projet rédigé - Maud Bonnard
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Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy PROJET BIOMEDICAL Sujet Le Laser femtoseconde Quel avenir ? Quel positionnement ? _____________________________________ BONNARD Maud GUERIN Mathilde Département Biomédical Promotion 2008 Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Abstract Introduction Les Principaux défauts de la vision I/ Fonctionnement d’un Laser en général A/ Principe B/ Le laser utilisé en chirurgie réfractive C/ Impact sur les tissus II/ Techniques actuelles de chirurgie ophtalmologique réfractive A/ Laser Excimer sans découpe cornéenne 1) PKR 2) Lasek B/ Laser Excimer avec découpe cornéenne 1) Épi-lasik 2) LASIK : mode opératoire général III/ Lasik A/ LASIK standard ou LASIK conventionnel B/ LASIK tout laser ou Intralaser C/ Comparaison IV/ Laser Femtoseconde A/ Intralase - Femtec 1) Deux Sociétés 2) Deux Produits 3) Deux Techniques de Positionnement 4) Comparaison B) Autres Applications 1) Traitement de l’astigmatisme par Kératoplastie lamellaire (greffe de cornée partielle) 2) Traitement de l’astigmatisme par la création de tunnel cornéens 3) Traitement de quelques hypermétropies 4) Opération de la myopie 5) Le laser femtoseconde comme laser réfractif Conclusion Bibliographie Remerciements Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Abstract The femtolaser is a new technology mainly developed in The USA. It contributes to a great improvement in the refractive surgery. Although LASIK is generally safe and wildly popular, refractive eye surgeons still sweat when using microkeratomes to create corneal flaps. The initial lamellar resection used to create the flap remains the leading cause of intra- and post-operative complications. In order to further reduce flap complications, newer microkeratomes are developed every year. However, although eye surgeons have made staggering advances in corneal flap creation since Jose Barraquer created his first free corneal flap 50 years ago, microkeratome-assisted flap creation is far from being perfect. Over the past 25 years it was discovered that laser-matter interactions could be performed with minimal collateral damages even at the nanometer scale. This unique property opens new opportunities in medicine notably in eye surgery with applications such as refractive surgery, corneal transplant, glaucoma etc, A non-mechanical alternative is now available to create the LASIK flap and may avoid many of the risks associated with using the microkeratome. The technology uses an ultrashort-pulse duration laser – measured in femtoseconds, or 1x10-15 seconds - to create a flap. Already more than 150.000 patients had a refractive correction based on femtosecond laser flap. The femtosecond laser is different than an Excimer laser, which uses an ultraviolet beam (193 nm) to photoablate corneal tissue. In contrast, the femtosecond laser uses an infrared beam (1053 nm) to cause photodisruption. This laser transforms corneal tissue from its normal state into plasma. Since the pulse energy is quickly absorbed within plasma, pressure and temperature both increase rapidly, causing expansion of tissue. Tissue expansion leads to a micro-shock wave, thereby destroying the tissue and causing formation of a cavitation bubbles. Ophthalmic photodisruption is not a new concept: it has been performed since the 1980s and is the technology behind the Nd:YAG laser. However, the resulting large shock waves and cavitation bubbles traditionally have produced too much collateral tissue damage to permit contiguous pulse-to-pulse placement. The ultra-short duration of the femtosecond laser minimizes the shock and collateral tissue damage, making it ideally suited to cut a lamellar flap by contiguous photodisruption. The femtosecond laser has many advantages. First it allows the refractive surgeon to be more flexible when considering creation of the flap diameter, flap thickness, and hinge location. In addition, the femtosecond laser uses a disposable suction ring which requires little vacuum compared with the microkeratome. The femtolaser minimizes mechanical contact with the eye what means the surgery doesn’t depend on the surgeon’s skill anymore. What’s more, it prevents from any risks of infection. As a conclusion, for now, however, the femtolaser remains an attractive, but expensive, alternative to the microkeratome. This laser represents a great opportunity to ophthalmology and it could present future ophthalmic applications. -3- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Introduction