L`affrontement au Nord du Liban entre l`armée libanaise et le Fatah
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L`affrontement au Nord du Liban entre l`armée libanaise et le Fatah
30 mai 2007 Centre d’Information sur les Renseignements et le Terrorisme au Centre d’Etudes Spéciales (CES) L’affrontement au Nord du Liban entre l’armée libanaise et l’organisation Fath al-Islam, branche d’Al-Qaïda au Liban (Etat des lieux et implications) Shaker Al-Absi, dirigeant du Fath al-Islam (source : télévision Al-Jazeera, 27 mai) L’armée libanaise attaque des positions du Fath alIslam dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared près de Tripoli (Al-Jazeera, 21 mai) 2 Généralités 1. Entre le 20 et le 24 mai, des combats intenses ont eu lieu entre l’armée libanaise et l’organisation terroriste se faisant appeler Fath al-Islam. Ces combats ont eu lieu dans la ville de Tripoli qui se trouve au Nord du Liban, et dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared dans les faubourgs de la ville. Au cours des affrontements ont été tuées près de 80 personnes, parmi lesquelles 25 membres du Fath al-Islam et 30 soldats de l’armée libanaise. Les combats ont duré plusieurs jours, après quoi une accalmie relative s’est produite, perturbée de temps à autre par des échanges de tirs entre les deux parties. Cet épisode n’est pas encore achevé. 2. Le Fath al-Islam (littéralement « la conquête / la victoire de l’Islam ») est une organisation terroriste comptant plusieurs centaines de membres, qui a commencé ses activités sous la couverture d’une organisation terroriste palestinienne prosyrienne, constituée de dissidents du Fath (organisation dirigée par Abou Moussa), et elle constitue une branche d’Al-Qaïda au Liban. Le bastion du Fath al-Islam se trouve dans les camps de réfugiés de la région de Tripoli au Nord du Liban, mais il est aussi présent dans d’autres endroits au Liban, principalement dans les camps de réfugiés palestiniens. A la tête de l’organisation se trouve Shaker al-Absi, d’origine jordanienne, qui a occupé des fonctions importantes au sein de l’organisation Al-Qaïda en Irak, a été impliqué dans le terrorisme en Jordanie et emprisonné en Syrie (pour plus de détails voir en annexe). 3. Les combats intenses entre l’armée libanaise et le Fath al-Islam constituent un nouveau sommet dans la série d’affrontements locaux qui se sont déroulés de manière sporadique au cours de l’année écoulée entre les forces de sécurité libanaises et les acteurs du djihad international, qui tentent de renforcer leur emprise au Liban. Des affrontements violents, mais d’une intensité inférieure à celle des combats actuels, se sont déroulés entre l’armée libanaise et les membres du djihad mondial au cours de l’année 2006 dans la région de Beyrouth et dans le camp de réfugiés d’Ain Al-Hilweh, dans les faubourgs de Sidon. 4. Le gouvernement libanais, qui jouit dans cette affaire d’un soutien très large sur la scène intérieure libanaise (ainsi que sur la scène interarabe et internationale), tente de freiner le processus de renforcement des acteurs du djihad international, mais éprouve des difficultés à les maîtriser. Ceci est dû, notamment, à la réticence (traditionnelle) du gouvernement libanais à faire pénétrer l’armée libanaise dans les camps de réfugiés palestiniens, dans lesquels agissent le Fath al-Islam et les autres acteurs du djihad international, presque sans être dérangés. A cet égard, le cas le 3 plus flagrant est celui du camp d’Ain Al-Hilweh à Sidon, dans lequel agit l’organisation Jund al-Sham, qui fait elle aussi partie du djihad international. 5. Les affrontements dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared illustrent une fois de plus l’étendue et la profondeur de l’infrastructure du djihad international, qui se développe au Liban. Les membres du djihad international au Liban (dont certains sont des islamistes en provenance de divers pays arabes) suivent des entraînements et s’arment en vue d’être envoyés par Al-Qaïda commettre des attentats contre Israël et contre des cibles occidentales au Liban et dans des zones de conflit en dehors du Liban. Cette infrastructure n’a pas été atteinte de manière significative par les affrontements qui se déroulent à Nahr al-Bared entre l’armée libanaise et le Fath