’activation et de désactivation. Tout naturellement.
Avec l’Hypnose, nous pouvons accéder aux états intérieurs liés à la situation
problématique et permettre de libérer cette charge énergétique et émotionnelle en
douceur, et ainsi favoriser une guérison psychobiologique en profondeur. Une
pratique dans la dynamique utilisationnelle chère à M. H. Erickson, utiliser la sagesse
naturelle que possède le corps à se guérir lui-même, comme action thérapeutique.
« Il est dit dans la Genèse que Dieu a plongé Adam dans un profond sommeil et qu’à
partir de là, Dieu à créé Eve d’une côte d’Adam. Cela a été l’origine de la dualité et
de la chute hors du Paradis primordial de la non-dualité. Et il n’est dit nulle part
qu’après avoir plongé Adam dans un profond sommeil, Dieu ait réveillé Adam. »3
Arnaud Desjardins
En effet cela n’est pas dit, et lorsque l’esprit conscient est parasité par des
productions inconscientes automatiques, il nous est difficile de rester présent, en
conscience avec notre expérience d’ici et maintenant. Les répercutions des chocs
traumatiques non résolus, génèrent bien souvent une sorte de cercle vicieux, dans
lequel les moyens inconsciemment mis en œuvre pour résoudre le conflit intérieur,
participent au contraire, au renforcement du problème d’origine. Tant que certains
nœuds psychobiologiques ne seront pas résolus, notre système inconscient n’aura de
cesse de chercher des solutions, pour tenter de décharger l’énergie excédentaire et
rééquilibrer le système. La thérapie intervient ici, entre autres, pour permettre au
client de répondre au traumatisme d’une manière physiologiquement adaptée. En
plus de la neutralisation thérapeutique de la dimension énergétique et émotionnelle
consécutive au traumatisme, il est important de prendre en compte la fragmentation
intérieure, souvent produite pour protéger l’individu, d’une expérience trop intense
ou trop douloureuse.
« A chaque minute l’homme dit ou pense « moi ». Et chaque fois son « moi » est
différent. A l’instant c’était une pensée, maintenant c’est un désir, puis une
sensation, puis une autre pensée, et ainsi de suite sans fin. L’homme est pluralité. Le
nom de l’homme est légion »4
Georges Ivanovitch Gurdjieff
Quiconque d’un tant soit peu vigilant, attentif, est capable de prendre conscience de
ces nombreux « moi » dont nous parle Gurdjieff. Le temps d’une journée combien de
3
Desjardins Arnaud, A la recherche du soi, Vedanta et l’inconscient, Editions de La Table Ronde 1978,
page 28. L’analogie avec le sommeil ou l’hypnose est largement utilisée dans diverses traditions pour
expliquer l’état « d’égarement » dans lequel se trouve le candidat à la sagesse.
4
Ouspensky Piotr Demionovitch, Fragments d’un enseignement inconnu, Editons Stock 1994, page 97
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3
facettes différentes sommes-nous capable de manifester ? Ces complexes forment
notre complexité. Serions-nous de véritables puzzles humains ? A certain moment,
cette pluralité intérieure dissone et devient cacophonique. Nous sommes constitués
de pièces et de morceaux, à tous les niveaux. Mais qui sommes-nous, qui suis-je
donc ? Un moment ceci, un autre cela. Qu’est-ce qui en nous peut dire « je » ou
« moi » ? Ce « Je », ce personnage particulier, ce principe de ralliement, semble être
la fine pointe de la Conscience. Cette Conscience intérieure est semblable à une
petite brèche au travers du voile de la matrice. C’est un conscient, conscient d’être
conscient. La Conscience de Soi. Ce fleuron de la Conscience est cette partie de nous
qui va être capable de mettre en pratique un travail de révolution intérieure. La
conscience de soi va alors pouvoir germer et devenir de plus en plus stable, de plus
en plus unifiée. Une conscience d’être, de moins en moins dépendante des
circonstances extérieures, et de plus en plus libre des mouvances intérieures va
poindre, et commencer à grandir, à se déployer, tout comme la lumière à l’aube
naissante.
« Le Moi est le seul contenu du Soi que nous puissions connaître. Le Moi qui a
parcouru son individuation, le Moi individué, se ressent comme l’objet d’un sujet
inconnu qui l’englobe. […] Faire un pas par-delà ce qui est scientifiquement connu et
acquis est une nécessité absolue dans le développement psychologique que j’essaie
de décrire. Car sans ce postulat nouveau du Soi, je ne sais vraiment pas comment
l’on pourrait formuler, de façon ne serait-ce qu’approximative, les processus
psychiques qui se déroulent et qu’empiriquement il faut bien constater. »5
Carl Gustav Jung
Lors d’une précédente formation à la PNL, auprès d’Alain Cayrol, j’avais remarqué
que personne ne se posait de questions concernant cet aspect de nous-mêmes, cet
« ultime » sujet, capable de prendre conscience de nos expériences subjectives, et
même de s’en détacher en s’en dissociant. En effet, lorsque par exemple nous
utilisions les submodalités ou modifions nos archives de souvenirs, je n’ai rencontré
personne qui se demandait quel pouvait être la partie de lui-même qui peut
observer, connaître et agir sur ses processus sensoriels ? Parce que, ce n’est pas le
« moi » tel que l’entendent les psychologues, car ce « moi » là, est justement
constitué de nos expériences subjectives, dont le sujet que nous sommes peut
prendre conscience. Il y a donc autre chose en nous qui prend conscience, qui peut
connaître tout cela. Et ce quelque chose est tellement évident, tellement proche de
nous, que bien souvent, trop souvent, il est oublié. Nous nous oublions nous-mêmes.
C’est ce que dans certaines traditions on appelle : l’oubli de Soi.
« Si notre esprit n’était qu’un amalgame de processus cognitifs, de perceptions
sensorielles, comment pourrions-nous nous en dissocier ? […] Or, quand on se
dissocie de nos expériences sensorielles, qui est-ce qui observe et qualifie les
engrammes sensoriels ? […] C’est Vous… hors toutes étiquettes : votre
Conscience. »6
Olivier Lockert
Dans la pratique thérapeutique, je trouve important de permettre aux clients de
5
6
Jung Carl Gustav, Dialectique du Moi et de l’Inconscient, Editions Gallimard 1964, page 259
Lockert Oliver, Hypnose Humaniste, Editions IFHE 2006, page 51
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réaliser que leur esprit, le champ de conscience où apparaissent leurs perceptions,
est semblable à une sorte de vaste espace, un contenant sans limites, capable
d’accueillir toutes leur expériences intérieures. Ce changement de perspective et de
placement de l’attention, permet très souvent aux personnes de faire face aux
contenus, quelquefois pénibles, pouvant survenir dans leur champ de conscience,
avec un sentiment de sécurité et de stabilité amplifié. Les clients peuvent ainsi
intervenir et collaborer avec plus d’efficacité avec le thérapeute pour résoudre leurs
difficultés.
« Vous n’avez aucune connaissance réelle de vos pensées, de vos émotions, de vos
sensations – de tous vos fonctionnements – parce que vous n’avez jamais été
réellement, sans dualité à la lumière de la vigilance, vos pensées, vos sensations, vos
émotions. Il y a toujours eu un certain décalage ; ce qui fait que vous n’avez jamais
connu ce que vous avez vécu. »7
Swãmi Prajnânpad
La pratique de la vigilance est l’essence du chemin de la connaissance de soi, et de
l’actualisation de la Conscience dans notre vie quotidienne. C’est la pratique qui
consiste à ramener notre attention ici et maintenant. Pour cela, il est important de se
rappeler soi-même, de conserver la conscience de soi et de devenir présent à ce qui
se passe en nous, tout en restant actif, conscient du monde autour de nous.
C’est une des manières d’utiliser les principes de l’Hypnose Humaniste au-delà
du cabinet de consultation, pour placer notre existence sous l’éclairage de la
Conscience. Et comme toute pratique, la dextérité et la maîtrise ne s’acquiert que par
l’expérience, il convient de s’exercer encore et encore. Pour apprendre à nager, il
faut aller dans l’eau et commencer à remuer les jambes et les bras. Tout le monde
est d’accord pour dire qu’il faut un certain nombre d’années d’études pour apprendre
une profession ou pour jouer de la trompette, et encore nous n’avons même pas
défini le niveau que nous désirons atteindre. En dehors de quelques « élus »8 aux
potentialités déjà actualisées, les autres, dont je fais partie, ont besoin de
s’entraîner, de s’exercer. Combien de temps ? Exactement le temps nécessaire à la
maîtrise de la pratique. La vigilance nous permet de voir ce qui est ici et maintenant
à la place d’imaginer ce qui devrait être. La vie consciemment vécue se découvre
alors chaque jour sous ses variations infinies, une véritable richesse de potentialités à
actualiser. Pour nos clients, l’invitation à la vigilance dans leur vie quotidienne,
semble bien être un des meilleurs traitements préventifs humaniste qui soit.
« Vous avez raison d’avoir peur de vous connaître davantage ! Vous risquez de
découvrir qu’un autre a vécu à votre place ! »9
David Walters
Nous avons tous une structure différente, que ce soit au niveau biologique,
morphologique, neurologique, psychologique… déterminant en grande partie nos
aptitudes et nos possibilités actuelles et futures. Par une vie placée sous le signe de
la vigilance, par l’éclairage procuré par la Conscience, nous pouvons apprendre
7
Swâmi Prajnanpad, cité par Desjardins Arnaud dans : A la recherche du soi, Au-delà du moi, Editions
La Table Ronde 1979, page 142
8
Même Néo a du s’exercer. L’auteur rappelle que lors du premier saut… il est tombé.
9
Walters David, Flashs et fantasmes d’un thérapeute, Editions à la Carte 1999, page 99
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chaque jour à nous connaître davantage. Certains modèles comme l’Ennéagramme
peuvent favoriser la connaissance de soi. Cette grille de lecture nous procure des
pistes précises et pertinentes permettant de découvrir les dynamiques profondes qui
nous animent. Il nous est plus facile de prendre conscience de nos forces et de nos
faiblesses. Celles-ci correspondent d’une certaine manière à nos cordes sensibles.
Ces zones d’ombres qui demandent à être découvertes et éclairées consciemment
pour êtres libérées et assimilées. Le processus de réconciliation intérieure,
d’unification, permet de renforcer nos maillons les plus faibles. Ils sont la mesure de
la solidité de la chaîne elle-même, la clé de voûte de notre structure personnelle, la
différence qui fait la différence. S’extraire de nos probabilités pour actualiser nos
possibilités, voilà ce à quoi nous invitent les différentes formes d’Hypnose, tout un
programme.
« Ce que démontre le phénomène de la plasticité, c’est que l’expérience laisse une
trace dans le réseau neuronal, en modifiant l’efficacité du transfert de l’information
au niveau des éléments les plus fins du système. C’est-à-dire qu’au-delà de l’inné,
au-delà de toute donnée de départ, ce qui est acquis au gré de l’expérience laisse
une trace qui modifie ce qui était. Les connexions entre les neurones sont modifiées
en permanence par l’expérience et les changements sont tant structurels que
fonctionnels. »10
François Ansermet et Pierre Magistretti
Chaque nouvelle expérience nous transforme dans notre structure, c'est-à-dire
modifie notre biologie, notre corps physique, et chaque nouvelle expérience change
notre manière de fonctionner, de nous comporter, d’agir dans le monde. Dans la
pratique de l’accompagnement thérapeutique, chaque fois que nous pouvons
accéder, quelque soit la porte d’entrée, à la dimension problématique, nous offrons
la possibilité à nos clients de réaliser des expériences créatives et curatives. Chaque
accès au problème ouvre la porte à une possibilité de recadrage thérapeutique. Nous
modifions les anciennes traces neuronales et en créons de nouvelles.
La pratique de l’hypnose nous ouvre des portes vers la santé, la guérison et
l’évolution. L’Hypnose est comme un trousseau de clés. D’une certaine manière, celui
qui maîtrise l’hypnose, tend à devenir le « Maître des Clés »11. Les clés de
nombreuses portes ouvrant sur la connaissance de soi et la transformation intérieure.
Pour tous ceux qui souhaitent se libérer et ouvrir leur esprit, l’Hypnose nous montre
des portes, et c’est à chacun, accompagné ou non, qu’il appartient de les franchir.
10
11
Magistretti Pierre et François Ansermet, A chacun son cerveau, Editions Odile Jacob 1994, page 19
Allusion au film Matrix II, avec le « Maître des clés ».
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
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2. Cher Inconscient, à nous deux !
« L’inconscient est comme un bloc de glaise à modeler, qui peut noyer la Conscience
dans l’épaisseur de ses automatismes. Nettoyer l’inconscient est indispensable pour
libérer la Conscience »12
Olivier Lockert
« La vraie tragédie d’un être humain est de ne vivre qu’à la surface de lui-même et,
mené par le mental, de tout faire pour s’aveugler à la réalité même de cet inconscient.
La Conscience se révèle quand le conscient et l’inconscient sont réunifiés »13
Arnaud Desjardins
Je vais vous présenter douze séances de thérapies, afin d’illustrer comment j’ai utilisé
les différentes formes d’Hypnose pour aider des personnes à résoudre leurs
difficultés. Certaines problématiques ont été résolues sur un mode « purement
inconscient », alors que pour les autres cas, la collaboration de l’esprit conscient de
la personne a été nécessaire. Certaines difficultés furent résolues en une seule
séance, alors que d’autres s’inscrivent dans une approche un peu plus longue, dans
une durée dite de thérapie brève, soit une douzaine de séances au maximum. Pour
ces traitements plus longs (encore que bien bref en comparaison avec d’autres
approches thérapeutiques), je vous présenterai une séance pour chaque cas, la
séance clé, celle qui fut un tournant décisif dans le déroulement de la thérapie.
Exemple A : « ça va trop vite dans la tête »
Un jeune homme de 25 ans ayant de la difficulté à s’exprimer clairement de manière
intelligible vint me trouver pour mettre fin à son problème. Je compris vite la nature
de sa problématique, malgré, ou plutôt grâce à ses problèmes d’élocutions
apparents.
Spontané, curieux et ouvert à une approche hypnotique, je remarquai rapidement de
très bonnes dispositions hypnotiques, suites à quelques questions inductives sur ce
qu’il pensait savoir de ses capacités à entrer en transe facilement et profondément.
Je décidai alors, de lui offrir une belle expérience hypnotique, une de celle qui
« déménage ». Je démarrai la séance (induction) de manière très conversationnelle,
en lui faisant remarquer (ratification) les premiers changements en train de se
produire, et une fois la fermeture des yeux accomplie, je commençai à créer une
grosse confusion entre la droite et la gauche, ou l’inverse… et l’amenai à produire
une belle lévitation de la main et du bras jusqu’à toucher le visage en guise
d’approfondissement. La descente suggérée du bras fut utilisée pour approfondir
encore davantage la transe, (pendant qu’il pouvait rêver à un rêve agréable, dans
lequel il pouvait rêver qu’il rêvait à un rêve vraiment sympathique au sein d’un
rêve…) de plus en plus, jusqu’au toucher de la main sur la cuisse, ce qui l’amènerai
12
13
Lockert Olivier, Hypnose Humaniste, Editions IFHE 2006, page 127
Desjardins Arnaud, A la recherche du soi II, Editions La Table Ronde 1978, page 193
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encore deux fois plus profondément en transe hypnotique.
J’optimisais la dissociation déjà bien établie en suggérant une dissociation par la
visualisation comme pour une THI14, et j’entamais un travail de Recadrage
Hypnotique avec la « partie speed ». En parallèle du Recadrage Hypnotique
j’occupais ce qui restait de son esprit conscient avec une THI en avant plan, pendant
que des nouvelles options peuvent se mettrent en place en arrière plan, en
accentuant sur les bonnes surprises qui l’attendent dès « deux mains », sans bien
déjà savoir laquelle… et ne surtout de ne pas déjà s’imaginer de quoi auront l’air ses
nouveaux futurs possibles qui n’attendent qui lui pour être vécu…
Je dois préciser que le « réveil » fut assez long et qu’il mit un bon moment pour se
réassocier tout bien complètement ici et maintenant.
