hors série

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hors série
Mutuelle et Santé
HORS SÉRIE
Philippe Fiévet
Médecin nutritionniste
Maître en sciences et biologie médicales
L’alimentation et l’Homme
La détoxification de l’organisme,
ou « Il était une foie »
Le contenu de l’assiette : pourquoi ?
Des fibres à tous les repas
LA REVUE DE LA MTRL
À boire !
Comment se faire une maladie !
Nutrition et cancers : du vrai nouveau !
La chronobiologie (Part. I et II)
Regards sur le stress (Part. I et II)
Aspects acido-basiques de l’organisme
et alimentation (Part. I et II)
Regards sur l’allergie
L’alimentation et l’Homme
4
La détoxification de l’organisme,
ou « Il était une foie »
6
Le contenu de l’assiette :
pourquoi ?
8
Préface
Des fibres à tous les repas
10
À boire !
12
Comment se faire
une maladie !
14
Nutrition et cancers :
du vrai nouveau !
16
La chronobiologie
(1re partie)
18
La chronobiologie
(2e partie)
20
Regards sur le stress
(1re partie)
22
Regards sur le stress
(2e partie)
24
Aspects acido-basiques
de l’organisme et alimentation
(1re partie)
26
Aspects acido-basiques
de l’organisme et alimentation
(2e partie)
28
Regards sur l’allergie
30
Recueil d’articles publiés dans Mutuelle et Santé,
la Revue de la MTRL. Novembre 2010
L
ORSQUE NOUS AVONS DEMANDÉ,
il y a bientôt quatre ans, au
docteur Philippe Fiévet de bien vouloir donner un article à notre
revue, nous ne pensions pas alors que cette collaboration se poursuivrait
avec la régularité que ce recueil illustre, lequel constitue aujourd’hui une
véritable “mine utile à la santé publique”, selon les propres mots du
professeur Henri Joyeux dans son avant-propos.
Non seulement ce document constitue, pour nous, une forme d’aboutissement relatif d’un travail de spécialiste soucieux de pédagogie, disons
une synthèse provisoire, mais il correspond parfaitement à la politique de
prévention que prône la MTRL et que sa revue s’applique à promouvoir
à chacune de ses parutions.
Le propos n’est pas de pure forme, puisque le document intitulé
“La MTRL acteur de santé. Une vision mutualiste et des orientations
pour une politique de prévention”, objet d’une résolution que l’assemblée
générale de notre Mutuelle a votée il y a deux ans, a été élaboré
et rédigé, pour une part importante, par le docteur Philippe Fiévet
lui-même.
Nous ne saluons donc pas ici simplement la “belle ouvrage” d’un
médecin-chercheur de qualité mais aussi le praticien qui réfléchit à son
action bien au-delà des seuls patients qu’il traite. Qu’il ait choisi de le
faire dans un rapport étroit avec la MTRL nous enrichit intellectuellement et nous honore.
Le président,
Romain Migliorini
Avant-propos
L
14 CONSEILS DE SANTÉ DU DOCTEUR PHILIPPE FIÉVET, excellent médecin nutritionniste, sont une mine utile à la santé publique, à votre santé. C’est notre alimentation qui apporte les matériaux et l’énergie dont le corps a besoin 24 heures sur 24.
Pour bien choisir, rien ne vaut de bien connaître la nature humaine : la façon dont nous
sommes constitués et les bases du fonctionnement du système digestif, qui transforme
les aliments en nutriments et les répartit à tout l’organisme selon ses besoins.
Le contenu de notre assiette, trois fois par jour, est donc capital ; il faut l’orienter plus
vers les produits végétaux frais et de saison que vers les produits animaux, en dehors des
poissons et fruits de mer si importants pour entretenir nos neurones.
La consommation des fruits, légumes, céréales et légumineuses est donc essentielle
pour avoir des fibres à tous les repas qui nourrissent, entretiennent la flore digestive
et régulent la préparation de la sélection des déchets et leur évacuation quotidienne.
Un ballon de bon vin à la fin de chaque repas évitera la constipation qui coûte si cher et
bien d’autres misères de l’âge.
Quant aux boissons, si les reins fonctionnent bien, elles doivent être abondantes pour
des urines claires et transparentes. La déshydratation est aussi grave pour le nourrisson
que pour la personne âgée, qui risque de perdre la mémoire et de cheminer plus ou moins
vite vers l’Alzheimer.
Notre collègue, avec une pédagogie bien maîtrisée et finement présentée, vous guide
astucieusement vers la santé, la meilleure prévention des maladies de civilisation, les
cancers, le stress, les déséquilibres acido-basiques des consommations excessives de
produits laitiers et de viandes bovines.
Même les allergies visibles ou inconscientes vous sont signalées, résultats d’une
porosité intestinale que nous déclenchons sans le savoir en mangeant mal.
Suivez donc tous ces conseils de notre collègue, qui excelle pour expliquer les meilleurs
comportements, le choix des aliments, les moyens de se détoxifier en mangeant, l’intérêt
des oméga 3, les cycles biologiques auxquels nous sommes soumis. Ses connaissances en
biologie de la nutrition, cancérologie, immuno-rhumatologie, chronobiologie et micronutrition sont le garant du sérieux de cette belle présentation.
ES
Pr Henri Joyeux
Chirurgien cancérologue
Faculté de médecine de Montpellier
D’ABORD CONNAITRE LA NATURE HUMAINE
L’alimentation et l’Homme
« Chaque espèce vivante, animale ou végétale, persiste et prospère dans
certaines conditions de vie qui lui sont propres et dont elle ne peut s’écarter
que dans les limites de son adaptabilité. Au-delà, c’est, ou la réaction plus
ou moins douloureuse de son être qu’est la maladie, ou la mort. »
énétiquement, l’Homme est
toujours, actuellement, un
chasseur-cueilleur. Il est programmé depuis 40 000 ans pour
manger des fruits et des légumes très
variés en quantité, des baies, des racines, des oléagineux, des poissons sauvages, du gibier (quand il le capture),
des œufs. C’est l’alimentation ancestrale, appelée paléontologique ou
hypotoxique.
De l’autre côté du corps, l’alimentation a été profondément modifiée
depuis 50 ans, dans sa qualité, dans sa
quantité, dans sa répartition en classe
d’aliments et dans ses équilibres au sein
d’un même compartiment alimentaire.
La nécessité de manger a basculé
vers le plaisir. Ce n’est pas incompatible évidemment, mais il faut un équilibre pour vivre. Manger intelligemment avec plaisir, voilà une bonne
équation pour la vie.
G
Des maladies de civilisation
Enfin, l’Homme nomade est devenu
sédentaire. De même, l’animal
comestible est le produit de l’élevage.
Ajoutons à cela la pollution. Tous les
ingrédients environnementaux sont
réunis pour se pencher avec compassion sur le berceau des maladies de
civilisation. Une alimentation inadaptée est le facteur prépondérant
dans le déclenchement de ces maladies. Qui réceptionne tout cela en
premier lieu ? L’intestin de l’homme.
L’intestin est une muqueuse, une
interface de grande superficie (plus
de 20 m2) avec le milieu environnant,
4
Avec l’homme de Tautavel, nous plongeons dans un passé vieux de 400 000 ans.
truffée de cellules immunitaires et
recouverte par la flore intestinale. Il
possède son système nerveux propre
et une activité neuro-hormonale
(toutefois, l’idée d’un second cerveau
est très simpliste !) C’est donc globalement un ménage à trois, muqueuse
intestinale, système immunitaire et
flore, qui se porte à merveille quand
tout va bien.
Mauvais génie
agroalimentaire ?
L’alimentation moderne est devenue
la source de multitudes d’espèces
moléculaires nouvelles créées par l’industrialisation agroalimentaire. Les
populations bactériennes de la flore
intestinale s’adaptent à cette nouvelle
alimentation et modifient leur répartition et leur taille.
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Les
instruments
tranchants
sont
admirables,
la fourchette
viendra plus
tard…
Devant de tels chefs-d’œuvre « primitifs »,
notre modernité paraît parfois un peu vieillotte !
Ces molécules nouvelles (et leurs
excès), la carence en aliments ancestraux (en variété, qualité et quantité),
les modifications de flore, la disproportion de certaines classes d’aliments déclenchent ensemble une
hyperperméabilité de l’intestin, c’està-dire un écartement des cellules.
L’intestin étant un écosystème, si l’un
des protagonistes se dérègle, l’équilibre est perturbé.
Finalement, l’intestin devient progressivement une passoire peu sélective lorsque apparaît une hyperperméabilté de la muqueuse. Le système
immunitaire, devant cette avalanche
de molécules entrant dans le corps,
s’active fortement et sécrète des anticorps et des « hormones » initiant l’inflammation. Si les conditions perdurent, l’inflammation s’amplifie
d’abord localement et finit par activer
anormalement tout un tas de cellules
dans l’organisme, déclenchant à
terme des maladies de surcharge,
inflammatoires, allergiques, autoLa Revue de la MTRL
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immunes (les cellules immunitaires
détruisent certaines cellules du corps
qu’elles sont censées protéger !), pouvant toucher n’importe quel organe
ou n’importe quelle fonction physiologique. Sont inclus dans ces pathologies les maladies cardio-vasculaires,
les diabètes, les cancers et les maladies
neuro-dégénératives.
Retour… vers le bon sens
Ainsi, le retour à une alimentation très
variée, correctement calorique, régularisant pour chaque individu les apports
en fruits et légumes, viandes, corps
gras, sucres, etc. et en normalisant les
équilibres dans chaque classe d’aliments, harmonise l’écosystème intestinal et donc diminue l’inflammation.
Chassons le sectarisme et les dogmes. Ils ne sont pas intrinsèques à la
vie, qui est faite de diversité. Manger
selon son groupe sanguin, quelle
ineptie biologique ! Exclure tel ou tel
aliment, sauf s’il est responsable de
maladie, est à considérer au cas par
cas ! Les excès nuisent en tout, c’est
bien connu.
Nous sommes faits de telle sorte
que nous ne pouvons bien fonctionner dans la vie que si l’on se nourrit
de produits issus de la Nature. Non
seulement celle-ci nous apporte de
quoi vivre et survivre tout en s’adaptant au milieu terrien et à nos activités, mais l’apport alimentaire en antioxydants est une composante
majeure de la vie en protégeant cellules et fonctions de l’organisme. Ces
molécules, essentiellement végétales,
n’apportent aucune calorie – le
concept thermodynamique de la
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calorie en nutrition humaine est totalement obsolète – mais sont absolument indispensables à l’homme.
L’individu n’est pas
réductible au groupe
Enfin, lorsque l’on parle d’alimentation et de maladie, on applique à des
individus des principes issus d’études
effectuées sur des groupes de population. C’est une erreur énorme, une
grave responsabilité. En effet, un individu possède un risque propre de
maladie, qui n’a rien à voir avec le risque statistique moyen d’un groupe.
En effet, nous observons autour de
nous des individus qui mangent
n’importent quoi n’importe quand et
qui se portent à merveille. Cela est le
reflet de la diversité génétique des
individus. Tout le monde n’est pas
loti pareillement sur Terre, et on ne
peut imposer à tous les principes
d’une même alimentation. Mais ceci
est une autre histoire.
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CD
5
La détoxification de l’organisme,
ou « Il était une foie »
Dans l’article précédent (Revue n° 52), nous avons brossé le tableau
d’une alimentation adaptée à l’homme. Voyons à présent comment
se débarrasser des toxiques présents dans le corps
ette fonction, très grande
consommatrice d’énergie pour
nous, est une préoccupation
constante de l’organisme. Imaginez un
peu… Nous mangeons des aliments –
plus ou moins adaptés à l’Homme,
nous l’avons vu –, nous ingérons des
substances créées par les industries,
nous avalons des médicaments, nous
consommons des toxiques divers plusieurs fois par jour…
C
Le foie,
véritable station d’épuration
Un organe est particulièrement actif
pour nous épurer: notre foie. Dans ce
foie sont concentrés tous les systèmes
de détoxification. C’est une belle
machinerie fonctionnant plus ou
moins tranquillement selon les
jours… et selon nos ingestions diverses (tabac, pilule, produits fumés, barbecue, médicaments, dioxine, diesel…). Ce qui doit être éliminé sera
ensuite déversé dans la bile donc dans
l’intestin, ou bien refluer vers le sang
pour être repris par les reins.
Comment cela marche-t-il ? Cette
fonction essentielle se déroule en
deux phases successives et équilibrées.
La première phase va préparer l’élimination. Une substance à éliminer
(hormone, médicament…) est transformée en une molécule intermédiaire, plus hydrophile que la molécule originelle. Au cours de cette
réaction, essentiellement de type oxy6
datif et assurée par les enzymes cytochromes P 450, des radicaux libres
instables oxygénés sont générés
(molécules instables dangereuses responsables de dommages cellulaires).
Les antioxydants vont alors entrer en
scène et détruire ces composés délétères. Tout est prévu heureusement !
Nous verrons plus loin l’intérêt de ce
point très important.
La substance intermédiaire obtenue
est alors couplée par des enzymes à
des transporteurs, permettant sa solubilisation dans la bile, réalisant alors
la phase 2 de la détoxification (dite
phase de conjugaison).
Cet aspect conditionne en partie l’activité médicamenteuse chez un sujet
donné. Bien des substances sont inactivées avant d’entrer dans le corps,
d’autres au contraire sont rendues
plus actives par la détoxification !
Ce phénomène rend compte des
variabilités individuelles d’efficacité
de médicaments (ce n’est toutefois
pas le seul mécanisme). L’intestin
grêle représente une véritable barrière contre l’absorption des médicaments et autres xénobiotiques en
amont du foie, à condition que l’intégrité des cellules intestinales soit
respectée.
Ensuite, il y a nécessité d’équilibre
entre les deux phases de détoxification : si la phase 1 devient prépondérante sur la suivante, il y a
production accrue de
radicaux
Le rôle de l’intestin
Si le foie est l’organe majeur de la
détoxification (entre autres fonctions), on s’est aperçu que
d’autres tissus pouvaient effectuer la
même action.
