Dévouement - L`oiseau rare
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Dévouement - L`oiseau rare
L’OISEAU RARE nVER DEV 1 P eu de personnes s’estiment sincèrement misérables. Il faut pour cela avoir été privilégié de Dieu. C'est l'oiseau rare. Avec le temps, quand on a éprouvé sa fragilité, qu'on a vécu avec soi -même, on se connaît assez pour pouvoir, se dégager très sincèrement soimême, se compter pour rien, et accepter de n'être compté pour rie n. On ne se fâche plus, si les autres trouvent en nous des défauts. Quel est celui, en effet, qui n'est pas orgueilleux, qui n'est pas pares seux, qui n'est pas plus ou moins porté à la colère, à l'impatience ? Qui n'éprouve pas des révoltes intérieures,des soulèvements ? Qui n'est pas attaché à sa volonté, à son amour -propre ? Tout cela se trouve au fond de chacun de nous, et c'est sur la connaissance qu'on a de sa fragilité, de sa misère, que se fonde la juste estime de soimême. Alors la confiance en soi-même est remplacée par la confiance en Dieu, et si on y ajoute la générosité, le désir absolu de se donner, de se sacrifier, voilà le dévouement. Le dévouement ne consiste pas à faire ceci ou cela, à être plus ou moins occupé, à avoir la force ou la capacité de remplir tel ou tel emploi. Il se trouve aussi bien dans l'occupation la plus humble, la plus cachée de la maison, que dans la charge la plus relevée et apostolique. Il consiste dans le dégagement de soi-même, l'oubli de soi, le sacrifice, dans cette bonne grâce vis-à-vis des petits ennuis, des difficultés, des travaux de chaque jour, et dans le désir sincère de faire toujours et en tout la volonté de Dieu. Le dévouement convient aussi bien aux malades qu'à ceux qui sont en bonne santé. Mais il est plus difficile de s'abandonner dans la maladie que dans la santé, plus difficile d'être dans un emploi obscur que dans un autre où l'on se rend davantage compte du bien que l'on fait, ce qui, pour le dire en passant, ne fait pas toujours avancer dans l'humilité Plus nous nous approcherons de Dieu dans l'oraison, plus nous arriverons à ce dégagement, à cette indifférence qui correspond au second degré d'humilité dont parle saint Ignace : l'âme alors s'oublie. Elle n'a plus d'hésitation, plus de choi x. Elle ne désire plus ceci ou cela, mais veut simplement et uniquement que la volonté de Dieu s'accomplisse en elle et en tous. Cela ne veut pas dire pourtant, qu'on devienne insensible, indifférent à tout, qu'on ne sente plus ni attaches, ni répugnances: qui ne préférerait naturellement la santé à la maladie, le repos à la peine, la joie à la douleur? On ressent tout cela. Mais on accepte ce que Dieu envoie. Aussi remarquez que saint Ignace ne dit pas : “Je suis indifférent” mais: “Je me FAIS indifférent”, c'est -à-dire qu'à force de volonté, de générosité, on surmonte les répugnan ces de la nature, pour accepter indifféremment de la main de Dieu la santé ou la maladie, l'honneur ou le mépris, la joie ou la peine, tel travail qui nous va, ou tel autre qui nous plaît moins. La volonté ainsi disposée à ne vouloir et à n'aimer que ce que Dieu veut, s'attache par son choix libre à ce qui plaît au Seigneur, le fait volontiers, avec amour, et ne retombe pas toujours sur elle-même. Alors commence le dévouement. Le plus grand obstacle au dévouement, c'est le repli sur soi, l'amour de soi. Ayant tout donné à Dieu, ce qu'il faut lui donner par -dessus tout, c'est nous mêmes. Mais on n'y arrive pas du premier coup, et souvent, tout en désirant faire ce qui plaît à Dieu, nous voulons retrouver notre avantage en le faisant.. C'est pourquoi il importe de veiller sur soi et de se donner sans cesse et sans mesure. Comment être contents, au milieu des mille contrariétés de la vie, de tant de choses qui s'opposent ànotre volonté, sinon en voulant toujours et en aimant par-dessus tout la volonté de Dieu ? Pour celle-là, il n'y a pas de crainte à avoir, elle se fera toujours ! En toutes choses, petites ou grandes, abandonnez-vous donc à Dieu avec amour. Alors vous serez vraiment heureux et vraiment saints ; heureux, parce que, entre Dieu et vous, il n'y aura pasde contradictions; saints, parce qu'il n'ypas a de plus grande sainteté que l'amour de Dieu et l'union à sa volonté. 12 10 73 Marie-Eugénie -“ Fiches Spirituelles ” 17, rue de l’Assomption 75016 PARIS