Origines et enjeux du socle commun de connaissances et

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Origines et enjeux du socle commun de connaissances et
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
« ORIGINES ET ENJEUX DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE
COMPETENCES »
Quentin PORTRON36
Résumé : « Les origines et les enjeux du socle commun de connaissances et de compétences (S3C)
sont multiples. Sujet de débats, la réflexion autour du S3C se nourrit d'avis contradictoires qui
débordent les clivages habituels entre les différents acteurs institutionnels et sociaux. Pensé dans une
logique républicaine d'unité nationale, il était attendu par certains depuis 30 ans comme pendant
nécessaire du collège unique pour rendre efficiente une réelle démocratisation de l'enseignement. Il
est aujourd'hui dénoncé par d'autres, dans des logiques diverses, qui y voient un renoncement aux
exigences de l'École. Selon la manière dont on l’analyse, et l'histoire dans laquelle on l'inscrit, le S3C
peut prendre des significations différentes, voire opposées : outil d'élévation et de cohésion des
générations actuelles et à venir dans une approche pédagogique renouvelée ou instrument de
sélection des écoliers dans un paradigme de compétition mondialisée ?»
Mots clés : socle commun / collège unique / compétences / démocratisation / cadre de référence
européen
commun36
de
voir naître en son sein pour devenir à la fois
connaissances et de compétences (S3C), tel
juste et efficace ? Est-il l’équivalent du « tronc
que le définit le décret du 11 juillet 2006, sont
commun de formation » que le Plan Langevin-
multiples et ses enjeux dépassent largement le
Wallon, au lendemain de la seconde guerre
seul cadre du collège dans lequel il s’applique.
mondiale, définissait afin de permettre à tous
Sujet d’actualité, la réflexion autour du S3C
les enfants d’accéder à la culture et au
met à jour des avis contradictoires qui
« développement
débordent les clivages habituels entre les
personnalité ? S’appuie-t-il sur « l’instruction
différents acteurs institutionnels et sociaux. Le
commune » telle que Condorcet la pense en
socle commun répond-il à la nécessité du
vue de pérenniser l’espace public et la
« savoir commun » que le collège unique -
liberté de chacun ? Ou provient-il encore des
selon ses fondateurs, ainsi que les différents
recherches sur les « compétences clés » que
rapporteurs des travaux le concernant - devait
le Parlement européen a définies en 2006 ?
Les
origines
du
socle
maximum »
de
leur
Force est de reconnaître que le S3C entremêle
ses racines dans ces différentes terres, ce qui
͵͸Étudiant
master Métier de l’éducation, de
l’enseignement et de la formation, spécialité Éducation et
encadrement, parcours CPE
rend ardue la lecture de ses objectifs et
complexes les débats à son égard.
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
D’un point de vue institutionnel, le
des meilleurs. »͵ͺ Le S3C veut s’inscrire, pour
commun
loi
une part, dans cette optique, en tentant d’être
d’orientation et de programme pour l’avenir de
une réponse à l’échec relatif du collège
l’école du 23 avril 2005, comme un droit que
français, aux vues des très nombreuses sorties
chaque élève possède au titre de la scolarité
sans qualification et des résultats inférieurs à
obligatoire. Ainsi, l’État doit désormais garantir
la moyenne aux tests internationaux de ses
– la loi l’y oblige – que tous les écoliers non
élèves depuis le début des années 2000.
socle
est
pensé,
dès
la
seulement reçoivent une instruction jusqu’à 16
À
ans au minimum, mais aussi acquièrent cet
côté
de
l’objectif
de
réussite
de
purement scolaire, le S3C se veut outil de
compétences, « qu’il est indispensable de
promotion d’une culture nationale commune,
maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire ».