Dans ce compte-rendu, nous tenterons de définir les caractéristiques de la technologie du laser femtoseconde. Cette étude sera restreinte aux applications du laser femtoseconde dans le domaine de la chirurgie ophtalmologique réfractive. La première partie du compte-rendu détaille donc le type de laser utilisé en chirurgie, son fonctionnement et son impact sur les cellules. Afin de comparer cette nouvelle technologie aux anciennes pratiquées en chirurgie réfractive, la deuxième partie décrit les techniques actuelles les plus courantes en chirurgie réfractive. Dans la troisième partie, la technique du « lasik », avec ou sans laser femtoseconde est plus amplement détaillée. En effet le « lasik » est une technique incontournable de la chirurgie réfractive. Enfin, la dernière partie décrit l’avenir du laser femtoseconde et le replace dans son contexte économique et industriel. L’objectif de ce rapport est non seulement de comprendre le fonctionnement du laser femtoseconde et ses applications cliniques mais aussi d’évaluer ses performances par rapport aux autres techniques. Même si dans le domaine du médical, l’objectif primordial est la guérison du patient, le chirurgien doit s’inscrire dans un contexte économique. C’est pourquoi les nouvelles technologies doivent être non seulement performante mais accessible en terme d’achat pour les hôpitaux. Le but de la chirurgie est de permettre aux patients atteints de myopie, d’hypermétropie, d’astigmatisme ou de presbytie, de s’affranchir autant que possible de la nécessité d’une correction permanente par lunettes ou par lentilles de contact. Pour faciliter la compréhension des différentes techniques chirurgicales, un bref rappel des principaux défauts de la vision ainsi que le schéma d’un œil vous seront présentés. -4- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Les Principaux défauts de la vision L’œil est un système optique comparable à une caméra dans laquelle les images doivent êtres correctement mises au point par l’objectif (dont les principales lentilles sont la cornée et le cristallin) sur le film sensible (la rétine) pour être vues avec netteté et analysées par le cerveau. L’image d’un objet vu par un œil myope est floue car, cet œil étant plus long que la normale, elle se forme en avant de la rétine. En revanche, les myopes voient net de près sans correction lorsqu’ils rapprochent l’objet de l’œil. La correction de la myopie se fait par un verre ou une lentille de contact divergent. On peut obtenir le même effet optique que celui d’un verre divergent en aplatissant chirurgicalement le centre de la cornée. L’image d’un objet vu par un œil hypermétrope se forme en arrière de la rétine, l’œil étant « comme » trop petit. Les hypermétropes voient flou surtout de près mais aussi de loin avec l’âge. La correction de l’hypermétropie se fait par un verre ou une lentille convergente. On obtient un effet optique comparable en augmentant chirurgicalement le bombement central de la cornée. La cornée de l’œil astigmate (myope astigmate ou hypermétrope astigmate) est déformée. Au lieu d’être sphérique, elle est ovale. Ceci donne naissance à une image dont certaines lignes sont floues et d’autres nettes. La correction de l’astigmatisme est obtenue de façon partielle par un verre cylindrique ou par une lentille torique. Une modification adaptée de la forme de la surface cornéenne permet d’atteindre une correction équivalente de ce défaut visuel. La presbytie quant à elle correspond à une diminution, voire à la perte, de l’accomodation qui est l’ajustement entre la vision de prés et la vision de loin. Ce défaut apparaît généralement à partir de 40 ans et la correction chirugicale fait appel à plusieurs principes. -5- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy I/ Fonctionnement d’un laser en général A/ Principe Le mot laser vient de l’anglais et signifie « Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation ». Ce dispositif a pour but d’amplifier la lumière en créant un faisceau monochromatique et cohérent. En résumé, on excite les électrons d’un milieu, ce qui déclenche l’émission de photons en cascade sous forme de rayon. 