al-Islam. Les combats entre l’armée libanaise et le Fath al-Islam (état des lieux) 6. Selon les comptes-rendus des médias libanais, les affrontements actuels ont éclaté à la suite de l’attaque à main armée d’une banque, perpétrée le 19 mai à Tripoli, apparemment par un groupe de membres du Fath al-Islam. Les cambrioleurs se seraient ensuite réfugiés dans un appartement dans la ville de Tripoli. A la suite de ce hold-up, l’armée libanaise a investi le 20 mai au matin plusieurs immeubles d’habitation de Tripoli, dont les propriétaires sont liés à l’organisation. L’armée libanaise s’est heurtée à une résistance violente de la part des membres du Fath al-Islam qui se trouvaient sur les lieux. Dans le même temps, des membres de l’organisation du camp de réfugiés de Nahr al-Bared se sont emparés de positions de l’armée libanaise en dehors du camp. Plusieurs d’entre eux ont même réussi à rejoindre les membres de l’organisation se trouvant dans les immeubles d’habitation de Tripoli. 7. Des combats intenses se sont déroulés entre l’armée libanaise et les terroristes du Fath al-Islam pendant plusieurs jours (20-24 mai). Dès le début des combats, l’armée libanaise a envoyé des renforts à Tripoli, a encerclé le camp de réfugiés de Nahr al-Bared, occupé des positions dominant le camp et l’a bombardé avec ses tanks et son artillerie. Dans le même temps, elle s’est abstenue de pénétrer dans le camp de réfugiés et a préféré affronter les terroristes du Fath al-Islam à distance (ceux-ci ripostant avec leurs tireurs d’élite et des obus de mortier). 8. Lors de ces combats, l’armée libanaise est parvenue à reprendre les positions qui avaient été investies par le Fath al-Islam en dehors du camp de Nahr al-Bared, et à détruire plusieurs installations de l’organisation, y compris l’immeuble « Samed » à l’intérieur du camp de réfugiés, qui tenait lieu de centre d’entraînement de l’organisation. Selon 4 des « sources militaires » libanaises, l’armée libanaise aurait atteint deux canots gonflables par lesquels des terroristes du Fath al-Islam tentaient de s’enfuir du camp (24 mai). Après plusieurs jours de violents combats, un cessez-le-feu provisoire a été instauré, enfreint de temps à autre. Groupe de combattants du Fath al-Islam. Au centre se trouve Shaker al-Absi (avec le keffiyeh) (source : site du journal alHayat). Membre du Fath al-Islam dans le camp de réfugiés Nahr al-Bared (source : site AlArabiyya, 23 mai) Jusqu’à ce jour, environ 80 personnes ont été tuées dans ces combats et plus de cent ont été blessées. Parmi les victimes se trouvent près de 25 membres du Fath al-Islam, y compris plusieurs dirigeants1 du groupe. Sur les corps de plusieurs des victimes ont été retrouvés des cartes d’identité libanaises falsifiées, des passeports, des faux documents et de l’argent en devises étrangères (sur le corps d’une des victimes ont été trouvés 33 000 riyals saoudiens ; Al-Safir, 25 mai). En outre, près de 30 soldats de l’armée libanaise ont été tués ainsi que des dizaines de civils. Plusieurs milliers de Palestiniens ont été contraints de quitter le camp de Nahr al-Bared et se sont rendus dans le camp voisin d’Al-Badawi. Plusieurs dizaines de membres de l’organisation ont été arrêtés par les forces de sécurité libanaises. 9. Réactions des différents acteurs Gouvernement libanais 10. 1 Le Premier ministre libanais Fouad Siniora, s’appuyant sur une large opposition au djihad international au sein des différents bastions du pouvoir au Liban, a déclaré à nouveau que le Liban ne cèderait pas au terrorisme et qu’il prendrait toutes les mesures afin d’expulser les Selon les comptes-rendus des médias, au moins deux dirigeants de l’organisation ont été tués : le « numéro 3 » de l’organisation Muhi al-Din Abd al-Hayy, surnommé Abu Madian, tué dans un immeuble détruit par les forces de sécurité. Un autre membre de l’organisation qui a été tué est Saddam al-Hajj Dib, soupçonné d’implication dans la tentative d’attentat contre des trains en Allemagne en 2006 (Al-Hayat, 22 mai). Selon une autre version, il s’agirait d’Ali Ibrahim, le frère de Saddam Al-Hajj Dib (Al-Rai Alaam, 25 mai). 5 hommes armés du camp de réfugiés de Nahr al-Bared. Siniora a cependant souligné que le Liban ne souhaitait pas un conflit avec la population palestinienne et qu’il ne permettrait pas qu’un tel conflit se développe. 