A la fin de la séance, je lui demandai comment cela s’était passé pour lui : et s’en
même s’en rendre compte, c’est d’une manière très intelligible qu’il partagea son
expérience subjective. Il s’est senti descendre comme dans un tube sans fond, une
grande relaxation avec un engourdissement du corps. Une perte quasi complète des
notions spatiales et temporelles, la séance qui dura une bonne heure lui avait semblé
durer à peine 15 minutes.
Problème présenté : difficultés à s’exprimer clairement, mange ses mots, « ça va
trop vite dans la tête ».
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 6 mois.
Techniques : Hypnose conversationnelle, Recadrage Hypnotique et Transformation
Hypnotique Intérieure avec multiples ponts sur le futur (futurisations).
Exemple B : « cinéma-phobie »
Une femme d’une cinquantaine d’années, médecin généraliste, vint me trouver à
mon cabinet. Elle me dit être envoyée par une amie à elle, que j’avais aidé à se
libérer d’un trouble compulsif, mais, bien que le traitement de son amie ait été mené
avec succès, elle ne pensait pas que je puisse faire quelque chose pour elle. La
cliente me dit : Car voyez-vous, j’ai la cinéma-phobie.
Elle m’avoua ensuite très directement ne pas croire à l’hypnose ni à toute ces
approches un peu bizarres. Je lui demandai quels étaient ses antécédents
thérapeutiques concernant sa difficulté, le problème étant installé depuis presque dix
ans déjà. J’apprends qu’elle a suivi trois années de psychothérapie avec un collègue
14
THI, Transformation Hypnotique Intérieure.
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médecin psychiatre psychanalyste, sans succès. Et que, bien qu’au début de sa
thérapie, elle était capable d’aller au cinéma en étant accompagnée, bien qu’un peu
anxieuse, elle arrivait quand même à y vivre un plus ou moins bon moment. Alors
que maintenant, juste d’imaginer le fait d’y aller, suscitait chez elle une terreur si
grande, qu’elle n’y allait carrément plus du tout.
Je lui demandais à quoi ressemblerait son idéal en terme de résultat thérapeutique,
elle me répondit que pouvoir aller seule au cinéma sans une ombre d’appréhension
serait un véritable exploit.
Étant donné son attitude supérieure et un peu hautaine, une position basse, voire
très basse serait une bonne attitude pour l’accompagner dans son travail intérieur.
Je lui fis part du fait que je la trouvais vraiment très optimiste pour encore croire
pouvoir régler son problème, étant donné tout le temps déjà consacré à cela, chez
un si grand spécialiste. Ensuite, je pris dix bonnes minutes pour encenser son esprit
profond, son inconscient, et toutes les parties qui croient encore que sa difficulté
peut être résolue rapidement, efficacement, et me demandais même, qu’elle plaisir
particulier elle pourrait trouver à se surprendre au cinéma en se demandant
comment cela est-il possible que cela se passe aussi bien.
Après ce discours hypno-bizarre pour elle, je louais le travail de son précédent
thérapeute, en prétextant du fait qu’il avait certainement tellement bien préparé le
terrain, que les germes de sa guérison proche ne demandaient qu’un peu d’eau et de
soleil pour sortir et grandir, quelles que soient les circonstances.
Après cette préparation suggestive un peu ennuyeuse et confuse pour elle, ne
sachant pas trop bien ou je voulais en venir, avec toutes ces sincères louanges, je lui
proposais, avant d’attaquer le travail de résolution de son problème, de bien vouloir
se prêter à une petite expérience, juste histoire de mieux comprendre de quelle
manière son problème s’est manifesté pour la dernière fois… la dernière fois.
Profitant de la confusion ainsi créée et sans lui laisser le temps de placer un mot, je
lui ordonnais de fermer ses yeux en les serrant très fort, tout en étant bien
consciente des sensations que cela procurai sur ses paupières. Je lui pris alors les
deux mains et lui soulevait les bras, en me demandant à haute voix laquelle de ces
deux là pouvait bien rester là, comme cela (en l’air immobile), alors que les yeux
peuvent d’eux-mêmes entrer profondément dans une agréable et confortable transe
hypnotique maintenant.
Surprise pour moi, que de sentir que ses deux bras restaient bien en place, en
catalepsie. Je continuais en lui proposant de se voir elle-même de l’extérieur depuis
le haut de la pièce dans cette drôle de posture, afin de pouvoir bien surveiller ce qui
se passait dans cette pièce pendant que nous pourrions ici-bas, continuer
agréablement notre petite expérience avec son esprit profond.
Je commençais alors à l’accompagner dans la création d’un état interne de confiance
et de sécurité, que j’ancrai en lui touchant une épaule. Ensuite, après avoir évoqué la
dernière fois que s’était manifesté sa peur qui était liée au cinéma, j’invitais son
inconscient à retrouver la toute première fois ou elle avait ressenti cette
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appréhension.
Ma cliente m’exprima avec difficulté (due à son état de transe évident), qu’elle
revoyait un souvenir d’elle. Elle avait 25 ans, se trouvait dans un cinéma, et elle
ressentait de l’angoisse, sans comprendre pourquoi. J’enchaînai avec la technique du
traitement des phobies, en évitant d’utiliser la métaphore classique de la salle de
cinéma ! Je lui proposai de fait un arrêt sur l’image d’elle à 25 ans, en recadrant cela
comme une pièce de théâtre en plein air.
Nous avions donc une première dissociation avec ma cliente dans le haut de la
pièce de consultation. Une seconde dissociation avec la cliente plus jeune à 25 ans
sur la scène de théâtre en plein air, et une troisième dissociation quand je lui
suggérai de laisser son double nouvellement créé, regarder la pièce de théâtre se
jouer tout là-bas, pour la dernière fois, pendant qu’elle pouvait faire un rêve agréable
et particulièrement instructif et bénéfique pour elle.
J’accentuais le travail en arrière plan, en utilisant tout ce qui me venait à
l’esprit de la large gamme de suggestions issues du Milton-Modèle, pour lui donner
du matériel susceptible de lui permettre de créer de nouvelles associations, et ainsi
traiter les causes sous-jacentes pouvant être à l’origine de la manifestation de son
ancienne phobie.
J’incluais également plusieurs métaphores orientées vers le changement dans
mon accompagnement, et, une fois la scène de théâtre rejouée, je suggérai à son
esprit inconscient de projeter de nouveaux films de vie concernant ses nouveaux
futurs possible pour elle, dès maintenant, pendant que son esprit profond organisait
de manière bénéfique et utile l’essentiel de cette expérience.
Je proposais à ses bras de bien vouloir redescendrent en réintégrant toutes les
parties d’elle-même, en un tout bien harmonieux et pleinement fonctionnel, et de
conserver en conscience seulement ce qui est nécessaire et bénéfique pour elle.
Problème présenté : « cinéma-phobie », peur intense à l’idée d’aller dans un cinéma.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 3 mois. J’appelais à son cabinet trois mois plus tard pour avoir de ses
nouvelles. Elle m’avoua quelque peu surprise (moi aussi) que : oui bien sùr, que le
traitement avait été efficace. Ce qui me fut confirmé par son amie quelques jours
plus tard.
Techniques : Technique de traitement des phobies, suggestions hypnotiques, miltonmodèle, métaphores.
Exemple C : « duo d’allergies »
Une mère m’amène son garçon de 11 ans pour le guérir de ses allergies. Elle sait que
je pratique l’Hypnose et la PNL. La maman connaît un peu la PNL et sait qu’il existe
une méthode pour traiter les allergies.
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10
Je me renseigne sur le climat familial, et découvre que son deuxième enfant, une fille
de 7 ans, un peu hyperactive, accapare presque toute l’attention de la famille.
Lorsque je reçois des enfants, je me demande toujours en quoi les symptômes ne
sont pas une manière d’attirer l’attention sur eux. Je me demande aussi en explorant
leur socio-génogramme, si les enfants sont porteurs de « patates chaudes »
généalogiques.
Apparemment dans ce cas-là, en dehors d’un léger manque d’attention dont pourrai
manquer le garçon, il ne semble pas qu’il soit le porteur d’un trouble autre que ses
allergies.
Lorsque je lui demande ce qui l’amène ici, (en plus de sa maman), il me répond qu’il
souffre depuis deux ans d’un duo d’allergies aux pollens et aux poils de chats. Etant
donné qu’ils habitent dans la campagne, c’est évidemment très embêtant, et comme
mon jeune patient adore les chats et qu’il voudrait bien en avoir un, (ses parents
étant d’accord) c’est doublement ennuyeux.
Avec les enfants, en général pas besoin d’inductions longues et élaborées. Mike (nom
d’emprunt), est doublement partant pour collaborer de son mieux et m’aider à
l’aider, pour guérir ses allergies.
Il est vrai que, avec des adultes, il est souvent nécessaire de leur expliquer de
manière plus ou moins élaborée l’erreur du système immunitaire, d’induire un état de
transe, de rechercher une ou plusieurs ressources de sécurité etc. Mais, cette fois-ci,
ne serait-il pas possible de traiter les deux allergies en une séance ?
À ce moment là, je me suis posé les questions suivantes : comme ils viennent de loin
(ils ont fait plus de 200km pour venir me trouver), est-il possible de traiter les deux
allergies en même temps au cours de la même séance ? J’ai déjà traité des allergies,
mais à chaque fois, une allergie en une séance. En même temps, la technique en
elle-même ne prends pas beaucoup de temps, environ une vingtaine de minutes tout
au plus. Est-ce que son système immunitaire va être capable de réorganiser autant
d’informations en un temps si bref ?
Qui ne tente rien, n’a rien ! Je me décide pour le double traitement. Nous faisons
deux tours de la technique du traitement des allergies, un pour chaque allergie. Le
deuxième se passe à une vitesse turbo, Mike a si bien compris le processus, que je
peine à le suivre. Je calibre la saine réaction du système immunitaire à deux reprises.
Excellent !
Pour finir, Mike me demande si il peut aller aux toilettes, bien sûr. J’en profite pour
encourager la mère à passer plus de temps avec lui, à lui porter plus d’attention, en
demandant dans un but thérapeutique si le père serait d’accord de passer lui aussi
plus de temps avec Mike, sous prétexte de sortie « entre hommes ».
La mère comprenant le sens et le but de la question accepte volontiers la
prescription thérapeutique.
Problème présenté : « duo d’allergies », réactions allergiques aux pollens et aux poils
de chats.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
11
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 6 mois, après le printemps vint l’été, sans se moucher et sans les yeux qui
piquent. Ah oui, le petit chat qui les a rejoint est très heureux dans cette charmante
famille, et Mike aussi, sans rougeurs et sans tousser.
Techniques : Technique des allergies. Requalification de la mère et du père en tant
que pourvoyeurs d’attention.
3. Hypnose Humaniste et croyances
« C’est notre refus de renoncer à nos croyances positives qui nous empêche
d’éliminer nos croyances négatives. C’est notre attachement aux croyances positives
qui, de façon ironique, nous maintient attaché avec une force égale aux négatives.
En fait, dès que nous nous libérons des croyances négatives, nous n’avons plus
besoin des positives. »15
Peter et Fanny Fenner
Il y a différentes manières d’aborder le travail avec les croyances. Il y a certaines
techniques qui ciblent de manière plus ou moins directes les changements de
croyances. Parmi les plus connues, il est possible de citer entre autres, la
Remodélisation d’Histoire de Vie, la Ré-empreinte, la Transformation Essentielle, ou
encore, celle qui porte bien son nom : le Destructeur de Décision.
En fait, quasiment tout processus de changement intérieur modifie d’une manière ou
d’une autre nos croyances, que nous en soyons conscient ou non.
Toute croyance, jugement ou pensée au sujet de la « réalité » ne peut exister sans
se référer à un point de comparaison qui lui est opposé et complémentaire.
Le petit n’existe que par rapport au grand, le jour que par rapport à la nuit, le
yin par rapport au yang etc. Ces aspects apparemment opposés sont en fait
complémentaires car ils forment un tout, une totalité, il ne peut y avoir de concave
sans le convexe et toute médaille comporte deux faces, le pôle positif n’existe que
par le pôle négatif et vice et versa.
L’aspect paradoxal du thème de la réalité et de celui des croyances, est que notre
perception du monde n’est pas « la réalité », mais seulement notre perception de la
réalité. Car les organes sensoriels sont limités et ne peuvent donc nous donner
qu’une vision partielle de la réalité. Autrement dit, ce que nous considérons être « la
réalité » est une croyance sur ce que « la réalité » est.
Nous savons aussi que les croyances agissent comme des filtres sur nos
perceptions. Comme des paires de lunettes colorées. Ce qui implique que notre
15
Fenner, Peter et Penny, Le courage de se libérer, Editions du Relié 2000, page 88
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
12
perception même de « la réalité » est influencée par nos croyances, et comme nous
ne percevons « la réalité » qu’à travers nos limites sensorielles, elles-mêmes
influencées par nos croyances, nous ne pouvons… que tourner en rond.
Étant donné qu’il nous faut malgré tout agir et que nous ne pouvons pas
apparemment en percevoir d’avantage, nous poserons le raccourci que « la réalité »
sensorielle que nous percevons est plus « réelle » que ce que nous pouvons imaginer
de « la réalité ».
Il apparaît alors, que le stress et la majorité de nos réactions émotionnelles semblent
survenir lorsque nous croyons que les choses devraient être ou pourraient être
différentes de ce qu’elles sont, lorsque nous refusons que les choses soient ce
qu’elles sont. La différence entre ce qui est, et ce que nous désirons que les choses
soient, est source de conflits intérieurs, donc de stress.
La réaction à ce refus/superposition est la création automatique de réactions
émotionnelles. Suivant l’ampleur de l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être,
ainsi que l’importance que nous accordons à cet écart, notre réaction va être plus ou
moins grande.
Le mental crée ainsi une seconde réalité qu’il superpose à ce qui est, en nous faisant
croire que c’est ainsi que les choses devraient être. Cette réalité factice nous voile ce
qui est, en surimposant à notre regard une seconde réalité imaginaire. (Le thème de
la Matrice dans le film Matrix.)
Le refus de ce qui est, génère la création automatique, car créée par notre
inconscient, d’une réalité virtuelle que nous prenons à tort pour ce que devrait être la
réalité. Ce refus de ce qui est, nous sépare du « réel », nous divise et nous exile
dans un monde fictif et imaginaire, monde depuis lequel nous ne pouvons que nous
sentir séparé et en porte à faux avec la réalité.
Comme le disait Héraclite : « Pour les éveillés le monde est Un Seul et Même, mais
que chacun des endormis se réfugie dans un monde individuel. »16
Lorsque nous pensons notre vie plutôt que de la vivre tout simplement, nous vivons
dans notre monde, dans un monde imaginaire, une pure création mentale, et nous
ne pouvons que nous sentir séparé du monde tel qu’il est. Nous avons alors, la « tête
dans l’aquarium ».
D’une manière plus pointue, le stress et les émotions réactionnelles ne sont pas dus
aux conflits entre « la réalité » et nos croyances sur comment « la réalité » devrait
être, mais entre nos croyances elles-mêmes. Entre notre croyance sur ce qu’est la
« réalité » et notre croyance de comment « la réalité » devrait être pour nous.
Le fait de voir et d’accepter le monde et les choses telles qu’elles sont, ne veux pas
dire qu’il ne faille pas vouloir les changer, les transformer, mais signifie simplement
de voir clairement ce qui est, ici et maintenant, dans sa globalité. Et à partir de là, en
tenant pleinement compte de la « réalité » du moment, nous pouvons envisager
intelligemment et sans être emporté, chacun à sa manière, de changer ce que nous
voulons changer.
16
D’Orval Jean Bouchart, Héraclite, la lumière de l’obscur, Editions du Relié 1997, Page 72
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
13
Au final, il apparaît qu’aucun conflit ne peux exister avec « la réalité », puisque
« la réalité » est, tout simplement. Elle n’est ni positive, ni négative, et en dehors de
toutes les croyances et qualifications que nous pouvons avoir à son égard, elle est
telle quelle est. Le Réel tel quel.
