Reportage exclusifemilie
Transcription
Reportage exclusifemilie
Reportage exclusif Le printemps théâtral Éditorial Le printemps théâtral nous a séduits ! Activités et spectacle, liés par un thème commun : l'amour et le travestissement. Travailler sur un tel thème amène à se poser beaucoup de questions. Qu'est-ce qu'être un homme ? Et qu'est-ce qu'être une femme ? Tout est-il lié à l'apparence ? Est-il possible d'être homme d'apparence et de penser comme une femme ? Qu'est ce qui peut pousser quelqu'un à vouloir se travestir ? Un spectacle tel, aborde un sujet qui, dans la vie courante, est souvent exclu de nos conversations. C'est pourquoi, des interrogations nous apparaissent, certaines avec leur réponse, d'autres sans. Ateliers et jeux de scénographie Notre groupe a évolué avec Antony Moreau durant ces deux journées de théâtre, sur le thème de l'amour et du travestissement. Les activités qu'il nous a proposées étaient variées, et différentes de celles faites durant les cours de théâtre du lycée. A la suite de l'échauffement, il a fait effectuer à notre groupe un exercice basé sur l'imitation. L'activité se faisait par groupes de deux, une personne devait marcher normalement, et l'autre copier son allure et son rythme. Aucun détail ne devait nous échapper. Nous inversions ensuite les rôles plusieurs fois en accentuant exagérément chaque mouvement. Nous avons alors remarqué que la façon de marcher avait un rapport avec le caractère des personnes, c'était très intéressant. En fin de matinée, un autre exercice, tout aussi enrichissant, nous a été proposé : un exercice d'improvisation. Celui-ci consistait à courir sur la chaise désignée, lorsque qu'Antony nous en donnait le signal. Nous devions alors inventer d'emblée nom, âge, ville, métier, situation amoureuse,... et répondre aux questions posées par Antony. Loanne, une jeune adolescente ayant participé au printemps théâtral avec Antony, raconte « Cet exercice m'a permis de découvrir une toute autre manière de jouer. J'ai beaucoup apprécié car je n'avais jamais fait d'exercices de ce genre auparavant. » L'après-midi, nous avons travaillé sur le travestissement. Se travestir ne consiste pas seulement à changer d'apparence, mais aussi, à changer des manières de langage et de mouvement. Nous y avons donc travaillé. Une pile de vêtement se trouvait au milieu de la salle, et, chacun notre tour, nous devions aller mettre des vêtements, en changeant nos manières, et aller se rasseoir, travesti. Nous avons effectué cette manœuvre plusieurs fois. Loanne témoigne « Cet exercice m'a amené à réfléchir à comment on peut, de manière simple, se mettre dans la peau d'une personne très différente de nous, mais que l'on veut incarner. C'était très intéressant, et l'on se rend d'ailleurs compte que ce n'est pas si facile que ça ! » Le lendemain, le vendredi, nous avons travaillé sur la petite représentation que nous ferions le midi, puis nous nous sommes rendus au théâtre pour assister à celle des autres groupes. Chaque groupe présentait quelque chose de différent. C'était très intéressant de voir les autres groupes arriver à un résultat complètement différent, après avoir vu le même spectacle. Tous les groupes travaillaient sur le travestissement, mais chacun en offrait une vision différente. Les activités ont été appréciées par la majorité du groupe. En particulier, l'exercice d'improvisation, car nous avons découvert une nouvelle façon de jouer, et avons gagné un peu plus de confiance en nous, car sur une scène, il est toujours pratique de savoir improviser, lorsque le texte ne vient pas. Quant à l'activité qui concernait le travestissement, elle était, certes, très intéressante, mais la manœuvre a sans doute été répétée trop de fois. Concernant le vendredi, il était très intéressant de voir évoluer plusieurs groupes présentant un spectacle et une vision différente. C'est enrichissant d'observer une