La correspondance d`Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne
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La correspondance d`Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne
INSTRUMENTA Herausgegeben vom Deutschen Historischen Institut Paris Band 18 LA CORRESPONDANCE D’ISABELLE DE PORTUGAL DUCHESSE DE BOURGOGNE (1430–1471) Jan Thorbecke Verlag LA CORRESPONDANCE D’ISABELLE DE PORTUGAL, DUCHESSE DE BOURGOGNE (1430–1471) Éditée par Monique Sommé Jan Thorbecke Verlag Cet ouvrage a été publié avec le soutien de la Fondation pour la protection du patrimoine artisanal, historique et culturel, Lausanne INSTRUMENTA Herausgeberin: Prof. Dr. Gudrun Gersmann Redaktion: Veronika Vollmer Deutsches Historisches Institut, Hôtel Duret-de-Chevry, 8, rue du Parc-Royal, F-75003 Paris Institutslogo: Heinrich Paravicini, unter Verwendung eines Motivs am Hôtel Duret-de-Chevry Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.d-nb.de abrufbar. © 2009 by Jan Thorbecke Verlag der Schwabenverlag AG, Ostfildern www.thorbecke.de · [email protected] Alle Rechte vorbehalten. Ohne schriftliche Genehmigung des Verlages ist es nicht gestattet, das Werk unter Verwendung mechanischer, elektronischer und anderer Systeme in irgendeiner Weise zu verarbeiten und zu verbreiten. Insbesondere vorbehalten sind die Rechte der Vervielfältigung – auch von Teilen des Werkes – auf fotomechanischem oder ähnlichem Wege, der tontechnischen Wiedergabe, des Vortrags, der Funk- und Fernsehsendung, der Speicherung in Datenverarbeitungsanlagen, der Übersetzung und der literarischen oder anderweitigen Bearbeitung. Dieses Buch ist aus alterungsbeständigem Papier nach DIN-ISO 9706 hergestellt. Gesamtherstellung: Jan Thorbecke Verlag, Ostfildern Printed in Germany ISBN 978-3-7995-7918-6 SOMMAIRE Préface par Werner Paravicini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les lettres closes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La suscription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le texte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les signatures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les correspondants et les thèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Principes d’édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 14 14 15 16 21 23 26 Édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Supplément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 352 Abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sources manuscrites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index des destinataires et des expéditeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index des noms de personnes et de lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Liste chronologique des lettres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Liste des tableaux et des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355 356 360 371 373 397 404 415 PRÉFACE Treize ans après la mémorable soutenance de thèse de Monique Sommé, le travail est fait. Je n’ai pas dû par trop insister: ma proposition de publier la correspondance de cette maîtresse femme qu’était Isabelle de Portugal correspondait à son propre vœu. Cette femme, elle nous l’a fait découvrir dans toute sa magnifique dimension. Il appartenait à la biographe d’apporter la dernière pierre au beau monument érigé en l’honneur de cette princesse remarquable. Ainsi Monique Sommé a réalisé ce qui n’existe pour aucun prince bourguignon, ni pour Philippe le Hardi, ni pour Jean sans Peur, ni pour Philippe le Bon, le mari d’Isabelle, ni même pour son fils Charles, dit le Téméraire, encore moins pour leurs épouses. Il y a de bonnes raisons pour cela. Le présent recueil contient sur 42 ans (1430– 1471) 255 pièces, 168 lettres envoyées et 87 reçues par Isabelle (voir le tableau 1 annexé à l’introduction): une quantité tout à fait maniable, une misère en comparaison de ce qui a dû exister. Les textes qui suivent sont truffés de mentions de lettres perdues, il y en a plus de soixante. Cela donne quelque 320 lettres connues d’une correspondance qui a dû en compter