Revenir à « la réalité », à ce qui est, implique de pouvoir voir ce qui est, et pour
pouvoir voir ce qui est vraiment, il est nécessaire de se libérer des croyances qui
filtrent et masquent « la réalité » à notre regard.
Une manière de sortir de la Matrice… en purifiant notre inconscient et en
intégrant nos croyances complémentaires.
«Néo : Pourquoi j’ai mal aux yeux ?
Morpheus : Tu vois clair pour la première fois. »17
« …tout ce que nous percevons est un symbole fabriqué par notre cerveau à partir
d’une Information envoyée par ce que nous appelons la Conscience. Donc, si toute
situation a son origine au niveau de l’Information, c’est sur l’Information qu’il faut
intervenir pour modifier cette situation de façon simple, immédiate et définitive. […]
Il faut donc trouver le moyen de percevoir ces O.I. afin de les manier à notre guise,
pour soulager un sentiment, éliminer un traumatisme, changer une croyance, un
comportement ou toute autre chose… […] … les symboles qui apparaîtront à la
personne seront toujours les traductions d’une Réelle Réalité, intangible et
fondatrice. […] …le symbole est une apparence donnée à l’Information par votre
esprit.»18
Olivier Lockert
Exemple D : « évoluer et grandir »
Intégration des croyances complémentaires, cas n°1
Une cliente d’environ 35 ans vient me trouver par rapport à des difficultés pour
progresser de manière générale dans la vie. Pour elle l’évolution ressemble plutôt à
un cauchemar qu’à une belle aventure. Lors de l’entretien les croyances
complémentaires suivantes furent misent en évidences :
Face A : la croyance que Evoluer = souffrance, douleur.
Face B : la croyance que Evoluer = plaisir, joie.
Voilà deux belles croyances opposées.
Induction Humaniste : Intériorisation consciente – expansion subtile.
Dans ma pratique de l’Hypnose actuelle, l’induction version « Humaniste » se
présente comme une série d’invitations offertes à la personne que j’accompagne.
17
18
Matrix I. Morpheus répondant à Néo lors de sa sortie de la Matrice.
Lockert Olivier, Hypnose Humaniste, Editions IFHE 2006, page 260 et 263
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
14
Pour cette séance, passons succinctement en revue les différentes invitations qui lui
ont été proposées.
Après lui avoir demandé de s’installer le plus confortablement possible, j’invite la
personne à fermer les yeux pour favoriser son expérience intérieure et l’inviter à
découvrir de par ce fait, le monde depuis un autre regard, d’accueillir une vision
nouvelle d’elle-même et de la situation.
Je propose à la cliente de devenir pleinement conscients de sa respiration, sans rien
vouloir changer. D’approfondir sa conscience corporelle. D’amener la pleine
conscience sur l’ensemble du corps et d’en sentir la globalité. Je l’invite également à
permettre à toutes les parties de son corps qui en ont besoin de se relâcher, de se
détendre, de se relaxer autant que nécessaire.
Ensuite je lui propose de commencer à sentir les mouvements de l’énergie
dans son corps et au-delà de son corps. Comme si elle irradie dans toutes les
directions. De plus en plus subtilement, de plus en plus loin. Je lui demande de
veiller à bien conserver la conscience corporelle globale et de plonger ses racines
dans les profondeurs obscures du sol, jusqu’au centre de la terre, traversant l’humus
rempli de toutes ces bonnes choses pour beaucoup d’espèces vivantes.
Puis je l’encourage à se relier au noyau de la planète en enroulant les racines
tout autour, pour capter toute cette bonne énergie tellurique. Et, tout en sentant
l’ancrage augmenter de commencer à s’élever pour développer la dimension
verticale. De plus en plus haut, de plus en plus vite, plus vite, de plus en plus légère.
Alors, tout en sentant profondément ses racines, je l’invite à monter jusqu’au
soleil, pour un bain de douce chaleur. Je la rends attentive à comment elle sent son
corps se réaligner. Ensuite je lui demande qu’elle développe une spirale depuis le
hara, qui se déploie à l’horizontale de plus en plus loin et s’ouvre dans toutes les
directions… comme son esprit.
Presque chacune des propositions est accompagnée d’une question ayant pour but
de faire parler la personne, pour lui permettre de réaliser (rendre réel) d’avantage
son expérience et la maintenir pleinement ici et maintenant en ouverture de
conscience.
Pour la phase de travail, je l’invite à focaliser son attention sur une des deux facettes
de sa croyance au sujet de l’évolution, et lui demande de voir sous quelle forme cela
se montre pour elle.
Pour la facette : Evoluer = Souffrir, cela lui apparaît comme un boulet de canon, noir
et lourd.
Pour la facette : Evoluer = Plaisir, cela se montre à elle comme un flambeau,
comme une sorte de flamme olympique.
Je lui propose alors, de maintenir la présence des deux symboles en même temps
dans son champ de conscience et les laisser fusionner ensembles. Je lui demande de
bien observer ce qui se passe pour elle à tous les niveaux (physique, émotionnel,
mental et subtil) pendant la fusion de ses croyances opposées.
De la fusion qui s’opère naturellement, naît un soleil doux et chaleureux.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
15
Je demande à la cliente ce qu’elle souhaite faire avec ce soleil ?
Cliente : je veux l’intégrer.
Je lui propose alors de laisser le soleil entrer dans son corps et de fusionner avec lui.
De réaliser un bain fusionnel avec la lumière.
Sensations décrites par la cliente : sensations intérieures de douce chaleur,
bouillonnements dans le corps, comme une remise en mouvement de la circulation
intérieure. Corps détendu, cœur tranquille, mental paisible.
Pour elle, évoluer = J’accepte que les hauts et les bas font partie de la vie.
Problèmes présentés : Freinée dans son processus d’évolution par une croyance
limitante : évoluer = souffrance, douleur.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 6 mois.
Techniques : Thérapie Symbolique, Intégration des croyances complémentaires.
Exemple E : « invincible »
Intégration des croyances complémentaires, cas n°2
Un homme d’environ 40 ans se présente à mon cabinet. Il me fait part d’un état
d’être désagréable de vulnérabilité et d’hypersensibilité qu’il n’arrive pas à maîtriser.
Lors de l’entretien, les croyances complémentaires suivantes furent mises en
évidences :
Croyance face A : Je suis invulnérable.
Croyance face B : Je suis vulnérable.
Induction Humaniste : Intériorisation consciente – expansion temporelle – élévation
matérielle.
Dans ma pratique j’invite très souvent les personnes à se reconnecter à leurs
sensations corporelles, à venir habiter leurs corps consciemment, à l’explorer de
l’intérieur sous toutes ses « coutures ».
C’est une permission indirecte de laisser le mental tranquille, de réinvestir son
véhicule terrestre, à s’incarner le plus pleinement possible. Puis ensuite, en
conservant le lien, l’ancrage à cette présence corporelle, à élargir sa conscience, à
ouvrir son esprit.19
19
Dans le film Matrix nous retrouvons le thème de « l’ouverture et de la libération de l’esprit » lors de
l’initiation de Néo par Morpheus, notamment dans l’espace d’entraînement au combat, qui sera suivi,
pour les connaisseurs, par le premier défi de saut d’un immeuble à l’autre. « La première fois tout le
monde tombe, mais cela ne changera rien. »
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
16
Un petit clin d’œil en passant concernant l’ouverture de l’esprit pratiquée en Hypnose
Humaniste, cela me fait notamment penser à cette scène ou Morpheus encourage
Néo avant le grand saut (de l’ange) d’un immeuble à l’autre :
« Libère toi de tout, oublie la peur, le doute et la vraisemblance.
Libère ton esprit Néo ! »20
Et pour cette séance, une ouverture temporelle s’imposa d’elle-même.
Je propose à mon client d’élargir et inclure les temps passés, les plus lointains
passés et les plus éloignés futurs, de s’ouvrir encore d’avantage au monde des
possibles futurs en bénéficiant des profondes sagesses issues du passé, de celles qui
sont encore d’actualités, de s’imprégner des plus hautes idées que l’humanité ait
produites et qui sont utiles et bénéfiques pour construire un nouveau présent qui
réjouira notre futur dès maintenant.
Je l’invite à élever sa perspective et à agrandir son point de vue en prenant de la
hauteur, encore et encore, de plus en plus vite, et d’embrasser encore d’avantage
d’espace. Je lui demande de maintenir sa présence ici et maintenant, tout en
permettant à sa conscience d’inclure le temps et l’espace sans limites.
Pour la phase de travail, je lui propose de focaliser son attention sur une des deux
parties de la croyance concernant son identité, et être attentive à la forme
symbolique que prend cette croyance pour se manifester.
Pour la facette : Je suis vulnérable, cela lui apparaît comme des fils de fer barbelés
autour de lui.
Concernant la facette : Je suis invulnérable, elle se montre comme une sphère lisse,
argentée sur laquelle tout coule dessus sans s’accrocher.
Je lui demande d’accueillir les deux facettes de sa croyance en même temps et de
permettre aux polarités de fusionner ensembles. Je l’invite aussi à maintenir sa
présence en conscience ici et maintenant, tout en lui demandant d’observer ce qui se
passe en lui, pendant l’intégration des deux représentations symboliques
complémentaires de sa croyance.
Je laisse du temps à mon client pour lui permettre de prendre conscience des
mouvements intérieurs aux différents niveaux d’expériences : physique, émotionnel,
mental et subtil.
Je lui demande : Qu’est-ce qui change ? Comment c’est différent maintenant ?
L’homme me partagea que la fusion symbolique se passa en douceur, avec la
progressive disparition du fil de fer barbelé et le changement de texture de la sphère
argentée, une texture plus douce, un peu comme du velours, et qui filtre de manière
bénéfique, les entrées et les sorties des informations provenant de toutes sources.
De l’extérieur je constate une respiration plus libre, plus ample et une
impression de sérénité sur son visage.
Mon client me fait part d’un sentiment d’échange équilibré avec l’extérieur et
20
Dialogues Morpheus à Néo dans « Matrix » le film n°1.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
17
l’intérieur, cela lui est devenu plus fluide, plus facile, il exprime également un ressenti
global de confiance et de sécurité.
Problèmes présentés : Etats d’être de vulnérabilité et d’hypersensibilité non
maîtrisables, liés à la croyance qu’il est (hyper)vulnérable.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 8 mois.
Techniques : Thérapie Symbolique, Intégration des croyances complémentaires.
Exemple F : « un trou noir »
Un client de 32 ans m’exprime une difficulté récurrente. Lorsqu’il prend une séance
de thérapie pour résoudre un problème, il se sent après comme vidé, sans énergie,
et cela pendant plusieurs jours. Il ressent comme un grand vide intérieur qui aspire
toute son énergie. Il cherche à combler ce manque en mangeant tout ce qui lui
tombe sous la main, pour tenter de se recharger en énergie.
Après une rapide induction Humaniste en expansion matérielle, je l’invite à découvrir
symboliquement à quoi ressemble ce vide.
Client : « je vois comme un grand vide qui aspire tout. En fait c’est comme un tube
avec un trou noir, c’est sans fond, et je sens mon énergie qui s’écoule à l’intérieur
comme étant aspirée inéluctablement. »
Je lui demande alors ce qu’il veut faire de cela ? Le client a l’air un peu
emprunté… et ne sais pas vraiment quoi faire. Je lui demande s’il peut faire
disparaître ce trou noir ? Impossible me répond-il, cela fait partie de moi. Une idée
me vient, et je lui dis : Et si vous installiez un système de filtration, pour pouvoir
garder ce qui est bon, utile et bénéfique pour vous, et laisser aspirer dans ce trou
noir tout ce qui vous est inutile et néfaste ? Je le vois froncer des sourcils, un peu
surpris apparemment, et me répondre : « ah oui, pourquoi pas, je vais tenter le
coup. » Je lui propose alors de tester si cela lui convient, en installant à sa manière
ce « filtre » particulier. J’observe mon client et je le vois déjà engagé dans un travail
intérieur de mise en place du dispositif filtrant. Après quelques minutes de
concentration intense accompagnée de petits mouvements d’ajustements corporels,
je lui demande comment cela se passe ?
Client : « Excellent dit-il, ça fonctionne à merveille ! Je me sens déjà mieux, j’ai déjà
l’impression d’être plus stable et de pouvoir me régénérer. »
Problèmes présentés : vide d’énergie consécutif à un travail intérieur, fatigue et
crises de boulimie.
Longueur du traitement : 1 séance.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
18
Résultat : succès.
Suivi : 3 mois. Après avoir pris d’autres séances de thérapies, il a pu tester dans la
réalité le dispositif de filtration qu’il avait mis en place de manière symbolique, et cela
fonctionne toujours. Il me dit en avoir fini avec les crises boulimiques ainsi qu’avec
les moments d’épuisements intenses qu’il éprouvait auparavant.
Avec ses mots à lui : « Je ne ressens plus l’envie de ces fringales compulsives, et j’ai
bien plus d’énergie à disposition maintenant, d’ailleurs je ne suis plus épuisé comme
avant, bien au contraire. »
Techniques : Thérapie Symbolique.
Exemple G : « je prends tout »
Une cliente d’une trentaine d’années me fait part de son problème. Elle m’explique
que : « Lorsque je donne mes consultations, je prends tout. J’attrape toutes les
charges négatives, je me sens épuisée et j’en ai pour plusieurs jours à me remettre.
Je suis comme une éponge, je prends tout. »
Cette jeune cliente est thérapeute et exerce dans le domaine des soins
énergétiques tels que le Reiki, le Quantum Touch, les élixirs floraux…
Les grandes lignes de l’accompagnement pour l’induction Humaniste.
Je propose à ma cliente de fermer les yeux et de placer son attention sur sa
respiration. Je l’invite à venir habiter son corps consciemment et à sentir la
nourriture21 venant du souffle la remplir d’énergie. A chacune de ses inspirations, je
lui propose d’accueillir la nourriture du souffle, et à chacune de ses expirations de
recueillir cette nourriture profondément en elle.
Je lui fais prendre conscience du rythme océanique du mouvement de sa
respiration, de se laisser bercer par le flux et reflux de l’air qui entre profondément
en elle. Je lui demande d’accompagner sa respiration comme avec un mantra : en se
disant intérieurement à chaque inspiration : J’accueille, et à chaque expiration : Je
recueille.
Après quelques minutes, je l’invite à sentir le souffle de sa respiration jusqu’au
ventre, jusqu’au hara, le centre vital, et de remplir une petite boule de lumière avec
son souffle. De remplir cette petite boule de lumière et d’énergie jusqu’à qu’elle
déborde de son bassin et de rajouter encore plus de lumière, pour que cette sphère
devienne encore plus brillante, plus lumineuse et plus chaleureuse.
Je lui demande alors de prendre une très bonne grosse inspiration, et de
condenser la boule de lumière, la faire se densifier et la compresser pour la réduire à
la taille d’un petit pois. Puis, de retenir sa respiration pour comprimer la sphère de
lumière encore davantage, et après quelques secondes… de relâcher la respiration
en soufflant fortement pour permettre à cette boule de lumière de s’étendre dans
toutes les directions en même temps.
21
A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas encore Teresa et sa manière de travailler. Directrice
du Centre Ericksonien de Mexico, sa manière d’utiliser l’Hypnose Ericksonienne est pleine de fraîcheur
et de sagesse. La métaphore respiration/digestion est très intéressante. Voir : Robles Teresa, La
magie de nos masques, Editions Satas 2007
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
19
Je l’encourage, à aller encore plus loin, de manière plus rapide, dans un
espace encore plus vaste…
Après cette première ouverture, je lui demande de créer une nouvelle sphère, petite
et blanche, dans le nombril. Et à nouveau, de la remplir de lumière, comme la
première fois. La remplir et la faire grossir, en la nourrissant de lumière avec la
respiration, jusqu’à ce qu’elle enveloppe tout le corps. Je lui dis de bien la remplir de
lumière, blanche, bien brillante, bien lumineuse… et d’écouter la vibration de cette
sphère de lumière pour sentir sa douce chaleur.
