Anoures et Brachyoures
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Anoures et Brachyoures
Spécial King, brachyourie No Tail, No Tax ! La nouvelle était presque passée inaperçue, jusqu’à ce que nous entendions sur Bel-Rtl une question posée par les auditeurs dans l’émission bien connue de Philippe Bouvard : « Les grosses têtes ». Pourquoi coupait-on la queue des chiens en Angleterre au 17ième siècle ? Les grosses têtes ont perdu 200 euro sur cette question posée par un auditeur belge ! - Non ce n’était pas dû à la chasse, - Non ce n’était pas dû au type de travail imposé aux chiens, - Non ce n’était pas fonction de la race … Mais pour quelle raison alors coupait-on la queue des chiens ? Je passe évidemment sur les réponses à caractère sexuel des grosses têtes, et j’attends avec impatience que les minutes s’écoulent et qu’enfin j’aie la réponse… Ding Dong ! Tout simplement suivant le principe du « No tail, No tax » ! Mais qu’est-ce c’est qu’çà ??? Tout simplement au 17ième siècle, une taxe était appliquée non sur la possession d’un chien, mais sur sa queue ! Pour éviter cette taxe, les propriétaires coupaient la queue dés la naissance ! Chaque belge est censé connaître la loi, entre autre et plus précisément celle sur la protection et le bien-être des animaux parue en 1986 et réactualisée ce premier janvier 2006 par l’application de l’article 19 qui nous concerne plus particulièrement puisqu’à partir de cette date la queue des chiens ne peut plus être coupée sauf pour motif médical laissé à l’appréciation du vétérinaire. Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW page 17 Spécial King, brachyourie Ne nous y trompons pas, l’exposition de chien ayant la queue coupée est déjà interdite depuis premier janvier 2000 sauf pour les chiens nés avant cette date ! Mais qu’en est-il des anoures ? La loi est précise, CHAPITRE VII. - Interventions sur les <animaux>. Art. 17. Les dispositions du présent chapitre ne sont pas d’application pour les expériences sur <animaux> visées au chapitre VIII. Art. 17bis. <inséré par L 1995-05-04/40, art. 14, 004; En vigueur : 01-10-2001> § 1er. Il est interdit d’effectuer sur un vertébré une ou plusieurs interventions entraînant l’amputation ou la lésion d’une ou plusieurs parties sensibles de son corps. § 2. Le § 1er ne s’applique pas aux : 1° interventions nécessaires d’un point de vue vétérinaire; 2° interventions obligatoires en vertu de la législation relative à la lutte contre les maladies des <animaux>; 3° interventions pour l’exploitation utilitaire de l’<animal> ou pour limiter la reproduction de l’espèce. Le Roi établit, par arrêté délibéré en Conseil des ministres, la liste de ces interventions et fixe les cas dans lesquels et les méthodes selon lesquelles ces interventions peuvent être pratiquées. Art. 18. § 1. Aucune intervention douloureuse sur un vertébré ne peut être effectuée sans anesthésie. (L’anesthésie d’un <animal> à sang chaud doit être effectuée par un médecin vétérinaire, sauf dans les cas où le responsable ou l’auxiliaire vétérinaire y est autorisé conformément aux articles 5, 2°, 6 ou 7 de la loi sur l’exercice de la médecine vétérinaire.) <L 1991-08-28/37, art. 31, 002; En vigueur : 2510-1991> § 2. L’anesthésie n’est pas requise: 1. lorsqu’on procède sans anesthésie à des opérations semblables sur des êtres humains; 2. lorsque dans un cas particulier, de l’avis du médecin vétérinaire, elle n’est pas réalisable. page 18 Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW Spécial King, brachyourie § 3. En dérogation aux dispositions du § 1er, le Roi peut déterminer les interventions pour lesquelles, sous certaines conditions, l’anesthésie n’est pas requise, ainsi que les méthodes à utiliser. Art. 19. <L 1995-05-04/40, art. 15, 004; En vigueur : 01-091995> § 1er. A partir du 1er