11. Le 27 mai, le gouvernement libanais a lancé un ultimatum de 72 heures aux organisations palestiniennes afin de parvenir à une « solution politique » avec le Fath al-Islam. Aux yeux du gouvernement libanais, la signification d’une telle exigence était la remise des terroristes du Fath al-Islam, leur jugement et le retour des combattants non libanais dans leurs pays. Nous ignorons comment agira le gouvernement libanais si ses exigences ne sont pas suivies de mesures concrètes. 12. Le gouvernement libanais s’est adressé aux Etats-Unis, saisissant l’occasion de la lutte contre le djihad international, en leur demandant de lui faire parvenir une aide en munitions et en équipement militaire. Les Etats-Unis se sont empressés d’accepter cette demande. Selon les comptes-rendus des agences de presse et des médias libanais, trois avions transporteurs américains ont atterri le 25 mai sur l’aéroport de Beyrouth, et d’autres devaient les suivre. Les médias ont rapporté que ces avions transportaient des armes, des munitions, des pièces de rechange et de l’équipement militaire (vestes, casques et équipements de vision nocturne). Communiqués du Fath al-Islam 13. Dans des communiqués officiels qu’il a publiés, le Fath al-Islam a présenté les affrontements comme une guerre du gouvernement libanais (« les despotes libanais et l’armée ») contre l’Islam, et il a menacé d’un élargissement de l’étendue des affrontements et d’attentats sur tout le territoire libanais, si l’armée libanaise poursuivait ses « activités agressives ». Dans ce cadre : A. Le dirigeant du Fath al-Islam Shaker al-Absi a déclaré, que les Sunnites du Liban devaient « constituer le fer de lance de la guerre contre les Juifs, les Américains et leurs alliés » (AlJazeera, 26 mai). B. Le chef militaire de l’organisation, considéré comme le « numéro 2 » de l’organisation, Shihab al-Qaddour (Abou Houreira) a menacé, si les attaques de l’armée libanaise contre son organisation se poursuivaient, que « tous les fronts seraient ouverts et que le Fath al-Islam serait « prêt à faire exploser tout endroit du Liban ». Selon lui, l’organisation avait la capacité de « porter la guerre en tout lieu au Liban » (Al-Hayat, 25 mai). 6 C. Le porte-parole de l’organisation Abou Salim Taha a défini les actions de l’organisation comme de l’autodéfense et a précisé que le but de l’organisation était de libérer les lieux saints, et notamment la mosquée Al-Aqsa, et de défendre les Sunnites, en particulier au Liban (Al-Jazeera, 20 mai). Forces politiques internes au Liban Hezbollah 14. Hassan Nasrallah, dans un discours à l’occasion de la « fête de la résistance et de la libération » (25 mai), a nié tout lien entre le Hezbollah et le Fath al-Islam et a souligné que le Hezbollah n’était pas intéressé à devenir partie au conflit. Il a mis en garde dans son discours le gouvernement libanais contre une entrée de l’armée libanaise dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared, parce que cela pourrait porter préjudice à l’armée libanaise et aux réfugiés habitant le camp. Nasrallah a également exprimé son opposition au transfert de l’aide américaine au Liban, affirmant que cela constituait une ingérence dans les affaires intérieures et l’expression de l’intention du gouvernement Bush de transformer le Liban en zone de conflit entre les Etats-Unis et Al-Qaïda (Al-Manar, 25 mai). Autres forces politiques 15. On trouvera ci-dessous les principales réactions des autres acteurs politiques au Liban : A. Les Forces du 14 Mars, qui s’opposent à la Syrie et au Hezbollah, ont déclaré que les affrontements avaient été déclenchés sur l’ordre de la Syrie, en signe de protestation contre l’acceptation du projet du conseil de sécurité de création d’un tribunal international au sujet de l’assassinat de Rafiq Hariri (FTV, 21 mai). Walid Joumblatt, dirigeant druze, a convoqué une conférence de presse au cours de laquelle il a accusé Bachar al-Assad de tenter de détruire le Liban par le biais du Fath alIslam, en raison des progrès du processus de création d’un tribunal international (agence de presse libanaise, 22 mai). B. Michel Aoun, allié chrétien du Hezbollah, n’a pas raté l’occasion d’attaquer le gouvernement, l’accusant de préférer s’occuper de la question de l’armement du Hezbollah que des menaces sécuritaires, et a réclamé sa démission (Al-Hayat, 21 mai). 