L`ELECTROTHERAPIE CHEZ LA FEMME ENCEINTE

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L`ELECTROTHERAPIE CHEZ LA FEMME ENCEINTE
IFPEK
Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes
L’ELECTROTHERAPIE CHEZ LA
FEMME ENCEINTE
Travail Ecrit de Fin d’Etudes présenté par :
Frédéric MOREAU
en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute
2011/2012
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentement de l'auteur est illégale.
Résumé :
Sujet : Les femmes enceintes sont susceptibles d’avoir recourt à la masso-kinésithérapie, pour toutes pathologies
nécessitant une rééducation.
Objectif : Evaluer le risque d’utiliser l’électrothérapie sur un fœtus/embryon par rapport au bénéfice apporté à la
femme enceinte.
Méthode : Deux méthodes ont été nécessaire. Une méthode « Pratique » qui comprend les parutions d’experts, les
manuels des appareils d’électrothérapie, et un questionnaire adressé aux masseur-kinésithérapeutes. La seconde
méthode, dite « Connaissance » comprenant les études et recommandations sur le sujet.
Résultats : La méthode « Pratique » montre que la pratique et les avis ne sont pas uniformes, et n’a aucune valeur
scientifique. La méthode « Connaissance » permet d’avoir des arguments scientifiques. Cependant, le niveau des
preuves est insuffisant.
Conclusion : Le manque d’études sur l’électrothérapie en relation avec la grossesse ne permet pas d’évaluer
précisément la dangerosité de cette pratique. Le principe de précaution, étant donné de la gravité des éventuelles
conséquences. Les courants thérapeutiques sont donc contre-indiqués chez la femme enceinte. Des praticiens les
utiliseraient chez la femme enceinte. Il faut les informer de cette recommandation.
Mots clefs : grossesse (pregnancy), femme enceinte (pregnant women), électrothérapie (electrotherapy), contreindication (contraindications), principe de precaution (precautionary principle), bénéfice (benefice), risque (risk)
Sommaire
1.
INTRODUCTION .........................................................................................................................1
1.1 L’ELECTROTHERAPIE ...................................................................................................................1
1.2 LA FEMME ENCEINTE ...................................................................................................................4
1.3 PROBLEMATIQUE .........................................................................................................................4
2.
MATERIEL ET METHODE ........................................................................................................5
2.1 METHODE « PRATIQUE » .............................................................................................................5
2.1.1
Avis d’expert .......................................................................................................................5
2.1.2
Questionnaire .....................................................................................................................5
2.1.3
Manuels des fabricants .......................................................................................................6
2.2 METHODE « CONNAISSANCE » ....................................................................................................7
3.
RESULTATS .................................................................................................................................8
3.1 METHODE « PRATIQUE » .............................................................................................................8
3.1.1
Avis d’expert .......................................................................................................................8
3.1.2
Questionnaire .....................................................................................................................8
3.1.3
Manuels des fabricants .....................................................................................................11
3.2 METHODE « CONNAISSANCE » ..................................................................................................12
4.
3.2.1
Les études .........................................................................................................................12
3.2.2
Les recommandations .......................................................................................................13
ANALYSE ...................................................................................................................................15
4.1 METHODE « PRATIQUE » ...........................................................................................................15
4.2 METHODE « CONNAISSANCE » ..................................................................................................16
5.
DISCUSSION ..............................................................................................................................18
5.1 METHODE « PRATIQUE » ...........................................................................................................18
5.2 METHODE « CONNAISSANCE » ..................................................................................................19
5.2.1
Les études et recommandations .........................................................................................19
5.2.2
Bases théoriques ...............................................................................................................20
5.2.3
Principe de précaution ......................................................................................................22
5.3 UNE CONNAISSANCE POUR LA PRATIQUE ...................................................................................22
5.4 LEGISLATION ET ETHIQUE..........................................................................................................23
6.
CONCLUSION............................................................................................................................25
BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................................26
ANNEXES
1. Introduction
1.1
L’électrothérapie
L’article 7 du décret de compétence de masso-kinésithérapie indique : « Pour la mise en
œuvre des traitements mentionnés à l’article 5, le masseur-kinésithérapeute est habilité à
utiliser les techniques et à réaliser les actes suivants : […]
 Electrophysiothérapie
Applications
de
courants
électriques :
courant
continu
ou
galvanique, galvanisation, di-électrolyse médicamenteuse, (…), et
courant d’électro-stimulation antalgique et excito-moteur.
Ainsi, l’électrophysiothérapie est un des moyens de l’arsenal thérapeutique du masseurkinésithérapeute. Pour l’utiliser, le praticien doit avoir des notions sur les courants qu’il
délivre. De même, il doit connaitre les effets qui résultent de l’application de ces courants, les
indications et les contre-indications.
Les définitions de l’électrothérapie divergent suivant les auteurs. Il y a souvent
confusion
entre
les
termes
« électrothérapie »,
« électrophysiothérapie »
et
« électrostimulation ». Pour se faire, nous utiliserons la définition de F.Crépon de
l’électrophysiothérapie (1) :
« ensemble des techniques de physiothérapie impliquant
l’utilisation du courant électrique. Celui-ci peut être appliqué directement sur les tissus
humains (électrothérapie : galvanisation, électrostimulation) ou servir à la production d’ondes
mécaniques (vibrothérapie, ultrasonothérapie) et à la production d’ondes électromagnétiques
(thermothérapie, actinothérapie). »
Par conséquent, quand nous évoquerons l’électrothérapie, nous parlerons seulement des
courants à visée antalgique, comme le TENS (Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation)
Gate Control dit Conventionnel ou comme le TENS Endorphinique, et les courants excitomoteurs, tels que les secousses élémentaires ou le tétanisant trophique. Dans la littérature, le
terme d’électro-stimulation est le plus souvent associé au courant excito-moteur. Nous
n’évoquerons pas le courant galvanique, ni l’ionisation, ni l’électrostimulation des muscles
dénervés. Nous n’évoquerons pas l’électrothérapie dans la sphère vésico-sphinctérienne.
1
Voici un rappel des paramètres des courants thérapeutiques :
 TENS Gate Control ou Conventionnel : courant uni ou bidirectionnel à
moyenne nulle, impulsion à front raide d’une durée inférieure à 100µs, de fréquence
entre 80 et 100 Hz. L’intensité minimale efficace doit provoquer des paresthésies
confortables, sans contraction musculaire. Les effets sont une antalgie par inhibition
sensitive segmentaire. Les neurones Aδ et C véhiculant le signal de nociception ont une
vitesse de conduction inférieure aux neurones Aα et Aβ (de gros diamètres et
myélinisés) qui sont ceux de la sensibilité somesthésique. Les électrodes seront placées
sur le site de la douleur, sur le trajet du nerf sensitif responsable du dermatome ou au
niveau du rachis à la racine nerveuse. L’effet est immédiat. La durée du traitement est
de trente minutes. (1) (2) (3) (4) (5)
 TENS Endorphinique (en anglais TENS acupuncture-like) : courant uni
ou bidirectionnel à moyenne nulle, impulsion à front raide d’une durée de 200 µs à 2
ms, de fréquence entre 2 et 8 Hz. L’intensité minimale efficace doit faire apparaitre de
légères secousses musculaires. Les effets sont une antalgie par libération d’un opiacé
neuromédiateur (endorphine). Leur production est stimulée par les mécanorécepteurs
Aδ, sensibles à la vibration musculaire. Les électrodes sont grandes (au moins 100 cm²)
et peuvent être placées sur le site de la douleur, sur le trajet du nerf sensitif, mais on
privilégiera la racine nerveuse de la zone concernée. L’effet n’est pas immédiat, mais à
une action pouvant atteindre plusieurs heures après la séance. La durée du traitement est
de trente minutes. (1) (2) (3) (4) (5)
 Excito-moteur secousses élémentaires : courant uni ou bidirectionnel à
moyenne nulle, impulsion à front raide d’une durée de 100 à 600 µs, de fréquence entre
2 à 8 Hz. L’intensité minimale efficace doit faire apparaitre des secousses musculaires.
Les effets sont une facilitation de la circulation. Les électrodes sont grandes, et sont
placées sur le site douloureux ou sur la racine nerveuse de la zone concernée. L’effet est
immédiat. La durée du traitement est de trente minutes. (1) (2) (3) (5)
 Excito-moteur tétanisant trophique : courant uni ou bidirectionnel à
moyenne nulle, impulsion à front raide d’une durée de 100 à 600 µs, de fréquence entre
20 à 80 Hz. L’intensité minimale efficace doit provoquer un état de tétanos du muscle,
sans que cette contraction soit douloureuse. Les effets sont une contraction tétanique
par stimulation des neurones moteurs. Les électrodes sont placées préférentiellement sur
les points moteurs. La durée minimum de traitement est de trente minutes. (1) (2) (3) (5)
2
L’efficacité de l’électrothérapie est très débattue. Il existe des revues de littérature
issues de The Cochrane Library, notamment pour le TENS. Dans les revues, il est associé à la
polyarthrite rhumatoïde (6), à la phase de travail avant l’accouchement (7), aux lombalgies
(8). Elles statuent toutes les trois qu’il n’y a pas assez de preuve pour statuer que le TENS
diminue les douleurs. En revanche, la majorité des études sont en faveur d’un effet
thérapeutique de ce courant. La conclusion des auteurs de ces revues systématiques est due
aux méthodologies n’étant pas de qualité.
Ces conclusions sont les mêmes pour l’excito-moteur. Les stimulations électriques en
cas de polyarthrite rhumatoïde (9), sur l’épaule en post-AVC (10) ou sur le quadriceps après
une opération d’une prothèse totale de genou (11) n’ont pas démontré leur efficacité, dû au
manque de méthodologie, même si les auteurs des études revendiquent des propriétés
positives.
