10 novembre 2016, Le Régional, Le dessin, brouillon artistique

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09 au 16 novembre 2016 - N° 828
Culture
Le dessin, brouillon artistique
VEVEY
«Rien que pour vos yeux», tel
est le titre de la nouvelle exposition du Musée Jenisch.
Une collection qui fait la
part belle à la matérialité de
l’œuvre, en se concentrant
sur les dessins, du crayon à
l’aquarelle, en passant par
la sanguine et le fusain.
Valérie Blom
«E
ntrer dans l’univers de
l’artiste par la porte du
dessin nous raconte
autre chose», confie
Julie Enckell Julliard, directrice du
Musée Jenisch à Vevey. Ce dernier propose une nouvelle exposition intitulée
Rien que pour vous yeux. Elle invite le
visiteur à suivre les traits du dessin,
retraçant les différentes techniques
employées par les artistes suisses
et étrangers, remontant jusqu’à la
Renaissance.
Le dessin sous toutes ses formes, dans
sa matérialité. Le brouillon, le concept,
le projet, mais pas uniquement. Des
œuvres terminées ou non, qui permettent d’observer les techniques
et leurs différents rendus. Plusieurs
salles du musée classent les dessins
en fonction du trait choisi: le pastel,
le crayon, le fusain, la sanguine et le
lavis. Enfin, une dernière partie est dédiée au papier. «Mais nous aurions pu
consacrer l’entier de nos locaux sur le
sujet!», rigole Emmanuelle Neukomm,
co-commissionnaire de l’exposition.
Le fusain du
passé au présent
Les dessins sont ceux d’artistes reconnus ou méconnus. L’occasion de plonger dans l’inspiration ou la manière de
travailler de Hodler, Soutter, Vallotton
«Nous oublions qu’il n’y
a pas si longtemps, aucun
appareil photo n’existait
et que l’unique moyen
de conserver un souvenir
était de le dessiner».
Julie Enckell Julliard, directrice du Musée Jenisch
ou d’autres. Mais aussi dans les 24
carnets de Julien Renevier, illustre
inconnu aux multiples voyages. «Aujourd’hui, nous prenons des images de
nos tribulations, relate Julie Enckell
Julliard. Mais nous oublions
qu’il n’y a pas si longtemps,
aucun appareil photo n’existait et que l’unique moyen de
conserver un souvenir était
de le dessiner…»
Le même médium peut
connaître un résultat complétement différent selon
l’artiste qui l’utilise. Maucourt a le trait léger avec ses
portraits au crayon, qui diffèrent des dessins de Soutter, vifs, de la fête des vignerons. Dans le même ordre
d’idée, le fusain était souvent utilisé pour la nature
et les atmosphères jusqu’à
la fin du XIXe siècle, où la
technique connaît un âge
d’or. Au Musée Jenisch, ils
côtoient deux gigantesques
tableaux de coqs de Markus
et Reto Huber, deux artistes
suisses, une petite dérogation contemporaine. «Nous
 Au 16e siècle, Antonio d’Enrico,
avions délibérément choisi
dit Tanzio da Varallo, utilisait la sande ne pas traiter la seconde
guine. J. Gremaud
partie du XXe siècle, commente Julie
Enckell Julliard. Mais nous avons craqué avec ces œuvres qui montrent
l’actualité de la technique.»
 Au 16e siècle, Antonio d’Enrico,
dit Tanzio da Varallo, utilisait la sanguine. J. Gremaud
Le papier livre son secret
Au fil des déambulations devant
les traits des artistes, leurs esprits
s’ouvrent au public. Les dessins
soufflent des confidences, des secrets
de recettes. Impossible de ne pas être
touché par une œuvre ou une autre.
Un voyage dans le temps et l’art qui se
termine avec un documentaire réalisé
spécialement pour l’occasion. Intitulé «Le secret du papier», il dévoile le
travail de deux restaurateurs qui se
sont penchés sur les feuilles du Musée
Jenisch.
Le Musée Jenisch
propose deux Journées des
arts graphiques les 12 et 13
novembre et il sera ouvert
gratuitement. Programme
complet sur
www.museejenisch.ch
Un traité sur les
techniques
du dessin
En marge de l’exposition, le
Musée Jenisch coédite un
ouvrage sur les techniques du
dessin. Les textes sont signés
de la directrice, Julie Enckell
Julliard, et les notices de Elisa
de Halleux et Emmanuelle
Neukomm, qui est d’ailleurs la
co-commissaire de l’exposition.
Elles espèrent que ce livre
sera un outil pour les amateurs de dessin, et d’apprendre
de nombreux détails sur les
techniques et sur les supports
(papier, vélin, parchemin).