Et à nouveau je lui demande de la comprimer à nouveau, de plus en plus, de
la condenser en une tête d’épingle et de prendre une bonne grosse respiration pour
qu’elle retienne son souffle quelques instant… avant de souffler très fortement pour
faire se déployer la sphère lumineuse dans tout l’espace, bien tout partout… et
d’ouvrir son esprit22 avec ce déploiement omnidirectionnel.
Je l’invite à prendre le temps de flirter avec les galaxies, et, tout en restant
présente à sa respiration, de sentir la sphère se propager comme une onde, encore
et encore dans toutes les directions de l’espace comme son esprit. Et elle peut
accompagner cette onde et explorer l’espace, découvrir ce qu’il y a à découvrir, et
prendre un bon bain d’espace. Tout en continuant ce bain spatial, je lui demande de
voir et de sentir son corps du dedans comme du dehors en même temps, tout en
conservant la sensation d’espace qui est sienne, qui est elle aussi.
Phase de travail :
Thérapeute : Maintenant, j’aimerai que tu invites la pensée que « tu prends tout » et
que tu sois attentive à la manière dont cette pensée se manifeste pour toi, de quelle
façon elle apparaît pour toi…
Cliente : je la vois comme une passoire autour de mon aura…
Thérapeute : oui, et…
Cliente : je me sens mal à l’aise avec ça.
Thérapeute : ok, que souhaites tu en faire ?
Cliente : je voudrai changer cela.
Thérapeute : ok, alors modifie, transforme… et change ce qu’il y a à changer… [ 5
bonnes minutes passent, et la personne prend enfin une grande respiration et se
détend ]
Thérapeute : alors ? Comment c’est maintenant ?
Cliente : oui, c’est beaucoup mieux, les trous sont comblés.
Thérapeute : très bien, alors vérifie juste que tu as tout bien tout changé ce que tu
voulais changer, prends le temps de vérifier que tu as changé… pour que cela soit
bon et pleinement bénéfique pour toi.
Cliente : oui c’est ok pour moi.
Thérapeute : bien, alors maintenant, ressens comme cette nouvelle enveloppe est
bien parfaite et remplis là de lumière encore davantage… de la couleur de ton choix.
Cliente : voilà c’est fait.
Thérapeute : très bien, et tu peux sentir à ta façon comme cette nouvelle enveloppe
informe et communique jusqu’au cœur de tes cellules ce sentiment de sécurité et de
protection… et comment chacune de tes cellules, elles aussi nourrissent l’enveloppe
et communiquent avec elle, et comment elles renforcent cette enveloppe la rendant
souple et puissante en même temps.
22
Néo et le grand saut… bientôt prêt.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
20
Oui, très bien, laisse maintenant venir le mot qui est le plus adapté pour
définir ta nouvelle manière d’être au monde… maintenant, laisse venir une image…
et fait tourner en boucle dans ton esprit ce mot et cette image, pour bien sentir
comme cela nourri et enrichi ton expérience et insiste encore deux ou trois fois, pour
que, à chaque fois que tu repenseras à ce mot ou à cette image, ce sera comme un
rappel, un signe, un signal, qui te permet de te souvenir que cette capacité est en
toi, qu’elle est disponible pour toi, à chaque fois que tu en auras besoin, à chaque
fois que tu sentiras que cela est nécessaire, tu pourras désormais en disposer à ta
guise, de manière consciente et délibérée, et tu peux même déléguer à ton
inconscient le fonctionnement automatique de cette ressource de protection qui
t’assure sécurité et un échange sécurisé et bénéfique des informations.
Réouverture des yeux… sourire.
Commentaire de la cliente : « ah oui, c’est surprenant… Mais cela m’a fait du bien de
faire cela, je me sens plus forte à présent ».
Problèmes présentés : Excès de sympathie causant fatigue générale.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 9 mois après, la croyance d’origine (je prends tout, je suis une éponge)
n’existe plus. A la place, la personne revendique son pouvoir de choisir de prendre
ou de ne pas prendre ce qui lui convient, et elle ne prends plus en elle les « charges
négatives » des autres.
Techniques : Thérapie Symbolique, Ancrages.
4. Aventures métaphoriques
« Ici, nul besoin d’une grande compréhension humaine ou de longues études en
Psychologie pour aider efficacement son prochain. […] La métaphore ouverte est une
des techniques de changement ultra simple et paradoxalement parmi les plus
puissante que vous puissiez apprendre et mettre en œuvre. »23
Olivier Lockert
Il est vraiment très intéressant d’observer de quelle manière l’esprit conscient est
tout occupé à l’aventure métaphorique en cours, alors que parallèlement, l’esprit
inconscient favorise le déclenchement de réactions psychologiques et biologiques
curatives.
L’aventure métaphorique intérieure est, dans ce cadre de travail thérapeutique, un
espace privilégié de dialectique entre le conscient et l’inconscient. Une métaphore de
vie en mouvement, une plongée au cœur de l’inconscient, des symboles et des
23
Lockert Olivier, Métaphores, Les histoires qui guérissent, Editions IFHE 2006, pages 225 et 228
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
21
croyances.
Au début des années 1990, lors de ma formation initiale à la PNL avec Alain Cayrol,
nous avions étudié un protocole de travail appelé « La Métaphore Fondamentale ».
Adaptée du travail de Charles Faulkner, le protocole de la « Métaphore
Fondamentale » comprend 6 parties :
La 1ère partie consiste à demander à la personne que l’on accompagne de
choisir soit un domaine de vie, ou d’une manière globale, la vie dans son ensemble,
et de sélectionner une situation importante, ainsi qu’un objet significatif par rapport à
son choix.
La 2ème partie, consiste en un questionnement : « En quoi cette situation
(ensuite l’objet) est-elle importante pour toi ? Qu’est-ce que cela te permet d’obtenir
d’encore plus important ? » Etc. Cela va faire émerger les croyances, les valeurs et
les critères importants pour la personne. Il s’agit d’inviter le client à parler, et de
repérer dans son discours des éléments métaphoriques. L’accompagner et continuer
de la questionner, et c’est là où les techniques de communications Ericksonienne
sont importantes. Car au cours du questionnement, la personne est guidée
tranquillement dans un nouvel état interne, elle glisse doucement en transe, dans sa
transe à elle, celle qu’elle construit en dialoguant avec l’accompagnateur. Ce qui fait
que l’ensemble de l’accompagnement se déroule tout naturellement sur un mode
d’hypnose conversationnelle.
Pour la 3ème partie, une fois que la personne et bien en contact avec le vécu
interne relatif à son domaine de vie, sa vie, vient un moment opportun pour lui poser
la question clé : « Pour toi, la vie c’est comme… ? » et d’attendre la réponse
« métaphorique » du client.
La 4ème partie consiste à résumer, calibrer, identifier et mettre en évidence les
sub-modalités présentes dans sa vision métaphorique.
Pour la 5ème partie, c’est l’espace des déductions et mises à jours à partir de la
métaphore, des objectifs, des valeurs et critères, ainsi que les principales croyances
et comportements et états intérieurs typiques de quelqu’un qui possède cette
métaphore.
6ème partie et bouclage du processus, la métaphore fondamentale étant un
reflet de la vision de la personne, elle comporte aussi bien des ressources que des
limitations. Ici, nous aidons la personne à clarifier ce que sa métaphore lui permet
d’atteindre et ce que la personne veut (quoi et pourquoi). Pour atteindre son objectif,
il est souvent souhaitable que la personne élargisse sa vision du monde, et modifie
certaines de ses croyances. Pour cela, nous travaillons sur l’image métaphorique
fondamentale, pour l’enrichir, la transformer, la rendre porteuse de motivation et
d’espoir. Les submodalités sont largement utilisées pour optimiser l’aspect attractif
de l’image métaphorique. La ligne de temps et les ancrages peuvent aussi faire
partie des outils nécessaires pour cristalliser les changements souhaités. Il est bien
entendu, permis d’aller plus loin que la technique, libre à chacun de laisser sa
créativité thérapeutique s’exprimer.
Aujourd’hui, je considère que les techniques de communication Ericksonienne, sont
un complément indispensable pour utiliser ce type de protocole de manière vraiment
fluide et efficace.
Dans l’exemple qui va suivre, j’ai choisi de continuer mon accompagnement après la
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
22
3ème partie (celle ou l’on demande à la personne : « Pour toi la vie c’est… ? »), en
utilisant la métaphore ainsi obtenue, pour engager un processus de travail différent,
l’accompagner dans une métaphore ouverte. Le client étant déjà bien assez
contrôlant et rationnel, il m’avait semblé que favoriser le processus de changement à
un niveau symbolique, donc en majeure partie inconscient, lui serait plus profitable,
empêchant de cette manière son esprit conscient d’interférer dans le travail en cours.
C’est donc un homme d’une quarantaine d’années, consultant pour une difficulté
concernant sa vie professionnelle qui vint me trouver au cabinet pour bénéficier
(mais nous ne le savions pas encore) des capacités créatives et régénératives de son
inconscient. En plein changement d’orientation professionnelle, il dépense me dit-il
beaucoup d’énergie pour de faibles résultats. Il ne sait plus sur quoi se focaliser pour
continuer à avancer professionnellement. Il est dans le brouillard, me dit-il.
Les types d’inductions réalisées pour favoriser le dialogue entre le conscient et
l’inconscient seront brièvement décrits. Ensuite, je n’ai tenu que le rôle
d’accompagnateur, de présence (presque) silencieuse, la personne parcourant d’ellemême le chemin. Mon rôle s’est résumé à montrer des portes, le voyageur étant
invité à les franchir de lui-même. Comme le dit si bien C.G.Jung :
« Seul exerce une force de guérison ce que l’on est en vérité »24.
Je vous convie à m’accompagner pour un délicieux voyage intérieur, au cœur d’une
métaphore de vie. Ce processus d’exploration et de transformation intérieure s’est
étalé sur quatre séances, distante d’environ une semaine chacune.
Il est à noter, que quatre à cinq jours après chaque séance, une forte demande
intérieure s’est levée chez mon client, l’invitant à vouloir continuer d’explorer et de
poursuivre son voyage métaphorique. C’est donc dans un état d’esprit rempli de
curiosité pour la suite de l’expérience, et pleinement motivé, qu’il s’est présenté aux
rendez-vous suivants.
Munissons-nous de lampes frontales, de bonnes chaussures, suivons le lapin blanc,
et sautons avec lui, tout comme Alice, au fond du gouffre métaphorique, au pays des
merveilles de la lutte et du feux vivant.
Exemple H : « c’est une lutte »
C’est donc sur un ton banal de conversation (hypnotique) que l’amorçage de cette
première séance débuta. Nous allons prendre la séance en route, juste à l’étape
numéro 3 du protocole de la Métaphore Fondamentale décrit ci-dessus.
Première séance
Thérapeute : Et la vie pour toi c’est comme… ?
Client : « la vie est dure, c’est une lutte… »
24
Carl Gustav Jung, Dialectique du moi et de l’inconscient, Editions Gallimard 1964, page 106
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
23
Thérapeute : Et ça ressemble à … ?
Client : Un long tunnel tout sombre, une vague lumière au loin…
Un long tunnel tout sombre, une vague lumière au loin. Je marche. Je marche. Plus
je marche, plus la lumière s’éloigne. Je marche. Je me sens fatigué de marcher. Je
vois des échelles avec des trappes. Je monte, j’ouvre la trappe, elle est lourde. Il fait
jour. Une prairie. Tout est vert. Je suis au milieu d’une prairie toute verte. Rien
d’autre que du vert. Du vert partout.
Thérapeute : y a-t-il du son ?
Client : Des cloches de vaches au loin. Je me rapproche. Je vois un sentier. Un
village paysan. Du monde qui travaille aux écuries, un maréchal ferrant.
Je me sens attiré vers la forêt. J’entre dans la forêt et je marche un moment. Je
trouve une clairière avec un étang. C’est l’étang de Merlin l’enchanteur. Je barbote
dans l’étang. Je deviens l’étang. Je suis bien.
Fin de la première séance.
Deuxième séance
Je procède à une induction par focalisation sur le mouvement océanique de la
respiration. Métaphore du caillou qui tombe tout tranquillement dans un étang, les
ridules de surface, le calme des profondeurs, plus il descend profondément, plus
c’est calme, plus c’est tranquille, et plus cette calme tranquillité s’approfondit, encore
et encore d’elle-même et plus les secrets de la terre et des airs peuvent se révéler
des profondeurs et jaillir à la surface de soi.
Le client : Maintenant j’en ai assez d’être cet étang, je patauge, je patauge, je
m’enlise et j’étouffe…
Thérapeute : oui, vous êtes cet étang et vous étouffez, et…
Client : Je suis l’étang. Au bord de l’étang un loup/chien25 est là. Il m’attend, me
regarde. Il m’aide à passer de l’état liquide à solide. Le loup/chien m’aide à me
solidifier. Je sors de l’étang et je le suis. Il m’emmène sur un sentier dans la forêt. Le
chemin monte, il sort de la forêt. Plus haut il y a une cabane, un refuge. Je monte
jusque là. Je suis devant la porte et j’entre. Je sens que l’on m’attend. Il y a un feu
de cheminée. Je m’installe un moment, un chaman indien arrive. Il s’assied en face
de moi et nous nous regardons dans les yeux. Je me sens m’envoler, je monte
comme un oiseau, légèreté, je m’envole… je traverse l’univers… l’atmosphère se
densifie, je m’empêtre dedans, j’avance centimètre par centimètre. Je me sens pris
dans cette densité, dans ce magma gluant. Je me sens emprisonné, j’étouffe…
Je m’en sors subitement. Je sors de là et j’entre dans le vide. Il n’y a plus rien. Vide.
Blanc. J’ai envie de vomir.
Fin de la deuxième séance.
Remarque : Le processus intérieur conduisait à un point d’écoeurement et il semblait
juste pour le client de respecter cela. Il va de soit également, que le nécessaire a été
effectué pour que la personne change d’état intérieur et se sente bien avant de
quitter le cabinet de consultation.
25
Le client a bien tenu à préciser que c’est bien un loup/chien et pas un chien/loup.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
24
Troisième séance
Une particularité de cette séance, est qu’elle a été vécue sans accompagnateur.
La personne avait senti un fort besoin de poursuivre son voyage sans pouvoir
attendre le rendez-vous suivant.
Mon client (en chemin vers l’autonomie) s’est donc offert une séance d’auto
hypnose et a continué de lui-même son voyage intérieur.
Voici le compte rendu de son parcours recueilli pendant la séance suivante :
Client : Je me réveille dans la cabane, dans le lit. Le shaman indien est là, il veille sur
moi. J’ai l’impression d’avoir vécu comme une sorte d’initiation. Je sors de la cabane,
le loup/chien me montre le chemin. Le paysage est vallonné. Nous empruntons un
chemin qui monte. Je suis le loup/chien jusqu’à une descente. J’aperçois quelque
chose au loin. Le loup/chien s’arrête. Je continue mon chemin, accompagné d’un
sentiment de tristesse du fait de le quitter. Ressenti de séparation. Quelque chose
que je laisse derrière moi. En bas, dans la vallée, une sorte de ville. Plus je
m’approche et moins cette ville m’attire. Elle semble un peu morte. Une bifurcation
apparaît. Je préfère la prendre et monter le chemin à droite en direction d’un village.
Il y a du bruit, de la vie. J’arrive au village. Il ressemble à un village mexicain. Des
maisons toutes blanches, du monde dans les rues, des gens sympathique. Je me
sens en sécurité. Un enfant me prend la main et m’invite à le suivre.
Fin de la troisième séance.
Quatrième et dernière séance
Pour pimenter cette séance, de choisi de procéder à l’induction hypnotique en
utilisant les mouvements idéo moteurs. J’utilise donc la Méthode de Rossi pour
induire l’état modifié de confiance nécessaire au travail.