transformation de garçon à fille, et de fille à garçon, car lorsque c'est nous qui nous transformions ainsi, nous ne voyions pas chaque étape et nous ne nous rendions pas réellement compte du résultat. « La Nuit des Rois » Dans une pièce de Shakespeare, mêlant amour et travestissement, Virginie Fouchault nous présente une conception bien particulière de l'amour. Le Théâtre d'Air nous invite à découvrir La Nuit des Rois. Cette compagnie a été créée par Virginie Foucault, metteur en scène et comédienne. Sa comédie met en scène une dizaine de personnages, dont Malvolio, l'intendant d'Olivia. Voici l'histoire que nous présente Virginie Foucault dans « La Nuit des Rois », du point de vue de cet arrogant personnage. « Moi, Malvolio, je vais vous ' raconter l'histoire depuis le début. Tout a commencé quand, après le naufrage qui la sépara de son frère jumeau, Viola, alors travestie en homme, débarqua chez Orsino, sous le nom de Césario. Une longue histoire débuta alors, lorsqu'Orsino envoya Césario déclarer sa flamme à Olivia. Eh oui, Orsino était depuis longtemps amoureux de la belle Olivia, qui n'acceptait de voir personne, et encore moins Orsino. Seulement, paraît-il qu'Olivia tomba folle amoureuse de Césario. Mais ce dernier, ou plutôt cette dernière, était amoureuse d'Orsino ! En parallèle, Sir Andrew et Sir Toby, guidés par Maria m'en firent voir de toutes les couleurs ! Une lettre me fut envoyée, et je crus alors à un amour d'Olivia envers moi, ce qui aurait été tout à fait possible, au vu de mes nombreuses vertus, mais je dois admettre que malgré mon intelligence, j'ai été trompé. Ce fut ensuite au tour de Sébastien, le frère de Viola, d'entrer en jeu. Tout le monde fut trompé par leur ressemblance, même Olivia, qui se maria avec lui, croyant que c'était Césario... ridicule n'est ce pas ? J'ai comme l'impression qu'il n'y a que moi qui suis resté sage dans cette histoire !» Gros plan Le mariage de Sébastien et Olivia alors qu'ils ne se connaissent pas est un coup de théâtre, car la situation se retourne brusquement. Chacun interprète cette scène à sa façon. Certains comprendront qu'il s'agit d'un rappel du naufrage, car c'est ce dernier qui est à l'origine de toute cette histoire. D'autres que c'est une façon de montrer que le mariage est une mauvaise idée puisque Olivia épouse un homme qu'elle ne connaît pas et inversement. Olivia et Sébastien, les mariés Drap représentant l'eau La première scène quant à elle est très difficile à représenter, car c'est le mouvement du drap qui fait tout le charme de cette scène, et la façon dont Viola apparaît. C'est un moment fort, beau et ressemblant à la réalité. Le jardin lui n'est pas réaliste, mais représenté de façon simple. Quelques rectangles verts pour les haies, et le sable. Dans cette scène Malvolio reçoit la lettre d'Olivia, écrite par Maria. Sa vanité et son amour de lui-même le poussent alors dans une longue tirade à laquelle assistent Sir Andrew, Sir Toby et Feste. Bien sûr Malvolio ne les voit pas, mais eux peuvent, cachés derrière les haies, l'observer et l'écouter. La scène où tous les personnages se retrouvent en même temps sur la scène est celle où intrigues et quiproquos se résolvent. Les personnages arrivent un par un sur scène, et au fur et à mesure, l'intrigue se résout. Les retrouvailles de Sébastien et Viola sont très bien mises en scènes. On a l'impression que le temps s'arrête, car on ne voit plus les autres personnages, mais on sait qu'ils sont là. Le regard, est bien placé, il ne voit qu'elle, elle ne voit que lui, alors on ne voit plus qu'eux, les autres s'effacent. Ils portent les mêmes costumes, et ont la même couleur de cheveux, cela nous donne l'impression qu'ils se ressemblent réellement Le noir les entoure, on ne regarde qu'eux Que de sable ! La mise en scène de Virginie Foucault n'est pas banale. La mer et le sable… Le choix du sable est très intéressant, car il convient