Sujet de géographie : La géopolitique est
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Sujet de géographie : La géopolitique est
Capes histoire-géographie 2012-2013 Epreuve Orale sur Dossier Sujet de géographie : La géopolitique est-elle l’avenir de la géographie ? Document N° 1 : extrait d’un article d’Emmanuel Fabre, « De la géopolitique. Le point de vue des dictionnaires de géopolitique », Cybergeo : European Journal of Geography. Pour Moreau Defarges (1) à côté d’une « géopolitique classique [qui] est centrée sur l’Etat, sa croissance et son déclin. (…) se dessine une microgéopolitique, analysant l’évolution des « micro-entités » : régions, villes, multinationales, organismes divers… Cette micro-géopolitique s’inscrit dans des évolutions globales, affectant l’ensemble des phénomènes sociaux. » (p138). Il ajoute par ailleurs : « Dans la géopolitique classique, l’enjeu central est l’appropriation des territoires et l’Etat souverain est le seul acteur. L’écologie suscite à la fois de nouveaux enjeux géopolitiques (quel avenir pour l’Amazonie ? Quelle organisation pour le transport des déchets ?…) et de nouveaux acteurs (outre les Etats, les entreprises, les organisations non-gouvernementales…). Il ne s’agit plus seulement de s’interroger sur la répartition des emprises territoriales mais aussi d’appréhender les flux de toutes sortes, les configurations de forces qui en résultent. (…)Ainsi s’esquisse une macro-géopolitique s’intéressant moins au partage des espaces qu’à leur mode d’utilisation, à leur gestion » (p.71). (1) MOREAU DEFARGES P., 2002, Dictionnaire de géopolitique, Paris, Armand Colin Document N°2 : extrait de géopolitique de l’aménagement du territoire, Philippe Subra, A Colin, 2007. La décision de la Régie Renault en 1989 de fermer son site historique de Boulogne-Billancourt a déclenché un conflit tous azimuts, qui a duré plusieurs années. Un conflit ou plutôt un ensemble complexe d'affrontements, qui ont opposé successivement ou parallèlement la ville de Boulogne-Billancourt et l'État (1989-1992), mais aussi plusieurs élus des Hauts-de-Seine entre eux, Paul Graziani à Jean-Pierre Fourcade et Charles Pasqua, et les deux premiers à l'un de leurs principaux adjoints (1995, 2000), la ville à la CGT, soutenue par un certain nombre d'intellectuels de gauche et d'architectes célèbres (1999), puis à certaines associations locales (2004), et pour finir à l'homme d'affaires et collectionneur François Pinault (2005), qui décidera finalement d'abandonner son projet de fondation d'art contemporain. L'objet de ce conflit est le projet d'aménagement des terrains libérés par la destruction programmée de l'usine 50 hectares au total, qui se répartissent entre l'île Seguin (11,5 hectares), un terrain de 32 hectares situé sur la rive droite de la Seine, entre le fleuve et le centre-ville, en forme de trapèze, et 6,5 hectares sur la rive gauche, sur le territoire de la commune voisine de Meudon. Ces terrains sont remarquables à plusieurs titres par leur superficie, qui permet d'envisager une opération d'aménagement de grande envergure, par le site - une île, des terrains en bord de Seine —, enfin par leur localisation géographique, à l'entrée ouest de Paris, en plein « croissant d'or » des Hauts-de-Seine, dans un secteur soumis à un processus de valorisation urbaine et foncière extrêmement puissant et où se sont implantés, au cours des années précédentes, les sièges sociaux du groupe Bouygues et de TF1, France Télévision et Canal Plus. Les enjeux sont différents selon les acteurs. Après avoir envisagé, en 1980, d'installer sur le site son centre de design et d'innovation technologique, la Régie Renault s'est placée dans une logique purement financière. Son objectif est de vendre ses terrains au prix le plus élevé possible (en n'en conservant qu'une petite partie pour accueillir son futur siège social), car le groupe doit financer une politique d'acquisitions à l'international extrêmement active (rachat de Dacia, d e Samsung Automobiles et surtout prise de participation chez Nissan). Estimé au départ par l'inspection des Finances entre 1,3 et 6 , 5 milliards de francs, le prix de vente des terrains est évalué au