Réduire le piratage de logiciels au Moyen-Orient et en Afrique
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Réduire le piratage de logiciels au Moyen-Orient et en Afrique
LIVRE BLANC Réduire le piratage de logiciels au Moyen-Orient et en Afrique : le cas de l’Algérie Avec le parrainage de la Business Software Alliance OBJET Le présent livre blanc étudie l’impact des technologies de l’information sur l’économie et la société de la région Moyen-Orient et Afrique (MOA), à la fois du point de vue des entreprises et du point de vue des gouvernements. IDC considère le piratage de logiciels comme l’un des principaux freins au bon développement des technologies de l’information et dresse une feuille de route générale destinée à contenir ce phénomène et à en réduire l’ampleur. À partir de deux études de cas, le présent livre blanc explique les moyens de mise en pratique des principaux volets qui composent cette feuille de route, puis s’attarde sur le cas particulier de l’Algérie. En mettant en application le modèle d’impact du piratage (Piracy Impact Model) d’IDC, ce livre blanc évalue le gain économique que représenterait la réduction du piratage de logiciels en Algérie en termes de création d’emplois, d’augmentation des recettes fiscales et de contribution au PIB. SYNTHÈSE Tél. : +971 4 391 2741 Fax : 971 4 391 1922 IDC Moyen Orient, Afrique et Turquie, Dubai Internet City, Building No. 8, Suites 203, 105 and 106, Dubaï, Emirats Arabes Unis Novembre 2009 Dans la société actuelle de la vitesse et de la connexion, les technologies de l’information jouent un rôle essentiel et apportent des solutions à la quasi-totalité des problèmes économiques et sociaux de notre temps. Elles sont une source d’innovation et de productivité, accroissent l’efficacité au travail et facilitent la vie quotidienne. Dans les économies émergentes, et la grande majorité des pays de la région MOA se rangent dans cette catégorie, l’informatique est également un outil précieux pour relever les défis régionaux qui se posent, précisément parce qu’il s’agit d’économies et de sociétés en développement. Dans ces pays, l’informatique peut apporter l’éducation et les soins de santé aux zones rurales et isolées, lutter contre la propagation des maladies et permettre une utilisation plus efficace des ressources énergétiques. Pour IDC, toutefois, l’informatique constitue une source d’avantages plus tangibles et mesurables pour les économies émergentes d’aujourd’hui en termes de contribution au PIB, de création d’entreprises, de création d’emplois tant dans l’industrie informatique que dans son écosystème, et d’augmentation des recettes fiscales. Pourtant, plusieurs facteurs continuent de faire obstacle au plein développement du marché de l’informatique dans un certain nombre de pays. Le Moyen-Orient et l’Afrique toute entière présentaient en 2008 un taux de piratage de logiciels de 59 %, et la copie, la reproduction, le transfert et l’utilisation non autorisés de logiciels protégés par copyright comptent parmi les menaces les plus importantes qui pèsent sur l’industrie informatique de la région. Pourtant, quelle que soit la gravité du phénomène, l’étude d’IDC montre qu’en suivant une feuille de route en cinq volets, les gouvernements peuvent combattre et réduire le piratage de logiciels de façon efficace, comme cela a été le cas en Grèce et en Russie. En ce qui concerne l’Algérie, IDC estime qu’une réduction du taux actuel de piratage de logiciels (84 % en 2008) de 10 points en quatre ans (2,5 points par an entre 2010 et 2013) permettrait de créer 339 emplois supplémentaires dans l’informatique et de contribuer à hauteur de 66 millions de USD au PIB, soit une augmentation du chiffre d’affaires total de l’industrie informatique locale de 49 millions de USD et près de 6 millions de USD de recettes fiscales supplémentaires pour les administrations fédérales, régionales et locales. PRÉSENTATION DE LA SITUATION L’impact de l’informatique : les bienfaits de l’informatique pour l’entreprise « Vous voulez savoir ce qu’apportent les technologies de l’information ? Alors donc essayez de vivre sans elles ! » Aussi simpliste qu’elle soit, cette déclaration d’un porte-parole de l’Union internationale des télécommunications en 2006 rappelle un adage bien connu : La création et l’utilisation de l’informatique ont un impact positif sur l’ensemble de l’économie et de la société d’un pays. Si cela peut paraître évident, plusieurs précisions s’imposent sur les points suivants : L’impact réel de l’informatique Le niveau macroéconomique ou microéconomique auquel cet impact se fait ressentir L’étendue de cet impact sur le secteur public et le secteur privé et sur l’industrie informatique en particulier I n f or m at i q u e e t éc o n om ie : p lu s d ’en t r e pr ises