Rwanda - Trade for Development Centre

Transcription

Rwanda - Trade for Development Centre
TRADE FOR DEVELOPMENT
LE COMMERCE
EQUITABLE et durable
au rwanda
ÉDITEUR RESPONSABLE
Carl Michiels
COORDINATION
La Machine à Écrire sccs
RÉDACTION
Marc VANHELLEMONT
CONCEPTION
Julie RICHTER
PHOTO COUVERTURE
Guenter GUNI
Cette publication du Trade for Development
Centre ne représente pas l’avis officiel de la
Coopération belge au Développement
Bruxelles, janvier 2010
2
Avant-propos
Joab Jonadav Keki, initiateur du projet
Au cœur de l’Afrique de l’Est, entre la Tanzanie et l’Ouganda, le Rwanda a
connu le génocide le plus rapide de l’Histoire avec l’extermination de plus
d’un million de ses habitants en 1994, parce que nés Tutsi ou reconnus
opposants à la dictature. Aujourd’hui, le Pays des Mille Collines se reconstruit
avec dignité. Sécurité retrouvée, corruption plutôt faible, nombreux transports ponctuels... sont des atouts pour le visiteur et pour le développement
du commerce équitable et/ou durable.
Avec environ 90% de sa population travaillant dans l’agriculture, le Rwanda
développe principalement deux grandes cultures d’exportations (le café et
le thé) ainsi que plusieurs autres cultures vivrières (haricots, bananes, pois,
manioc, patates douces…). Lancé en 2000, le programme Vision 2020 du
Gouvernement rwandais promeut avant tout l’entreprenariat ainsi que la
modernisation de l’agriculture. Malgré cela, la faiblesse des cours mondiaux
du café, des conditions climatiques difficiles et la nécessaire restructuration
du pays empêchent depuis quelques années la croissance de repartir à la
hausse. Et le secteur agricole du pays, qui compte pour plus de 40% du
PIB, ne parvient toujours pas à nourrir les 8,5 millions de Rwandais.
Dans ce contexte, les initiatives de commerce durable et équitable prennent
toute leur raison d’être et attirent des investisseurs étrangers européens et
américains surtout. Cette brochure fait le point d’une part sur les changements en cours au Rwanda et présente d’autre part les initiatives nées ces
dernières années.
2
LE RWANDA, UN PAYS EN RECONSTRUCTION
4
LE COMMERCE EQUITABLE : FILIERES, ACTEURS ET ORGANISMES
5
L es origines du commerce équitable
Le commerce équitable, c’est quoi?
Filière labellisée et filière intégrée
Les acteurs clés dans le commerce équitable (CE)
LES GRANDES ORGANISATIONS : COUPOLES INTERNATIONALES
DU COMMERCE EQUITABLE
7
WFTO - World Fair Trade Organisation
FLO - Fairtrade Labelling Organisation
EFTA - European Fair Trade Association
FINE
LES INITIATIVES DE COMMERCE EQUITABLE AU RWANDA
9
Le rôle de la COFTA et de la RWAFAT
Cards from Africa
La Coopérative des Producteurs Artisanaux de Butare(COPABU)
Les « Dancing Pots » de l’asbl COPORWA
LA FILIERE DU CAFE AU RWANDA
14
La coopérative ABAHUZAMUGAMBI BA KAWA
Les coopératives certifiées par FLO
La Coopérative Abakundakawa – ABK
La Coopérative pour la Promotion des Activités-Café – COOPAC
The Pygmy Survival Alliance
La Coopérative des caféiculteurs de Gashonga – COCAGI
La Coopérative Dukunde Kawa
Starbucks et FLO avec Dukunde Kawa
La Coopérative Abahinzi ba Kawa Karaba – Koakaka
Les huit coopératives équitables de la Misozi Coffee Company Ltd
LE THE AU RWANDA
26
Une nouvelle stratégie pour les secteurs du thé Rwandais
Une seule société certifiée FLO
L’INTERVENTION DU «TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE»
DE LA COOPERATION TECHNIQUE BELGE AU RWANDA
28
EN CONCLUSION
30
3
Le pays des mille collines
Avec une population estimée en 2004 à 8,5 millions
d’habitants,1 le Rwanda est le pays le plus densément
peuplé d’Afrique mais également l’un des plus pauvres.
Situé dans la Région des Grands Lacs, le « pays des
mille collines » alterne collines et montagnes abruptes
mais souffre surtout d’une situation qui freine fortement
son développement socio-économique. Le Rwanda est
en effet enclavé en Afrique de l’Est, avec l’Ouganda au
Nord, la Tanzanie à l’Est, le Burundi au Sud et la République démocratique du Congo à l’Ouest. Le port le plus
proche, Dar Es Salaam se situe en Tanzanie à quelque
1400 km de ses frontières, soit quasiment à dix jours
de route.
Le pays s’est dès lors depuis quelques années engagé
dans le développement de ses infrastructures routières et aériennes afin d’améliorer ses exportations et sa
compétitivité sur les marchés internationaux.
Le programme « Vision 2020 »
Depuis la fin de la guerre civile en 1994 qui a entraîné
la mort de plus d’un million de Tutsis, le Rwanda se
reconstruit lentement et met progressivement en place
de nouvelles institutions démocratiques. Il a adopté
une nouvelle constitution en 2003 et a connu des
élections parlementaires et présidentielles en septembre 2003. Les prochaines sont prévues en août 2010.
Le Rwanda ne possède que peu de ressources naturelles et son industrie n’est pas très développée. L’agriculture occupe près de 90% de la population qui présente
par ailleurs un taux d’analphabétisme de l’ordre de 47% 2.
Mis en place par le Ministre des Finances et de la
Planification économique en 2000, le programme
« Vision 2020 » a pour ambition de sortir le pays du sous
développement et de la pauvreté en combinant des
objectifs de croissance économique avec des objectifs
sociaux (éradication de la pauvreté extrême et de la
faim). Cette stratégie, déclinée dans un Plan Stratégique de Transformation de l’Agriculture, vise à transformer l’agriculture de subsistance en une agriculture de
marché et surtout à réduire de 90 à 50 le pourcentage
de la population travaillant dans le secteur agricole3.
« Il s’agit d’améliorer l’utilisation des sols, leur conservation et gestion, (…), de promouvoir la formation des
4
groupements d’agriculteurs et des associations
professionnelles, et d’améliorer le stockage, les places
de marchés et l’infrastructure routière afin de réduire
l’isolement des agriculteurs.
Il est également prévu d’encourager la diversification
des cultures et des produits plus rémunérateurs et plus
nutritifs, tels que la pomme de terre, le manioc, le maïs,
le sorgho, le blé et le soja » 4.
Thé et café
Base de l’économie rwandaise, le secteur agricole a
représenté, au cours de la période 2000-2004, près
de 45% du Produit intérieur brut (PIB) et près de 80%
des recettes en devises . La production de thé, principale culture de rente, a connu une forte hausse entre
1995 et 2002, tandis que la production de café a connu
dans le même temps une baisse de production d’environ 14%, due principalement à la sécheresse et à la
fluctuation des prix sur les marchés internationaux. Ces
deux cultures sont parmi les plus importantes exportations du pays. C’est donc principalement dans ces
deux secteurs que se sont mises en place les initiatives
de commerce équitable décrites dans cette brochure.
LES ORIGINES
DU COMMERCE EQUITABLE
LE COMMERCE EQUITABLE,
C’EST QUOI ?
Le commerce équitable est né d’un constat simple :
les écarts de richesse entre les populations des pays
les plus riches et celles des pays les plus pauvres ne
cessent de se creuser malgré les sommes investies
dans l’aide au développement.
En 2001, les principales organisations internationales
du commerce équitable (la World Fair Trade Organisation, la Fair Trade Labelling Organizations - FLO et le
Network of European World Shops) s’entendent sur une
définition commune :
En moins d’un siècle, l’écart de revenus entre les 20 % des
pays les plus riches et les 20% des pays les plus pauvres
est passé de 11 contre 1 en 1913 à 75 contre 1 aujourd’hui.
Guerres, catastrophes naturelles, infrastructures défaillantes, corruption,… les causes de ce déséquilibre
sont multiples mais parmi celles-ci figurent indubitablement des problèmes économiques structurels de fond.
La spéculation sur les matières premières, la spirale
de l’endettement, la concurrence subventionnée des
producteurs des pays du Nord, tous ces mécanismes
constituent autant d’obstacles au décollage des pays les
plus pauvres qui ne maîtrisent pas leur développement.
« Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect,
dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité
dans le commerce mondial.
Bien que ces inégalités commerciales aient été mises
en évidence dès le 19e siècle (notamment avec la publication en 1860 du roman du Néerlandais Edouard
Douwes Dekker dont Max Havelaar est le héros), c’est
à partir de l’Après-Guerre qu’apparaissent les premiers projets de commerce équitable, par des organisations américaines et anglaises (Thousands Villages aux Etats-Unis et l’ONG Oxfam au Royaume-Uni).
C’est en 1964, lors de la Conférence des Nations unies
pour la Coopération et le Développement (CNUCED),
qu’est définie pour la première fois la notion de commerce équitable, « Le commerce, pas la charité »
(« Trade, not Aid »), qui en constitue le principe fondateur.
Les premiers magasins de commerce équitable
s’ouvrent en Europe dès la fin des années 60, tandis
que se mettent en place dans les pays en développement les coopératives et associations de producteurs
qui vont bénéficier de ces échanges plus justes, d’abord
dans les secteurs de l’artisanat et de l’agriculture.