Pourtant, une récente revue systématique du Brazilian Cochrane Centre (12) met en
avant que l’électrostimulation couplée avec une rééducation conventionnelle est efficace pour
augmenter la force musculaire. Une autre étude (13) notée 8/10 sur l’échelle PEDro montre
que l’excito-moteur couplé avec le TENS permet de réduire efficacement la douleur.
Enfin, l’électrostimulation électromotrice figure dans les recommandations de la Haute
Autorité de Santé (HAS) pour la rééducation suite à ligamentoplastie du ligament croisé
antérieur du genou (14), et pour la rééducation suite à une opération de prothèse totale de
genou (15). De plus, l’HAS a effectué une évaluation du TENS (16). Elle informe qu’il y a un
faible niveau de preuve, mais que le « TENS bénéficie, en particulier dans certaines douleurs
chroniques, d’arguments en faveur de son utilisation ».
Ainsi, l’électrothérapie ferait preuve d’une efficacité et d’un bénéfice, antalgique pour
le TENS et trophique pour l’excito-moteur. D’après le questionnaire utilisé (ci-après),
seulement 12,8% (IC95% : [9,8% ; 16,4%]) des masseur-kinésithérapeutes n’utilisent pas
l’électrothérapie dans leur pratique quotidienne.
3
1.2
La femme enceinte
Les masseur-kinésithérapeutes sont amenés à rencontrer des patientes enceintes.
Comme toute personne, elles sont susceptibles d’avoir une pathologie qui nécessiterait de la
rééducation. Prenons l’exemple de la lombalgie de grossesse : des études montrent que la
prévalence de la lombalgie de grossesse associée à des douleurs de la ceinture pelvienne était
de 45% (17), la prévalence de vie-entière pouvant attendre 84 % (18). Les dernières
recommandations de l’HAS sur la prise en charge des lombalgies communes (19) excluent la
lombalgie de la femme enceinte.
D’une manière plus générale, la prise en charge masso-kinésithérapique de la femme
enceinte ne possède pas de recommandation de la part des autorités sanitaires, pour des
atteintes nécessitant une rééducation. La particularité de cette prise en charge vient du fait
qu’il ne faut pas nuire au fœtus.
1.3
Problématique
Ces deux sujets exposés sont très distincts. Néanmoins de nombreux praticiens se
demandent : dans le cas d’une prise en charge masso-kinésithérapique d’une femme enceinte,
quels moyens thérapeutiques peuvent être utilisés, sans nuire au bon déroulement de la
grossesse. Nous venons de voir l’intérêt d’utiliser les propriétés des courants thérapeutiques
chez le patient. Quand la patiente est enceinte, se pose une problématique : dans le cas de
l’électrothérapie, quel est le risque de son utilisation pour le bébé pendant la grossesse, par
rapport au bénéfice pour la maman ?
Pour répondre à cette question, nous utiliserons deux méthodes. La méthode dite
« Pratique » consistera, comme son nom l’indique, à observer ce risque dans la pratique
professionnelle. La méthode dite « Connaissance » sera basée sur la recherche dans la
littérature scientifique qui nous renseignera sur ce risque. Une analyse des résultats sera faite,
suivie d’une discussion.
Le bénéfice a déjà été démontré ci-dessus. L’objectif de ce travail est donc de
déterminer le risque pour l’enfant, au travers d’une étude descriptive.
4
2. Matériel et Méthode
2.1
Méthode « Pratique »
2.1.1 Avis d’experts
Les ouvrages et articles évoquant l’électrothérapie ont été consultés. Le but était d’obtenir
les contre-indications ou indications chez la femme enceinte, et l’argument qui permettait de
les poser. Les moyens de cette recherche sont vus dans la méthode « Connaissance ». La
sélection de ces documents comprend les dernières éditions des ouvrages ou du dernier
article sur le sujet paru.
2.1.2 Questionnaire
2.1.2.1
Création du questionnaire
La création du questionnaire s’est faite à la suite d’une revue de littérature. Elle portait
principalement sur la description des contre-indications dans les manuels de pratiques
d’électrothérapie et des manuels d’utilisation d’appareils de différents fabricants.
2.1.2.2
Forme du questionnaire
L’objectif choisit était d’avoir un maximum de réponses pour créer de l’information et
d’avoir des résultats significatifs. Le questionnaire était découpé en quatre parties

La première comprenant des informations générales sur le praticien

La seconde se rapportant sur la pratique générale de l’électrothérapie

La troisième questionnant sur la grossesse en kinésithérapie

La quatrième concernant l’utilisation l’électrothérapie chez la femme
enceinte.
Une cinquième partie, facultative, est laissée aux kinésithérapeutes pour les remarques
sur le questionnaire ou les thèmes abordés, pour indiquer leur ville de pratique et leur adresse
mail.
Le questionnaire a été créé à l’aide de l’application Google Docs, disponible via
l’interface de Google. Elle permet de mettre en place le questionnaire et enregistre
directement les résultats dans un tableur. L’adresse de redirection est www.kine.fr.ht .
5
2.1.2.3
Diffusion
La diffusion principale a été faite avec l’adresse suivante : www.kine.fr.ht . Dans un
premier temps, les Conseils Départementaux de l’Ordre des Masseur-Kinésithérapeutes
(CDOMK) ont été contactés par mail. Des syndicats contactés ont inséré dans leur newsletter
le lien du questionnaire. De plus, certains CDOMK ont publié le lien du questionnaire sur leur
blog.
Le second moyen utilisé fut le téléphone. Les principaux centres de rééducation et
hôpitaux d’Indre et Loire furent contactés. De nombreux kinésithérapeutes libéraux en Ille-etVilaine, ainsi qu’en Indre-et-Loire furent appelés, pour qu’ils puissent répondre au
questionnaire.
Au final, le questionnaire a été exclusivement transmis aux masseur-kinésithérapeutes
diplômés d’état, qui constitue le seul critère d’inclusion.
2.1.2.4
Traitement des réponses
Chaque fois qu’un formulaire est complété via www.kine.fr.ht, les réponses sont
recueillies automatiquement sur le tableur du site Google Documents. Elles sont accessibles
instantanément après la validation du questionnaire. Dans le cas présent nous utiliserons le
logiciel Excel 2007 pour traiter les résultats, et le logiciel R pour calculer l’intervalle de
confiance (IC). Les figures dans la partie Résultats et Annexes sont issues de ce logiciel, ainsi
que les tests statistiques.
Pour éviter les problèmes informatiques, le tableur était consulté quotidiennement.
Aucune remarque, qu’elle soit positive ou négative n’a été supprimée. Elles sont
visualisables sur le site, ainsi que l’ensemble du tableur : http://www.resultatkine.fr.ht/.
2.1.3 Manuels des fabricants
Les contre-indications des manuels des fabricants ont été regroupées. Elles ont pu être
obtenues lors de stages, par consultations sur le site des vendeurs et par l’intermédiaire du
questionnaire. La recherche a visé tous les fabricants d’électrothérapie, qu’ils soient français
ou étrangers. Certains ont dû être traduits de l’anglais. Entrent en compte tous les éléments
évoquant la grossesse et la femme enceinte.
6
2.2
Méthode « Connaissance »
De nombreux moyens furent utilisés pour la recherche bibliographique. Des moteurs de
recherche internet comme PubMed, EM Premium, Trip Database, The Cochrane Library et
Google ont été exploités. Les archives du centre de documentation de l’IFPEK de Rennes,
ainsi que celles des bibliothèques universitaires de Rennes et de Tours ont été consultées.
Les termes MeSH utilisés pour la recherche sont : électrothérapie (electrotherapy),
électrostimulation (electrical stimulation), femme enceinte (pregnant women), grossesse
(pregnancy), physiothérapie (physiotherapy). Il faut noter que « physiotherapy » correspond à
masso-kinésithérapie en français, et donc « physiothérapie » n’a pas exactement le même sens
que sa traduction anglaise.
Les articles retenus sont des études et des revues de littératures. Les documents les plus
récents sont préférables, mais les études plus anciennes ne sont pas exclues, car elles peuvent
être bien menées et donc apporter des éléments importants d’information.
Les compléments d’information se basant sur la physiologie du corps humain, de la
femme enceinte et sur l’embryogénèse ont pu être trouvés dans les ouvrages des bibliothèques
universitaires.
Cette recherche a été effectuée sur des articles en langue française et en langue
anglaise uniquement, par souci de bonne interprétation.
7
3. Résultats
3.1
Méthode « Pratique »
3.1.1 Avis d’experts
Francis Crépon indique dans Electrophysiothérapie et rééducation fonctionnelle (1),
comme contre-indication à tous les courants, la « région abdominale chez la femme
enceinte ». Cependant, dans le même ouvrage, un tableau résumé sur les courants électriques
indique l’utérus gravide comme contre-indication. L’utérus gravide se situe au cours de la
grossesse en sous-musculaire des abdominaux. Il est également en regard de la colonne
vertébrale, au niveau sacral et lombaire. Dans le cas présent, la contre-indication « utérus
gravide » empêcherait-elle de pratiquer l’électrothérapie au niveau lombaire ? Nous avons
donc deux contre-indications différentes pour ce même auteur.
Le professeur Christian-F. Roques (3) précise pour les contre-indications générales des
courants électriques : « Chez la femme enceinte se cumulent les effets potentiellement
dangereux pour l’embryon et le fœtus de l’agent physique – utilisé à dose thérapeutique ».
