Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1376
L’ HISTOIRE DU GEANT TIMIDE
de Dagur Kari
Du 27 avril au 3 mai 2016
L’ HISTOIRE DU GEANT TIMIDE
de
DAGUR KARI
Sortie nationale : 24 février 2016
Avec Gunnar Jonsson
Durée : 1H 34
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Islande,
Danemark
« L’Histoire du géant
timide » : conte de fées
subpolaire pour adultes.
Treize ans après sa pépite “Noi Albinoi” et une traversée du désert américaine, le trop rare cinéaste
islandais signe “L'Histoire du géant timide”. Cette fable douce-amère sur l'éveil amoureux d'un colosse
aux pieds d'argile consacre son retour à l'écran. Un petit chef-d'œuvre d'humour et d'onirisme dont lui
seul a le secret. Depuis Noi Albinoi (2003), cet Islandais est un espoir du cinéma comique et poétique.
Espoir jamais déçu mais jamais totalement confirmé non plus, tant ses films sont rares. Arrivé
aujourd'hui au quatrième en ayant gardé une fraîcheur de débutant, Dagur Kári livre avec L'Histoire
du géant timide un chef-d'œuvre à sa façon, tout en modestie et en délicatesse. Le portrait d'un homme
qui, dans un corps trop lourd, va renouer avec la légèreté de la vie. Comme, avec ce film, Dagur Kári a
renoué avec le cinéma, après avoir pensé l'abandonner…
L'Histoire du géant timide mêle l'humour et l'émotion, comme vos précédents films. C'est votre vision
du cinéma, il doit être émouvant et drôle ?
Je pense, oui. J'aime beaucoup faire rire les gens mais voir un film dans une salle où l'émotion passe parmi le
public, c'est très beau aussi. En tant que spectateur, j'apprécie beaucoup les comédies mais, après en avoir vu
une au cinéma, je quitte la salle avec le sentiment d'un vide et l'impression que toutes les nuances de la vie
n'ont pas été représentées. Quand je vais voir un film sérieux, je n'y trouve pas ma place s'il n'y a pas un peu
d'humour. Je vois bien que Tarkovski est un génie mais je n'arrive pas à entrer dans ses films. S'il avait fait ne
serait-ce qu'une seule blague, tout son univers aurait pu s'ouvrir à moi ! L'humour ne doit jamais être oublié
car il ne prend jamais de vacances. Même quand nous traversons des périodes difficiles, l'humour est là,
incontrôlable. C'est la vie.
Dans L'Histoire du géant timide, le contraste est parfois assez radical, vous allez jusque dans la douleur,
sans perdre la légèreté…
L'équilibre était très délicat, beaucoup plus que mes autres films. Un an après la fin du tournage, j'ai tourné
une nouvelle scène et j'ai passé deux ans sur le montage. C'était toujours une question de millimètres. La
performance de mon acteur principal, Gunnar Jónsson, est si subtile et si honnête que tout le reste devait être à
ce niveau.
Filmer ce corps de géant avec délicatesse, c'était votre pari ?
Mon pari, avant de tourner, c'était que la relation d'amour serait crédible, qu'on n'aurait pas de doute sur le fait
que la fille puisse tomber amoureuse de ce géant. Mais une fois qu'on a commencé à tourner, ça n'avait plus
rien d'un pari car la présence de Gunnar inspire vraiment l'amour. C'est quelqu'un qu'on aime. Quand on le
rencontre pour la première fois, on le trouve évidemment énorme. Mais quand on commence à le connaître, on
le voit différemment, il change d'échelle ! Dans le film, c'est pareil. Après une demi-heure, on oublie sa
condition physique. Gunnar est le meilleur acteur avec qui j'ai travaillé, peut-être justement parce qu'il n'a pas
été formé comme un comédien. Il a un talent naturel.
Le marché des salles est-il devenu plus difficile pour les comédies subtiles que vous réalisez ?