5
Il contribue au développement durable en offrant de
meilleures conditions commerciales et en garantissant
les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les
organisations du commerce équitable (soutenues par
les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener
campagne en faveur de changements dans les règles et
pratiques du commerce international conventionnel ».
Pour soutenir la mise en œuvre de ce système économique, ces organisations listent les 10 grands
principes à respecter :
• Créer des opportunités pour les producteurs qui sont
économiquement en situation de désavantage.
• Favoriser la transparence et la crédibilité.
• Encourager la capacité individuelle.
• Promouvoir le commerce équitable.
• Garantir le paiement d’un prix juste.
• Veiller à l’égalité entre les sexes.
• Assurer des conditions de travail décentes.
• Eviter le travail des enfants.
• Protéger l’environnement.
• Encourager des relations commerciales fondées
sur la confiance et le respect mutuel
Concrètement, le commerce équitable garantit aux producteurs des pays les plus pauvres des prix
d’achat plus rémunérateurs que les cours mondiaux ainsi qu’une relative stabilité des prix et la mise
en place de conditions et de délais de paiement favorables (voire des possibilités de préfinancement),
qui évitent aux paysans et aux artisans de brader leurs produits ou d’avoir recours à des prêts usuriers.
Le prix équitable est négocié. Il doit pouvoir couvrir tous les coûts de production du produit, y compris les coûts
environnementaux, et assurer aux producteurs un niveau de vie décent. De plus, les acheteurs du commerce
équitable s’engagent généralement en faveur de programmes sociaux (alphabétisation, accès aux systèmes
d’éducation et de soins, etc.) et soutiennent les investissements productifs des organisations de producteurs.
FILIERE LABELLISEE ET FILIERE INTEGREE
Depuis 1988 et la création d’une part de l’IFAT, l’Association Internationale du Commerce Equitable (devenue
en 2009 la WFTO, l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable), et le lancement du label Max Havelaar
d’autre part, on observe l’émergence et la coexistence
de deux grandes filières de régulation du commerce
équitable : la filière intégrée (avec la WFTO et l’EFTA
notamment) et la filière labellisée (avec en particulier
FLO Max Havelaar).
Mode d’organisation historique du commerce équitable, la filière intégrée présente comme caractéristique principale le fait que tous les acteurs intervenant
dans l’élaboration et la commercialisation du produit
(producteur, transformateur, importateur et points de
vente) sont engagés dans le commerce équitable et
se conforment volontairement (voire activement) à ses
principes.
Ainsi, ce sont ces acteurs de la filière qui bénéficient de
la certification (généralement associée à un logo) correspondant à ces règles et critères, qu’ils ont généralement définis collectivement.
La filière labellisée repose sur la certification du produit commercialisé.
Les entreprises qui élaborent ces produits s’engagent
à respecter un cahier des charges précis et à s’approvisionner auprès d’organisations de producteurs des
pays en développement (des coopératives souvent) qui
ont été agréées par l’organisme de labellisation. Ces
produits labellisés peuvent ensuite être commercialisés
dans n’importe quel point de vente, y compris la grande
distribution classique. Le label Max Havelaar, qui représente le label FLO en Belgique notamment, est le plus
célèbre d’entre eux.
La coexistence de ces deux filières illustre l’existence
de visions différentes du commerce équitable qui portent en particulier sur le type de relations à établir avec
les acteurs économiques privés (multinationales, grande distribution) et sur des divergences entre une vision
de développement (et de dénonciation du commerce
international) d’un côté et une perspective commerciale
reposant sur le contrôle d’autre part.
6
LES ACTEURS CLES
DANS LE COMMERCE EQUITABLE (CE)
•
Les organisations de producteurs ou de travailleurs qui produisent, cultivent ou transforment les
matières premières locales. Pour participer aux programmes de CE, ils doivent adhérer à une organisation
agréée. Dans les pays du Sud, c’est le plus souvent
Fairtrade Labelling Organisations qui certifie les organisations.
• Les opérateurs sur les marchés , exportent, importent ou transforment les produits du CE. Par exemple, Oxfam Fair Trade ou Maya Fair Trade en Belgique,
ou tout autre opérateurs « conventionnel » travaillant
avec des produits équitables. .
• Les détaillants, enfin, qui vendent directement
aux consommateurs, soit à travers des commerces
spécialisés, comme par exemple, les Magasins du
monde, soit, de plus en plus, dans des chaînes de
supermarchés traditionnels.
WFTO - WORLD FAIR TRADE ORGANISATION FLO - FAIRTRADE LABELLING ORGANIZATION
(Organisation Internationale
(Organisation de Labellisation
de Commerce Equitable)
du Commerce Equitable)
Avec ses 350 organisations membres (dont 65 % proviennent des pays du Sud) représentant l’ensemble des
maillons de la chaîne du commerce équitable (producteurs, transformateurs et distributeurs), la WFTO, l’Organisation Internationale de Commerce Equitable, est
considérée depuis sa création en 1989 comme le principal coordinateur des organisations du secteur.
Depuis 2004, le « chapitre africain » de l’organisation
est assuré par « Cooperation for Fair Trade in Africa »
(COFTA) qui rassemble environ 70 organisations
venant de 20 pays africains. En juin 2007, COFTA a créé
au Rwanda la « Fédération rwandaise du commerce
alternatif - RWAFAT », présentée en page 8.
Jusqu’il y a peu, la WFTO s’appelait l’IFAT, l’International
Fair Trade Association (Association Internationale de
Commerce Equitable). En tant que structure emblématique de la filière intégrée, la WFTO ne labellise pas des
produits mais des organisations qui jouissent alors du
label FTO, accordé après une évaluation à partir des
critères et standards exigeants.
Lieu d’échanges d’information et d’expériences, la
WFTO rassemble par ailleurs des centaines d’organisations lors de ses conférences internationales considérées parmi les événements les plus importants pour la
filière équitable.
Pour en savoir plus
www.wfto.com
7
A la fois fédération des organisations de labellisation et
structure indépendante en charge d’un label de commerce équitable, FLO (Fairtrade Labelling Organization)
établit des standards de commerce équitable, contrôle
leur mise en œuvre et certifie les produits répondant à
ces standards.
Pour assumer au mieux ses missions, FLO se compose de deux structures distinctes : FLO International et
FLO-Cert.
Association composée de plus de 20 organismes nationaux de certification dont 15 européens (en Belgique et
en France, c’est Max Havelaar qui représente le label),
FLO International conçoit et développe des normes
équitables (de manière spécifique pour chaque type de
produit), soutient de nouvelles filières et appuie le renforcement des organisations de producteurs.
A ce titre, FLO-Cert certifie des organisations
de producteurs et délivre des agréments aux acteurs
économiques de la filière (importateurs, exportateurs,
transformateurs et marques) au terme d’audits et de
contrôles réguliers.Ce sont plus de 500 organisations
(coopératives et plantations) dans plus de 50 pays
d’Afrique (dont le Rwanda), d’Asie et d’Amérique du
Sud qui ont d’ores et déjà été certifiées.
Pour en savoir plus
www.fairtrade.net
EFTA - EUROPEAN FAIR TRADE ASSOCIATION
(Association Européenne
de Commerce Equitable)
Sorte de club historique d’organisations leaders dans
leurs pays, l’EFTA rassemble les principales centrales
d’importation européennes de commerce équitable qui
s’approvisionnent auprès de 400 groupes de producteurs des pays émergents.
Créée en 1990 comme plateforme de partage d’informations et de bonnes pratiques, l’EFTA a pour objectif
de développer les importations de produits équitables
en renforçant les synergies et en encourageant les
échanges d’expériences entre ses membres. L’EFTA est
davantage un outil de travail qu’un outil de représentation politique, au sein duquel ont notamment été développés des bases de données partagées et un système
de monitoring mutualisé.
Pour en savoir plus :
www.european-fair-trade-association.org
FINE
Ces institutions majeures forment le FINE qui a pour but de coordonner leurs actions, de donner un même sens
au commerce équitable et surtout de construire et de préserver la confiance nécessaire au bon développement
du commerce équitable.
8
LE ROLE DE LA COFTA ET DE LA RWAFAT
Créée en 2004, la « Coopération pour le commerce équitable en Afrique – COFTA » est le chapitre régional de
l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO, ex-IFAT) et fédère 90 organisations venant de 24 pays
africains, principalement dans le secteur de l’artisanat (80% du réseau). COFTA s’engage à renforcer la capacité
de ses membres à conquérir de nouveaux marchés en les assistant dans le développement de leurs produits et en
partageant des ressources dans le respect des principes et structures régissant le commerce équitable.
La COFTA a déjà développé des réseaux au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda et au Swaziland, d’autres seront bientôt
mis en place au Sénégal et au Zimbabwe. Le but est d’avoir un réseau par pays membre de l’organisation.
9
Créé au Rwanda en juin 2007 par la COFTA, la Rwanda
Fair Trade Association (Fédération rwandaise du
Commerce alternatif - RWAFAT) rassemble divers
petits producteurs de commerce équitable et souhaite
créer un réseau national contribuant à l’éradication de
la pauvreté au Rwanda. RWAFAT dispose actuellement
d’un comité provisoire (qui agit comme un comité de
pilotage) et met en place, avec le soutien notamment
de la CTB (l’Agence belge de développement), un plan
stratégique de deux ans – le RWAFAT Network Development Network axé sur quatre axes :
• le développement au sein du réseau de systèmes et
de structures pleinement fonctionnelles et le renforcement des structures de gouvernance.