Thérapeute : Et lorsque tes mains se toucheront, toutes les parties de toi seront
prêtes à t’accompagner dans ce voyage. Et pendant qu’une main descend tu réunis
tout l’équipement nécessaire pour ton voyage. De même, pendant que l’autre main
descend tu organises toutes les dispositions utiles pour permettre de rendre ce
voyage agréablement profitable et bénéfique pour toi, à tous les niveaux. Et quand
tes mains seront prêtes, tu pourras reprendre un curieux et intéressant rêve… un
enfant te prend la main et…
Client : Un enfant me tient par la main et je ne sais pas où nous allons. Nous
marchons dans de petites ruelles. Il y a moins de monde, les ruelles sont plus
désertes, plus étroites, les murs plus rapprochés. Je me sens confiant, curieux : où
m’emmène-t-il ? Nous nous éloignons du village, les maisons se font plus rares. Un
petit chemin en pierres mène à une clairière. Une rivière serpente au milieu de la
forêt. Une sorte de campement, des tipis, sont installés le long de la rivière. Environ
une dizaine de tipis. L’enfant me lâche la main et repart. Il y un grand feu au milieu
du campement. Je m’assois devant le feu. Je me sens confortable, le feu dégage une
atmosphère puissante. Des gens arrivent et forment un cercle autour du feu. Une
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
25
forme de communion s’établi entre nous. Nous sommes réunis autour d’un feu sacré.
Je sens que j’ai vraiment ma place, je me sens bien. Je suis accueilli comme l’un des
leurs. Je suis attendu. Je me sens ému, et en même temps, je me sens plus fort. Je
sens que je suis soutenu par toute la force du groupe. Tous ensemble on est
puissant. Je peux guérir et aller de l’avant !
Thérapeute : prends le temps qui te convient pour savourer comment cela s’intègre
pleinement en toi, maintenant.
Quelques minutes passent.
Thérapeute : donc, tu disais, la vie pour toi c’est… ?
Client : La vie c’est comme un grand feu vivant qui brûle, et qui donne force, chaleur
et lumière.
Fin de la quatrième séance et de l’aventure intérieure.
Problèmes présentés : Difficultés d’orientation professionnelle.
Longueur du traitement : 4 séances.
Résultat : succès.
Suivi : 3 mois. En bonne marche vers ses objectifs. Le chemin lui paraît plus facile,
un peu comme si il était porté vers sa nouvelle destination.
Techniques : Métaphore Fondamentale (3 premières étapes), Métaphore Ouverte,
suggestions.
5. Introduction au travail des traumatismes.
« Avant d’entreprendre une thérapie centrée de façon spécifique sur la résolution des
traumatismes du passé, les clients ont besoin d’acquérir une certaine stabilité sur le
plan physique et émotionnel, de sentir que, d’une certaine façon, ils « gardent de
contrôle de la situation ». »26
Yvonne M. Dolan
Je vais vous présenter trois séances relatives à l’accompagnement des personnes
ayant vécu des traumatismes. Seront présentés : une séance de guérison d’abus
sexuel, le soulagement d’un trauma d’abandon et le traitement d’un traumatisme
résultant d’une période de guerre vécue dans l’enfance.
Il me paraît important de resituer la symptomatologie consécutive aux traumatismes.
Nous trouvons classiquement des réactions dissociatives, des troubles du
sommeil, des problèmes de concentration et de la mémoire, un état d’hypervigilance,
des sentiments de culpabilité non objectifs, une aggravation des symptômes dans
des contextes similaires ou ressemblant, même de manière symbolique au contexte
26
Dolan M. Yvonne, Guérir de l’abus sexuel et revivre, Editions Satas 1996, page 41
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
26
du traumatisme d’origine, des possibles difficultés sexuelles, la panoplie des
différents troubles alimentaires, des comportements d’abus et de dépendances, voire
même des comportements autodestructeurs, automutilations, différentes formes de
désocialisation et d’inadaptations, des absentéismes sociaux et professionnels, de
l’agressivité à la perte de confiance et d’estime de soi, et la spirale descendante de la
dépression et du désespoir…
A lire cette liste de symptôme, j’en viens presque à me dire que les
traumatismes, ces chocs de la vie non résorbés, sont la base de la majorité des
symptômes de dysfonctionnement psychologiques, voire biologiques, consécutifs à
des événements non résolus.
Généralement, les facteurs pour qu’un événement vécu, le soit de manière
traumatique, sont : l’aspect dramatique et conflictuel de l’événement, il est inattendu
et est vécu dans l’isolement et la solitude, et donc ne peut être partagé, ainsi que
l’absence de solutions entraînant un sentiment d’impuissance. D’où l’importance des
séances de débriefing suite à des accidents de grandes ampleurs, qu’ils soient
d’ordre humains, accidents de la route… ou naturels, inondations, tremblements de
terre… pour permettre aux personnes d’en parler, de partager et d’exprimer leurs
vécus et leurs ressentis le plus rapidement possible.
Comme il est dit souvent, ce qui ne s’exprime pas s’imprime, et ce que nous
refusons, ce à quoi nous résistons, va avoir tendance à se renforcer, comme un
ressort mis sous pression.
Par le biais du travail thérapeutique, nous allons permettre l’expression, et
ainsi favoriser la ré-impression de nouvelles expériences, plus bénéfiques, en
imprimant de nouvelles informations (vive la plasticité cérébrale), et en créant de
nouvelles empreintes positives en lieu et place des anciennes. Nous utilisons le
pouvoir de l’esprit pour remodeler notre cerveau, le chef d’orchestre de notre
biologie, pour créer de nouveaux engrammes porteurs de santé et facilitateurs de
bonheur. Car comme nous le savons, nous Hypnotiseurs :
« La parole qui est quelque chose de virtuel, a un pouvoir réel. »27
Deux métaphores simples éclairent la vision de la démarche thérapeutique. Celle de
la mise sous pression ci-dessus, avec son corollaire thérapeutique, soit le
relâchement des tensions et l’expression de l’énergie sous forme de mouvements et
d’émotions, et la métaphore de la digestion, un événement ne se digère pas, ne peut
être avalé, expulsé etc. Pour ne pas nous faire de bile supplémentaire, nous allons
par le travail thérapeutique, favoriser son assimilation et l’élimination des déchets
toxiques.
Dans le programme de la formation en Hypnose Ericksonienne, il nous est enseigné
des protocoles facilitant le traitement des résidus traumatiques issus des expériences
douloureuses du passé.
L’apprentissage d’un protocole est un premier pas vers « l’art » de permettre
la résolution des nœuds de notre histoire et en particulier des traumatismes. Comme
tout art, il nécessite plus que de la technique. Au-delà des protocoles une certaine
sensibilité aux processus psychologiques est une sorte de pré-requis à la pratique
27
Flèche Christian, Mon corps pour me guérir, Editions le Souffle d’Or 2000, page 53
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
27
d’actions psychothérapeutiques. Faire confiance à son inconscient, oui, mais un
inconscient qui a beaucoup oeuvré, notamment sur lui-même.
Comme le rappelle Jung à un de ses élèves qui voulait devenir thérapeute :
« Savez-vous, lui dis-je, ce que cela signifie ? Cela signifie que vous devez
d’abord vous connaître vous-mêmes ; c’est vous-même qui serez l’instrument ; si
vous n’êtes pas en ordre, comment le malade pourra-t-il le devenir ? Si vous n’êtes
pas convaincu, comment pourrez-vous le persuader ? C’est vous-même qui devez
être la véritable matière à travailler. »28
La vision Jungienne de la thérapie, un peu à l’image de la charité, qui bien
ordonnée, commence d’abord par soi-même.
Dans ma pratique, les techniques principales que j’utilise pour traiter les gros bobos
de l’âme sont la Remodélisation d’Histoire de Vie, la Ré-empreinte, la DoubleDissociation, la Reconstruction Hypnotique et le Core Process. Ces structures
thérapeutiques flexibles, peuvent être réaménagées au cœur même de la séance,
pour utiliser tout ce qui émerge du travail en cours de manière thérapeutique.
Depuis ma perspective actuelle, je constate qu’avec la pratique de l’Hypnose
Ericksonienne, il est même possible de n’avoir (presque) aucune structure apparente
par stratégie, par exemple en utilisant des métaphores à la « shaggy dog », à
condition que l’objectif, lui, reste en tout temps, très clair. Et si nous travaillons à la
« sauce Humaniste », c'est-à-dire associé, et agissons en Conscience, alors tout ou
presque nous devient possible. Les protocoles ne servant qu’a fournir une structure,
une trame de travail, une logique qui a fait ses preuves, et pouvant être dépassée à
tout moment si la situation l’exige.
Il est par ailleurs très intéressant d’étudier bien en détail les principes des
processus de travail enseignés, car ces protocoles ayant fait leurs preuves à maintes
et maintes reprises, ils sont comme le dissolvant de la colle qui maintenait les
problèmes en place. De par ce fait, ils nous renseignent très utilement sur la
structure même des problèmes, structure qui mise en évidence et comprise, peut
alors être soumise au changement et à la transformation, ce que l’on appelle
habituellement : résoudre le problème.
Au-delà des « techniques » et des « protocoles » thérapeutiques, je considère
que n’importe quelle manière, aussi surprenante et saugrenue soit-elle pouvant
permettre de réaccéder aux mémoires et mécanismes qui codent et verrouillent le
problème, est une opportunité pour favoriser un changement de perspective et une
mise en mouvement des énergies physiologiques et psychologiques qui étaient
précédemment figées.
Un traumatisme survient à un moment donné, il se passe quelque chose, et cet
événement produit sur le corps et le psychisme un effet qui perdure. Il ne se résout
pas parce que le système tourne en boucle, en circuit fermé, tel un cercle vicieux.
Lorsqu’une personne est sous l’emprise d’une manifestation symptomatique
d’un vécu traumatique, elle est comme dans un état de transe. Son esprit conscient
est comme phagocyté par le contenu du mental, et le contact avec la réalité d’ici et
maintenant est plus ténu. La conscience de soi passe en arrière plan, et la personne
est comme aspirée dans une transe à caractère traumatique.
Nous trouvons une perspective similaire dans les travaux de Stephen Wolinsky
dans son ouvrage : Ni ange ni démon, consacré au travail de l’enfant intérieur, il
28
Jung Carl Gustav, Ma vie, Editions Gallimard 1973, page 161
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
28
explique : « Il faut comprendre que la transe créée par l’enfant est en fait une
faculté ou une aptitude qu’il a cultivée afin de pouvoir faire face à des situations
pénible. Cela pose un problème lorsque la personne ne maîtrise plus cette faculté et
réagit malgré elle. La transe de l’enfant à l’intérieur de l’adulte induit
automatiquement un état d’engourdissement même si l’adulte ne veut pas être
engourdi dans sa relation actuelle. Tout cela se produit pendant que l’observateur
dort. […] Le problème tient au fait que cet enfant intérieur figé dans le temps
continue de créer des transes non désirées, c’est-à-dire des pensées, des sentiments,
des émotions, des sensations et des stratégies qui ne conviennent plus aux situations
présentes. »29
Bien qu’en accord sur la majeure partie du travail de Stephen Wolinsky, il y a un
aspect avec lequel je me positionne de manière différente. Selon S. Wolinsky, le fait
de travailler avec la partie « enfant », de la guérir et la recadrer, lui donner des
ressources etc. ne servirait qu’à la faire perdurer, en lui donnant de la consistance.
Cependant, dans ma pratique, j’observe que si nous ne faisons pas cela, et
que nous nous contentons de tenter de démanteler la transe de fixation traumatique
en reportant toute l’attention sur l’observateur, cela n’est pas suffisant.
Tout d’abord c’est très difficile à faire, car la réalité psychique de l’enfant intérieur
traumatisé est une donnée que nous nous devons de prendre en compte, c’est un
complexe psychique. Et deuxièmement, ne pas prendre en compte la réalité
empirique de la personne, ne permettra pas de l’aider à libérer les énergies figées, ni
de réécrire de manière bénéfique sa nouvelle perspective de l’événement.
Par contre, il est évident lorsque j’accompagne un patient ayant subi un
traumatisme, que le fait de l’aider à accepter et à réintégrer cette partie en luimême, de lui permettre de grandir, d’apprendre, de libérer les énergies traumatiques
figées, de neutraliser les émotions résiduelles, de reconsidérer l’événement sous un
autre regard, et de fusionner avec l’adulte pour ne faire plus qu’un, font parties des
étapes nécessaires du processus de guérison. Autrement dit, accueillir la partie
traumatique est un préalable à l’intégration de cette partie dans l’univers
psychologique de la personne.
Reconnaître la dissociation pour favoriser l’unification.
C’est dans un premier temps de la reconnaître et de l’accepter en lui témoignant
amour et respect, et lui donner ainsi la possibilité de guérir avant de grandir. Une
chenille malade, ne pourra que difficilement, voire jamais, se métamorphoser en
magnifique papillon.
Comme le processus de dissociation consécutif au traumatisme est automatique, et
s’est déroulé en majeure partie de façon inconsciente, nous allons rajouter de la
conscience sur tout cela pour l’éclairer et la faire fondre.
Bien entendu, comme chacun de nous est différent, chacun de nous va réagir à une
situation d’une manière différente, le ressenti vécu sera différent d’une personne à
l’autre. Ce qui est déterminant c’est la manière dont la personne a ressenti le choc,
plutôt que la situation elle-même. Notre réponse organique et psychologique à une
29
Wolinsky Stephen, Ni ange ni démon, Editions Le Jour 1995, page 23-25
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
29
situation perçue comme étant menaçante pour notre survie est plus importante que
la situation elle-même.
« Le fait qu’on accorde généralement beaucoup trop d’importance à l’évènement qui
a entraîné le traumatisme est une des difficulté de son traitement. »30
Peter Levine
En effet, pour résoudre l’impact du traumatisme a tout les niveaux, jusqu’à englober
la dimension somatique, il est nécessaire de ne pas rajouter des histoires autour de
l’histoire traumatique. Il est également bon de se souvenir que les forces en
présence, lors de traumatisme, sont très fortes. Des émotions archaïques telles que
la peur, la colère et le sentiment d’impuissances dominent alors l’esprit conscient de
la personne.
L’inconscient avec sa manière symbolique et métaphorique de communiquer,
peut créer des scénarios et des images très déstabilisantes pour la personne. En
effet, ces images seront les messagères de la manière dont la personne à ressenti
l’impact traumatique de l’événement. A partir de là, il est important de ne pas valider
automatiquement ces « mémoires » comme étant un fidèle reflet d’une réalité
passée vécue par la personne. Ce ne sont que des images intérieures, pas des faits.
Et même si ces scénarios sont basés sur des histoires vraies, aujourd’hui, ils ne sont
plus que des fichiers mémoires chargés d’énergies bloquées, qu’il convient de libérer.
Nous connaissons aujourd’hui, les dommages causés par nombres de
thérapeutes qui ont filtrés différents désordres psychologiques à travers une grille de
lecture erronée (leurs théories et croyances) et ayant conduit aux « syndromes des
faux souvenirs ».
5.1. Eléments présents lors de traumatismes
Chez les personnes traumatisées nous trouvons souvent ces quatre formes de
réactions, avec plus ou moins d’ampleur : l’hyperactivation, la constriction, la
dissociation et le figement. Inspiré en partie par le travail de Peter Levine, ces
réactions peuvent être pour les thérapeutes, des portes d’accès aux processus qui
structurent et codent le blocage traumatique. Chaque accès à un élément de la
mémoire traumatique est une occasion de réorganiser de manière différente celle-ci.
Une élaboration nouvelle et créative devient possible, l’énergie peut se remettre en
mouvement et favoriser la guérison.
1. L’hyperactivation.
Manifestations symptomatiques : augmentation de fréquence cardiaque et
respiratoire, agitation, difficultés à l’endormissement, tensions intérieures, impatience
musculaire, pensées agitées et possibilités de crises anxieuses.
Comme de nombreux fonctionnements biologiques archaïques de survie,
l’hyperactivation n’est pas soumise au contrôle de l’esprit conscient, mais à celui de
l’esprit inconscient. Face à une situation dangereuse et menaçante, qu’elle soit réelle
ou imaginaire, la réponse du système nerveux est la même : l’hyperactivation.
30
Levine A. Peter, Réveiller le tigre - guérir le traumatisme, Editions Socrate Promarex 2004, page 114
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
30
2. La constriction.
Manifestations symptomatiques : contraction de tout le corps. Concentration du
système nerveux sur la menace. Modification de la respiration, de la tonicité
musculaire et de l’attitude. Activation du système nerveux sympathique avec tout son
cortège de réaction.31 La perception de l’environnement se resserre et se focalise sur
le danger, une forme d’hypervigilance ciblée et exclusive. Les muscles sont
abondamment irrigués aux détriments des viscères, ils sont tendus et prêts à agir.