un véritable « ciment de la nation ». C’est
La loi prévoit à cet effet qu'un rapport sur
comme si le socle tentait de refondre l’École
l'acquisition du socle par les élèves devra être
actuelle
ensemble
de
connaissances
et
dans
le
paradigme
de
l’École
e
présenté au Parlement par le gouvernement
républicaine de la fin du XIX , à cette
tous les trois ans͵͹. Le S3C apparaît donc, dès
différence près – qui n’est pas des moindres –
son institution, comme une priorité nationale et
que l’actuelle n’est pas clivée en deux ordres
un enjeu majeur. Aussi peut-il être compris
hermétiquement
comme une nécessité en termes d’efficacité de
secondaire).
l’enseignement et de justice sociale. En effet,
pertinent lorsque nous observons que la
c’est bien la première fois dans l’histoire de
constitution des différentes
notre pays que les contenus d’un parcours
piliers composant le S3C a été réalisée au
scolaire obligatoire pour tous sont explicités,
Parlement, ce qui signifie que la décision sur
rendant les objectifs de l’École clairement
les
identifiables pour toutes les familles et tous les
l’occasion
professeurs. C’est aussi la première fois que
l’Éducation nationale pour se jouer devant une
l’on envisage l’éducation du peuple en regard
assemblée
essentiellement de la base pour tous (« le
renversement (inédit donc depuis l’époque de
plancher ») et non en la déclinant à partir du
Jules Ferry) a mis à jour d’une part que la
modèle supérieur d’un parcours d’excellence
question
(« le plafond »). Comme l’ont noté Baudelot et
scolaires est bien un enjeu social fort, source
Establet
de tensions et de jeux de pouvoir, et d’autre
« les
[Organisation
données
de
de
coopération
l'OCDE
et
de
Ce
contenus
a
inspections
d’élus
de
rapprochement
scolaires
aux
la
(primaire
du
définition
et
reste
compétences -
échappé
pour
générales
peuple͵ͻ.
des
de
Ce
contenus
͵ͺ
développement économique] établissent d'une
BAUDELOT Christian, ESTABLET Roger : L’élitisme
républicain, Seuil 2009, p. 13.
façon irréfutable que les efforts pour doter tous
͵ͻ Lire sur ce point le travail de Roger-François GAUTHIER
et Margaux LE GOUVELLO : L’instauration d’un « socle
commun de connaissances et de compétences » en fin de
scolarité obligatoire en France en 2005-2006 :
« politisation » du champ curriculaire et renouvellement
des
savoirs
mobilisés,
juillet
2009,
Š––’ǣȀȀ™™™Ǥ‘™ƒ†’‘ŽǤ‡—
les élèves d'une formation minimale de grande
qualité conditionnent le nombre et le niveau
37
cloisonnés
Cf. article 122-1-1 du Code de l’éducation.
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
part que l’École doit être pensée dans sa
unique en garantissant que chacun, quel que
globalité (et non comme un ensemble de
soit son parcours personnel, acquerra le même
disciplines juxtaposées et autonomes) et dans
bien, en termes de compétences et de
son inscription sociale. Or, précisément, c’est
connaissances.
là que la réflexion collective sur un socle
commun ne doit pas être occultée, car il est un
Dans ces conditions, il n’est pas
outil qui, selon la perspective dans laquelle on
étonnant que les conclusions du rapport du
l’envisage, peut répondre à des projets de
député Jacques GrosperrinͶͳ, présenté en juin
société tout à fait différents.
2010 devant le Parlement, affirment que le
socle « est loin d’être une réalité au collège ».