• l’augmentation de l’implication et de la participation
des producteurs du commerce équitable membres du
Réseau dans le processus décisionnel et la croissance
de celui-ci,
• le renforcement de l’impact (y compris la visibilité locale) du réseau au Rwanda en soutenant la croissance
du réseau et en mettant en œuvre des actions de sensibilisation et de lobbying,
LES MEMBRES DE LA RWAFAT
La Fédération RWAFAT compte actuellement trois
membres : Cards from Africa , la Coopérative des
Producteurs artisanaux de Butare (COPABU) et l’asbl
COPORWA.
CARDS FROM AFRICA
Conçue en 2004 par Chris Page, la société « Cards from
Africa » s’inspire de l’initiative d’un médecin kenyan
menée avec les femmes d’un bidonville de Nairobi.
L’idée est simple : faire fabriquer des cartes postales en
papier et à la main par des enfants orphelins, victimes
du génocide, et les vendre à travers tout le continent
africain. Située dans la banlieue de Kigali, l’entreprise
offre à une vingtaine d’orphelins de 18 à 25 ans des emplois de qualité leur permettant de retrouver confiance
en eux et en leurs capacités.
• l’appui à la viabilité du réseau pour répondre aux
besoins des membres, y compris l’accès au marché, et
en particulier le soutien des ventes dans le marché local
et régional pour les petits producteurs avant d’envisager une quelconque exportation.
« Membre de COFTA et de RWAFAT, ‘Cards from Africa’
est profondément attachée, explique Chris Page, aux
principes du commerce équitable. Par exemple, l’âge
minimum d’embauche est de 18 ans, afin de protéger
l’accès à l’éducation des enfants au Rwanda. Nous
versons des salaires supérieurs au marché local et
encourageons nos employés à épargner. De plus, nous
faisons notre propre papier à partir du papier de rebut
qui, autrement, serait brûlé. Nous protégeons donc aussi
notre environnement en contribuant à notre économie
locale. »
Selon son promoteur, ce projet a vraiment amélioré la
vie des travailleurs, car « la plupart des jeunes orphelins
au Rwanda n’ont pas reçu beaucoup d’éducation, les
petits boulots ne rapportent qu’un dollar par jour, et ce,
parfois dans des conditions dangereuses et difficiles de
travail. A « Cards from Africa », un « cardmaker » peut
gagner plus de 6 $ par jour dans un environnement sûr,
propre, et retrouver de la dignité. Avec ce salaire, ils
sont alors en mesure de fournir de la nourriture, un
logement, des soins de santé ou de l’éducation à leurs
jeunes frères et sœurs. Notre espoir est de permettre à
chacun d’un jour créer sa propre entreprise » 6 .
Plus d’infos : www.cardsfromafrica.com
10
LA COOPERATIVE DES PRODUCTEURS ARTISANAUX DE BUTARE(COPABU)
Le retour massif des refugiés en octobre 1996 a permis
à un grand nombre d’artisans de reprendre leur métier.
A Butare, l’une des plus importantes villes du pays, les
artisans ont fondé en 1997, avec l’appui du projet allemand « GTZ-Promotion de l’Artisanat à Butare», la
COPABU - Inganzo Yacu, un comptoir de vente des
produits artisanaux, communément appelé « Exposition
- vente permanente ». Les membres artisans produisent
chacun sur leur propre lieu de production et livrent les
produits au comptoir selon leur capacité.
La COPABU rassemble aujourd’hui quelque 63 artisans
et 51 associations de producteurs. Leurs produits sont
très variés (sculptures en bois de Jacaranda et d’Umusave, jouets en bois, vannerie traditionnelle, cartes de
vœux, ferblanterie et objets en fer forgé) et sont vendus
au prix fixé par l’artisan, 22% de la recette allant à l’association pour développer ses activités.
La Coopérative est également membre de la «Fédération des Associations des Artisans de Butare»
(FAAB) dans laquelle elle joue un rôle très important
grâce à son poids économique dans la région mais surtout à cause des exportations effectuées dans le cadre
du «commerce équitable» avec l’Italie. Elle est ainsi capable de donner des petits crédits aux membres qui le
désirent, les produits en vente à la boutique servant de
garantie partielle.
« Cette base solide, expliquent les responsables de la
FAAB, permettra à la COPABU de développer d’autres
stratégies pour augmenter son marché, intérieur et extérieur. En premier lieu, il faudrait augmenter les capacités de production dans la Province de Butare pour ne
plus devoir importer, comme à une certaine époque,
des produits des provinces avoisinantes. Beaucoup de
formations techniques, surtout pour les vanniers, sont
encore nécessaires. Nous cherchons d’ailleurs un financement pour la construction d’un Centre de formation,
de production et d’innovation. (…) Secundo, le marché
doit être élargi petit à petit dans le sens d’une diversification de partenaires commerciaux, quelle que soit
leur provenance (commerce équitable ou commerce
ordinaire). Des contacts avec des importateurs américains sont encourageants mais pas encore concluants
dans le sens des marchés fermes. Mais aussi sur le marché interne rwandais, il y a encore des parts à gagner.
(…) Troisièmement, les problèmes typiques de l’Afrique
dans le commerce comme la qualité de produits et la
livraison à temps (planification et mise en pratique) surtout dans le cadre de l’exportation nécessitent une attention particulière parce que un défaut dans une des
deux catégories amènera forcement à la coupure des
liens commerciaux » 7 .
Plus d’infos :
www.copabu.co.rw et www.pasud-faab.org.rw
11
Fin 2006, la COPABU a créé avec la coopérative
Kakira dans la province de l’Est, la coopérative de production de Muhanga COPARWA et
la Coopérative de production de Nyamagabe
COPAF, l’Union des Coopératives d’Artisanat
d’Art du Rwanda – RWANDA - ART en abrégé.
Son objectif est de permettre à tous ses membres de promouvoir leurs produits artisanaux
auprès des marchés à l’exportation en Europe,
dans les pays voisins et en Afrique du Sud.
Plus d’infos : www.rwanda-art.com
LES « DANCING POTS » DE L’ASBL COPORWA
Lancé en 2001 par un groupe de 14 potiers avec le
soutien du Forest Peoples Programme (FPP) (cf encadré), le projet « Dancing Pots » a pour objectif prioritaire
le soutien des pygmées Batwa (ou Twa) du Rwanda et
est d’ailleurs mené par la « Communauté des Autochtones Rwandais » - la CAURWA, la principale organisation twa du pays. Premiers occupants des forêts
équatoriales d’afrique centrale, les pygmées batwa ont
été souvent déplacés et marginalisés, d’abord par les
colons et les pasteurs, mais surtout par le déboisement
massif des forêts et la création de parcs de chasse.
Pour Scholastique Muzakonga, auteure de plusieurs
livres sur les Tutsis et le Rwanda, « les Batwa sont,
au Burundi comme au Rwanda, une catégorie de la
population qui a été malheureusement longtemps
marginalisée et méprisée. Ils sont pour la plupart spécialisés dans la poterie qu’ils troquent ou vendent sur
les marchés. Cependant, certains, à la cour royale du
Rwanda, occupaient des positions importantes: ils
étaient les maîtres à danser. Les Batwa, mis à l’écart,
étaient pourtant des artisans indispensables. Ils étaient,
avant l’arrivée de la vaisselle made in Hong Kong, les
seuls fournisseurs d’ustensiles ménagers. Comment,
sans les potiers Batwa, aurait-on pu se procurer les cruches pour aller chercher de l’eau, faire cuire les aliments
et conserver la bière? » 8 .
Même si tous les Batwa du Rwanda ne sont pas potiers
et que tous les potiers ne sont pas batwa, plus de 90%
d’entre eux travaillent dans la poterie et c’est donc un
art largement associé aux Twa.
12
Le projet de CAURWA allie donc les compétences
traditionnelles des Batwa que sont la danse et la poterie
en créant une entreprise de commerce équitable artisanale où les pygmées vont fabriquer des pots et les vendre au public au « Centre de la Poterie » de Kigali mais
également au cours de démonstrations de danses.
Les principales activités de l’asbl, explique son directeur
Zéphyrin Kalimba sont « la modernisation et la valorisation des produits fabriqués en argile, les formations
professionnelles de la poterie moderne et céramique, la
construction de fours technologiques ainsi que la commercialisation des produits fabriqués en argile. Sans
oublier les activités de sauvegarde de la culture des
potiers du Rwanda (danse, poésie, théâtre, chanson). »
En octobre 2007, après des années de tractations avec
le Gouvernement rwandais qui, suite aux conflits ethniques, souhaitait souligner que tous les Rwandais étaient
autonomes et ne plus faire référence précisément aux
ethnies, l’asbl a changé de nom et est devenue la
« Communautés des Potiers Rwandais », la COPORWA.
Ce changement lui a permis d’obtenir l’enregistrement
permanent en tant qu’ONG et donc de pouvoir continuer ses activités vitales de soutien à la communauté
Batwa.
L’asbl est labellisée Fair Trade par la World Fair Trade
Organization et est également membre de la RWAFAT.
D’après le Groupe international de travail pour les
Peuples Autochtones (GITPA), depuis 2007, « la COPORWA a continué son travail sur les moyens de subsistance, sur l’éducation et sur les droits de l’Homme, et
a continué à percevoir un certain financement du gouvernement en lien avec leurs programmes sociaux pour
les communautés (Ba)Twa, qui concernent notamment
l’éducation, la santé et le logement. (…). Le projet contribue à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
développement, et est compatible avec la réduction de
la pauvreté du gouvernement rwandais et de la stratégie
économique des régions rurales, car elle réduit le nombre de Rwandais dépendant de l’agriculture de subsistance et encourage le renforcement des capacités dans
les activités non agricoles génératrices de revenus » 9 .