3. La dissociation.
« Je n’ai pas peur de mourir. Je veux juste ne pas être là quand ça arrivera. »32
La dissociation est une réponse qui nous protège d’une activation qui s’intensifie, en
effet, elle semble être l’un des moyens principaux de protection automatique que
nous possédons pour faire face à des événements qui menacent notre survie. La
dissociation déconnecte l’esprit conscient du corps, et nous évite de ressentir en bloc
l’énergie hyperactivée par la réaction traumatique, elle nous permet ainsi de
supporter des situations par ailleurs insoutenables. La conscience de soi étant altérée
par la dissociation, d’autres phénomènes « hypnotiques » sont également souvent
présent, tels que la modification des perceptions sensorielles et des distorsions
temporelles notamment.
Le paradoxe de la dissociation est qu’elle joue un rôle précieux en
déconnectant de l’expérience traumatique l’énergie non déchargée de
l’hyperactivation, et qu’en même temps la dissociation crée une rupture dans la
continuité de la conscience de soi, qui empêche les personnes traumatisées de
résoudre efficacement leurs symptômes traumatiques en réaccédant à l’énergie ainsi
bloquée, parce que refoulée hors du champ de la conscience.
Avec l’hypnose, nous possédons un outil extrêmement précieux pour utiliser le
mécanisme même de la dissociation pour commencer le travail thérapeutique qui
passe par la réassociation progressive et la neutralisation des énergies physiques et
émotionnelles auparavant bloquées.
4. Le figement, l’immobilité, associé à un sentiment d’impuissance.
Lorsque le système nerveux d’une personne face à un danger entre dans un état
d’activation et qu’elle ne peut ni se défendre, ni prendre la fuite, il passe à l’ultime
stratégie que Henri Laborit33 a appelé l’inhibition de l’action, il s’immobilise. Cette
réponse primitive de défense fait partie du répertoire comportemental de quasi
toutes les créatures vivantes. Si nous ne pouvons ni attaquer, ni fuir, nous faisons le
mort, ou exprimé de manière plus juste par rapport à comment cela fonctionne,
malgré nous, cela fait le mort. Nous nous figeons. Il s’agit bien de comprendre que
cette stratégie n’est pas intellectuellement choisie, elle est instinctuelle, automatique.
Dans un contexte traumatique intense, le corps est immobilisé, il est devenu
impossible pour la personne de faire le moindre mouvement, elle ne peut ni bouger,
31
Pour plus de détail sur ce sujet, j’invite le lecteur à découvrir l’ouvrage remarquablement
documenté de Ernest Lawrence Rossi, Psychobiologie de la guérison, Editons Hommes & Perspectives
1994
32
Woody Allen, cité par Peter Levine dans Levine A. Peter, Réveiller le tigre - guérir le traumatisme,
Editions Socrate Promarex 2004, page 147
33
Voir à ce sujet, notamment : Laborit Henri, La nouvelle grille, Editions Robert Laffont 1974 ou
encore le magnifique ouvrage de référence La légende des comportements, Editions Flammarion 1994
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
31
ni crier, ni même ressentir, le système est « figé », paralysé, et cela échappe à la
volonté consciente, nous ne contrôlons pas ce mécanisme consciemment.
Dans la nature, l’immobilité ou le figement offre de nombreux avantages. En
effet, en dehors des charognards, rare sont les prédateurs qui vont s’attaquer à un
animal immobile, à moins d’être affamés. Le figement est une imitation de la mort,
induisant chez le prédateur la perception que la viande n’est pas comestible. Un
certains nombres de prédateurs ne détectent pas ou très mal une proie immobile,
comme la grenouille et le lézard. De plus l’immobilité de la proie ne stimule pas
l’attaque chez de nombreux prédateurs et les proies peuvent ainsi profiter de leurs
couleurs de camouflage. En résumé, « si tu restes tranquille, tu vis, si tu cours, tu es
mangé. »
Du fait du processus dissociatif, la nature fournit un analgésique naturel qui
diminue la souffrance de la proie lorsque malgré tout elle sert de repas. Merci dame
nature.
Ensembles ces quatre éléments forment le noyau de la réaction traumatique
et sont les premiers à apparaître lorsqu’un événement traumatique survient. Ils sont
aussi, des portes d’accès aux recadrages curatifs permettant de favoriser la
résolution de l’impact traumatique.
5.2. De la conscience corporelle à la conscience de soi
Processus naturel de guérison.
« Si nous dirigeons notre attention sur ces sensations corporelles internes plutôt que
d’attaquer directement le traumatisme, nous pouvons dénouer et libérer les énergies
qui ont été bloquées depuis l’évènement traumatique. »34
Peter Levine
Le Focusing est une démarche de connaissance de soi et de résolution de problème
issue du travail du Dr. Eugene Gandlin. J’ai découvert cette approche pour la
première fois en 1994, lors d’une formation donnée par Alain Cayrol à Paris. Je
l’utilise régulièrement avec succès depuis, avec moi-même ou en accompagnant
d’autres personnes. Le Focusing est une approche qui s’allie particulièrement bien
avec n’importe quel processus thérapeutique. Le Dr. Gendlin a mis au point un
protocole de travail qui utilise la conscience corporelle globale pour favoriser la
compréhension de soi et la résolution des problèmes. Le « felt sense » cité par Peter
Levine dans son ouvrage Réveiller le tigre, guérir le traumatisme, est le « sens
corporel » du Dr. Eugene Gendlin.
Le Focusing, est une démarche de focalisation de l’attention qui induit
naturellement un état de conscience modifié. Pour nous hypnotiseurs, l’utilisation de
ce type de placement d’attention est très intéressant, car dans de nombreux cas, il
est possible d’utiliser la démarche « Focusing » comme une induction ou un
accompagnement naturaliste avec nos client, en utilisant tout simplement le vécu du
moment lié à la difficulté ou au problème à résoudre.
Pour situer le Focusing par une définition donnée par son auteur le Dr. Eugene
Gendlin lui-même : « Un sens corporel n’est pas une expérience mentale, mais une
34
Levine Peter, Réveiller le tigre, guérir le traumatisme, Editions Promarex 2004, page 86
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
32
expérience physique. […] C’est la conscience physique d’une situation, d’une
personne ou d’un événement. C’est une sensation interne qui englobe tout ce que
vous éprouvez à l’égard d’un sujet donné, à un moment donné, et tout ce que vous
savez à son propos ; une sensation qui contient tout cela et dont vous prenez
conscience dans son entier plutôt que dans les détails. »35
C’est donc une impression globale à propos de… ce dont sur quoi nous nous
focalisons, en toute conscience. Par rapport aux émotions, ce n’est pas l’émotion
elle-même qui est le centre de l’attention, mais l’ensemble des perceptions qui
accompagnent le ressenti de l’émotion elle-même. Nous trouvons ici une manière
particulière de placer notre attention, une perspective plus large, plus globale, et en
même temps qui reste connectée à nos ressentis biologiques de base. Cette manière
de placer notre attention est à mettre en corrélation avec les états de conscience
induits par l’Hypnose Humaniste, l’association et l’élargissement de la conscience.
Pour le Dr. Gendlin, l’être humain est vu comme un processus en changement et en
évolution perpétuelle, les problèmes sont recadrés comme étant des parties figées du
système que le Focusing peut permettre de remobiliser.
Je me permet une petite parenthèse, car j’ai relevé ce passage contenant quelques
beaux exemples de suggestions négatives paradoxales au cœur du livre du Dr.
Gendlin : « Je ne vous demande pas de changer complètement avant même de
commencer le focusing. Je ne veux pas laisser entendre non plus que vous vous
accepterez et vous aimerez davantage rien qu’en lisant ces pages. Je désire plutôt
vous enseigner une attitude à prendre pour employer le focusing. »36
La première étape du Focusing est une forme de dissociation thérapeutique, mettre
momentanément de côté ses problèmes, selon le Dr. Gendlin : « Il s’agit de vous
distancer intérieurement de vos préoccupations, tout en les gardant à l’œil. Au lieu
d’y plonger tête baissée, vous prenez suffisamment de recul pour qu’elles ne vous
accablent plus, tout en restant assez près pour pouvoir les ressentir. »37
Une première forme de soulagement et de répit pour faire face de manière nouvelle
à la situation problématique, en commençant par déposer son fardeau, tout en
restant en contact avec son ressenti. Une des clés de la résolution du stress
traumatique se trouve là. Il ne s’agit pas de dissocier la personne de son ressenti,
mais de lui permettre de rester consciemment en contact avec ses sensations et ses
émotions, sans être emportés par elles.
Les sensations et les émotions qui s’actualisent dans le champ de la
conscience, déploient leur énergie et s’épuisent d’elles-mêmes, permettant au corps
et à l’esprit de relâcher les tensions.
La mise à jour des croyances et décisions prises lors de l’événement
traumatique, phase de la thérapie plus mentale, seront reconsidérées ultérieurement
au travail de neutralisation énergétique et émotionnel. L’esprit libéré de la charge
émotionnelle est plus à même d’effectuer ce travail de redécision d’une manière
lucide et bénéfique.
35
36
37
Gendlin T. Eugene, Focusing au centre de soi, Le Jour Editeur 1992, page 56
Gendlin T. Eugene, Focusing au centre de soi, Le Jour Editeur 1992, page 111
Gendlin T. Eugene, Focusing au centre de soi, Le Jour Editeur 1992, page 102
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
33
Je me souviens avoir entendu à différentes reprises, certaines personnes dire que la
PNL ou l’Hypnose n’agissait pas en profondeur. Il est vrai que des personnes
insuffisamment formées, et/ou ne s’étant pas attelées elles-mêmes à un travail
intérieur personnel, peuvent avoir tendances, dès qu’apparaît une réaction
émotionnelle, à dissocier la personne du ressenti se présentant.
Malheureusement, en pratiquant ainsi, elles limitent l’accès à une résolution
du problème à un niveau psychophysiologique, impliquant le système nerveux en
profondeur. Milton H. Erickson lui-même, n’avait pas peur de permettre, voire même
de pousser ses clients, à ressentir de l’inconfort ou des émotions si cela s’avérait
nécessaire pour favoriser la guérison, et il ne se contentait pas de changements
superficiels !
L’ouverture de conscience naturelle qu’induit la pratique du Focusing, favorise
la remise en mouvement des énergies traumatiques bloquées dans le champ de la
conscience. L’importante énergie physique et émotionnelle qui peut enfin se libérer à
ce moment là, favorise la réactualisation thérapeutique du métabolisme et du
psychisme de la personne.
Il est intéressant de constater comment certain processus concernant la conscience
humaine, se retrouvent de manière similaire, quel que soit l’endroit et l’époque. Le
rapport avec le monde émotionnel notamment, se voit éclairé lui aussi par les propos
qui suivent, dignes d’un maître de sagesse n’hésitant pas à accompagner les autres
dans leurs marasmes émotionnels, pour leur permettre de s’en libérer :
« Quand une émotion est là, c’est la vérité du moment présent. Vous ne pouvez la
refuser. Si une émotion vient, laissez là partir. Si elle vient c’est pour partir. Exister
c’est s’exprimer. Quelque chose existe. Comment le savez-vous ? Elle s’exprime.
Vous vous exprimez tel que vous êtes. Si vous ne vous exprimez pas, vous vous
détruisez. Tout émotion qui surgit en vous est neutre, ni bien, ni mal. Elle cherche à
s’exprimer. C’est seulement pour s’exprimer qu’elle doit aller à l’extérieur, sortir
dehors. Tant que l’émotion refoulée est présente, elle cherchera à s’exprimer.
Quelque soit la manière dont je souhaite la refouler, elle trouvera le moyen de
s’exprimer, en prenant n’importe quel déguisement, ou par un mal à l’aise. Une
émotion est une énergie qui doit s’exprimer jusqu’à ce qu’elle soit épuisée. »38
Swâmi Prajnânpad
Exemple I : « Je me sens désabusée »
« Dans les cas de dissociation inconsciente et d’amnésie traumatique consécutive à
des abus physiques et sexuels, il est important de ramener à la conscience
seulement ce qui est nécessaire pour guérir, de bien insister sur cet objectif et de le
garder constamment à l’esprit lors de tout travail hypnotique. »39
Yvonne M. Dolan
Une femme d’environ 45 ans que j’ai déjà reçu en consultation quelques mois
38
39
Swâmi Prajnânpad, ABC d’une sagesse, Editons La Table Ronde 1998, pages 65-66
Dolan M. Yvonne, Guérir de l’abus sexuel et revivre, Editions Satas 1996, page 193
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
34
auparavant, au sujet de problèmes relationnel avec son mari et sa famille, me
recontacte et me demande un rendez-vous en urgence, car ça va très mal me ditelle.
Je la reçoit le lendemain matin, et j’apprends qu’elle souffre d’insomnies depuis une
quinzaine de jour, qu’elle a de nombreux saignements de nez et elle subit des crises
de larmes sans causes apparentes. Pour couronner le tableau, des vagues de peurs
incontrôlables l’assaillent à plusieurs reprises pendant la journée ainsi que durant la
nuit.
Après avoir mis à sa disposition une boite de mouchoir bien pleine, je l’invite à
focaliser son attention sur sa respiration en lui demandant de respirer calmement et
profondément, et de suivre tranquillement le flux et reflux du souffle qui soulève son
ventre et sa cage thoracique. Ouf… ça se calme un peu.
Je lui demande de manière directe de se focaliser sur son corps, en commençant par
les extrémités tout en restant bien consciente de sa respiration qui se fait d’ellemême. Comme fil rouge, je lui propose de se focaliser sur la sensation globale qu’elle
éprouve au sujet de tous ses symptômes et j’ancre le ressenti et lui suggère de
laisser revenir la toute première fois où elle a ressenti cela (pont affectif). S’ensuivit
tout un travail de Remodélisation d’Histoire de Vie, concernant une scène d’abus
sexuel vécu avec un de ses oncles pendant son enfance. Je l’invite à vider son
ressenti émotionnel en usant d’une dissociation thérapeutique (pendant que vous
laissez toutes ses émotions s’exprimer au dehors de vous, vous pouvez observer
comment les sensations dans votre corps changent et s’apaisent progressivement).
Je l’invite à vérifier à plusieurs reprise que ses sensations corporelles se sont
bien apaisées, d’être attentive à la moindre tension résiduelle, aussi petite soit-elle,
et de lui permettre de les libérer en laissant se relâcher et laissant aller tout ce qui
doit s’en aller, jusqu’à ce que son corps soit bien apaisé. Après une bonne quinzaine
de minutes, s’ensuit un travail relativement classique de réécriture de son expérience
passée. Apport de nouvelles ressources à la petite fille en elle, et revécu différent
depuis cette nouvelle perspective. Redécisions et mise en place de nouvelles
croyances positives.
Afin de bien verrouiller le travail accompli, je l’invite à revenir dans le temps jusqu’à
aujourd’hui en laissant son inconscient modifier tout ce qu’il y a modifier, pendant
que consciemment elle peut ici et là constater comment les choses sont différentes
maintenant. Se sentant plus forte et encore plus paisible à chaque passage, je lui
propose d’éclairer sa ligne de temps symbolique avec cette nouvelle force et cette
nouvelle lumière, jusqu’à ce qu’elle ait le sentiment que tout est bien remodelé, lissé,
bien lumineux.
Je demande à son esprit conscient et à son esprit profond de projeter vers le futur
toutes ces nouvelles bonnes choses qui font partie d’elle maintenant, jusqu’à ce
qu’elle ait le sentiment profond que tout est bien en place.
En guise de prescription, je lui propose de se focaliser « des deux mains »40 sur ce
qu’elle souhaite voir se poursuivre de manière bénéfique dans sa vie, et je lui
40
Lire : dès demain… ☺
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
35
suggère d’être particulièrement attentive à tous les changements positifs qui se
mettent en place d’eux-mêmes tout naturellement, de manière bénéfique et
automatique, dans son quotidien, dès demain.