parfaitement à la première scène, qui se déroule sur la plage. Pour le reste du spectacle, qui a lieu à l'intérieur des maisons de Orsino et Olivia, le sable se fait oublier. Quant à la scène du jardin, dans laquelle Malvolio trouve la fameuse lettre, le sable est très utile pour représenter le jardin et déplacer les buissons. De plus, les acteurs ne font pas de bruit lorsqu'ils marchent sur le sable, ce qui peut se révéler très utile ! Dans la première scène, un drap est agité, représentant une vague laissant sur son passage une naufragée sur le sable, Viola. Deux acteurs donnent le mouvement au drap, mais ce n'est pas eux qu'on regarde, c'est ce drap, répétant avec précision mouvement et rythme de la vague. Quant à Viola on la voit apparaître comme par magie, déposée sur le sable par la mer. C'est une scène très belle, très poétique. Dans la scène où Malvolio est enfermé, et mains et pieds liés, la lumière joue un rôle très important ; le fait qu'il n'y ait qu'un puits de lumière sur le personnage donne l'impression qu'il est réellement enfermé, dans le noir. Le spectateur s'imagine des murs et une pièce close, où la porte serait la seule issue. Au fond de la salle, un carré noir : une pièce séparée, mise en valeur, pour différents usages. Une porte, un passage, une salle de mariage, une pièce privée, ... très pratique, et esthétique. Virginie Fouchault nous surprend positivement. Nous avons interrogé trois adolescents, présents au spectacle « La Nuit des Rois » . Qu'est-ce qui vous a plu ou déplut dans ce spectacle ? « J'ai beaucoup aimé ce spectacle. Malgré sa longueur, les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu'au bout. J'ai particulièrement aimé la scène où la metteuse en scène a représenté l'eau, c'est à dire la toute première scène. Je l'ai trouvée belle à regarder, et j'avais l'impression de réellement voir la mer. La scène du mariage débutait elle aussi ainsi, avec la mer, elle était belle, mais plus étrange, je ne l'ai pas comprise. De plus, le déroulement de cette scène était trop rapide à mon goût. J'ai au contraire beaucoup aimé la scène des retrouvailles entre Viola et Sébastien. Le fait que tous les autres personnages soient encore présents, mais comme « effacés », donne vraiment l'impression d'intimité, que le monde s'arrête de tourner durant un instant. J'ai trouvé que Virginie avait réussi à reproduire le moment tel quel, et qu'elle avait réussi à nous entraîner avec eux » nous explique Émilie. « J'ai beaucoup aimé la scénographie ! Mais j'ai aussi trouvé le jeu des acteurs vraiment bien, et j'ai apprécié la musique!» raconte Loanne. « J'ai beaucoup aimé la première scène, quand ils ont représenté la tempête en mer, j'ai trouvé cette scène très belle! J'ai vraiment apprécié le jeu des acteurs, et en particulier celui de Sandrine Weiss. Le fait qu'il y ait plusieurs intrigues dans la pièce permet qu'il y ait des rebondissements, donc qu'on ne se désintéresse pas de la pièce qui est en train de se jouer. » nous dévoile Juliette. Qu'avez vous conclu de ce printemps théâtral ? Quel serait votre bilan ? Emilie nous répond. « Ce printemps théâtral m'a amenée à m'ouvrir aux autres, à l'art, et au monde en général. Cela m'a permis de rencontrer des gens, vers qui je n'aurais pas été, d'apprécier un spectacle, que je n'aurais pas forcément compris, ni forcément apprécié avant. J'ai réalisé que mettre en scène un spectacle n'était pas seulement faire comprendre l'histoire, mais que la mise en scène devait aussi permettre de se fondre dans l'histoire et de transmettre une ambiance. Je ne suis sûrement pas la seule à avoir trouvé cette expérience très enrichissante, et d'ailleurs je conseille fortement le printemps théâtral à tous les lycéens, qu'ils aiment ou non le théâtre ! Peut être que leur vision changera et qu'ils deviendront sensibles à l'art et au théâtre? C'est une opportunité à saisir sans hésitations! »