Nous pouvons noter la notion « potentiellement », impliquant qu’au moment de la rédaction,
il n’y avait pas d’études l’affirmant. Contrairement à F.Crépon, il n’y a pas de notion de zone
d’application. La phrase indique donc de n’utiliser aucun courant électrique durant la
grossesse.
Dans Agents physiques et réadaptions : théorie et pratique de Philipe Bussières (2), les
contre-indications pour tous types de courants sont « sur la région lombo-sacrée et
abdominale chez la femme enceinte ».
Un article de Kinésithérapie Scientifique datant de 2004 (20) n’indique pas de contreindications aux différents courants, alors que dans le même article, l’utérus gravide est contreindiqué au reste de l’électrophysiothérapie.
3.1.2 Questionnaire
Le questionnaire a été mis en ligne du 15 septembre 2011 au 23 novembre 2011. Au
total, 421 Masseur-Kinésithérapeutes Diplômé d’Etat ont répondu au questionnaire. Les
intervalles de confiance ont été calculés en utilisant le logiciel R. Les figures citées se
trouvent en annexe.
8
L’échantillon est composé à 54% de femmes et à 46% d’hommes (fig1). Parmi eux,
80% ont travaillé dans le secteur libéral, 9% ont travaillé à l’hôpital et 11% dans un centre de
rééducation (fig2). Le temps moyen de pratique professionnelle de l’échantillon est de 10,7
ans. 50% ont moins de 9 ans de pratique (fig3).
92,2% (IC95% : [89,1% ; 94,5%]) ont reçu une formation en électrothérapie au sein de
l’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) (fig4). Dans leur pratique
quotidienne, 12,8% (IC95% : [9,8% ; 16,4%]) des personnes qui ont répondu n’utilisent pas
l’électrothérapie, 50% l’utilisent de zéro à deux heures par jour, et 26% de deux à quatre
heures par jour (fig5). De plus, 84% des thérapeutes utilisent des programmes préenregistrés
(fig7)
Prise en charge de femme
enceinte (fig8)
Non
14%
86,0% (IC95% : [82,3% ; 89,1%]) des
masseur-kinésithérapeutes ont déjà pris en
charge des femmes enceintes au moment
de leur réponse (fig8).
Oui
86%
De nombreuses pathologies ont été évoquées par les praticiens : 45% de lombalgie, 20%
de sciatalgies, 6% de rachialgies, 6% de dorsalgies, 5% de troubles circulatoires des membres
inférieurs, 4% de cervicalgies et 3% d’atteintes au niveau de la cheville (entorse, fracture).
Parmi les autres pathologies citées (moins de 1%), il est trouvé des atteintes du système
nerveux (Accident Vasculaire Cérébral, Névralgie Cervico-Brachiale), des douleurs sacroiliaques, des incontinences urinaires, des tendinopathies, ainsi que des atteintes au niveau du
poignet et des genoux (entorse, fracture).
A
la
question
« Utilisez-vous
(utiliseriez-vous) de l’électrothérapie chez
Utilisation de l'électrothérapie
chez la femme enceinte (fig 10)
Oui
22%
la femme enceinte ? », 21,9% (IC95% :
[18,0% ; 26,1%]) ont répondu « Oui »
(fig10). 57% estiment que les contre-
Non
78%
indications sont relatives, 40% estiment
qu’elles sont absolues et 3% pensent qu’il
9
n’y a pas de contre-indication (fig11). Sur le nombre de personnes ayant répondu à la
question, 51,3% (IC95% : [46,1% ; 56,2%]) pensent qu’il y a des contre-indications pendant
toute la grossesse et 7% estiment qu’il n’y pas de contre-indication à l’électrothérapie chez la
femme enceinte. Le reste des réponses est reporté dans le graphique ci-dessous (fig12).
Période de contre indication (fig12)
51 %
de 0 à 12 semaines
48 %
de 12 à 26 semaines
de 26 à 37 semaines
42 %
de 37 semaines jusqu'au
terme
42 %
23 %
pas de contre indication
0
10
20
30
40
50
60
Le TENS Conventionnel est le courant le moins contre-indiqué, à l’inverse de l’excitomoteur tétanisant trophique, qui a le plus de contre-indications pour l’ « Ensemble du corps »
(fig13). Cette expression, dans sa définition, inclut les termes « Abdominale », « Bassin »,
« Lombaire », « Cuisse ». Dans la figure 14, les résultats correspondants à « Ensemble du
corps » ont été ajoutés à chaque zone anatomique pour que les différences soient plus
rapidement observables que sur la figure 13. L’excito-moteur tétanisant trophique est toujours
le plus contre-indiqué, comme la zone « Abdominale » pour tous types de courant (fig14).
Tableau résumé « intervalle de confiance »
Formation d'électrothérapie à l'IFMK
N'utilise pas l'électrothérapie
A déjà prise en charge une femme enceinte
Utilise l'électrothérapie chez la femme
enceinte
Contre-indiqué toute la grossesse
X
n
p(%)
IC (95%)
388
421
92,2
89,1 à 94,5%
54
421
12,8
9,8 à 16,4%
362
421
86,0
82,3 à 89,2%
92
421
21,9
18,0 à 26,1%
216
421
51,3
46,4 à 56,2%
x : nombre de personnes de l’effectif ayant répondu Oui à l’item, n : effectif ayant répondu à l’item, p : pourcentage (rapport x/n), IC :
Intervalle de Confiance, à 95%
10
3.1.3 Manuels des fabricants
En collectant le maximum de manuel disponible, on obtient ceci :
 Chattanooga (Précautions)
 « La sécurité des formes d’ondes TENS dans le cas d’une utilisation pendant
la grossesse ou la naissance n’a pas été prouvée » (Intelect Mobile Stim)
 « Cet appareil ne devrait pas être utilisé sur un utérus gravide » (Intelect Vet)
 Cefar-Compex (Contre-indications)
 « Ne pas traiter les femmes enceintes sauf approbation d’un gynécologue de
référence » (Physio 5)
 « Grossesse (pas de positionnement dans la région abdominale) » (Compex 3,
Vitality, myFit, performance, ernergy2, myFitness)
 « Les femmes enceintes ne devraient pas être traitées au cours du premier
trimestre de leur grossesse (12 semaines) » (Rehab 400, MiTheta, Cefar
Primo)
 « Si vous êtes enceinte, ne pas placer d'électrodes directement sur l'utérus ni
connecter des paires d'électrodes de part et d'autre de l'abdomen. En effet,
théoriquement, le courant pourrait affecter le cœur du fœtus (même si aucun
rapport n'indique que cela est dangereux). » (Rehab 400, MiTheta, Cefar
Primo)
 BodyClock (Précautions et Contre-indications) (traduit de l’anglais)
 « Si vous êtes enceinte, ne pas placer les électrodes sur la zone abdominale »
(Tens & Tone, Smart Tens)
 « Le TENS ne doit pas être utilisé avant la 37e semaine de grossesse » (Tens
& Tone, Smart Tens, Femme Elite)
 « Les stimulateurs musculaires ne devraient pas être utilisés pendant la
grossesse » (Profile EMS)
 EMS Physio (Contre-indication) (traduit de l’anglais)
 « Durant la grossesse, ne pas traiter la région abdominale basse, le dos ou le
bassin » (EMS965, EMS 955)
 Fyzéa (Précautions et Contre-indications)
 « Nous recommandons de n’effectuer une stimulation dans la région du
ventre et du bas ventre qu’après avoir pris auparavant un avis médical »
(Neurotech Médi Stim XP)
11
 « La sécurité des électrostimulateurs musculaires n’a pas été établie pendant
la grossesse » (Kneehab XP)
 « Contre-indications importantes : […] Grossesse » (Fyzéa CareTalk)
Ceci n’est qu’un panel de ce que nous pouvons retrouver dans les manuels. Tous les
fabricants ne sont pas cités, car certaines contre-indications ou précautions se recoupent.
3.2
Méthode « Connaissance »
3.2.1 Les études
La majorité de la littérature sur le sujet sont anglo-saxonnes. Les autres études sont soit
françaises, soit scandinaves mais rédigées en anglais. Une étude portugaise a été trouvée, mais
n’ayant qu’un bref résumé en anglais, elle ne fut pas exploitée.
A propos de la médication et du TENS, de nombreuses études se sont intéressées au rôle
que pouvait avoir le TENS au moment de l’accouchement. Une revue systématique datant de
septembre 2011 (21) conclut qu’avec les études à disposition, il n’y a pas assez d’éléments
prouvant que le TENS réduit la douleur de la femme enceinte, par rapport à la prise
médicamenteuse. Les auteurs évoquent qu’il ne semble pas y avoir d’effet négatif pour
l’enfant et la mère. Ils mentionnent que la mère devrait avoir le choix d’utiliser le TENS
pendant la grossesse. Dans certaines de ces études, les mères sont au moins à 37 semaines de
grossesse, donc le bébé est à terme.
Des études utilisant le TENS afin de réduire les symptômes de vomissement ont été
effectuées. L’American College of Obstetrics and Gynecology (ACOG) et la Society of
Obstetricians and Gynecologists of Canada ont statué que la littérature montrait des bénéfices
à utiliser le TENS, mais que la plupart des études possédaient de nombreux biais (22). Une
revue systématique présente les conditions d’inclusions aux études (23). Les femmes
enceintes devaient être au maximum à la 20 e semaine de grossesse.
Afin de juger en pratique l’effet du TENS sur la femme enceinte, les auteurs semblent
s’être entendus
sur un terme minimum de 37 semaines pour l’application du courant
électrique sur la zone lombaire. En effet, il est jugé qu’à ce terme, les bénéfices d’une étude
sont supérieurs aux risques appliqués à la grossesse.