1) milieu excitable 2) énergie de pompage 3) miroir totalement réfléchissant 4) miroir semi-réfléchissant 5) faisceau laser Pour cela, un laser possède un réservoir d'électrons (milieu qui peut être solide, liquide ou gazeux), appelé milieu actif, associé à une source excitante qui élève les électrons à des niveaux d'énergie supérieurs. Cette excitation du milieu actif est appelée « pompage ». Dans une seconde phase, de la lumière est injectée dans le milieu, provoquant des collisions entre électrons excités et photons. Lors de ces collisions, les électrons excités retournent à leur niveau d’énergie initial en émettant de nouveaux photons. Ce processus d’émission stimulée, d’origine quantique, produit l'amplification de la lumière. Deux miroirs situés aux extrémités du laser se réfléchissent les photons émis, la lumière se densifiant à chaque parcours. L’un des deux miroirs est semi-réfléchissant, ce qui permet à une fraction de la lumière d’être relâchée à chaque aller-retour. La lumière laser doit sa cohérence au fait que les photons du milieu naissent sur le passage d'autres photons qui sont en phase avec eux dans leur déplacement. De plus, les photons obtenus par émission stimulée ont la même énergie et la même direction que les photons incidents, ce qui explique la pureté et la directivité du faisceau (les photons qui ne se déplacent pas dans l’axe des miroirs vont se perdre dans les parois opaques). Les lasers couvrent aujourd’hui toute la gamme des rayonnements électromagnétiques, des rayons X et ultraviolets aux ondes infrarouges et micrométriques. -6- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy B/ Le laser utilisé en chirurgie réfractive On classe les lasers selon cinq familles, en fonction de la nature du milieu excité : Les lasers cristallins (à solide), les lasers à colorants, les lasers à gaz, les lasers à semiconducteurs ou diodes lasers et ceux à électrons libres. Le laser utilisé en chirurgie réfractive appartient à la catégorie des lasers solides, c'està-dire que c’est un laser à ions dilués dans une matrice solide. Ces lasers utilisent des milieux solides tels que des cristaux ou des verres comme milieu d'émission des photons. Le cristal ou le verre n'est que la matrice et doit être dopé par un ion qui est le milieu laser. Le plus ancien est le laser à rubis dont l'émission provient de l'ion Cr4+ (Chrome). D'autres ions sont très utilisés (la plupart des terres rares (Nd, Yb, Pr, Er, Tm...), le titane, le chrome...). La longueur d'onde d'émission du laser dépend essentiellement de l'ion dopant mais la matrice influe aussi. Ainsi le verre dopé au Nd n'émet pas à la même longueur d'onde (1053 nm) que le YAG dopé au Néodyme (1064 nm). Ils fonctionnent en continu ou de manière impulsionelle (impulsions de quelques microsecondes à quelques femtosecondes millionième de milliardième de seconde). Ils sont capables d'émettre aussi bien dans le visible, le proche infrarouge que dans l'Ultra Violet. Cependant, la source de ce laser utilise la technologie d’un autre type de laser : le laser à semi-conducteur ou « diode laser ». En effet, ces lasers ont une bonne compacité, un bon rendement, une bonne fiabilité mais le faisceau n’est pas de très bonne qualité. Cette source atteint donc un rendement énergétique élevé, n’est pas très chère et n’exige que peu de maintenance. On obtient donc un laser solide qui utilise des diodes lasers comme source de pompage. Les lasers utilisés en chirurgie réfractive sont souvent des lasers Nd : YAG (la matrice est du YAG : un grenat d'aluminium et d'Yttrium,Y3Al5O12 ) Exemple : le laser à Néodyme Nd : Yag (Infra Rouge 1064 nm), où l'atome actif (Nd) est inclus dans une matrice cristalline de YAG = Yttrium-Aluminium-Grenat. Ces lasers permettent d'obtenir des puissances de l'ordre du kW en continu et du GW en pulsé. Ils sont utilisés pour des applications tant scientifiques qu'industrielles en particulier pour le soudage, le marquage et la découpe de matériaux. Ils sont également en mesure de détacher une couche de tissu de quelques microns seulement. -7- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy C/ Impact du laser femtoseconde sur les tissus Il n’y a pas d’ablation de tissu mais micro dissection intra lamellaire par création de bulles mixant de l'eau et du carbone dioxyde. L'obtention de cet effet nécessite une grande vitesse photonique et des impulsions très denses pour permettre un claquage optique par activation du champ électromagnétique en conservant des volumes plasmatiques et ioniques voisins. A partir du point focalisé de l'impulsion il se produit une onde provoquant la libération d'un gaz qui écarte les tissus, diffuse et se dilue en laissant à la fin de sa disparition une zone de mini ablation tissulaire. Le retentissement sur les couches tissulaires supérieures et inférieures est nul. L’énergie du laser femtoseconde traverse la couche la plus superficielle de la cornée jusqu’à un point défini au préalable avec précision. L’impact du laser a, en effet, une localisation très précise dans le stroma cornéen (+ou -3µm). Il y une forte puissance de crête au niveau de l'impact, grâce à la faible durée de l'impulsion. On observe une absorption multiphotonique importante dans le matériau : le milieu transparent devient localement absorbant. De plus, le fait que la lumière du laser se propage par impulsion laisse un temps de refroidissement aux tissus, ce qui ne se produit pas lors d’une émission continue. Il faut aussi souligner l’importance de la longueur d’onde car elle détermine la pénétration du laser au sein des tissus. Elle est d’autant plus intéressante que dans notre cas car elle contribue à chauffer l’eau. -8- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy II / Techniques actuelles de chirurgie ophtalmologique réfractive Le plus souvent, les anomalies de la vision telles que la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme ou la presbytie, sont corrigées en modifiant la forme de la cornée, qui est la partie centrale de l’œil, grâce au laser Excimer. Le laser Excimer est utilisé depuis plus de quatorze ans pour modifier la surface de la cornée afin de lui donner une nouvelle forme selon une précision de l’ordre d’un quart de micron. A/ Laser Excimer sans découpe cornéenne Ces interventions suppriment les risques liés à la découpe d’un capot cornéen. Il existe deux principales techniques : 1) La Photo Kératectomie Réfractive ou PKR Cette intervention consiste à remodeler le profil de la cornée en appliquant le laser directement sur la surface de l’œil, après « grattage » de la couche la plus superficielle de la cornée, l’épithélium. Cette intervention courte (temps opératoire inférieur à 5 minutes) est douloureuse les premiers jours. De plus elle s’adresse essentiellement aux défauts réfractifs modérés. La cicatrisation est lente, demande des soins oculaires et n’est évaluable qu’au bout d’un petit nombre de semaines. Les retouches sont plus inflammatoires. 2) Le Lasek Le Lasek est une technique relativement récente, intermédiaire entre la PKR et le Lasik. L’épithélium, que l’on enlève par grattage au cours de la PKR, est ici décollé du stroma se trouvant en dessous. Un capot épithélial est ainsi créé, destiné à protéger le stroma cornéen une fois le laser Excimer appliqué. La principale difficulté du Lasek concerne la réalisation du capot. Celui peut en effet se déchirer lors de la dissection, surtout lorsque ses adhérences avec le stroma sont fortes. L’opération dépend donc de l'habileté du chirurgien. La bonne indication du Lasek se porte donc sur les cornées fines, avec bonne surface de recouvrement et à correction assez faible. L’opération bilatérale en un temps n’est pas conseillée. Le Lasek permet de minimiser les douleurs post opératoires de la PKR. La récupération visuelle est plus rapide. Cependant cette technique reste tout de même proche de la PKR. -9- Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy B/ Laser Excimer avec découpe cornéenne Seules les méthodes avec volet autorisent raisonnablement une intervention bilatérale en un temps (opération des 2 yeux le même jour) car le retour visuel est très rapide et la sensibilité est réduite. 1) L’Epi-Lasik L’Epi-Lasik est une méthode dérivée du Lasek. Ces deux méthodes ont en commun l’application du laser Excimer à la surface du stroma cornéen (et non dans des couches stromales plus profondes comme le fait le Lasik). Elles se différencient par le moyen utilisé par le chirurgien pour décoller l’épithélium. Au cours d'un Lasek, c'est l'application brève d'une solution d'alcool dilué à 15 ou 20% qui permet au chirurgien de séparer épithélium et stroma. Cependant, l'éthanol utilisé à cet effet exerce une certaine toxicité sur les cellules épithéliales. L'Epi-Lasik a donc été imaginé dans l'idée à la fois de préserver ces cellules et d'améliorer les résultats visuels. La dissection du capot épithélial fait ici appel à un instrument spécifique de découpe cornéenne : un microkératome. En Epi-Lasik comme en Lasek, le capot épithélial est remis en place en fin d'intervention, de façon notamment à protéger le stroma et à limiter les phénomènes douloureux. Même si des résultats encourageants ont d’ores et déjà été annoncés, la technique chirurgicale de l'Epi-Lasik est encore, en 2004, en cours d'évaluation. 