des milliers. L’inventaire publié de la correspondance du Téméraire, qui est lui aussi fort incomplet, comprend, pour une durée comparable (1433–1477), non moins de 3558 numéros. Le présent recueil mentionne des lettres qui y manquent. Mais prenons ce que Monique Sommé a pu réunir. Avouerai-je que je suis un peu déçu, non de son travail, excellent, consciencieux, complet, mais du contenu des textes que ce grand effort nous a finalement fourni? Pas de manifeste politique, comme nous en avons conservé du fils; pas de lettre qui nous fasse voir la personne privée, familière, aimante peut-être, sauf le nº 227, où le duc demande des confitures de Damas qui lui font du bien. Nous apprenons pourtant qu’elle entourait par bien des précautions la communication avec son mari: elle lui envoie une liste de trois personnes de sa confiance, dans laquelle il doit choisir celle à qui remettre un message confidentiel (nº 199). En somme, peu de pièces »politiques«. Mais une foule concernant l’administration, financière surtout, de son douaire et de l’État. Rien non plus de ce ton d’autorité ironique, cajolant ici, menaçant là, que nous trouvons dans les onze volumes des lettres du roi Louis XI. La raison en est toute simple: la plupart des lettres provient des »lettres reçues et dépêchées« de la chambre des comptes de Flandre à Lille. Cette administration a gardé le courrier entrant comme elle a gardé les minutes du courrier sortant. Elle est presque la seule à l’avoir fait dans le domaine bourguignon. Rien de pareil pour la cour proprement dite. Des lettres privées du prince se trouvent – ou se trouvaient – à l’étranger, chez le duc de Clèves par exemple. Entre les époux, pas de 8 WERNER PARAVICINI correspondance conservée digne de ce nom. Il est curieux que les princes allemands (Ansbach-Brandenbourg, ordre Teutonique) aient parfois mieux conservé que les grands ducs de Bourgogne ces précieux miroirs du quotidien que sont les lettres missives. Mais n’exagérons pas. À y regarder de près, il s’y trouve des joyaux, connus et inconnus, publiés et surtout inédits. Nous apprenons que le lieutenant du bailli de Tournehem est simple homme, lequel ne scet lire ne escripre (nº 99). Comme son rôle de princesse l’exige, Isabelle est l’intercesseur attitré auprès de son mari et des rouages de l’administration. Ainsi, la ville de Dijon lui écrit : n’avons ressort, confort ou refuge se non envers vous; et naturellement on lui écrit, à elle aussi, quand on s’adresse à son mari (nº 164), car on se limitait rarement au seul prince. Elle a dû fatiguer plus d’une fois les maîtres des comptes à Lille, auxquels elle demandait constamment information et vérification. On se les imagine, recevant un ordre pressant de la dame qui pouvait écrire: Et se autrement en est fait, nous n’en serons point contente (nº 201). Soupirant, on se résignait alors à lui répondre, avec beaucoup de politesse, néanmoins avec une petite pointe, que l’on s’exécuterait et qu’on lui ferait porter tous lesdits comptes, qui est la charge d’un cheval, pour qu’elle puisse les faire vérifier (nº 191). Une fois au moins la chambre se déclara dépassée: si la duchesse veut que toutes les vérifications qu’elle demande soient exécutées, qu’elle envoie son secrétaire pour faire le travail (nº 220). Dans ce domaine comme dans tant d’autres, elle était tout sauf négligente. Devinant ses faiblesses, elle fait enquêter sur un Roland Pippe, son protégé (nº 87: une recommandation), un Jean Guilbaut (nº 109), un Martin Cornille, prévaricateur avéré (nº 157–161, 163, 165, 172), ou encore sur le criminel souverain bailli de Flandre Colart de la Clyte dit de Commynes (nº 104, 184). Elle sait mettre en place des contrôles secrets (nº 80, 82, 84; 146–147). Mais pour les courtisans stressés, la chambre des comptes a néanmoins dû être un havre de paix. Jean Soillot pour son ancien eage ne peut desoresmais sievir la court; alors elle lui procure une charge de maître de comptes à Lille, »aux honneurs« cependant, donc sans gages (nº 240–241). Naturellement, elle soutient ses proches pour que l’on vienne à leur mariage, qu’on leur