Basé sur les principes du commerce équitable (salaire
équitable dans le contexte local, participation aux décisions, conditions de travail sûres, protection des femmes et des enfants, respect de l’environnement), la COPORWA a obtenu, également en 2007, un financement
conséquent du Big Lotery Fund britannique. Ce qui lui
permet de développer aujourd’hui un nouveau plan
d’actions étalées sur quatre ans, visant à augmenter
les compétences et la capacité de production et des artisans et à améliorer leur accès aux marchés nationaux
et internationaux. « De 2001 à nos jours, confirme Zéphyrin Kalimba, Dancing Pots encadre 10 associations
coopératives regroupant 192 potiers (102 femmes et 90
hommes). L’asbl aide en outre chaque année 150 petites coopératives batwa au niveau des « intrants agricoles » (semences, fertilisants, pesticides…), de l’achat
de petit bétail, de la formation à l’agriculture, de l’alphabétisation des adultes ou de la représentativité dans les
instances politiques et administratives locales. »
Infos : Communauté des Autochtones Rwandais
COPORWA asbl, B.P. 3809 Kigali, Rwanda
tél. et fax: +250 50 23 57 ou 55 10 75 41
www.coporwa.org
13
LE CONTEXTE
Dans les années 1970, la renommée du café rwandais,
qui était parmi les plus réputés dans le monde, a entamé une lente mais certaine décroissance. En cause,
la chute des prix du café sur les marchés internationaux mais aussi la libéralisation du secteur menée par
le pays. Celle-ci a fortement découragé les ménages
caféicoles, qui sont passés de 42% en 1990 à 18%
en 2001, et entraîné très logiquement une forte chute
des recettes d’exportation générées par le café qui ont
baissé de 65% en dix ans 10 .
A ces problèmes de rendement, de qualité et de prix du
café, s’ajoute une autre donnée structurelle.
« Au Rwanda, le café a véritablement été planté un peu
partout sans tenir compte du potentiel réel des différentes régions du pays pour cette culture. L’idée s’est donc
peu à peu imposée de mieux localiser les terroirs de
production en identifiant les meilleures terres pour cette
culture et les producteurs les plus motivés » 11 .
14
En plus de cela, pendant les années de guerre civile,
nombreux furent ceux qui très naturellement ont abandonné leurs caféiers ou les ont arrachés afin de se
consacrer à des cultures plus prioritaires à leur survie.
« Avant le génocide, 52 000 hectares étaient couverts
de plantations caféières. Mort ou fuite de leurs anciens
propriétaires, manque d’entretien ou arrachage par les
nouveaux occupants : quatre ans plus tard (en 1998 – ndlr),
on estimait que seuls 24 000 hectares avaient été préservés » 12 .
Depuis le début des années 2000, la filière se reconstruit peu à peu. Le Rwanda a replanté 4 à 6 millions de
caféiers par an et bénéficié dans le même temps d’une
remontée des cours mondiaux et d’une baisse du taux
de change de sa monnaie. Ce qui a renforcé sa compétitivité et attiré les investisseurs étrangers, essentiellement américains et anglais (cf. ultra).
Ces capitaux, combinés aux aides de l’Etat rwandais, ont permis de construire des installations modernes, de
nouvelles stations de lavage et surtout de former les planteurs.
15
« Aujourd’hui, le caféiculteur assure seulement la cueillette des cerises (de café) bien mûres et les apporte (à
la station de lavage) où elles lui sont payées directement (0,15 € le kilo). Il est ainsi dispensé d’opérations fastidieuses et coûteuses telles que le nettoyage ou le séchage. Cinq à douze kilos de cerises sont nécessaires pour
produire 1 kilo de café haut de gamme. Un villageois de Gatare, province de l’Ouest, affirme qu’une plantation
bien entretenue devient de plus en plus rentable. (…) Dans certains cas, une plantation prometteuse devient
même une garantie bancaire. ‘Après avoir évalué la récolte de mes plants, la banque populaire n’a pas hésité à
me faire crédit pour payer les frais de scolarité de mes enfants et m’aider à faire face à d’autres dépenses’, se
réjouit ce villageois de Ngoma, au sud du pays » 13 .
L’arrivée d’Internet a elle aussi bouleversé la situation en permettant au consommateur de choisir leurs produits
en fonction de leur qualité, privilégiant, dans le cas du café rwandais, les cafés des terroirs dont la qualité est
(re)connue. Cette nouvelle donnée a impliqué des changements de mentalité chez les planteurs qui ont dû progressivement privilégier la qualité à la quantité. C’est précisément dans ce contexte que naissent timidement
les premières initiatives de commerce équitable au Rwanda, un commerce qui est passé au niveau du continent
africain de 1% du marché en 1996 à 36% en 2000 14.
LA COOPERATIVE ABAHUZAMUGAMBI BA KAWA
« Produire un café de qualité dans l’une des régions les
plus pauvres du pays pour rendre courage à la nation
», tel est le défi posé en 2001 par l’Office des Cultures
Industrielles du Rwanda, l’OCIR, qui dépend directement du Ministère du Commerce. Classé comme l’un
des plus pauvres du Pays des Mille Collines et situé
dans la province de Butare, le district de Maraba est
choisi comme site d’implantation d’une station pilote de
lavage du café dans le cadre du projet PEARL :
« Partnership for Enhancing Agriculture in Rwanda
through Linkages ».
ené en collaboration avec la Michigan State UniverM
sity et Texas A&M University et avec le financement de
l’USAID – l’Agence américaine pour le développement
international, ce projet-pilote 15 « consiste à améliorer la
production et la qualité du café produit dans ce district,
afin de le vendre sur le marché du café de spécialité,
à travers un meilleur encadrement et organisation des
producteurs, de meilleures pratiques culturales, et un
amélioration du traitement du café (…) » 16.
Une des premières à en tirer profit fut la coopérative
Abahuzamugambi Ba Kawa, dont le nom résume
exactement la philosophie : « Ceux qui ont des objectifs communs ». Créée après le génocide par 300 petits
producteurs qui souhaitaient améliorer leurs conditions
de vie, elle rassemble aujourd’hui près de 2000 membres et, fait admirable, permet aux Tutsis et aux Hutus
de se côtoyer dans les collines verdoyantes de Butare.
Etienne Bihogo, l’un des responsables de cette coopérative, le reconnaît volontiers. « C’est vrai que cette
coopérative contribue à la réconciliation. On peut voir
notamment dans les stations de lavage du café les gens
se retrouver ensemble sur les mêmes tâches.
16
Ils raisonnent désormais tous en termes de profits et
ne pensent plus à ce qui pourrait les opposer ».
François Habimana, le secrétaire exécutif de la coopérative, insiste : ‘Quand les gens font partie d’une association ou d’une coopérative, ils ont une activité commune et génératrice de revenus et il leur donc plus
facile de se réconcilier » 17.
Distribué par l’Union Hand-Roasted Coffee (Londres),
en octobre 2002, le café de la coopérative est commercialisé sous la marque de Maraba aux Etats-Unis et au
Royaume-Uni, notamment dans les 350 magasins de
la chaîne Sainsbury’s. Sa qualité a permis à l’entreprise
de faire un bénéfice de l’ordre de 20 000 € et de vendre
son café trois fois plus cher que les autres producteurs
rwandais. Deux chiffres résument à eux seuls l’évolution
de la coopérative : la livre de café était vendue 0,14 $
(0,09 €) en 2001 et 1,36 $ (0,9 €) en 2004 18.
Aujourd’hui, Abahuzamugambi Ba Kawa emploie de
nombreuses veuves qui, avec l’argent des ventes du
café, achètent des vaches et assurent la scolarité de
leurs enfants. « (…) il est significatif de voir que, dans
la région de Maraba, les centaines d’enfants des producteurs vont tous à l’école, que les médicaments sont
désormais disponibles dans les dispensaires et surtout
que les maisons ont été reconstruites ou rénovées. Et
cela peut se prolonger »19.
RWASHOSCA
Au Rwanda, PEARL a permis l’émergence de
douze autres coopératives dont deux sont
labellisés « Fairtrade ». Ces treize coopératives rassemblent plus de 15.000 membres
qui commercent désormais avec l’Europe
et les Etats-Unis. PEARL a en outre assuré
la pérennité des fermes et coopératives au
delà de 2007, date de fin de ce programme,
en favorisant la création de RWASHOSCA,
the Rwandan Small Holder Speciality Coffee
Association qui sert de « front-office » pour
les coopératives en fournissant un relais en
termes de marketing et de communication,
mais aussi et surtout dans l’expédition des
produits et la comptabilité des services.
17
LES COOPERATIVES CERTIFIEES PAR FLO
La certification FLO
« Les pays dans lesquels des organisations de producteurs et de travailleurs peuvent
êtres agréées, sont ceux dont le niveau de développement humain est faible.
La méthodologie de FLO s’appuie sur les cinq indicateurs les plus reconnus et utilisés
qui permettent d’analyser ce niveau. Il s’agit de croiser la liste des pays receveurs
d’aides de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique avec
quatre indicateurs du Programme des Nations unies pour le Développement : l’indice
de développement humain (IDH), l’indice de pauvreté humaine (IPH), le ratio des
10% les plus pauvres de la population comparés aux 10% les plus riches ainsi
que l’indicateur sexo-spécifique de développement humain. 114 pays ont ainsi été
identifiés, avec des degrés de priorité, comme faisant partie du champ d’action de
FLO. 22% sont situés en Amérique latine, 46% en Afrique et 32% en Asie.