Par exemple, parce qu’il oblige au suivi
Selon le rapport du député, l’institution elle-
des acquis des élèves, le S3C paraît une arme
même a insuffisamment accompagné sa mise
efficace contre le décrochage. Il permet de
en place, et nombres d’acteurs de terrain se
repérer
dans
sont retrouvés face à l’outil d’évaluation des
l’apprentissage d’un élève dans l’optique d’y
acquis des élèves – à savoir le livret personnel
apporter une réponse rapide et personnalisée.
de
C’est
nombreux
formation quant aux nouvelles pratiques que
pédagogues qui se sont approprié le travail par
cela impliqueͶʹ. Pour cela, il conviendrait sans
compétences et qui utilisent l’erreur comme
doute que soit explicité l’enjeu que représente
moyen d’apprendre et base de progression.
le S3C en termes de démocratisation scolaire
D’un autre côté, le repérage systématique des
et, dans cette optique, que soit affirmée une
acquis peut tout aussi bien servir à favoriser le
identité forte pour le collège : non plus le
classement hiérarchique, lisible sur l’ensemble
premier degré du secondaire, non plus une
de la scolarité, des élèves entre eux, et les
propédeutique au lycée général, mais point
dispositifs de remédiation condamner l’avenir
d’orgue de la scolarité obligatoire aux côtés de
de ceux qui en bénéficient (s’ils ne retournent
l’école
plus au tronc commun). Autre exemple : le
indispensable à tout type de parcours scolaire,
S3C peut être vu à la fois comme une
professionnel et social ultérieur. Cependant,
opportunité pour créer les conditions d’une
pour que cet aspect, contenu implicitement
égalité réelle d’accès à l’offre scolaire dans le
dans la loi, devienne une réalité sur le terrain,
cadre du collège unique - au sein duquel
sans doute est-il nécessaire de repenser
l’absence de définition des contenus scolaires
l’organisation des cours au sein du collège
que
quels
le
aspects
point
tous
de
font
vue
devaient
défaut
de
acquérir
jouait
compétence
primaire
(LPC)
et
–
sans
ainsi,
véritable
prémisse
Ͷͳ
GROSPERRIN Jacques, "Rapport d'information déposé
par la commission des affaires culturelles et de l'éducation
en conclusion des travaux sur la mise en œuvre du socle
commun de connaissances et de compétences au
collège", enregistré à la présidence de l'Assemblée
nationale le 7 avril 2010.
indéniablement en faveur d’un déséquilibre
des
parcours
scolaires
en
fonction
des
héritages familiaux et même des lieux de
scolaritéͶͲ -
mais
aussi,
paradoxalement,
Ͷʹ
Notons qu’entre novembre 2008 et mai 2009 ont eu lieu
quatre séminaires et un colloque international à l'INRP
dans le cadre de la recherche « De la culture commune au
socle commun ».
comme le moyen de démanteler le collège
ͶͲ
cf. HAUT CONSEIL de l’ÉDUCATION, Le collège, 2010.
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
ainsi que la formation des professeurs. En
départ, clairement hostile. René Haby, Louis
effet, historiquement, le collège unique s’est
Legrand, Pierre Bourdieu, Luc Ferry, François
constitué par la réunification de trois ordres
Dubet, Claude Thélot et beaucoup d'autres
scolaires ayant chacun leur logique, structure
auront ainsi produit une somme de travaux
et administration propres : primaire, secondaire
substantiels, préparant les esprits à une
et technique. Or, l’unification s’est faite en se
approche
calant sur le modèle du secondaire, tant dans
impliquant le dépassement nécessaire de la
les contenus des programmes d’enseignement
seule transmission verticale du savoir et du
que dans les statuts des professeurs. Avec la
cloisonnement des disciplines - et surtout à la
disparition
nécessité, d'une part, d'en finir avec un
du
corps
des
professeurs
d’enseignement général des collèges (PEGC),
système
professeurs
construire
bivalents,
formés
dans
une
différente
de
inégalitaire
une
et,
véritable
la
pédagogie
d'autre
identité
part,
pour
–
de
le
logique proche de celle du primaire, le modèle
collège. Il convient toutefois de reconnaître
du secondaire a achevé de phagocyter toute
que la dernière commission, présidée par
autre approche au sein du collège unique.
