République Démocratique du Congo

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République Démocratique du Congo
République Démocratique du Congo - Un apprentissage pour la vie !
Extrait du Petites Soeurs de l'Assomption
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République Démocratique du
Congo - Un apprentissage
pour la vie !
- FR - Aujourd'hui - Au fil des jours -
Date de mise en ligne : mardi 21 juillet 2015
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Le centre Mère Marie de Jésus à Kinshasa est un lieu de formation intégrale pour une
cinquantaine de femmes congolaises. Les cours sont divisés en trois salles de classe : 1ère,
2eme et 3eme année de "coupe et couture" sans oublier le petit magasin de matériel de
couture et la salle d'informatique. Nous y travaillons à 4 Petites Soeurs : Anne, Natalia,
Mathilde, et Patricia) et deux postulantes ; Rachel et Agnés. En cette fin d'année scolaire,
nous vous proposons, par cet article, interview, d'aller à la rencontre des personnes qui
vivent dans ce centre tout au long de l'année.
- Pour vous, femmes, qui venez toute l'année apprendre ici, qu'est ce qui vous intéresse ?
Voici, en premier ce qu'elles disent : "Nous aimons apprendre la couture, le français, le calcul, le lingala, et même
cette année, nous avons appris l'informatique. "Mais une jeune en 2ème année raconte : "Au début quand je suis
arrivée je ne savais pas lire le lingala, mais maintenant j'y arrive et je parle un peu français." Son amie prenant la
parole nous dit : "moi je suis contente car j'ai appris beaucoup de choses et surtout la couture. Si j'apprends bien,
après je pourrais travailler et vendre les habits." Enfin une autre de la classe rajoute : "Si je reste à la maison, je
n'apprends rien. Toute la journée, il y a beaucoup de travail à faire, on n'a pas de temps pour nous. Ici c'est bien on
apprend et on est avec les autres, on peut rire."
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Dans la classe d'à côté en pleine répétition pour la fête de fin d'année, les jeunes finalistes, dans le centre depuis 3
ans, disent leur joie d'avoir appris beaucoup de choses et surtout d'avoir découvert tout ce dont on ne peut pas parler
à la maison sur le "savoir vivre". "Ici on apprend même des choses pour notre vie de tous les jours". "J'aime
apprendre, et j'aime lire les livres de la petite bibliothèque qui parlent de l'amitié, de comment tenir la maison..."
La dernière classe discute avec un français plus difficile. Elles sont en plein exercice, essayant d'écrire chacune sur
le tableau son nom et son prénom pour bien l'orthographier. Ce qui vient spontanément c'est leur reconnaissance
pour les professeurs, les laïques extérieures des cours de coutures et de lingala, tout comme pour les postulantes
qui leur apprennent l'écriture, le français et le calcul : "Ici, il y a de l'amour et de la gentillesse. Les professeures ont
la volonté de nous donner des cours et veulent que l'on apprenne bien pour après. J'aime savoir plus de choses."
Après ce petit passage dans les classes, écoutons celles qui travaillent au quotidien avec ces femmes. Dans les
constatations de tous les jours, elles sont souvent heureuses des petits avancements de chacune. Un regard, une
parole permet de se donner à fond dans les cours. Mais en même temps, elles entendent les conditions dans
lesquelles les jeunes vivent et perçoivent comment le centre est un lieu qui va bien au-delà de l'apprentissage de la
couture. Mais laissons les parler...
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- Mathilde, pourrais-tu nous présenter le centre et nous dire ce que tu y vis ?
"Après mes premiers vœux au Burkina j'ai été envoyée à Kinshasa où je participe au centre en 1ère année de
couture. Tout en travaillant, je les aide dans les besoins qu'elles ont. Je les rencontre aussi lors des ouvertures et
fermetures des portes. Il m'est important d'accueillir les jeunes filles en prenant le temps de les écouter et de
partager leurs situations familiales. La majorité sont des adolescentes avec des réalités de vie familiale difficile. Leur
propre famille habite loin de la capitale et elles sont hébergées ici chez un oncle, une tante ou un frère ou sœur,
qui souvent les exploitent. Les unes n'ont pas eu la chance d'aller à l'école et les autres n'ont pas fini leur cycle (faute
d'argent à la maison, déménagement, réalité de travail familial...). D'autres sont déjà diplômées et viennent pour
apprendre la couture. Souvent leur vie quotidienne n'est pas facile. Fournissant le matin un gros travail pour les
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familles d'accueil, elles viennent selon leur possibilité l'après-midi.
Je suis contente et j'aime la relation avec chacune d'elles dans le partage, le dialogue, et l'écoute mutuelle. Elles se
sentent libre de me dire ce qu'elles vivent. Quelques fois, nous visitons leurs familles et c'est là que nous découvrons
la réalité de leur vie. Ce sont des filles qui ont besoin d'aides à beaucoup de niveaux. Nous les accompagnons et
leur faisons savoir qu'elles sont aimées de Dieu malgré les difficultés de ce monde. Il est important qu'elles prennent
conscience qu'elles sont utiles, capables et peuvent faire quelques choses dans la société. Pour finir, j'aimerais dire
qu'en faisant cette expérience au centre avec ces femmes, je suis heureuse de voir le progrès de chacune.
- Et toi Rachel, que vis-tu au centre comme postulante de deuxième année ?
Je suis très contente de partager cette expérience avec vous. Je donne le cours de calcul et d'alphabétisation ou de
français aux femmes, deux fois par semaine de 14 h à 17h. La majorité des femmes ont beaucoup de difficultés,
souvent elles parlent le lingala ou une autre langue du pays, et ne savent pas lire. Au début, c'était très difficile pour
elles. Je me suis donnée de la peine pour leur apprendre, et petit à petit il y a eu de l'amélioration. Maintenant
certaines peuvent commencer à lire, d'autres peuvent écrire seule leur nom. Alors c'est la joie pour elles comme pour
moi.
