Le contexte des aménagements des berges de Seine à

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Le contexte des aménagements des berges de Seine à
Le contexte des aménagements des berges de Seine à Croissysur-Seine pour le projet appelé « programme Croissy 2 »
Septembre 2009
1. Le contexte
2. Les ensemencements
3. Les hélophytes
4. Les lits de plants et plançons
5. Les espèces xérophiles, mesoxérophiles, mesohygrophiles et
hygrophiles
6. Références bibliographiques
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1. Le contexte
Nous avons voulu, dans ce préambule, rappeler le contexte européen, national, régional et
départemental dans lequel se situe cette opération. L’attention portée à la qualité de l’eau, à la
préservation et au développement de la biodiversité, à la préservation et à la mise en valeur du
patrimoine naturel sont devenus des enjeux incontournables et prioritaires au niveau de la planète
toute entière. C’est sur ces éléments que nous fondons nos remarques et avis.
Nous avons surligné en jaune, dans ce préambule, les points directement concernés par ce
programme d’aménagement de berges.
Le projet Croissy 2 se place dans le contexte de la DCE, Directive Cadre Européenne sur l’eau de
2000 qui fixe comme objectif à tous les pays européens, l’atteinte d’une bonne qualité des eaux
de surface et souterraines pour 2015 (avec des dérogations possibles jusqu’à 2021 et 2027).
La France, en application de cette Directive, a mis à jour ses SDAGE, Schémas Directeurs
d’Aménagement et de Gestion des Eaux. Celui qui nous concerne est le SDAGE Seine
Normandie.
Le SDAGE Seine Normandie, voté par le Comité de bassin Seine Normandie, définit des
orientations fondamentales pour répondre aux enjeux du Bassin. Celles-ci sont déclinées dans
plusieurs textes de référence élaborés par l’Agence de l’Eau Seine Normandie (manuels
d’application, documents définissant les politiques suivies).
1) Orientations fondamentales du SDAGE pour répondre aux enjeux du bassin
Défi 6 : protéger et restaurer les milieux aquatiques et humides
Disposition 48a Entretenir les milieux de façon à favoriser les habitats et la biodiversité
L’entretien des cours d’eau et du littoral a pour objectif d’assurer une gestion écologique des
différentes composantes des berges, du lit mineur et de l’estran. Il participe au maintien ou au
développement de la diversité des milieux. Il doit être mené dans le cadre d’un plan de gestion
pluriannuel, établi à une échelle hydrographique cohérente conformément au décret n°2007-1760
du 14 décembre 2007. Il s’agit, en particulier, de privilégier les techniques douces. En effet les
opérations d’entretien ne doivent pas conduire à une rupture des interconnexions entre habitats, ni
à une altération des habitats sensibles.
Disposition 49a Restaurer, renaturer et aménager les milieux dégradés ou artificiels
Dans le cadre du plan de gestion pluriannuel prévu à l’article L.215-15 du code de l’environnement,
il est recommandé que le maître d’ouvrage établisse et mette en œuvre une phase de restauration
des cours d’eau. Il est souhaitable que la restauration :
• soit conduite à une échelle hydrographique cohérente ;
• s’appuie sur un diagnostic de l’état initial des milieux ;
• poursuive un objectif de renaturation du milieu afin qu’il retrouve un maximum de potentialités et
atteigne le bon état écologique.
Selon les enjeux, la maîtrise d’ouvrage peut se doter d’un garde rivière.
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2) Le « Manuel de restauration hydromorphologique des cours d’eau », édité en
décembre 2007 par l’Agence de l’eau Seine Normandie
(http://www.eaurmc.fr/typo3conf/ext/dam_frontend/pushfile.php?docID=642)
Ce Manuel introduit ainsi la problématique :
« Depuis 2000, la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) donne des objectifs de résultats ambitieux en
termes d’état ou de potentiel écologique des rivières, et en termes de continuité écologique. Or
l’état des lieux du bassin réalisé en 2004 a mis en évidence que pour un grand nombre de masses
d’eaux de surface, le principal obstacle au bon état écologique est un problème de qualité
physique des rivières (berges et lit mineur) et donc de qualité des habitats. Pourtant, sur le terrain,
les objectifs et pratiques dites d’entretien sont encore souvent d’ordre hydraulique (limiter les
débordements ou l’érosion des berges, etc.) et paysager. Même si elles répondent à une
demande sociale, ces pratiques ont souvent un impact négatif sur les habitats et les espèces, et
dégradent ainsi l’état écologique global des cours d’eau. Aujourd’hui, encore trop peu de maîtres
d’ouvrage se lancent dans des projets ambitieux de restauration morphologique des cours d’eau
anthropisés. Les raisons sont diverses : coût financier important malgré les aides publiques,
demande sociale émergente (pas toujours compatible avec le bon état écologique),
méconnaissance du fonctionnement des rivières et manque de compétences techniques pour
initier et suivre des travaux.
