Bornage et résultativité dans la subordonnée participiale au

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Bornage et résultativité dans la subordonnée participiale au
Bornage et résultativité dans la subordonnée participiale au participe passé
Ali Abdoulhamid
Université des Comores et CNDRS
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La subordonnée participiale au participe passé (Le chat parti, les souris dansent) est une
construction considérée dans les grammaires de référence comme ayant un procès antérieur à
celui de la proposition qui l’héberge. Lorsqu’elle contient l’auxiliaire étant ou un marqueur
temporel (Le chat étant parti, les souris dansent / Une fois le chat parti, les souris dansent),
elle admet en général tous les types de procès, car ces particules les aident à asseoir leur
antériorité par rapport au procès de la proposition hébergeante. En l’absence de ces particules,
la subordonnée participiale sélectionne son procès. Beaucoup de travaux se sont intéressés,
dans le cadre de l’analyse de la phrase, à la nature du procès que l’on peut avoir dans ce type
de construction. Dans ces travaux, il est admis que celle-ci sélectionne des procès résultatifs,
comme partir, fermer, ouvrir.
L’objectif de ma communication est d’expliquer que le caractère résultatif n’est pas suffisant
pour rendre compte de cette construction. La présence ce type de verbe n’implique pas
forcément l’apparition d’une subordonnée participiale. Dans l’exemple suivant,
Rester coincé dans un embouteillage, la vitre fermée, n'est cependant pas
moins nocif que de régulièrement aérer voiture.
Nous avons la présence d’un verbe résultatif, et pourtant nous n’avons pas de subordonnée
participiale, mais plutôt ce que la tradition grammaticale appelle construction absolue. D’autre
part, certains verbes qui n’ont pas ce caractère peuvent y apparaître, comme dans cet exemple
attesté :
Il mit Coralie dans sa loge, flâna dans les coulisses du théâtre où il se promenait en
sultan, où toutes les actrices le caressaient par des regards brûlants et par des mots
flatteurs. […] Lucien, la pièce jouée, courut à la rue Saint-Fiacre y faire son
article sur la pièce. (Balzac, IP, P376.)
Mon travail est basé sur une étude de corpus d’exemples tirés de la presse contemporaine,
mais aussi de la littérature des XIXe et XXe siècles. En tenant compte du contexte
d’apparition de ce type de proposition subordonnée (contexte linguistique ou extra
linguistique), j’essaie de montrer que la notion de bornage se révèle comme critère plus
pertinent dans l’analyse de ce type de construction. Que le verbe de la construction soit
résultatif ou non, il doit remplir la condition suivante : être borné à gauche et à droite. Cela
explique pourquoi la construction du premier exemple ne constitue pas une subordonnée
participiale, car elle est bornée seulement à droite, mais pas à gauche ; et pourquoi le verbe
jouer, qui n’est pas résultatif, forme dans le second exemple une subordonnée participiale.
Bibliographie :
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