Musashi
Transcription
Musashi
Hoberselzer lt /31 porRolond e nombreux auteurs ont essayéde resti- rigueur d'esprit, sa façon de voir rapidement au coeur des tuer la personnalité de Miyamoto Musashi,probablement êtres et des choses (ce qui lui a peut-être permis d'éviter japonais lame la plus fine que l'archipel ait connu,et qui quelque adversairequi aurait pu réellementl'inquiéter...), laissaà samort le célèbren Gorin-no-sho), cettevéritable son insatisfaction, saquête incessante,donnèrent à son perbible de la tactiquedu combatau sabre.Aprèsavoirsuivi sonnage quelque chose de terriblement inquiétant. Même saquêteune vie durant,en solitaire.Héroshistoriquedu une fois qu'il avait abandonné ce qu'il appelait n le perit art martial ,, c'est à dire la seule voie du sabre, pour u le grand Japon,contemporainde d'Artagnan,immortalisépar le ROI,AND HABERSEIZER, qurlut grandromancierjaponaisEiji Yoshikawa,inspirant quanart martial ,, c'est à dire la voie du stratège et, par extenhistorien demélier, elquiresie un tité de récitset de films, cet homme seforgeaune légende protiquont sion, du politique. Et cela explique peut-être qu'il n'eut morliorx relusont d'orls ovecleurs dérivés jamais vraiment une situation stable, digne de son niveau, de son vivant. Escrimeurhors pair, exceptionnellement loulcompromis Hon$ien e$oujourd'hui doué,dont chaquedéfi sesoldaitparla mort de I'imprudent sportih, auprès d'un grand seigneur,saufà la fin de son parcours. lrodilionnel Koroledo moisoussi qui le relevait,animé de ce souffle guerrierque seulsont Sokedesonpropresle de Mais I'a-t-il réellement souhaité? Vivre en marge d'une cer,, ou le. Tengu'nomichi lesKensei,cesu Saintsdu sabre,, Musashipassa Budo, possédés taine sociéténe I'a en tous caspas empêché d'aboutir. DéradeRecherche Budolnstitul dansI'histoirenon seulementcommetechnicieninégalé, Cenlre ciné, solitaire, il puisa sa force de caractèredans la certitude, Tengu quil dirige ô Strosbouç jamais personne d'ailleurscréateurd'une nouvelleécolede combat avec lengu.eu). et peut-être le désespoirenfoui, de n'avoir // wwwlnstitut {http deuxsabres,vainqueurdansplus de soixantecombatssin- Sonoeuvre édiloriole, ovecnom' de vraiment proche. C'est encore ainsi qu'il préfera se prémorlioux parer à la mort, en décidant de vivre ses dernières années d'orls guliersentresestreizeet sesvingt-neufans..., maisaussi bredemonuek publiés 40 ons,eslexcep depuis commephilosophe,écrivainet artistepour le derniertronen ermite dans une grotte. Miyamoto Musashi reste dans iionnelle el lorgemenl connue, fronçoi' le panthéon des Samuraï célèbres de l'ancien Japon un bienouielôdeslronlières çon du parcoursde savie mouvementée. Il traînait dans son sillage quantité de têtes brûlées, Ronin comme lui ou Samuraï jaloux de tant de liberté et de nonconformisme, trop impatients de gagner leur notoriété en se mesurant à lui, et qui n'y gagnèrentque la mort. Il ne se maria jamais, écartant les femmes de son existence, car il ne voulait se consacrer qu'à son art et à sa recherche. Sa vie ne firt que la quête d'une méthode de combat infaillible, qui ne serait pas liée à des critères fragiles et changeants, comme la chance du moment ou I'inferiorité d'un adversaire. Cette recherche allait bien au-delà de ce que pouvait lui apporter la seule voie du sabre. Il s'agissaiten réalité de toute une démarche pour arriver à une nouvelle compréhension des êtreset des choses.En ceci, Miyamoto Musashi finit sa vie comme un authentique maître, au sens également interne de la dénomination. Ironie cependant: l'image idéale du Samuraï à laquelle va s'attacher la population japonaise, celle du guerrier à la recherche d'un idéal de vie élevé à travers la voie des arts martiaux. est en réalité celle qui fut laisséepar un simple Ronin qui ne se reconnut jamais lui-même de maître, ni pour le fond ni pour la forme... Habile, fort, intelligent, seul... Toure sa vie, sa DRAG0ll n'24 ses.ll ovoilévoqué donse toul inquiétant mais attachant personnage,pour avoir vu la mort , premier numéro de. Drogon de si près, tant de fois, et qui mourut tout simplement de iouvroge quio immorblisé Miyo' moto Muso$i,celincontoumoblevieillesseaprèsune vie de défis, d'aventureset d'engagement, personnoge dupntheondes en fait une vie de rêve pour I'homme n authentique , qu il héros Ageioponois, duMoyen e n a jamais cesséd'être, à une époque oir tant d'excèsétaient . Ç61;n.nsghe , {Ecrils surlescinq rnL ot n Trnil r'lo< rinn ll revient iclsurlovie onneoux). ovenlureuse deceguerrier d'exceplion, orchétype du . Musho-shugyo$o , (-),qui ovoilloulsubordonné ô soquêle fiévreuse deI efficocité obsolue et locliques donlleséflexions conti' nuenl loujoun nolom' d'inspirer, ment,esproliquonls desoilsdu sobre. Comme ondil' unevie pluspossionnonte qu'un romon... pourtant interdits par la toute nouvelle u Pax Tokugawa , ! PRÉ(OG Fujiwara-no-Genshin, naquit ShinmenMusashi-no-kami, en 1584à Miyamoto, un petit villagedu centrede Honshu, principaleîle duJapon,dansla provincede Harima (actuelle préfecturede Myogo), appartenantau clan Niimi (Shinmen), celui desdescendants desAkamatsu.C'était l'ère Tensho,unepériodetrèsagitée.ToyotomiHideyoshiétait la nouveaumaîtredu paysdepuisI'assassinat, en 1582,du Shogun(*) Oda Nobunagaqui avaitdéjàentreprisun lent travaild'unificationpour mettrefin aux terriblesguerres civilesqui déchiraientle Japondepuisplusieurssiècles. Mais la paix civilen'étaitpasencorerétablie,et c'estdans un environnementde violence,otr seulle fort pouvaitavoir deschancesde survivre,que grandit celui qui porta durant Sonpèreetaitun ffipm r"prte dnrub manisrntrttda sabrecourtet d'armes da Shogun. daJixe: il auaitmfue batn l'undtsmaînes sa rude enfanceles prénoms de Bennosuke,Heima ou encoreTâkezo.Parla suite,celui-ci utilisa indifféremment tout au long de sa vie les noms de famille de Miyamoco (le plus connu), de Thkemura,de Hirata, de Shinmenou de Hirao tandisqu à son prénom usuelde Musashifurent parfois accolésdessuffixesà résonanceplus guerrière,tel Masamaou Masanobu. Si I'on en croit seshistoriographes,le jeune Tâkeo avait manifestédesdonscertainsdèssonplus jeune âge.Il avait de qui tenir: il était le secondfils de Shinmen Muni-nosukeNobutsuna,homme lige de MoriTaizenTâyu Motonari, seigneurdu châteauHagui. Son pèreétait un expert réputé dansle maniement du sabrecourt et du Jite, et il [e rlesdn del'arlicte lopnobll. ùd rurlc del'âfitiondu couverture a turorhl r de[fl Yoililcwo(1892-19621 publlé enonghbpor l(odonrho Inlernotlond Tokyo, l9El.(eromon de loviedetiyunoto I[uroili o élépubfêh prern'lère loir enlronçoir on l9E3ourlf,rfimrBollond endeuxlomcr:c 1oy'æne e1ls rofugn et a [o r. porfoite lunrière avaitmêmebattu I'un despropresmaltresd'armesdu Shogun lui-même.Ce qui lui valut le surnomde MunisaiShinmen (Niimi), marquant son telent incomparable.Tâkeo sefit remarquerpar un véritabledon pour lesarts martiaux, et sonentourageI'appelaitalorsvolontiersu le petitTenguu par allusionà cesgéniesailés,mi-hommes,mi-oiseaux,au long nez,que I'on disait vivre dansIa montagneet que la exploitsau sabre.Quanrumeur créditaitd'extraordinaires tité d'anecdotescirculent sur ce que fut le temps de son et concoctées bien enfance,sansdoute largementexagérées plus tard pour lesbesoinsd'un mythe. Voici celle du chat errant, particulièrementsignificative de cetten grâce, innéeque I' Histoire lui attribue, et dont r> n'2f DRAG()ll t Musashiaurait riré par la suite une efficacitéquasisurhumaine. - Voisce chat assoupisur lesdallesdujardin..., lui dit un jour sonpère.Serais-tucapabledz le tuer d'un seulcoupde lamesansendommager ton Katana* en éraflanth pierre? Piqué au vif, le jeune garçon descendirlenrementversla bête,décidéà releverle défi. Il observaun moment I'animal somnolentsansméfianceau soleil.Soudain,samain droite fit mouvementversla poignéede son sabre.Bennosuke explosadansl'actionsur un Kiai* strident,faisantjaillir la lame de son fourreau.Le chat, réveilléen sursâur,essaya