Mon expérience avec L'Histoire du géant timide, c'est que les gens adorent le film, une fois qu'ils sont dans la
salle. Le problème, c'est d'arriver à les faire entrer dans le cinéma ! Le marché s'est développé dans une
direction qui laisse de moins en moins de place aux zones grises, celles que j'affectionne. Vous avez les films
tout blancs, les films tout noirs, que ce soit dans la comédie ou le drame, et il y a très peu de choses au milieu
parce que c'est plus compliqué en termes de marketing. Dans le monde du cinéma, comme dans le monde au
sens large, il y a un nombre toujours plus réduit de gens qui ont un pouvoir de plus en plus grand et c'est très
mauvais pour la diversité des films.
Ce film dont le héros est un homme qui se sent rejeté serait un autoportrait de vous en cinéaste en
crise ? Je ne peux pas dire que j'ai vu les choses comme ça quand j'ai tourné le film mais il me semble juste de
les regarder sous cet angle. Le film raconte une histoire toute simple qui a aussi des significations plus
complexes. Ce qui aide le personnage, c'est finalement d'être sincère, honnête avec lui-même, et ça, je l'ai
ressenti moi-même pendant le tournage. Je me suis dit que je devais revenir à ce que j'aimais sincèrement, que
ça ne marche ou pas. L'important était de faire ce film comme je le ressentais.
C'est également un film qui parle de la nécessité de grandir, même tardivement : ça aussi, ça parle de
vous ? C'est une question qui est présente dans tous mes films, je crois : quand est-ce que tu grandis ? Quand
l'enfance se terminera-t-elle ? Je pense beaucoup à ça. J'ai 42 ans, j'ai une femme, trois enfants, un vrai travail,
mais je ne me sens toujours pas adulte ! A mon âge, mes parents étaient adultes depuis longtemps. Je
m'attends toujours à me lever un matin en sentant que ça y est, je suis adulte ! Mais je ne me réveille jamais
avec cette impression-là.
Vous faites partie de l'équipe qui dirige l'école nationale de cinéma au Danemark. Comment envisagezvous l'apprentissage du métier de cinéaste ?
Je dirige le département cinéma dans l'école où je l'ai appris. C'était très agréable d'y revenir, un peu comme si
je retournais à ma vie d'étudiant. Mais j'apprends beaucoup plus maintenant. Une année en tant que professeur
vaut quatre années en tant qu'élève. La chose la plus importante, c'est de comprendre qu'on ne peut pas
vraiment enseigner le cinéma. Il n'y a pas une méthode générale pour ça. La seule chose à faire, c'est de
construire un cadre pour cet apprentissage, un cadre où les étudiants vont pouvoir trouver une direction dans
laquelle s'engager. On ne peut pas assigner une seule voie à la création dans le cinéma, chacun doit trouver
celle qui correspond à son talent. TELERAMA Frédéric Strauss.
Chaque plan de ce film a la justesse nécessaire pour dire la lourdeur de la vie sans s'appesantir. Pour raconter, sans
larmoiement, comment on retrouve la légèreté en volant de ses propres ailes. Et pour dire l'amour, qui va surgir sous les
traits d'une femme si fragile qu'elle pourrait se briser. Elle était fleuriste, elle est devenue éboueuse et balance entre grâce et
déchéance. Dagur Kári, l'auteur de Nói Albinói(2003), sait admirablement tenir sa caméra à la frontière de l'humour
consolateur et du désespoir impossible à avouer. Cet Islandais a même, comme son Fúsi, presque trop de modestie, de
retenue. Au dernier festival de Tribeca, L'Histoire du géant timide a reçu le prix du meilleur film, du meilleur acteur et du
meilleur scénario. Mais Dagur Kári n'est pas monté sur scène : il était déjà reparti, persuadé de n'avoir convaincu
personne... — Frédéric Strauss.
Filmographie : NOI ALBINOI-2003
DARK HORSE-2005
THE GOOD HEART-2009
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