Quelques fois nous rendons visite aux familles éprouvées par un deuil. Tout en faisant les cours, elles profitent
souvent d'un temps avant ou après pour demander de me parler. Là elles peuvent me partager leurs joies et leurs
peines. Tout en les écoutant attentivement, je peux parfois aller jusqu'à leur donner des conseils.
Pour finir, cette expérience faite avec les femmes du centre Mère Marie de Jésus, m'aide à approfondir le charisme
des PSA.
- Agnès, toi tu es postulante de 1ère année, quelle est ta joie dans ce que tu vis 4 après-midis au centre ?
"Ce qu’on fait par amour est toujours réussite"...
"Qu’il soit béni le Dieu et père de notre seigneur Jésus Christ"
(Ep 1, 3
Je commence avec ces bonnes paroles pour exprimer ma joie. Je suis très contente de notre mission et notre
charisme dans le centre et je dis merci pour le jour où on me l'a confiée.
Comme formation, je donne le cours de français et calcul dans une classe mélangée de 2eme et 3eme année de
couture deux après-midi par semaine et les deux autres après-midi, je suis vendeuse du petit matériel pour la
couture.
Les 1ers jours d'enseignement, je me posais beaucoup de questions. Je ne connaissais rien de la couture et je
devais leur offrir de bonnes conditions pour apprendre le français. En plus dans mon cours, il y avait des femmes
adultes plus âgées que moi mais aussi des plus jeunes. Dans toutes ces découvertes, je savais que le Seigneur
nous accompagne.
Avec l’amour et la volonté que j’avais, ainsi qu'avec l’aide des femmes, après un temps je suis
arrivée à comprendre et vendre le matériel de la couture. Comme on dit : "le début est toujours difficile, mais ce qui a
facilité c'est d'avoir une bonne relation avec l'entourage."
Dans le cours auprès des femmes, j’avais remarqué qu’elles ne savaient ni lire, ni écrire, et elles se
sentaient gênées. A partir de mon expérience, j'ai mieux perçu que ce sont nos pauvres, les plus démunis que nous
devons aider, mais comment les aider ? A chaque fois que je partais au centre, je disais au Seigneur : "Que ma
présence soit ta présence. Que tout ce qui va sortir de ma bouche vienne de toi, Seigneur !" Et ça m'a aidée surtout
lorsque les femmes me posaient des questions en dehors de ce que j’avais prévu, je ne manquais pas de
réponses satisfaisantes à leur demande. Dieu était avec moi".
"La bouche ne parle qu’aux oreilles mais le cœur parle au cœur", oui effectivement nous somme
choisies, bénies, et brisées pour être données. Prions les unes pour autres."
- Et pour vous, professeures laïques que diriez-vous de vos cours et ce que vous vivez avec les jeunes ?
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"Pour moi professeure de lingala ici depuis longtemps, ce que j'aime c'est de voir comment elles grandissent tout au
long de ces années. Souvent, je les accueille la première année pour qu'elles apprennent à lire et à écrire en
Lingala. Très vite, elles aiment apprendre, je les vois coudre et ça me fait plaisir car la couture fait évoluer nos
enfants pour la RDC. Elles grandissent beaucoup ici en 3 ans."
"Comme professeure de couture ce qui est le plus important pour moi, c'est d'apprendre à ces femmes, d'avoir la
volonté et la passion. Aujourd'hui, la couture n'est pas facile, ce n'est pas de l'à-peu-près, il faut qu'elles apprennent
beaucoup de choses qu'elles ne possèdent pas, le calcul, la logique, et même le français car tout le vocabulaire de
couture est francisé. Il faut les aider à avoir le goût de bien faire. C'est ça qui pourra les faire progresser et se
différencier des autres."
Et sa collègue complète en disant : "ce qui est difficile c'est que les jeunes n'ont pas une situation facile à la maison.
Souvent elles arrivent en cours avec la fatigue, les préoccupations de la maison, les soucis de relation avec leur
"famille". Mais "quelqu'un qui n'est pas tranquille dans sa tête, comment pouvons-nous lui donner une matière à
apprendre ?". Dans les cours, il n'est pas rare qu'elles se confient et discutent de ces situations."
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Nous aussi avec Sr Anne au service de réparation des 15 machines à coudre, Sr Natalia pour tout ce qui est
informatique et gestion des papiers, et moi Sr Patricia dans différents petits services, nous sommes surprises de tous
ces petits moments précieux de discussions, occasion pour ces filles de parler de leur famille et leur réalité de vie
quotidienne difficile... Souvent ça permet de déceler un besoin plus spécifique pour l'une ou pour l'autre, comme
cette jeune qu'accompagne Sr Anne dans l'apprentissage du calcul à partir de jeux.
Oui nous aimons que ce centre puisse transmettre le charisme dont nous sommes héritières, en donnant le goût de
bien apprendre à ces femmes souvent rejetées par ailleurs. Chacune, femmes comme professeures, en partageant
nos petites connaissances, nous faisons avancer cette belle mission au cœur de ce quartier si populaire de
Kinshasa.
La semaine prochaine nous fêterons la fin de l'année et le départ des finalistes. Année riche de connaissances et
d'apprentissages aussi divers les uns que les autres. Rendons Grâce à Dieu de tout ce vécu.
Les Femmes du centre,
Mama, Blandine, Francine et Malu (les professeures)
Rachel et Agnès (Postulantes)
Anne, Mathilde et Patricia (PSA)
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