3) Le 9ème programme d’intervention (2007-2012) de l’Agence de l’eau Seine-Normandie
Dans le cadre de ce programme, l’Agence s’est engagée à ce que chaque opération sur les cours
d’eau financée contribue directement à l’amélioration de l’état écologique du cours d’eau
considéré.
4) La politique de l’eau 2008-2010 de la Région Ile-de-France
La Région Ile-de-France a pour ambition de devenir une éco-Région pilote, c’est-à-dire une
Région exemplaire en matière de développement durable. Elle y consacre un budget conséquent.
Cette politique a été élaborée en conformité avec la Charte de l’environnement et du projet de
SDRIF arrêté en 2007, et en tenant compte de la situation sur le terrain au terme de ses actions
précédentes. Or, que cela soit par l’assainissement, l’aménagement de berges ou la préservation
des milieux, la politique que la Région a mise en œuvre depuis 1992 avec l’Agence de l’eau
Seine-Normandie porte ses fruits. La qualité des rivières et des nappes d’eau souterraines se sont
ainsi fortement améliorées. Néanmoins, de nombreux efforts restent à faire pour mieux préserver
la biodiversité et mieux traiter les eaux usées. Le risque d’inondation reste par ailleurs majeur sur
tout le territoire et il appelle à la vigilance en particulier en matière d’urbanisation.
Autre objectif : stopper l’érosion de la biodiversité en réduisant les dégâts sur la nature. Pour ce
faire, la restauration des écosystèmes est privilégiée : libre circulation de la faune et de la flore
piscicoles, retour de certaines espèces comme la loutre ou le saumon, reconstitution des mares,
haies, fossés et berges.
5) La politique du département : favoriser la biodiversité
Dans l’ouvrage « Politique des départements en faveur des berges du «Fleuve» en Île-deFrance », publié en juillet 2007 par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région d’Ile-deFrance (IAURIF), Département Urbanisme et aménagement du territoire (DUAT), il est dit
concernant le département des Yvelines : « Le constat des services départementaux est que les
projets proposés par les collectivités répondaient peu aux critères d’attribution de ces subventions.
Il serait important que les maîtres d’ouvrage puissent faire évoluer leurs projets pour mieux
intégrer les techniques de confortement et d’aménagement de berges pour favoriser la
«biodiversité ».
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2. Les ensemencements
Les ensemencements - les mélanges grainiers
Toutes les techniques végétales utilisent les ensemencements car ceux-ci empêchent le
développement de plantes indésirables pendant la reprise des végétaux (saules, hélophytes,
ligneux...). Lors d’ensemencement, il est important de mettre en place des mélanges grainiers
adaptés au site (conditions hydriques, climat, contraintes mécaniques (pente du talus...)). Chaque
mélange sera différent dans sa composition (pourcentage de chaque type de végétaux), suivant le
site. Quelques genres sont rencontrés régulièrement, on les rencontre naturellement sur les cours
d’eau : Festuca (fétuque); Agrostis (agrostide); Poa (pâturin); Alopecurus pratensis (Vulpin des
prés) ; Phalaris arundinacea (Phalaris faux-roseau) ; Lotus ; Trifolium (trèfle) ; Medicago
(luzerne) ; Achillea millefolium (Achillée millefeuille) ; Plantago (plantain). Il faut éviter les
mélanges grainiers 100% graminées. Il faut y insérer des légumineuses ou autres plantes en
semences (5 à 10 % du mélange). En effet, les graminées et légumineuses se complètent du
point de vue racinaire (ancrage différent = stabilisation augmentée), du point de vue aérien
(développement différent, meilleure occupation du sol), les légumineuses peuvent s’adapter aux
sols pauvres et résistent mieux aux périodes de sécheresse. Il est également nécessaire de varier
fortement les espèces semées. Les conditions de croissance sur une berge sont souvent
hétérogènes suivant la hauteur sur le talus, le type de remblai... Des zones se délimitent alors
naturellement suivant le sol en place. En diversifiant le mélange, on augmente les chances de
reprise de chaque « mini zone » où les propriétés du sol diffèrent sur un même site. Il peut être
nécessaire de changer le mélange grainier suivant la hauteur sur le talus, afin que les plantes
soient mieux adaptées aux conditions hydriques du sol. Ces conditions varient en effet
considérablement avec la distance par rapport à l’eau. Voies Navigables de France – Guides « Application des techniques végétales pour la protection des berges des voies navigables »
http://www.vnf.fr/vnf/img/cms/Tourisme_et_domainehidden/guide_veget_200902271443.pdf
Les ensemencements
L’ensemencement est une technique de stabilisation en surface de l’ensemble de la berge, par
dispersion de graines d’espèces herbacées, réalisée manuellement ou hydrauliquement.