L’intestin, par
exemple, épure
aussi l’organisme avant
même que des
molécules
étrangères
aient
pu
entrer et se
retrouver
dans le
foie.
C’est en
somme
une pré-détoxification, extéLa détoxification à l’ancienne : purge, saignée et clystère !
rieure à nous !
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libres, et ceux-ci vont être pris en
charge par les systèmes antiradicalaires (vitamine C, vitamine E, superoxyde dismutase, catalases, glutathion, taurine, etc.). A terme, l’épuisement progressif des réserves antioxydantes libérera tout le potentiel
dangereux radicalaire, et des lésions
tissulaires apparaîtront. Il est donc
nécessaire que la phase des conjugaisons suive en totale adéquation la phase d’oxydation.
En somme, peu de risque de PV en
reprenant la route ! Mais…
Mais, si vous prenez un punch avec
du jus de pamplemousse, patatras ! Le
pamplemousse inhibe l’activité des
cytochromes, et donc vous métabolisez mal l’alcool. Quelques points en
moins sur votre permis de conduire
éventuellement… mais que cela ne
La détoxification
en mangeant !
Il est d’extrême importance que
les deux familles d’enzymes
soient hautement inductibles
dans divers tissus (peau, reins,
poumons) et que leur activité
puisse être régulée par une large
variété d’agents chimiques,
parmi lesquels les aliments sont
succédanés…). Et en consommant un
maximum de produits frais, naturels,
et non issus de l’industrie. Ensuite,
manger une bonne ration journalière
de fruits et légumes COLORES : la
couleur d’un végétal renseigne sur sa
teneur en antioxydants. Préférez les
tomates, abricots, carottes, haricots
verts, mangues, épinards, fruits
rouges… aux endives et salsifis
(qui ont aussi leur utilité).
La moitié de l’assiette doit être
pleine de légumes frais, soit
400 g de légumes environ.
Associez au moins trois légumes
(trois couleurs) pour diversifier
les sources d’antioxydants : en
effet, ceux-ci agissent très efficacement ensemble et beaucoup moins
pris isolément. Enfin, pensez à
manger des crudités, la cuisson
dénature beaucoup d’antioxydants.
Et que mettre dans l’autre moitié
de l’assiette, me direz-vous ? Mais cela
est une autre histoire…
䊓
spécialement importants. Les systèmes de protection contre les radicaux
libres sont TOUS d’origine nutritionnelle. Manger, c’est prendre une
part active dans sa propreté intérieure ! Manger, c’est induire la fabrication d’enzymes de détoxification de
ce que l’on mange !
Prenons un exemple. Vous êtes
invité à une partie de barbecue, et
vous buvez l’apéro. Les molécules
noires de la viande trop cuite – induisant des cancers – vont faire fabriquer
rapidement un surplus de cytochromes P 450 dans votre foie, en vue
d’éliminer leur toxicité potentielle.
Mais, en passant, vous allez à peu
près correctement vous détoxifier de
l’alcool (question de dose tout de
même !) car lui aussi va passer dans les
bras musclés des cytochromes.
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serve pas d’alibi pour ne plus
consommer de pamplemousse !
Ainsi, on le voit indirectement à
travers l’anecdote précédente, le
développement de la malignité (cancérisation), lorsqu’une cellule est
exposée à un carcinogène potentiel,
est fortement déterminé par l’équilibre entre les activités de phase 1
et de phase 2. La détoxification
participe donc à part entière au
maintien de l’intégrité des structures de l’individu, en association
avec le système immunitaire.
CD
Exercices pratiques
Comment améliorer sa détoxification ? D’abord ne pas surcharger l’organisme, en évitant
trop de produits raffinés (biscuiterie, plats tout prêts, confiseries,
7
Le contenu de l’assiette :
pourquoi ?
Dans le précédent article, nous avons rempli la moitié
de notre assiette avec des légumes (frais de préférence). Maintenant,
nous allons mettre un poisson dans un des quarts qui restent
ui je sais, vous allez me dire,
c’est pollué. Evidemment,
mais tout doit être évalué
en fonction de la balance
avantages/risques. Tout d’abord, évitez par exemple de consommer un
gros poisson trop souvent. Le thon,
qui est un familier de nos tables,
concentre les toxiques parce qu’il est
un prédateur haut placé dans la pyramide alimentaire : en mangeant des
poissons plus petits, il va accumuler
dans son foie et dans ses muscles les
polluants avalés par les poissons inférieurs en taille. D’ailleurs, sachez
qu’au Canada il est recommandé aux
femmes de ne pas consommer de
thon pendant la grossesse. Pourtant,
il n’y a aucun doute, le bénéfice de la
consommation de poisson reste bien
supérieur au risque engendré.
O
8
Donc choisissez un poisson courant,
comme la sardine, le maquereau, le
hareng, le flétan, le saumon, l’anchois.
En plus, ça ne coûte pas très cher. Avec
la réserve suivante, évitez les poissons
pêchés dans la mer Baltique, ils sont
très fortement pollués en mercure,
cadmium, dioxine et autres.
Ces incontournables oméga 3
Alors pourquoi insister sur ces fameux
poissons gras des mers froides ? Car ce
sont des aliments santé, l’équivalent
animal de nos légumes. Vous en avez
sûrement entendu parler, ils contiennent des oméga 3, ces fameux acides
gras polyinsaturés.
Les oméga 3 ont des propriétés
étonnantes et servent l’organisme au
mieux jusque dans ses moindres
recoins. Tout d’abord, ces molécules
sont longues et très souples : ainsi, en
s’incorporant dans toutes les cellules
du corps, elles rendent toutes les surfaces d’échange extrêmement efficaces. Il faut s’imaginer en effet les cellules comme de véritables gouttes
d’huile. Toutes les informations qui
circulent entre elles ne seront efficaces que si les récepteurs d’information sont libres de travailler dans un
environnement souple. Et, en plus,
ces oméga 3 participent au velouté
cellulaire, par exemple la peau.
De puissants
anti-inflammatoires
Le cerveau est un organe très riche en
oméga 3, notamment en DHA (acide
docosahexaénoïque), et, pour bien
fonctionner rapidement, les neurones
ont besoin de fluidité dans leurs
échanges d’influx.
Les globules blancs, chargés de la
défense anti-infectieuse, doivent facilement circuler dans tous les tissus, se
faufiler dans les organes : ils ne le
feront vite et bien que s’ils sont souples et très déformables.
Les globules rouges, eux, véhiculent l’oxygène ; ainsi, pour bien délivrer leur chargement, il leur faut se
glisser dans des vaisseaux sanguins de
diamètre inférieur à leur taille ; une
seule solution : la souplesse !
De multiples exemples peuvent être
rapportés. Mais les oméga 3 ont aussi
un rôle chimique en dehors de leur
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rôle structurel. Ce sont de puissants
anti-inflammatoires naturels, et l’inflammation est le dénominateur
commun à toutes les maladies dites
de civilisation.
Un atout pour le système
cardio-vasculaire
Leur chimie débouche sur des composés très protecteurs et surtout très
régulateurs dans les équilibres de l’organisme : entre autres les leucotriènes
et les prostaglandines de type 3. Voilà
pourquoi il est très bénéfique de
consommer des poissons gras des
mers froides, ils vous protègent fortement des maladies cardio-vasculaires,
très vite (le risque diminue au bout
de quelques semaines seulement… et
cela à tout âge !), des cancers et même
du diabète. Ils sont à la base en partie
du régime crétois, où l’on retrouve
une consommation élevée d’oméga 3.
Dans notre alimentation moderne,
il y a très peu d’oméga 3, contrairement aux oméga 6 (autres graisses
polyinsaturées) qui, elles, sont très
mauvaises dès qu’elles sont en excès
(huile de tournesol, par exemple, qui
va dorénavant servir à graisser les ser-
ILLUSTRATION DES EFFETS
PROTECTEURS DES OMÉGA 3
Dès la fin des années 1970, des observations
avaient mis en évidence le lien entre une
consommation élevée en oméga 3 et
l’absence de maladies cardiovasculaires. Une étude publiée
en 1980 montre que les
Esquimaux du Groenland,
gros consommateurs
de poissons et
de phoques –
riches en
oméga 3 à longue chaîne :
EPA et DHA – ne
présentent quasi
jamais d’infarctus.
La comparaison avec les Esquimaux ayant
émigré à Copenhague apporte une démonstration éclatante de l’effet préventif. Ceux qui
ont émigré et adopté l’alimentation locale
connaissent les mêmes problèmes que leurs
voisins danois. Il n’existe donc pas de facteurs
génétiques expliquant la « miraculeuse » santé
cardiaque des Esquimaux du Grand Nord.
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Fête du hareng à Anvers (XVIIe s.). Alexander Van Bredael. Lille, musée des Beaux-Arts.
rures du garage !). Malheureusement,
on consomme dix à vingt fois plus
d’oméga 6 que d’oméga 3…
A table !
Il vaut mieux manger les poissons
peu cuits, pour ne pas détériorer leur
structure, et cuits doucement, le midi
et le soir. Le midi, les molécules serviront à contrôler le métabolisme, et, le
soir, elles seront plutôt mises en
réserve dans les membranes des cellules. Le poisson, de toute façon, est
idéal le soir, car il contient très peu de
corps gras et de sucre. Ainsi, vous ne
stimulerez pas la fabrication de l’insuline, qui normalement n’est pas synthétisée la nuit, et vous ne mettrez
pas ce que vous mangez dans… la
culotte de cheval ! N’oublions pas
aussi que les aliments issus de la mer
sont la seule source d’iode, et que les
deux tiers de la population française
sont déficitaires en cet élément.
Afin de varier le menu
Pour changer, maintenant, mettons
dans l’assiette, au lieu du poisson,
une part de viande, disons 100 g.
Voilà une bonne source de protéines,
contenant tous les acides aminés
nécessaires, une source de sucres simples (glucose) et un peu de lipides.
Les graisses de la viande nous sont
nécessaires, ce sont les acides gras
saturés (pas de double liaison intercarbone dans la molécule). On va y
trouver l’acide stéarique (le corps gras
de la bougie !) et l’acide myristique ;
celui-ci est très important, car il sert
de molécule de liaison entre les
signaux extracellulaires et l’intérieur
des cellules : il joue ainsi un rôle de
messager. Beaucoup de molécules
protéiques sont attachées à la surface
cellulaire via cet acide gras. Cependant, les acides gras saturés donnent
de l’énergie, ce qui est bien, mais trop
en consommer provoque la mise en
route de phénomènes inflammatoires. Et les protéines sont acides, ce
qui fait « pisser du calcium » ! Donc,
très simplement, mangez de la viande
2 à 3 fois par semaine en ajoutant
400 g de légumes variés à chaque
fois ; les légumes contiennent du
potassium sous forme organique :
malate, citrate, bicarbonate, très utiles pour prévenir l’ostéoporose car ce
sont des épargneurs calciques (entre
autres) et ils rétablissent un bon rapport entre sodium et potassium, ce
qui évite de faire de l’hypertension
par exemple.
Nous avons encore un peu de place
dans l’assiette, souvenez-vous. Que
va-t-on y mettre ? Mais cela est une
autre histoire…
䊓
CD
9
DES FIBRES A TOUS LES REPAS
J’ai encore faim!
Vous avez sans doute deviné
quels sont les grands absents de notre assiette :
je veux parler des fibres alimentaires
ais qu’est-ce que ces
fameuses fibres dont tout
le monde parle ? Eh bien,
ce sont les parois végétales des végétaux (au milieu du légume, c’est surtout de l’amidon, donc du glucose
polymérisé), les gommes (guar, acacia), les mucilages. On considère
actuellement que l’ensemble des
composants qui ne sont pas digérés
dans le tube digestif sont des fibres
alimentaires. Vous en connaissez sans
le savoir : la pectine, utilisée pour
gélifier les confitures, la cellulose, les
alginates, carraghénates (confitures…) et bien d’autres. Lisez simplement les étiquettes, vous verrez !
Ces fibres sont soit insolubles, soit
solubles. Elles ont la capacité de se
gonfler d’eau de façon surprenante.
On comprend déjà l’intérêt de ces
fibres pour faire céder une constipation ! Mangez donc des figues…
M
Les principales sources
Les sources de fibres alimentaires
sont représentées par les céréales, les
fruits, les légumes et les légumes secs.
Les céréales, c’est surtout du blé
dans nos pays, mais aussi l’orge,
l’avoine, le seigle. Le problème, c’est
que plus la céréale est raffinée,
moins elle contient de fibres…
Autrement dit, plus la farine est
raffinée, moins il y a de fibres et de
minéraux dedans.
Les légumes secs sont les champions de la teneur en fibres alimentaires, mais la cuisson à l’eau divise par
trois en moyenne cette teneur. Optez
10
donc pour une cuisson à la
vapeur douce.
Les légumes « ordinaires »
sont aussi riches en fibres
mais moins que les légumes
secs du fait de leur importante teneur en eau. Les fruits
secs sont beaucoup plus
concentrés en fibres, naturellement.
Des effets nombreux
et variés
Plusieurs effets sont importants pour l’organisme.
D’abord, manger des aliments riches en fibres donne
plus rapidement la satiété et
évite de surconsommer aux
repas. Ensuite, manger des
fibres réduit la consommation
globale d’aliments pendant la
journée. Donc, moins de risques de grossir.
Ces fibres sont aussi un aliment formidable pour nos
bactéries intestinales. Elles Giuseppe Arcimboldo. « Automne » (1573). Musée du Louvre.
entretiennent notre flore. Et
la flore entretient notre immunité… cependant leur concentration est telle
Nous y reviendrons dans un autre que nous en absorbons quand même
la dose nécessaire.
article.
Mais ce n’est pas tout. On a montré
Mais ce n’est pas tout. Les minéraux sont bien présents dans les fibres que les fibres alimentaires réduisaient
alimentaires. Les minéraux, ça vient l’hyperglycémie et l’hyperinsulinisme
du minéral, c’est dans le sol qu’on les chez les sujets sains ou diabétiques.
trouve, pas dans l’eau… On sait que D’abord, les fibres ralentissent la
les minéraux des fibres sont en partie vidange de l’estomac et retardent la
inutilisables car enchevêtrés avec dégradation des sucres complexes et
divers acides (phytique, oxalique – l’absorption du glucose par l’intestin.
dans l’oseille par exemple) mais Voilà qui est passionnant.