Peu d’études portant sur l’usage de courant excito-moteur ont été trouvés. La première
est une étude préliminaire. Le sujet principal porte sur les Effets de l’électrostimulation par
Veinoplus sur les troubles circulatoires des membres inférieurs chez la femme enceinte (24).
12
L’étude est prospective monocentrique et veut déterminer les effets de l’électrostimulation sur
les contractions utérines et le rythme cardiaque fœtal. Elle est effectuée sur 30 femmes
enceintes, de 23 à 40 semaines d’aménorrhée. Le suivi requiert l’utilisation de tocographie, de
l’enregistrement du rythme cardiaque fœtal, de l’activité contractile utérine, de dopplers
utérins maternels et ombilical fœtal. L’étude est validée par le comité de protection des
personnes. Elle a montré l’absence d’interférence de l’électrostimulation sur le suivi.
Une étude sur des rattes en gestation a été effectuée. Elles ont reçu de
l’électrostimulation pendant leur grossesse. Les résultats montrent qu’il n’y a pas eu
d’accouchement prématuré, ni de malformation fœtale. Les auteurs concluent que
l’électrothérapie n’a pas d’effet négatif sur la ratte et son petit. Ils extrapolent ensuite leurs
résultats aux femmes enceintes. Selon eux, l’application d’électrothérapie en début de
grossesse ne doit pas motiver son interruption pour motif médical.
3.2.2 Les recommandations
En 2009, l’HAS a mobilisé un groupe de travail, pour « évaluer les appareils de
neurostimulation électrique transcutanée » (16). Elle indique que l’abdomen de la femme
enceinte est une contre-indication au TENS.
Cette recommandation va dans le sens d’une autre réunion d’experts effectuée par les
britanniques de The Association of Chartered Physiotherapists in Women’s Health
(ACPWH). Paru en 2007 (25), leur travail s’intéresse à l’application du TENS pendant la
grossesse. Leur conclusion est que le TENS présente moins de risque qu’une forte médication
antalgique. L’ACPWH précise aussi qu’il faut éviter certains points d’acupuncture, pouvant
déclencher des contractions.
Sur son site internet (4), l’Ecole de Réadaptation de l’Université de Montréal possède
de nombreuses informations sur l’électrophysiothérapie. En ce qui concerne l’électrothérapie,
les
courants TENS possèdent des contre-indications locales pour la grossesse. Leurs
explications sont :
 « Risque d’affecter le développement et la croissance du fœtus »
 « Risque de déclencher des contractions utérines précoces »
 « Absence de connaissance des effets de la modalité dans la région périnéale
pendant la grossesse »
De plus, les contre-indications pour l’excito-moteur (ou NMES : Neuro Muscular Electrical
Stimulation) sont :
13
 « Les opiacés endogènes relâchés lors des contractions musculaires induites par
stimulation électrique sont des stimulateurs potentiels de contractions
myométriques. Il faut donc éviter la stimulation musculaire électrique des grands
groupes musculaires lors de la grossesse »
Leur source est une parution de 2010 dans la revue Physiotherapy Canada (26). Les auteurs
indiquent que le NMES est contre indiqué « partout » chez la femme enceinte. Cependant, il
n’y pas de preuves à cela. Dans la suite du paragraphe, il est précisé que le NMES ne devrait
pas être appliqué sur l’abdomen et la région lombaire, mais qu’il devrait être efficace et nondangereux pour les situations où l’on doit stimuler les muscles distaux. Dans le résumé des
contre-indications, il est écrit que pour toutes formes de courant (TENS et NMES), les
applications sur la région lombaire, abdominale et pelvienne de la femme enceinte, ainsi que
sur les points d’acupuncture sont proscrites. Il est précisé que le TENS peut être utilisé
pendant le travail, et que l’utilisation d’appareils d’électrothérapie peut provoquer des
contractions utérines lors du premier trimestre, ainsi que des fausses couches ou un travail
prématuré au cours du troisième trimestre. Au sujet du TENS, certaines sources évoquent le
fait qu’il n’est pas contre-indiqué à distance de l’utérus, alors que d’autres affirment que le
courant n’atteint pas le myomètre. Les effets du courant sur le développement fœtal ne sont
pas clairs. Cependant, comme tout effet secondaire sur le fœtus peut être catastrophique,
toutes les précautions doivent être prises.
La suite de l’article indique en plus que le TENS-Acupuncture augmente la fréquence et
la contraction utérine, l’utilisation de TENS sur des lombalgies de grossesses n’a reporté
aucun effet secondaire.
Enfin, un article de Kinésithérapie, les cahiers, datant de 2005 (27), pose la question de
la contre-indication de l’électrothérapie chez la femme enceinte à des masseurkinésithérapeutes, ceux-ci n’étant pas particulièrement experts de cette pratique. Chacun
donne son avis et aucune réponse concrète et valide n’est trouvée.
14
4. Analyse
4.1
Méthode « Pratique »
Dans les niveaux de preuves scientifiques de l’HAS, les avis d’experts sont de grade C,
correspondant à un faible niveau de preuve. De plus, dans le cas présent, les avis d’experts ne
sont pas tous en adéquation. Il faut remarquer plusieurs points. La période n’est jamais
précisée. La zone anatomique d’utilisation diffère selon la personne. Soit il ne faut pas
pratiquer pendant toute la grossesse, soit il faut éviter la zone lombaire et abdominale. A ces
contradictions s’ajoute le terme « utérus gravide » qui correspond à une partie anatomique
intra-corporelle, n’ayant donc pas de sens pour l’électrothérapie avec électrodes cutanées.
Ainsi, nous ne savons pas s’il est possible d’appliquer du courant en regard de l’utérus
gravide, qui est en position sous abdominale en partie antéro-supérieure et en regard des
vertèbres lombaires et du sacrum.
Le questionnaire met en évidence que la pratique n’est pas la même pour tous les
praticiens. En effet, 21,9% (IC95% : [18,0% ; 26,1%]) utiliseraient l’électrothérapie chez la
femme enceinte. Ce pourcentage est plus important quand la zone anatomique est détaillée.
Les personnes ayant répondu au questionnaire estiment que l’ensemble du corps n’est pas
contre-indiqué à 78,6% pour le TENS Conventionnel, à 69,6% pour le TENS Endorphinique,
à 68,4% pour l’excito-moteur secousses élémentaires et à 59,1% pour l’excito-moteur
tétanisant trophique. Parmi ces quatre derniers pourcentages, certains n’utiliseront pas
l’électrothérapie, mais pensent néanmoins qu’il n’y a pas de contre-indications pour certaines
zones anatomiques.
De même que pour les avis d’experts, les manuels ne montrent pas une seule et unique
contre-indication, mais de nombreuses et différentes. Elles portent aussi bien sur le
positionnement des électrodes, la période, mais aussi sur des phrases précisant qu’il n’y a pas
d’étude prouvant les effets nocifs. Elles permettent au fabricant de se protéger juridiquement
en cas d’éventuel problème.
15
4.2
Méthode « Connaissance »
Nous nous sommes interrogés sur les recommandations de l’Université de Montréal et
de la revue Physiotherapy Canada sur l’utilisation de l’excito-moteur. Elles préconisent de ne
pas l’utiliser à cause de la production d’opiacés endogènes ou endorphines. Les trois études
utilisées démontrent en effet que la contraction musculaire par électrostimulation active la
production d’endorphines. Le TENS Endorphinique a aussi pour propriété la sécrétion de ces
opiacés. Néanmoins, cet article ne mentionne pas d’études mettant en relation les endorphines
et la contraction musculaire ou myométrique. De ce fait, la recommandation ne s’appuie pas
sur des données scientifiques.
Nous avons donc effectué des recherches sur les endorphines. Cette hormone a un effet
inhibiteur sur la douleur. Elle peut aussi permettre une détente musculaire. Ses récepteurs sont
situés au niveau du thalamus. Elle n’intervient en aucun cas dans la contraction musculaire.
(28) (29)
Dans la littérature, il existe de nombreuses études, portant surtout sur le TENS, pendant
l’accouchement. Des revues de littérature effectuées par Cochrane évoquent ces articles et
soulèvent des problèmes de protocole et d’échantillon trop faible (21). Les auteurs précisent
qu’il faudrait effectuer des études bien menées pour établir des conclusions satisfaisantes. De
même, dans ces études, les paramètres des courants ne sont pas précisés. Ainsi, il n’est pas
indiqué si c’est le TENS Conventionnel ou Endorphinique qui est utilisé. Nous ignorons aussi
quel est le thérapeute choisissant le courant et l’emplacement. Bien que certains manuels
demandent de consulter leur médecin généraliste ou gynécologue, la formation et la pratique
de l’électrothérapie sont essentiellement assurées pour les masseur-kinésithérapeutes. Par
contre, des échanges pluridisciplinaires (sage-femme, masseur-kinésithérapeute, gynécologue,
obstétricien) permettraient d’avoir une prise en charge optimal de la femme enceinte.
L’ACPWH a posé des recommandations sur le TENS (25). L’article ne précise pas de
quel type de TENS il s’agit. Il est indiqué qu’il faut prendre plus de précautions pour les
femmes épileptiques, possédant un utérus irritable ou ayant des antécédents de fausses
couches ou avortements. Il est ajouté que dans ces situations, la patiente doit être informée et
consentante au traitement. La formulation de cette recommandation est sûrement à revoir car
elle sous-entend que pour les femmes ne présentant pas ces critères, leur avis n’est pas
demandé.
