Mise en page 1 - Centre Hospitalier Charles PERRENS

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Mise en page 1 - Centre Hospitalier Charles PERRENS
EXPOSITION
Depuis 2001, le Centre Hospitalier Charles Perrens est engagé
dans le développement de la culture à l'hôpital. Cette dimension est
Centre Hospitalier Charles Perrens
partie intégrante de son projet d'établissement dont il constitue l'un
des axes forts .
Service Communication et Culture
L'hôpital psychiatrique, plus encore que l'hôpital général est en
121 Rue de la béchade - 33 076 Bordeaux cedex
effet encore trop souvent vu comme un lieu d'enfermement, une
Tél : 05 56 56 17 81 - 05 56 56 67 81
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institution dont une partie de la société attend, par méconnaissance et par peur qu'il retranche du monde des malades présentés
comme dangereux ; l'actualité et la pression médiatique de ces dernières années ne faisant que renforcer ce phénomène. Un certain
nombre de patients eux-mêmes, ceux qui sont hospitalisés sous
contrainte notamment, vivent inévitablement leur pass age à l'hôpi-
Atelier Citrouille
7, rue Huguerie - 33 000 Bordeaux
Tél : 05 56 44 35 49
tal comme un temps au cours duquel leurs droits et leurs désirs
étant limités, leur citoyenneté est mise entre parenthèses.
Dans ce contexte, on comprendra aisément l'importance que l'établissement entend donner à la culture comme vecteur de décloisonnement, d'ouverture et de déstigmatisation de la pathologie
mentale tout en respectant le temps et les impératifs de soins.
Le projet arts plastiques mené à l’Unité Falret en partenariat avec
l’Atelier Citrouille, s’inscrit dans cette politique culturelle menée
au Centre Hospitalier.
Les œuvres exposées sont le résultat de deux années d’atelier d’expression mené par les plasticiennes de l’atelier Citrouille, Laure
Grimonprez et Marie Laure Abboubi, à l’hôpital psychiatrique
Charles Perrens, Unité Falret.
Nous sortons de nos malles des matériaux à expérimenter, à explorer dans leur diversité : peinture, plâtre, barbotine, pigments,
sable, support en bois, pinceaux, spatule, colle, papier. Matériaux
inhabituels, inattendus dans l’univers neutre et médicalisé de l’hôpital. Matériaux qui permettent de développer des sens ations et
des émotions nouvelles liées au contact de la matière et de la couleur.
Les patients, en période de souffrance, de fragilité psychologique,
ont besoin dans un premier temps d’être rassuré, mis en confiance.
Nous essayons d’insuffler une envie, un désir d’expression par
l’échange, la parole puis l’expérience de gestes picturales ou graphiques simples. Nous apportons alors des propositions plastiques
pour mettre en œuvres ces matériaux.
Il n’y a rien à perdre, tout à gagner dans cette aventure, chacun
avance à son propre ry thme, en fonction de ses capacités d’attention et ses possibilités d’investissement du moment. A nous d’être
au plus près, dans l’instant, de saisir le moment propice ou l’attention se cristallise et ou l’expression peut surgir. Nos propositions
plastiques sont modulables, elles sont écoutées ou non, mises en
œuvres ou non. L’important est que chacun y trouve sont compte,
laissant un peu de soi-même dans l’œuvre en devenir, à partager
avec les autres. En tant qu’artistes, nous sommes parfois étonnées
de voir comment dans le geste spontané, dans la capacité à se donner, peuvent surgir chez certains patients de véritables œuvres intimes. Un échange sincère s’installe alors, nous devenons parfois
de simples spectatrices devant les patients réalis ant des œuvres
spontanées, exubérantes, fortes d’une émotion intense.
T ach e ro ug e
Peinture acr ylique à la spatule et au couteau. 65x86cm
Lucie
Elle étale la peinture,
Elle trace dans la matière.
Etre libre dans le geste.
Une tache rouge, épaisse.
Lucie semble avoir fini, alors elle part.
Lucie revient.
Avec ses mains, la bulle rouge éclate
C’est plus fort qu’elle.
L e so lei l au co uc her
Acr ylique, sable, pigments sur bois. 122x90cm
Elodie
Dans un grand espace, la peinture s’étire.
Le sable illumine
La mer
Le soleil couchant,
Un cocotier.
C’est réconfortant.
Les sio ux
Plâtre et gouache sur bois. 122x10 0cm
Maria
Maria étale le plâtre liquide sur tout son support, elle a beaucoup de choses à
dire, alors le plâtre elle l’étale partout, elle seule, sur toute la surface avec ses
mains, avec des outils, avec obstination. Puis elle y met des couleurs et colle une
plume parce qu’il y a une histoire avec des indiens qu’elle se raconte. Avant de
partir elle laisse là sa peinture, dans l’herbe (parce que nous étions installés dehors), et puis elle a voulu la recouvrir de feuilles d’automne. sa peinture se fond
dans la nature...
Col la ge
Papiers de soie et gouache. 65x100 cm
Michel R
Des couleurs vives du rose, du vert, du bleu, on pense à Matisse en regardant
cette peinture, dans cette envie de donner de l’importance aux couleurs, et puis
des motifs aussi, ça créer du rythme, c’est le début du printemps.
M a chérie
Les îles
Plâtre et gouache sur bois. 122x10 0cm
Sonia, Hélène, Murielle, Violette.
4 femmes, 4 îles et la mer autour. C’est venu comme ça, naturellement, chacune
avec quelque chose à dire, à partager, chacune sur son île, avec des couleurs
rose, bleu, vert. C’est gai, les couleurs apaisent et elles réchauffent.
Gouache sur tissu. 138x138cm
Michel
Hier il a dessiné des visages, méchants, gentils.
Aujourd’hui il peint, il a beaucoup de choses à peindre, beaucoup de choses à dire.
Sur le tissu, Laure dessine un rond, au centre.
Lui, il tourne autour avec de larges pinceaux jusqu’au bord.
Au centre, il dessine un visage.
Lorsqu’on installe la peinture au sol, pour la faire sécher, il continue à peindre les bords.
Aujourd’hui il a beaucoup de choses à peindre, il n’a pas fini
Il veut une bande pour peindre encore, il n’a pas fini
Encore une autre, rien qu’un petit morceau,
il les installe à côté de la grande.
« Je suis riche. »
Chem in s
Gouache sur tissus. 118x118cm
Par le graphisme des pochoirs de scotch, chacun a pu tracer son chemin. Ils se
croisent. Se croisent les rubans de scotch et les regards simultanément. On regarde où va l’autre avec son scotch dans la main, moment d’échange et d’écoute.
Et puis la couleur c’est chacun comme il veut.
Pein tu re et barbo ti ne
Argile, colle et gouache sur tissus. 16 0x107cm
Philippe, Hélène, Marie-Josée, Sonia
Ils découpent. Les papiers s’accumulent, l’un récupère les petits bouts qui s’envolent, l’autre imagine une ribambelle. On échange sur les formes qui apparaissent sous les coups de ciseaux. Puis, ils les collent et les recouvrent de barbotine
colorée, mélange de gouache, argile et eau. Ensemble, on s’émerveille sur les
formes que l’on redécouvre sous la matière épaisse et douce.