de bondir,maisil étairtrop tard.Déjà la lameétaitsurlui aprèsavoir décrit une arabesque mortelledansun bruissementde soie.Le chats'effondrasurla dalle.Il n'avaiteu aucunechance.Mais c'està partir de là que I'anecdote prend une autre dimension.En effet, lorsqueMunisai s'approchadu petir tasde fourrureinerte,il y cherchaen vain une goutrede sang.Derrièrelui pourtant son fils avait rengainésonsabreet souriaitpaisiblement.Inrrigué,Munisai regardade plus près; et il découvrit avecsrupéfaction que Ia lameavaittranchéun côtéde la mousrachedu chat, à rasdu museau,et que I'animalrespiraittoujours,probablementévanouide saisissemenr. Au regardétonnéqu'il adressa à sonfils, celui-ciréponditcalmementen le regardant au fond desyeux: - On netuepassansmotif n'auaispasenuiedetuer cepetit Je chat.Mhne un chat erranta sa uie,qu'on ne supprimepas par plaisir.Je lui ai kissék uie. Tiancherau-dek desamoustacheeut étéfacile, mais ne m'eut rien apportédeplus. Munisai grognâune réponseininrelligible,mit la main sur l'épaulede Bennosuke,puissedétournarapidemenrpour garderpour lui la lueurqui avaitalorsdansédanssonregardfier. . . HISTOIRE TIITGE]IDT Histoireet légendesemêlentétroitementpour brosserle meilleurtableaude celuiqui laissaau Japonla traced'un n Saint du Sabre, (en lui prêtant aveceffet rérroactifdes qualitésde coeurqui ne lui sonrvenuessurle rard...),c'est à dire un maîtred'armequi avaitquelquechosede plus qu'un homme... Il estévidentque nombrede sesprouesses lui ont érécréditéesà posteriori,Bennosukese faisanren cetempssurtoutremarquerpaf un comportement fougueux,souvenrirascibleet téméraire,auquelon a voulu trouverun senspar la suite,mais qui n'a vraisemblablement été rien de plus qu'un manièred'expressiond'un courage,d'une ambirion,d'une volontéde survivre,qui ont étélesmêmespour nombrede jeunesfils de Samural de ce temps.Comme il arrivesouvenrlorsqu'unhomme meurt plus grand que d'autresdansle souvenirde ceux qui I'ont connu, on sehâtede lui forgerun passéexceptionnel jusquedanssaplus tendreenfance,réduisantdu coup la part sansdoureprépondérantedue auxseulsefforts de cet homme tout au long de savie. Dans ce sensla vie de Miyamoto Musashi,telle qu'elleesrparvenuejusqu'à nous,estun modèledu genre.Laissons donc sansregrers ceshistoiresd'enfance,forcémentexagérées, pour ne conserver que les seulsrepèresqui puissenrêtre parfaitement DRAG0ll n'24 authentifiés.Ceux-cisuffisenrd'ailleurslargementà ranger cet homme parmi lesfiguresde prou de son époque. A l'âgede sept ans Bennosukedevientorphelin de son père,tué lors d'un duel.Il estalorsrecueillipar sononcle maternel,un moine, qui l'emmenadansson monastère. Mais le garçonn'éraitpasfait pour devenirbonze.Il mit ce séjourforcéà profit pour s'entraînerau sabre.Tour en acquérantune maturirécertaineau conractd'un milieu de spiritualitéet d'ascèse. Bennosukeétairpar narureun coq de combat,et il lui fallait se resrer.Lesoccasions ne manquaientpasen cemefin de XVIe siècle,oir leTâikoToyotomi Hideyoshilançaitpour la secondefoissonarméesur la Corée,cerrespour conquérirn le paysdu matin calme, mais surtout pour renterde canaliserI'agressivité de ses Samuraïversun ennemicommun,et horsdu Japon. A l'âgede soixanteansMiyamoto Musashi,qui ne comptait plus sesvictoiresen combarssinguliers,disaitsesouvenirencorede celuiqui fut sapremièrevictime,alorsque lui-mêmeavairrout jusrerreizeans. tEPREfIIITR DÉFI Deux ansavanrsamorr, Musashiécriviten effet: nJ'ai pratiqué lesarts martiaux depuisma plus tendreenfance.J'ai liuré monpremier combatà l'âgede teize anset défs mon aduersaire Kihei... ,. C'étaiten 1596.Bennosuke avairavisépar hasardun billet placardéau carrefourle plus passantde la ville, porteur du défi qu'un dénomméArima Yoshibe(Kihei), du Shinto- oJ'ai pratiquélesartsmartiauxdÊpuismdplus tend.re enfance. J'ai liurémonpremiercnmbdt Kihei. )) à l'âgt deneizeanset défismln ad,uersaire MiyamotoMusaslti. ryu, lançait à quiconque oseraitle relever.Le procédé était coutumier de la part des bretteurs connus sur la place. C'était gagner et survivre. La morale ne trouve pas son compte dans cettehistoirevéridique (et qui setrouve loin de celledu chat pour eux une manièrede setestet d'enrichir leur expérience, errantl), d'autant plus que certainesversionsde la scènerap- de réaffirmer leur supériorité qui aurait pu être remise en portèrent que le vainqueur s'acharnaensuitesur le cadavre, causepar un trop long effacementde la scène... Mais c'était lui brisant le crâneet éparpillant la cervelledansla poussière.. . aussiun risquecertain, car nul ne pouvait sedire à I'abri d'une Musashi venait cependantde faire une entréebrutale et très surprise.Mais la notoriété était à ce prix. La démarche ne remarquéedansun monde qu'il guignait depuislongtemps. manquait donc ni courageni de panache.A I'inverse,pour C'était le début d'un engrenagequi pouvait rapidement I'inconnu de passage,capablede releverle défi et de sortir devenir mortel, car en se faisantune placedans une société victorieux d'une telle rencontre, c'était la renommée assu- de guerriers,oir la vie et la mort sejouaienr chaquejour sur rée, dans I'instant. Donc un enjeu de taille, avecun risque un fil étroit, il était devenu lui aussiun homme à abattre. en proportion. Bennosuke contresignale défi sanshésiter, Mais Musashi s'y rua sans même I'ombre de la peur, car car I'occasionétait belle pour sortir d'un anonymat qui lui c'était exactementce qui convenaità sanature profonde. Le pesait,puis il s'en retournapaisiblement.Chacun desadver- resteseraitson Karma... sairesignorait tout de l'autre, mais la provocation ayant été tAOUÊTE DUGUERRITR faite selon les règles,la rencontre allait avoir lieu. Inconsciencede jeunesse?Bennosukene pouvait savoirque I'homme On retrouve sa trace trois ans plus tard à I'occasiond'un qu'il avait provoqué appartenaità la célèbrefamille de Toki- autre duel d'importance, celui qui lui permit de vaincre sade,et était lui-même attachéen tant que maître d'escrime Akiyama, un guerrier renommé de Tajima, qu'il tua... On à la maison de Tokugawa Ieyasu.Le jour venu, et malgré les pouvait désormaissuivre à la tracecelui qui se faisaitmain- pressionsde son entourage,Bennosuke refusade faire des tenant appelerMiyamoto Musashi, et qui avait entrepris à I ' t À i . f n < hô , , ^ ( h ôG . 1m , ,. 1 0 excusespubliques, ce qui aurait mis fin à I'affaire.Ceu qui .ô y avaient penséconnaissaientmal le jeune garçon ! On seren- r. L:;,"; ^^^.".r ..^"^ 1", "a, maître (Ronin), à la recherchede la perfection de son art, dit donc au champ désignépour I'affrontement.Tête haute, ^ ^ , , ; " . . ^ r ^ - - ^ . r . 1 ,- " ; " , subordonnant toute savie à cette quête de guerrier solitaire .""" regard dur, Bennosuke ne laissaà Kihei pas même le temps de le jauger: il serua aussitôtsur lui en brandissantson Bokken de chêne. Son adversaire,surpris, fit un pas de côté et ^ ^ , ^ r ^^ r , . ^ l ^ , - ^ " " , . ,l ,"h," travers le pays une longue pérégrination de guerrier sans kÀ< on r nn o (Musha-shugyosha)qui le brûlait de I'intérieur, à traversles dons o périodeTokrgowc llô03 rencontres que lui proposaientleshasardsde la vie. C'est ainsi I BôB]elquconslslo t pour !n qu'on le retrouve,à l'âgede dix-septans,en$agésousla bann, orr or À n or Ào mniho on mni. lred écoe enécole porr iRyu) ""","",1,"."J,""r"'r "ll "", ." nière de Toyotomi Hideyori, fils du Tâiko décédédeux ans jouer... Mais, sensdéjà aigu de la stratégieou simple bra- rorf.n'on plus tôt, qui tentait d'imposer sa légitimité pour garder le vade,Bennosukene perdit rien de sadétermination et reprit l p e sC é t o i t( e r f o n c e o u aussitôtl'avantageen... jetant au loin son arme de bois! Snm' rn , dégaina dans le mouvement. La partie s'annonçait dure à o, n ôlp r] n prpr lnn r rn ,< rlo,o nonomonk D'abord interdit devant cette manoeuvre incompréhensible, Kihei attendit. Mais il s'agissaitbien là d'une provocation pour un combat au corps à corps, devant laquelle Kihei ne pouvait