Cette technique est surtout utilisée pour limiter l’érosion superficielle notamment par ravinement.
Elle permet également de limiter le développement spontané d'essences indésirables. En général,
l’ensemencement est une mesure d'accompagnement d'autres techniques, destinée à assurer
une protection rapide et à court terme, avant que la végétation ligneuse soit pleinement
développée. Mais dans des endroits peu sollicités par les contraintes érosives, un
ensemencement peut constituer un aménagement à part entière.
Remarque L’ensemencement est souvent associé à la pose d'un géotextile biodégradable sur des
berges terrassées, de manière à limiter l’érosion superficielle avant le développement complet des
herbacées.
Domaines d’application et Recommandations
Technique de stabilisation rapide et efficace sur des cours d’eau à faibles contraintes érosives.
Presque toujours utilisé comme mesure d’accompagnement à une ou plusieurs autres techniques.
Destiné à améliorer et compléter l’efficacité générale de la protection de berge.
L’ensemencement permet le maintien d’un milieu ouvert ou semi-ouvert.
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Préconisé pour limiter le développement d’espèces indésirables (renouées, orties, balsamines,
ronces, etc.) ou d'espèces herbacées à développement vertical important susceptible de trop
concurrencer des plantations par exemple.
L’ensemencement à sec est généralement plus lent à lever et son adhérence au sol moins bonne.
De ce fait, il doit être uniquement réalisé dans des périodes très favorables pour lesquelles la
germination des graines sera rapide (on limitera de ce fait les pertes par ravinement des eaux).
Choix des mélanges Mise en œuvre
L’ensemencement sur la berge est réalisé soit manuellement, soit par projection hydraulique selon
des densités variant généralement de 10 à 30 g/m². Si nécessaire, reprofiler la berge et
décompacter le sol avant l’ensemencement.
Le mélange grainier, souvent essentiellement composé de graminées, doit néanmoins comporter
une proportion de 3 à 10% de légumineuses surtout lorsqu'un effet stabilisateur important est
attendu. Les graminées et les légumineuses présentent une excellente complémentarité au niveau
de l’utilisation de l’espace aérien et souterrain. Les mélanges comportant une part de
légumineuses présentent une meilleure tolérance face à la sécheresse.
Le mélange grainier doit comporter une grande diversité d’espèces (variation des besoins
physiologiques entre les espèces), compte tenu que les conditions de croissance sont souvent
hétérogènes sur une berge (variation de l'approvisionnement hydrique entre le sommet et le pied
de berge par exemple). Une couverture herbeuse diversifiée présente également une valeur
écologique supérieure.
Technique de végétalisation pouvant être réalisée toute l'année, toutefois on évitera généralement
sous nos latitudes les mois de juillet et août.