16
Leur indication d’éviter les points d’acupuncture se base sur une étude de Dunn (30),
qui essaya de provoquer des contractions via ses points. Elle comporte de nombreux biais.
Elden en 2005 (31) utilisa l’acupuncture sur les points contre-indiqués (en relation avec
l’utérus), sans nuire à l’enfant ni à la mère.
Il faut noter que dans toutes les études référencées par l’ACPWH, il n’y a eu aucun cas
d’accouchement prématuré, de malformation fœtale, ni d’autre effet secondaire. De plus,
aucune étude présente dans les revues de littérature n’a rapporté ce genre de problème.
La seule étude trouvée sur le courant excito-moteur est préliminaire à une autre étude
utilisant l’électrothérapie afin de diminuer l’œdème des membres inférieurs. Elle est
prospective. Mais le nombre de patientes est insuffisant. Les résultats montrent une absence
totale d’interférence du courant. Or, les paramètres de ce courant ne sont pas connus et la
zone de stimulation n’est pas localisée. Il n’est également pas précisé si l’appareil Veinoplus a
été utilisé pour les électrostimulations. L’étude d’efficacité de celui-ci n’a rapporté aucun
effet secondaire. Cette étude permet toutefois un premier apport sur l’excito-moteur, et de son
absence de tératogénicité.
Les résultats de l’étude sur les rattes reposent sur un échantillon faible, seulement 10
sujets dans chaque groupe. De plus, la conclusion évoque trop rapidement la transposition des
résultats à la femme.
17
5. Discussion
5.1
Méthode « Pratique »
La méthode « Pratique » ne permet pas de mettre en évidence de risque, puisque son
niveau de preuve n’est pas suffisant. Elle pourrait correspondre au grade C, dans le cas où les
indications seraient toutes les mêmes. Dans la situation présente, les avis et notes ressemblent
à des opinions personnelles, ne se basant pas ou peu sur les éléments scientifiques. De plus,
une pratique ne peut se baser exclusivement sur le point de vue de personnes utilisant ou non
la technique.
Cependant, cette méthode « Pratique » permet d’effectuer des observations, la première
étant un constat simple. Elle montre qu’il n’y a pas de pratique uniforme de l’électrothérapie
chez la femme enceinte, ce qui n’aide pas à avoir une position pour les praticiens ou
particuliers possédant un appareil d’électrothérapie. Il n’existe pas non plus une contreindication consensuelle, citée par les experts et les fabricants.
Cette méthode permet aussi d’avoir une évaluation de la pratique professionnelle.
Néanmoins, elle n’indique pas la valeur de cette pratique. Ainsi des résultats intéressants
peuvent être extraits, et peuvent se corréler à la seconde méthode.
L’utilisation du questionnaire exclusivement sur internet a permis d’avoir un nombre
intéressant de réponses. De plus, les résultats sont directement inclus dans un tableur,
facilitant le traitement des données. Cependant, l’absence d’une personne posant les questions
et attendant des réponses immédiates peut fausser les résultats. En effet, la personne
répondant peut consulter la littérature afin de trouver des réponses et la formulation des
propositions du questionnaire peut orienter l’individu sondé. De plus, un retour à certaines
questions précédentes est possible et permet de changer d’avis au fur et à mesure de l’avancée
des items.
Le questionnaire sur internet, et surtout sa diffusion présente un autre inconvénient.
Bien qu’il permette d’avoir un nombre satisfaisant de réponses, il empêche d’avoir un
échantillon représentatif de la population. Les résultats sur la répartition libéral/salarié
montrent toutefois des proportions identiques à la population, comme pour la répartition
homme/femme. Néanmoins, la formulation de la question 3 aurait dû être différente, afin de
pouvoir comparer les résultats avec ceux des statistiques de la DREES (32). Les résultats
montrent que l’âge des kinésithérapeutes de l’échantillon n’est pas représentatif de la
18
population. Cependant, il est intéressant d’avoir une majorité de masso-kinésithérapeutes
nouvellement formés, ayant des connaissances au plus près des données actuelles de la
science.
Par conséquent, l’utilisation du questionnaire est intéressante pour obtenir un grand
nombre de résultats et les analyser. Une observation se rapporte à la formation sur la
grossesse, et son influence sur l’utilisation de l’électrothérapie. Spontanément, nous pourrions
penser qu’il existe un lien entre les deux variables. Par exemple, le manque d’information sur
la grossesse pourrait empêcher l’utilisation du courant. Pour vérifier cela, un test du Chi² a été
nécessaire. D’après son calcul, l’utilisation de l’électrothérapie chez la femme enceinte ne
dépend pas des connaissances du kinésithérapeute sur la grossesse, avec une p-value = 0,05
(annexe 3, tableau 1). De même, l’objectif du Chi² était de savoir si les variables de zones
anatomiques et les connaissances sur la grossesse étaient liées. Le test indique que ces deux
variables sont indépendantes (annexe 3, tableau 2-3-4-5). Il en est de même concernant la
période d’application (annexe 3, tableau 6). Les connaissances sur la physiologie de la femme
enceinte n’influencent donc pas la pratique de l’électrothérapie. Néanmoins, nos résultats ne
sont pas extrapolables à l’utilisation d’autres moyens thérapeutiques pendant la grossesse.
Les contre-indications des fabricants peuvent différer au sein de la même enseigne.
Elles semblent être rédigées dans le but de se dédouaner d’un éventuel problème. Toutefois,
ce sont des appareils accessibles aux particuliers. Ainsi, toutes les informations ne leur sont
pas fournies. Les plus aisément disponibles sont sur internet, mais, comme indiquées dans la
partie « Connaissance », leur fiabilité n’est pas démontrée. La phrase « La sécurité de
l’électrothérapie dans le cas d’une utilisation pendant la grossesse ou la naissance n’a pas été
prouvée » est la plus appropriée pour les manuels d’utilisateur.
5.2
Méthode « Connaissance »
5.2.1 Les études et recommandations
L’analyse montre que les recommandations ne sont pas fiables. Elles possèdent un
grade C, puisqu’elles se basent essentiellement sur des études possédant des biais de
méthodologie. Les recommandations, par définition, doivent guider la pratique. Elles doivent
aussi donner toutes les informations aux personnes les lisant. Au final, ces recommandations
ressemblent à des avis d’experts, ce qui n’est pas préjudiciable. Néanmoins elles ne devraient
pas s’appuyer sur des études faibles ou créer une causalité sans support.
19
Toutefois, dans ces recommandations, aucune étude n’a rapporté de cas de
malformation, d’accouchement prématuré ou de mort fœtale in utero. Il s’agit soit d’un biais
supplémentaire, soit parce qu’aucune anomalie n’a été détectée. Les études sur le Veinoplus
(24) et sur les rattes indiquent qu’il n’y a pas de risque pour la mère et son enfant. Cependant,
l’étude sur le Veinoplus ne précise pas comment s’est déroulé l’accouchement et le devenir de
l’enfant. L’étude sur les rattes manque d’effectif. Ces deux études ne précisent pas quels
courants sont appliqués et leur localisation.
Pour finir, l’ACPWH indique que le TENS est préférable à une forte médication. Le
Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT) (33) évoque que certains antalgiques
ne peuvent être prescrit à une femme enceinte, d’où l’intérêt du TENS. Or, l’ACPWH ne
s’appuie sur aucune étude présentant le TENS contre une médication antalgique.
5.2.2 Bases théoriques
En l’absence d’étude bien menée et de réelles informations, nous devons revenir aux
bases théoriques des courants et à certains éléments physiologiques de la femme enceinte.
Pour tous les courants, il faut préciser qu’ils sont unidirectionnels ou bidirectionnels, et
donc agissant localement.
Pour le TENS Conventionnel, le courant ne stimule que le nerf innervant la zone
douloureuse. L’intensité doit permettre l’apparition de fourmillement, sans réponse
musculaire. Il ne semble pas avoir de contre-indication de l’utilisation du TENS
Conventionnel, en toute date chez la femme enceinte, dû à la faible intensité nécessaire et au
caractère local du courant.
Pour le TENS Endorphinique, la question se pose essentiellement sur la production de
la substance opiacée. D’un point de vue physiologique, rien n’indique que les endorphines ont
un rôle néfaste sur la grossesse, provoquent de malformations fœtales, ou déclenchent des
contractions prématurées du myomètre. Ce type de courant est efficace dès l’apparition de
secousses superficielles au niveau des électrodes. De la même façon que pour le TENS
Conventionnel, il ne semble pas y avoir de contre-indications.
Pour l’Excito-moteur secousses élémentaires, le courant est semblable au TENS
Endorphinique, mis à part que le temps d’impulsion est plus faible. La facilitation de la
circulation, conséquence de ce courant, est locale. Les secousses élémentaires produites ne
20
peuvent se propager au muscle utérin, car l’intensité est limitée à l’apparition de ces secousses
sur la zone traitée. Ce courant n’influencerait pas le déroulement de la grossesse.
Pour l’Excito-moteur tétanisant trophique, la contraction musculaire induit la
production d’endorphine. A l’image du TENS Endorphinique, cette augmentation du taux de
la neuro-hormone n’influencerait pas la grossesse. Au sujet de la contraction tétanique, aucun
élément dans la littérature ne prouve que l’influx électrique puisse être diffusé au myomètre.
Ce courant est local, et ne doit stimuler qu’un muscle. Toutefois, selon la position des
électrodes, le courant peut être diffusé à plusieurs muscles. Il faut donc bien cibler les points
moteurs des muscles dont la contraction est recherchée, pour avoir une intensité minimale
pour la tétanisation, évitant la diffusion du stimulus électrique. Ainsi, dans les zones lombaire
et sacrale avec ces paramètres, il n’y aurait pas de risque de diffusion électrique au myomètre
(5).