sedérober: quoique déjà fortement charpentépour son âge,son adversaireétait plus jeune que lui, mais puis- , n o< rorfnrn ,", " pouvoir. En face, le clan de l'ambitieux Tokugawa leyasu, , h "",". phquesonsereporlero à ouvroge oeGobrlel e elRoond l-lnhorcairor. Fnr,,ernÂÀio rlor ', Edll orlsmodiollx onsAmphoro 2004) ancien allié du Tâiko mais qui rêvait maintenant d'unifier ni<rn leJapon à son propre compte. Le choc eut lieu lors de la célèbre bataillede Sekigahara,le 2l octobre 1600. Gigantesque affrontement entre plus de deux cents mille guerriers,tel que le paysn'en avait jamaisvu, en une terrible mêléeboueuse dans une valléedétrempéepar pluie et brouillard, où tout qu'il s'était désarméil ne pouvait plus le pourfendre sansper- sejoua finalement sur la traîtrise des Kobayakawa, qui chan- dre la face... Il ne pouvait donc plus que jeter son sabre... gèrent de camp au plus fort des combats. Tokugawa leyasu et donner du coup dans le piègetendu... Doué d'une force récupérait ainsi définitivement l'héritage laissépar Toyo- décupléepar la rage de vaincre, Bennosuke se rua sur lui, tomi Hideyoshi. Nombreux furent les preux célèbresqui I'empoigna à bras le corps et I'envoya rouler au loin, moururent ce jour là, et l' Histoire n'a que faire de ce que I'assommantà moitié. LorsqueKihei cherchaenfin à serele- fut alors la mauvaisefortune d'un Musashi, qui s'était éga- vet Bennosukeramassason Bokken pour lui assénerun vio- lement retrouvéce soir là parmi lesperdants.En effet, laissé lent coup sur le crâne devant I'assistancesuffoquée: Kihei crachadu sanget mourut. [,e firtur Musashi venait d'illustrer pour mort, gravementblessémais vivant, celui-ci restaplusieursjours au milieu des cadavresempilés sur le champ de le principe selon lequel la défaite pouvait venir de la sous- bataille,et il ne dut qu'à saconstitution vigoureusede récu- estimation d'un adversairedécidé, mais aussiun autre qui veut que, dansun combat pour la vie, tout était permis pour I suivre} {ô n'24 DRAG0tl (OMBATS COI{TRE [ECI.AI{ YOSHIOKA À partir de 1604 on rrouve Musashi à Kyoro, la ville de I'Empereur (*). Il a vingt et un ans er il est au meilleur de sa forme. Sa technique du sabre s'était lentement forgée, à coups de défis qui furent à chaque fois desvictoires. Mais, toujours insatisfait, il cherchait encore et toujours I'efficacité absolue.Déjà sa nororiété le précédait. Pasétonnant donc de voir acceptéle défi qu'il lança à Yoshioka Seijuro, maître de I'un des plus importants Dojo de la ville, et dont le père, Yoshioka Shozaemon, maître d'armes du Shogun, avait déjà en son remps affronré son propre père. Ce duel célèbrefut le début d'une longue vendetta, dont Musashi sortit vainqueur er encoregrandi. En fait, celui-ci ne s'était pas engagéà la légère.Il connaissaitdéjà bien son adversairepour en avoir minutieusement étudié la technique à la dérobée,en épiant par une fenêtre du Dojo... Mais connaître sestechniques favorites, sesmanières de sedéplacer et de rompre, ne lui suffisait pas. Bien connaîrre I'adversaire,auranr que soi-même, était la clé de la vic- point de n comparaison de la taille ,: une distancerelle qu'en ROIAND HABERSETZER, connu se tenant très droit face à I'adversaireon se sente plus grand pouruneoeuvre éditorio e exceq que lui, donc avecI'impressionde le dominer par savolonté t onnel e eilorgemenl connue, et satechnique... Musashi pouvait mainrenanr clairement donslemonde, reste depuis le premier d'orts lire dans les yeux de Seijuro la surprise,I'hésitation, la lourunproliqionl morlouxrelusont toulcompromis déconcentration, autre chose encore peur-être, qui lui monovecJeun dérivés sportik. I est oujourd'hui Honsh enKoroledo trait déjà le chemin de la victoire. Rassemblanrsoudain lroditionnel el Soke desonpropre ses forces, Seijuro arraqua quand même. Tiop tardl Vif styedeBudo, le. Tengu-no comme l'éclair, Musashi feinta à I'abdomen, cassanrnet le ,, ouCenlre michi deRecherche mouvement d'attaque de Seijuro, qui choisit de rompre. Budolnslitut Tengu quil dirige ô Le temps pour lui de s'apercevoir de la feinte, il lui fut Strosbourg lhttp:// wwwlengu.lr/). ll poursuit lci impossible d'intervertir le cours des choses: le sabre de évocotion decetincontournoble bois de son challengers'abattit sur sa têre, la manquanr de personnoge duponthéon d."s peu, mais lui brisant l'épaulegauche.Seijuro s'écroulasous héros duMoyen Ageloponois quelutMiyomolo Musoshi, ce la violence du choc, un voile rouge devant les yeux, er somguenier d'exception, o'chétype du bra dans I'inconscience. Musashi se pencha sur le corps Ronin l bred'ofloches pourmeux inanimé, I'examina, se redressa: rechercher l'efficocité cbsolue, qu vécul unevieplusposionnonle - Il n'estpas mort. Soignezle... q uu nr 0 m 0 n . . . Et il toire. Musashi s'était donc également enquis sur le tempérament, le caracrèrede I'homme qu'il avait provoqué. s'en alla comme il était venu, nonchalammenr. Les disciples de Yoshioka Seijuro rerrouvèrenr vite leurs esprits et seprécipitèrent. On plaça le blessésur une civière de for- Lentement, sa stratégieprenait forme. Le jour fut convenu. Ce serait à dix heures du matin, sur un terrain proche du temple Rendai-ji, dans la banlieue tune et on I'emporta. Seijuro finit par retrouver sa santé, mais jamais son honneur. Humilié, il abandonna sa fonc- nord de la cité. Dès I'aube, impatient, Yoshioka Seijuro était arrivé sur les lieux, entouré de disciples.Mais lorsque tion de maître d'armes, se rasa le crâne er devinr prêtre bouddhiste. Mais, pour la famille Yoshioka, la haine était plantée et tour n'avair pas été dit ! sonnèrentdix heures,Musashi n'érait toujours paslà. Il mit deux heures à venir... Il avait en fait décidé que ce considérableretard serait l'élément central de sa stratégie.Lorsqu'il arriva donc enfin au lieu du rendez-vous,s'avançant sanshâte, Seijuro était hors de lui. Lorsqu'il vit le sourire plein de morgue de Musashi, il brandit son Katana en garde au-dessusde la tête en I'invectivant: - Sa ! Viens donc. . . paysan inculte ! Sanssedépartir de son calme, Musashi continuait d'avancer simplement vers lui en renant très souplement son Boken de la main droite. Surpris, décontenancépar cet apparenr manque de concenrration, Yoshioka chercha à se placer pour lancer son arraque.Ce qui n'était pas facile sur ce sol inégal et si different du plancher lissede son Dojo. Musashi s'avançaencore,venanr très près,jusqu'à ce qu'il appellera par la suite, lorsqu'il codifiera sa technique par écrit, le Ionlcorrn'r Seijuroabandonndsafonction de maîtred'armes. Maispour lafamille Yoshioka, la haineétaitplantée et tout n'auaitpas étédit. t d* fru f 12/31 { . r*n'.Ëqiéiiiça;, u RtNomtntE 0utAtvloRT De fait, depuis la défàiteimprévisiblede Seijuro,la consternation régr-raitau sein du clan Yoshioka.Honte et colère ;..,. {F aussi,qui ne pourraient s'effacerqu'avec la n-rortde ce Musashi.Denshichiro,le jeunefrèrede Seijuro,également expert au sabre,fit donc rapidement savoir par rnnonce publiquequ'il ne laisserait pæ cetaffront in.rpuniet qu'il enjoignait à Musashi d'accepterla revanche.Une fbis encorerce ne fut paslong... Denshichiro,qr-riavaitune statureimposante,I'attendaitavecun sabrede plusde cinq piedsde long. Mais il n'en perdit pas moins la vie: Musashiput se saisir de son arme en cassantrapiclernentla distance, et lui fendit le crâne. Le deuxièmeYoshiokamourut sur le champ... Cette fois, c'en était trop. La haine du clan Yoshiokaétait incommensurable. Il fut convenu d'ur-redernière rencontre, clécisive, au lieu-dit Ichi;oji, où Musashis'assurer:rit définitivementla renomméeou trouveraitla mort. Pour cedern i e r , n u l d o u t e q u e c e s e r a i tl a r e n o m m é e ,d é f i r - r i t i v c , éclatar.rte... Musashisavaitque le clanqui avaitjuré saperte allait jeter sesden.rières forcesdans la bataille.Il y aurart Matashichiro,le propre fils de Denshichiro,encoreun enfànt, accompagnéde plusieursdiz.aines d'hornmespuissamment