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quand il y a trop de glucose
(triglycérides), va être produite sans à-coups, sans inonder le corps, sans surcharge.
L’intérêt des glucides complexes contenus dans les
céréales et les légumineuses,
c’est que le sucre, nécessaire,
va être utilisé plus lentement,
sans décharge violente d’insuline, et donc apporter de
l’énergie sur une longue
période dans la journée ; l’insuline ne pourra pas stocker
dans le tissu adipeux le sucre
sanguin circulant en excès
(qui dans ce cas n’existe pas !)
et on ne grossit pas.
Donc dans le quart restant de l’assiette, pour résumer, mettez des petits
pois, du riz, des patates douces, des
pommes de terre, des topinambours,
des petits haricots, des fèves, des pois
chiches, des lentilles (ô merveilleuse
lentille), et de préférence le midi,
pour ne pas faire sécréter l’insuline la
nuit… et grossir en dormant !
Et ça ramène aussi la paix dans les
ménages et au travail. Que du bonheur, je vous dis ! Et pourtant je
m’aperçois que mon verre est vide
devant ma belle assiette. Horreur !
Mais cela est une autre histoire… 䊓
Aliment
De l’intérêt
des glucides complexes
En effet, les fibres – légumes, fruits,
légumes secs – vont nous apporter les
glucides complexes, c’est-à-dire d’innombrables molécules de glucose
agglomérées (on dit polymérisées) et
donc lentement dégradées en glucose.
Très intéressant, car l’insuline, responsable de l’utilisation cellulaire du
glucose pour faire de l’énergie (ATP)
et des stockages dans l’organisme
La Revue de la MTRL
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septembre 2007
䉬
Sucres simples
et hypoglycémie
A l’inverse, les sucres simples
(confiseries, sucre, par exemple), eux, sont rapidement
utilisables car ce sont de petites molécules, induisant une
réponse rapide et massive
d’insuline (celle-ci est un peu
stockée dans les cellules du
pancréas, mais en grande
majorité fabriquée par ces
mêmes cellules dès que le
taux sanguin de sucre – glycémie – s’élève). On risque
alors facilement la surcharge
en insuline, avec comme
conséquence une hypoglycémie réactionnelle à la charge
en sucre de l’aliment.
Un des tout premiers signes
de l’hypoglycémie, c’est l’irritabilité : regardez ce qui se
passe vers 11 heures du
matin, les individus commencent à être agacés, supportent moins bien une contrainte
ou un stress… et ressentent une
petite faim, un « creux » d’hypoglycémie qu’ils comblent par un petit encas, une friandise par exemple ; et le
calme revient dans l’entourage ! Tout
cela car, le matin, ils ont mangé un
traditionnel pain-beurre-confiture,
c’est-à-dire un petit déjeuner majoritairement ou exclusivement glucidique. L’hypoglycémie réactionnelle
s’ensuit fatalement.
numéro 55
Teneur en fibres
pour 100 g
d’aliment (en g)
Céréales
Son de blé
45,5
Pain complet
8,2
Flocons d’avoine
7,2
Riz blanc
3
Pain blanc
2,8
Légumineuses
Haricot blanc
24,5
Pois chiche
15
Lentille
11,7
Petit pois
6,3
Légumes
Artichaut
5,2
Carotte
3,7
Pomme de terre
3,5
Chou vert
3,4
Haricots verts
3
Laitue
1,5
Tomate
1,4
Fruits
Pruneau
16
Amande
14,3
Abricot sec
13,6
Figue sèche
10
Datte
8,6
Framboise
7,5
Noix
5,4
Banane
3,4
Poire
2,4
Fraise
2,1
Pomme
2
CD
11
AU PLAISIR DES DIEUX
A boire !
Après avoir avalé, tour à tour, nos légumes puis du poisson
et une grosse part de céréales et de fruits, pour faire le plein de fibres
alimentaires, nous avions le gosier sec. Sachant que l’eau est le
principal constituant du corps humain, il était temps
de s’intéresser aux liquides
oilà un sujet bien sympathique pour aujourd’hui, mais
nous allons commencer par
nous fâcher si je vous dis que… seule
l’eau est le liquide indispensable à
l’organisme ! Et peut-être avez-vous
remarqué que plus on est hydraté –
en eau évidemment ! – moins on ressent le besoin de saler. Finalement,
tout pourrait s’arrêter là, et il suffirait
de contempler comment les molécules d’eau s’organisent quand elles sont
soumises aux sons de différentes
musiques…
V
En d’autres temps
Le premier pressoir à vin connu se
trouve en Syrie et date de plus de
8 000 ans ! En Egypte prédynastique,
on distinguait la bière rousse de la
bière brune… En Provence, aux
XIVe et XVe siècles, les rations annuelles de certains travailleurs oscillaient
entre 230 et 800 litres ! S’il est vrai
que les choses nous possèdent au
12
moins autant que nous les possédons,
le plaisir nous possède aussi.
Savez-vous réellement combien
contient d’alcool un litre de vin ? Un
litre à 10 volumes d’alcool pour 100
contient donc 100 ml d’alcool, soit
80 g d’alcool pur (poids spécifique,
ou densité, 0,8). Vu comme ça, cela
surprend. Mais le whisky – tiens un
bon single malt bien tourbé par
exemple, à 43° comme il est dit sur
l’étiquette –, c’est 350 g d’alcool dans
une bouteille de 1 litre. Ouille !
Vigni, vignez, vignons le vin,
La voilà la jolie vigne au vin
Mais, par-delà sa composante alcoolique (entre 10 et 14 % volume), le vin
contient bien d’autres constituants,
tantôt nutritionnels (vitamines,
minéraux, protéines, glucides), tantôt plus ou moins toxiques, comme
des aldéhydes, des essences aromatiques – des huiles ! –, de l’histamine
(qui nous donne de soudaines bouffées « de chaleur ») et des additifs
(comme les sulfites, vecteurs
d’allergies).
On trouve aussi dans
le vin ces fameux
polyphénols, simples ou bien polymérisés (tannins, lignanes), qui ont fait couler
beaucoup d’encre à propos
du « french paradox »,
à savoir le fait que,
pour les Français, consommer du vin
régulièrement protégerait des maladies cardio-vasculaires. Attention, il
faut bien savoir que le risque d’une
population n’est pas le risque d’un
individu pris au hasard !
Parmi ces polyphénols, les flavonoïdes se répartissent en quelque 4 000
variétés et sont aussi présents dans
l’alimentation de l’homme, quoique
sous une forme différente puisque
complexés à des sucres. Le plus
important, c’est que ces polyphénols
sont des antioxydants, c’est-à-dire des
molécules qui ne nourrissent pas mais
qui protègent nos structures. Leur
action est donc complémentaire de
celle des vitamines antioxydantes
(vitamines E et C, par exemple). On
sait aussi qu’ils protègent notre
ossature, alors que l’alcool ne
protège pas les os.
Et une petite mousse !
Toutes les civilisations ont mis
au point des artifices pour rendre plus agréable la consommation d’eau : par exemple la
bière. Sachez que le houblon, indispensable à ce
breuvage, appartient – avec
le cannabis (oups !) – à la
classe des Cannabacées. La
bière contient entre 30 et
40 g de sucres par litre, mais
aussi des polyphénols.
Depuis une dizaine d’an-
La Revue de la MTRL
䉬
décembre 2007
䉬
numéro 56
nées, on a trouvé dans le houblon
une nouvelle classe de phytoestrogènes : les prénylflavonoïdes, en clair la
hopéine et le xanthohumol (qui n’est
pas une nouvelle pastille pour la
gorge !)
Ces phytoestrogènes ont une ressemblance structurale plus ou moins
proche avec ceux retrouvés chez la
femme, mais leur puissance hormonale est beaucoup plus faible. Cependant, un homme qui boit beaucoup
de bière a tendance à se féminiser
physiquement, et les femmes qui boivent beaucoup de bière ont des règles
abondantes et allongées dans le temps
(ménorragies). C’est une constatation : trop d’activité estrogénique.
Il est remarquable de noter que la
hopéine est la molécule estrogénique
végétale naturelle la plus puissante
répertoriée : environ 100 fois plus
active que les phytoestrogènes classiques bien connus (génistéine, daïdzéine du soja, coumestrol du trèfle),
utilisés comme compléments alimentaires en cas de bouffées de chaleur
ménopausiques. Le xanthohumol,
lui, possède des effets protecteurs cel-
La Revue de la MTRL
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décembre 2007
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LA COULEUR DES BIÈRES
La couleur résulte des types de malt utilisés.
les blondes sont brassées avec des malts blonds très pâles, qui donnent de l’amertume et des arômes fruités et floraux avec une mousse abondante;
les ambrées et les rousses, brassées avec du malt légèrement torréfié, ont une couleur qui oscille
entre l’or cuivré et le roux franc, avec des saveurs légèrement caramélisées;
les brunes font généralement intervenir un malt torréfié, de couleur foncée variant du brun acajou
au noir ébène; le goût s’équilibre entre l’amertume des sucres caramélisés et celle du houblon;
les noires, plus rares, sont à base de malts très torréfiés;
les blanches, «bières de printemps», rafraîchissantes et goûteuses, sont originaires d’Allemagne.
Elles doivent leur blond pâle à l’utilisation de froment.
lulaires et, in vitro, il inhibe la prolifération des cellules cancéreuses prostatiques, selon une étude belge.
La boisson la plus
consommée au monde
Et le thé? On connaît ses vertus antioxydantes, il est riche en polyphénols
et en catéchines, surtout le thé vert.
Mais, comme les polyphénols sont
métabolisés dans l’organisme dans
l’heure qui suit son ingestion, pour
profiter de ses effets protecteurs, il faut
en boire régulièrement une tasse tout
au long de la journée et non
pas s’en enfiler un demi-litre le
matin en pensant bien faire!
Les catéchines – une variété
de polyphénols qu’on trouve
ailleurs que dans le thé –
comprennent un individu
bizarre dénommé Epi Gallo
Catéchine Gallate. La variété
la plus riche en EGCG est
l’espèce de thé ritzuko. Ces
EGCG ont le pouvoir de freiner la néo-angio-genèse,
c’est-à-dire la formation de
nouveaux vaisseaux sanguins
(anormaux) dans la tumeur
cancéreuse au fur et à mesure
que celle-ci grandit. Elle
empêche aussi les cellules
cancéreuses d’expulser de
l’intérieur les molécules
médicamenteuses de chimiothérapie (action anti-Pgp
pour les connaisseurs). Cette
action n’est évidemment pas
majeure, mais elle existe et
des travaux de recherche sont
en cours.
numéro 56
A very nice cup of tea !
Pour nous résumer
Et si on se prenait une boisson faiblement alcoolisée? Un premix ou bien un
alcopop, comme on les appelle; c’est
très peu d’alcool (comme une bière
light), mais ce sont des cocktails tout
préparés reproduisant les mélanges à la
mode; destinés à une «cible» – les jeunes –, ils offrent le désavantage de faciliter l’entrée dans une consommation
alcoolique régulière et excessive. Nutritionnellement, c’est zéro.
Un peu de tout, régulièrement,
même dans les boissons, voilà la
bonne affaire. Les produits bio (vins,
bières) sont intéressants, car en général
leur amertume ou acidité au palais est
moins prononcée. Mais il y a quand
même des sulfites dedans, c’est la loi.
A la prochaine fois, pour une autre
histoire…
䊓
CD
13
UN JEU BÊTE ET MÉCHANT
Comment se faire
une maladie !
Voilà bien une chose facile à faire, mais si mais si,
et gratuite, de surcroît !
Mais enfin, pourquoi s’en priver ?
On peut même s’y préparer à l’avance… tous les jours
n fait, rien de plus simple, on
commence à manger bien tard la
veille. Quand on travaille plus, il
faut manger plus ! Allez hop, une
grosse part de pizza et une assiettée de
pâtes à la crème. Voilà de quoi réveiller le Judas dans le pancréas et les diablotins de l’intestin. Comme le soir on
ne fabrique pas d’insuline pancréatique, ici on va forcer le destin. On va
en fabriquer la nuit, et ainsi faire du
gras en dormant. Etonnant comme on
peut grossir la nuit et attraper une
belle culotte de cheval en dormant! En
fait, il faudrait aller danser après un
bon repas du soir, bouger ses muscles,
utiliser ce que l’on a mangé et non pas
le garder en réserve.
E
En cas de pénurie…
L’insuline va faire son travail, mettre
en stock les sucres et les graisses au cas
où surviendrait une période – impensable évidemment – de jeûne. Souvenez-vous, l’insuline est faite pour ça
aussi. L’ennui, c’est que le tissu adipeux est une authentique glande
14
endocrine fabriquant par définition
des hormones qui vont se retrouver
dans le sang, lequel tissu va profiter
du repas pour sécréter davantage
(tout est bien dans l’air du temps !). Il
va se mettre à fabriquer des protéines
qui déclenchent l’inflammation
(TNF, IL6), des protéines qui s’opposent à l’action de l’insuline – normalement bénéfique – et, en prenant de
l’ampleur, va s’effondrer sa production d’adiponectine (une hormone
très protectrice des vaisseaux et du
cœur). Et en avant gaillardement vers
l’athérosclérose et ses complications,
comme l’infarctus ! En prime, l’organisme va fabriquer des molécules spéciales appelées IGF1 chargées de
multiplier les cellules et aussi de les
faire grossir. Tout cela est absolument
gratuit, je vous l’ai dit !
graisseuses, lesquelles sont aptes à se
remplir de graisses (triglycérides).
Mais en chargeant la mule graisseuse,
ces cellules finissent par se multiplier.
Et là, point de retour en arrière, on ne
peut que grossir. La médecine est
alors obligée de gérer cet état et toutes ses conséquences inflammatoires
(le diabète gras et ses redoutables
complications, cardio-vasculaires par
exemple).