donne offices et prébendes dans les villes (Malines par exemple) et les établissements ecclésiastiques (dont Saint-Pierre de Lille). Et si quelqu’un ne veut absolument pas être le roi de l’Épinette, dignité lilloise fort onéreuse, elle va écrire en sa faveur (nº 222–223). Cette femme était diplomate. Quelques pièces en témoignent, ainsi le nº 83, lettre qui nous apprend d’ailleurs que le maréchal de Bourgogne souffrait de la goutte. Si elle ne faisait pas payer sa faveur comme tout le monde après le traité d’Arras de 1435, où elle avait joué un rôle important (nº 28), elle était néanmoins en relation avec Jacques Cœur (nº 166, 181) qui, lui non plus, ne pouvait la rembourser des arrérages dus par le roi de France. Plus tard, sous le règne de son fils, l’influence d’Isabelle et le degré de son information restent considérables (nº 245, 247, 248). Il y a même des choses allemandes dans ce recueil: nous rencontrons par exemple Friedrich von Wittem, qui offre ses services au neveu de la princesse, le malheureux Dom Pedro (nº 228) – mais cette figure haute en couleur, originaire des pays d’OutreMeuse, était un sujet du duc. Son neveu Jacques de Coïmbre cherche un évêché pour vivre honorablement? Elle écrit au duc de Clèves pour qu’il soutienne sa candidature au siège de Munster en Westphalie (nº 171), pièce qui se cache dans les archives d’État PRÉFACE 9 de cette ville. Rare, cette pièce (aux archives départementales du Nord) relative à l’acquisition du duché de Luxembourg, dans laquelle Jean de Tzivel ou Johann von Solver (Soleuvre) joue un rôle d’intermédiaire envers Élisabeth de Görlitz (nº 138). Il s’y trouve même une lettre royale portugaise adressée à Isabelle, qu’a rapportée un voyageur bien connu, Georg von Ehingen; mais, puisque l’original est conservé dans les archives de Kilchberg, près de Tübingen en Souabe, elle ne lui a jamais été remise (nº 198). Trouvaille inattendue. Mais les lettres de l’active duchesse se cachent partout. Si seulement elles pouvaient faire signe! Il s’en trouve même dans les archives du seigneur gueldrois Ludolf van ’s-Heerenberg, échouées aux Archives nationales (nº 237). Il y en a aussi ici et là dans la péninsule Ibérique, peu au Portugal, davantage aux archives de la couronne d’Aragon et aux archives municipales à Barcelone. Une couleur particulière caractérise cette correspondance: celle des fondations pieuses et de la protection des franciscains et des colettines de l’observance ainsi que de la chartreuse de Gosnay. L’avant-dernière lettre est en faveur de l’hôtel-Dieu de Valenciennes. Une princesse se devait d’être pieuse. Isabelle de Portugal l’était au plus haut point. Ainsi la récolte est plus riche qu’une première impression ne pourrait le faire croire. Et elle est rendue accessible d’une manière exemplaire: il y a commentaire, index chronologique, index onomastique, index des matières et d’autres clés encore. Le présent volume des »Instrumenta« mérite pleinement ce nom, grâce à Monique Sommé. Paris, le 26 juillet 2008 Werner Paravicini INTRODUCTION Cette publication est le prolongement des recherches effectuées lors de la préparation de ma thèse de doctorat d’État sur Isabelle de Portugal, troisième épouse de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, soutenue en 19951. Werner Paravicini, membre de mon jury de thèse, me proposa alors de poursuivre mes investigations en vue d’une édition de la correspondance de la duchesse de Bourgogne, qui serait assurée par l’Institut historique allemand de Paris, proposition inattendue, mais bienvenue puisqu’elle correspondait à mes perspectives de travail. Parmi les diverses sources utilisées pour cerner la personnalité et l’action de la duchesse – lettres patentes, registres de comptes et pièces comptables, lettres envoyées et reçues – c’est en effet incontestablement grâce à ces dernières que peuvent être le mieux approchés ses traits de caractère et sa manière d’aborder les nombreuses affaires dans lesquelles elle fut impliquée, que ce soit dans les domaines familial, administratif, financier, diplomatique ou religieux. Pour les quarante-deux années de