arlnés.Cc nc seraitpasur-rduel comfile lesautresmais, malgré despropositions an.ries,Musashi choisit d'irflrontcr seul ce combat qui s'annonçaitbien inégal.Cependant,p,rrfàitement conscientdc ce qui sc présentaitcomme ur-rdangereux traquenard,il décida d'étudier cette fois à tcmps la configuratior.r des lieux. Ichijoji était un villagede la banlieuede Kyoto, au pied d'r.rnemontagne.On y accédeitp.rr un seulchemin qui bifurquait au pied d'un vietx et immense pin à la ramure épaisse.Musashi en déduisit que la troupe ennemieI'attendraitlà, à couvert,aux premièreslueursde l'aube,heure à laquelleavait été convenuela rencontre.Il eut alorsun trait de génie: inr.erserce qui passaitdéjà pour ur.rehabitude créerait un effet de surprisedont il por,rrrart facilen.rent tirer profit. C'était décidé: contrairementaux deux rencontresprécédentcs, il viendrait cettefbis bien en avancc...! Le jour dir, eu prenrierchant du coq, Mr.rsasl-ri m a r c h a i t d é j à v e r s I c h i j o j i s x n s q r r e p e r s o n n en ' a i t p r . r s'apercevoir de son départ,et en prenantsoin d'emprunter un largeitinéraire faisantle détour par la r-nontagne.Ce Fut r DRAG0il n'25 D au coursde cetreprogression verscequ'il savaitêtresondes, tin qu'il eut un momentde faiblesse. Il décrirapar la suite lespensées qui I'assaillirent lorsqu'ils'arrêtaun moment devantun petit rempleShinto du bord de la route: ne fallait-il pasprier ici lesDieux pour savictoire?Mais, parvenu au pied de I'auteldu templeHachidai,un sanctuairedédié au Dieu de la guerreHachiman,à I'instantotr il s'apprêrait à tirer le cordonsacréde la clochepour commencersaprière, il sereprit soudain,honteux.Le front soudaincouvertde la sueurdela hontequi venaitde le submerçr, Musashis'éloigna rapidemenr. C'estcetépisodequi lui inspiraceslignes:u 1/ faut uénherlesDieux a l.esBouddhamaisnejamaiss'enremettreà etx ,. La nuit blanchissait lorsqu'ilarrivaau pin centenaire,derrièrelequelil sedissimulasoigneusement. Maintenantle sorren était ieré. rffftT DTSURPRIST Il ne s'étaitpasrrompé.Il n'eut quele tempsde s'installer queIa troupedesYoshiokaprenairpossession de I'endroit, seportantsur un largepérimètreautourdu pin, et jusque surlessentesavoisinanres. Le piègeéraitmis en placesous le regarddétachéde Musashi.Celale concernait-ilvraiment? Il écoutaitparlerde lui commes'il sefut agide quelqu'un l'heuredevérlfô, d'autre... rur lle deilukoiiino. - Nousauonsbienle temps,il ne uiendrapasauantquelesoleil nesoitdéjàhaut... Musashisourit,parfaitementcalmeet confiant,sûr de cene nouvellevictoirelorsqu'ilauraitprisla viedu jeuneMatashichiro, qui venaitde s'asseoir sansméfianceà quelques piedsseulementde sacacherte.Il sedécida.Mieux valait en finir vite. - Je suisMiyamoto Musashi! Il a longtempsqueje uous I attends! Et il bondir en avânr.Sesparolesn'eurentguèrele temps d'atteindrele cerveaudu dernierchefdu clan Yoshioka; la têtede celui-civola dansune gerbede sang.Puis,profitant de I'effetde surprise,Musashisedéplaçarapidement d'un groupeà I'autre, profitanrdespremiersjeux d'ombre et de lumièrequ'avaitdéclenché le soleilmaintenantlevé, décimantles rangsavecprécisionet méthode,dansune confusiontotale.Biendessabresétaientencoredansleurs fourreauxlorsqueMusashi,estimantque c'en était assez, disparaissait dansl'épaisse forêt,unemanchede sonKimono percéd'uneflèche.Il laissaderrièrelui unedouzainede cadavres,la mort du clan Yoshiokaet une réputationqui se répandità traversle paysaussisûrementque lesrayonsde cesoleilqui auraitaussibien pu seleverce marin là sur la fin de sesambitions. Remontantla route du Tokaidoversle nord, car il n'avait plus rien à faire à Kyoto, Miyamoto Musashieur désormais à faire faceà desdéfis d'autanr plus nombreux que saréputationle précédairlargement.Mais il ne fut jamais réellementmis en danger.Des dizainesde Samuraiet de maîtresd'armesconnus le rencontrèrentet trouvèrent la mort. Parmilesduelslespluscélèbres, ceuxqui I'opposèrent à Oku Zoin, moine-guerrier du templeHozoin, un élève de Inei,dansla régionde Nara,ainsiquele combatcontre BaïkenShishido,spécialiste du Kusarigama(*), dansla provincede Iga,qu'il vainquitégalement malgréI'allongede son arme redoutable:il lui lançason W'akizashi, qui le frappaen pleinepoitrineet l'étenditraidemort. En 1608 Musashiarrivaà Edo, ville bruyanrede touteslesinrrigues et oir tant de guerriers,Ronin ou non, cherchaienrà se faireremarquerpar l'un ou I'autreDaimyo en visiteauprès du pouvoirshogunal.Il y ouvrit un petit Dojo, qui devint trèsfréquenté.C'estlà, rapportele Niten-ki, qu'il accepta le défi de Muso Gonnosuke,expertdu bâton (Bo-jutsu), qui se disait u le plus grand artiste marrial du royaume, fondateur du sryle Hinomoto-ryu o. lJne autre source avanceque cetaffrontemenreurlieu àAkashi,dansla province de Harima. La rencontreesrdiversementrapportée par l'Histoire. Une desversions,tout à I'avantagede Musashi, rapporte que Muso fut humilié dansce défi et qu'il sererira dans une grotte du Monr Honman pour y méditer et expérimenter une meilleure technique de combat. Et qu'il finit par y définir le Jodo, la u voie du bâton ,, un bâton plus long d'une dizaine de centimètres que le sabredu Samuraï mais plus court que le bâton classique,et qu'il nomma son écoleShindo Muso-ryu. Et qu'aveccettearme, Musashi lui concédaun match nul lors d'une seconderenconrre... Une nouvellevoie martiale seraitdonc née d'une défaite... Aucune lame, aucun Boken, aucune lance, aucune arme n'eut raisonde la techniquede Musashivivant. Aucune traîtrise non plus, telle celled'Araki Hampeita qui, aprèsavoir été vaincu en combat singulier mais avait pu garder la vie ^ . JJ sauve, avait essayéd'enfermer son rival alors que, sans t 3 méfiance aucune, celui-ci prenait un bain de vapeur, dans I'espoir de le faire u bouillir dans le bain de pierre u. . . C'est encore dans la ville d'Edo que Musashi défit en 1610 deux combattants célèbres,Osedo Hayashi, du Yagyu-ryu, er TsujikazeTenma, une puissancede la nature doublée d'un redoutable expert au sabre. Décidément invincible, à l'âge de vingt neuf ans, Musashi finit par selasserde tous cescadavreslaissésderrièrelui. En & ler * àr 1612, il quitte Edo. Sansqu'il ait pu, lui le Ronin, songer soixantainede duels jusque là reconnus à Musashi, qui le à approcher les meilleurs escrimeursde la cité, tel I'illustre fit définitivement passerdans l'histoire des plus grands Yagpr Munenori, maître d'armes des Shogun Tokugawa. expertsdu sabre,avec le cortègede légendesqui alla avec. Un combat, s'il avait pu avoir lieu, qui aurair qu'elle qu'en ait été I'issuechangé I'histoire du Ken-jutsu... Musashi tt DtRl{ttR DuttDtMusAsHl repartit vers le sud, à la rencontre de SasakiKojiro, un sabreur célèbreet invaincu, surnommé u le démon desprovinces Ce fut le choc de deux combattants exceptionnels.Car de l'ouest ,. C'était le 13 avril 7612, er ce fut son dernier que dix-huit ans, était lui-même déjà un bretteur d'un combat singulier. Ce fut aussile plus célèbrede la bonne niveau tout à fait remarquable,et il n'avait plus aucun rival Sasaki Kojiro (Ganryu), du clan Mori, qui n'avait alors dans saprovince natalede Echizen. Il était en train de faire, lui aussi,une grande randonnée à travers le pays, portant la mort à coups de défis aux maîtres d'armes les plus célèbres.II portait sa longue épéedans le dos, une lame droite polie par un célèbre forgeron de Bizen il y avait de cela r,r.li _..d r. presquetrois siècles,et qu'il appelait53u percheà sécher,, âË#r Jq * &nL.