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& ENTREPRISES ARTISANALES Région Basse-Normandie TECHNOLOGIES ARTISANS DE L’ALIMENTAIRE, INFORMEZ VOS CLIENTS ! (Nouvelle réglementation sur l’information du consommateur) Une nouvelle réglementation vient profondément modifier les règles d’information des clients des entreprises artisanales. Dorénavant, pour certaines denrées, les artisans seront soumis aux mêmes règles que toutes les entreprises de l’agroalimentaire. Comment faire pour respecter ces nouvelles règles quand on est artisan ? Peut-on concilier ces exigences avec un positionnement d’artisan traditionnel ? Ces questionnements sont fréquents de la part des artisans qui découvrent le règlement INCO et amorcent un débat de fond sur les professions artisanales de l’alimentaire. Nouvelle réglementation : contrainte ou opportunité pour l’Artisanat ? Le règlement européen n°1169/2011 ou « Règlement INCO » comme INformation du COnsommateur date de 2011 et entre en vigueur depuis de façon échelonnée. Il a pour objectif d’harmoniser la législation sur le plan européen et pour toutes les entreprises. C’est à ce titre que les entreprises artisanales se trouvent concernées aujourd’hui. Vécue comme une contrainte par beaucoup, cette réglementation, une fois maîtrisée et intégrée par les professionnels, sera aussi un DOSSIER THÉMATIQUE | Décembre 2014 avantage commercial pour les artisans qui pourront ainsi valoriser la spécificité de leurs fabrications. Quant à la communication sur les allergènes, elle devrait permettre à une clientèle, de plus en plus nombreuse, victime d’allergies, de consommer plus facilement des produits artisanaux. Jean-Marie BERNARD Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Région de Basse-Normandie Région Basse-Normandie ARTISANS DE L’ALIMENTAIRE, INFORMEZ VOS CLIENTS ! L’ensemble des métiers de l’alimentaire est concerné, boulangers, pâtissiers, bouchers, charcutiers, traiteurs, restaurateurs, ateliers de production... Tous les artisans vont devoir appliquer ces nouvelles règles d’étiquetage ou d’annonce aux clients, à compter du 13/12/2014. Ce numéro est aussi l’occasion de vous rappeler les principales informations que vous pourrez volontairement communiquer à vos clients, pour valoriser vos produits. Ce qui change pour les artisans. La loi s’applique en deux temps. 13/12/2014 : premièrement, informer les clients sur la présence d’allergènes (toutes les professions de l’alimentaire sont concernées), et deuxièmement, créer ou adapter les étiquetages des produits préemballés (sont concernés, les professionnels proposant des produits vendus sous emballage fermé). 13 décembre 2016 : les denrées vendues sous emballage fermé devront intégrer dans leur étiquetage une « déclaration nutritionnelle » (valeurs nutritionnelles du produit). Depuis le 13/12/2014 : des informations nouvelles sont à indiquer aux clients et des étiquetages sont à modifier. Là encore deux cas de figures, pour les produits non préemballés, vendus en boutique, il faut désormais indiquer au client la présence d’allergènes à déclaration obligatoire (voir liste sur www.economie.gouv.fr). Ex. de produits non préemballés : baguettes de pain, bonbons de chocolats sur plateau ou en vrac, entremets, croissants… Pour les produits préemballés, certaines mentions obligatoires sont à modifier. Le règlement impose notamment la mise en évidence des allergènes et des nanomatériaux au niveau de la liste des ingrédients ; il étend l’étiquetage de l’origine à d’autres produits ou ingrédients, etc. Ex. de produits préemballés : ballotins de chocolats scellés à l’avance, biscuits en sachets, pots de confiture… (Liste complète des mentions obligatoires sur notre site www.cmar-bn.fr) À partir du 13/12/2016, il faudra mentionner des informations nutritionnelles : Pour les denrées préemballées uniquement, il faudra faire apparaître les données suivantes : la valeur énergétique, la quantité de matières grasses, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines, de sel. Dès maintenant, pour le cas particulier des ventes de denrées préemballées via un site internet ou tout autre support de vente à distance : les informations obligatoires d’étiquetage doivent être fournies avant l’achat (ou tout autre support de vente à distance), elles doivent donc apparaître sur le support de vente à distance (site Internet, catalogue). Lors de la livraison de denrées préemballées, toutes les informations obligatoires doivent être fournies au consommateur (dont date limite). Un formalisme est à respecter pour les étiquettes : Les informations obligatoires doivent être facilement lisibles et respecter une taille minimale de 1,2 mm (voire 0,9 mm pour les petits emballages). Attention aux messages sanitaires obligatoires : Si vous êtes amenés à faire de la publicité en faveur de produits alimentaires