2) Kératomileusis in situ ou LASIK Le Lasik est aujourd’hui la technique la plus utilisée en chirurgie réfractive. Dans le monde, plus de huit millions de personnes ont été opérées par le Lasik. Dans cette chirurgie, le laser est appliqué dans l’épaisseur de la cornée, après avoir réalisé chirurgicalement un "volet" cornéen superficiel remis en place à la fin de l’intervention. Cette technique également rapide et indolore permet de corriger des troubles de la vision plus importants ou plus complexes. - 10 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Opération en 2 temps : Ce traitement qui s’effectue après anesthésie locale par quelques gouttes de collyre déposées à la surface de l’œil, comprend deux principaux temps opératoires: 1 - Une fine lamelle cornéenne superficielle de 160 µm est découpée à l'aide d'un petit rabot (Microkératome) ou d’un laser (femtoseconde). Cette découpe est partielle, puisque la lamelle reste attachée par une petite charnière, permettant de la soulever comme un capot. On a ainsi accès aux couches profondes de la cornée ou stroma cornéen. 2 - Une fois le capot cornéen soulevé, le laser Excimer “sculpte” une partie de la cornée (par vaporisation tissulaire) pour corriger le défaut visuel. L’action de ce laser diffère en fonction du défaut visuel à traiter (myopie, hypermétropie, astigmatisme). Ensuite le capot cornéen est repositionné à sa place initiale et vient recouvrir la zone reformatée. Ainsi, il constitue une sorte de protection et de pansement évitant toute douleur. Comme ce capot n’a pas été modifié, il permet une restauration visuelle très rapide. La lamelle se refixe naturellement et cicatrise sans suture en quelques jours. L’opération en elle même dure environ sept minutes. La vision s’améliore généralement au bout d’une douzaine d’heures. Les deux yeux peuvent être opérés le même jour. Le Lasik s’est rapidement imposé comme une technique de référence car il permet: − Une bonne précision de la correction effectuée. − Une récupération visuelle post-opératoire rapide et pratiquement indolore. − La possibilité de réaliser une nouvelle opération en cas de correction insuffisante. De plus, les complications et effets secondaires du Lasik sont très rares. - 11 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy III / Lasik Il existe deux méthodes Lasik différentes : A/ Lasik standard ou Lasik conventionnel Cette méthode est celle d’origine. Elle associe une découpe au microkératome le plus moderne et une ablation au laser Excimer du type de celle décrite dans le paragraphe cidessus. C’est un procédé viable et fiable mais qui n’est presque plus utilisé dans les centres très modernes disposant du laser femtoseconde. Le microkératome est l'appareil mécanique de découpe du volet cornéen superficiel. Cette action est très rapide (quelques secondes) et indolore. Les différentes étapes sont les suivantes : 1. Un anneau de succion, placé sur l'œil, l’immobilise et guide le microkératome pendant la découpe. 2. Le microkératome est solidaire de l'anneau de succion. Une fine lame oscillante est située sous le microkératome. 3. L'avance du microkératome permet de découper une fine lamelle cornéenne de 160 µm d’épaisseur qui restera solidaire de la cornée grâce à une charnière. (L’épaisseur de la cornée est de 600 µm environ). 4. L’ensemble microkératome/anneau de succion est alors retiré de la cornée. 5. La lamelle est ensuite réclinée comme la couverture un livre. 6. Le surfaçage au laser peut alors commencer sur le stroma cornéen (partie centrale de la cornée). Le laser traite l’œil en fonction des informations recueillies lors des examens préopératoires et qui sont introduites par le chirurgien dans l’ordinateur. 7. Le capot ou lamelle cornéenne est alors replacé à sa position initiale sans aucune suture. Deux à trois minutes plus tard, le capot est fixé du fait d’un effet de pompe qui maintient la lamelle sur la cornée. La variation extrême avec les appareils mécaniques peut aller jusqu'à 200 µ. Le Laser femtoseconde est plus précis mais il est difficile de les comparer car les méthodes de découpe ne sont pas identiques : les vitesses, oscillations, pente et sens diffèrent. - 12 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy B/ Lasik tout Laser ou Intralaser Cette formule comporte une découpe effectuée avec le laser femtoseconde qui permet de ne recourir à aucun moment du traitement à un instrument mécanique et permet donc un protocole laser total d'un bout à l'autre. C'est une association de deux lasers : un laser femtoseconde (ci-dessous) et un laser Excimer. Le laser femtoseconde permet de réaliser une fine découpe du volet cornéen uniquement au laser. Il s’agit d’un laser agissant en infrarouge (1053nm) et créant en unité femtoseconde des minis spots espacés de 5 à 12 µm se rejoignant dans le stroma cornéen. La principale caractéristique de ce laser est de travailler avec des impulsions extrêmement brèves, de l'ordre de la