Il s’agit d’évaluer ensuite le niveau de développement de l’organisation elle-même. Trois grandes catégories de
données sont passées au crible. La première concerne la capacité productive de l’organisation : niveau de production, taille des exploitations, niveau de mécanisation... La situation géographique de l’organisation est également
prise en compte car elle permet d’analyser l’accès aux infrastructures et services du pays (transport, éducation,
santé, service bancaire...). Une organisation située en dehors des grands axes économiques est d’autant plus
pénalisée. Enfin, une attention particulière est donnée à la composante communautaire de l’organisation. Ainsi,
les communautés indigènes d’Amérique latine ou la caste des intouchables en Inde sont des populations “structurellement” défavorisées au sein d’espaces nationaux.
Cette méthodologie globale permet à FLO d’affirmer son champ d’action : les organisations de producteurs et de
travailleurs marginalisés des pays du Sud. »
Extrait de « Fair(e) Actualités » n°4, édité par Max Havelaar France
18
LA COOPERATIVE ABAKUNDAKAWA – ABK
Dans le nord du pays, la coopérative Abakundakawa,
elle aussi certifiée CE, traite son café Bourbon à la station de lavage de Rushashi, mise en place grâce au
soutien du projet PEARL, OCIR-Café et RSSP.
Sur les 1750 membres de la coopérative, 720 sont des
femmes. Une septantaine d’entre elles forment le groupe
« Duhingekawa » et, grâce à un tri spécial permettant
d’extraire les meilleurs grains de café, en obtiennent un
prix plus intéressant. L’initiative bénéficie également du
soutien du programme « African Women’s Development
Fund ».
Charles Habinshuti, président d’ABK, estime sans hésitation que les hommes devraient tirer enseignement de
cette expérience et impliquer davantage leurs épouses
dans leurs plantations traditionnellement détenues par
la gente masculine. « Si le café des femmes peut être
vendu à un tarif supérieur à la moyenne et si les hommes
pouvaient partager leurs caféiers avec leurs épouses,
les choses commenceraient à vraiment changer dans la
société. Les femmes auraient désormais leurs propres
ressources financières, renforçant par là leur statut dans
la communauté et équilibrant le pouvoir économique
entre les deux sexes. Cela n’a l’air de rien, mais c’est
tout simplement révolutionnaire… » 20.
En 2006, ABK a rejoint la Misozi Union qui rassemble
aujourd’hui huit coopératives situés aux quatre coins du
pays sous le nom de Misozi Coffee Union Ltd (cf. ultra).
Info : Coopérative Abakundakawa
B.P. 5308 Nyabugogo – KIGALI
19
Plusieurs programmes de formation sont spécifiquement
dédiés aux femmes au Rwanda. Ici, deux représentantes
d’associations faisant partie d’Abakunda Kawa et de COOPAC.
LA COOPERATIVE POUR LA PROMOTION DES ACTIVITES – CAFE – COOPAC
En 2001, après 30 ans passés au Congo, Emmanuel
Nzungize Rwakagara revient sur la terre de ses origines pour refonder la coopérative autrefois créée par
son père. Richesse du sol, haute altitude, précipitations
fréquentes et abondantes : l’entreprise sera située sur
les pentes escarpées des montagnes volcaniques du
Nord du Rwanda autour du lac Kivu et bénéficie des
meilleures conditions environnementales pour produire
les meilleurs grains de café Arabica.
La coopérative de café COOPAC démarre avec 110
membres caféiculteurs des deux districts de Rubavu et
Rutsiro et développe rapidement ses capacités de production en installant en peu de temps trois stations de
lavage. Le succès ne se fait pas attendre.
Deux ans plus tard, la COOPAC comptait plus de 2.200
membres et six associations (Ack, Ubuzima, Tuzamurane, Kopabm, Abakundakurima et Abanyamurava).
Elle produit aujourd’hui 377 tonnes de café Bourbon
qu’elle vend aux Etats-Unis, en Europe et même au Japon.
Certifiée CE Max Havelaar dès 2003, comment COOPAC
s’inscrit-elle dans cette démarche?
La réponse se trouve clairement annoncée sur le site
Internet 21 de la coopérative : « L’engagement à long
terme des acheteurs et le préfinancement permettent
à la coopérative et aux producteurs de lutter plus efficacement contre le phénomène de l’usure. Courante
dans la région, cette pratique consiste pour les usuriers
à proposer leurs ‘services’» aux moments les plus difficiles de la saison pour les producteurs (périodes de
semis, de dépenses exceptionnelles - rentrée des classes, maladies…). L’endettement (à un taux de 200% le
plus souvent !) donne lieu à un remboursement en numéraire ou en nature (café, autres produits agricoles… )
et devient alors presque systématiquement chronique,
quand il ne fait pas directement perdre le peu qu’il a au
débiteur ! », y déclare son président Emmanuel Nzungize Rwakagara.
COOPAC s’engage en outre à mettre en avant le rôle
des femmes. Dans la région de Gisenyi en effet, une
plantation sur dix appartient à une femme, souvent
veuve, qui doit subvenir aux besoins de familles très
nombreuses avec parfois huit enfants.
« Micro crédit, création d’associations de productrices
pour l’artisanat, pour l’éducation d’orphelins ou encore
l’accès aux soins : tout participe à leur reconnaissance
à part entière. »
20
Mais la renaissance de la coopérative COOPAC a surtout rendu aux producteurs l’envie d’allier quantité et…
qualité car ils savent que le prix retiré est juste. Enfin,
outre un rôle important dans la conservation des sols
et dans la lutte contre l’érosion, l’activité de COOPAC a
également un impact politique. « Longtemps aux mains
de l’État (avant 1994, la Société Rwandex gérait 49 % du
marché national du café, le reste étant aux mains de capitaux étrangers), la production caféière est aujourd’hui
davantage ouverte aux initiatives privées nationales.
Le cas de COOPAC suscite l’intérêt de nombreux responsables politiques et participe à la prise en compte
par le Gouvernement des besoins et des potentialités
de la production caféière rwandaise. Ces changements
peuvent aussi avoir des retombées positives pour toute
la communauté de la région en sensibilisant les autorités
publiques aux problèmes à régler de façon prioritaire et
urgente (financement d’infrastructures routières). »
Info : COOPAC, B.P. 186, Gisenyi
tél. +250 540 869 - e-mail: [email protected]
www.coopac.com
The Pygmy Survival Alliance
Connus également sous le nom de « communauté des
potiers », les pygmées du Rwanda sont une minorité en
voie d’extinction et ne sont pas protégés par le gouvernement du pays. Certains de ses membres travaillent
au sein de COOPAC et bénéficient du soutien d’un programme, « The Pygmy Survival Alliance », mis en place depuis plusieurs années par un Américain de Seattle
et financé par la vente aux Etats-Unis d’un café nommé
« Coffee Rwanda ». Chaque sac de café vendu permet de fournir trois paires de chaussures aux enfants
du village de Bwiza et leur permet de fréquenter l’école,
souvent pour la première fois.
Plus d’info :
www.coffeerwanda.com ou sur www.pygmysurvival.org
LA COOPERATIVE DES CAFEICULTEURS DE GASHONGA – COCAGI
Connue également sous le nom de COCAGI, la Coopérative des Caféicultures de Gishoma (dans le district de
Gashonga) est située dans la province de Cyangugu, au
sud-est de Bukavu, non loin de la frontière de la RDC.
C’est là que, historiquement, fut planté l’un des premiers caféiers par… les colons belges de l’époque.
Créée en 1998 par une vingtaine de planteurs, la COCAGI
regroupe aujourd’hui 680 membres, dont un tiers de
femmes. Suite au succès de l’expérience de Maraba
décrite ci-dessus, elle contacta en 2003 les promoteurs
du projet PEARL et réussit ainsi à établir une nouvelle
station de lavage. Il est vrai que la coopérative avait un
argument de poids : elle a la chance de disposer de l’un
des plus importants parcs de caféiers du pays.
La plantation compte en effet plus de 5000 arbres à café
qui produisent environ 40.000 kg de cerises et 8 tonnes
de café-parchemin.
En mai 2005, la coopérative a obtenu la certification
« commerce équitable » qui l’a encouragée à élargir son
actionnariat et à développer de nouvelles techniques
pour la production de café et sa transformation. Près de
85% de la production sont exportés et certains prévoient
21
une augmentation de 60% de ses exportations en 2010.
Et cela, grâce à la coopérative « Shared Interest » qui
permet de pré-financer les exportations via des crédits
spécifiques qui seront remboursés plusieurs semaines
ou mois plus tard lorsque les acheteurs étrangers auront
réglé leur dû 22. COCAGI est la troisième coopérative à
avoir recours à ce service depuis un an.
Enfin, pour assurer un développement durable à la coopérative, COCAGI a également acheté 400 chèvres qui
fournissent lait, nourriture et engrais à ses membres.
Info : COCAGI, BP06, Cyangugu.
LA COOPERATIVE DUKUNDE KAWA
Invitée au Rwanda en 2003 par le programme USAID,
la directrice de la californienne Thanksgiving Coffee
Company, Joan Katzeff découvrit certes le travail de la
Fondation Dian Fossey pour la défense des gorilles du
Parc national des Volcans, mais surtout le travail mené
non loin de là par une jeune coopérative fondée en 2000
: la coopérative Dukunde Kawa qui avait pour ambition
de faire travailler ensemble quelque 2000 fermiers hutus
et tutsis, dont 80% de femmes. Des contacts sont pris,
des rencontres sont organisées, notamment un voyage
au Nicaragua où une délégation rwandaise découvrit le
modèle coopératif sud-américain ainsi que leurs méthodes de travail.
22
Une première unité de lavage est construite en 2003,
grâce à des fonds avancés par le Ministère rwandais de
la défense. En échange, la coopérative devra donner 10%
de ses bénéfices annuels à un fonds pour la construction d’autres stations de lavage au Rwanda.