* * t par analogieaux longuestigesde bambou sur lesquelleson faisait sécherle linge. La technique qu'il avait mise au point, et qu'il avait appeléeGan-ryu, était redoutable.On le disait notamment infaillible dans la technique dite du ( tonneau de I'hirondelle , (Tsubame-gaeshi)qui lui permettait de trancher d'un seul coup vif et précisde son sabre long I'oiseau au vol. Cet u art de tuer les hirondelles , au vol supposaitune précision remarquabledans le geste:une sorted'aller-retourtrèsvif de la lame. On disait aussique Sasakis'entraînait chaque jour à regarder l'oiseau exécuter de gracieux tonneaux au ras du sol et à saisir I'instant précisoùr,lorsqu'il inversaitson tonneau, il descendaità une vitessed'évolutionpresquenulle, un point d'inflexion dans sa trajectoire qui lui permettait alors très sûrement de couper I'hirondelle en deux comme si elle avait été parfaitement immobile. Lorsquele jeune prodige entra dans la province de Buzen, dans l'île de Kyushu, le Daimyo(.) Hosokawa Mitsunari Tâdaoki le prit à son service.Sasaki Kojiro draina aussitôtde nombreux disciples.Peude temps DRAGO]{ n'25 æ.'-après, redescendantdu nord, Musashi arriva dans la ville de Kokura pour rendre une visite de courtoisie à un ancien disciple de son père. Dès qu'il fut mis au courant de la présencede Sasaki,il fit transmettre à ce dernier son désir de se mesurer à lui. La renconrre fut aussitôt fixée sur une île de sablenommée Mukaijima (ou Funajima), dans le détroit de Kanmon, à environ deux mille et demi de Kokura, à I'heure du dragon. Elle est un modèle de stratégieet de maîtrise, le sommet de I'art de Mivamoto Musashi. TAPARFAITT MNTRIST il TART Elle peut se reconstituerainsi: Torazaemon,I'aubergisre, se décida enfin, le front moite d'émorion. C'est que le soleil était déjà haut dans le ciel et la renconrre avait été en principe fixée à huit heuresdu matin. - Seigneur,il estdéjà tard... il serait tempsd'embarquer, osat-il, en se penchant davantage au-dessusde I'homme endormi. Musashi bailla et s'étira paresseusemenr. C'était un Jour comme un autre, et la mort saurait attendre. La sienne peut-être ? Penséeridicule , qui I'effleura à peine. Ce Sasaki Kojiro ne ferait pas plus le poids que rous ces autres qui avaient eu le malheur de croiser un jour sa route et qui n'allèrentjamaisplus loin. Tout de même ... Ce Kojiro, disciple de Toda Seigendont il tenair l'art du sabrecourt, était un peu de sa rrempe: n'avait-il pas quitté son maîrre pour découvrir et approfondir seul l'art du sabrelong avec lequel il avait ûni par développersa fameusetechnique du ( tonneau de I'hirondelle u, mortelle pour rous sesadversaires? On lui avair rapporté que I'on pouvait suivre Kojiro à la trace, rien qu'en repérant les restesd'hirondelles proprement sabréesen vol par sa lame redoutable,capable d'anticiper à coup sûr la rrajectoirede l'oiseau.C'était cette marque de parfaite maîtrise de I'arr du sabrequi lui avait valu le posteenvié d'instructeur officiel du clan Hosokawa. ['êpisode revupor I'inogerie populoire. de cellesdont étaienr pourvues les nombreusesembarcations de pêcheurstiréessur le sabledu rivage,il sautapres- Certesnon, ce SasakiKojiro, qui n'avait lui non plus jamais connu la défaite, ne serait pas n'importe quel adversarre. tement dans I'esquif. Ce fut à peine si le petit bateauoscilla sous le choc. Il laissafaire le batelier, er n'eur plus d' yeux Mais c'étaitleur Karma à tous deux: il était inévitableoue les deux hommes ûnissent par se rencontrer. que pour la vieille rame en chêne rouge qu'il entreprir de tailler grossièrementà son extrémité. Dans sa tête, le plan Musashi fit posémentsa roilette,pris son petit déjeuner, puis se prépara.Il connaissaitrour du lieu oùr devait se d e b a t a i l l ep r e n a i tf o r m e . . . dérouler le combat, une mince langue de sable,qu'il avait longuement étudiée le jour précédenr. IJne vieille habitude... Il savaitque son adversaireI'y artendaitdéjà avec impatience; er il eur un sourire froid en se rappelantque le fait de décider lui-même de I'heure de la confrontation, UNT HABITT fIIANGUVRT En arrivant sur l'île, il vit bouger lesspectâreursvenusassister malgré I'interdiction officielle à ce qui s'annonçait comme un spectacleunique. Et aussi la ligne immobile des officiels chargésde veiller au bon déroulement de la rencontre. Il ordonna au passeurd'aborder le rivage tout et ce au tout dernier momenr, lui avait déjà valu bien des victoires rapides et spectaculaires.Cela ne suffirait sans au bout de l'île, à un endroit au sol pourtant inégal er cou- doute pas tout à fair aujourd'hui, mais Musashi était fort vert de buissonset d'épineux.C'était aussivenir par l'est, d'une autre certitude: quand il s'agit de vaincre, rour esr bon pour la victoire.Et aussiqu'il n'y a qu'une seulemanière et Musashi savaitqu'il se présenterairavecle soleil dans le dos. Kojiro, trop furieux à cause de son retard, et rrop occupéà arpenterimpatiemment le rivage,un Haori* écar- de tuer. Il remonta les largesmanches de son Kimono sur les épaules,afin de bien dégagerles bras, les maintint en late jeté sur son Kimono et son imposant sabresur l'épaule, les nouant selon I'usageavecune cordelettepasséesousles ne vit rien de la manoeuvre.Avant que I'esquif ne touchât aisselles, puis accrochaune servierreà saceinture. Il sedirigeaensuited'un paslégerversla barquechargéede I'amener le rivage, Musashi sauta dans I'eau peu profonde, sa rame à la main (**). A sa vue, son adversaires'avançavers lui, sur l'île. Ramassanrau passageune longue rame de bois, venant jusqu'au bord de la vase,car la marée était basse: DRAGOI{ n'25 - 'fu esen retard, Musashi ! Ma parole, mais tu aspeur... la coursede son sabredont la oointe éraflale sol. Briserle Musashi ignora le regardmi goguenard,mi furieux, et resta rythme de I'adversaire... silencieux,comme s'il n'avait rien entendu. Déjà Kojiro " Tbute chosepossèdeson rylThme.Vaincre reuient à perceuoir tirait lentementla longue lame de son fourreau,puis jetait le rythme de l'aduersairetout €n tfttu/lillant soi-mêmesur des négligemment celui-ci à la mer. C'est à cer insranr que rythmesqui uont le dérouter., Musashi bougea lentement, cherchant un angle, puis il bondit à son tour, dans un Musashi sut qu'il allait gagner! Son adversaireétait déjà un homme mortr ( tonneâu de I'hirondelle , ou pasI La grand cri, abattant avec force et d'une seule main sa lon- maîtrise de la distance était plus importante que celle de gue rame sur la tête de Sasaki,qui plia les genoux. Celuici projetadansun réflexeson sabreà I'horizontale...( ton- la vitesse...Il s'arrêtaaussitôt,lespieds encoredans l'eau, et interpella Kojiro pour la première fois. - Tu asperdu Kojiro. Commenr un uainqueurpourrait-il jeter neau de I'hirondelle,... Le Katana tranchale bas du lefourreau de son sabre? Tu esdonc si sîrr qu'il ne te seruira plus,,. couper davantage.Musashivenait d'esquiveren bondissant versle haut, répondant par la technique du u vol du démon ", Décontenancépar le trait inattendu, bouillant de rage, autrefois enseignéepar Tsukahara Bokuden. Déjà son Kojiro brandit son arme. Peut-êtrecomprit-il alors le sens second coup de rame balayait son adversaireà hauteur de de la manoeuvre de Musashi, mais il était de route façon poitrine, lui brisant les os et lui écrasantles poumons. Kimono de Musashi, à hauteur des genoux, mais ne put déjà trop tard: son adversaireavait en{in pris pied sur le Sasakiachevade s'effondrer, le sang giclant du nez et de rivage, bien en garde derrière sa rame qui avait quelques la bouche. Son sabre,qui avait pris tant de vies,finit sacourse vingt centimètresde plus que son fameux sabre... 1 ' l P " . r " , , 1 "", ' " " " . " " r , f , . lô.ô |.ESO|.EIT DERRITRE TOI Ainsi donc, contre toute règle, Musashi ne se battrait pas âvecune vraielame... En gardantsâpropre lame dansson étui, SasakiKojiro, qui venait de le comprendre, aurair eu de meilleureschancesde couvrir la distance, alorsque main- ô( iôr.ô ô ô( ^ h r.r. phqles or sefeDor:efo o " . " " " . 