À la fin de la séance, je lui demande pour la dernière fois comment elle se sent
maintenant, après avoir accompli cet important travail, et j’obtiens de sa part comme
réponse : « Je me sens… je me sens désabusée » dit-elle avec un magnifique sourire
de contentement paisible.
Problèmes présentés : instabilité émotionnelle, saignements de nez répétitifs,
insomnies, peurs sans motifs et crises de larmes torrentielles.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès, se sent définitivement libérée d’un passé devenu lointain, de sens
désabusée et en paix avec elle-même.
Suivi : 1 année, la cliente peut parler de son passé avec aplomb et de manière
émotionnellement neutre. Certaines difficultés résiduelles en relation avec le mari et
la famille ont disparues comme par magie, son sommeil s’est régularisé, les
insomnies sont terminées.
Techniques : Focusing, Hypnose et suggestions, Remodélisation d’Histoire de Vie,
Recadrages, Ligne de temps symbolique et Futurisations.
« Chaque fois qu’un souvenir traumatique est revu en hypnose, c’est une occasion de
le diluer en lui ajoutant de nouveaux contenus agréables, non traumatiques, jusqu’à
ce que, finalement, le trauma ne devienne qu’une partie insignifiante du tout. »41
Ernest Laurence Rossi
Exemple J : « la petite à la grosse tête »
Une femme d’une quarantaine d’années entre dans mon cabinet et s’assied sans dire
un mot. À peine assise elle fond en larmes et me dit entre deux sanglots qu’elle est
terrorisée, elle a l’impression de ne plus s’appartenir, elle se sent comme coupée
d’elle-même et du monde, séparée d’elle-même précise-t-elle. Elle ressent un
profond sentiment d’impuissance, de ne rien pouvoir contrôler : « C’est plus fort que
moi, il y a cette chose à l’intérieur qui me fait mal, qui me fait peur, ça me maintient
prisonnière, je n’en peux plus. »
Lorsque nous entendons « c’est plus fort que moi », immédiatement cela évoque une
partie dissociée de la psyché qui à pris son envol et qui parasite la personne. Mais
qu’est-ce exactement qu’une partie de la personnalité ? Il est intéressant de revenir
aux sources et d’écouter la définition qu’en donne un des seniors de la psychologie
des profondeurs. Écoutons Carl Gustav Jung nous décrire les complexes affectifs à sa
41
Milton Hyland Erickson & Rossi Ernest Laurence, L’Homme de Février, Editions Satas 2002, page 74
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
36
manière : « C’est l’image émotionnelle et vivace d’une situation psychique arrêtée,
image incompatible, en outre, avec l’attitude et l’atmosphère conscientes
habituelles ; elle est douée d’une forte cohésion intérieure, d’une sorte de totalité
propre et, à un degré relativement élevé, d’autonomie : sa soumission aux
dispositions de la conscience est fugace, et elle se comporte par suite dans l’espace
conscient comme un corpus alienum, animé d’une vie propre. Au prix d’un effort de
volonté, on peut à l’ordinaire réprimer un complexe, le tenir en échec ; mais aucun
effort de volonté ne parvient à l’annihiler, et il réapparaît, à la première occasion
favorable, avec sa force originelle. »42
Dans la pratique, depuis la perspective de la dissociation psychique, il convient donc
d’accompagner la personne pour qu’elle puisse créer une relation entre elle-même et
son complexe, entre elle-même et la partie d’elle-même dissociée ; en commençant
par accepter la dissociation, pour pouvoir entamer le processus de négociation
permettant la réunification.
Donc, la séance se poursuit.
Thérapeute : Oui, vous êtes terrorisée, vous avez peur, et pour l’instant, vous ne
savez pas encore quoi faire pour vous sentir bien. Je vois que vous pleurez
abondamment et pour faire cela vous êtes en train de respirer. Alors continuez à
respirer et fermez vos yeux afin d’y voir plus clair à l’intérieur de vous, pendant que
votre respiration continue à éponger progressivement vos larmes sans que vous
n’ayez rien à faire d’autre que de sentir votre corps bien assis sur ce fauteuil ici,
pendant que je reste assis là et que je vais continuer à vous parler.
Et pendant que je vous parle vous pouvez commencer à voir ce qui en vous
vous terrorise tout en ayant confiance dans le fait que je reste avec vous pour vous
accompagner dans votre univers intérieur…
Cliente : « ahh… je vois une petite fille… ohh… non c’est horrible… elle est horrible…
la petite fille me tourne le dos… la petite a une grosse tête… ahhh… »
Il s’ensuivit tout un travail avec la petite à la grosse tête, dans le but de se
réapproprier cette partie d’elle, de la réintégrer en soi, la guérir pour lui permettre de
grandir et de fusionner avec la grande.
L’axe principal de l’intervention consista à établir le dialogue avec la petite.
Pour ce faire, je me suis appuyé sur la partie adulte de la personne, pour en faire un
partenaire thérapeutique et maintenir le contact avec la conscience de la personne ici
et maintenant. Celle-là même qui aujourd’hui est libre de ce qui a été. L’observateur
intérieur de toutes ces histoires, de toutes ces mémoires. Semblable à l’écran de
cinéma, libre de tout les films et projections apparaissant à l’écran, aussi diverses
soient-ils.
Il est très utile de réveiller la conscience de la personne en la focalisant sur
ses sensations corporelles et d’utiliser de manière thérapeutique le phénomène de la
dissociation traumatique.
La cliente se guéri en utilisant la dissociation préexistante en elle, entre
l’adulte et la partie d’elle plus jeune (âge de la personne lors du trauma).
Pour cela il est nécessaire de conserver la relation, le lien avec la personne,
pour éviter que la conscience de la personne soit complètement absorbée dans le
mouvement intérieur, identifiée au contenu, ce qui reviendrai à faire de la régression
42
Jung Carl Gustav, L’homme à la découverte de son âme, Edition Albin Michel 1987, page 187-188
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
37
en âge, plutôt qu’une régression dans le temps. Et franchement, c’est plus facile de
travailler avec l’aide de la personne adulte présente ici et maintenant, que de se
retrouver seul à seul avec une petite fille à grosse tête toute triste et toute perdue.
Pour le thérapeute, cela implique de maintenir une forte présence, une
bienveillante vigilance, afin que la cliente sente que son accompagnant est solide,
stable et fiable, et le croie capable de faire face à tout ce qui peut se présenter
comme matériel psychique.
Toutes les moyens que notre imagination branchée créativité thérapeutique
pourra nous souffler sont les bienvenus, dès le moment où ils permettent de créer le
dialogue et de favoriser la guérison et la réunification de la partie dissociée chez la
personne.
C’est donc dans un climat de confiance et de sécurité, que nous avons
commencé à rassurer la petite qui avait peur et qui était terrorisée. En cherchant à
comprendre ses besoins, ce qui l’anime, nous découvrons qu’elle a besoin d’être
aimée, reconnue et rassurée, qu’on ne l’abandonnera plus.
La cliente vécu une période intense et émouvante de réconciliation entre la
« petite et la grande ». La suite du processus consista à permettre à la petite de
grandir pour venir rejoindre la grande, de devenir grande elle aussi et ne faire plus
qu’une avec la grande de manière à ne plus pouvoir être abandonnée, car à tout
jamais réunie en fusionnant et ne faisant plus qu’une.
Il est très intéressant dans les cas d’abandon, d’utiliser l’abandon même,
comme levier, pour stimuler la réunification intérieure. La personne met fin à la peur
de l’abandon en se réassociant avec sa partie séparée-abandonnée. Elle comprend
en elle-même : que maintenant que nous sommes réunis, nous ne sommes plus
séparés, nous ne pouvons plus être abandonné car nous ne faisons plus qu’un. Un
seul sans un second.
Problème présenté : débordements émotionnels (tristesse/peurs), dissociation
psychique, se sens comme coupée du monde, coupé d’elle-même, « c’est plus fort
que moi, comme quelque chose qui m’oblige à vivre cela ».
Longueur du traitement : 3 séances, dont deux consécutives à celle-ci, pour
réorganiser ses anciens modes relationnels, basés sur une dynamique d’abandon…
Résultat : succès, se sens réconciliée avec elle-même, avec la vie, apaisée,
reconnectée au monde.
Suivi : 1 année, remplie d’une nouvelle énergie. Après une période de vie célibataire
bien vécue, un nouveau compagnon, une relation épanouissante.
Techniques : Remodélisation d’Histoire de Vie, Reconstruction Hypnotique,
pédagogie relationnelle.
« L’hypothèse selon laquelle les complexes sont des psychés parcellaires scindées est
aujourd’hui devenue une certitude. Leur origine, leur étiologie est souvent un choc
émotionnel, un traumatisme ou quelque autre incident analogue, ayant pour effet de
séparer un compartiment de la psyché. Une des causes les plus fréquentes est le
conflit moral fondé en dernière analyse, sur l’impossibilité apparente d’acquiescer à la
totalité de la nature humaine. Cette impossibilité entraîne par son existence même
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
38
une scission immédiate, à l’insu de la conscience ou non. »43
Carl Gustav Jung
Exemple K : « de gros boums »
« Vous ne pouvez jamais observer quelque chose, quand vous ne l'acceptez pas ; il
doit donc y avoir, en premier, acceptation. En acceptant votre souffrance, votre
souffrance se modifie. Seul un objet peut éprouver de la souffrance, et vous n'êtes
pas l'objet, vous en êtes l'observateur. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de souffrance
mais elle est réduite à son aspect le plus simple, le plus fonctionnel. Quand vous
résistez psychologiquement, vous êtes un complice de la souffrance. C'est seulement
en acceptant que le corps se prend en charge, parce que l'origine du corps est la
santé, l'origine du corps est la perfection.»44
Jean Klein
Je reçois une femme d’origine asiatique d’environ une quarantaine d’année pour un
problème d’insomnie. Depuis son arrivée dans le cabinet, l’image d’une petite souris
timide et discrète me vint à l’esprit. Après m’avoir exposé son problème, d’une voix
presque inaudible, elle est sans énergie me dit-elle, des difficulté à dormir, à
s’endormir, auparavant de manière aléatoire, mais depuis presque 6 mois, de façon
chronique. Après quelques autres questions pour situer le problème, j’utilise la grille
d’objectifs pour canaliser son (peu) d’énergie et je décide d’une approche paradoxale
de prescription de symptôme classique, issue des thérapies brève. En fait, je venais
de faire une erreur en voulant agir trop vite, sans avoir au préalable pris le temps de
réaliser une anamnèse plus poussée, mais je ne le savais pas encore.
Au deuxième rendez-vous, la cliente me dit qu’elle a réussi à s’endormir à de
nombreuses reprises, comme par magie. Super me dis-je en moi-même, continuons
dans cette direction. Erreur. À la troisième séance, ma cliente revient, la mine encore
plus hagarde qu’au début. M’annonçant presque désespérée, qu’elle dort encore
moins bien qu’avant, c’est même pire. Mince.
De fait, quand ce que nous faisons ne fonctionne pas, il ne sert à rien
d’insister davantage, car plus de la même chose, donne d’avantage du même
résultat. Je choisis alors de changer d’approche, et il me faut d’avantage
d’informations. S’ensuit une anamnèse en bonne et due forme.
J’apprends alors qu’elle est d’origine Vietnamienne, née en 1965 au Vietnam, en
pleine guerre. En 1980 ses parents émigrent en Suisse. Mince, me dis-je, peut-être
a-t-elle traversé cette guerre pendant son enfance, car elle se termina vers 1975. A
partir de là, je commençai à entrevoir ce qui pourrait bien être la cause de ses
insomnies, de son hypervigilance nocturne.
Je lui demandai de me raconter son enfance un peu plus en détail. Elle me dit
avoir peu de souvenirs, mais lorsqu’elle chercha des souvenirs, je remarquai des
crispations corporelles qui m’indiquaient qu’en arrière plan il se passait quelque
chose d’important.
43
44
Jung Carl Gustav, L’homme à la découverte de son âme, Edition Albin Michel 1987, page 189
Jean Klein, Transmettre la lumière, Editions du Relié 1993, pages 233-234
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
39
A la quatrième séance, je l’invitais à une séance de relaxation basée sur la respiration
et en utilisant son ressenti des crispations dont je lui fis prendre conscience, je
commençai à l’orienter vers une régression dans le temps. Suspectant à juste titre de
tomber sur des résidus traumatiques intenses, je l’invitais à se dissocier en
conscience, devenant l’observatrice consciente de ce qui pouvait apparaître dans son
corps et dans son esprit, depuis un espace calme et vaste, aussi grand que la pièce
de thérapie et même plus encore. Je lui suggérai qu’elle était l’observatrice de tous
les objets qui pourraient survenir dans son champ de conscience, et qu’elle pouvait
choisir à chaque instant de se réorienter bien ici et maintenant si elle en ressentait le
besoin, et que j’étais là pour l’accompagner et la protéger de façon bénéfique, de
manière à avoir assez d’énergie pour faire face à tout souvenir et à toute mémoire
particulière.
« Si l’on assure pas un équilibre satisfaisant grâce à la structuration d’un traitement
qui est souvent chaotique, on risque de faire de la thérapie une expérience de
retraumatisation où le patient se sent submergé et piégé dans le passé, plutôt
qu’une expérience de croissance vers un avenir plus prometteur. »45
Maggie Phillips et Claire Frederick
Après quelques minutes, elle me dit avec calme, pendant que son corps commençait
à être agité de léger tremblements, qu’elle revoit une scène de son passé : elle est
petite et sa maman lui dit de jouer à la souris et de se cacher sous la table (Tiens la
voilà la petite souris du début). Tout d’un coup elle se lève et me dit en criant :
qu’elle entend de gros boums… la petite fille a peur, elle se sent terrorisée. C’est des
bombes, elle doit se cacher, se faire toute petite comme la souris.
J’encourage la dissociation thérapeutique tout en lui donnant la permission de
libérer son corps des tensions qui s’y étaient accumulées en le laissant bouger,
trembler, exprimer tout ce qui vient comme bon lui semble.
A partir de ce moment, se déroula pendant une bonne quinzaine de minutes, une
séance de tremblements et de cris libérateurs. De mon côté, je m’assurais qu’elle ne
pouvait rien heurter qui puisse lui faire du mal, et je continuai à l’encourager à
libérer son corps de toutes les tensions, et de toutes les peurs qui s’y étaient
accumulées pendant cette période. C’était assez étonnant d’observer en même
temps son corps bouger et se secouer fortement, comme animé d’une vie propre, et
de voir sur son visage des expressions de peur et de calme de manière presque
simultanées.
Suite à cet épisode plutôt mouvementé, son corps commença à se calmer et je
l’invitai à se rasseoir sur le fauteuil.
Cliente : Wouah !, c’est dingue cette expérience. Je me sens toute calme, toute
paisible maintenant. C’est curieux remarqua-t-elle, c’est comme si mon « moi »
n’avait jamais rien eu, et pourtant j’ai quand même vécu cela…
A un moment donné, « … la personne prend conscience que Ce Qu’Elle Est vraiment
45
Phillips Maggie et Frederick Claire, Psychothérapie des états dissociatifs, Editions Satas 2001, page
316-317
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
40
n’a pas été touché ; c’est la mémoire de son corps qui souffre. »46
En effet, c’est souvent une découverte fondamentale pour nos clients, lorsqu’ils
réalisent, que ce qu’ils sont, leur conscience, est restée inaffectée, non touchée, par
l’événement pourtant vécu de manière intense lors du choc originel.
Ils découvrent alors une facette d’eux-mêmes, souvent inconnue, mais toujours
présente. Ils découvrent pour la première fois leur esprit inaltérable, au cœur même
de la souffrance du noyau traumatique.
Nous nous vîmes encore quatre fois, pour finir de bien tout nettoyer ces mémoires
du passé, et installer de nouveaux futurs, positifs sécurisants et bénéfiques. Nous
avons également travaillé de manière à lui permettre d’intégrer en elle la partie d’elle
« petite fille-souris » traumatisée. Par la suite, je lui fis faire différentes expériences
hypnotiques, pour lui permettre de faire davantage confiance à son inconscient, ce
même inconscient qui l’avait si bien protégée jusque-là, de ces mémoires
dramatiques. Elle prit beaucoup de plaisir à la lévitation de la main, ainsi du bras qui
rêve, comme symbole des ressources qui se mettent en place profondément en elle,
pour lui permettre de se créer de nouveaux futurs paisibles et favoriser des nuits
encore plus reposantes et régénérantes.