plus fort de la bulle immobilière entre 8 et 9 milliards de francs, soit environ 1,3 milliard d'euros. La Régie ne s'est pas pressée de vendre tant que les prix montaient, puis mettra un certain temps à s'y décider, quand ils commenceront abaisser, dans l'espoir d'un retournement de tendance. Ces délais permettront à la collectivité locale de revenir dans un jeu dont elle avait été au départ exclue. Quant au contenu de l'opération d'aménagement, il n'intéresse Renault que dans la mesure où plus la superficie de bureaux sera importante, plus le prix de vente sera élevé. Pour la ville de Boulogne-Billancourt, l'enjeu est évidemment tout autre. La cinquantaine d'hectares que va libérer la Régie sont une opportunité unique d'achever l'aménagement du territoire communal et de construire les équipements collectifs et les logements que réclament les électeurs. Mais il s'agit aussi de compenser le manque à gagner en recettes fiscales que va entraîner le départ de Renault, et si possible, en attirant sur son sol de nouveaux sièges sociaux, de récupérer une part de la manne financière dont bénéficient les communes du centre et du Sud du département. La ville veut donc aboutir à une opération mixte, comportant le maximum de bureaux, tout en prévoyant un certain nombre de logements, d'espaces verts et d'équipements de proximité. Pour cela, il lui faut avant tout éviter d'être dépossédée du contrôle de l'opération d'aménagement par l'État. Celui-ci se place dans une autre perspective, celle du rééquilibrage de l'aménagement régional et de la compétition qui oppose les deux plus grandes agglomérations européennes, Paris et Londres. L'État voit dans la future opération l'occasion de doter la capitale d'équipements de niveau international qui lui manquent encore, d'accroître son rayonnement, tout en évitant d'encourager la spéculation foncière et d'aggraver le déséquilibre entre l'est et l'ouest de l'agglomération, par une nouvelle concentration de bureaux. Document N°3 : Manuel de géographie de Première, Nathan 2011, collection E Janin et JL Mathieu, pages 206-207 Document N° 4 : La Dissuasion nucléaire en 2030, Conclusion du rapport de Bruno Tertrais pour la Fondation de la Recherche Stratégique, 2006. En termes de conclusions opératoires pour l’avenir de la dissuasion nucléaire française, l’examen des scénarios permet de suggérer les pistes suivantes : � Il est prudent de s’attendre à un affaiblissement des moyens budgétaires, techniques et humains mis à la disposition de la dissuasion nucléaire, sauf peut-être pour les domaines duaux (civil & militaire, nucléaire & conventionnel). � Dans tous les scénarios, une réévaluation régulière des besoins de la dissuasion, sans doute tous les cinq ans, sera certainement demandée. � La réactivité, la souplesse et l’adaptabilité seront donc des caractéristiques indispensables pour le complexe nucléaire français. � Le renseignement dans toutes ses composantes technologiques et humaines sera encore davantage sollicité qu’il ne l’est aujourd’hui pour la construction des planifications (détection à temps d’une menace virtuelle ou masquée, identification précise des centres de pouvoir, compréhension des logiques doctrinales des États nucléaires, repérage du départ des tirs de missiles, identification de l’origine des matières en cas d’attentat nucléaire ou radiologique, etc.). � La Chine sera à l’avenir un déterminant des équilibres stratégiques internationaux, y compris indirectement pour la France, de manière beaucoup plus importante que ce n’est le cas aujourd’hui. � La distinction traditionnelle entre « puissances majeures » et « puissances régionales » pourrait s’avérer moins claire que par le passé, avec des conséquences en termes de planification. � La notion d’indépendance nationale dans le domaine nucléaire n’aura plus le même sens que par le passé, pour des raisons politiques et industrielles. La demande politique de coopération entre pays occidentaux dans les domaines liés à la dissuasion nucléaire, notamment avec la Grande- Bretagne, a de grandes chances d’être plus forte qu’elle n’a été par le passé. Question : La politique de défense de la France peut-elle être expliquée aux élèves ?