la vie d’Isabelle de Portugal hors de son pays natal, depuis son mariage avec Philippe le Bon à Bruges en janvier 1430 jusqu’à sa mort en décembre 1471 à Aire-sur-la-Lys, 255 lettres2 ont été trouvées (tabl. 1), soit une moyenne de 6 lettres par an. Ce chiffre est évidemment très faible au regard de ce qui fut écrit ou reçu si l’on en juge par les innombrables mentions d’échanges de lettres dans les registres de comptes bourguignons, notamment ceux de la Recette générale de toutes les finances. D’ailleurs de nombreuses lettres font référence à des lettres antérieures, et beaucoup appellent une réponse. Pour 168 lettres envoyées par la duchesse de Bourgogne, qui représentent les deux tiers de l’ensemble de ce recueil, la moyenne est de 4 lettres par an (mais cinq années ne sont pas représentées); celle-ci est divisée par deux pour les 87 lettres reçues (avec huit années non représentées). Les années les plus riches en sources sont celles pendant lesquelles la duchesse a gouverné en l’absence du duc (1432–1433; 1441–1442 et 1443)3, ou bien lorsqu’elle était en mission diplomatique (1439, négociations avec l’Angleterre à Oye près de Gravelines; 1445, conférences de Châlons avec le roi de France)4. Pour la période 1439–1443, 81 lettres sont conservées, soit une moyenne de 16 par an. L’installation d’Isabelle de 1 2 3 4 Sommé, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne. Une femme au pouvoir au XVe siècle, Villeneuved’Ascq 1998. Mais la liste des lettres s’arrête au numéro 254 à cause de la présence de 2 lettres sous le même chiffre, et sur le même sujet, due à une découverte tardive (141 et 141 bis). En raison des fréquentes occurrences, les nombres de lettres sont dans cette introduction exprimés en chiffres arabes. Sommé, Isabelle, 1998, p. 380–382, 419–432. Ibid., p. 396–400, 404–408. 12 INTRODUCTION Portugal au château de la Motte-au-Bois n’a pas arrêté son activité épistolaire. Pour les années 1467–1468 notamment, 11 de ses lettres sont conservées, dont 8 écrites à Bruxelles, 2 à Bruges, et une seule à la Motte-au-Bois: après la mort de Philippe le Bon le 15 juin 1467, la duchesse est en effet revenue à la cour pour seconder son fils Charles le Téméraire et négocier son mariage avec Marguerite d’York5. Les lettres se partagent en 162 originaux (64 %), 38 minutes, 51 copies, dont 38 contemporaines, et 4 imprimés6. Celles qui ont déjà fait l’objet d’une ou de plusieurs éditions sont au nombre de 62 (24 %), dont 43 lettres d’Isabelle de Portugal. Sur les 168 lettres écrites par la duchesse, les originaux sont les plus nombreux (140, soit 83 %), à côté de 26 copies et de 2 imprimés. À l’inverse, sur les 87 lettres reçues, 22 seulement sont des lettres originales; les autres sont les 38 minutes citées plus haut (dont 34 de la chambre des comptes de Lille), 25 copies et 2 imprimés. Les sources proviennent de vingt-neuf dépôts d’archives répartis dans vingt-quatre villes différentes7. Parmi elles, Lille est placée au premier rang puisque, sans compter les doubles (minutes ou copies), 146 lettres y sont conservées grâce à la richesse exceptionnelle des fonds de la chambre des comptes. Viennent ensuite Bruxelles (19 lettres), Paris et Dijon (chacune 16), Barcelone (13), Malines (11), et Mons (8). Dans les dix-sept autres villes, Aire-sur-la-Lys, Amiens, Besançon, Cambridge, Florence, Gand, Gênes, Kilchberg, L’Aquila, Londres, Luxembourg, Mâcon, Münster, Namur, Valenciennes et Vienne, n’ont été trouvées qu’une ou deux lettres. Sur les 168 lettres envoyées par la duchesse, 158 sont en français, 3 en latin8, 3 en néerlandais9 et 3 en portugais10. Il faut y ajouter une lettre adressée au duc de Clèves qui n’est connue que par une traduction contemporaine du français en allemand11. Parmi les lettres reçues, il y en a 5 en latin12, une en portugais13 et 6 en espagnol14. Tableau 1. Nombre de lettres envoyées et reçues par Isabelle de Portugal Année 1430 1431 1432 1433 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Lettres envoyées 1 3 6 8 Lettres reçues 1 1 3 1 Total 2 4 9 9 Sommé, Une mère et son fils, 1999, p. 113–116. Ces quatre lettres