Suite à l’intense séance de tremblements, surprise, le problème d’insomnie disparu
complètement. Je lui fit aussi faire une expérience de catalepsie rigide, ou je lui
montrai que je n’étais même pas capable de plier son bras devenu dur comme une
barre d’acier, représentant symboliquement cette force intérieure qui est en elle et
dont elle peut désormais, disposer à chaque fois qu’elle en a besoin, de manière
sécurisante, automatique et bénéfique.
Le revécu corporel en conscience semble souvent nécessaire pour intégrer de
manière complète l’énergie traumatique résiduelle figée. A l’image d’une passerelle
qui permet de libérer et d’intégrer l’énergie issue de la réaction à l’événement
traumatique.
Problème présenté : Insomnies chroniques, stress post-traumatique.
Longueur du traitement : 8 séances, celle-ci fut la quatrième.
Résultat : succès.
Suivi : 1 an. La cliente dort comme un bébé, elle a trouvé un compagnon doux et
affectueux et a pu reprendre son activité professionnelle qu’elle avait dû quitter, pour
cause de fatigue due au manque de sommeil.
Techniques : Prescriptions paradoxales, Focusing, Hypnose Ericksonienne et
Humaniste, Remodélisation d’Histoire de Vie, Lévitation de la main et Catalepsie
rigide, Futurisations Hypnotiques et Auto-Hypnose.
« La Conscience-sans-objet n’est pas une Cause Première : c’est le substrat qui sous
46
Lockert Olivier, Hypnose Humaniste, Editons IFHE 2006, page 276
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
41
tend tous les états et toutes les causes possibles. »47
Franklin Merrell-Wolff
Exemple L : « avion-phobie »
« L’Hypnose Humaniste n’est pas la voie la plus facile, car elle demande d’accepter
ce qui se présente sans censure. Bien des gens préfèrent rester la tête dans
l’aquarium, dans la matrice (Inconscient). »48
Olivier Lockert
« Rien n’est plus souple et faible au monde que l’eau. Pourtant pour attaquer ce qui
est dur et fort rien ne la surpasse et personne ne pourrait l’égaler. Que le faible
surpasse la force. Que le souple surpasse le dur. Chacun le sait. Mais personne ne
met ce savoir en pratique. »49
Lao Tseu
Un homme d’une cinquantaine d’années me fait part de sa demande à peu près
ainsi : « Voilà, j’ai 53 ans. J’ai perdu ma femme il y a 7 ans dans un accident de
voiture. J’ai une petite entreprise qui fonctionne bien et tourne presque sans moi. J’ai
rencontré une femme plus jeune, elle à 38 ans. Nous nous entendons très bien les
deux, et nous souhaitons passer d’avantage de temps ensemble et souhaitons
voyager. Seulement, voilà, j’ai une peur terrible des voyages en avion. J’ai besoin
d’aide, nous partons dans une semaine ».
Super m’écriais-je, nous avons vraiment largement plus de temps que nécessaire
pour vous préparer à prendre votre envol, de manière confortable à moins que cela
ne soit simplement agréable !
Je l’invitais donc à préparer le décollage en passant à l’action… dès maintenant.
Commentaire : la séance suivant ce client ayant été annulée la veille, j’ai eu la
possibilité de prendre quelques notes sur l’accompagnement général réalisé avec cet
homme, juste après l’intervention.
Thérapeute : Mettez vos deux pieds bien à plats sur le sol et placez vos deux mains
sur vos genoux. Pendant que vous prenez plusieurs bonnes grosses respirations
soyez attentif à votre main gauche (15 secondes par mains/pieds), puis placez votre
attention sur votre main droite. Maintenant, placez votre attention sur votre pied
droit, puis sur votre pied gauche. Et maintenant passez plus rapidement de la main
gauche, à la main droite, au pied droit, puis au pied gauche, faites plusieurs
passages, de plus en plus rapidement. Comme pour créer une spirale de plus en plus
grande. Laissez la spirale se déployer d’elle-même de plus en plus et placez votre
attention sur les deux mains et les deux pieds en même temps.
Et sentez votre corps en entier, dans sa globalité.
47
48
49
Merrel-Wolff Franklin, Une expérience spirituelle, Editons Le Relié 1997, page 169
Lockert Olivier, Hypnose Humaniste, Editions IFHE 2006, page 101
Tseu Lao, Tao Te King, Editions Albin Michel 1984
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
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Sentez votre respiration comme la spirale, et tout en restant présent à votre corps,
ouvrez votre esprit50 et laisser votre attention s’agrandir à la pièce en entier, ouvrez
la spirale et sentez l’espace de la pièce et votre respiration qui vous y relie. L’air qui
entre et qui sort et qui vous relie à bien plus loin que cette pièce, à perte d’horizon.
Nous baignons et sommes baignés par l’air qui nous entoure et qui nous relie à
l’espace, à l’univers, à toute choses, au vivant et à votre espace.
Maintenant, vous pouvez inviter votre peur des voyages en avion et soyez
attentif à comment cette peur se manifeste dans votre corps, dans votre espace.
Cette peur vient juste pour s’en aller. Elle a juste besoin d’être vue et reconnue pour
s’en aller. Laissez le flux de sensation s’exprimer dans votre espace, laissez le venir
afin qu’il s’en aille. Observez la forme que cette peur peut avoir, de quelle manière se
montre t-elle à vous ? Quelles sont les sensations, où se localisent t’elles
exactement ? Pouvez-vous me les décrire ? Quelles formes ont ces sensations ?
Commentaire : Mon client me partagea qu’il ressentait des tensions, des
contractions dans le ventre, les épaules, comme une sorte de fourmillement dans
tout le corps, avec comme un son bizarre, comme une sorte de corne de brume et
une vague de tristesse.
Je continuai : Vous pouvez autoriser le corps et le cœur à exprimer ce flux
d’énergie dans votre espace d’accueil et permettre au mouvement de bouger et au
son de se faire entendre en toute sécurité pendant que le brouillard se dissipe de luimême à chaque souffle qui se fait de manière automatique.
Pendant que vous vous reliez encore davantage à votre respiration qui vous
réuni à l’espace, regardez attentivement de quelle manière votre respiration change
et modifie ces sensations à chaque souffle, de manière bénéfique, constructive et
positive. Comment à chaque respiration cela se transforme de manière différente et
peut changez progressivement. Pouvez-vous observer comment les sensations
changent et deviennent différentes avec chaque respiration ? Et de quelle façon
chaque souffle change et modifie de manière bénéfique et presque imperceptible vos
émotions et vos sensations profondes ?
Vous pouvez en toute sécurité vous laisser traverser par ce mouvement en lui
permettant de se libérer en se déployant et en se diluant dans votre l’espace.
Avec votre respiration qui souffle sur les résidus dépassés qui se transforment
et permettent votre envol de manière confortable et agréable.
Pouvez-vous sentir en profondeur votre respiration qui renouvelle toutes vos
cellules et qui revitalise l’ensemble de votre corps et de votre esprit, qui se régénère
de lui-même à chaque souffle, en modifiant tout ce qu’il y a à modifier de manière
bénéfique ?
Pour terminer la séance je fis faire à mon client un grand nombre de futurisations de
voyages en avion, de plus en plus périlleux, jusqu’à l’imagination des pires scénarios
catastrophes.
En conclusion, après la dernière futurisation et la réouverture des yeux, mon client
m’exprima calmement, et d’une manière très détendue, attitude contrastant
énormément avec son attitude plutôt tendue et rigide du début de la séance, ces
quelques mots accompagnés d’un grand sourire :
Client : Je suis prêt à prendre mon envol. Merci ☺
50
Neo et le grand saut, jusqu’au bout il nous accompagnera.
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
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Synthèse de la trame de la séance :
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Induction hypnotique par focalisation et élargissement du champ d’attention.
Invitation en imagination de la situation redoutée.
Conservation d’un état d’ouverture de conscience permettant d’accueillir
sensations, images et symboles liés à la situation redoutée.
Remise en mouvement du cycle énergétique interrompu et intégration en
conscience des sensations, images et symboles, en leur permettant de se déployer
et de s’exprimer dans l’espace du champ de la conscience du sujet.
Autoriser les décharges corporelles de l’énergie bloquée.
Permettre l’expression émotionnelle de l’énergie bloquée.
Agir en mode « Thérapie Symbolique » si nécessaire.
Pratiquer des futurisations contextuelles.
Favoriser l’intégration du processus accompli.
Réorientation et ouverture des yeux.
Problème présenté : phobie des voyages en avions.
Longueur du traitement : 1 séance.
Résultat : succès.
Suivi : 3 mois. Une semaine après cette séance ils firent leur premier voyage en
avion, cela se passa très bien, le client libéré de toute appréhension, a même dormi
pendant le vol. Trois mois plus tard ils s’envolèrent à nouveau, encore plus loin, pour
de nouvelles aventures.
Techniques : Hypnose Humaniste, Focusing, Langage Hypnotique, Futurisations,
désensibilisation par immersion (technique de thérapie cognitive).
6. Conclusions avec un grand V
« Si un être humain veille, est en état de vigilance, l’Hypnotiseur ne peut plus rien
sur lui. […] Puis s’il retombe dans son sommeil, de nouveau l’Hypnotiseur peut
donner ses ordres ; et ces ordres, l’homme les reprend à son compte et en fait une
illusion de liberté.[…] C’est à cause du manque de vigilance que tout le reste est
possible. »51
Arnaud Desjardins
Un grand V, comme avenir. Il est fort possible que le rôle futur de l’Hypnothérapeute
devienne celui d’un spécialiste de la dé-hypnotisation. En effet, bien souvent le
noyau de la problématique est semblable à un phénomène hypnotique, un état de
transe phagocytant l’esprit conscient de la personne, de manière automatique et
inconsciente. Les inductions de types Humaniste peuvent permettre de sortir de ces
transes automatiques et permettre d’accéder et de libérer nos ressources intérieures.
51
Desjardins Arnaud, A la recherche du soi II, Editions La Table Ronde 1978, page 32
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
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« Le mystère de l’hypnose recèle la clé de la dé-hypnose »52
Stephen Wolinsky
Un grand V, comme vigilance. L’état « normal » de la conscience humaine,
ressemble à une suite de transes hypnotiques, de rêves successifs dans lesquels le
sujet passe d’une absorption à l’autre, d’un comportement automatique à l’autre,
avec de brèves lueurs de conscience passagères. Le chemin royal vers la conscience
de soi, c’est la pratique de la pleine conscience. Le travail consistant à se rappeler
soi-même en toutes occasions, dans toutes les circonstances. C’est une démarche qui
invite à prendre sa destinée en main, en ne laissant plus l’inconscient aux
commandes. C’est œuvrer pour le débranchement progressif du pilotage
automatique, pour reprendre le gouvernail de notre existence et commencer à vivre
libre, de manière délibérée et consciente.
« L’évolution de l’homme est l’évolution de sa conscience. Et la « conscience » ne
peut pas évoluer inconsciemment. »53
Georges Ivanovitch Gurdjieff
Un grand V, comme ouverture. Les techniques d’Hypnose sont comme des portes
ouvrant sur le monde des possibles. Que cela soit pour neutraliser des mémoires
émotionnelles, transformer des croyances, modifier des comportements, etc. La
palette d’outils Hypnotiques comprend nombres de méthodes et d’approches
permettant de libérer le passé pour vivre le présent de manière paisible et d’anticiper
des futurs harmonieux.
« La libération, c’est le relâchement complet de toutes les tensions, physiques,
émotionnelles et mentales »54
Swâmi Prajnanpad
Un grand V, comme travail. La « loi de la ferme » nous enseigne que pour récolter il
est tout d’abord nécessaire de semer. Et avant de semer, il faut labourer… Chaque
chose a son rythme, a son moment. La connaissance de soi, a pour but de nous
aider à mieux comprendre notre structure et ses fonctions, pour nous permettre de
nous libérer des automatismes inconscients, sortir de notre état hypnotique
conditionné, et favoriser d’avantage de lucidité dans notre vie quotidienne. Pour
réaliser cela, pas de formule magique, pas de truc ou de technique radicale. Chaque
instant demande son tribut à l’effort de vigilance et de lucidité nécessaire pour vivre
consciemment le moment présent. Le travail de résolution des mémoires
traumatiques avec l’Hypnose, est là, disponible, pour nous permettre de dénouer les
plus gros empêchements à une vie vécue en pleine conscience.
« … aucun manuel ne peut enseigner la psychologie. On ne l’apprend que par
52
Stephen Wolinsky, Ni ange ni démon, Editions Le Jour 1995, page 22
Georges Ivanovitch Gurdjieff, par Ouspensky Piotr Demionovitch, Fragments d’un enseignement
inconnu, Editons Stock 1994, page 95
54
Swâmi Prajnanpad, Les formules de Swâmi Prajnanpad, commentées par Arnaud Desjardins,
Editions la Table Ronde 2003, page 199.
53
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
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l’expérience concrète. »55
Carl Gustav Jung
Un grand V, comme vivant. Le travail de réunification intérieure, thème phare de
l’Hypnose Humaniste, et le travail de reconstruction intérieure version Nouvelle
Hypnose, nous permet de nous réunir, de nous réconcilier avec nos différentes
parties et de recoller les morceaux éparpillés. L’intégration et la congruence
personnelle, fruit de ce travail d’intégration intérieure, peut libérer beaucoup
d’énergie. Energie nécessaire pour alimenter le feu de la présence à soi, et faire
briller l’éclairage de la conscience dans notre vie. Le processus de défragmentation,
nous rapproche de nous-mêmes, nous commençons alors à redevenir pleinement
vivants, complets, unifiés.
« La pleine conscience, c’est la pratique qui consiste à ramener le corps et l’esprit
vers le moment présent, et chaque fois que l’on pratique cela, on redevient
vivant. »56
Thich Nhat Hanh
Un grand V, comme Olivier. Je remercie Olivier Lockert pour son charisme, sa
congruence et ses hautes compétences de communicateur. Je lui suis reconnaissant
également pour son enthousiasme contagieux, porteur d’énergies et de motivations
nouvelles. Je me réjouis de continuer à pratiquer et permettre aux autres de
bénéficier de cette exceptionnelle méthode aussi ancestrale que contemporaine.
Encore toute ma gratitude, pour m’avoir dévoilé de manière si sérieusement
humoristique les secrets des Thérapeutes Hors du Commun. Puissions-nous, tous
continuer à en faire de belles et bonnes choses.
Un grand V, comme rêver. Au-delà des différentes méthodes thérapeutiques, dans la
lignée de penseurs tels que Edgar Morin ou Henri Laborit, Howard Bloom nous invite
lui aussi, depuis sa vision de la nature humaine, à rêver d’un monde de paix, et
d’entente intelligente. Les cartes sont distribuées, c’est à nous de jouer, chacun de
nous y a son rôle, et peut à sa mesure contribuer à l’évolution de l’ensemble.
« L’évolution a offert une nouveauté à notre espèce : l’imagination. Grâce à ce don,
nous rêvons de paix. Notre tâche, la seule peut-être à pouvoir nous sauver, et de
transformer ce dont nous rêvons en réalité. »57
Howard Bloom
Le mot de conclusion finale revient tout naturellement à l’Oracle du film Matrix car :
« Tout ce qui a un début, à une fin »58
Oracle
55
56
57
58
Jung Carl Gustav, Essai d’exploration de l’inconscient, Editons Robert Laffont 1964, page 155
Thich Nhat Hanh, Vivre en pleine conscience, Editions Terre du Ciel 1997, page 71
Bloom Howard, Le Principe de Lucifer Tome 1, Editions Le jardin des Livres 2001, page 382
Dialogue dans Matrix I, l’Oracle à Néo
Mémoire Maître Praticien – Hypnoses et Thérapies – IFHE – 2008 - Laurent Barbay
Inspirations bibliographiques
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