Donc, pour la pizza et les pâtes –
c’est un repas gras et sucré –, vous les
programmez trois ou quatre fois par
semaine (sans oublier la bière ou le
chianti, pour faire glisser !) et vous
aurez un prix à la loterie des maladies.
Plus d’inflammation égale
davantage de maladies
Allez, on continue, c’est facile, vous
allez voir. A la naissance, chacun naît
avec un certain nombre de cellules
La Revue de la MTRL
䉬
mars 2008
䉬
numéro 57
Car, de soirée foot en soirée rugby,
vous allez faire de l’inflammation en
continu. A la naissance, nous l’avons
dit, nous possédons des cellules graisseuses en quantité déterminée, réceptacles de triglycérides. Si l’on en reste
là, cela va à peu près, on peut même
revenir en arrière en perdant une partie de ces graisses. Mais, en suivant le
régime décrit plus haut, arrive un
moment où le nombre de ces cellules
augmente et survient le point limite
qu’il faut atteindre lorsqu’on tient
absolument à être malade. Pour résumer, plus d’inflammation égale
davantage de maladies, et plus vite.
Au Tord-Boyaux,
c’est vous le patron !
Choisissez donc un repas copieux,
riche en protéines (une bonne côte à
l’os de 600 g bien grillée, par exemple) après une entrée de charcuterie
(bien salée), un fromage très gras et
une pâtisserie. Surtout, évitez les
fruits ou les légumes, vous risqueriez
de fausser les résultats de l’expérience,
refusez poliment. Rajoutez encore un
peu de sel sur la viande et ne lésinez
pas sur le pain, riche en sel lui aussi
(bien qu’une amélioration sur ce plan
se dessine dans l’industrie). Rien de
mieux pour faire connaissance avec
l’hypertension. Enfin, évitez de
mâcher trop, ça fatigue les mâchoires
et ça détériore les dents, boire un
verre toutes les trois bouchées compensera largement le manque de
salive – élément important d’une
bonne digestion – produite par la
mastication.
La Revue de la MTRL
䉬
mars 2008
䉬
numéro 57
En général, ne choisissez que des
produits issus de l’industrie, tout faits,
tout cuits, prêts à réchauffer, bien
appauvris en minéraux par la culture
intensive pratiquée dans certains pays
fournisseurs, et en vitamines détruites
par la chaleur, bien riches en graisses
oméga 6 facteur d’inflammation
quand on en consomme trop, bien
riches en acides gras trans fabriqués par
la cuisson des graisses et qui sont toxiques en excès, bien pauvres en graisses
oméga 3 qui, elles, protègent de l’inflammation et des conséquences issues
d’un excédent de corps gras. Surtout
n’envisagez pas un «programme potager» derrière la maison, car l’exercice
physique ne fait pas partie du programme défini ici! Et, en toute occasion, dégustez une limonade ou une
boisson sucrée afin d’épuiser consciencieusement le pancréas et son insuline.
Donc, si on récapitule, il vous faut
créer de l’inflammation à chaque
repas et faire sécréter le plus possible
d’insuline en mangeant souvent gras
et sucré.
Par ailleurs, oubliez de déjeuner le
matin ! Ça ne sert à rien, tout va être
utilisé et si peu mis en réserve ! Ainsi,
en faisant une légère hypoglycémie en
fin de matinée, vous aurez une excellente raison de déverser votre mauvaise humeur sur vos collègues de travail avant de vous jeter avidement sur
le repas de midi, que vous avalerez le
plus vite possible afin de calmer une
fringale née d’un jeûne complet
d’une quinzaine d’heures.
Arrosez aussi souvent que possible
l’aggravation de votre état (douleurs,
fatigue, déprime…) avec des alcools
forts, et quelques bonnes cigarettes.
Vous profiterez un jour ou l’autre de
vos cotisations maladie !
La maladie
comme une raison d’être ?
Evidemment, vous avez compris que
je n’ai rien contre la pizza et les pâtes,
même le soir. Simplement, n’en
consommez pas trois ou quatre fois
par semaine ! On peut se faire un
excellent repas que l’on adore, bien
méchant pour notre santé, de temps
en temps, disons une fois tous les
quinze jours, mais sans plus.
Parce que, en continuant ainsi chaque jour, vous entretenez consciencieusement votre inflammation et
surtout vous allez l’augmenter, jusqu’à
vraiment rencontrer de sérieux problèmes de santé. Vous pourrez alors
peut-être un jour vous poser une
question bizarre : pourquoi ai-je
besoin d’une maladie pour exister ?
Fabriquer une maladie, c’est un jeu
d’enfant, on ne s’en rend même pas
compte. Il suffit de ne pas se préoccuper de soi, de ne pas être conscient de
ce que l’on est – et je n’ai pas dit que
l’on doit s’en sentir coupable.
Enfin malade ! Et là, chouette,
votre mutuelle vous servira à quelque
chose ! Il paraît même que certains
veulent faire de la prévention…
m’empêcher d’être patraque… Non
mais… on n’a jamais vu ça !
䊓
CD
15
DES DÉCOUVERTES SURPRENANTES
Nutrition et cancers :
du vrai nouveau !
Régulièrement, on entend parler ici et là d’alimentation et de cancers.
Nombre d’ouvrages et d’interventions médiatiques de toute nature traitent de ce sujet
bien particulier. Mais aujourd’hui vous allez en apprendre de belles !
contemporains. Cependant, une fois
le cancer diagnostiqué, on vous dira :
mangez de tout, de façon équilibrée.
Mais savez-vous ce qu’est manger
équilibré ? En général, non. Maintenant, si vous demandez au médecin
« l’alimentation peut-elle guérir le
cancer ? » on vous répondra : non, ça
se saurait ! Quoique…
Une divine surprise
Et pourtant, voici qu’aujourd’hui il
existe une alimentation curative des
cancers. Ce fait est totalement
inconnu car la diffusion des informations vient juste de commencer. Il y a
dans les cancers un abord alimentaire
particulier centré sur des petites
16
ment elles sont omniprésentes. De ce
fait, on s’en est désintéressé. D’autant
qu’elles portent des petits noms charmants : putrescine, spermidine, cadavérine, pour les plus répandues chez
l’Homme. « Bonjour Monsieur, votre
taux de cadavérine est élevé », voyez le
genre de délicatesse…
Ces polyamines sont produites à
chaque fois que les cellules se divisent, et les polyamines favorisent la
multiplication cellulaire. Voilà le
dilemme, c’est un cercle vicieux.
Elles proviennent d’une enzyme
appelée ornithine décarboxylase,
que l’on retrouve dans toutes les cellules du corps, et aussi dans les bactéries, y compris celles de l’intestin.
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Les premières études ont consisté
dans les années 1980 à inhiber l’enzyme à l’aide d’un médicament, le
DFMO, mis au point à Strasbourg.
Dans un laboratoire, les cellules
étant isolées dans des boîtes, l’effet
est spectaculaire : 100 % des cellules
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Sans Polyamines
L
molécules anodines, que l’on
retrouve partout dans le corps, dans
les végétaux, et qui régulent la multiplication cellulaire : je veux parler des
polyamines. Elles sont identifiées
depuis plus de 200 ans, mais on ne
savait pas à quoi elles servaient, telle-
Sans Polyamines
a prévention des cancers par
l’alimentation passe par un
ensemble
d’aménagements
nutritionnels dont on ne voit pas les
effets au jour le jour mais qui représentent une contrainte plus ou moins
bien acceptée par les mangeurs
qui reçoivent le DFMO arrêtent de
se multiplier.
Des essais stupéfiants
Enthousiasmés, les chercheurs effectuent alors des tests in vivo chez les
animaux : aucun effet ! Déception
évidemment. Jusqu’au moment où
l’on s’aperçoit que les polyamines
manquantes par défaut de fabrication
endogène dans le corps proviennent
de l’intestin ! Elles proviennent de
l’alimentation et de la fabrication
bactérienne (n’oublions pas que nous
avons 2 kg de bactéries dans le ventre…). De nouveaux protocoles d’essais sont mis au point, on donne alors
par voie orale aux animaux du
La Revue de la MTRL
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juin 2008
䉬
numéro 58
ses dans les magasins d’alimentation
et a systématiquement dosé la teneur
en polyamines dans les aliments
usuels. Actuellement, plus de 430 aliments du commerce sont répertoriés.
Un guide nutritionnel existe donc bel
et bien. Par ailleurs, l’équipe rennaise
a réalisé un aliment de substitution
en canettes dépourvu de polyamines,
et qui sert de traitement d’attaque dès
le diagnostic de cancer établi. Cette
alimentation particulière, qui dure
un certain temps selon les résultats
obtenus, s’ajoute aux divers traitements habituellement proposés en la
matière par les oncologues. Passé la
durée de plusieurs mois des essais cliniques, un nombre non négligeable
La Revue de la MTRL
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juin 2008
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numéro 58
diagnostic – et une autre curative,
une fois celui-ci établi. Il ne faut pas
les opposer. Quant à savoir si l’alimentation curative – dépourvue en
polyamines – prévient la maladie,
nul ne le sait. Il est donc actuellement non justifié de pratiquer une
alimentation dépourvue en polyamines avant l’apparition d’un cancer.
C’est pourquoi je ne vous fournirai
pas la liste des aliments interdits et
autorisés : votre médecin est là pour
ça. Vous pourrez trouver davantage
d’informations dans le livre intitulé
« L’intestin, carrefour de mon destin ».
es
min
ns P
olya
Sa
San
s Po
Sans Po
lyam
ines
Une formation continue est programmée sur toute la France. Dans
peu de temps, la communauté médicale sera au courant de cette révolution nutritionnelle, après trente
années de recherches acharnées. Plusieurs autres études sont en cours de
publication, les recherches conti-
lyamines
De mieux en mieux…
Le plus inattendu, c’est que les
patients acceptant le protocole voient
leur fatigue disparaître et, fait totalement inattendu, voient leurs douleurs fortement diminuer ou s’arrêter ! L’explication en a été fournie par
d’autres chercheurs de Bordeaux (Pr
Guy Simonet). Mais ce n’est pas tout,
l’alimentation dépourvue de polyamines restaure l’immunité et stoppe
l’anémie et la splénomégalie (grosse
rate) des cancéreux…
Bien sûr, il y a aussi des échecs, que
l’on étudie, et divers CHU ont
engagé des études devant ces résultats convaincants (Grenoble, Clermont-Ferrand, Paris…). Totalement
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Sans Polyamines
Aliments de substitution
Restait à mettre au point une alimentation dépourvue de polyamines
adaptée à l’homme. C’est fait.
L’équipe rennaise du Pr Jacques Philippe Moulinoux a été faire les cour-
de patients, se portant par ailleurs très
bien, ont décidé de continuer ce
régime un peu spécial parce que, simplement, « ça leur convenait très
bien ».
Sans Polyamines
DFMO qui n’est pas toxique, et on
leur propose une alimentation
dépourvue de polyamines. Et,
comme on veut faire fort, un antibiotique est ajouté à la sauce. Résultat :
95 % des cellules arrêtent de se multiplier, les cancers greffés chez les souris et les rats régressent. Remarquez,
au passage, que l’on ne s’est pas
occupé de détruire les cellules cancéreuses… On décide alors, ayant
répété les expériences avec des médicaments de chimiothérapie à dose
non efficace – et donc non toxique –,
de passer aux études chez l’homme.
Les résultats sont identiques. C’est
formidable…
atoxique, bien équilibré, le protocole
est déjà opérationnel. L’aliment de
substitution en canettes est déjà
commercialisé (c’est très bon), se
prescrit par n’importe quel médecin
et est remboursé à 50 % par les caisses de Sécurité sociale, accepté au
remboursement par les mutuelles…
Le saviez-vous ?
nuent, les améliorations arrivent,
c’est encore plus prometteur… Voulez-vous le mot de la fin ? Je pense
que les travaux de Jacques Philippe
Moulinoux sont nobélisables. Mais,
comme vous le savez, cela est une
autre histoire…
䊓
Alimentation préventive,
alimentation curative
Mais j’attire l’attention sur le fait
que l’alimentation chez un patient
cancéreux déclaré n’est pas la même
que celle préconisée en prévention.
Il y a, sur le plan de la maladie, une
alimentation préventive – avant le
CD
17
A LA BONNE HEURE !
La chronobiologie
(1re partie)
Le moment idéal de la journée pour administrer le médicament le plus adapté
au mal à traiter, avec le meilleur dosage possible, telle est – ou devrait être –
la préoccupation essentielle du praticien. Transposée à la nutrition,
© Comité départemental de spéléologie du Tarn (www.cds81.com)
elle s’applique dans des termes quasi identiques aux recommandations diététiques
Au fond de la grotte, dans l’isolement, la pénombre et le silence, hors des repères de temps de la surface,
le cycle veille/sommeil peut s’allonger au-delà de 30 heures.
ous savez bien que l’on parle
des constantes biologiques
d’un individu (calcémie, glycémie, cholestérol…) ; ce dogme a
longtemps été admis, et cependant
jamais vérifié par l’expérience. Pourtant, dès 1814, Julien Joseph Virey
posait déjà la question de savoir quelle
était la meilleure heure d’administration d’un médicament. Il a fallu
attendre les années 1970 pour commencer à répondre à cette question.
Les études révèlent que des variations périodiques biologiques sont
prévisibles. On peut raisonnablement parler de la rythmicité comme
une propriété fondamentale du
vivant, depuis les niveaux moléculaires jusqu’au niveau des populations dans certains cas. Il existe bel
et bien une sorte d’anatomie dans le
temps qui se juxtapose à l’anatomie
classique spatiale.
V
18
La nécessaire adaptation
dans le temps
des êtres vivants
Mais pourquoi donc les êtres vivants
ont-ils des rythmes biologiques ?
Question difficile ! On peut dire que
les explications font intervenir
l’adaptation des organismes aux fluctuations prévisibles de l’environnement terrestre. Bünning vérifia que
la floraison d’une plante dépend des
heures où elle reçoit la lumière et de
l’obscurité. La reproduction des
espèces animales est également soumise à un ensemble de signaux afin
que les petits naissent dans des
conditions optimales de l’environnement (en général le printemps).