En 2004, Dukunde Kawa est certifié commerce équitable par FLO et grâce au soutien cette fois de PEARL,
elle fit construire en 2006 et 2007 deux petites stations
de lavage supplémentaires. Parallèlement, elle développe un programme de replantation et a ainsi mis
plusieurs milliers de nouveaux caféiers en production
depuis 2005.
En janvier 2007, la Thanksgiving Coffe Company et
l’ONG Bikes to Rwanda ont collecté aux Etats-Unis
les fonds nécessaires pour équiper à bon prix les travailleurs de la coopérative de… « vélos à café »!
Ce vélo, avec une forme spécialement étudiée, permet aux fermiers de transporter leurs lourds sacs de
grains (parfois 80 kg !) jusqu’aux stations de lavage de
Dukunde Kawa. Vu le succès de l’opération, 200 vélos
ont été ainsi vendus avec des micros-prêts aux coopérateurs et un centre de réparation a même été créé juste
à côté de la station de lavage pour assurer la longévité
de l’action 23.
Enfin, grâce au prix supplémentaire du commerce équitable, la coopérative a également investi dans un petit
équipement informatique, ouvert un programme de crédit spécial pour financer la scolarité des enfants de ses
membres, aidé les fermiers à rénover leurs habitations
et acheté quelques animaux de ferme. Elle est désormais membre de la coopérative Rwashosca (cf. supra).
Info : Dukunde Kawa et www.thanksgivingcoffee.com
STARBUCKS ET FLO AVEC DUKUNDE KAWA
L’entreprise Starbucks Coffee Company était déjà le plus grand acheteur mondial de café issu du commerce
équitable, tout dernièrement elle s’est engagée à ce qu’en mars 2010, tous les cafés servis dans ses enseignes
européennes soient labellisés Fairtrade/Max Havelaar. Cet engagement permet à près de 100.000 producteurs
de café dans le monde de mieux prendre en main leur avenir. Au Rwanda, dans le cadre de « l’Initiative de soutien aux petits producteurs » (SFSI) mise en en place avec FLO, Starbucks travaille avec Dukunde Kawa et lui
apporte ses connaissances et ses meilleures pratiques en matière d’approvisionnement responsable. Un centre
Starbucks de soutien aux producteurs (Starbucks Farmer Support Center) a par ailleurs été ouvert à Kigali et
offre formations et conseils aux producteurs de café d’Afrique de l’Est.
Howard Schulz, PDG de Starbucks, Harriet Lamb,
directrice exécutive de FLO et Darcy Willson-Rymer,
directeur de Starbucks UK en discussion avec des
coopérateurs de Dukunde Kawa.
23
LA COOPERATIVE ABAHINZI BA KAWA KARABA – KOAKAKA
La coopérative Koakaka a elle aussi bénéficié dès 2003
du soutien du projet PEARL et de ses partenaires pour
la construction d’une station de lavage.
Connue également sous la dénomination « Karaba Coffee
Cooperative », l’entreprise rassemble environ 2000
familles qui possèdent chacune 250 arbres en moyenne.
La majorité d’entre elles sont là depuis deux, voire trois
générations. Présidée par Maria Mukampirwa, son
fonctionnement est assez semblable aux autres coopératives et les bénéfices générés par les primes CE
permettent aux coopérateurs de payer leurs soins de
santé, la scolarité de leurs enfants et de replanter de
nouveaux caféiers. Mais sa particularité est ailleurs : la
coopérative vend son café en exclusivité à un groupe de
torréfacteurs américains, représentés par « Sustainable Harvest » 24. (littéralement « Récolte durable »).
« Ce groupe de torréfacteurs paie aux planteurs des prix
situés bien au-dessus de ceux du commerce équitable,
qui récompensent l’application et le sérieux avec lesquels
le café est produit. Les représentants des torréfacteurs et
des planteurs se réunissent à intervalles réguliers dans la
région d’origine, à l’occasion de salons commerciaux ou
lors de la conférence annuelle de Sustainable Harvest,
« Let’s talk Coffee » (« Parlons café »), un événement
officiel où planteurs fournisseurs et acheteurs torréfacteurs étalonnent ensemble les profils de café et discutent
des façons d’améliorer et de renforcer leurs relations » 25.
24
Enfin, pour être complets, signalons que c’est ici que
démarra en réalité le programme « Bikes for Africa »
dont bénéficia Dukunde Kawa dans un second temps.
A Koakaka, ce sont près de 400 fermiers qui peuvent
désormais livrer leurs productions dans de meilleures
conditions et surtout plus rapidement.
Ici non plus, les vélos, des « mountain bikes » évidemment, ne sont pas donnés mais vendus à très petit prix
(100 euros environ), souvent sur base de micro-crédits.
Koakaka semble elle aussi promise à un beau développement dans les années à venir.
LES HUIT COOPERATIVES EQUITABLES DE LA MISOZI COFFEE COMPANY Ltd
Bénéficiant des prêts à taux réduit de la Banque rwandaise de Développement, les deux coopératives IAKB
(créée en 1999) et Kopakama (fondée en 1998) ont mis
en service dans le nord-est du pays deux nouvelles stations de lavage permettant à 1800 producteurs répartis
dans 21 villages de bénéficier d’un matériel performant
et de conseils techniques et commerciaux.
Face au développement de la demande au cours de
l’année 2006, les deux coopératives, qui avaient déjà lié
des accords de partenariat avec le « distributeur équitable » français Alter Eco, ont décidé de s’allier avec
4 autres coopératives certifiées elles aussi Commerce
Equitable (cf. ultra) et de réunir leurs moyens pour
fonder en 2006 une plateforme de commercialisation
commune: la Misozi Union. Initialement constituée en
union de coopératives, cette Union est devenue une
société commerciale autonome en février 2007 et est
désormais intitulée « Misozi Coffee Company Limited »,
MCCo Ltd en abrégé.
Situées dans différentes régions du Rwanda, les six
coopératives fondatrices que sont Kopakama (Ouest),
IAKB (Est), Kopakabi (Nord), Abakunda Kawa - ABK
(cf. supra) (Nord), Abakangukiye Kawa – AKG (Nord) et
Muyumbu – MCAC (Est) ont été rejointes en 2007 par
Kopakaki Dutegure et Twisungane. Chaque coopérative détient donc un huitième du capital de la société qui
fédère désormais plus de 7000 producteurs.
D’après l’article deux de ses statuts, le but premier de
la MCCo Ltd consiste « à améliorer durablement les
moyens de subsistance des familles composant les
coopératives membres de la société en menant des actions de marketing dans les marchés à valeur ajoutée et
de négocier les meilleurs prix possibles pour le café de
ses membres » 26.
Par ailleurs, outre le contrôle de la production et la gestion de la formation, Misozi s’efforcera de réglementer
et de maintenir des normes de qualité pour toutes les
coopératives membres pour l’exportation et les exigences des marchés internationaux.
La société a maintenant les capacités de fournir plus de
250 tonnes de café arabica de haute qualité et prévoit de
distribuer près de 450 tonnes de café sur les marchés
américains, européens et asiatiques. Parmi ses partenaires, on trouve notamment la Clinton Foundation,
créée par l’ancien président américain, qui s’est alliée
avec le philanthrope écossais Sir Tom Hunter pour lancer la « Clinton Hunter Development Initiative ».
Objectif : aider Misozi dans son développement et surtout
lancer une nouvelle marque de café équitable, le café
« Rwandan Farmers », acheté directement aux producteurs 27 offrant un prix moyen de 3,79 $/kg !
Ce café est vendu directement à des détaillants tels que
Sainsbury’s au Royaume-Uni, en évitant les intermédiaires et en retournant plus de profit aux agriculteurs.
Depuis 2008, la CHDI s’attache à développer de nouvelles
filières de vente de ce café rwandais aux Etats-Unis.
Info : Misozi Coffee Company Ltd
OCIR Cafe Yard, Gikondo - P.O. Box 104 Kigali
tel. 00 250 0856 4088
[email protected]
www.misozicoffee.biz
Alter Eco et Misozi
En 2006, en collaboration avec Twin, Alter Eco réalise sa première importation de café en direct de la coopérative
Kopakama. « Poursuivant son objectif de désintermédiation des filières, c’est la première fois qu’Alter Eco a acheté
du café équitable directement à une coopérative de producteurs (le café étant généralement acheté auprès de ses
partenaires importateurs). En choisissant pour cette première une jeune coopérative commerce équitable, Alter Eco
veut montrer son soutien à ce projet particulier ainsi qu’à l’ensemble du projet de réconciliation rwandais » 28.
Ces achats ont permis à Kopakama de rembourser des prêts liés à la construction de ses installations de lavage et
d’équipements et de s’autonomiser. En 2007, Alter Eco a très naturellement soutenu activement la création de Misozi.
25
UNE NOUVELLE STRATEGIE POUR LES SECTEURS DU THE RWANDAIS
Le thé a été introduit comme culture industrielle au
Rwanda au début des années soixante et la production
de thé noir ne commence réellement qu’en 1965.
Aujourd’hui, le secteur du thé est devenu la plus rentable
des exportations du pays, représentant quasi 35% de
celles-ci. Dans la lignée du plan « Vision 2020 » (cf. page 3),
le secteur du thé a lui aussi fixé ses objectifs stratégiques d’ici 2010 dans un document qui propose « des
objectifs de production du thé et des stratégies qui doivent améliorer le performance globale en augmentant la
productivité, la qualité, la croissance rapide de l’industrie du thé, de l’emploi et les revenus, ainsi contribuer
à la stabilité économique et monétaire dans les secteurs
ruraux, et à l’atténuation de la pauvreté » 29.