Claude ThélotͶͶ, aura eu un rôle décisif. Suite
C’est dans ces conditions que ce dernier, au fil
à ces travaux, le champ politique s’est
des années, a vu se développer et multiplier
réapproprié la question des contenus scolaires
l’échec et le déclassement d’une part toujours
(puisque le socle fut défini devant le Parlement
plus importante d’élèves, peu armés de par
et non dans les différentes inspections de
leur capital social et culturel pour réussir dans
l’Éducation nationale), ce qui, d’ailleurs, est
cette
peut-être
structure
fondée
sur
une
culture
dominante discriminante.
une
explication
au
manque
d’enthousiasme dont a fait preuve le ministère
de l’Éducation nationale dans la mise en
Face à cette situation, les ministres
successifs
de
l’Éducation
œuvre du S3CͶͷ.
nationale
commanderont régulièrement des rapports sur
Une
fois
reconnue
qu’un
socle
la situation et l’avenir du collège français.
commun est une nécessité relative à la
Ainsi, pendant trente ans, la question de la
cohésion, à la justice sociale et à l’efficacité de
définition d’un savoir commun minimal comme
l’enseignement, la question qui demeure est
pendant nécessaire à la viabilité du collège
de savoir si la mise en place du S3C dans
récurrenteͶ͵.
Nous
notre pays répond à ce socle idéel, et s’il
pouvons observer qu'entre le 11 juillet 1975
répond véritablement aux exigences d’une
(naissance du collège unique) et le 11 juillet
culture commune. Si l'argument consistant à
2006, trente et une années de réflexions, de
dire que le socle commun a été rendu possible
commissions,
unique
est
devenue
de
rapports,
ont
permis
ͶͶ
Cf. « Pour la réussite de tous les élèves : Rapport de la
Commission du débat national sur l'avenir de l'Ecole
présidée par Claude Thélot », La Documentation
Française, octobre 2004.
d'introduire progressivement la question du
socle commun dans un univers qui y était, au
Ͷͷ
Rappelons qu’à ce jour, le gouvernement n’a toujours
pas présenté au Parlement de rapport sur l’acquisition du
socle par les élèves.
Ͷ͵
Sur ce point, cf. Claude LELIÈVRE, Les politiques
scolaires mises en examen, ESF, 2008, chap. 8.
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
par l'alignement de la politique éducative
efficace et performante. Or, de ce point de vue,
française sur celle que prônent les travaux
les modèles de pays qui amènent le plus grand
européens n'est, comme nous l’avons vu, sans
nombre d'élèves aux meilleures places dans
doute pas suffisant, il n'en est pas moins en
les évaluations internationales sont ceux qui
partie
recevableͶ͸.
La
« stratégie
possèdent
de
un
long
tronc
commun
l'Union
d'enseignement, sans spécialisation précoce ni
œuvre
filières différenciées. C’est en effet ce que les
« l'économie de la connaissance », est en
tests du Programme International pour le Suivi
place depuis 2000. Elle a pour caractéristique
des Acquis des élèves (PISA) nous ont appris
de vouloir établir une Europe puissante dans le
en 2000, 2003, 2006 et ont confirmé en 2009.
monde, par l'intermédiaire d'une économie
Ainsi donc, le socle commun, qui se veut outil
compétitive, qui s'appuie elle-même sur une
de promotion de la justice sociale, ne doit peut-
formation initiale et continue capable d'amener
être sa naissance institutionnelle que parce
le plus grand nombre possible d'étudiants aux
qu’il
plus hauts niveaux de diplômes. Cet objectif
développement économique dominant.