7 C. Le mouvement Amal a indiqué que les affrontements portaient atteinte à la stabilité et à la réconciliation nationale au Liban et a exprimé son soutien à l’armée libanaise (agence de presse libanaise, 20 mai). Syrie 16. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Muallem a déclaré que le Fath al-Islam était une organisation terroriste faisant partie de l’organisation Al-Qaïda. Selon lui, l’organisation et son dirigeant ont menacé de perpétrer des attentats en Syrie et sont recherchés par les services de sécurité syriens (Agence France Presse, Damas, 25 mai). Palestiniens au Liban 17. De manière générale, les organisations terroristes palestiniennes et les acteurs palestiniens au Liban ont pris soin de nier tout lien entre eux et le Fath al-Islam et de condamner les affrontements. Parallèlement, ils se sont mis au travail avec le gouvernement libanais afin de parvenir à une accalmie de la situation et d’empêcher une nouvelle atteinte à la population palestinienne du camp de réfugiés de Nahr al-Bared. 18. Dans ce contexte, le mouvement Hamas s’est distingué en prenant prétexte des affrontements pour se poser en principal représentant de la population palestinienne des camps de réfugiés, rôle autrefois dévolu à l’OLP et au Fatah. Le mouvement Hamas, par le biais de son représentant au Liban Osama Hamdan, a eu des contacts avec le gouvernement libanais afin de parvenir à un cessez-le-feu, et en parallèle, il a dirigé une opération d’aide humanitaire aux habitants du camp de réfugiés de Nahr al-Bared (argent, aide médicale et nourriture). 19. Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mashaal, s’est entretenu avec le Premier ministre libanais et lui a demandé de prendre toutes les mesures nécessaires pour ne pas porter atteinte aux Palestiniens habitant dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared. Le bureau d’information du Hamas a publié un communiqué selon lequel le Premier ministre libanais Fouad Siniora coopérait avec Khaled Mashaal, et lui avait promis de faire tout le nécessaire pour protéger la population palestinienne. Khaled Mashaal a abordé ce sujet avec le secrétaire général de la Ligue arabe et avec le ministre des Affaires étrangères saoudien. Le représentant de l’OLP/Fatah au Liban Abbas Zaki et d’autres représentants palestiniens ont pris part aux contacts avec le gouvernement libanais, sans avoir d’influence déterminante. 8 Annexe Fath al-Islam – branche d’Al-Qaïda au Liban Généralités 1. L’organisation Fath al-Islam a été créée en 2006 par Shaker al-Absi, cadre de l’organisation Al-Qaïda2. Les membres de l’organisation ont commencé leur activité sous la couverture de l’organisation palestinienne Fatah/Abou Moussa (organisation terroriste palestinienne ayant fait sécession avec le Fatah pendant la première guerre du Liban, avec l’encouragement et l’aide de la Syrie). En Novembre 2006, à la suite de conflits avec d’autres organisations, le groupe a déclaré son indépendance. L’organisation compte actuellement plusieurs centaines de membres palestiniens et Arabes non palestiniens, ainsi que des membres d’autres pays3. Certains d’entre eux ont été envoyés du Liban dans différents pays après la fin de leur entraînement. Terroristes du Fath al-Islam (source : ﻣﻮﻗﻊ )اﻧﺘﻔﺎﺿﺔ ﻓﻠﺴﻄﻴﻦ 2 Membres de l’organisation dans un des camps d’entraînement au Liban (source : site Al-Arabiyya, 25 mai) Fath al-Islam signifie “conquête/ victoire de l’islam”. Le mot « fath » a une connotation très positive dans l’Islam. Les premières conquêtes musulmanes au premier siècle de l’Hégire étaient appelées « futuh » (pluriel de "fath", et c’est elles qui ont constitué l’empire musulman. Le mot « fath » apparaît dans le Coran, avec le sens de victoire ou de conquête impliquant la fin de la domination des Infidèles. 3 Selon le “numéro 2” de l’organisation, Shihab al-Qaddour, l’organisation compte entre 600 et 700 membres (Al-Hayat, 25 mai). Une « source sécuritaire libanaise » a affirmé que le nombre des combattants de l’organisation ne dépassait pas 200 (Al-Sharq al-Awsat, 27 mai). Les médias arabes ont rapporté que les victimes et les prisonniers faits lors des affrontements avec l’armée libanaise étaient des Libanais, des Syriens, des Saoudiens, des Algériens et des Tunisiens (Al-Arabiyya, 22 mai). 