L’application au niveau de l’abdomen est la zone souvent évoquée. L’utérus gravide se
situe directement sous les muscles abdominaux. Le myomètre pourrait être stimulé, surtout
avec l’excito-moteur. L’intensité efficace de ce courant est élevée et les points moteurs sont
difficiles à cibler. Il en va de même pour la partie antérieure et latérale du bassin.
L’électrisation a pour définition : passage du courant électrique dans le corps humain.
Ce terme n’est pas assimilable à l’électrothérapie. L’électrisation est le plus souvent utilisée
pour évoquer un passage de courant accidentel et pouvant être nuisible à la personne. Sur le
site de la Société Française de Médecine d’Urgence, il est précisé qu’une femme enceinte
ayant subit une électrisation doit être suivie, afin de surveiller le bien-être fœtal. Les effets ne
sont pas précisément connus, mais des retards de croissance intra-utérins, des oligoamnios,
des décollements placentaires pouvant causer une mort fœtale, ont été rapportés. Il ne faut pas
faire d’amalgame avec l’électrothérapie, dont le courant n’a pas les mêmes paramètres.
Cependant, comme l’évoque Christian-F. Roques (3), un dysfonctionnement de l’appareil ou
un court-circuit dû aux électrodes peuvent provoquer ces électrisations.
Du côté de la physiologie de la grossesse, il faut rappeler que l’utérus est composé d’un
ensemble de fibres musculaires lisses, constituant le myomètre. Tout au long de la grossesse,
l’utérus va évoluer anatomiquement en se verticalisant et s’antériorisant. Il passe ainsi d’une
position intra-pelvienne à une position intra-abdominale. Ce faisant, les fibres musculaires
deviennent de plus en plus excitables, provoquant potentiellement des contractions. Il s’agit
d’un phénomène physiologique de la grossesse. Néanmoins, elles peuvent être provoquées
lors
d’un
effort
physique
important,
risquant
d’induire,
selon
les
sensibilités
21
interindividuelles, un accouchement prématuré (34). Aucune étude ne le rapporte avec
l’utilisation de l’électrothérapie.
5.2.3 Principe de précaution
Il y a des divergences dans la théorie. Il n’y a à priori pas de contre-indication à utiliser
l’électrothérapie chez la femme enceinte. En revanche, la physiologie du myomètre porte à
croire que sa stimulation peut être délétère à la grossesse. Il faut ajouter à cela qu’aucune
étude fiable n’a été effectuée. Il n’y a pas d’éléments qui indiquent les effets tératogènes de
l’électrothérapie.
Pour conclure sur ces méthodes, elles présentent un grade C, donc d’une fiabilité faible.
Il y a un doute sur les effets de l’électrothérapie chez la femme enceinte. En médecine,
l’efficacité d’une thérapie ne peut être validée sur des éléments théoriques seulement, ni sur
la pratique d’une majorité de personnes. Même si les courants thérapeutiques ne semblent pas
être dangereux chez la femme enceinte d’un point de vue strictement théorique, aucune étude
n’est présente pour l’affirmer. Le principe de précaution « consiste à prendre des mesures face
à un risque potentiel évalué selon l’état de la technique et de la science » (35). Par conséquent,
dans le cas de l’électrothérapie chez la femme enceinte, le principe de précaution doit être
appliqué.
5.3
Une connaissance pour la pratique
L’essentiel du métier de masseur-kinésithérapeute est basé sur la pratique. Or, sans la
connaissance de l’anatomie, physiologie, pathologie, la pratique n’est rien. Ce travail est donc
basé sur la connaissance actuelle et sa façon d’orienter nos pratiques.
Soucieux de ne pas nuire aux patientes, les masseurs-kinésithérapeutes devraient donc
éviter d’utiliser l’électrothérapie tant que des études fiables n’auront pas apportées de résultats
rassurants.
Pourtant, dans la pratique, cette recommandation n’est pas respectée. Près de 22% des
praticiens se disent près à utiliser l’électrothérapie chez une femme enceinte. Suivant la
localisation, les pourcentages augmentent.
22
Type d’électrothérapie
TENS Conventionnel peut être appliqué sur au moins une
zone du corps (question 15)
TENS Endorphinique peut être appliqué sur au moins
une zone du corps (question 16)
Excito-moteur secousses élémentaires peut être appliqué
sur au moins une zone du corps (question 17)
Excito-moteur tétanisant trophique peut être appliqué sur
au moins une zone du corps (question 18)
x
n
p(%)
IC (95%)
331
421
78,6
74,4 à 82,4%
293
421
69,6
65,0 à 74,0%
288
421
68,4
63,7 à 72,8%
249
421
59,1
54,3 à 63,9%
Ce tableau ci-dessus illustre le fait que trois kinésithérapeutes sur quatre utiliseraient
l’électrothérapie pendant la grossesse, sur une ou plusieurs parties du corps.
Il est impossible de déterminer si cette prise de décision est due à une absence ou un
manque d’information, ou à un avis personnel. Ces thérapeutes prennent un risque vis-à-vis
de leur patiente, et surtout de leur enfant.
Il existe de plus d’autres techniques masso-kinésithérapiques pouvant être appliquées
chez la femme enceinte. Des recommandations existent pour certains moyens thérapeutiques.
En effet, l’activité physique est conseillée, en favorisant le travail de force et en aérobie, en
respectant des seuils (36) (37) (38) (39). Les étirements peuvent être effectués (40). Les
massages bien-être et décontracturant sont possibles.
5.4
Législation et éthique
Des problèmes éthiques peuvent se poser dans l’optique d’une étude ou d’une pratique.
Peut-on appliquer un traitement à la mère, sachant que le fœtus n’en a pas besoin ? D’autant
plus que cette thérapeutique n’a pas fait preuve de sa sécurité.
Pour le code pénal, le fœtus n’est pas une personne. L’article 16 du code civil évoque
que « La loi […] garantit le respect de l’être humain dès le commencement de la vie ». Or il
ne précise pas où commence la vie. Le droit civil énonce « A la naissance tout Homme est
sujet de Droit ». Ainsi, la naissance serait le début de la vie de l’enfant. La période in utero
n’est pas considérée comme la vie d’une personne. Cependant, le code de santé publique
énonce les exceptions à l’atteinte à la vie, qui sont « sauf avortement et réduction
embryonnaire ». Donc le code de santé publique considère que la conception constitue le
commencement de la vie. D’un point de vue juridique, le statut de l’embryon est absent et
donc non précisément défini. La mère est la seule possédant les droits sur son enfant.
L’article 1111-2 du code de la santé publique indique que le patient doit être informé
des effets et conséquences de tout acte thérapeutique. Si la patiente enceinte décide de
23
pratiquer l’électrothérapie, il faut donc l’informer qu’aucune donnée actuelle assure la
sécurité vis-à-vis de l’embryon (Article 36, alinéa 1 er du code civil), s’assurer de sa
compréhension et recueillir son consentement
D’un point de vue éthique, le rôle du masseur-kinésithérapeute n’est pas de dissuader un
patient d’utiliser une thérapie plutôt qu’une autre. Il n’est pas non plus d’omettre une thérapie
pouvant apporter un bénéfice, mais dont le praticien doute. Le masseur-kinésithérapeute se
doit d’informer le patient des pratiques actuelles, de leurs effets et conséquences. Il ne peut
imposer une méthode. Il décide de la séance, mais doit garder à l’esprit le consentement du
patient. Il n’y a pas d’omission si la technique est jugée inappropriée, dangereuse, non connue
ou contre-indiquée. Ainsi, un item aurait dû être ajouté au questionnaire : « Demandez-vous à
vos patientes si elles sont enceintes ou peuvent l’être, lors de la pratique de
l’électrothérapie ?». Cela peut être considéré comme une faute dans le cas où cela n’est pas
fait. En effet, le principe de précaution prévaut. Ce qui rend cette question d’autant plus
importante.
Cette question en appelle d’autres. Par exemple, à quel âge doit-on/ose-t-on demander à
une patiente si elle est enceinte ? Les convictions personnelles du thérapeute ne doivent pas
interférer. Cette réponse peut être délicate pour la patiente. Il faut donc la poser à l’écart
d’éventuels patients et autre présence familiale. Ceci ayant pour but de rassurer la patiente et
de préserver le secret médical. Cette démarche est applicable pour toute patiente. Elle peut se
croire difficile à réaliser mais est nécessaire d’un point de vue législatif et éthique.
Le fait de demander à la patiente si elle est enceinte est primordial, car d’après le
questionnaire, de 59,1 à 78,6% (selon le courant) utiliseraient l’électrothérapie chez la femme
enceinte. L’utilisation du conditionnel ne permet pas de savoir si les thérapeutes posent la
question de leur grossesse à leur patiente ou non.
24
6. Conclusion
Dans le cas de l’électrothérapie, quel est le risque de son utilisation sur le fœtus pendant
la grossesse, par rapport au bénéfice maternel ? Les deux méthodes utilisées ne permettent pas
de définir le risque précis sur le fœtus. Les études reliant l’électrothérapie et la femme
enceinte sont rares et manquent de méthodologie, empêchant d’en extraire des conclusions.
De plus, les recommandations sont à majorité des avis d’experts, qui extrapolent certains
résultats.
D’un point de vue strictement physique et physiologique, rien ne peut laisser supposer
qu’un courant puisse provoquer des effets secondaires. Néanmoins, des études fiables
pourront apporter des réponses. Il faut noter que d’autres techniques existent dans le but
d’obtenir une diminution de la douleur et un renforcement musculaire.
