Terre et Nature - Château Maison Blanche

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Terre et Nature - Château Maison Blanche
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11 JUIN 2009
CHABLAIS VAUDOIS
La Maison-Blanche
fête ses 400 ans
Samedi 13 juin à Yvorne (VD), le domaine
Château Maison-Blanche ouvre ses portes
au public sur 400 ans d’histoire. Visite guidée
avec Jean-Daniel Suardet, maître vigneron,
mémoire et amoureux fou de ce haut lieu
de la viticulture vaudoise.
Chasselas roi du château
«Ce qui a changé? Tout, sauf l’apparence»,
répond aujourd’hui Jean-Daniel Suardet,
«entré en château à 25 ans, l’innocence de la
jeunesse et une formation de vigneron pour
tout bagage». En 1974, suite à un incendie,
l’imposante toiture du château est refaite à
l’ancienne. Intra muros, un remaniement en
profondeur des espaces et des aménagements est entrepris dans le respect absolu du
passé. Le bâtiment accueille désormais séminaires, réunions, expositions et manifes-
tations festives privées. Il fait même partie
du cercle très restreint des huit lieux officiels, agréés par l’Etat de Vaud, destinés à la
célébration de mariages civils et l’enregistrement de partenariats.
«Sur les 8 hectares de terres et dans les caves, la remise en question est permanente, la
progression qualitative, une exigence absolue», note Daniel Suardet. Le chasselas, qui
occupe 85% du domaine, en reste cependant
le roi incontesté, pinot noir et gamay en très
discrets vassaux. «Une diversification récente dans gamaret, garanoir, diolinoir et cabernet franc destinés à un vin d’assemblage,
et dans un salvagnin blanc dont les premières bouteilles ouvrent les festivités du
400e anniversaire, relève de notre volonté de
montrer qu’on sait faire autre chose. Encore
que le chasselas de Château Maison-Blanche n’ait pas grand-chose d’un Yvorne typique. L’éboulement de 1584 a laissé des traces;
le sol y est profond, la minéralité différente.»
Les connaisseurs ne s’y trompent pas. «Non
seulement nous n’avons jamais été confrontés à un problème de surproduction, mais
l’an dernier, on a manqué de vins pendant
deux mois et demi.» L’appartenance à la confrérie Clos, Domaines et Châteaux, «le seul
groupe à travailler sur le patrimoine», n’y est
pas non plus étrangère. En se positionnant
dans le haut de gamme, Château MaisonBlanche a tous les atouts en main pour devenir un premier grand cru, au sens de la nouvelle législation fédérale sur les AOC. «Une
chance et une charge qui ne donnent pas le
droit de se louper! Le bonheur de travailler ici
s’en porte garant.»
Marie Dougoud £
+ D’INFOS Samedi 13 juin de 10 h à 20 h,
portes ouvertes au public. Déjeuner-dégustation
sur réservation au tél. 024 466 32 10 ou
e-mail: [email protected].
Château Maison-Blanche, 1853 Yvorne (VD),
tél. 024 466 68 69, e-mail: [email protected], www.chateau-yvorne.ch
➊ Le château cultive la tradition avec
85% de ses 8 hectares de vigne
consacrés au chasselas.
➋ Les vendanges au domaine dans les
années 1950.
➌ L’étiquette qui orne les bouteilles
est tirée d’une vue du château datant du
début du siècle dernier.
➍ Devant un tonneau anniversaire du
400e, Daniel Suardet, maître de chais,
présente une bouteille de salvagnin
blanc vinifié spécialement pour
l’occasion.
© PHOTOS JEAN-CLAUDE CURCHOD/DR
C’
est une histoire de pierre et de
terre avant d’être celle d’une vigne et de ses vins. En 1573, dans
un paysage de pentes abruptes dominant la
plaine aiglonne, les Sieurs d’Erlach s’offrent
«une place au balcon» en y érigeant une résidence d’été aux murs tout de blanc chaulés.
Onze ans plus tard, un gigantesque éboulement déferle des hauteurs de Corbeyrier,
emportant tout sur son passage. Le site y gagne le nom d’Ovaille, «catastrophe» en vieux
français. La peur d’une récidive retarde la
construction d’une nouvelle maison blanche, attestée par une dédicace gravée dans la
pierre en 1609.
Enrichie au fil des décennies de parcelles de
vigne gagnées à la force du poignet sur le
taillis, la demeure est acquise en 1750 par
Frédéric Würstenberger, gouverneur de
Leurs Excellences de Berne à Aigle. Ses descendants la parent en 1870 de signes extérieurs de richesse, un donjon et un clocheton, légitimant son titre de Château MaisonBlanche qui déjà, rayonne bien au-delà du
Chablais. Mais sa vocation de fleuron du vignoble vaudois, il la doit aux deux familles
rolloises Schenk et Rosset. Actives dans la
viticulture, l’encavage, le négoce de vins et la
pépinière viticole, elles l’acquièrent en copropriété en 1930 et n’auront dès lors de
cesse de peaufiner sa réputation.