e t pl u s d’em pl ois Aux niveaux macro et microéconomiques, les études menées dans différents pays et les conclusions de plusieurs organisations internationales montrent que l’informatique constitue, pour l’économie, une source de valeur ajoutée qui prend les formes suivantes : Contribution positive à la création d’entreprises : L’étude réalisée cette année par IDC sur l’impact économique prévoit une augmentation mondiale de 1,2 % du nombre de sociétés informatiques sur la période 2008–2013. Dans la région MOA, cette augmentation devrait atteindre 2,7 %. Est-ce bon pour l’économie ? Oui ! Non seulement la création d’entreprises a un effet positif évident sur l’emploi, mais elle intensifie également la concurrence, améliore l’efficacité du marché et génère des recettes fiscales supplémentaires pour le gouvernement. Impact positif sur l’emploi : L’industrie informatique emploie plus de 36 millions de personnes dans le monde ; grâce à elle, le taux d’activité devrait augmenter de 3,1 % en taux de croissance moyen composé, sur la période 2008–2013. D’après les calculs d’IDC, le nombre total de personnes employées dans le secteur de l’informatique dans la région MOA était supérieur à 1,5 million en 2008 et nous prévoyons une augmentation de 5,6 % en taux de croissance moyen composé sur la même période. Un surcroît d’emplois, c’est aussi une augmentation de la consommation privée, de la demande interne et étrangère et des recettes fiscales. © 2009 IDC 2 Gains de productivité et d’innovation : L’utilisation des nouvelles technologies est un puissant moteur de productivité et d’innovation pour les entreprises. L’informatique accroît la productivité dans toutes les fonctions de l’entreprise (conception, production, ventes, marketing, ressources humaines et finances), grâce à une réduction du temps mort, à une plus grande mobilité de la main d’œuvre et à une meilleure communication. L’utilisation de l’outil informatique est également à l’origine d’un grand nombre de produits et de procédés innovants dans le secteur des services et les industries liées à ce secteur, ainsi que, dans une moindre mesure, dans l’industrie manufacturière. L’effet est clair : les entreprises qui poursuivent une stratégie d’innovation se concentrent généralement davantage sur les activités de recherche et développement (R&D), développent en interne un précieux capital intellectuel et attirent et retiennent des employés hautement qualifiés, le tout pour le plus grand profit de l’économie d’un pays. I n f or m at i q u e et s ocié t é : D e n o u velles f aço n s de c om m u n i qu er , de t r a va iller e t de fair e des a ffair es L’impact de l’informatique s’étend naturellement bien au-delà de l’aspect purement financier. Actuellement, l’informatique change véritablement la vie des gens dans le monde entier en modifiant leur façon de travailler (télétravail), de dépenser (e-commerce), de communiquer (téléphonie IP), de se distraire (Web 2.0 et réseaux sociaux), d’apprendre et de se former (apprentissage et formation en ligne), et de trouver des informations et de l’aide dans d’autres domaines importants, tels que la santé (télésanté) et l’assistance juridique (blogs, wikis, etc.). Outre les entreprises et le grand public, une autre partie prenante tire un large bénéfice de l’introduction et de l’utilisation de l’informatique : le gouvernement. L’impact de l’informatique : pour les gouvernements l’avantage L’impact positif de l’informatique sur les gouvernements est double : on constate d’une part un effet positif direct sur l’emploi et la fiscalité et d’autre part des avantages indirects qui résultent de l’application à grande échelle de produits et de services informatiques dans le cadre d’initiatives gouvernementales dans le domaine des technologies de l’information. Contribution positive au PIB : Selon une étude de l’impact économique réalisée par IDC en 2009, les revenus générés par l’industrie informatique au Moyen-Orient et en Afrique représentent 1,7 % du PIB, part qui, selon les prévisions, devrait atteindre 2,2 % en 2013. Au niveau mondial, la part de l’industrie informatique sur le PIB était de 2,5 % en 2008 et devrait se situer à 2,8 % en 2013. Quelle conséquence, dans la pratique, pour l’économie ? Une augmentation du PIB signifie plus de consommation privée, plus d’investissements bruts, plus de dépenses publiques et une amélioration de la balance commerciale. Effet direct – Source de recettes fiscales et d’emplois : Les exemples présentés dans les études d’IDC montrent que la production, la vente et la distribution de produits et de services informatiques génèrent un flux de recettes fiscales qui constitue une source considérable de revenus pour les gouvernements. À cet égard, il y a la TVA sur le matériel, les logiciels et