imprimées, une d’Henri de Heessel (n° 148), une d’Isabelle de Portugal à Albert, duc d’Autriche (n° 151), une d’Henri VI (n° 185), et une de la duchesse au chapitre Sainte-Waudru de Mons (n° 244) sont ici considérées comme des sources, les originaux ou copies ayant disparu. Voir les Sources manuscrites. Nos 33, 111, 151. Nos 41, 43, 138. Nos 28, 230, 249. N° 171. Nos 116, 148, 233, 247, 253. N° 198. N° 254; 5 lettres sont de Pierre de Portugal, roi des Catalans. Les 3 premières, nos 217, 218 et 221, sont en castillan; les 2 suivantes, nos 228 et 229 sont en catalan: information donnée par María Narbona Cárceles. 13 INTRODUCTION Année 1434 1435 1436 1437 1438 1439 1440 1441 1442 1443 1444 1445 1446 1447 1448 1449 1450 1451 1452 1453 1454 1455 1456 1457 1458 1459 1460 1461 1462 1463 1464 1465 1466 1467 1468 1469 1470 1471 Total Lettres envoyées 2 2 4 2 6 15 10 12 16 11 5 1 6 7 2 2 0 2 5 4 2 3 2 2 0 0 1 1 3 2 0 4 1 2 9 0 2 2 168 Lettres reçues 0 1 0 0 1 5 1 4 4 3 0 7 1 5 2 5 3 1 2 2 2 4 0 0 1 0 3 5 2 1 5 2 2 1 0 1 2 3 87 Total 2 3 4 2 7 20 11 16 20 14 5 8 7 12 4 7 3 3 7 6 4 7 2 2 1 0 4 6 5 3 5 6 3 3 9 1 4 5 255 14 INTRODUCTION Les lettres closes Les lettres retenues pour ce recueil sont des lettres closes, expédiées fermées comme leur nom l’indique. Rappelons qu’à l’époque le mot lettre, issu du latin pluriel litterae, est employé au pluriel15, qu’il s’agisse d’une ou de plusieurs lettres. Comme à la cour de France, les lettres closes n’étaient pas vérifiées par la chancellerie, mais étaient directement expédiées par le secrétaire qui les avait signées16. Elles ne figurent d’ailleurs pas dans le formulaire d’Odard Morchesnes, daté des années 1422–1425, qui rassemble les différents types de lettres rédigées à la chancellerie royale17. Les caractéristiques Plusieurs critères caractérisent les lettres closes18. Elles sont écrites sur du papier, à la différence des lettres patentes ou des mandements qui ont pour support le parchemin et, de plus, sont expédiés ouverts. Elles sont ensuite pliées et fermées par un petit sceau ou signet de cire rouge, plaqué sous une bandelette de papier19; lorsque celle-ci a disparu, il ne reste souvent du sceau que des fragments ou des traces de couleur rouge. Au dos est inscrite l’adresse: le ou les noms du ou des destinataires. De plus, la chambre des comptes de Lille, qui conservait les lettres reçues, indiquait fréquemment sous forme de note dorsale la date complète de la réception de la lettre. Cette pratique, utilisée aussi par la municipalité de Barcelone, est précieuse car elle renseigne sur le millésime de la date qui est très souvent absent des lettres closes. Les dimensions des lettres et la disposition du texte sont assez uniformisées, si l’on en juge par l’examen des 140 lettres originales de la duchesse. Leur largeur varie entre 24 et 31 cm, le plus fréquemment entre 29 et 30 cm; la hauteur est de 15 à 22 cm, souvent de 19 à 20 cm. Le texte, écrit dans le sens de la largeur, est toujours déporté vers la droite, parfois jusqu’à la limite du papier, laissant à gauche une marge importante de 6 à 7 cm. Ces dimensions sont aussi celles de plusieurs lettres originales de correspondants comme la chambre des comptes de Lille20, Nicolas Rolin ou Martin Cornille21. Dans le cas de lettres longues, la largeur est la même mais la hauteur augmente; ainsi une lettre de Philippe le Bon à son épouse mesure-t-elle 42 cm de haut pour 29 cm de large22. 15 Voir par exemple la lettre n° 205: »nagueres nous receusmes unes voz lettres closes«. 16 Cockshaw, Le personnel, 1982, p. 167. 17 Guyotjeannin, Lusignan, Le formulaire, 2005, p. 59. Deux formulaires de la chancellerie royale comportent cependant un »protocole de lettres closes«: les ms. fr. 14371 et 18674 de la BNF. Le deuxième, du temps de Charles V, est édité dans: Autrand, L’enfance de l’art, 1998, p. 219–224. 18 À ce sujet, voir Cazelles, Lettres closes, 1958, p. 63–84; Cauchies, La législation princière, 1982, p. 76–80; Paravicini, Der Briefwechsel, 1995, p. 11–12; Dubois, Louis XI, 1996, p. 5–16. 19 Voir fig. 2 r–v. 20 Nos 156, 161, 165. 21 Nos 93 et 157. 22 N° 83.