1 " C " L , " r " " r P ." . ^ l - l r n o , q o r .: c .F n . . . " " , 1 " l * orlsrcr oux" Ect ors Amol'orc en se plantant un peu plus loin dans le sable humide oir détalaient quelques crabes.Il avait l8 ans. Miyamoto Musashi s'agenouilla à côté du cadavreet mir sa main devant le visageen sang. Kojiro ne respirait plus. Musashi se releva et remonta aussitôt dans I'embarcation dont il prit lui-même lesramespour s'éloignerau plus vite 2004 "l l- Dcc'èsesnui pes!e'sons de Mukaijima. * La rapidité dans la tactique n'est certespas tenant... Il ne vit pas le sourirevainqueurde Musashiqui rlp rplto rrn-nrlrp avait noué son Hachimaki autour de son front, noeud sur MyomotcrÀ'/ruscsh setoiDc( cl celui qui estdeu€nuhabile dansson Art,,, se souviendra-t-il I'avant, pour retenir sescheveuxfous grossièrementrame- co-bo clec o rore qu lenoi pour son u Corin-ni-sho ,. nés en toupet sur le haut du crâne. Car il y avait aussi le soleilqui commençaità lui brûler la rétine... Musashiaussi s'ensouvint par la suite,lorsqu'il consignadansson u Gorinno-sho " : " Dans /e combat, chercheà placer le soleil derrière toi ott à ta droite., lr ballet mortel avait commencé. lr temps n'existaitplus, ni l'espace.Rien. L'autre était tout. Tour pouvait se jouer sur un clignement de paupière,un son rp: rÉ ohro d e l oe r o r o l e c u i s m p e la uéritable Voie.Elle apparaît presquelente la technique de cclcn 0r enaore cvecun Boien. Molsposovecso,l (olorc el ercoremclnsorec deur sobres P|.US RIEI{ A PROUVER Il avaitvaincu une fois de plus. C'était assez.Il n'avaitplus rien à prouver,ni aux autres,ni, surtout, à lui-même. Miyamoto Musashi avait alors vingt-neuf ans, et il est dit qu'il ne se battit plus jamais en duel pendant les trente trois ans qui lui restaientà vivre. On dit aussique ce génie de l'art inattendu, un peu se sablequi croule sousle pied.. - du sabreavait enfin rencontré dans ce dernier duel un Kojiro bondit en avant. Sa lame fendit l'air pur du matin adversaireà sa taille, qu'il tua, mais qu'il regretta beau- dans un bref miroitement et sembla fendre le crâne de coup. Il y a tant de versionsde cet ultime combat... Mais Musashi en deux. Mais celui-ci eut un mouvement bref, il est parfois moins intéressantde s'acharnerà établir des et I'on vit sescheveux retomber en désordresur sesépau- faits que d'explorer le renouvellement perpétuel de la les: la pointe de la lame adversevenait de lui couper ner légende.Aujourd'hui l'île où succombaSasakis'appelle son serre-tête.Esquiveparfaite... Mais, emporté par son Ganryujima. élan et la certitude de la victoire, Kojiro ne contrôiait plus T (ùsuivre) (( Toutecltose possède sonrytltme.Vaincrereaient àperceuoirle rythmedÊl'aduersaire tout en traaaillantsoi-même sur d,esrythmes qui uont le d,éroltter.)) DRAGOil n'25 ll y eut,pourceluiquifutproboblement lepluscélèbre escrimeur detouieI'histoire duJopon, sovie0v0ntle dueldeMukoiimo, etcelle quilesuivit.,. Voicilofindutryptique consocré ô lovie incroyoble del'undesplusgr0nds héros duMoyen Âgeioponois, > 0uteur du<Gorin-no-Sho (<Ecrits ), ou( Iroitédescinqonneoux surlescinqroues >).Elleestrocontée p0rR0LAND HABERSETZER, Honshi enKorotedo troditionnel mois oussi Soke 2006desonpropre depuis style ) qurilenseigne deBudo, le<Tengu-no-michi (Budo 0uCentre deRecherche Budo KenkyukoiTengu Gokuin. http://www.tengu.fr), pouruneoeuvre etconnu éditoriole exceptionnelle et incontournoble: solignedemonuels d'ortsmortioux, olli0nt depuis touiours lotechnique etle culturel, continue ù foireréférence bienou-delô desfrontières fronçoises. ll retrouve icisoplume <Histoires (ses ), porues d'historien etdeconteur deSomuro'i dons lesnuméros précedents ), seronttrès deuDrogon prochoinementéditées >). por( Budo Editions tEHLs DE musAsHl Deux ansaprèsle duel sur Mr-rkojimirsedéroulait le siègedu châteaud'Osaka,suitc:\ une derr-rière tentativede reprisedu pouvoir par Hidevori, le fils de Toyotomi Hideyoshi. Après clouzemois de siègelir mort de Hideyori enrraînala disparition de la firmille des'loyotomi et le succèsdéfinitif de celle des Tokuearva(*),dans laquelle se succéderonrles Shogun jr-rsqr-r'cn 1868. Il sembleque, quoiqu'aucunrexrenc soir fàrmel sur ce frrit,Milamoto Musashisesoit ralliéaux troupes assiégées desToyotomi, fidèleen Faitau choix qu'il irvairdéjà f,rit lors de la bataillecleSckigaharaoùril faillit laisserla vie. Miyomoto Musoshi, lors desonoflronlement ovet (telqu'ilfut Sosoki Koiiro reprêsenté donsl'undes nombreux filmsron:orrês ù sovieporle cinémo iri souslestroils ioponois, del'ocleur Toshho Milune). d'années,on ne sair ph.rserand cl-rose de sa vie. Sauf qu'autour de sestrente six ans,il fut préoccupéde ne pasavoir de frls,sa vie de pérégrinationslui avanr interdit de songerà fbr.rderune Farnille.Il s'occupad'abord de Mikinosuke, un jer-rne garçonqr.ris':rvérabrillirnt et auquelil enseignason art. un girrçoncl'uneclouz:rined'années.C'était dansla provrnce de Derva. ]l v croisaen effet un jour sur un sentier un garçon trirnsportantdesanguillesdirnsun seaude bois,et le pria de lui en ofrfrirquelquesunes. L'enfant, qui s'appelaitIori, lui l:rissa le seauentier et s'enalla.Le lendemain,à la tombéede la nr.rit,Musashisemit à la rccherched'un sîte. Attiré r-refut pas sa sur;rriseen se trouvant nez i\ nez avecI'enfànt qui lui avait offert seslochesla veille. Iori ar-rssi le reconnur aussitôt,le fit entrer, lui offrit du thé et un resrede millet. LorsqueMusashi lui dit son étonnemenrde le voir seul,Iori bonne nuit. (ombolousobre:scène Mais Musashi ne trouva pirsle sommeil. La nuit érait froide delo viedesfrères5ogo, et I'humidité pesaitsur sesvôremenrs.Il se redressasoudain peinlure duXlX.siède Orientol deVenise} dans le noir, intrigué par un bruit méralliquepersistanr, {Musée trente et un ans.A partir de là, et pendant une vingt.rine le srrivrepar sr-Licicle rituel (Junshi).Musashi renconrraalors hutte. Il Frappaà la porte pour demar.rder l'hospitalité.Quelle lui apprit qu'il étaitorphelin,puis le laissaer.rlui souhaitant l-e chiiteaud'C)sakatomba lorsqueMiyamoto Musashi eut Lescler,rx hommes devinrent trèsproches.Mikinosr.rkcpassa, avecl'accordde Musashi,eruseruicede Honda'latatoki mais, lorsquece dernierdécédabruralemenren 1626,il choisitde par une petitelueur dansla montagne,il découvritunc petite ,ç venant d'à côté.Il seleva,pour decouvrirIori affiiranr conscien'un cieusementla lame d sabre... A cette heure de la nuit? Iori lui expliqua alors le plus naturellementdu monde que son pèrevenait de mourir la veille et que le cadavreétait trop lourd pour lui; qu'en conséquence,il seproposaitde le couper en deux pour pouvoir le transporteret I'enterrerdigne- I ment. Touché par la piété filiale er la détermination du garçon, Musashi porta le corps du défunt jusqu'à la montagne oir il l'enterraà côté de la mère de lori. Musashi adopta alors Iori et fit de lui un Samuraï,qu'il fit par la suite engagerpar OgasawaraTâdazane, le seigneurde Kokura. Iori portait alors le nom de Miyamoto. Musashi, qui se fixa égalemenrpendant six ans à Kokura, avait cinquante er un ans. Deux ans plus tard, en 1637,les chrétiensqui vivaient opprimés dans la péninsulede Shimabara,sur l'île de Kyushu, serévolrèrenr et lesTokugawadécidèrentde noyer la révoltedansle sang(**). Musashi et son fils adoptif accompagnèrentle Daimyo de Kokura dans la campagnede répressionqui lui fut ordonnée. C'est ainsi que, lors du siègedu château de Hara au printemps 1638, Miyamoto Musashi firt nommé membre de l'état-major du Shogun pour le clan Kokura, et placé en retrait par égardpour son âge.Iori fut quanr à lui chargédu commandement d'un corpsde réservepar Ogasawara.Il est dit que Iori finit par combattre en premièreligne, le jour de I'assautfinal du châteaule 14 avril, et qu'il fut distinguépar son courage.Par contre Musashi n'eut probablement pas à rejoindre les troupes d'assaut.Miyamoto Iori mourut en 1678, er lesliens de sangqui I'unissaientà Musashiserransmirent sur six générations. t'ÉCou DEs DEUX SABRES Entre l'épisode du duel de Mukaijima et celui de la campagne de Shimabara,Miyamoto Musashi était devenu un autre homme. Refi-rsant toujours de sefixer pour fonder une école,conservanria têre froide aprèstanr de succès,il s'obsrina à s'enfoncerplus encoredansl'étude de la Voie, celledu guerrier,qu'il fut en premier,mais aussicelled'un u homme accompli ,, qu'il rêvait d'êrre. Sa grande errance,celle de celui qui sedisait en quête de I'efficacitéabsolue,et qui était cellede tous lesSamuraïpurs et durs du paysà un moment ou un autre de leur existence,il la mena d'un bout à I'autre de savie comme un Ronin, un n homme de la vague,, sans maître.Il expérimentalargemenr,avantque de la décrirepeu âvantsamort, cetten voie oir I'on va seul,. Sarencontreavec le moine Zen Tâkuan (1573-1645), qui I'incita à chercher$ DRAGOi| n'26 Ft, =f .