les services informatiques, les droits d’importation sur certains produits et l’impôt sur les sociétés versé par les filiales locales des fournisseurs informatiques et par les sociétés informatiques et les distributeurs locaux. En outre, l’utilisation © 2009 IDC 3 de l’informatique a un impact positif sur les taux d’emplois, en particulier pour les postes en rapport avec l’informatique. Non seulement cet effet créateur d’emploi constitue un puissant facteur stabilisateur pour les gouvernements, mais il représente également une source supplémentaire de rentrées fiscales grâce à l’augmentation des recettes générées par l’impôt sur le revenu, des cotisations de sécurité sociale et d’autres revenus liés aux charges salariales. Effet direct – Ecosystème de l’informatique : Le gain en terme de recettes fiscales et de création d’emplois n’est pas limité à la poignée de fournisseurs et de sociétés informatiques qui mènent des activités dans un pays. Toutes les entreprises qui créent, vendent et distribuent du matériel et/ou des logiciels et qui en assurent la maintenance sont bénéfiques pour les gouvernements. De même, des milliers de professionnels et de sociétés informatiques développent des applications et des services et assurent la maintenance du matériel et des logiciels informatiques. Ces entités contribuent, elles aussi, aux recettes fiscales et créent des débouchés. Effet indirect – Initiatives gouvernementales dans le domaine des technologies de l’information : La production et la commercialisation de produits informatiques, ainsi que leur meilleure intégration dans la société, permettent de mener à bien des initiatives gouvernementales qui eussent été impossibles il y a encore quelques années. Grâce à un recours plus large à l’informatique, les gouvernements peuvent proposer de meilleurs services à leurs citoyens et utiliser les recettes fiscales de façon plus efficace. Quelques exemples : La création d’infrastructures informatiques dans les établissements d’enseignement et de formation favorise l’émergence de nouveaux modèles d’enseignement (organismes d’enseignement à distance, organismes de formation en ligne, etc.) qui répondent aux objectifs des gouvernements tels que la nécessité d’étendre l’enseignement aux zones isolées et créent de nouveaux emplois liés à la mise à niveau des infrastructures d’enseignement. Les investissements dans la télésanté, tels que les données numériques sur les patients et la télémédecine, améliorent les services aux citoyens, facilitent l’inclusion numérique, favorisent le développement de nouvelles compétences et de nouveaux emplois et, par conséquent, créent un plus grand consensus pour les administrations publiques. Les technologies vertes basées sur l’informatique (grilles intelligentes, efficacité énergétique, technologies respectueuses de l’environnement, etc.) aident les agences gouvernementales à privilégier les solutions à long terme qui sont économiquement, socialement et écologiquement durables. En donnant la priorité à l’efficacité énergétique, elles répondent en outre aux objectifs de réduction des coûts et d’optimisation budgétaire. Enfin et surtout, l’introduction de nouvelles technologies et l’augmentation de l’utilisation de l’informatique profitent en soi aux gouvernements dans la mesure où cela permet aux administrations publiques d’améliorer la productivité et de proposer de meilleurs services au public : les systèmes de vidéosurveillance renforcent les services de sécurité et aident la police dans ses enquêtes, les logiciels de traitement de texte et de numérisation permettent de réduire la paperasserie, etc. © 2009 IDC 4 L’impact de l’informatique : brille n’est pas d’or Tout ce qui Plusieurs facteurs continuent de faire obstacle au plein développement du marché de l’informatique dans plusieurs régions. Dans ces pays, le potentiel du secteur informatique, pourtant dynamique et en pleine santé, reste encore sous-exploité. Les freins les plus importants auxquels sont confrontés les marchés informatiques de la région MOA peuvent se résumer de la façon suivante : Fuite des cerveaux et absence de compétences et de ressources adaptées : Ce qu’on appelle la « fuite des cerveaux », s’agissant d’individus qualifiés, est un phénomène caractéristique des économies en développement et des marches émergents et, en tant que tel, il affecte la plupart des pays de la région MOA. Pour des raisons historiques et culturelles, les informaticiens qualifiés d’Afrique du Sud et du Maghreb, par exemple, sont attirés par des marchés du travail plus avancés, tels que ceux des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France. L’absence de personnel qualifié peut être compensée par l’embauche d’expatriés en provenance d’autres régions (comme c’est le cas dans de