Corrigé des exercices du chapitre 2
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Corrigé des exercices du chapitre 2
Économie internationale 9e édition P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz G. Capelle-Blancard, M. Crozet ISBN : 978-2-7440-7530-8 Chapitre 2 – Un aperçu du commerce mondial Corrigés des activités 1. Le Canada et l’Australie sont (principalement) des pays anglophones avec des tailles de population comparables (le Canada est cependant plus peuplé de 60 %). Toutefois, le commerce du Canada est deux fois plus important, en proportion du PIB, que le commerce de l’Australie. Comment expliquez-vous cela ? Nous avons vu que la taille économique (le PIB) n’est pas le seul déterminant important de l’ampleur des échanges commerciaux ; la distance joue aussi un rôle essentiel. Étant donné sa situation géographique, l’Australie est confrontée à des coûts du commerce élevés, tant à l’importation qu’à l’exportation. Comparée au Canada, qui a pour voisin un grand pays (les États-Unis), l’économie australienne apparaît alors logiquement moins ouverte au commerce international. 2. Le Mexique et le Brésil ont des structures de commerce très différentes. Le premier commerce principalement avec les États-Unis, alors que le second commerce à parts égales avec les États-Unis et l’Union européenne. Enfin, le poids du commerce international dans le PIB mexicain est beaucoup plus élevé. Expliquez ces différences en vous appuyant sur le modèle de gravité. Le Mexique est proche des États-Unis mais éloigné de l’Union européenne. Il est donc logique qu’il commerce principalement avec les États-Unis. Le Brésil est éloigné de ces deux grandes économies, et son commerce se partage donc entre les deux. Par ailleurs, le fait que le commerce international tienne une place relativement importante dans l’économie mexicaine s’explique principalement par la proximité géographique des États-Unis et la participation du Mexique à l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). De son côté, le Brésil est bien plus éloigné de tous les grands marchés (Amérique du Nord, Europe, Asie de l’Est) et il est membre d’un accord commercial régional incluant seulement de petits pays (MERCOSUR). 3. L’équation (2.1) stipule que le commerce entre deux pays est proportionnel au produit de leurs PIB. Cela veutil dire que si le PIB de tous les pays du monde doublait, le commerce mondial quadruplerait ? Non, si le PIB de tous les pays doublait, le commerce mondial ne quadruplerait pas. Il ne ferait que doubler. . Prenons un exemple simplifié pour comprendre pourquoi. Supposons que le monde n’est constitué que de deux pays, A et B. Disons que le PIB du pays A est de 6 000 milliards d’euros, et que celui du pays B est de 4 000 milliards. Autrement dit, le PIB mondial est de 10 000 milliards d’euros et le pays A produit 60 % de cette richesse. Logiquement, si l’on considère pour simplifier que tous les biens sont échangeables sans restriction, le pays A devrait recevoir 60 % de la demande mondiale (cela revient, dans l’équation 2.1, à fixer à 1 le coefficient associé aux PIB). Calculons maintenant le commerce mondial dans cette économie. Le pays A dispose de 60 % du commerce et adresse 40 % de sa demande totale aux producteurs du pays B. Les exportations de B vers A valent donc 6 000 × 40 % = 2 400 milliards d’euros. De la même façon, le pays B a un revenu total de 4 000 milliards et en dépense 60 % pour acheter des produits fabriqués en A. Les exportations de A vers B valent alors 4 000 × 60 % = 2 400 milliards d’euros. Le commerce mondial vaut donc 2 400 + 2 400 = 4 800 milliards d’euros. © 2012 – Économie internationale, 9e édition Doublons maintenant les PIB des deux pays. Le PIB de A passe à 12 000 milliards d’euros et celui de B à 8 000 milliards. A produit toujours 60 % de la richesse mondiale et s’attire donc, là encore, 60 % de la demande mondiale. Dans ces conditions, les exportations de B vers A valent : 12 000 × 40 % = 4 800 milliards d’euros et les exportations de A vers B s’élèvent à : 8 000 × 60 % = 4 800 milliards d’euros. Au final, la valeur du commerce mondial atteint 4 800 + 4 800 = 9 600 milliards d’euros. Un monde deux fois plus grand ne commerce donc quatre fois plus, mais tout simplement deux fois plus. 4. Durant les dernières décennies, le poids des économies de l’Asie de l’Est dans le PIB mondial a nettement augmenté. De manière similaire, les échanges commerciaux entre les pays de cette région ont augmenté en pourcentage du commerce mondial, et ces pays commercent de plus en plus entre eux. Expliquez ces évolutions en vous appuyant sur le modèle de gravité. Avec la hausse de la part des pays d’Asie de l’Est dans le PIB mondial, toutes les relations économiques relatives à ces pays ont aussi augmenté. Cela implique un essor progressif du commerce avec l’Asie de l’Est. La logique est la même en ce qui concerne l’augmentation du commerce entre les pays d’Asie de l’Est. Initialement, la taille relativement réduite de leur économie les empêchait d’importer des quantités substantielles. Mais, avec l’augmentation du niveau de vie de leurs populations, leur capacité d’importation a progressé, faisant ainsi d’eux des marchés d’exportation les uns pour les autres. L’utilisation de l’équation de gravité, encore une fois, montre que, lorsque Taïwan et la Corée du Sud étaient de petits pays, le produit de leur PIB était relativement faible, si bien qu’ils commerçaient peu entre eux, malgré leur frontière commune. Maintenant que ces deux pays sont devenus beaucoup plus riches, l’équation de gravité prédit un commerce beaucoup plus important. 5. Il y a un siècle, une grande partie des importations françaises provenait de régions éloignées : l’Amérique, l’Asie ou l’Afrique. Aujourd’hui, l’essentiel des importations françaises vient de ses voisins européens. Comment expliquez-vous ce fait, et quel rapport entretient-il avec l’évolution de la nature des biens échangés au niveau mondial ? Il y a un siècle, la majeure partie du commerce mondial correspondait à des échanges de matières premières. La structure de ces échanges était forcément déterminée en grande partie par le climat et la géographie des différents pays. Ainsi la France importait-elle des biens qu’elle n’était pas capable de produire elle-même, comme le coton ou le caoutchouc en provenance d’Amérique, d’Asie ou d’Afrique. Puisque le climat et les dotations en ressources naturelles étaient relativement similaires en France et sur le reste du continent européen, elle avait moins de raisons d’échanger avec ses partenaires proches. Avec la révolution industrielle et l’accélération du commerce de biens manufacturés qui a suivi l’amélioration des moyens de transport et de communication, il n’est pas surprenant que les échanges de la France se soient ensuite réorientés vers ses grands voisins d’Europe, conformément aux prédictions du modèle de gravité. © 2012 – Économie internationale, 9e édition 2