Mais, aussi, l’existence de rythmes
permet aux animaux diurnes et nocturnes, d’espèces antagonistes, de
cohabiter dans une même niche écologique (ainsi le rat et l’homme !)
La mise en route de processus
vitaux (par exemple hormonaux) le
matin au réveil, pour préparer le sujet
à la vie diurne, nécessiterait une
dépense d’énergie incompatible avec
la survie. L’existence d’horloges biologiques permet de « chauffer le
moteur » progressivement avant l’apparition du jour et évite la mise en
régime maximal de la machine brutalement au réveil.
Le grain de sable
Pourtant, les horloges biologiques
peuvent se détraquer, dériver (vie
sous terre, par exemple) : il faut alors
qu’elles soient recalées par des
signaux périodiques de l’environnement, autrement dit des synchronisateurs (Zeitgeber, « donneurs de
temps »). Le synchronisateur le plus
connu de tous définissant le rythme
circadien (24 heures), certainement
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un des plus puissants, est représenté
par l’alternance jour/nuit, ce que chacun aura remarqué ! Mais sachez qu’il
existe aussi des signaux périodiques
moins précis, comme l’alternance
bruit/silence, chaud/froid, durée de
l’éclairement par rapport à celle de
l’obscurité (solstices).
Chez l’Homme, les synchronisateurs les plus puissants sont de nature
socio-écologique, et certainement les
rythmes sociaux sont plus influents
que les rythmes écologiques. Ainsi,
des individus en isolement de groupe,
sans repères temporels, se synchronisent entre eux sur une période de
25 heures et non pas de 24 ! Par
contre, l’effet synchronisant de
l’heure de la prise des repas est nul.
Les biophysiciens s’intéressent
aussi aux rythmes : le prix Nobel Ilia
Prigogine a exploré les états transitionnels de la thermodynamique, ces
états de non-équilibre : en effet, lorsque l’on met en présence deux substances chimiques, la réaction se fait
brutalement et donne naissance à un
produit de réaction. Que se passe-til entre les deux états ? L’introduction progressive des deux réactifs
initiaux retarde l’état d’équilibre, et
des oscillations apparaissent. La biologie fonctionne sur le même
modèle d’oscillations, réglées par des
synchronisateurs.
On sait que la manipulation des
Zeitgeber provoque des modifications transitoires des rythmes biologiques. Ça vous paraît compliqué ?
Mais non, je veux simplement vous
dire que, quand vous franchissez trois
fuseaux horaires rapidement (en
avion, pas en voilier), vous déréglez
votre horloge, et apparaissent temporairement les troubles du sommeil
liés au fameux jet-lag (décalage
horaire). C’est en quelque sorte une
réaction chimique ralentie, suivie de
fluctuations.
Variations périodiques
des symptômes
Après ce survol rapide des généralités,
voyons maintenant la chronopathologie : l’étude des variations périodiques des signes et symptômes d’une
La Revue de la MTRL
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maladie. Bien sûr, les
altérations de l’anatomie temporelle peuvent être cause ou
bien conséquence de
la maladie elle-même.
Il y a d’ailleurs fort
longtemps que l’on
avait remarqué cela.
Un asthme apparaît
en général dans la
nuit après le contact
avec l’allergène ; les
douleurs de la polyarthrite rhumatoïde
apparaissent le matin ; l’ulcère gastrique se manifeste trois heures après le
repas ; certaines formes d’angine de
poitrine (angor) supportent mal une
épreuve d’effort le matin alors que
celle-ci est tolérée l’après-midi ; il
existe des épilepsies exclusivement
diurnes et d’autres nocturnes ; l’infarctus myocardique se déclenche
souvent au petit matin, les cellules
cancéreuses perdent leur rythmicité
de mitose nocturne (en général) pour
se diviser plusieurs fois par jour.
La réponse par
la chronothérapie
Après la chronopathologie, abordons
la chronothérapie! Implacable suite
logique, on peut facilement déduire
qu’on aura affaire aussi à la chronotoxicité et à la chronotolérance.
Disons tout de suite que le mythe du
médicament actif tout au long de la
journée et de la nuit est totalement
faux à ce jour: chaque fois que l’on
teste l’hypothèse, elle est invalidée. Un
anti-inflammatoire prescrit le matin
peut donner un effet bénéfique mais, à
17 heures, il aggravera les lésions! Que
dire des antiacides censés être actifs sur
24 heures? Mais beaucoup de molécules différentes ont été examinées.
On peut dire également la même
chose des poisons chimiques que la
société industrielle nous fait avaler ou
respirer ! Il existe de même des périodes de l’année où il vaut mieux ne pas
être en contact avec certaines substances (métaux lourds, antibiotiques,
etc.). Vous voyez, c’est très complexe,
et on peut dire que chaque substance
numéro 60
possède ses effets propres. Ainsi,
l’adage couramment entendu « c’est
la dose qui fait le poison » est faux ;
non seulement il existe des produits
toxiques directement, mais aussi
selon l’heure d’administration, les
périodes de la semaine, du mois, et
même de l’année (tests chez les rats).
Il est des chimiothérapies qui pourraient être administrées selon la température corporelle ou selon l’heure
(meilleure tolérance).
Enfin, pour terminer ce survol très
rapide, je vous dirais que l’horloge
centrale de l’organisme se situe audessus du croisement des nerfs optiques dans le cerveau, dans les noyaux
supra-chiasmatiques, près de l’hypothalamus. L’épiphyse (ou glande
pinéale) sécrète la mélatonine la nuit
(hormone de synchronisation) : n’allumez pas la lumière si vous allez au
petit coin, sinon la sécrétion stoppe
immédiatement ! Disposez une petite
lampe rouge (comme chez les photographes… d’avant le numérique), sa
très faible intensité ne nuira pas beaucoup à vos rythmes de mélatonine !
Et puis, pour finir provisoirement,
sachez qu’il existe des aveugles voyant
la lumière (pas les images) : ceux-ci
n’ont pas le sommeil perturbé ; par
contre, les aveugles ne percevant pas
la lumière (certaines cellules spéciales de la rétine sont alors détruites)
ont de gros troubles de sommeil…
Fascinante chronobiologie !
䊓
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LE TEMPS APPRIVOISÉ
La chronobiologie
(2e partie)
Si Hippocrate est incontestablement le père de la chronopathologie, Aristote et Pline,
comme bien d’autres, avaient déjà observé l’existence de rythmes chez les animaux marins.
Poursuivons notre périple dans ce monde si imprégné des cycles biologiques
es organismes soumis à des
conditions constantes (température, lumière, humidité, apports
énergétiques…) montrent que les
rythmes circadiens persistent sans
amortissement, que ces rythmes ne
reflètent plus exactement 24 heures,
et que les relations entre les différents
rythmes demeurent. L’absence de
synchronisateurs ne les abolit pas.
Cette biopériodicité recense trois
domaines de rythmes :
– les rythmes circadiens, dont les
périodes sont d’environ 24 heures,
– les rythmes ultradiens, de périodes
plus courtes que 24 heures,
– les rythmes infradiens, de périodes
variant entre plusieurs jours, mois ou
années.
élaborée par l’hypophyse. L’activité
maximale de celle-ci est donc antérieure nécessairement par rapport au
moment de la synthèse du cortisol !
Le cortisol répercute ses effets sur ses
nombreuses cibles : le degré de dilatation bronchique, l’excrétion urinaire
de potassium, etc. et, à chaque fois, il
existe un décalage des pics d‘activité,
chaque signal précédant l’observation
de l’effet suivant. Ainsi les effets
d’une substance dépendent-ils du
moment où celle-ci apparaît et du
moment où l’organe cible possède
son optimum de sensibilité. Pour
envoyer un colis, vous (la substance)
devez vous rendre au bureau de poste
(l’organe), mais aux heures d’ouverture (sensibilité) !
Hiérarchie chronobiologique
L’activité sécrétoire des glandes surrénales fabriquant le cortisol se manifeste
selon un rythme ultradien de 45 à
90 minutes. Mais aussi selon un
rythme circadien de période d'environ
24 heures, et selon un rythme circannuel dont la période est d’environ 1 an.
Cela veut dire que les cellules surrénales élaborent des hormones toutes les
45 à 90 minutes, que la sécrétion de
celles-ci est maximale le matin vers
8 heures et décroît tout au long de la
journée, et que le niveau moyen d’activité varie tout au long de l’année (vérifiable par les prises de sang).
Mais, pour que les surrénales fabriquent le cortisol, il leur faut un
signal : celui de l’hormone ACTH,
Au jour le jour
des cycles biologiques
Chez le nouveau-né, le synchronisateur social majeur est l’alternance de la
présence maternelle – ou de la personne qui en tient lieu. Chez le sujet
âgé (environ 80 ans), on observe dans
le sang une chute nocturne des protéines plasmatiques par rapport au sujet
jeune. Il en résulte que les médicaments ou les hormones qui se lient aux
protéines peuvent avoir, chez le vieillard et la nuit, une fraction active (non
liée) supérieure à celle de l’adulte,
donc risque accru de surdosage
(15000 accidents iatrogènes par an en
France). Chez l’adulte, l’homme sain
s’endort plus facilement lorsque sa
température corporelle décroît que
L
20
lorsqu’elle croît; et inversement pour
son éveil. Ainsi, pour mieux dormir
pendant la chaleur de l’été, vous prenez une douche froide avant d’aller au
lit, et le matin vous prenez une douche
chaude pour vous réveiller ! Vous
voyez qu’à travers ces exemples les synchronisateurs sont couplés : l’alternance lumineuse et l’alternance de
température corporelle.
Incontournable génétique
De nombreuses expériences ont été
réalisées pour montrer que, de façon
générale, la structure temporelle des
organismes a un caractère héréditaire.
Les biopériodes se transmettent suivant les règles prédictives de la génétique classique. Chez la drosophile
(mouche du vinaigre) ont été mises
en évidence trois mutations sur le
chromosome X : le gène per (pour
période) se décline sous forme per0
(arythmique), perS (pour short,
Des risques accrus de surdosage
pour les médicaments pris le soir.
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période courte) et perL (pour long).
Il existe des mouches possédant un
gène maternel perS et perL paternel.
Toutes les combinaisons sont possibles, avec en conséquence des mouches au comportement individualisé.
Les drosophiles portant l’un ou l’autre gène per ont ainsi des rythmes
d’éclosion et d’activité locomotrice
différents ! Il existe de même un gène
clock (horloge)… et un certain nombre d’autres qui influent sur les rythmes biologiques.
La chronobiologie
au service du rendement
Les plantes nous fournissent une
énorme quantité de renseignements.
Par exemple, le tabac Maryland
Mammouth a besoin de 10 heures de
lumière et de 14 heures d’obscurité
pour donner une floraison maximale
et rapide (d’où gain de production).
Des chercheurs ont réussi à faire
pousser deux fois par an des bois chez
les daims japonais (alors que le
rythme de croissance est circannuel)
en manipulant les photopériodes (ce
qui influe sur l’activité testiculaire
responsable de la croissance des bois).
On a pu même obtenir par ce moyen
jusqu’à trois pousses annuelles ! Mais
au-delà il existe un échappement :
l’animal retourne spontanément à un
rythme de croissance des bois circannuel. Chez l’Homme également, il
existe des relations de rythmes entre
la photopériode, les hormones
sexuelles, la maturation des organes
reproducteurs et l’activité sexuelle…
Rythmes et psychisme
L’anxiété se manifeste aussi de
manière cyclique : on angoisse plus
volontiers le soir. Les troubles du
sommeil arrivent, la dépression peut
éclore. On se lève à midi, on se
couche très tard. Le désynchronisme
par rapport à l’alternance jour/nuit
est évident. Nous sommes alors
en décalage de phase ! Le maximum
de cortisol se met à être sécrété le
soir et même
la nuit.
Comme c’est
l’hormone
de l’alerte,
pas étonnant
Les plants de
q u’ o n n e
tabac soumis à
dorme pas !
une condition
Le cycle de
inverse (14 heuPlus de repos, même la nuit !
température
res de lumière
et 10 heures d’obscurité) restent végé- corporelle est profondément modifié,
tatifs ! En fait, l’induction florale des en avance de phase et avec réduction
plantes dépend non pas tant de la de l’amplitude thermique. Il est donc
durée de lumière que du rapport important dans ces états d’appliquer
lumière/obscurité (que l'on appelle le bon sens de la chronobiologie : se
coucher vers 18-19 heures (si on le
photopériode).
On peut donc diviser les plantes peut évidemment), se lever vers
selon leur floraison en plantes à jour 2-3 heures du matin. Le but est de se
long (iris, épinard), à jour court forcer à recoller aux rythmes naturels
(chrysanthème, topinambour), ou et de s’y tenir. Il faut une certaine
bien à jour « neutre ». Puisque la flo- force mentale, mais les expériences
raison met en cause directement sont couronnées de succès.
Les dépressions saisonnières (même
l’organe reproducteur de la plante,
il est facile de passer au règne a minima, si nombreuses) liées à une
animal : les animaux étant sensibles à perte de luminosité en automne et en
la photopériode eux aussi, on peut hiver disparaissent au printemps.
optimiser le rendement des naissan- Cette forme de dépression est liée à
une modification progressive de la
ces dans le cheptel !
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sensibilité à la photopériode. Dans
cette optique a été développée la photothérapie, illumination du sujet le
matin en général par une forte lampe
spéciale, délivrant 2 500 lux (pièce
normalement éclairée, 500 lux ; journée d’été, 100 000 lux). Les effets
thérapeutiques sont observés de
façon très précoce, en trois jours, au
plus tard le huitième jour. Le mieux
pour ces personnes est de faire quelques séances d’entretien pendant l’hiver. Enfin, d’une manière plus générale, les antidépresseurs restructurent
la sensibilité du système biologique
à la lumière.
Chronobiologie
et métaphysique…
Pour terminer sur une note amusante
mais très actuelle, la recherche d’une
théorie unifiée de l’univers par les
physiciens fait envisager que le temps
n’existe plus. C’est le temps imaginaire qui est réel alors que le temps
réel n’existerait pas… Pour les Occidentaux et les biologistes, le temps est
linéaire mais, pour les Orientaux, il
est cyclique et symbolisé par un mouvement hélicoïdal.