janvier 2000, il est interdit de participer à des expositions, expertises ou concours avec des <animaux> ayant subi une intervention interdite à l’article 17bis. § 2. Il est interdit d’admettre à une exposition, à une expertise ou à un concours un <animal> ayant subi une intervention interdite à l’article 17bis. § 3. Il est interdit de commercialiser des <animaux> ayant subi une intervention interdite à l’article 17bis. § 4. Les dispositions des paragraphes précédents ne sont pas d’application s’il peut être prouvé que l’intervention a été effectuée avant l’entrée en vigueur de l’interdiction visée à l’article 17bis. Donc aucun chien ayant subit une intervention interdite à l’article 17 ne peut être présenté en exposition. Qu’en est-il dés lors des chiens anoures (nés sans queue ou avec une queue réduite) ? LA question fut posée à diverses expositions avec toujours la même réponse : pour les anoures comme pour les autres, pas d’expo ! Q9GL27 Et c’est alors que fut découverte Q9GL27 ! Date de la découverte : mai 2005. (entered by Swiss-Prot release 47) Il s’agit tout « simplement » de la découverte d’une protéine responsable chez le chien du développement ou de la réduction de la queue. Je laisse donc la parole aux découvreurs : Si l’homme a un droit de vie et de mort sur la queue du bobtail, qu’en estil de la nature ? La nature regorge d’outils insoupçonnés dont une protéine capable, comme la main de l’homme, de faire disparaître la queue des bobtails. Il s’agit de la protéine T nommée aussi Brachyury – du grec ‘brakhus’ signifiant court et ‘oura’, queue. La protéine Brachyury est un facteur de transcription, c’est à dire qu’elle a pour mission de réguler la synthèse des protéines. Comment s’y prend-elle? La protéine Brachyury se lie au(x) gène(s) qu’elle contrôle, via un Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW page 19 Spécial King, brachyourie domaine qui lui est spécifique et se prénomme le domaine T-box. Correctement lié à un gène(s), Brachyury permet la production d’une ou plusieurs protéine(s), encore inconnue(s) à ce jour mais nous savons qu’elles agissent dans des étapes précoces du développement embryonnaire où elles sont indispensables à la mise en place de la partie postérieure de la colonne vertébrale primitive et donc de la queue. Comment se fait-il alors que la protéine Brachyury puisse être aussi à l’origine d’un chien sans queue ? Un simple changement d’acide aminé dans la séquence de la protéine, et plus précisément dans la région T-box, et Brachyury ne peut plus accomplir sa tache. Par conséquent, on imagine aisément que la ou les protéines dépendantes de l’activité de Brachyury ne sont pas fabriquées et que de ce fait la queue ne se développe pas. Les chiots naissent alors sans queue (anourie) ou avec une queue plus courte (brachyourie). D’autres mammifères comme le lapin ou la souris possèdent aussi la protéine Brachyury qui a un rôle déterminant dans la taille de leur queue. Et les hommes ? Possèdent-ils également cette protéine aux effets si spécifiques ? Oui, mais elle n’est pas affectée par le changement d’acide aminé observé chez les chiens anoures… et pourtant chacun d’entre-nous a déjà pu constater que nous sommes dépourvus d’appendice postérieur ! Si ce paradoxe est surprenant, il a le mérite de nous enseigner que la protéine Brachyury n’est pas seule à décider de l’allure de notre postérieur… Cette protéine est a mettre en corrélation avec la mutation C295G du gène T. En résumé, un simple changement d’acide aminé dans la séquence de cette protéine (en position 63 pour être exact) vient remettre en question cette non acceptation des chiens anoures sur les rings. Comprenons-nous bien, il n’est pas ici question de promouvoir l’anourie qui à l’état homozygote est létale chez le chien, mais de prouver que des