9 Direction de l’organisation 2. Le dirigeant du Fath al-Islam est Shaker Yousef Hassan Al-Absi, surnommé Abou Hussein. Voici des éléments biographiques le concernant : A. Né dans le camp de réfugiés d'Ain al-Sultan près de Jéricho en 1955. Sa famille habitait la région de Hébron, avant de s’installer à Jéricho. Par la suite, elle est venue habiter le camp de réfugiés d’al-Wahadat, près d’Amman, où il a terminé ses études secondaires en 1973. Il a rejoint les rangs des organisations terroristes palestiniennes et est parti en Libye. B. En Libye, Shaker al-Absi a suivi une formation de pilote (selon une autre version il aurait étudié la médecine en Algérie et aurait suivi une formation de pilote dans un pays d’Europe de l’Est). Il est resté en Libye jusqu’en 1983. C. En 1983 il a rejoint l’organisation prosyrienne dissidente du Fatah, le Fatah-Intifada. Il s’est installé en Syrie, où il a demeuré jusqu’en 2005. Lors de son séjour en Syrie il a pris part aux activités du « Secteur Occidental », organisation responsable d’attentats en Israël. D. Les autorités syriennes ont arrêté Shaker al-Absi en 2000. Il a passé trois ans dans les prisons syriennes, accusé de tentative d’attentat sur le plateau du Golan et d’introduction d’armes en contrebande en Jordanie. Les demandes d’extradition de la Jordanie ont été rejetées par les autorités syriennes. E. Shaker al-Absi a été libéré de la prison syrienne en 2003, peu de temps avant l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Après la chute de Bagdad, il s’est installé en Irak et a combattu avec des groupes islamistes associés à Al-Qaïda. En Irak, il a fait la connaissance des dirigeants locaux d’Al-Qaïda et a été en contact avec Abou Moussab al-Zarkawi et son second Ibrahim Saleh (tous deux ont été tués par les Américains en 2006). F. En Jordanie, Shaker al-Absi a été condamné à la peine de mort par contumace en 2004. Ceci en raison de son implication dans l’assassinat du diplomate américain Lawrence Foley, qui travaillait pour l’Agence pour le Développement international (USAID) en Jordanie (il a été assassiné le 28 octobre 2002). G. En Novembre 2005 Shaker Al-Absi s’est installé au Liban, dans les camps d’entraînement du Fatah-Intifada. Il a entraîné des terroristes dans la vallée de la Bekaa libanaise, lesquels sont devenus membres du Fath al-Islam. Plus tard il s’est installé dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared près de Tripoli. Il est marié et habite le camp de Nahr al-Bared avec sa femme et ses enfants. 10 3. Le chef militaire de l’organisation, considéré comme le « numéro 2 », est un Libanais du nom de Shihab al-Qaddour, surnommé Abou Hureira. Shihab al-Qaddour est âgé de 36 ans, originaire du village de Mishmish, dans la région d’Akkar au Nord du Liban (à l’ouest de Tripoli). Selon ses dires, il aurait passé cinq ans et demi dans une prison syrienne, et il a une grande expérience du combat dans différentes régions, y compris en Irak (Al-Hayat, 25 mai). Déploiement de l’organisation 4. Les membres du Fath al-Islam sont situés dans plusieurs points du Nord et du centre du Liban, principalement dans les camps de réfugiés palestiniens. Le centre des activités de l’organisation est le camp de réfugiés de Nahr al-Bared près de Tripoli, qui constitue la zone d’affrontement avec l’armée libanaise. Dans les fortins de l’organisation se déroule le processus d’accueil, de répartition et de formation de centaines de membres qui ont rejoint ses rangs (la plupart provenant de l’extérieur du Liban). Endoctrinement et terrorisme : membres du Fath al-Islam dans un camp d’entraînement (Al-Arabiyya, 25 mars). Activités de l’organisation 5. L’organisation Fath al-Islam se trouve actuellement dans un processus de consolidation de ses forces au Liban. Dans ce cadre, elle accueille des dizaines de membres étrangers et organise à leur intention des entraînements en vue de développer leurs capacités opérationnelles/terroristes, pour leur permettre de perpétrer des attentats contre Israël et les pays occidentaux. L’organisation accentue sa présence au Liban, et selon nous elle agit en parallèle pour créer des branches dans les pays de la région.