$ t . f t la vérité au plus profond de lui-n.rême,ne lirt pas étrangère à cetteprofor-rcle tr:rnsformationintérieureet à l'inflexion de savie.A partir du début desannées1630 Musashivécuten effet comme une secondevie. Il seconsacradésormaisentièremenr à l'étudede la Voie du sabreet connur sansdoute cet éveilintérieur(Satori)tant recherchépar lesadeptesdu bouddhisrneZen, celuiqui briseu lesportesde la perception, ordinaireet ouvre u le chemin de la vraievie ,. Sesrenconrresavec le boLrddhisme,I'art du thé, la poésie,la peinture à I'encre cle Chine, avaienrmodifié sa sensibilité.C'était comme sr son combat avecSasakiKojiro lui avait fait sr.rerdéfinitivement sabrutaleet inutile violence:depuis,lorsdesdéflssuivar.rts,il évitait de tuer, témoignant même de compassron enversceux qu'il avait dû blesser.Il avançaitainsi à grands pasvers ce qui consrituait I'idéal depuis le début de l'ère de paix imposéepar les'lbkugarva,fusionnant lesartsde la paix et les arrs de la guerreen une même et noble voie (Bunbu- j* no-michi). UNT SYNTHEST ORIGINATT Sur le plan de la rechnique du sabre,il est évident qu'il fit tout naturellemenrsapropre svnrhèse.On créditeMiyamoto Musashide la créationdu srylede Ken-jutsu Emmei-rvu (on trouve égalementle nom de Hi-no-shita Kaizan Shinmei Miy:Lmoto N4usashiMasana-ryu,une technique qui fi.rttrans- "r *1* Y V-- mise parTèriro Kyunranosuke),qui prit plus rard le rrom de Nito-ryu, ou Hyoho Niten Ichi-ryu (Ecoledescleuxsabres: une main tenirnt le sabrelong et I'autre le sabrecourt, en un double rempârr infranchissable), puis celui de Niten-ryu (Ecoledesdeux Ciels)." Niten , était aussiun nom de plume parfois utilisé parrle peintre et calligraphequ'il était devenu dansla dernièrepartie de savie (***). Si l'écolea disparuavec Musiuhi (le Hyoho Niten Ichi-rvu prétendcependanrauJourd'hrri transn.rettre la rechr.rique de Mr-rsashi),il existeccpendant encoredesKata à deux sirbrestransmispar le Ken-jutsu lru cours clessièclessuivanrs.En fait, le srvlede Musahi fut bien plus qu'une déclinaisontechnique.Non seulemenrses techniquesd'homme de rerrain lui irvaienrpermis de Formuler des principcsuniversels du combar,que celui-cisoir çr singulier ou qu'il s'agissedu l.reurtde deux armées,m:ris il lesenglobadars une philosophieapplicableà tous lesdomair.res d'une vie entière. Quar.rtitéd' " histoiresde Dojo , ramènenrau Kenseilv1iyan'rotoMusashi.Domaine de la légendepure, peut-être,mais histoirescombien exaltanres,au-cleli\de leur naTvetéparfois, pour les pratiquantsd'irrts martiaux d'autrefoiset cl'aujourd'hui. Cer-rxqui étudient le sabrecomme tous lcs aurres,car l'cnseignementde Musashis'adresse à tous.Voici deux de ces hisroires,particr,rlièrement signitcativesdu haut niveaud'efficacitéatteint par I'hon-rmeparvenu:ru bour de la Vrie. Il DlA00ll n'26 s'en dégage,en plus, une grandevertu morale, qui est l'apa- dernierss'éclipsèrenten toute hâte sansdemanderleur reste, nagedesvraisguerriers:tout fairepour éviterle combat, afin d'épargnerla vie (Mu-ro). . . affolésà la penséequ' ils pourraienr avoir à affronter la lame d'un homme qui venaitde leur donner une si brillantepreuve de maîtrise.Ils n'apprirent que bien plus tard que cet inconnu, EPARGI{ER tAVIT Un homme soupait calmement dans une petite auberge, qui les avait si adroitement épargnés,s'appelaitMiyamoto Musashi,de passage danscerteauberge... indillèrent à quatre mouches qui le harcelaienrsansarrêt. Une autre histoireconte combien celui-ci avait fini par avolr Entrèrent trois guerriersà [a mine patibulaire,qui portèrent horreur de combattre sansabsoluenécessité.Alors que Musa- un regard lourd d'envie aux deux splendides sabres<1ue shi logeaitpour quelquesjours chezun ami pour prendreun I'homme portait à la ceinture. Car de tellesarmes valaient peu de repos, un inconnu du nom de Aoki se présentaet une petire fortune. Une satisfactionintense se peignit sur demandaà êtreenseignépar celui qui ne pouvait plus cacher leurs traits car,dans ce coin perdu, cet homme seul ne ferait sa réputation. Musashi scruta I'homme et lui demanda s'il pasle poids contre eux trois. S'asseyanr donc à une tablevoi- avaitl'habitude de combattreavecle Boken qu'il porrait avec sine, ils semirent aussitôtà faire descommentaires forts déso- son nécessaire de voyage.Aoki avouasansarrièrepenséeque bligeants,à hautevoix, sur ceguerriersolitairedonr la pauvre le sabrede bois était en effet son arme favoritepour lesduels mise facilitait tous les quolibets. Ils espéraientainsi le pro- qu'il provoquait au cours de sesdéplacementsà traversle voquer en duel. Comme I'homme ne réagittoujours pas,ils pays.Musashi se leva alors subitemenr er appelaun des fils s'enhardirent,de plus en plus caustiquesdans leurs propos. de son ami. Il prir ensuiteun grain de riz er le posadélicate- Alors I'homme leva lentemenr les baguettesavec lesquelles ment sur la houppe de l'enfant puis, dégainaet prit la dis- ils venait de mangerson riz et, en quarregesresvifs et précis, tance.Elevantle sabreau-dessusde la tête, il frappa soudain attrapasanseffort lesquatre mouchesqui n'avaientcesséde puis rengaina.Aoki, muet, regardaitsanscomprendre.Musa- tourner autour de lui. Puis il reposadélicatementsesinstru- shi marcha alors vers l'enfant et prit ce qui restaitdu grain ments... Il n'avait pas accordéun seul regardaux hommes de riz, fendu net, sansqu'un seuldescheveuxdu gamin n'ait qui tentaient de I'importuner. Dans le silencequi suivit, ces été touché. ,.Ëlffie*;r D rÀ' '*F;51x."tt d.-7ffi1'31"o1**- DRAGOil n'26 A l'automne1643,sentantsoncorps faiblir il d,ecida deseretirerd,umondÊets'isoladansk montagne HaruyaTnd, Pour mietmméditerdansunegrotte, - Bien que mon habilrté puissemepermettre beaucoupd.echlses, et accusason âge.A l'automne 1643, sentantson corps fai- dit-il alors en vissantson regard dans celui d'Aoki,7e ne com- blir, il décidade se retirer du monde, et s'isoladans la montagne Haruyama, pour mieux méditer dans la grotte Rei- bat jamais imprudemment ni inutilement. Ceci est ma premiàre leçon. gendo, située au-dessusdu temple Ungan-ji, sur le mont Iwato, une colline escarpée au pied du Mont Kinpo à l'ouesr de Kumamoto. C'est là qu il rédigea,quelquessemainesâvanr D'autres anecdores,telle celle de la rencontre de Miyamoro Musashi avecTlukahara Bokuden lui-même, autre génie du Ken-jutsu, sont évidemment complètement inventées,simple sa mort, sous forme de testament, le texte u Tiaité des Cinq Roues , (Gorin-no-sho), qui est devenu un clæsiquede la question de chronologie facile à vérifier. Certaines sont d'ailleursparticulièremenrrenâces,comme cellequi prétend littérature concernanr les arts martiaux. En cinq chapitres intitulés u Têrre, Eau, Feu, Vent, Vide ,, il y condensaI'essencede la Voie de Budo, qui est aussicelle de toutes les que Musashi n'a tué SasakiKojiro que parceque celui-ci était I'assassin de son père.Vendettaimpossible,puisqueMounisai disparut autour de 1 590 et que Kojiro avait dix-huit ans au moment de samorr à Mukaiiima en | 612... (<tPie'grièrhe rurbron<he sèther formes de stratégie.Au soir de sa vie, Musashi articula sa réflexion autour des cinq éléments représentantla nature I entière et suggèrade progresserà I'aide de ces u cinq roues , que sont les cinq chapitresde son livre, du premier au der- c0Rtil-1{0-sH0 Au début de I'année 1640, alors qu'il avait cinquanre-sept ans, Musashi se rendit dans la province de Higo, à l'invitation du seigneur de Kumamoto, Hosokawa Gdatoshi, qui lui offrait le poste de maître d'armes.Non sansI'avoir testé