Lisbonne »,
à
travers
européenne
tente
de
laquelle
mettre
en
peut
correspondre
au
modèle
de
d'excellence par la formation est un enjeu
économique
majeur
dans
un
Ainsi,
monde
plusieurs
questions
restent
transformé, à l'intérieur duquel les anciens
posées, quant à la nature des influences
pôles dominants se délitent face à la montée
européennes du S3C. Il semble que la logique
de nouvelles puissances. Rester en course au
inhérente au socle commun ne puisse pas se
sein de la compétition mondialisée (si tel est
réduire à celle affichée par l’Union européenne
l'objectif) nécessite de construire une société
à propos de son « cadre de référence », si l’on
de
niveau,
considère que celui-ci s’inscrit dans la stratégie
d’ingénieurs et de techniciens, une « société
de Lisbonne. Par exemple, si l’on compare les
de la connaissance ». C'est dans ce contexte
définitions
qu’un « cadre de référence européen » est
compétences, on remarque que le S3C met
pensé
nombreux
diplômés
de
haut
données
des
différentes
de
8
davantage l’accent sur la nécessité d’acquérir
« cadre
de
une culture humaniste d’une part et d’autre
référence » se base donc sur les observations
part ne fait pas dépendre la recherche de
des spécialistes, qui désirent rendre l'École
l’autonomie
en
« compétences
Europe,
clés »Ͷ͹.
composé
Ce
d’un
« esprit
d’entreprise »,
comme le fait la compétence 7 du cadre de
référence européen. Mais sont-ce là des
Ͷ͸
Cf. l’annexe du décret 2006-830 du 11 juillet 2006 relatif
au socle commun de connaissances et de compétences et
modifiant le code de l'éducation le dit d’ailleurs clairement :
« La définition du socle commun prend également appui
sur la proposition de recommandation du Parlement
européen et du Conseil de l'Union européenne en matière
de « compétences clés pour l'éducation et l'apprentissage
tout au long de la vie » ».
divergences
signifiantes
ou
une
simple
adaptation pour pouvoir s’intégrer dans le
paysage scolaire français, traditionnellement
hostile à ce qui peut venir du monde de
l’entreprise ? La notion de compétences a
Ͷ͹
Cf. annexe du Journal officiel de l’Union européenne du
30/12/2006, intitulée « Compétences clés pour l'éducation
et la formation tout au long de la vie – un cadre de
référence européen ».
également nourri les débats au sujet du socle
commun, bien que de nombreux travaux et
expérimentations tendent aujourd’hui à en
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
donner à chacun une autre vision (l’approche
prend sera très différente selon que l’accent
par compétence est déjà une réalité, que ce
est mis sur tel ou tel de ces aspects. Or,
soit à l’école primaire ou dans les programmes
l’objectif explicite de la stratégie de Lisbonne
d’EPS ou de langues). En effet, au nom d’une
qui est, concernant l’Europe, de «devenir la
vision restrictive de la compétence, très
zone économique la plus compétitive au
différente de l’approche pédagogique par
monde »Ͷͻ,
compétences, certains manifestent la crainte
prioritairement
non seulement que le socle abandonne toute
l’éducation à un modèle de développement
prétention à transmettre une véritable culture
économique particulier. La question est de
générale, mais aussi ne soit qu’un outil
savoir si, dans l’histoire qui s’écrit, les 7
restreint de formation de travailleurs. C’est
compétences qui constituent le socle français
pourquoi la France a gardé le terme de
s’inscrivent dans la même logique, ou si la
« connaissances » dans l’intitulé de son socle
visée humaniste d’une culture commune reste
(contrairement
première, comme l’affirme le texte du décret
européen
au
qui
cadre
ne
de
définit
référence
que
des
qui,
en
semble
le
instituant
sens
le
subordonner
et
la
socle
portée
commun
de
de
« compétences-clés »), en explicitant ainsi la
connaissance et de compétence, l’enracine
volonté de dépasser l’opposition traditionnelle
explicitement
entre compétence et connaissance au sein de
démocratisation scolaire et de ses moments-
laquelle le terme de compétence ne renverrait
clés : « Cinq générations après les lois
qu’à un seul savoir-faire dans le cadre de
scolaires fondatrices de la IIIe République, une
l’exécution
la
génération après l'instauration du collège
de
unique, le socle constitue une référence
l’émancipation de l’individu et de l’accession à
commune, pour tous ceux qui confient leurs
sa pleine humanité. Cependant, dès lors qu’il
enfants à l'école, mais aussi pour tous les
est clair que la notion de compétence, qui tend
enseignants. »
à redéfinir dans les faits un « nouveau
recueillir les avis et débats qui ont traversé la
paradigme scolaire »Ͷͺ, est prise pour ce
commission présidée par Claude Thélot, à
qu’elle est, à savoir un outil qui en tant que tel
l’origine de la première définition du socle,
peut se colorer différemment en fonction de
pour appréhender de manière plus précise les
l’utilisation, le véritable enjeu ne réside pas
influences et ramifications du S3C, ce qui sera
dans le débat sur la compétence mais reste
l’objet
d’une
connaissance
tâche
restant
particulière,
garante
dans
d’un
ͷͲ
l’histoire
de
la
Il conviendrait donc de
prochain
travail.