chiens peuvent naître sans queue, qu’ils n’ont donc pas subi d’opération chirurgicale et qu’ils ont donc le droit de monter sur un ring d’exposition en Belgique ! Le tableau génétique. L’allèle T (dominant et létale à l’état homozygote), page 20 Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW Spécial King, brachyourie L’allèle t (récessif donne les queues normales à l’état homozygote) En croisant deux anoures (donc des hétérozygotes pour le gène T (des Tt pour faire simple) nous avons : M /F T t T TT Tt t Tt tt Donc suivant les lois mendéliennes, un chien normal (comprenez queue normale), deux chiens anoures et un double dominant létal. On comprend directement à la lecture du tableau qu’il est déconseillé de marier deux anoures (Tt) car automatiquement (du moins en probabilité) ils produiront 25% de double dominant (TT, létal). Bien sûr me diront certains, cette « anomalie » était déjà connue dans nombre de races (*) dont le King Charles Spaniel. Il ne s’agit là que de la confirmation scientifique d’une connaissance acquise sur le terrain. On pourrait nous répondre qu’il n’est pas normal de réclamer que des chiens portant en eux ce caractère (létal à l’état homozygote) puissent monter sur les rings et devenir champions (ne riez pas j’en connais) mais qu’en est-il alors des chiens non testés (poils frisés, cœur, yeux et rotules dans le cas des épagneuls nains anglais et ne riez pas non plus j’en connais encore et dans chaque « catégorie ») en Belgique et qui deviendront champions alors qu’ils transmettront eux aussi des maladies génétiques ? Et que dire des cryptorchidies (gauches ou droites) dont la transmission paternelle n’est toujours pas prouvée et qui sont déjà exclus alors qu’il est prouvé que deux sortes de cryptorchidies existent, l’une génétique l’autre pas et qu’une simple coupe cellulaire permet de distinguer ces dernières (voir http:// www.ac-rennes.fr/pedagogie/svt/applic/testic/compar-test/crypt40.htm ). Ira-t-on vers un certificat vétérinaire accompagnant le chien pour lui permettre de monter sur les rings ? Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW page 21 Spécial King, brachyourie La question devra être « re » posée, preuve en main cette fois, à la fédération canine belge qui ne semble pas avoir lu le texte de la loi avec toute la rigueur et l’objectivité qui se doit. Chacun sait que seuls les « clubs de race » peuvent introduire des suppliques auprès de l’A.d.D. … alors voici quelques races où cette « anomalie génétique » est présente (recherches internet) : (*) Bouledogue français (défaut éliminatoire), caniche (défaut éliminatoire), épagneul breton, épagneul de Saint-Uusuge (défaut éliminatoire), chien de berger yougoslave, berger australien, Canaan (défaut éliminatoire), Bobtail, Schippercke, Pinschers, Schnauzers, Rotweilers, Nizinny, bouvier des Flandres, bouvier des Ardennes (en grande majorité anoures ou brachyoure), berger catalan, braque du Bourbonnais, Corgi gallois (Pembroke), Xolo et péruvien (défaut éliminatoire), cocker anglais, boxer pour n’en citer que quelques-uns … Didier Houbrechts & Viviane Godenne. Références. http://www.expasy.org/uniprot/Q9GL27 . (découverte de Q9GL27) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/ (mutation C295G du gène T chez le chien site du NCBI) Travail sur les causes génétiques du caractère “queue courte” chez quelques races canines, thèse SEGUIN Samuel. Implantation du gène queue courte chez le boxer, docteur Bruce Cattanach (http://www.steynmere.com/ARTICLES1.html ). http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/svt/applic/testic/compartest/crypt-40.htm (étude la cryptorchidie université de Rennes). Loi belge sur la protection et le bien-être de l’animal 14081986. FCI, standards des races. page 22 Les Amis des Epagneuls Nains Anglais ASBL/VZW