au préalable.L'occasionde le faire était I'arrivéeau châreau de Ujii Hikoshiro, expert de l'école de sabreYag1ru,dont Hosokawa était un fervent admirateur et pratiquant. lr combat firt courtois, mais Ujii ne fut pas de nille. Ni Gdatoshi qui s'y essayalui-même, ni d'ailleursle grand Shioda Hamanosuke, maître du Bo de six pieds, qui entraînait pourrânr les Samural du Daimyo de Kumamoto. Ce dernier conçut ,r nier niveau de compréhension et d'expérimentation de la Voie. Le u Gorin-no-sho , est de nos .ioursencore un traité ,È t \ i i i j fondamentalnon seulemenrpour ceuxqui cheminent sur la voie des arts martiâux, mais le rexte est également repris comme réflexion stratégiqueapplicable au cadrecommercial par quantité d'hommes d'affairesau Japon et ailleurs, au même titre que u L'art de la guerre, du stratègechinois Suntzu... En voici les premièreslignes: I uJe uaisexpliquer maintenant pour k première fois par hrit k uoiedz ma stratégie,dontj'ai poursuiui l'ékboration durant dz donc un énorme respecrpour son nouvel hôte, et les deux nombreuses années.Nous sommesau dtbut du dixième moisdz la uingtièmeannéede Kanei (l 643). Je me suisrendu au mont hommes s'entendirenttrès bien. Tâdatoshifirt pour Musashi un mécène er un ami. Deux ans plus tard, Musashi avait rédigé sesu Tiente cinq leçons sur la stratégie , (Heiho San- Iwato, dans la prouince Higo en l{yushu, y ai salué le ciel, prié Kannon, et me suis agenouilléface aux Bouddhas 1...1.Je me suis intéresséaw uoiesdt k tactique dls mon jeune âge etj'ai (|Ii. . jugokajo), qui lui avaientéré commandéespar son hôre, et eu monpremier duel à l'âgede teize ans 1...1.Il ne me souuienr lui dédia I'opuscule.Cette premièremourure de la synthèse pas d'un seuldz k soixantainede combatsquej'ai eu à liurer, dnnt je ne soissorti uainqueur [...). Tout cek sepassaalors que de sesexpériencesfrrr la basede son frrtur traité u Tiaité des Cinq Roues ,. Miyamoto mit ce séjour à profit pour pratiquer calligraphie et peinrure, des arrs oir il excellait éga-lement; il laissaen effet de véritableschefs-d'oeuvresmono- j'auais entre treize et uingt-neuf ans enuiron. Mais passéle cap dcs trente ans,j'ai réfléchi sur mon passé.Mes uictoires nepro- chromesà I'encrede Chine (Suibokuga),montrant desoiseaux, uenaientpas dz k supériorité dr ma tactique. Peut-êne étaientelleslefait d un don naturel, ou d un ordredu ciel, ouparte que deshérons, des dragons,des cormorans, Daruma. . . Il y maîtrise un trait tout à fait dans la ligne de celui despeinrres zen. mesaduersairesmanquaient dt tactique. Alors j'ai dzcidz d approfondir k Voie etj'ai recherchématin et soir k raison dz ces Il signasesoeuvresdu nom de plume u Niten ,. On lui artribue également des poèmes, des chants, mais de cela, par contre, rien n'est parvenu jusqu'à nous. On dit même que le ShogunTokugawa Iemitsu lui aurait commandé de peindre un leverde soleil pour son châteaud'Edo... Mais son protecreurmourur subitement en mars 1641 des suitesd'une maladie, à l'âge de cinquante cinq ans. Miyamoto Musashi en fut trèsaffecté.Il devint soudain trèssombre, DRAG0ll n'26 Le oGorin-no-s/toDestde nosjours encoreun trditéfondamental de stratégie. .;. . !' t ,i, \ r i -.) torsdéveloppe,nents hisio' {" ieNiten'[i es,unrec:ed cnec' À ns lirosl' .cgcrier ! ec s=t,arf? {*l Pour 'Cf7 ô1rô( .^n.ôr.^.r l/, ,ôm.r. 1 .^li p,r'5ap.r,rc ; ent'eI 94C:r riques, lechnlques oub ogr0phiqùes, 'ouvroge publié eni 755 C: cj ouec o:r:" fisr'; irlirr." onæreprtero ô cieCobre e enlros coTes , lç iggrg,"1,"iritsc' l-'l leceetferlrnonenceu(',ijmes . lc s h , , D l e c C r c ' e i 0 i x e 1 e d l ec e so r l sn o r t o u x, E clir o n s deE1Yoshikowo il8Ç219ô2i o ln ère' lrec er ccotnécse : t:l" (^hrr ot Pn,nnrlHnhor<otror( FM,,. ^^ê Amphoro. 2004 r Arr0' fon Y01r I J JÎ rn000rîn0 1 , . .q h . i , . . i ô n , Êô, " , , 1 " " . - D r o g c nN,' I 3 e t1 4 nôtrê ôi lc , >1 . ^ .ô, ^ r Scsck(o':r: :r ii' :: , llre nclveieedillor réunlsson;col:lnccon:re umrère ê(.iê ' ,,^i mê( )d nn' : ^ ô t-m.è "ç - _A " n " )/ jofl rroac'rr:5 à c i'e Ceir'1.]sosl. h rÀ a "â nr,qio ât^rd " J rr lôrm.' r:n,locn.lnnion ha7 i . , r nrmn r.: c- , ' r' ; - r l r"l r- nt h" T C e c l: Ç s û81 i'rr. < Dorumo l uictoires.Pdruenuà la cinquantaine, l'unifcation de /d uoiede lt tactiques'estenf nfaix d'el/r mêmeen moi. Depuiscemoment, le tempsa passéetje n'aiplu aunurcVoieà rechercherl..l.l'oi appliqué lesprincipes de k tactique à de nombreuxarts. Attssi n'ai-je de maître dans aucun domaine. En écriuant ce liure aujourd'hui je n'ai pas suiui la loi du Bouddhismeni I'erneigilement du ConJircianisme,ni rtncutt rëcit tti/itrtire atrictt | ..1I'ai uoulu exprimerle uéritableesprirde notreécoleenyfaisant serefléterla Voiedu Ciel et de Kattnon. J'ai saisimon pinceattà l'heurcdu tig'e, à l'aubedu dixiène jour du dixiètte rtrcis, etj'ai commettcëà ëcrire . MISENTERRE AVIC SON ARMURE Au début de 1 645 Mivamoto Musashiser.rt une énorrnedouleur dans la poitrine, qui le diminue rapiderr.rer.rt. Il sartque, cettefois,il n'échappera pasà la mort. Mais on finit par aller le chercherdanssagrotte, dansla mont:rgne.On en descer-rd en portant sur le dos un corps squelettiquejusqr.r'ar,r vicr,rx châteaude Chiba. Ce fur le dernier acte. Musashiécrit alors, encore,en vingt et une maximescourtes,. La Voie à suivre )\ r- seul , (Dokukodo). C'était le 12 mai. Sentantserfin prochc, il oFfrit à NagaokaYorivuki, un de sesdisciplesfravoris,celui qui l'avait recherchéde la grotte Reigarr,saselleet sesarmes. , à son élèvect disciple le Puis il légua son . Gorir.r-r.ro-sho plus ancienTèraoKatsunobu, et lesu Ticnte cinq :rrticlessur a lesarts martiau-ru au frèrede ce dernier.Tèrao Kumanosuke \ ,lrl Nobuyuki, qu'il considéraitcomme le plus accornplide ses élèves. Il étaitprôt. La mort vint le prendrele 19 rnai.Il s'endormit paisiblementdans la montagne couvertc dc nrandariniers, au milieu de ces rocherstourmentés et majestueux où il ar.aitclarifié sesderr-rières réflexions.Il rrviritsorxanre- .\ deux ans. Selonsavolonté il fut enterrérevêtude son armure er la cérémonie funèbre lirt célébréepar le prêtre Shuzan,drr remple Tâisho-1i.On rapportaque lorsquece dernier en eut terminé ur-rgrand coup de tonnerreébranlala montagr-re aprèsqu'un éclair terrifiant ait déchiré le ciel. La tombe de Musashi se trouve dansle villagedeTèmagaluge,dansla province d'Amata, à environ six kilomètres au nord-est de la ville de Kr-rmamoto. Ellc resteaujourd'hui encore ur.rlieu de pèlerir.rage pour tous ceux qr.riont entendu parler un jor"rr,à un tirre ou à un autre,de celui qui, d'entretous lesu Saintsdu sabre, que le Japona connu, a sansdoute été le plus grand (*-**). Son habileté exceptionnelle,considéréecomme diabolique par sesennemis, transisd'eflroi à la seuleévocationde son nom, son audaceet son sang Froidquasi irrhumairr fàceà la mort, en avaientd'abord fait un incrovirblccoq de combat pour qui manier le sabrea été longten.rpsun but en soi. Et puis, comme dans une âutre et nouvellevie, passél'âgede trente ans,il utilisa cesdispositionspour une véritablequête du u soi ), comme des moyensde parvenir à la sagesse, et de dominer les lorcesdu mal. Avant d'arrêterde combattre et de seretirerdu monde,entrédansla lumièrede la Connaissance...Son nom bouddiqueposthumefut GenshinNiten. Tâkuan Soho, le prêtre Zen dont la route irvait croisécelle de Musashi,mourut cettemême annéeet YagvuMunenori, I'autre grand n-raitredu sabre,I'anr-rée suivante. DRAGOi| n'26 I
Documents pareils
L`ART DU COMBAT 1. Histoire - La Forge de la Flamme Eternelle
Il était le second fils de Munisai Shinmen, lui-même expert au sabre, et qui le laissa orphelin à l'âge de 7 ans (il fut
tué lors d'un duel). Receuilli par son oncle maternel, moine, qui l'amena da...
Contes japonais
quelques pas derrière lui, un jeune serviteur le suivait en portant son sabre. Une idée traversa
l'esprit du jeune garçon : " Malgré toute l'habileté de mon maître au sabre, il serait aisé de
l'att...