femtoseconde. Cette faible durée d'impulsion permet d'éviter les effets thermiques. En effet le rayon laser est tellement bref qu'il ne peut pas faire bouger les atomes, il a en revanche comme effet d'arracher les électrons des atomes (ionisation) et donc de former des ions qui vont créer un plasma froid (mélange gazeux d'ions et d'électrons). L'énergie transférée aux électrons ne leur permet pas d'aller très loin, et on assiste à une recombinaison des ions dans un espace proche de l'ionisation. Il y a vaporisation de la matière, en la sublimant (passage de l'état solide à l'état gazeux). Cela va aboutir à la création de plus de 600.000 petites bulles de gaz contiguës. Il n’y a pas d’ablation de tissu mais séparation intra lamellaire grâce à la création de ces bulles mixant de l'eau et du carbone dioxyde. L’ensemble du protocole est sous le contrôle du programme informatique dont les données choisies par le chirurgien définissent le profil du traitement. Les fonctions sont nombreuses et il est possible de positionner la charnière n’importe où, de choisir sa taille, de tailler un volet ovale… Le laser rend la découpe indépendante des caractéristiques biométriques du globe oculaire. Début du laser femtoseconde Fin du laser femtoseconde - 13 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy C/ Comparaison Comme il n’y a plus de lames lorsque l’on utilise un laser femtoseconde, beaucoup d’aléas mécaniques et facteurs d’infection sont théoriquement réduits au minimum. De plus, le centrage est forcément satisfaisant car il s’effectue sous contrôle visuel et avant la découpe contrairement au microkératome. La précision augmente car ce laser est reproductible et surtout programmable aussi bien en profondeur qu’en diamètre. Le champ de découpe femtoseconde en profondeur s’étend de 100 µ à 400µ voire plus autorisant toute ablation au laser Excimer et même des greffes de cornée ou des exérèses localisées de tissu. L’indépendance de l’Intralaser aux dimensions du globe oculaire évite les surprises car le programme permet comme en informatique d’être un système WYSIWYG (« what you see is what you get »). Cependant le contact avec l’œil n’est pas supprimé car pour éviter tout mouvement intempestif un anneau de succion bloque le globe oculaire durant les quelques secondes du traitement tout en permettant un aplatissement de la cornée offrant un plan parfait à la découpe du laser. Cet anneau est à usage unique garantissant ainsi la stérilité. En cas de perte de succion il n’y a plus de risque de lacération ou de trous. L’épithélium demeure intact et la reprise peut être immédiate. La surface du stroma est très lisse et celle du volet si régulière qu'il ne se produit presque plus de plis, de ridules ou de stries. La forme du volet réduit les inconvénients résiduels des microkératomes: il n’y a plus d'altération épithéliale, de découpe irrégulière ou incomplète, de taille inattendue…. La découpe est « planar » c'est-à-dire que la périphérie n’est plus ménisquée mais ici parallèle avec un bord droit ou angulé au mieux à 30°. La récupération visuelle est ici un peu plus lente en raison d’un retour à la cornée normale demandant 2 à 3 jours, mais avec une vision déjà bien rétablie le lendemain. Le taux de retouche est diminué. L’Intralaser est une révolution semblable à celle du scanner vis-à-vis de la radiographie classique. Elle seule permet une procédure qui soit « Tout Laser ». La disparition de l'outil restérilisable constitue une avancée irrémédiable pour protéger de l’infection. Malheureusement, le coût est augmenté. - 14 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy IV/ Le Laser Femtoseconde Le laser femtoseconde, comme tout laser, est un équipement de classe IIb. Il a été inventé au début des années 80 et put être commercialisé dès 1990. La caractéristique principale de cet appareil est de travailler avec des impulsions extrêmement brèves, de l'ordre de la femtoseconde, soit 10-15 seconde. A/ Intralase - Femtec 1) Deux sociétés Pour la conception du laser femtoseconde, deux firmes sont présentes sur le marché : La société Intralase Corp. qui est américaine. Elle était la première sur le marché donc elle reste, pour le moment, la plus répandue. Le premier appareil proposé sur le marché est l’Intralaser FS 2. Ce système ophtalmologique a été acquis par deux établissements parisiens et un autre à Nice et en préparation d’achat dans 5 grands centres français ainsi que 305 centres dans le monde depuis 2 ans. Actuellement, on parle du laser FS 3 et très bientôt en été 2006 du FS 60. La société 20/10 Perfect Vision, qui est allemande, fabrique le laser Femtec. Cette société étant plus récente, les lasers Femtec sont disponibles depuis peu. Ces deux lasers ont le marquage CE et « FDA clearance » (FDA est l’organisme compétent pour l’admission de produits médicaux aux Etats-Unis). Cependant de nouvelles marques arrivent comme le Nidek ou le Zimmer Da-Vinci. 