Ainsi, dans la balance bénéfice/risque, il n’y aucun élément bénéfique notable face aux
importants risques encourus. Le principe de précaution prévaut. L’électrothérapie doit être
contre-indiquée chez la femme enceinte, sur l’ensemble du corps et à toute période de la
grossesse.
Jusqu’à 78,9 % des thérapeutes pratiqueraient cette technique sur des femmes enceintes,
représentant une part non négligeable de leur patientèle. En tenant compte des connaissances
actuelles sur l’électrothérapie et sur la grossesse, nous pouvons considérer que ces praticiens
prennent un risque vis-à-vis de la patiente et de l’enfant.
Il faut donc veiller à demander systématiquement à une patiente si elle est enceinte,
avant d’entreprendre un traitement par électrothérapie. Il faudrait aussi expliquer aux
masseur-kinésithérapeutes non informés les raisons de cette présente recommandation. De
même, tous les fabricants doivent éviter les mots « précaution » et « utérus gravide », et
indiquer « Contre-indication : Ne pas utiliser l’électrothérapie chez la femme enceinte (il n’y
pas d’étude garantissant la sécurité) ».
Cette conclusion pourrait être aussi celle du forum proposé dans Kinésithérapie, les
cahiers en 2005, qui n’a jamais aboutit à une réponse (27). La question était « Grossesse,
ultrasons et électrothérapie : principe de précaution ou contre-indications ? ». La réponse à
cette question serait : l’électrothérapie est contre-indiquée par principe de précaution.
25
Bibliographie
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Boeck, 2001.
3. Roques, Christian-F. Eletrophysiothérapie pratique appliquée à la Médecine Physique et
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29
Annexe 1 : Questionnaire
Questionnaire adressé aux Masseur-Kinésithérapeutes.
Ce questionnaire a été réalisé dans le but d'un travail écrit (le TFE : Travail de Fin d'Etudes) pour l'obtention du
diplome d'état en masso-kinésithérapie. Le compléter ne dépasse pas les 7 minutes. Il a pour but de faire état des
connaissances et de la pratique en électrothérapie à ce jour, que vous l'utilisiez ou non. Votre participation est
anonyme. Certaines questions sont obligatoires, d'autres non. Il est à compléter individuellement. Merci de ne pas
influencer ou guider les réponses d'un collègue, et de ne pas consulter internet ou de la littérature sur le sujet afin de
ne pas fausser les résultats. Si cela vous est possible, merci de faire suivre ce questionnaire à d'autres MasseurKinésithérapeutes DE, ou étudiants : www.kinesitherapie.fr.ht , www.kine.fr.ht , www.kinesitherapie.fr.cx ,
bit.ly/kinesitherapie , goo.gl/HDpaA Si vous avez des remarques, des questions, des informations à apporter, merci
de me contacter au 06.77.80.25.86 ou à [email protected]. *Obligatoire
1) Vous êtes *
Une femme
Un homme
2) Vous travaillez (avez travaillé) en *(vous pouvez éventuellement cocher plusieurs cases)
salariat à l'hôpital
salariat en centre de rééducation
en libéral
vous êtes étudiant
3) Depuis combien de temps exercez-vous le métier de masseur-kinésithérapeute (en années) *Cas particuliers :
pour les étudiants, indiquer K1, K2 ou K3. Pour la première année après les études, indiquer 1
4) Où avez-vous reçu une formation en électrothérapie *
à l'Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie
lors d'une formation extérieure spécialisée
lors d'une formation interne
avec le livret accompagnant l'appareil d'électrothérapie
en lisant des livres, revues, articles, sites internet
5) Combien d'heures par jour utilisez vous l'électrothérapie ? (en moyenne) *
je n'utilise pas l'électrothérapie
de 0 à 2 heures
de 2 à 4 heures
de 4 à 8 heures
de 5 à 8 heures
plus de 8 heures
6) Dans la pratique de l'électrothérapie (de manière globale) *
vous utilisez les programmes préenregistrés
vous programmez vos propres programmes
je n'utilise pas l'électrothérapie
7) Si possible, merci d'indiquer le fabriquant et le modèle de l'appareil d'électrothérapie que vous utilisez
8) Pour vous, l'électrothérapie peut être utilisée (de manière globale) *
sur toutes les pathologies
seulement les pathologies où l'utilisation est indiquée
chez toutes les pathologies qui ne sont pas contre indiquées
9) Avez-vous pris en charge une (des) patiente(s) enceinte(s) au cours de votre carrière ? *
Oui
Non
10)
Si
oui,
quelle(s)
pathologie(s)
avaient
11) Où avez-vous reçu un enseignement sur la grossesse *
à l'Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie
lors d'une formation extérieure spécialisée
lors d'une formation interne
en lisant des livres, revues, articles, sites internet
pendant ma grossesse ou la grossesse du conjoint
je n'ai pas reçu d'enseignement spécifique sur la grossesse
ces
femmes
enceintes
?
12) Utilisez-vous (utiliseriez-vous) de l'électrothérapie chez la femme enceinte ? *
Oui
Non
13) Si pour vous, il y a des contre-indications chez la femme enceinte, elles sont *
relatives
absolues
il n'y a pas de contre-indications
14) Si pour vous, il y a des contre-indications chez la femme enceinte, elles sont décrites pour les périodes de(Dans
le cas où vous voulez indiquer toute la grossesse, merci de cocher les 4 premières cases)
de 0 à 12 semaines
de 12 à 26 semaines
de 26 à 37 semaines
de 37 semaines jusqu'au terme
il n'y a pas de contre-indications
Autre :
15) D'après vos connaissances, il existe des contre-indications au "TENS conventionnel gate control" chez la femme
enceinte dans la zone *
Lombaire
Abdominale
Bassin
Cuisse
L'ensemble du corps
Le TENS conventionnel gate control n'est pas contre indiqué
16) D'après vos connaissances, il existe des contre-indications au "TENS endorphinique" chez la femme enceinte
dans la zone *
Lombaire
Abdominale
Bassin
Cuisse
L'ensemble du corps
Le TENS endorphinique n'est pas contre indiqué
17) D'après vos connaissances, il existe des contre-indications à l' "excito-moteur (secousses élémentaires des
muscles innervés)" chez la femme enceinte dans la zone *
Lombaire
Abdominale
Bassin
Cuisse
L'ensemble du corps
L'excito-moteur (secousses élémentaires des muscles innervés) n'est pas contre indiquée
18) D'après vos connaissances, il existe des contre-indications à l' "excito-moteur tétanisant trophique" chez la
femme enceinte dans la zone *
Lombaire
Abdominale
Bassin
Cuisse
L'ensemble du corps
L'excito-moteur tétanisant trophique n'est pas contre indiquée
19) Pour vous, quels sont les risques de l'électrothérapie chez la femme enceinte ?
risque de fausse couche, d'accouchement prématuré, de ne pas mener la grossesse à terme
risque d'une atteinte sur la formation de l'embryon et/ou foetus
risque vital pour la mère
aucun risque pour la grossesse, la mère et l'enfant si les paramètres sont adaptés
Autre :
20) Si vous pensez qu'il y a un risque, quel(s) élément(s) pourrai(en)t en être la cause ?
la diffusion de la stimulation électrique au muscle utérin
la diffusion de la stimulation électrique au foetus
la production 'd'éléments chimiques tels que les endorphines et autres dérivés
l'augmentation de la vascularisation locale
aucun de ces éléments n'a d'effet délétère
Autre :
21)
Si
vous
avez
des
remarques,
merci
de
les
indiquer
ici
ci-dessous
22) Merci d'indiquer le nom de l'établissement et la ville où vous travaillez (si salarié). Pour le libéral, indiquer
"Libéral", puis la ville. Pour les étudiants, indiquer "IFMK" puis la villeNon obligatoire. Elle me permet de cibler
les zones où le questionnaire n'a pas été délivré.
23) Merci de laisser votre adresse mail (FACULTATIF). Elle me permettra de vous contacter dans le cas où je
souhaite approfondir le questionnaire. Si vous voulez garder votre anonymat, merci de ne pas l'indiquer.
Merci de votre participation.
Si cela vous est possible, merci de faire suivre ce questionnaire à d'autres Masseur-Kinésithérapeutes DE :
www.kinesitherapie.fr.ht , www.kine.fr.ht , www.kinesitherapie.fr.cx, bit.ly/kinesitherapie , goo.gl/HDpaA Si vous
avez des remarques, des questions, des informations à apporter, merci de me contacter au 06.77.80.25.86 ou à
[email protected].
Annexe 2 : Comparaison de l’anamnèse entre l’échantillon et la population
Sexe (échantillon)
54%
46%
Sexe (population)
Homme
48%
52%
Homme
Femme
Femme
Mode d'exercice
(population)
Mode d'exercice
(échantillon)
11%
9%
17%
Libéral
80%
4%
Libéral
Hopital
Hopital
79%
Autres
salariés
Centre de
Rééducation
Répartition par années de
pratique
13%
2%
Moins de 7 années
47%
38%
Répartition par âge de la
population
de 7 à 21 années
30 à 44 ans
de 22 à 36 années
45 à 59 ans
37 années et plus
12%
Moins de 30 ans
21%
31%
36%
60 ans et plus
Statistiques sur la population obtenue par la DREES
Annexe 3 : Résultats du questionnaire présentés sous forme de diagramme.