Les études des Agences de l’eau - Retour d’expérience des travaux réalisés en techniques
végétales sur les cours d’eau français - guide technique http://www.eau-rhinmeuse.fr/tlch/rivieres_et_zh/guides/Techniques%20v%C3%A9g%C3%A9tales_Fiches%20techniq
ues.pdf
3. Les hélophytes
Les hélophytes
Ce sont des plantes qui peuvent vivre les pieds dans l’eau. Elles supportent un certain temps de
submersion. Elles sont généralement plantées en godets. Elles sont choisies en fonction de leur
adaptation au sol (notamment suivant le taux d’humidité). Elles n’aiment pas être éloignées de la
ligne d’eau mais ne supportent pas non plus d’être totalement immergées. Il est donc important de
les planter à bonne hauteur, au niveau de l’eau ou au-dessus (en dépassant les
50 cm au-dessus de l’eau, certaines variétés montrent déjà des signes de faiblesse dans leur
développement). Lors de la plantation, les différentes espèces sont mélangées pour permettre des
plantations diversifiées. Certaines reviennent très souvent dans les aménagements en techniques
végétales :
Iris pseudoacorus (iris des marais) qui a un très bon développement ; typha latifolia (massette à
larges feuilles) qui a tendance à envahir si elle est plantée en excès ; Phragmites communis
(roseau commun) dont le système racinaire est vigoureux ; les Carex (laiches) ;
Voies Navigables de France – Guides - « Application des techniques végétales pour la protection
des berges des voies navigables »
http://www.vnf.fr/vnf/img/cms/Tourisme_et_domainehidden/guide_veget_200902271443.pdf
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4. Les lits de plants et plançons
Le plançon est une branche de saule, de peuplier, etc. qui est séparée du tronc dans le but de la
planter en terre pour former une bouture. La bouture en plançon s’effectue principalement avec
des saules. Pour réaliser un lit de plants et plançons, il faut alterner dans de petites tranchées sur
plusieurs niveaux, des plançons de saule et des plants à racines nues. Chaque rangée de
branches est recouverte par le matériel extrait de la tranchée supérieure. Il en résulte des cordons
de végétation horizontaux et parallèles. Lorsqu’une berge est reconstituée par couches
successives, il suffit de déposer les lits de plants et plançons sur les couches successives du
remblai. Cette technique permet de drainer et de stabiliser les fonds mouvants. Elle diminue
également l’érosion par ruissellement et prévient les glissements de terrains superficiels.
Champs d’application
Cette méthode est utilisée principalement pour des consolidations rapides. Elle permet également
de reconstituer des berges même hautes, après effondrement. Enfin, elle stabilise les pentes
instables qui présentent des risques de glissement.
Avantages
Cette technique est très simple et bon marché.
La pénétration profonde des racines rend la méthode particulièrement efficace.
Les plants à racines nues peuvent être d’une autre essence que le saule, ce qui évite la
monoculture. Enfin, ce genre d’ouvrage est rapidement colonisé par les autres plantes
autochtones.
5. Les espèces xérophiles, mesoxérophiles, mesohygrophiles et
hygrophiles
Les espèces xérophiles sont des espèces présentes sur les sols superficiels, dans des
conditions pédoclimatiques sèches, aussi bien sur substrats calcaires que sur substrats siliceux.
Les espèces mésoxérophiles sont des espèces présentes aussi bien sur substrats calcaires que
sur substrats siliceux, sur des sols moins superficiels et dans des conditions pédoclimatiques
moins sèches que celles que connaissent les espèces xérophiles.
Les espèces mésohygrophiles sont des espèces qui ont besoin de grandes quantités d'eau
pendant une bonne partie de leur développement.
Les espèces hygrophiles sont des espèces qui ont besoin de grandes quantités d'eau tout au
long de leur développement.
Le plus souvent, ces espèces se rencontrent sur les terrains alluvionnaires ou sur les pentes au
niveau des suintements. Elles sont de bonnes indicatrices de sols constamment engorgés, de
nappe dont le niveau reste haut toute l'année.
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6. Références bibliographiques
1. Guide de protection des berges de cours d’eau en techniques végétales – Bernard
LACHAT – Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement –
1994/1999
2. Manuel de restauration hydromorphologique des cours d’eau – BIOTEC Philippe
ADAM et Nicolas DEBIAIS, Jean-René MALAVOI – Agence de l’eau Seine
Normandie – Décembre 2007
http://www.eaurmc.fr/typo3conf/ext/dam_frontend/pushfile.php?docID=642
3. Application des techniques végétales pour la protection des berges des voies
navigables – Guides - Yannick BARBRY - Voies Navigables de France – août 2002
http://www.vnf.fr/vnf/img/cms/Tourisme_et_domainehidden/guide_veget_200902271443.pdf
4. Guide des techniques végétales - Voies Navigables de France – mai 2003
5. Restauration et aménagement de berges sur les voies navigables d’Ile-de-France –
Guide méthodologique – SOMIVAL - Voies Navigables de France – Agence de l’eau
Seine Normandie – Novembre 2005
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