2) Deux produits Fréquence du laser Longueur d’onde Progression Date de lancement sur le marché Nombre de lasers commercialisés (avril 2006) Nombre de laser en France Coût Intralase 60KHz 1053 nm (IR) Rectiligne En 2001 par la FDA Femtec 30KHz 1064 nm (IR) Rotatoire Fin 2005 Environ 300 4-5 3 0 400.000 € Non communiqué - 15 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy 3) Deux techniques de positionnement Afin d’éviter les mouvements de l’œil durant l’opération, les deux firmes ont développé un système de positionnement de l’œil. Pour chaque laser, un anneau de succion à taille et usage unique immobilise le globe oculaire. Dans les deux cas, l’élévation de la pression intraoculaire provoquée est très inférieure à celle observée avec l’anneau de succion des microkératomes mécaniques (70-80mmHg). La principale différence est que l’Intralase, contrairement au Femtec, aplanit la cornée. Un cône d’aplanation est relié au laser et muni d’une lentille d’aplanation en verre, tout cela clipsé dans l’anneau de succion. Ce système permet d’obtenir, d’abord un ménisque, puis un plan d’aplanation complet de la cornée qui servira de plan de référence pour l’action du laser. La pression intraoculaire est de l’ordre de 40mmHg. Le mécanisme du Femtec lui, ne demande pas d’aplanation puisque le tir assure son propre alignement par perpendicularité (on déplace le patient et non la machine lors de l’application du système de positionnement, ce qui est plus facile que de déplacer les mécanismes par jeux de miroir). Il se contente donc d’épouser la cornée : l’augmentation de la pression intraoculaire est par conséquent plus faible (environ 26mmHg) ; la fixation est incurvée. CURVED FIXATION – FEMTEC : APPLANATINF FIXATION – INTRALASE : De plus, le système de dépression (on fait le vide ce qui a pour effet d’aspirer l’œil) du Femtec est maîtrisé par la machine, à la différence de l’Intralase dont le positionnement de l’œil se fait par une simple pression mécanique. - 16 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy 4) Comparaison Le mécanisme de positionnement de l’œil est sûrement meilleur pour le Femtec que pour l’Intralase, car l’œil supporte moins de pression : en effet, il n’y a pas d’aplanissement. Ainsi, la pression intraoculaire n’augmente que de 26mmHg pour le Femtec. De plus, du fait de l’aspect curviligne de l’interface laser/œil du patient, la découpe est parallèle au rayon de courbure de la cornée. Par ailleurs, l’Intralase est plus rapide que le Femtec, et il dispose de l’avantage d’avoir été le premier sur le marché. L’intralase a fait ses preuves aux Etats-Unis par la réussite de nombreuses opérations chirurgicales. B/ Autres applications D’autres applications que celles du Lasik peuvent être envisagées, toujours dans le but de corriger des défauts visuels optiques. 1) Traitement de l’astigmatisme par Kératoplastie lamellaire (greffe de cornée partielle) Les greffes de cornées deviennent plus faciles et moins risquées avec le laser femtoseconde que les opérations chirurgicales faites à la main, l’intervention est donc moins longue. Il est en effet aisé de tailler précisément le greffon du donneur et la cornée du receveur en choisissant une profondeur de découpe et un diamètre identique. Par ailleurs, par l’intermédiaire de ce laser on pourrait imaginer la création d’un tenon et d’une mortaise au niveau du receveur et du donneur. On pourrait ainsi éviter de mettre des fils à l’origine de l’astigmatisme parfois important qui altère la vision du patient. Profil de greffe lamellaire et profil de greffe pleine épaisseur en tenon-mortaise - 17 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy 2) Traitement de l’astigmatisme par la création de tunnel cornéens Quand l’astigmatisme est causé par un kératocône frustre, il faut créer un tunnel dans la cornée pour y implanter un segment de plastique. Celui-ci rétablit la symétrie axiale du système optique et permet de retarder la greffe de cornée. La création de ce tunnel va donc être beaucoup simplifiée avec le laser femtoseconde : il n’y a plus de risques de faire « fausse route » dans la cornée et l’opération ne dure que 15 secondes. 