Ainsi, dans la cuisine, vous mesurez
le temps à l’aide d’un sablier. Quand
tout le sable s’est écoulé, vous le
retournez. Je vous propose de poser le
sablier à plat…. Serait-il donc impossible de se faire cuire un œuf ?… 䊓
CD
21
PAS DE PANIQUE !
Regards sur le stress
(1re partie)
Constamment évoqué dans notre société, le stress n’est pas l’apanage de l’époque actuelle :
il a toujours existé, ce qui peut laisser penser que le stress est indispensable à la vie.
Mais l’important est l’adéquation de l’action avec la survie personnelle
e concept de stress
est ambigu. Au
sens strict du
terme, la définition du
stress n’est pas la
réponse de l’organisme
à une contrainte mais
uniquement
la
contrainte elle-même.
Celle-ci peut être professionnelle, relationnelle, météorologique,
sentimentale, mais elle
peut se présenter aussi
sous la forme d’un
voyage, d’un déménagement, de l’apparition
de la puberté ou de la
ménopause… Issu de
l’anglais, ce mot signifie
« tension ». Cette tension peut en théorie
être positive pour l’individu, mais être aussi
négative. De là, on peut
étendre la notion : le
stress est la réponse non
spécifique de l’organisme à toute
demande. Par définition, il ne peut
être évité. La complète liberté par
rapport au stress, c’est la mort,
affirme Hans Seylie, en introduisant
en médecine son fameux syndrome
d’adaptation au stress au cours du
XXe siècle. Il parle, en termes de
déterminisme, à la façon d’un Bourdieu ; cependant, d’autres solutions
existent.
L
22
connue : il faut soit fuir,
soit lutter. Dans les
deux cas, j’ai besoin
d’énergie pour me battre ou pour courir. Car
le stress provoque une
dynamique de réactivité, il comporte la
notion de référentiel
antérieur. Voilà pourquoi la situation de
stress fait peur, elle
mobilise.
Ni l’un ni l’autre ?
La peur, inévitablement
liée, à des degrés divers,
aux situations de stress,
génère des réponses
souvent préfabriquées
par le mental, et tout
aussi inconscientes dans
les
comportements,
mais également des
modifications biologiMunch Edward, Le Cri (1893), musée d’Oslo.
ques visant à être prêt à
fournir une énergie
rapidement et facilement disponible
Fuir la tension
pour agir. Là est le problème : la
ou lui faire face ?
Tout au long de la vie, celle-ci étant réponse du corps au stress est tantôt
hasardeuse, le stress va se manifester. bénéfique, tantôt maléfique. Mais le
Chacun le sent à travers ses condi- pire est possible : je ne suis pas en
tionnements, son éducation, ses état ni de m’enfuir ni de combattre
croyances, ses propres projections du dans la situation ; je suis tétanisé,
passé vers le futur : ainsi, chaque indi- aréactif, dans une impossibilité d’acvidu appréciera le niveau de menace tion. C’est ce que l’on appelle « le
ou d’inconfort de son seul point de choc ». Il représente alors un véritavue. L’alternative est simple et bien ble traumatisme.
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numéro 62
Conséquences
Vous avez déjà rencontré des situations de choc : après le décès de son
père, tel individu va sortir un psoriasis, qu’il gardera a priori toute sa vie.
Plus bénin, après la réussite à l’examen du permis de conduire, la personne verra fleurir un magnifique
herpès labial, ou bien fera un syndrome grippal… Il est évident que,
sur le plan de la santé, les conséquences du stress peuvent être terribles
(mais pas nécessairement !) allant
jusqu’au fameux burn-out, épuisement total de l’individu, tant sur le
plan moral que physique.
Les symptômes aigus
Vous les connaissez bien, déclenchés
par une décharge d’adrénaline : vous
êtes parcouru par une impression de
froid, les poils se hérissent, vous
transpirez, la respiration est courte,
le cœur cogne et s’emballe… et vous
venez juste d’éviter la voiture d’en
face ! Simplement, le stress vous a
averti d’un danger, que normalement vous mémorisez. C’est inconfortable mais utile ! Utile si vous avez
réagi à temps… Ici, nous abordons
le stress à un niveau supérieur. En
effet, on peut considérer que le stress
déclenche une réaction. Vous êtes
sous influence hormonale forte et
immédiate.
Envisageons maintenant que vous
n’ayez pas besoin de stress pour
agir… car vous êtes présent à la
situation, non distrait, et vous n’avez
pas besoin d’être averti. Vous restez
maître de vous-même, calmement,
vous avez senti et anticipé le stress
qui va arriver et vous agissez, vous
répondez à la situation par une
action adéquate. Le contexte n’est
plus du tout le même. Au passage,
vous avez épargné du magnésium,
car l’adrénaline fait entrer beaucoup
de calcium dans les cellules et fait
sortir le magnésium pour compenser
les charges électriques ! Ainsi, le
magnésium est tranquillement
excrété dans l’urine… Donc, ne réagissez pas, soyez présent aux épisodes de la vie, agissez sans la
contrainte du stress. C’est peut-être
un autre aspect de l’intuition ?
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Les symptômes chroniques
Plus insidieux, ceux-là. On peut en
considérer trois stades.
1. Celui de la vigilance, où l’on
observe une augmentation des hormones de stress (adrénaline par exemple), et progressivement le taux sanguin de cortisone s’élève.
2. Celui de l’adaptation, où l’on
constate une augmentation des molécules d’alerte et une forte élévation
des hormones corticostéroïdes ; la
tension artérielle grimpe, l’insuline
ne travaille plus très normalement
(on peut voir augmenter la glycémie),
la thyroïde modifie son métabolisme,
les hormones sexuelles aussi…
3. Celui de l’épuisement, avec création de maladies dégénératives.
Tout
cela
s’accompagne
d’anxiété, de fatigue, de dépression, d’irritabilité, de troubles de
concentration, de palpitations,
d’intestin irritable, d’envie de sel et
de sucre, de douleurs dans le dos,
de libido diminuée et/ou de troubles sexuels, d’infections récurrentes, de prise de graisse abdominale… la liste est longue. Les
symptômes s’aggravent progressivement. Bien sûr, des traitements
visant à gommer plus ou moins
partiellement les troubles existent,
mais ils ne peuvent pas contrôler la
totalité des phénomènes intriqués
puisque l’on n’agit pas sur la cause.
Le stress c’est vous !
Mais voulez-vous que je vous dise le
fond de ma pensée ? Le responsable,
c’est vous. Peu importe d’avoir un
peu mal ici ou là, c’est une réaction
normale du corps, qui vous dit simplement : prends soin de mes symptômes, prends patience et analyse
les choses pour ne plus subir mais
agir. Corrige-toi et change tes
points de vue…
Vous pensez que j’exagère ! J’ai
connu un ami qui a passé quatre mois
et demi en prison à l’étranger, accusé
d’un délit qu’il n’avait pas commis (il
a été innocenté). Savez-vous ce qu’il
nous a dit ? « Je suis nourri et logé, je
vais faire une nouvelle expérience très
désagréable, mais ça passera. Je vais
avoir le temps d’écrire enfin mon
livre. » Je ne dis pas qu’il n’a pas subi
le stress, bien sûr. Mais, en étant présent à sa situation et en la regardant
bien en face, il n’a pas eu de troubles
chroniques liés au stress.
Vers d’autres solutions
On oublie qu’être en équilibre avec le
niveau de stress considéré correspond
à une autre solution, confortable ou
non, en tout cas source de créativité.
Face à une situation stressante, on
peut parfois puiser dans des ressources intérieures insoupçonnées, allant
même jusqu’à créer un nouveau
déterminisme pour le sujet, celui-ci
vivant alors une expérience avec « un
nouvel art de vivre ».
Même si l’on n’a pas toujours ce
que l’on veut, on a toujours ce dont
on a besoin ? De quelle maladie avezvous besoin ? De quel accident avezvous besoin ? De quelle « tuile » avezvous besoin ? Devant les situations
stressantes, certains individus sont
sereins et ne présentent pas de troubles, alors que d’autres subissent les
pires affres. Accepter les aléas de la
vie, voilà déjà un bon début pour éluder les tentatives du stress. Mais cela
est une autre histoire !
䊓
CD
23
Regards sur le stress
(2e partie)
Le stress est une conception assez récente dans notre société, et il évolue
avec son contexte culturel. Quelles sont les approches permettant de n’en pas subir
les conséquences physiques et psychologiques ?
es phénomènes structurels,
liés à l’architecture spécifique
du système nerveux, existent
chez tous les êtres humains, indépendamment de leur sexe, âge ou culture. L’activation de ces structures
provoquerait des modifications périphériques de l’état du corps qui
seraient perçues au niveau de la
conscience, produisant ainsi une sensation émotionnelle. Les caractéristiques des émotions seraient d’être des
processus prioritaires, automatiques
et involontaires, inducteurs de comportements peu élaborés et d’adaptation approximative au contexte environnemental.
C
Émotions et sentiments
émotionnels
De nombreux facteurs induisent des
émotions, et elles interviennent
constamment, dans tous les groupes
sociaux et chez toutes les personnes,
en toutes circonstances. Au niveau
individuel, le vécu émotionnel
intense perturberait :
䉴 la relation à soi,
䉴 la relation aux autres (et donc subséquemment la socialisation),
䉴 la relation au monde.
Au niveau social, le vécu émotionnel intense perturberait par contagion l’état affectif des personnes du
groupe et sa dynamique.
Les sentiments émotionnels correspondraient à l’amitié, l’amour, la
camaraderie, l’amour filial, etc. Les
24
sentiments émotionnels n’existeraient
pas à la naissance mais seraient acquis
au cours du développement. Les sentiments émotionnels correspondraient à
des émotions atténuées, et sous-tendus
principalement par des processus cognitifs. C’est la régularité et la répétition de vécus différents, induits par
des contextes également différents, qui
permettraient l’émergence des sentiments émotionnels propres et distincts. Les sentiments émotionnels,
tout comme les émotions, résulteraient d’un apprentissage.
Le stress, c’est la mémoire ?
C’est ainsi que chaque individu peut
ressentir dans sa vie, lorsqu’une situation stressante se présente, toute une
palette d’impressions que l’on a pu
résumer principalement en humiliation, injustice, abandon, rejet et trahison. Bien sûr, ces sensations psychologiques sont interpénétrées voire
interdépendantes, chacun subissant
son propre cocktail d’émotions en
proportions différentes. Ce qui est
très intéressant à remarquer, c’est que
ces émotions stressantes viennent de
la petite enfance, mais souvent on ne
peut s’en apercevoir d’emblée.
Devant de tels états, il est bon de se
poser la question de savoir ce que l’on
reproduit dans le mental. Il suffit d’y
penser ! Dans un premier temps, ce
que nous explique Boris Cyrulnik, il
y a mémorisation d’une situation
stressante. Puis, plus tard, lorsque les
conditions se présentent de nouveau,
même au niveau symbolique, la
« deuxième couche de stress » va
déclencher le véritable traumatisme.
Comme le système nerveux est fait
pour agir, tout ce qui l’entrave va
déclencher des symptômes, des
réponses plus ou moins inadéquates
parce que non conscientisées. C’est
ainsi que les comportements devant
un stress sont souvent peu maîtrisés
et peuvent engendrer des catastrophes dans la vie.
Comment s’en prémunir
La compréhension du phénomène de
mémorisation antérieure des stress
permet d’abord de se dire que nous
revivons quelque chose qui nous a été
« imposé » (culture, famille, éducation, morale, religion…), donc cela
ne nous appartient pas. C’est extérieur à nous, nous réagissons simplement en individu « formaté ». Un
enfant venant au monde est une
entité propre que l’on va former ou
déformer, en fonction du cadre global de vie dans lequel il évolue, en lui
apprenant des règles. Une bonne
solution est donc de faire une petite
introspection pour se demander si ce
que nous ressentons est notre propriété ou bien si nous acceptons la
manière de voir les choses comme on
nous l’a appris.
Finalement, il faut faire une distanciation, nous ne sommes pas l’événement stressant, posons-le sur la table
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septembre 2009
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et observons à distance. Les sages
orientaux nous enseignent que,
devant chaque émotion, chaque
stress, il faut surtout… ne rien faire !
Toute urgence demande cinq minutes de réflexion… Cela permet alors à
l’individu de ne pas réagir, mais d’agir
en fonction de ce qu’il est et non pas
en fonction de sa mémoire antérieure. Et l’on est surpris de constater
que, parfois, aucune action n’est véritablement nécessaire de notre part.
Agir n’est vraiment pas réagir. Agir
permet la résilience… Capacité psychique à gérer des variations plus ou
moins importantes de l’état émotionnel et à retourner à un état d’équilibre, tout en continuant à faire face
aux sollicitations du monde extérieur.
Et les galères ?
Si ce que nous venons
d’évoquer se situe plutôt en première approche au niveau psychologique, comment aborder les situations propres à notre société, telles que les peurs d’insécurité, de chômage, de
maladie, de manque
d’argent, de temps… ?
Il faut bien se représenter que ces problèmes,
certes prégnants et très
entretenus dans un climat médiatique orienté
vers la manipulation de
la peur, peuvent aussi
être abordés avec distanciation. La peur
vient de l’apprentissage
du passé et se projette
dans le futur. Le passé
n’est plus, le futur pas
encore ! Très souvent, dans la vie les
choses ne se passent pas comme on l’a
prévu… Une bonne réponse (responsable, c’est répondre…) consiste à
revenir à l’instant présent, tout de
suite. Regardons nos comportements
de routine, nos oublis, le désordre de
notre vie, les actes manqués…
Il est tellement moins « stressant »
de vivre dans la conscience de l’instant présent : manger, marcher, travailler, se reposer, regarder… Nos
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actes sont presque toujours parasités,
comme nos pensées : on lit en mangeant, on téléphone en mangeant, on
regarde la télé en mangeant, on se
repose devant la télé… quelle perte
d’énergie ! Elle est déroutée vers l’extérieur de nous, alors que devant une
situation problématique on a besoin
de ses forces intérieures, on doit les
concentrer. Ce qui amène à une certaine paix, une certaine sérénité, permettant de trouver dans le calme –
plus ou moins relatif – les bonnes
solutions à mettre en place face aux
problèmes considérés.