nombreux pays du Golfe). Mais, lorsqu’il est impossible de recourir à cette solution, le lancement de nouveaux produits et technologies informatiques peut en pâtir, anéantissant ainsi tout le bien que peut présenter l’informatique pour l’économie et la société d’un pays. Des cycles de vente complexes : Dans la plupart des pays de la région MOA, IDC constate que les fournisseurs informatiques sont confrontés à des cycles de vente plus complexes en raison d’un manque de transparence généralisé dans les procédures d’adjudication des marchés et de délais de paiement excessifs dans les projets lancés par le gouvernement dans le domaine des technologies de l’information. Cela peut inciter les sociétés informatiques à réduire leurs investissements dans la région et à rechercher des débouchés ailleurs. À long terme, ces cycles de vente complexes peuvent nuire à la compétitivité globale du pays et réduire les bienfaits que les produits et services informatiques apportent aux gouvernements. Manque de bande passante, coûts élevés, faibles niveaux de connectivité sans fil et autres obstacles techniques : L’adoption des produits et services informatiques innovants (ex. : logiciel en tant que service, e-commerce et solutions mobiles) peut être freiné dans les pays dans lesquels les services à large bande et la connectivité sans fil sont insuffisants et relativement coûteux. La réussite de centres informatiques régionaux (ex. : projet Internet City à Dubaï et plus récemment, projet SmartCity à Malte) n’est possible que lorsque les primes et privilèges accordés par le gouvernement (ex. : régime fiscal favorable pour entreprises et particuliers, infrastructures de transport et de communication et niveaux d’enseignement satisfaisants) sont associés à un niveau adapté de services informatiques dans tout le pays. Cadre législatif insuffisant et faible respect de la réglementation : Lorsque les lois sur la propriété intellectuelle et leurs décrets d’application sont insuffisants ou qu’ils ne sont pas suffisamment appliqués, une distorsion des mécanismes de marché peut survenir. De nombreux pays de la région MOA, notamment en Afrique Sub-saharienne, ont une forte propension à la contrefaçon dans le domaine des droits de propriété intellectuelle, privant le secteur local des technologies de l’information de précieuses ressources © 2009 IDC 5 financière et entraînant des nuisances pour l’environnement économique global du pays. L’IMP ACT POSITIF DE L’INFORMATIQUE EN DANGER : PROTECTION DES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE Pourquoi le importance piratage de logiciels a son Parmi toutes les pratiques illégales qui affaiblissent le secteur des technologies de l’information dans le monde, la copie, la reproduction, le transfert et l’utilisation non autorisés de logiciels protégés par copyright comptent parmi les menaces les plus importantes qui pèsent sur l’industrie informatique, et notamment sur celle des logiciels, dans la région MOA. La région MOA tout entière a enregistré un taux de piratage de 59 % en 2008, des pays tels que l’Irak, la Libye, le Nigéria et le Zimbabwe présentant même des taux de logiciels piratés nettement supérieurs à 80 %. En d’autres termes, sur 100 logiciels installés en 2008, plus de 80 avaient été produits, distribués et vendus en toute illégalité. FIGURE 1 Piratage de logiciels au Moyen-Orient et en Afrique : Pertes liées au piratage en 2008 par rapport à 2007 (en millions de USD) Source : IDC, 2009 © 2009 IDC 6 FIGURE 2 Taux de piratage de logiciels : Situation au Moyen-Orient et en Afrique Taux de piratage de logiciel dans la région MOA Source : IDC, 2009 Ces taux élevés de piratage se sont traduits par une perte économique globale de près de 3 milliards de USD dans la région en 2008. Il est intéressant de noter que le montant des pertes imputables au piratage de logiciels dans la région MOA en 2008 a augmenté tandis que le taux de piratage reculait légèrement. Pourquoi ? Ce phénomène en apparence contradictoire est lié au fait que l’immense majorité des pays de la région MOA sont des marchés émergents dont le taux de croissance est nettement supérieur à celui des pays développés. En 2008, par exemple, les ventes de PC ont progressé 33 fois plus vite sur les marchés émergents que sur les marchés matures. Cette augmentation rapide des ventes de PC s’est traduite par un taux de croissance tout aussi élevé pour les progiciels, légaux comme illégaux, avec une croissance moins forte pour les logiciels illégaux. Parce que la production et la distribution de logiciels illégaux ont augmenté plus lentement que celles des logiciels légaux, le taux de piratage de 2008 est en léger recul par rapport à celui de 2007 (en pourcentage de tous les logiciels), alors que la perte totale qui en résulte