celui de la finalité de l’éducation.
Si cette dernière doit à la fois former
Ͷͻ
« Le Conseil européen extraordinaire de Lisbonne (mars
2000) : vers une Europe de l'innovation et de la
connaissance », Europa, site de synthèses de la
législation
de
l'UE.
Š––’ǣȀȀ‡—”‘’ƒǤ‡—ȀŽ‡‰‹•Žƒ–‹‘̴•—ƒ”‹‡•Ȁ‡†—…ƒ–‹‘̴–”ƒ‹‹‰
̴›‘—–ŠȀ‰‡‡”ƒŽ̴ˆ”ƒ‡™‘”Ȁ…ͳͲʹͶͳ̴ˆ”ǤŠ– (28/04/2012)
un citoyen, permettre l’épanouissement de
l’individu tout en le préparant à intégrer un
monde du travail en évolution, la forme qu’elle
Ͷͺ
Cf. Éric Morel : « Compétences : un nouveau paradigme
scolaire ? », mémoire de master MÉEF sous la direction
de Thierry Machefert, IUFM de Caen, juin 2011.
ͷͲ
Annexe du décret 2006-830 du 11 juillet 2006 relatif au
socle commun de connaissances et de compétences.
« Origines et enjeux du socle commun de connaissances et de compétences »
Quentin Portron
REFERENCES
OUVRAGES
BAUDELOT C., ESTABLET R. : L'élitisme républicain, Seuil 2009.
GAUTHIER R.-F. et LE GOUVELLO M. : "L'instauration d'un "socle commun de connaissances et de
compétences" en fin de scolarité obligatoire en France en 2005-2006 : "politisation" du champ
curriculaire
et
renouvellement
des
savoirs
mobilisés.",
juillet
2009,
http://www.knowandpol.eu/fileadmin/KaP/content/Scientific_reports/Orientation2/France_educ.rapportfi
nal17h24.pdf
GROSPERRIN Jacques, "Rapport d'information déposé par la commission des affaires culturelles et
de l'éducation en conclusion des travaux sur la mise en œuvre du socle commun de connaissances et
de compétences au collège", enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le 7 avril 2010.
HAUT CONSEIL de l'ÉDUCATION, Recommandations pour le socle commun, 23 mars 2006.
HAUT CONSEIL de l'EDUCATION, Le collège, 2010.
LANGEVIN P. et WALLON H., Plan Langevin-Wallon de réforme de l'enseignement, Paris, PUF,
1964.
LELIÈVRE C., Les politiques scolaires mises en examen, Issy-les-Moulineaux, ESF, 2008.
THÉLOT C., Pour la réussite de tous les élèves, rapport de la commission du débat national sur
l'avenir de l'école, La documentation française, Paris, 2004.
ARTICLES
MARAVAL J. : "Le socle commun : une idée ancienne qui a de l'avenir", Les Cahiers pédagogiques Hors-série numérique n° 20, mars 2010
RAULIN D. : "La délicate intégration des compétences dans les programmes", Les Cahiers
pédagogiques n°476, novembre 2009