Type d'exercice (fig2)
Sexe (fig1)
Homme
46%
54%
Libéral
11%
9%
Hopital
Femme
80%
Centre de
Rééducation
Temps d'exercice (fig3)
Nombre de personnes
50
40
30
20
10
0
1
3
5
7
9
11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45
Années
Formation électrothérapie (fig4)
Formation extérieur
55
Formation interne
27
Livres, revues, articles, sites internet
86
Livret d'appareil d'électrothérapie
98
IFMK
388
0
50
Temps d'utilisation quotidienne
(fig5)
de 0 à 2 heures
13%
1%
11%
25%
100
150
200
250
300
350
400
450
Programme d'électrothérapie (fig6)
Utilisation de programmes préenregistrés
351
de 2 à 4 heures
de 4 à 8 heures
50%
Utilisation de programmes
personnels
43
N'utilise pas l'électrothérapie
50
plus de 8 heures
je n'utilise pas
l'électrothérapie
0
100
200
300
400
Utilisation d'électropthérapie (fig7)
chez toutes les pathologies qui ne
sont pas contre indiquées
5%
42%
seulement les pathologies où
l'utilisation est indiquée
53%
sur toutes les pathologies
Formation sur la grossesse (fig9)
Prise en charge de femme
enceinte (fig8)
137
Pas de formation sur la grossesse
Non
14%
Grossesse personnelle ou celle du
conjoint
72
Livres, revues, articles, sites
internet
Oui
86%
85
Formation Interne
88
Formation Extérieur
89
218
IFMK
0
50
100
150
200
250
Niveau de contre-indications
(fig11)
Utilisation de l'électrothérapie
chez la femme enceinte (fig 10)
3%
absolues
Oui
22%
40%
relatives
Non
78%
57%
Pas de contreindications
Période de contre indication (en %) (fig12)
51
de 0 à 12 semaines
48
de 12 à 26 semaines
de 26 à 37 semaines
42
de 37 semaines jusqu'au
terme
42
23
pas de contre indication
0
10
20
30
40
50
60
Zone contre-indiquée en fonction du type de courant (fig13)
EM tétanisant trophique
EM secousses élémentaires
44
Cuisse
30
32
TENS Endorphinique
TENS Conventionnel
54
199
Lombaire
178
223
200
214
239
204
226
233
238
Bassin
Abdominale
12
18
Pas de CI
268
268
51
56
172
133
128
Ensemble du corps
90
Zone contre-indiqué en fonction du type de courant 2 (fig14)
Cuisse
Lombaire
Bassin
Abdominale
216
371
386
405
EM tétanisant trophique
187
356
372
EM secousses élémentaires
158
TENS Endorphinique
122
TENS Conventionnel
Risque de l'électrothérapie chez
la femme enceinte (fig15)
Autre
14%
Aucun risque
15%
Risque vital pour la mère
306
290
316
2%
Pas d'effet délétère
3%
Production endorphine
50%
Stimulation électrique
diffusée au fœtus
67%
0%
20%
40%
60%
358
Autres
Augmentation
vascularisation locale
Risque de fausse couche
366
Cause du risque (fig16)
2%
Risque d'atteinte sur
formation
332
401
Stimulation muscle utérin
80%
25%
32%
64%
81%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Annexe 4 : Test de Chi²
Tableau 1 : Pratique de l’électrothérapie sur la femme enceinte.
Hypothèse H0 : La pratique de l’électrothérapie chez la femme enceinte ne dépend pas de ses
connaissances sur la grossesse.
Données observés
Pas d'enseignement sur la
grossesse
Enseignement sur la grossesse
Total
Oui
Données Attendues
Pas d'enseignement sur la
grossesse
Oui
29,94
Enseignement sur la grossesse
62,06
Non
Total
29
108
137
63
92
221
329
284
421
Non
Probabilité Chi 2
0,81
107,06
Valeur du Chi 2
0,06
221,94
Valeur du Chi 2
(5%)
3,841
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
Tableau 2 : Utilisation du TENS Conventionnel suivant certaines zones anatomiques
Hypothèse H0 : L’utilisation du TENS Conventionnel ne dépend pas de ses connaissances sur la
grossesse.
TENS Conventionnel (Observé)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Total
TENS Conventionnel (Attendu)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Enseignement
Pas d'enseignement
sur la
Total
sur la grossesse
grossesse
35
55
21
35
81
187
67
159
60
140
12
20
276
596
90
56
268
226
200
32
872
Enseignement
Pas d'enseignement
sur la
Probabilité Chi 2
sur la grossesse
grossesse
28,49
61,51 Valeur du Chi 2
17,72
38,28 Valeur du Chi 2 (5%)
84,83
183,17
71,53
154,47
63,30
136,70
10,13
21,87
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
Tableau 3 : Utilisation du TENS Endorphinique suivant certaines zones anatomiques
0,48
4,50
11,07
Hypothèse H0 : L’utilisation du TENS Endorphinique ne dépend pas de ses connaissances sur la
grossesse.
TENS Endorphinique (Observé)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Total
TENS Endorphinique (Attendu)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Pas d'enseignement Enseignement
Total
sur la grossesse
sur la grossesse
50
78
14
37
73
165
61
143
50
128
10
20
258
571
128
51
238
204
178
30
829
Pas d'enseignement Enseignement
Probabilité Chi 2
sur la grossesse
sur la grossesse
39,84
88,16 Valeur du Chi 2
15,87
35,13 Valeur du Chi 2 (5%)
74,07
163,93
63,49
140,51
55,40
122,60
9,34
20,66
0,41
5,08
11,07
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
Tableau 3 : Utilisation du Excito-moteur secousses élémentaires suivant certaines zones
anatomiques
Hypothèse H0 : L’utilisation du Excito-moteur secousses ne dépend pas de ses connaissances sur
la grossesse.
Excito-moteur secousses
(Observé)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Total
Pas d'enseignement Enseignement
Total
sur la grossesse
sur la grossesse
46
87
4
14
86
182
78
161
71
152
16
38
301
634
Excito-moteur secousses
(Attendu)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Pas d'enseignement Enseignement
Probabilité Chi 2
0,93
sur la grossesse
sur la grossesse
42,82
90,18 Valeur du Chi 2
1,37
5,79
12,21 Valeur du Chi 2 (5%) 11,07
86,28
181,72
76,94
162,06
71,79
151,21
17,38
36,62
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
133
18
268
239
223
54
935
Résumé :
Sujet : Les femmes enceintes sont susceptibles d’avoir recourt à la masso-kinésithérapie, pour toutes pathologies
nécessitant une rééducation.
Objectif : Evaluer le risque d’utiliser l’électrothérapie sur un fœtus/embryon par rapport au bénéfice apporté à la
femme enceinte.
Méthode : Deux méthodes ont été nécessaire. Une méthode « Pratique » qui comprend les parutions d’experts, les
manuels des appareils d’électrothérapie, et un questionnaire adressé aux masseur-kinésithérapeutes. La seconde
méthode, dite « Connaissance » comprenant les études et recommandations sur le sujet.
Résultats : La méthode « Pratique » montre que la pratique et les avis ne sont pas uniformes, et n’a aucune valeur
scientifique. La méthode « Connaissance » permet d’avoir des arguments scientifiques. Cependant, le niveau des
preuves est insuffisant.
Conclusion : Le manque d’études sur l’électrothérapie en relation avec la grossesse ne permet pas d’évaluer
précisément la dangerosité de cette pratique. Le principe de précaution, étant donné de la gravité des éventuelles
conséquences. Les courants thérapeutiques sont donc contre-indiqués chez la femme enceinte. Des praticiens les
utiliseraient chez la femme enceinte. Il faut les informer de cette recommandation.
Mots clefs : grossesse (pregnancy), femme enceinte (pregnant women), électrothérapie (electrotherapy), contreindication (contraindications), principe de precaution (precautionary principle), bénéfice (benefice), risque (risk)
Tableau 5 : Utilisation du Excito-moteur tétanisant trophiques suivant certaines zones
anatomiques
Hypothèse H0 : L’utilisation du Excito-moteur tétanisant trophiques ne dépend pas de ses
connaissances sur la grossesse.
Excito-moteur tétanisant
(Observé)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Total
Pas d'enseignement Enseignement
Total
sur la grossesse
sur la grossesse
62
110
3
9
71
162
66
148
59
140
12
32
273
601
Excito-moteur tétanisant
(Attendu)
Ensemble du corps
Pas de contre-indications
Abdominale
Bassin
Lombaire
Cuisse
Pas d'enseignement Enseignement
Probabilité Chi 2
sur la grossesse
sur la grossesse
53,73
118,27 Valeur du Chi 2
3,75
8,25 Valeur du Chi 2 (5%)
72,78
160,22
66,84
147,16
62,16
136,84
13,74
30,26
172
12
233
214
199
44
874
0,75
2,70
11,07
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
Tableau 6 : Période d’utilisation de l’électrothérapie chez la femme enceinte
Hypothèse H0 : L’utilisation de l’électrothérapie à certaines dates de gestation ne dépend pas de
ses connaissances sur la grossesse.
Période (Observée)
0 à 12 semaines
12 à 26 semaines
26 à 37 semaines
37 semaines au terme
Pas de contre-indications
Total
Période (Attendue)
0 à 12 semaines
12 à 26 semaines
26 à 37 semaines
37 semaines au terme
Pas de contre-indications
Pas enseignement
sur la grossesse
86
83
83
80
5
337
Enseignement
Total
sur la grossesse
181
180
175
170
18
724
267
263
258
250
23
1061
Pas enseignement
Enseignement
Probabilité Chi 2
sur la grossesse
sur la grossesse
84,81
182,19 Valeur du Chi 2
83,54
179,46 Valeur du Chi 2 (5%)
81,95
176,05
79,41
170,59
7,31
15,69
H0 n’est pas rejetée. Les deux variables sont indépendantes.
0,94
0,77
9,488