a, quant à elle, augmenté de plus de 500 millions de USD. Ce sombre tableau est le résultat de plusieurs facteurs : modèles et structures de développement économique, facteurs démographiques et différences culturelles. La situation de la région MOA, en particulier, semble se caractériser par des tendances spécifiques qui sont de puissants catalyseurs du piratage : Manque d’information sur le piratage de logiciels parmi les utilisateurs Acceptation sociale généralisée du piratage de logiciels et des contrefaçons Inefficacité des lois sur la propriété intellectuelle, mauvaise applicable des textes et sanctions peu dissuasives © 2009 IDC 7 Pour quelle raison les gouvernements devraient-ils se préoccuper d’une telle situation ? Après tout, n’est-ce pas l’industrie informatique qui souffre du piratage de logiciels plutôt que le secteur public ? Mais pas du tout ! Les gouvernements des pays, dans lesquels sont développés les logiciels piratés, sont confrontés à des pertes tangibles et intangibles : Les producteurs de logiciels authentiques et réputés peuvent hésiter à développer des produits là où il existe de la contrefaçon, ce qui cause un manque à gagner immédiat en termes d’investissement direct étranger (IDE) et une perte considérable de capital intellectuel. La réputation des logiciels qui sont produits légalement dans les pays dans lesquels le développement de logiciels illégaux est répandu peuvent souffrir du fait que les utilisateurs ont du mal à distinguer les produits légaux des contrefaçons. L’existence du développement de logiciels illégaux est le symptôme d’un système juridique qui est mal équipé pour protéger de façon efficace les droits de propriété intellectuelle. Ceci décourage l’inventivité et l’esprit d’entreprise bien au-delà des limites de l’industrie informatique, puisque cela dissuade les producteurs honnêtes d’investir des ressources dans de nouveaux produits et dans le développement du marché dans toutes les industries et sur tous les segments. Au bout du compte, ce sont les consommateurs et la société tout entière qui paient l’addition : ils finissent avec un produit inférieur, les logiciels piratés étant généralement limités en termes de qualité, de fonctionnalités, d’assistance, de garantie, d’évolutivité et de compatibilité par rapport aux logiciels légaux. Dans un tel contexte, il est indispensable que les gouvernements de la région MOA prennent conscience du fait que : l’impact du piratage de logiciels est réel et porte atteinte à l’économie et à la société tout entière : des mesures sont nécessaires pour protéger le système socio-économique d’un pays, et non pas seulement son industrie informatique. des efforts efficaces de lutte contre le piratage doivent être mis en place dès à présent, car les pays de la région MOA vont encore connaître une croissance économique soutenue au cours des prochaines années. Sans des mesures immédiates et efficaces pour lutter contre le piratage de logiciels et renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle (DPI) dans la région, les bienfaits de cette croissance économique seront différés voire totalement perdus. Que peuvent faire les gouvernements maintenant : Feuille de route d’IDC pour la réduction du piratage de logiciels Cette section se veut un référentiel pour les gouvernements et les autres autorités du secteur public qui leur servira à évaluer leurs politiques de lutte contre le piratage et à identifier les déficiences éventuelles et des mesures correctives. Les mesures décrites ci-après ne constituent pas une liste exhaustive d’obligations pour les gouvernements et les autorités du secteur public mais une feuille de route générale qu’il convient d’adapter aux réalités économiques, juridiques, politiques et culturelles locales. © 2009 IDC 8 IDC suggère de résumer en cinq piliers fondamentaux les mesures que les gouvernements doivent prendre pour mettre en place des politiques de lutte contre le piratage efficaces et durables : Légiférer : Mettre en place un cadre juridique clair et cohérent. Appliquer : Mettre en œuvre la législation en s’appuyant sur des ressources dédiées. Eduquer : Former le grand public et le sensibiliser. Collaborer : Coopérer au niveau national et international. Diriger : Montrer la voie à suivre à l’aide d’exemples directs. FIGURE 3 Feuille de route IDC pour réduire le piratage de logiciels Légiférer : Mettre en place un cadre juridique clair et cohérent Legislate Legislate: Establish a clear and consistent legal framework Appliquer : Mettre en œuvre la législation en s’appuyant sur des Enforce:dédiées Apply legislation with dedicated resources ressources Éduquer : Former le grand public et le sensibiliser Educate : Increase public education and awareness Educate: Increase public education and awareness Collaborer : Coopérer au niveau national et international Collaborate Diriger Montrerthe la voie suivre à l’aide d’exemples directs Lead: :Show wayàby direct example Lead: Show the way by direct example Source : IDC, 2009 I . L égi fér er – M e t t r e e n p lace u n c adr e j u r i di qu e c lair , co h ér en t et eff icace On ne crée pas des lois contre le piratage à partir de rien. Elles doivent prendre en compte le contexte international dans lequel elles sont mises en œuvre et s’adapter aux évolutions technologiques. Les gouvernements doivent par conséquent : Contrôler la législation existante contre le piratage : Qu’elles soient inscrites dans le code pénal, le code civil ou dans des textes législatifs spéciaux tels que la législation sur le droit d’auteur, les lois contre le piratage doivent pouvoir s’adapter aux avancées technologiques et rester au fait des pratiques illégales, ce qui peut impliquer d’actualiser certains aspects spécifiques de la législation. Définir des lignes de responsabilités claires à partir des lois existantes : Qui est tenu responsable du comportement orienté vers le piratage ? Quels types de responsabilité sont prévus dans les lois existantes ? Par exemple, l’utilisateur final qui fait des copies non autorisées est-il le seul responsable ou alors le distributeur a-t-il lui aussi une part de responsabilité ? La responsabilité est-elle évaluée d’après le lien de causalité entre l’évènement et le dommage ou bien les autres connexions, non causales, sont-elles elles aussi prises en compte ? Les réponses à ces questions sont d’une © 2009 IDC 9 importance capitale pour évaluer l’efficacité des lois en vigueur et proposer des amendements efficaces. Examiner la nature et l’étendue des sanctions : Est-ce que seules des amendes sont prévues ou existe-t-il d’autres sanctions pénales ? Est-il facile de poursuivre en justice les contrevenants ? Ces mesures doivent constituer un élément de dissuasion efficace pour les candidats au piratage de logiciels. Harmoniser les lois nationales avec les cadres juridiques internationaux : Les cadres législatifs internationaux et supranationaux, tels que les obligations liées au Traité de 1996 sur le droit d’auteur de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) 1, sont une formidable source d’inspiration et de conseils pour les gouvernements, même lorsqu’ils ne sont pas officiellement tenus de transposer ces mesures internationales dans leurs lois nationales. I I . A p pli q u er : M e t t r e e n œ u vr e l a lé gisl a t io n e n s ’a p pu ya n t s u r des r ess o u r ces dé diées Les pirates de logiciels doivent être traités avec la même sévérité que les auteurs d’autres infractions criminelles. Les gouvernements nationaux peuvent par conséquent améliorer le respect de la propriété intellectuelle en renforçant et en élargissant l’éventail existant de mesures d’application de la loi par la mise en place de mesures anti-piratage modernes et efficaces, parmi lesquelles : Des ordonnances de ne pas faire Des déclarations individuelles Des mesures administratives Des actions au civil Des actions au pénal Parmi les différents outils actuellement disponibles pour assurer une application efficace de la loi, l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) 2, signé en 1995 par l’OMC, constitue l’une des pierres angulaires du respect des droits de propriété intellectuelle. Cet accord exige que des procédures de protection efficaces et rapides du droit d’auteur (avec des recours au civil et au pénal ainsi que des sanctions pénales) soient en place et aient un puissant effet dissuasif sur les futurs contrevenants. Les lois nationales doivent par conséquent prévoir des procédures d’application qui permettent d’exercer les recours éventuels, parmi lesquels des actions civiles, administratives et pénales, ainsi que des mesures frontalières, douanières, fiscales et de communication. Ce n’est qu’en instaurant ce large éventail de recours que les procédures d’application peuvent être efficaces. Les recours doivent pouvoir être exercés dans la pratique et éviter les exigences inutiles, complexes, coûteuses et trop lourdes en matière de preuve ou de documents à présenter. En d’autres termes, ils doivent être disponibles et rapides. Les recours doivent également être dissuasifs afin de décourager la contrefaçon future. Créer des unités spécialisées chargées de faire respecter la propriété intellectuelle : Cela peut intervenir au niveau national et au niveau local, avec des ressources spécialement dédiées pour enquêter sur le vol de propriété intellectuelle et poursuivre les contrevenants. Les gouvernements désireux de lutter contre le piratage avec des ressources adaptées peuvent 1 2 http://www.wipo.int/treaties/en/ip/wct/trtdocs_wo033.html