Le secteur du thé est constitué aujourd’hui au Rwanda
de 6 unités de production détenues par l’Etat (Gisovu,
Kitabi, Mata, Mulindi, Shagasha, Gisakura) , de 4 sociétés privées (Sorwathe, Pfunda tea Company, Nyabihu
et Rwanda Mountain Tea, de 3 coopératives et de 11
26
associations de petits exploitants. L’ensemble des
plantations couvrent 12.862 hectares exploités par
quelque 53.000 personnes, tous métiers confondus.
Près de 15.500 tonnes de thé sortent chaque année de
ces structures.
UNE SEULE SOCIETE CERTIFIEE FLO
De toutes ces sociétés toutefois, une seule est certifiée FLO: la Société rwandaise pour la production et la
commercialisation du thé – Sorwathé en abrégé et ce,
depuis 2007. Rassemblant un peu moins de 7000 petits
planteurs, Sorwathé existe depuis 1975 et est localisée dans le nord du pays, dans le village de Kinihira, à
75 km de Kigali. « Notre production annuelle actuelle,
explique le directeur de production Rohith Peiris, est
d’environ 3 millions de kilos et nous sommes le plus
grand producteur du pays, nous assurons environ 15%
de la production du Rwanda. Sorwathé détient 263 hectares de terres de thé (dont 118 en culture bio) et 500
hectares de forêts. En plus de cela, Sorwathé achète
les feuilles de thé vert de Assopthé, une autre coopérative (non certifiée CE – ndlr) qui rassemble plus de 4000
agriculteurs et exploite plus de 900 hectares de thé. »
Demandée en décembre 2005, la certification n’a pas
été simple à obtenir, certaines exigences minimales de
FLO n’ayant pas été rencontrées immédiatement par
ses inspecteurs (parfois un simple problème de présence ou non d’un extincteur…) 26. Depuis 2007, l’ensemble des conditions sont remplies et Sorwathé est bien
certifiée « commerce équitable ». Son thé est vendu
principalement dans le commerce de détail britannique
mais aussi dans plus de 420 magasins au Canada. Sa
certification lui a permis d’augmenter ses parts de marché de 30%. « En plus de cela, conclut Peiris, nous
avons également décroché les normes ISO 9001 en
2000 et ISO 22000 en 2005. Nous sommes les premiers
au Rwanda et actuellement les seuls à disposer de cette
reconnaissance. » Enfin, si le cœur vous en dit, Sorwathé loue trois chambres aux touristes de passage…
Info : Sorwathé Sarl, BP 1136 Kigali
tél. (250) 57 85 16
27
Principaux producteurs mondiaux de thé
(chiffres 2005 en tonnes) :
Inde
927.984
Chine
875.000
Kenya
328.498
Sri Lanka
317.196
Turquie
205.500
Indonésie
160.000 (chiffres 2004)
Malawi
37.978
Ouganda
35.000
Tanzanie
31.342 (chiffres 2004)
Rwanda
15.484
Zimbabwe
Total dans le monde
14.884 (chiffres 2004)
3.470.000 tonnes
Source : FAO, 2006
Crédit des photos thé = EATTA East African Tea Trade Association
Destiné aux organisations de producteurs marginalisés ainsi qu’aux micro et petites entreprises actives dans le
commerce équitable/durable 31 établies dans les 18 pays partenaires de la Coopération belge au Développement,32
l’appui aux producteurs est un des mécanismes d’intervention du « Trade for Developement Centre » de la
Coopération Technique Belge. Il a été établi dans le cadre de la stratégie belge d’aide au commerce, pour assister
les petits producteurs ainsi que les micro et petites entreprises des pays en voie de développement dans leurs
efforts pour tirer profit du commerce international, régional et local.
Le programme veut augmenter l’accès au marché des producteurs (et de leurs organisations) actifs dans le commerce
équitable et/ou le commerce durable. Via un renforcement de leurs capacités organisationnelles, techniques et
productives, et via la transmission d’information pertinente (certifications, labels existants, études de marché,…).
Le programme agit notamment par le financement de différents types d’activités:
•
renforcement des capacités des producteurs et de leurs organisations (en management, gestion de cycle de
produit,…)
•
développement de nouveaux produits
•
amélioration et contrôle de la qualité
•
études de faisabilité quant à l’obtention d’une certification équitable ou durable
28
•
études de marché
•
participation à des foires commerciales
•
« company matching » qui met directement en contact producteurs et importateurs
•
renforcement de réseaux nationaux ou régionaux d’organisations de producteurs,…
La CTB travaille au Rwanda avec le Ministère de l’Agriculture. Elle assure un suivi financier, administratif et
technique de certains projets du « Programme d’appui
à la filière horticole au Rwanda » entamé en 2008.
« Notre rôle, explique Emmanuel Grosjean, assistant
technique de la CTB à Kigali, est d’appuyer les structures
publiques et privées à mener des actions prospectives
pour le développement de l’horticulture dans un pays où
se marque très fort la volonté politique d’évoluer et de
travailler sur un environnement favorable au développement commercial. Nous essayons de définir des niches
non encore exploitées par d’autres et de valoriser des
produits de haute qualité avec une vraie valeur ajoutée;
Contrairement à ses voisins, le Rwanda possède un
sol relativement propre et des pratiques agricoles qui
permettent de développer une agriculture bio mais où
beaucoup reste à mettre en place en matière d’accès
au marché. En effet, cultiver un produit sur un sol sans
pesticides suffit sans doute à se déclarer bio mais le bio
tout seul ne suffit pas ; la mise en place de certifications
et de mécanismes de contrôle pour donner la confiance
au consommateur sont essentiels. L’idée est donc de
développer de front des certifications bio ET Fairtrade
avec des stratégies de traçabilité et de contrôle qui sont
complémentaires.
Le Rwanda doit passer d’une économie de subsistance
à une économie de marché et cela demande une véritable
révolution des esprits. »
Dans ce contexte, la CTB a lancé et financé plusieurs marchés publics pour réfléchir d’une part à la valorisation et
à l’image de marque des produits du Rwanda, et d’autre part pour appuyer le développement de la filière horticole,
notamment à travers la création d’un Fonds d’Investissement Horticole (HIF).
Parallèlement à des outils de support aux gros investissements (partenariats publics-privés,...), ce Fonds a pour
objectif de faciliter les petits et moyens investissements dans le secteur horticole. Il a pour vocation de limiter
la prise de risques dans des investissements à rentabilité sur le moyen terme et s’adresse dans sa conception
aux pionniers qui veulent se professionnaliser mais demeure ouvert à tous.
Avec le développement du Sustainable Fair Trade Management System ou du label « Global Gap » qui certifie les
bonnes pratiques agricoles, les producteurs africains sont confrontés au défi de transformer leurs entreprises et à
tirer parti des possibilités offertes par un label sur le marché national et international.
« Il est donc nécessaire de les soutenir car il s’agit d’une démarche d’investissement qui a un coût Sans aide
financière, de nombreux producteurs seraient incapables de s’inscrire dans cette démarche et dans le prise de
risque liee a l’investissement, souligne Emmanuel Grosjean. La CTB a donc mis en place un processus permettant
de financer de manière dégressive jusqu’à 95% des coûts de certification ».
Véritable tremplin pour la mise en œuvre de stratégies qualité, l’appui en matière de certification apporté à
la filière horticole devrait faciliter un accès plus rémunérateur aux marchés nationaux, régionaux et internationaux et installer les acteurs dans une démarche de professionnalisation de leurs activités.
La CTB apporte également un soutien actif au développement du RWAFAT, membre de COFTA. L’un des principaux objectifs de ce réseau est d’assurer le renforcement des capacités des producteurs au Rwanda pour qu’ils
soient en mesure de répondre aux exigences du « Sustainable Fair Trade Management System – SFTMS », le système de certification équitable mis en place par l’IFAT (aujourd’hui WFTO) en mai 2007. Le SFTMS vise à certifier
une organisation plutôt qu’un produit, mettant l’accent sur la gestion forte de l’environnement (et donc durable)
mais, aussi sur la gestion globale de la santé et des affaires de l’organisme accrédité (y compris l’administration,
les questions du travail, le système de production et du contrôle de qualité).
29
EN CONCLUSION
Ainsi que nous l’avons écrit en ouverture à cette brochure, le Rwanda est un pays enclavé, avec peu de
moyens de communication et fort éloigné des côtes et des ports qui lui permettrait d’exporter ses produits.
Des possibilités existent certes, mais est-il vraiment intéressant d’exporter des fruits frais, fussent-ils équitables ou bio ? Un ananas vendu 0,8 $ à Kigali arrivera-t-il, après un transport aérien coûtant quasi 1,5 $, à
rivaliser les ananas que l’on trouve sur le marché européen ou américain ? La réponse est assez claire.
Dans ces conditions, il semblerait que le Rwanda ait plutôt intérêt à se concentrer sur le marché local.
D’après l’International Trade Centre dans son document « Overview of Organic Agriculture in Rwanda and
Options for Policy and Trade Development » paru en 2008, « les principaux défis pour le développement du
marché local dans les pays d’Afrique de l’Est sont les suivants:
• transparence et contrôle de la qualité
• fiabilité et régularité des fournitures par les groupes d’agriculteurs
• variété dans la gamme de produits
• renforcement de la sensibilisation des consommateurs
• renforcement des capacités des agriculteurs à produire pour le marché. »
Actuellement, le marché des produits biologiques au Rwanda est plus ou moins inexistant, et il convient
de développer avant toute chose le marché intérieur en sensibilisant le consommateur rwandais, toutes
classes confondues, à l’intérêt de consommer bio. C’est dans ce contexte qu’est né fin 2007, le « Rwanda
Organic Agriculture Movement » (ROAM) qui regroupe une soixantaine de fermiers et exportateurs de fruits
et légumes, des entreprises privées, des ONG et des projets oeuvrant pour la promotion de l’agriculture organique. C’est la première étape de structuration d’un secteur bio qui espère stimuler les marchés publics,
sensibiliser les consommateurs et renforcer le rôle des agriculteurs en tant qu’acteurs responsables de la
chaîne d’approvisionnement du pays.