manufacturés, vous devez prévoir d’insérer une information à caractère sanitaire ; par exemple « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière ». Concrètement comment faire ? Pour maîtriser cette réglementation le plus simple et le plus rapide reste de s’informer et de se former. Pour cela la CMAR-BN vous propose un parcours en deux étapes : 1 – Pour tous : des réunions d’information pour savoir quelles sont les exigences qui vous concernent (selon que vous proposez ou non des denrées préemballées) ; 2 - Puis, uniquement pour les professionnels qui vendent des produits préemballés au sens de la réglementation, une formation au cours de laquelle vous pourrez travailler sur les spécifications à porter sur vos propres étiquettes, à partir des recettes que vous amenez avec vous. Le nombre de place est limité car le travail individuel sur la rédaction d’étiquettes nécessite de petits groupes. Plus vous vous inscrirez tôt, plus nous serons en mesure de nous organiser pour vous accueillir. Le réseau des Chambres de Métiers et de l’Artisanat de Basse-Normandie vous accompagne Sachez que le Centre Technique des Métiers de la Pâtisserie vous propose un guide d’étiquetage, lequel nous a servi de référence pour ce dossier. Le guide s’adresse en priorité aux pâtissiers, glaciers, chocolatiers, confiseurs et traiteurs. Attention : le fait de posséder ce guide n’est en général pas suffisant pour appliquer la nouvelle réglementation. Une formation reste le plus souvent nécessaire. De nombreux artisans se sont déjà formés en 2014 au cours des sessions proposées dès le mois de juin. TÉMOIGNAGES Gilles BERTHEAU Directeur du Centre Technique des Métiers de la Pâtisserie (CTMP) Le point de vue d’un Pôle d’Innovation. Qu’est-ce que le CTMP ? Le CTMP existe depuis 1990. C’est un Pôle d’Innovation au service de tous les artisans pâtissiers, chocolatiers, confiseurs, glaciers, traiteurs, qu’ils soient ou non adhérents d’une organisation professionnelle. Le CTMP est cependant porté et soutenu par la Confédération Nationale des Artisans Pâtissiers, sans qui le CTMP ne pourrait exister. www.ctmp.org Comment les professionnels que vous accompagnez réagissent-ils à cette réglementation ? En premier lieu, cette réglementation est vécue comme une nouvelle contrainte, et peut susciter un découragement chez les artisans. Ils craignent aussi d’être assimilés, par leurs clients, à des entreprises industrielles, du fait de l’obligation d’étiquetage détaillé des ingrédients, et d’information sur les allergènes. Mais après avoir participé à une formation afin de comprendre le cadre de la loi et de travailler sur la création d’étiquettes, les artisans sont assez vite rassurés et parviennent sans difficulté à devenir globalement autonomes. Les artisans ont surtout la crainte de se tromper, car nous sommes sur un sujet réglementaire. Paradoxalement certains auraient tendance à préférer ne pas étiqueter, voire ne plus pré-emballer, plutôt que de mal faire. C’est ce qu’il faut absolument éviter. Il est vrai que certaines petites entreprises ont une charge de travail telle que ce n’est pas toujours facile de mettre ces mesures en place. Peut-il y avoir des effets positifs de cette évolution réglementaire ? Effectivement. Par exemple, certains artisans sont amenés à prendre des distances par rapport à l’offre de leurs fournisseurs. Ils vont reprendre la main sur certaines recettes, vont être plus critiques quant aux matières premières ou rechercher des alternatives lorsqu’un ingrédient donne une mauvaise image du produit. La réalisation de fiches-produits, comme toute formalisation entraîne une organisation encore plus professionnelle. La priorité d’un artisan c’est avant tout la recherche du goût. Ce qui va être intéressant avec cette évolution, c’est que l’artisan aura l’occasion d’enrichir sa démarche en intégrant par exemple la notion de nutrition (limitation des ingrédients sucrés et gras), d’environnement… Contact : CTMP - 31, rue Marius Aufan – 92309 Levallois Perret Cedex / tél. : 01.40.89.96.70 / [email protected] Laurent LE GOFF Maison de la Tripe (61) Le point de vue du professionnel. Même si la nouvelle réglementation sur l’information du consommateur est pour nous, artisans, une nouvelle contrainte, nous n’avons pas le choix , nous devons l’appliquer. Il faut dire que pour moi ce n’est pas totalement nouveau, car j’étiquetais déjà mes produits en conserves. Mais j’avais besoin de compléter mes connaissances. C’est pour cela que j’ai participé à une réunion d’information puis à une formation, pour comprendre ce qui change dans les obligations. A l’issue de cette formation (une journée), j’en ressors avec une plus grande assurance dans la réalisation de mes fiches techniques. Ce sont ces fiches qui me serviront à rédiger mes étiquettes. J’ai déjà réfléchi à des astuces pour informer