Se soustraire à des réponses inadéquates devant un stress peut être
pensé comme un moment où l’on
retrouve son « intégrité » d’enfant, et
où l’on perd sa « personnalité », c’està-dire ce qui nous a été appris. D’une
façon plus philosophique, on pourrait
envisager alors que le stress est l’espace
qui va de l’illusion à la réalité…
Petites phrases
Il me semble intéressant, en guise de
conclusion, de rappeler le bon sens
trouvé dans le livre Les Quatre Accords
toltèques de Don Miguel Ruiz, édité
par Jouvence. Ces principes sont très
souvent utilisés lors de séminaires de
gestion des entreprises.
numéro 63
Faire que sa parole soit impeccable :
qu’elle soit juste avec nous-même, ce
qui implique d’abord un silence, une
écoute de soi et des autres, et non pas
une réaction de parole immédiate.
Apprendre à parler, c’est apprendre à
se taire…
Ne pas faire de supposition : le futur
n’est pas encore là, tout est possible,
même les meilleures choses aussi. Le
passé n’est pas une fatalité qui va se
reproduire forcément, tout dépend
du regard que l’on porte sur la situation stressante. Certes les soucis peuvent être là, mais on peut les aborder
plus sereinement et discerner de
meilleures solutions qu’avant.
Ne pas faire de ce qui nous arrive une
affaire personnelle : nous ne sommes
pas dans une bulle étanche, tout le
monde vit avec les mêmes tracas que
nous, arrêtons de nous
plaindre, acceptons
les choses de la vie tout
en y travaillant en
conscience, le plus
calmement possible.
Faire de son mieux :
c’est aussi se donner le
droit à l’erreur, à accepter nos limites actuelles… et aussi accepter
ce qui nous arrive. Il
faut couler avec la vie,
comme de l’eau.
La méditation, puisque vous l’avez reconnue
en filigrane, consiste
simplement à mettre les
choses à distance pour
mieux les gérer. Cela
s’apprend tous les jours,
dans le métro, dans le
bus, en marchant…
C’est une discipline, il faut y travailler
chaque jour. Pour terminer, citons ces
études qui montrent que la méditation
est aussi efficace sur l’hypertension que
les traitements pharmaceutiques !
La vie est un long fleuve tranquille…
et pourquoi pas?
䊓
CD
25
Aspects acido-basiques de
l’organisme et alimentation
Entre l’alimentation naturelle ancestrale de chasseurs-cueilleurs et
l’alimentation moderne occidentale, on observe une différence majeure :
la charge acide prédominante des régimes actuels
our planter le décor, disons que
l’alimentation naturelle apporte
des nutriments précurseurs de
bicarbonates (éléments alcalins), alors
que l’alimentation industrielle apporte
des protons, précurseurs d’acides. Bien
sûr, l’organisme possède des outils de
régulation entre acides et alcalins,
même assez sophistiqués du reste, et
l’exemple le plus rebattu est celui du
maintien de l’acidité du sang (pH sanguin) remarquablement stable autour
de 7,40 alors que la présence d’éléments alcalins (bicarbonates) peut
varier considérablement.
P
Un état d’acidose permanent
Les preuves, actuellement, sont nombreuses pour déterminer qu’il existe
un état d’acidose (excès d’acides) à
bas bruit, permanent ou presque,
dans l’organisme soumis à une alimentation « moderne », c’est-à-dire
faite d’aliments transformés par des
traitements industriels. L’organisme
va évidemment réagir face à ce stress
alimentaire, avec ses moyens du reste
assez limités. Mais cela entraîne tout
une série de conséquences néfastes, la
plus connue étant l’utilisation des
réserves osseuses de
calcium – surtout –
de l’os, l’utilisation
d’acides aminés des
Les fromages en général,
le parmesan ou le camenbert
en particulier, sont des aliments
acidifiants. La morue salée
l’est tout autant.
26
protéines musculaires, la fabrication
de calculs rénaux (lithiases)…
La bonne nouvelle, c’est que l’apport
de substances alcalinisantes à travers
l’alimentation permet de corriger cet
état d’acidose induit par la consommation d’aliments actuels, ce qui permet
donc à l’organisme de ne pas mettre en
jeu ses moyens de correction d’acidité,
et donc d’éviter les conséquences délétères citées plus haut.
Aliments alcalinisants
Ainsi, l’apport d’aliments naturels
non préparés ou transformés introduit une composante ancestrale dans
le régime moderne et permet de
contrebalancer l’excès d’acides dans
l’organisme. C’est le cas des aliments
qui contiennent des bicarbonates de
potassium ou de magnésium – ou
leurs précurseurs. C’est l’apanage
exclusif, ou peu s’en faut, des fruits et
légumes, qui par exemple contiennent beaucoup de citrates, métabolisés en bicarbonates dans l’organisme.
La façon la plus directe et la plus
simple d’entrevoir un état d’acidose
latente est de mesurer le taux d’excrétion d’acidité urinaire, qui dans ce cas
est sensiblement augmenté. Elle est
représentée essentiellement par des
ions sulfate, et accessoirement par des
éléments phosphatés (apportés par
exemple par les boissons de type Cola).
A court terme, on s’accorde à considérer que les dommages sont, peu ou
prou, insignifiants dans le corps; il en
va tout autrement en cas de consommation prolongée sur de longues
périodes, comme c’est évidemment le
cas dans les pays industrialisés!
Aliments acidifiants
D’abord, il faut se rappeler que nous
tirons l’énergie des aliments grâce à
leur oxydation par l’oxygène, et toute
situation où l’on respire en quantité
insuffisante – absence de dépense
physique, par exemple – ne permet
pas d’aboutir à leur utilisation complète : ainsi, on peut accumuler de l’acide
lactique issu des
glucides ingérés,
de même on
peut accumuler
des corps cétoniques à partir
des graisses, et
La Revue de la MTRL
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䉬
numéro 64
Raisins secs, épinards, cassis
sont particulièrement alcalinisants.
les protéines peuvent
également former des
produits de métabolisme perturbant
l’équilibre acidebase. Pour ce qui
est des protéines,
elles peuvent d’ailleurs fournir des
sulfates à partir des
acides aminés soufrés,
tels la cystéine ou la
méthionine, ou bien engendrer aussi des bicarbonates dérivés
d’autres acides aminés tels l’arginine
ou la glutamine. Les produits laitiers
contiennent des protéines phosphorées qui apportent des phosphates que
l’on retrouvera dans les urines,
témoins d’acidose. Mais, d’une
manière générale, les protéines sont
franchement acidifiantes, et l’on sait
que les protéines animales contiennent beaucoup de soufre. Pourtant,
on oublie souvent que les protéines
des céréales, donc végétales, sont
riches en acides aminés soufrés…
Un effet paradoxal
Ils sont en réalité spontanément peu
consommés, car l’homme a une
appétence innée orientée vers les aliments acides. Evidemment, la ration
alcaline est apportée par les fruits et
légumes, alors que paradoxalement
ces aliments ont plutôt des qualités
gustatives acides ! Ce qui peut déconcerter de prime abord le consommateur intéressé par l’aspect acido-basique de l’alimentation. Ce sont les
fruits qui gagnent la palme des alcalins (kiwis et agrumes, pommes, cerises, prunes), bien loin devant les
légumes (aubergines, concombres,
pommes de terre, tomates). Globalement, la fonction alcalinisante des
végétaux est bien corrélée à l’apport
en potassium de ces composés, même
si les aliments d’origine animale
contiennent eux aussi du potassium.
des groupes d’aliments clairement
acidifiants, tels les viandes, les poissons, et les fromages – surtout ceux à
pâte cuite ! En effet, il est facile de
déduire implicitement que ces aliments contiennent des acides aminés
ou bien des acides gras, c’est-à-dire
tout simplement des acides ! D’après
les calculs, les légumineuses et les laitages sont faiblement acidifiants, de
même les produits céréaliers et les
pains, les pâtes et les céréales du petit
déjeuner. Seuls les fruits et légumes
représentent la fraction alcalinisante.
Disons que le pire dans l’acidité, ce
sont les fromages à pâte cuite, le
camembert, la truite, les œufs et le
bœuf, alors que les épinards, bananes
et abricots et autres pommes de terre
apportent le plus d’alcalins.
En conclusion
On ne peut pas entreprendre une alimentation
basée sur ces seuls critères, bien entendu, mais
les conséquences sont
faciles à considérer. Les
régimes orientés animal
sont acidifiants, les régimes
orientés végétarien sont antiacides, les régimes mixtes sont
équilibrés par un apport en fruits et
légumes. Ce qui veut dire tout simplement que, lorsque vous mangez des
fromages, n’oubliez pas d’ajouter une
salade composée dans le repas! Sinon,
à terme, vous allez puiser le calcium et
le magnésium des os pour en contrebalancer l’acidité, et vous ferez de l’ostéoporose avec vos dents! Dans cette
logique, vous prendrez du calcium,
mais à dose trop forte souvent, et ce
calcium pourra se déposer sur les
parois des artères, dans les reins…
Il existe une relation étroite entre
apport calcique et problèmes cardiovasculaires : consultez par exemple le
site du GRIO – groupe de recherche
et d’informations sur les ostéoporoses
(www.grio.org), vous serez édifiés !
Quant à savoir si l’on doit vraiment
manger les fruits en début de repas
ou bien après, ou bien même en
dehors, cela est une autre histoire, et
c’est certainement un aspect bien
mineur de la question !
䊓
CD
Les pèlerins du Nouveau Monde ne se doutaient pas
que cette nourriture de survie était fortement acidifiante…
Le PRAL
Le PRAL (Potential Renal Acide
Load, ou potentiel acide de charge
rénale) est un outil de mesure de la
charge acide d’un aliment donné. On
peut dorénavant précisément isoler
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numéro 64
27
Aspects acido-basiques de
l’organisme et alimentation
(suite)
Nous avons abordé, dans l’article précédent, les grandes lignes de la dynamique acide-base
dans les tissus de l’organisme. Apportons ici quelques précisions supplémentaires
parlé du PRAL
(Potential Renal Acide Load,
ou potentiel acide de charge
rénale), cet outil de mesure approchant l’acidité alimentaire. Voici sa
formule, simplifiée des coefficients
modulateurs pour ne pas alourdir :
N
OUS AVONS
PRAL = protéine x phosphore x potassium x magnésium x calcium
Comme vous le voyez, la formule ne
reprend pas les graisses (acides gras) ni
les sucres, et cela peut surprendre. En
effet, il semble que les paramètres les
plus importants soient représentés par
les protéines et le potassium (voir l’article précédent), donc les graisses ne
sont pas concernées.
Nous avons vu que les apports alimentaires de potassium sous forme de
fruits et de légumes étaient en général
très insuffisants. Pour neutraliser le
soufre de 70 g de protéines, il faut
ingérer plus de 300 g de fruits et légumes. Donc, plus on consomme de
protéines, et surtout si celles-ci sont
d’origine animale, plus on devrait
apporter de végétaux dans l’alimentation. Rappelons qu’une portion de
fruits ou de légumes représente à peu
près 80 g de l’aliment.
par exemple dans les diètes protéinées
utilisées de façon générale pour maigrir). Les produits laitiers, on l’a vu,
sont également acidifiants.
On peut dire aussi que l’aspect acidifiant d’un régime est modulé en
fonction de la ration calorique, spécialement si celle-ci est modérée ou
forte, ou en tout cas disproportionnée par rapport aux besoins (cas d’un
mode de vie sédentaire).
Le sel (le sodium), bien que n’apparaissant pas dans la formule du PRAL,
peut interférer avec la charge acide alimentaire. En effet, l’apport de sel augmente la fuite urinaire de calcium, ion
impliqué dans le calcul du PRAL. Mais
tout est lié: l’apport de potassium réduit
la fuite rénale de calcium, le potassium
s’opposant à l’action du sodium!
Procédés de cuisson,
calories vides
Les procédés de cuisson par ébullition
appauvrissent assez sérieusement les
teneurs en potassium. Par contre, la
cuisson vapeur ou en friture ne présente
pas cet inconvénient. En effet, dans la
casserole d’eau le potassium peut se
diluer (ce n’est pas propre au potassium) et, si l’eau de cuisson est jetée, le
potassium est perdu. Vous l’avez compris: le mieux dans ce cas est de faire de
la soupe mixée avec l’eau de cuisson!
De même, l’appertisation (procédé de
cuisson en vase clos inventé par Nicolas
Appert vers 1830) réduit fortement le
potassium des aliments et introduit
beaucoup de sodium. La cuisson en
Cocotte minute fait aussi chuter la
teneur en potassium.
Ration calorique et sel
En reprenant les études réalisées, les
données suggèrent que l’on peut
manger un apport assez élevé en protéines si l’on introduit parallèlement
la quantité suffisante en ions alcalins.
Et il semble bien que des aliments
entiers protéiques soient préférables à
l’apport de protéines pures (comme
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La Revue de la MTRL
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numéro 65
L’alimentation moderne fait également entrer en force les fameuses
calories vides, aliments raffinés pauvres en minéraux et micronutriments
(vitamines, antioxydants, polyphénols…) et, bien entendu, le potassium n’y est pas très présent non plus !
C’est dans ce type de régime, particulièrement, qu’il serait bon de supplémenter l’organisme en potassium
sous forme de citrate ou de malate,
formes de potassium retrouvées dans
les fruits et légumes.
Quelles sont
les conséquences
physiologiques entrevues
pour le corps ?