http://www.wto.org/english/tratop_e/trips_e/t_agm0_e.htm © 2009 IDC 10 s’inspirer des unités de police qui ont été créées avec succès en Europe occidentale afin de lutter contre la fraude et le piratage, telles la Brigade financière en France, l’YPEE en Grèce et la Guardia di Finanza en Italie. Favoriser la formation des fonctionnaires chargés de faire respecter la loi et des fonctionnaires judiciaires : À cette fin, il convient de leur dispenser une formation pratique et théorique et de leur apporter une assistance technique. Par exemple, en 2008, la Business Software Alliance (BSA) a parrainé une série de séminaires régionaux de formation et d’information sur l’application de la loi pour les juges et les procureurs russes en collaboration avec les autorités russes compétentes et avec la participation de représentants du gouvernement américain et de l’Union européenne. I I I . Ed u q u er : For m er le g r a n d pu blic et le sen si biliser Pour réduire le piratage de logiciels, il est essentiel d’amorcer, grâce à l’éducation, une évolution radicale des comportements du grand public. Pour sensibiliser le public à ce problème, les gouvernements peuvent : Insister sur les avantages que présente le respect des licences : Faire passer le message que le respect des licences est bénéfique à la société tout entière et pas seulement à l’industrie du logiciel. Lorsque le piratage est généralisé et accepté socialement, le lien entre une économie qui respecte le droit d’auteur et « l’image de marque » globale du pays doit être souligné. Un marché légal du logiciel garantie une économie plus compétitive et une meilleure image du pays au niveau international. Communiquer sur les risques inhérents à l’utilisation de logiciels piratés : Informer les entreprises et le grand public des risques associés à l’utilisation de logiciels piratés et encourager et récompenser l’utilisation de produits légaux. La campagne anti-piratage « Three Monkeys » organisée en 2008 par la BSA sur des marchés aussi divers que la République tchèque, l’Afrique du Sud, la Suède et la Turquie constitue un excellent exemple. Lancer des campagnes d’éducation : Des campagnes d’éducation peuvent être développées afin de mettre en lumière les avantages qu’il y a à gérer les logiciels comme un actif. La campagne turque « Homme en noir » est à cet égard une indéniable réussite, car elle donne matière pour promouvoir les pratiques de gestion des logiciels au sein de la communauté croissante des entreprises turques. Cibler les initiatives d’éducation sur les jeunes : Lancer des initiatives visant à éduquer les jeunes en général et le monde universitaire en particulier. Comme l’a montré une enquête BSA-IDC sur le piratage en 2008, les établissements d’enseignement ont tendance à utiliser davantage de logiciels piratés sur les ordinateurs neufs que les consommateurs ordinaires. Ceci s’explique par le fait que ces établissement font appel à des circuits de distribution plus variés avec moins de logiciels inclus et, par conséquent, de plus grandes chances de se retrouver avec des produits piratés. De plus, les jeunes semblent compter parmi ceux qui ont le plus de mal à comprendre la nature illégale et criminelle du piratage. Le lancement de campagnes d’éducation et de sites web (ex. : www.piensaantesdecopiar.com en Amérique du Sud) peut par conséquent constituer un moyen facile et abordable pour les gouvernements de lutter contre l’utilisation illégale de produits couverts par des DPI, notamment chez les jeunes. © 2009 IDC 11 I V . C olla b or er : Co o pér er au n ive au n at io n al e t i n t er n a t i on a l Le piratage de logiciels est un phénomène mondial invasif. Il requiert une collaboration encore plus étroite entre le secteur public et le secteur privé, ainsi qu’entre les fonctionnaires chargés de faire appliquer la loi de part et d’autres des frontières. Partenariats public/privé (PPP) : Les PPP s’avèrent un excellent moyen de collaborer au niveau national, les gouvernements et l’industrie s’impliquant de plus en plus dans des programmes de conformité afin de défendre les droits de propriété intellectuelle et de promouvoir les avancées techniques et les évolutions technologiques contre le piratage. Par exemple, les PPP prennent une importance grandissante dans le déploiement de programmes de gestion des droits numériques et dans la promotion du remplacement des ordinateurs de bureau par des ordinateurs portables, qui sont davantage susceptibles d’être livrés avec des logiciels légaux préinstallés. Ces initiatives sont des mesures indirectes clés qui contribueront à faire échec aux pratiques illégales. Les PPP peuvent aussi entraîner des modifications du marché et de la distribution, notamment la promotion de la ventée liée de logiciels légaux et de services (ex. : accès