3) Traitement de quelques hypermétropies L’hypermétropie peut se soigner grâce à la pause d’une petite lentille correctrice placée dans le stroma cornéen. Cette méthode exige donc la création d’une cavité dans le stroma, opération qui peut être effectuée grâce au laser femtoseconde. L’opération est alors simplifiée et peut être réversible. Cette opération est actuellement pratiquée et donne des résultats prometteurs. 4) Opération de la myopie Il sera peut être possible un jour de créer une cavité au sein même de la cornée qui, dans le cadre d’une myopie, provoquerait en s’affaissant un aplatissement de la cornée. Cette méthode aurait l’avantage d’éliminer le risque d’infection postopératoire puisque le laser travaillerait au sein du stroma, sans ouverture de la cornée. Cependant cette méthode n’est encore qu’à l’état expérimental. Les myopies fortes pourraient ainsi être opérées. 5) Le laser femtoseconde comme laser réfractif En chirurgie réfractive, la brièveté de ses impulsions devrait lui permettre de corriger le défaut visuel en intervenant sur le stroma, sans endommager les autres composants de la cornée et en limitant des phénomènes de cicatrisation. Le laser femtoseconde remplacerait le laser Excimer et corrigerait les défauts optiques. En effet, la transparence de la cornée dans l’infrarouge permet au chirurgien de focaliser son rayonnement à n’importe quelle profondeur du tissu cornéen, d’autre part ce laser ne produit pas de chaleur ce qui évite de brûler la cornée. Le laser femtoseconde serait donc capable d’effectuer des découpes dans l’épaisseur même de la cornée. - 18 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Conclusion L’introduction relativement récente du laser femtoseconde en chirurgie réfractive suscite beaucoup d’interrogations de la part des chirurgiens et un début d’inquiétude de la part de l’industrie spécialisée dans la fabrication de microkératome. Le laser femtoseconde risque-t-il à terme de supplanter le microkératome ? Pour le Dr Dan Lebuisson, « ce procédé ne s'oppose pas à la technologie du microkératome mécanique qui conserve sa place et sa légitimité en dépit du progrès sécuritaire apporté par le tout laser ». On ne peut cependant pas ignorer les nouvelles perspectives offertes par le laser femtoseconde pour nombre de chirurgies réfractives cornéennes ainsi que pour certaines actions thérapeutiques. On pourrait par exemple envisager d’utiliser le laser femtoseconde comme laser réfractif direct. Ce qui permettrait de corriger un défaut sans endommager la cornée. Dans tous les cas, un pas très important a été indiscutablement franchi car les avantages en termes de précision et de sécurité de cette nouvelle technologie sont évidents, surtout si on les compare à un taux extrêmement faible d’incidents et de complications spécifiques liés à son utilisation. Cependant, le laser femtoseconde est une technologie très récente et commence tout juste à se développer. En effet, certaines de ses utilisations sont encore à l’état expérimental. Par ailleurs, son coût encore très important constitue à l’évidence un frein à son développement. Cet obstacle pourrait toutefois être contourné si l’on regroupait au sein des régions les différentes structures spécialisées en chirurgie réfractives. Concernant le développement des lasers à brèves impulsions, des travaux ont déjà été effectués sur des lasers qui délivrent des impulsions de l'ordre de l'attoseconde, soit 10-18 seconde. Cependant, en dehors des difficultés importantes pour mettre au point ce type d'attolaser, les électrons recevant une très grande énergie vont être très accélérés et traverser des distances importantes. Ils seraient responsables de lésions organiques majeures (altérations de l'ADN, création d'ions oxydants), donc on peut penser qu'on ne s'en servira pas encore en médecine. - 19 - Ecole Supérieure D’ingénieurs de Luminy Bibliographie Le site de la société 20/10 Perfect Vision : http://www.2010pv.com Le site du Syndicat National des Ophtalmologistes de France : http://www.snof.org Le site du Dr. Marc TIMSIT, Ancien Interne et Chef de Clinique Ophtalmologique des Hôpitaux de Paris : http://www.ophtalmologie.fr Le site du CNRS : http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n33a2.html Le site de l’Association Française du Lasik : http://www.lasik.asso.fr Le site emedecine clinical knowledge base: http://emedicine.com Remerciements Pour nous avoir aidé dans nos recherches et fourni de la documentation. Mr Jean-Pierre Petrakian, Ancien Professeur des Universités, Directeur du service d’optique physiologique à l’Université Aix Marseille III Mr Joël Delode, Ingénieur Biomédical, Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille - 20 -