Ce n’est que récemment que l’on
commence à étudier les effets d’un
apport en aliments alcalinisants. Ce
que l’on sait, et finalement c’est peu,
c’est que le potassium, les polyphénols et la vitamine C favorisent le statut osseux en termes de pic maximal
de masse osseuse, c’est-à-dire la densité de l’os dans le premier tiers de la
vie. Disons cependant que les résulLa Revue de la MTRL
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numéro 65
tats observés sont tirés de modèles
particuliers d’acidose franche qui
sont différents de l’acidose métabolique latente évoquée dans ces deux
articles, et que, le rein pouvant
s’adapter dans une large mesure, il
faut rester vigilant dans ce domaine et
ne pas forcément prendre les effets
observés pour argent comptant.
L’acidose peut également engendrer
une dégradation de certains acides
aminés essentiels (que l’on ne peut
pas fabriquer) et de protéines, musculaires ou
sanguines notamment.
Ainsi, la fabrication de
protéines par le corps
peut s’en trouver
gênée, et l’on pense par
exemple à la fabrication
de la matrice protéique de
l’os ou bien à la fabrication des protéines du muscle.
Le rein étant un organe important permettant de moduler les
dynamiques minérales dans l’organisme, il est bien évident qu’en cas
de maladie lésionnelle rénale (insuffisance rénale), la situation est telle
qu’il faut adopter un régime alimentaire très approprié à la situation, et
en particulier grandement opposé
aux recommandations évoquées ici
concernant protéines et potassium.
Enfin, il est apparu que la fonction
alcalinisante des fruits et légumes est
globalement protectrice vis-à-vis du
risque de calcul urinaire. On retrouve
souvent des lithiases chimiquement
composées d’oxalates (présents dans
l’oseille, les betteraves rouges, la rhubarbe, les épinards et le cacao). L’apport de calcium permet de limiter
l’absorption de ces oxalates.
Conclusion
Compte tenu des éléments de
recherche actuels, on ne peut que
raisonnablement opter pour une gestion à court terme de l’équilibre
acide-base, c’est-à-dire repas après
repas ! Mais l’expérience naturopathique vis-à-vis de l’équilibre acidebase peut aider à quelques petites
améliorations. Par exemple, il est
évident que si certaines personnes se
sentent mieux en prenant des fruits
INDICE PRAL
DE QUELQUES ALIMENTS COURANTS
Aliment
PRAL
(mEq/100g)
Matières grasses
Beurre
0.6
Huile d’olive
0.0
Huile de tournesol 0.0
Aliment
PRAL
(mEq/100g)
Poisson
Cabillaud
7.1
Hareng
7.0
Truite
10.8
Céréales
Pain complet
1.8
Pain blanc
3.7
Farine blanche
6.9
Riz blanc
4.6
Viande
Bœuf
7.8
Porc
7.9
Veau
9.0
Poulet
8.7
Jus de citron
Jus de pomme
Jus d’orange
Jus de raisin
Fruits
Pomme
Abricot
Banane
Cerise
Kiwi
Orange
Pêche
Poire
Ananas
Fraise
Raisin
Noisettes
Noix
– 2.5
– 2.2
– 2.9
– 1.0
Produits laitiers
Camembert
14.6
Gouda
18.6
Parmesan
34.2
Lait entier
1.1
Œufs
Œufs de poule
8.2
Sucreries
Chocolat au lait
2.4
Cake
3.7
Miel
– 0.3
Sucre blanc
– 0.1
Boissons
Vin rouge
– 2.4
Vin blanc sec
– 1.2
Café
– 1.4
Thé
– 0.3
Légumes
Asperge
– 0.4
Haricots verts
– 3.1
Carotte
– 4.9
Céleri
– 5.2
Concombre
– 0.8
Aubergine
– 3.4
Poireau
– 1.8
Laitue
– 2.5
Champignons
– 1.4
Oignons
– 1.5
Pommes de terre – 4.0
Radis
– 3.7
Epinards
– 14.0
Tomate
– 3.1
Courgette
– 4.6
Lentilles
3.5
– 2.2
– 4.8
– 5.5
– 3.6
– 4.1
– 2.7
– 2.4
– 2.9
– 2.7
– 2.2
– 5.2
– 2.8
6.8
Les valeurs indiquées (en milliéquivalent, mEq) le sont
pour 100 g d’aliment frais :
– plus le chiffre est négatif, plus l'aliment est alcalinisant ;
– plus le chiffre est positif, plus l'aliment est acidifiant.
en début ou en dehors des repas, si
ne pas consommer en même temps
produit carné et glucides lents améliore une situation clinique, la réalité
du vécu du corps prend le pas sur les
données théoriques. Tout est une
question de point de vue, et nous
savons finalement si peu de chose !
Mais cela est une autre histoire… 䊓
CD
29
Regards sur l’allergie
L’allergie est une réaction inadaptée et exagérée de l’organisme vis-à-vis
de substances étrangères. Cette réaction n’existerait pas s’il n’y avait pas faillite
de l’intégrité des barrières (peau et muqueuses)
caux libres en cas de stimulation par les UV.
Les kératinocytes : « cellules à desquamer »,
ayant dorénavant fait la
preuve de leur rôle actif
comme premières sentinelles vis-à-vis des
agresseurs.
es deux interfaces sont différentes. C’est pourquoi les
maladies allergiques que l’on
y retrouve s’expriment souvent de
façon différente.
C
La protection de la peau
Elle est assurée par différents acteurs.
La flore microbienne : son bon équilibre empêche toute prolifération
d’envahisseurs et permet la dégradation des substances chimiques qui
viendraient au contact (comme les
antiseptiques et les détergents, par
exemple).
Les sécrétions sébacées : elles disposent
autour de nous un film protecteur
englobant les particules en suspension et permettent leur élimination
avec la desquamation de la peau.
(attention aux détergents !).
La desquamation : emmenant avec
elle la flore microbienne, les sécrétions sébacées, et permettant aux
couches sous-jacentes de renouveler
cette barrière en 30 jours.
Les cellules de Langherans : elles
représentent de 2 à 4 % de la population cellulaire totale de l’épiderme.
Elles sont mobiles et autonomes (cellules présentatrices d’antigènes = cellules clés de l’immunité cutanée).
Les mélanocytes : producteurs de radi30
La protection des muqueuses
Là aussi, plusieurs protagonistes
interviennent.
Les bactéries de notre flore digestive
sont responsables de la synthèse de
grande quantité d’histamine ou de
tyramine et peuvent donc être source
d’urticaires « toxiques ».
Le mucus : sa qualité est primordiale pour une protection efficace.
Ces sécrétions fixent les particules
et en assurent l’évacuation et la
dégradation.
Les immunoglobulines A sécrétées
fixent les particules étrangères et les
rendent inertes.
Les entérocytes sont des cellules qui
tapissent la surface de l’intestin.
Le MALT (système immunitaire associé aux muqueuses) : il comprend
essentiellement des globules blancs,
mastocytes, macrophages, lymphocytes et polynucléaires.
La sensibilisation
Réalisée en un territoire muqueux,
elle initie une migration de lymphocytes T mémoire vers toutes les
autres muqueuses de l’organisme.
On sait que des acides aminés
comme l’arginine et la glutamine, la
vitamine A, le zinc, les prébiotiques
(certaines fibres comme l’inuline) et
les probiotiques (bactéries) sont des
nutriments essentiels au maintien en
bonne santé des muqueuses.
Les réactions d’allergie
sont des réactions
d’hypersensibilité
On les classe artificiellement en :
䉴 réactions immédiates (type 1, dépendante des immunoglobulines E);
䉴 réactions cytotoxiques (type 2) ;
䉴 réactions à immuns complexes
(type 3 : l’antigène est fixé à l’anticorps et déclenche des réactions) ;
䉴 réactions retardées (type 4).
Les formes purement de type 1 ou
4 sont rares, bien souvent l’intrication des mécanismes est la règle. Les
plus fréquemment observées en termes de maladies allergiques sont les 1
et 4. Ces types d’hypersensibilité
regroupent les phénomènes d’anaphylaxie (allergie immédiate) et les
maladies dites « atopiques » (association de manifestations cliniques d’hypersensibilité et de la production
excessive d’IgE).
Les IgE
Si leur synthèse est déterminée en
partie génétiquement, les environnements anté-, pré- et postnatal jouent
un rôle tout aussi important. Le
dosage des IgE totales est réalisé sur le
sang du cordon chez le nouveau-né
ou dans le sérum chez l’adulte. Ce
dosage témoigne du caractère de bon
producteur ou non d’anticorps de
type E. Ce n’est en aucun cas prédictif d’une allergie en cours… En effet,
le problème est que les sujets souffrant de parasitoses, ou ceux qui
auront des taux élevés d’IgE totales
La Revue de la MTRL
䉬
juin 2010
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numéro 66
de façon génétique, auront des taux
non négligeables d’anticorps pour les
allergènes usuels de l’environnement
qu’ils y soient ou non allergiques.
Enfin, ces IgE sont sensibles aux
allergies croisées : une allergie aux
graminées peut amener des taux non
nuls d’anticorps pour l’arachide sans
que cela ne corresponde à une allergie
à l’arachide. Leur intérêt est donc
dans le suivi d’une allergie mais pas
dans son diagnostic.
Les circonstances environnementales (anté-, pré- ou postnatal) viennent
modifier dans un sens ou dans l’autre
ce que la génétique nous a donné
comme profil. Les clones lymphocytaires B sont capables de synthétiser
tous les types d’immunoglobulines.
Leur capacité à produire tel ou tel type
d’anticorps est liée
à l’ambiance hormonale immunitaire
dans
laquelle
i l s d e m e u re n t .
Les mastocytes
(muqueux et cutanés) et les basophiles
sont les starters de l’allergie. Les éosinophiles sont des
cellules pro-inflammatoires : une fois
activés, ils libèrent deux types de
molécules médiatrices :
䉴 les préformés, libérés de façon instantanée, responsables de la vasodilatation et de l’augmentation de la perméabilité capillaire, de l’attraction de
polynucléaires, de l’activation du système du complément, etc.
䉴 et les néoformés qui seront responsables de la réponse retardée dans l’allergie immédiate, avec pour but de
prolonger l’inflammation et d’accentuer la réponse biologique.
L’allergie retardée
Elle fait appel à une réponse cellulaire, elle ne repose pas sur les anticorps. Elle est essentiellement décrite
pour l’eczéma.
䊉 Premier contact : une substance se
fixe aux cellules de la peau. La cellule
de Langherans qui a reconnu l’allergène migre alors vers les ganglions
satellites où elle présente l’allergène
aux autres cellules (lymphocytes).
La Revue de la MTRL
䉬
juin 2010
䉬
numéro 66
C’est ici que l’organisme décidera du
sort à donner à l’adversaire… Si l’allergie est retenue, les lymphocytes
mémoire vont venir peupler les différents ganglions de l’organisme, passant alors au stade de veille et circulant de ganglion en ganglion.
䊉 Deuxième contact : la substance se
fixe à nouveau sur les cellules de la
peau. Celles-ci appellent à nouveau
les lymphocytes circulants. Un lymphocyte mémoire de l’allergène
concerné le reconnaît, il migre alors à
l’intérieur de la peau et tente de
détruire l’adversaire en créant des
lésions vésiculeuses intradermiques.
Les lymphocytes spécifiques et aspécifiques affluent en masse sur le lieu
de l’allergie, créant d’importantes
lésions en général
en 48 à 72 heures
D’où le nom d’allergie retardée.
La forme clinique
la plus classique en
est l’eczéma, avec
une infiltration épidermique réalisant
ce que l’on appelle
une spongiose locale.
Vraies et fausses allergies
alimentaires
Les réactions adverses après ingestion
d’aliments reconnaissent divers mécanismes. On oppose classiquement les
réactions d’origine immuno-allergique
(allergie) et les réactions non immunologiques (intolérance). Les fausses
allergies alimentaires se caractérisent
par des manifestations cliniques
mimant celles des allergies alimentaires authentiques, mais selon un mécanisme non immunologique. Elles sont
le plus souvent en rapport avec un
excès d’apport en aliments riches en
histamine ou histamino-libérateurs,
ou bien riches en tyramine, favorisant
alors l’activation cellulaire suivie d’une
libération de médiateurs dont l’histamine est le chef de file.
Une enzyme intestinale, la diamine
mono-oxydase (DAO), permet la
dégradation de l’histamine. Toutefois, chez l’enfant jeune où cette
enzyme existe en quantité normale,
elle apparaît moins fonctionnelle.
Ce phénomène explique qu’une quantité importante d’histamine apportée
par l’alimentation ne soit pas dégradée
par l’enzyme intestinale et facilite l’activation des mastocytes avec libération
d’histamine et apparition de symptômes mimant les allergies.
Signes cliniques
des fausses allergies
Les fausses allergies alimentaires sont
moins fréquentes que les vraies allergies alimentaires. Le rapport est
d’une fausse allergie alimentaire pour
4 vraies allergies alimentaires. Les
fausses allergies alimentaires sont plus
fréquentes chez le jeune enfant, du
fait d’un système enzymatique intestinal peu fonctionnel pour métaboliser l’histamine apportée par l’alimentation. Les explorations allergologiques sont alors négatives. Les signes
cliniques sont toujours moins sévères
que dans une allergie alimentaire. Ils
correspondent généralement à des
signes cutanés (eczéma, urticaire,
œdème), plus rarement respiratoires
(toux, sifflements, asthme). Le choc
anaphylactique n’est pas rapporté au
cours des fausses allergies alimentaires. Un excès d’apport en aliments
riches en histamine peut aggraver
certaines dermatites atopiques.
La perméabilité intestinale et la
flore intestinale peuvent être modifiées par un excès d’apport en laitages
ou un excès d’apport en féculents,
entraînant des signes cliniques identiques à ceux de l’allergie mais d’intensité moindre. La diminution de la
consommation des aliments riches en
histamine, histamino-libérateurs ou
riches en tyramine (emmental, parmesan, roquefort, gouda, camembert, cheddar) permet la disparition
des manifestations.
Il est donc clair – et solidement établi – que protéger une muqueuse
intestinale protège des allergies Ainsi,
tout ce qui vise à rétablir l’intégrité
d’une barrière (peau, muqueuses) traitera les signes cliniques de la maladie
allergique ! Etonnant, non ?
䊓
CD
31
Ces deux ouvrages du Dr Fiévet sont disponibles au siège de la MTRL.