Comme dans le cas des coopératives du commerce équitable, les initiatives sont naissantes et encore très
peu nombreuses. Mis à part le passage au bio d’une partie de la production de la coopérative Fairtrade
Sorwathé, aucun lien entre équitable et bio n’existe encore.
Tout est à construire, à re-construire.
Le défi est de taille, tous les acteurs sont en place, la pièce peut véritablement commencer…
30
SOURCES, EXTRAITS ET NOTES
1
Source : Ministère des Finances et de la Planification économique, nov. 2003 (www. Minecofin.gov.rw)
2
Source : Banque africaine de Développement – Fonds africain de Développement, Document de stratégie,
République du Rwanda, 2005.
3
Source : www.rwandagateway.org, un site du Gouvernement Rwandais placé sous la direction de l’Université
Nationale du Rwanda (UNR).
4
Ibidem.
5
Source : Banque africaine de Développement – Fonds africain de Développement, Document de stratégie,
République du Rwanda, 2005.
6
Extrait de http://www.cardsfromafrica.com/
7 Extrait
de http://www.pasud-faab.org.rw
8
Extrait du blog de Scholastique Muzakonga, janvier 2008.
9
Extrait de www.gitpa.org et de www.cofta.org
10
Chiffres extraits de « Le café et les caféiculteurs au Rwanda: cas du district de Maraba, (Butare) dans la province
du sud », par Déogratias Harorimana, Mathias Harebamungu, Jean-Pierre Bizimana, EPU, Éditions Publibook
Université, 2007.
11 Machulka
D., in « Marchés tropicaux – Spécial Rwanda », 16 novembre 2001, p 2341, cité par Déogratias
Harorimana in « Le café et les caféiculteurs au Rwanda », op. cit., page 12.
12 Extrait
13
de www.infosud-belgique.info/article.php3?id_article=278
Ibidem.
14 Chiffres
cités par Scott Loveridge, Edson Mpyisi, Michael T. Weber, in Perspectives dans le défi de la coordination
de la filière caféicole au niveau des exploitations au Rwanda. Note de Synthèse Agro-Économique, Rwanda Food
Security Research Project/MINAGRI, n°2F, mars 2000, page 3.
15 Le
partenariat de PEARL dépasse ces deux organismes et associe l’Université nationale du Rwanda – UNR,
l’Institut des Sciences agronomiques du Rwanda – ISAR, l’Agricultural Cooperative Development International/
Volunteers in Overseas Cooperative Assistance – ACDI/VOCA, l’Office des Cultures industrielles du Rwanda - OCIR,
le Kigali Institute of Sciences and Technology – KIST et le centre IWACU.
16 «
Le café et les caféiculteurs au Rwanda », op. cit., p.15
17 Benoît
Vochelet, in « Afriques », édition internationale mars-avril 2006.
18 Chiffres
cités par Samuel Goff, auteur de plusieurs thèses sur le sujet, dans son texte « International partnerships
for the development of the speciality coffee sector un Rwanda » présenté à la « 22nd Annual Conference
Proceedings » de l’AIAEE en Floride en 2006.
19 Ibidem.
20 Source
21 Site
31
: http://www.sweetmarias.com
web de COOPAC : www.coopac.com
22
Plus de détails sur www.shared-interest.com
23
L’action débute en réalité avec la coopérative Koakaka, cf. ultra.
24
Sustainable Harvest représente les intérêts de Green Mountain Coffee, Whole Foods Allegro Coffee, Terroir
Coffee et Counter Culture Coffee.
25
In « Diagnostic de compétitivité et stratégie de développement de la filière café au Burundi », réalisé par le Projet
d’Appui à la gestion Economique– PAGE , Gouvernement du Burundi, février 2007.
26
Extrait des statuts publiés le 12 octobre 2009 dans le Journal Officiel du Rwanda – Année 48, n°41.
27
Plus d’infos sur www.rwandanfarmers.com et sur www.clintonfoundation.org
28 Extrait
29
30
de www.altereco.com
OCIR-Thé, « A new tea sector strategy for Rwanda - year 2005-2010 », Kigali, décembre 2006, dossier téléchargeable sur www.minagri.gov.rw
Plus de détails sur www.snvworld.org
31
Les ONG belges reconnues, les organisations nationales et régionales de commerce équitable/durable sont
également éligibles dans le cadre d’un appui à leurs partenaires, à leurs membres, si ceux-ci sont situés dans
les 18 pays partenaires cités ci-après.
32
Les 18 pays partenaires sont les suivants : Algérie, Bénin, Bolivie, Burundi, R.D. du Congo, Equateur, Mali,
Maroc, Mozambique, Niger, Territoires Palestiniens, Pérou, Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda
et Vietnam.
32
PRINCIPALES REFERENCES (classement chronologique)
•
David Tardif-Douglin, Jean-Léonard Ngirumwami, Jim Shaffer, Anastase Murekezi, Théobald Kampayana,
« Aperçu sur la politique caféicole au Rwanda », Ministère de l’Agriculture de l’Elevage - Division des Statistiques
Agricoles, décembre 1993.
•
« Les transports internationaux du Rwanda », MINITRACO, juin 1998.
•
Scott Loveridge, Edson Mpyisi, Michael T. Weber, « Perspectives dans le défi de la coordination de la filière
caféicole au niveau des exploitations au Rwanda », note de Synthèse Agro-Économique, Rwanda Food
Security Research Project/MINAGRI, n°2 F, mars 2000.
•
« Examen des politiques commerciales - Rwanda », OMC, août 2004.
•
« Conférence des partenaires de développement », MINECOFIN, décembre 2004
•
« Annual Economic Report 2004 », MINECOFIN, mars 2005.
•
Banque africaine de développement - Fonds africain de développement, « Document de stratégie par pays :
République du Rwanda 2005-2007 axé sur les résultats », juillet 2005
•
OCIR-Café, « New action plan 2006-2008 for the development of the Rwanda coffee sector », novembre 2005.
•
« Oeuvrer pour que les ruraux pauvres se libèrent de la pauvreté au Rwanda » FIDA/IFAD, Rome, 2006
•
Samuel Goff, « International partnerships for the development of the speciality coffee sector un Rwanda »,
intervention lors de la « 22nd Annual Conference Proceedings » de l’AIAEE en Floride en 2006.
•
Samuel Goff, « International partnerships for the development of the speciality coffee sector un Rwanda »,
intervention lors de la « 22nd Annual Conference Proceedings » de l’AIAEE en Floride en 2006.
•
Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), Appui à la mise en œuvre du programme
pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) : « Profil de projet d’investissement bancable
Recherche appliquée sur les cultures d’exportation traditionnelles et non traditionnelles », document édité par le
Gouvernement rwandais et la FAO pour l’alimentation et l’agriculture, mars 2006
•
« Assessing USAID’s investments in Rwanda’s coffee sector – Best practices and lessons learned to consolidate
results and expand impact », USAID, avril 2006.
•
OCIR-Thé, « A new tea sector strategy for Rwanda year 2005-2010 », Kigali, décembre 2006.
•
Déogratias Harorimana, Mathias Harebamungu, Jean-Pierre Bizimana, « Le café et les caféiculteurs au Rwanda :
cas du district de Maraba, (Butare) dans la province du sud », Éditions Publibook Université, 2007, 154 pages.
•
Gaudiose Mujawamariya, Cooperatives in the Development of Coffee Farming in Rwanda, Wageningen
Universiteit – Department of Social Sciences, juillet 2007.
•
« Overview of organic agriculture in Rwanda and options for policy and trade development », International
Trade Centre (ITC), Genève, 2008.
•
Daniel J. Plunkett, « Diversification des exportations au Rwanda: promotion des ventes des produits de
l’artisanat et de l’horticulture », CNUCED, mai 2008.
•
« Budget Framework Paper 2009/10 – 2011/12 », Ministry of Finance and Economic Planning, avril 2009.
33
TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE
Le Trade for Development Centre est un programme
de la CTB (l’Agence belge de développement) pour
la promotion d’un commerce équitable et durable avec
les pays en voie de développement.
Les 3 axes de travail du Centre
• Centre d’expertise
C’est le centre d’expertise sur les thématiques d’aide
au commerce,
commerce équitable et commerce durable.
Collecte, analyse et production d’information (enquêtes d’opinion auprès des consommateurs, études de
marchés,...)
Animation d’un groupe de travail au sein de la plateforme d’appui au
secteur privé « Entreprendre pour le développement ».
• Appui aux producteurs
Le Trade for Development Centre est un outil d’appui
aux organisations de producteurs. Il soutient les producteurs marginalisés, les micros et
petites entreprises ainsi que les projets d’économie sociale inscrits dans des
dynamiques de commerce équitable et durable.
Renforcement des capacités organisationnelles, techniques et productives
Transmission d’informations pertinentes (sur les marchés, les certifications disponibles,...).
• Sensibilisation
Le Centre met en place des campagnes de sensibilisation à destination des consommateurs (Semaine du
commerce équitable), des acteurs
économiques et des pouvoirs publics belges.
34
CTB - agence belge de développement
TRADE FOR DEVELOPMENT centre
rue haute 147
1000 Bruxelles
T +32 (0)2 505 19 35
www.btcctb.org
www.befair.be