visuellement les clients dans le magasin (utilisation de codes couleurs pour les allergènes), mais aussi pour adapter mon stock d’étiquettes afin de les écouler. Il faut prendre le temps de réaliser les fiches-produits, elles sont d’ailleurs du même type que celles que nos fournisseurs devront nous fournir. Il devrait y avoir un dialogue intensifié entre le personnel de vente et le laboratoire, car c’est bien le personnel de vente qui devra parler du produit aux clients. Je suis maintenant convaincu que ce n’est pas insurmontable pour les artisans. ENTREPRISES ARTISANALES & TECHNOLOGIES Profitez de cette évolution réglementaire pour développer des messages valorisants vers vos clients ! Un certain nombre de mentions valorisantes ou allégations sont utilisables sur vos affichages et vos étiquettes. Ne vous en privez pas, elles vous permettront de compenser la contrainte d’affichage ou d’étiquetage. Attention, ces mentions sont encadrées par des conditions d’utilisation strictes. Les explications ci-dessous sont une synthèse de la réglementation ; des guides techniques vous permettront d’accéder au détail des conditions pour chaque mention. Appellations valorisantes : « Maison »/ « Fait maison » : le produit doit être fabriqué de manière non industrielle, avec des ingrédients de base caractéristiques ET sur le lieu même de vente. « Artisan »/« Maître artisan » : ne peut être utilisé que par des personnes qui justifient réellement de ces qualités (voir conditions auprès de votre CMA). De même le terme « Artisanal » ne peut être utilisé que pour qualifier un produit fabriqué par un « artisan ». « Pur » : le produit ne doit utiliser aucun autre ingrédient appartenant à la catégorie que celui mis en valeur. « Traditionnel », pour des produits ne contenant pas d’additifs et fabriqués selon des recettes respectueuses de la tradition (dénomination, composition…). « A l’ancienne » / « d’autrefois » (et équivalents) : le processus de fabrication doit correspondre aux usages traditionnels répertoriés et doit faire appel à des recettes artisanales d’autrefois. Cela concerne les matières premières comme le procédé de fabrication. « Nouveau » : un produit peut être considéré comme « nouveau » pendant un an. Au-delà, cette appellation sera considérée comme trompeuse pour le consommateur. Il faut préciser en quoi le produit est « nouveau ». « Frais » : signifie que le produit possède au moment de la vente les mêmes caractéristiques organoleptiques et hygiéniques que lors de la fabrication ; ET que l’on n’a utilisé pour le conserver aucun traitement ou addition de substances destinées à stopper l’activité des enzymes et de la microflore (possibilité de réfrigération ou dans certains cas de pasteurisation) ; ET avoir été produit ou fabriqué depuis moins de 30 jours. Il faut cumuler ces trois conditions. NB : le terme « frais » ne peut pas être utilisé pour faire référence à la température, à la conservation ou au mode de consommation du produit. On utilisera dans ce cas des termes du type « froid » « fraîcheur » « rafraîchissant »... Labels d’origine et appellations contrôlées : les ingrédients bénéficiant d’une reconnaissance d’appellation d’origine, d’indication géographique protégée ou spécialité traditionnelle garantie et qui sont utilisés dans les fabrications peuvent être mis en valeur dans la liste des ingrédients via l’indication de ces mentions. Exemple pour des biscuits vendus préemballés : « ingrédients : farine de blé, sucre, beurre AOC d’Isigny, œufs, vanille gousse ». Appellations relatives à la vente du pain : des appellations permettant de renseigner le consommateur sur le type de pain ou de valoriser une production peuvent être utilisées. Certaines d’entre elles sont réglementées (Décret n°93-1074). Ex. : « Pain Maison », « Pain au Levain »... Allégations nutritionnelles et de santé : Une allégation est un message, figurant sur certains emballages alimentaires ou accompagnant le produit (publicité, site internet), qui fait état des propriétés sanitaires et/ou nutritionnelles des aliments ou de leurs composants. Certaines allégations sont réglementées et strictement encadrées par la législation. Mieux vaut se renseigner précisément sur les conditions d’utilisation avant toute insertion d’une allégation réglementée sur vos étiquetages. Pour ce qui concerne les allégations non réglementées, leur utilisation est déconseillée, car cela pourrait s’avérer trompeur pour le consommateur. DOSSIER THÉMATIQUE | Décembre 2014 Une publication de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Région de Basse-Normandie 2 Rue Claude Bloch CS 25059 14077 Caen Cedex 5 Tél. 02.31.53.25.00 [email protected] Région Basse-Normandie _________________________________ Rédaction : CMAR-BN Création graphique : www.krizalis.fr Crédits photos : CMAR-BN, Fotolia Impression : Le Révérend