Internet à large bande) ou d’autres produits, afin de diminuer l’utilisation réelle des logiciels piratés. Coopération transfrontalière : Instaurer une coopération transfrontalière entre forces de police et autres organes publics afin d’améliorer la coordination dans de nombreux pays. Dans une économie mondiale complexe, il est probable que les pirates de logiciels opèrent depuis différents pays. Les conventions gouvernementales bilatérales et multilatérales qui assurent la promotion d’une collaboration entre les forces de police nationales et d’autres organes ont pris une importance fondamentale. V . D ir i ger : M o n t r er la v oie à s u i vr e à l’ai de d’e x em p les dir ec t s C’est aux gouvernements qu’il revient, dans une large mesure, de convaincre le public, étant donné que les administrations publiques sont les plus gros utilisateurs de logiciels au monde. A l’instar des établissements d’enseignement, l’étude sur le piratage BSA-IDC de 2008 indique que les entités gouvernementales présentent un taux de piratage plus élevé que les consommateurs ordinaires en raison du grand nombre de sources d’approvisionnement auxquelles le secteur public fait appel. Les ministères et agences gouvernementales doivent par conséquent être les premiers organes à se mettre en conformité en matière de logiciels professionnels afin d’adresser un message fort, clair et crédible aux entreprises et au grand public. Pour atteindre cet objectif, le secteur public a besoin d’un plan efficace de gestion des actifs logiciels. Ce plan doit s’articuler autour de trois mesures de base : Actions liées à la gestion : Elaboration d’une politique forte et claire Désignation d’un haut fonctionnaire pour superviser la conformité des logiciels Réalisation d’un inventaire de base complet Réalisation, par la suite, d’inventaires périodiques et aléatoires Tenue d’archives complètes et rapports de conformité périodiques Actions de sensibilisation : © 2009 IDC 12 Initiatives d’éducation et campagnes de sensibilisation à destination du personnel gouvernemental Mise en place de programmes de formation permanente à la gestion des logiciels pour le personnel des services informatiques gouvernementaux Actions liées à l’approvisionnement : Directives uniformes sur l’achat de logiciels afin d’éviter l’acquisition, la reproduction ou la transmission de logiciels sans licence Adoption de mesures préventives pour éviter toute utilisation abusive des fonds gouvernementaux FIGURE 4 Feuille de route IDC pour réduire le piratage de logiciels – Détail Légiférer Legislate Identifier des sources legal Identify légales sources Définir les Establish de lignes responsabilité liability lines Investigate les Etudier sanctions penalties Harmoniser la Harmonize with législation international nationale avec legislation la législation internationale Appliquer Enforce Etendre les mesures Expand existing d’application enforcement existantes actions Créer des Create specific unités spéciales pour enforcement l’application de units la loi Train law Former la enforcement en police police and charge de the faire appliquer judiciary la loi et l’appareil judiciaire Eduquer Educate Communiquer sur l’idée que la Convey the des message conformité that compliance a logiciels profite àistout benefit for all le monde les Inform businesses Informer entreprises des about pirated SW risques liés related risksaux logiciels piratés Launchdes education Lancer campaigns for the campagnes general public d’éducation à du grand Launch educational destination public initiatives aimed at Lancer des initiatives éducatives ciblées sur les jeunes Collaborer Collaborate Promouvoir les PPP Promote PPP Encourager la Support cross coopération border transfrontalière cooperation Diriger Lead Promouvoir des campagnes de Promote mise en legalization conformité campaigns dans le secteur within publicthe public sector Mettre en place un programme a SW Introduce de gestion des assetactifs logiciels management dans le secteur plan in the public public sector Source : IDC, 2009 CONCLUSIONS Parmi les différentes pratiques illégales qui affaiblissent le secteur informatique dans le monde, la copie, la reproduction, le transfert et l’utilisation non autorisés de logiciels protégés par copyright constituent une menace importante pour l’industrie informatique dans la région MOA. Avec un taux de piratage de 59 % en 2008, la région MOA est le quatrième marché au monde pour les logiciels piratés. En 2008, ce sombre tableau s’est soldé par un manque à gagner total de 3 milliards de USD pour toute la région MOA. Messages clés pour les gouvernements Moyen-Orient et de l’Afrique du Les répercussions du piratage de logiciels sont réelles et portent atteinte à l’économie et à la société tout entières. Des mesures sont nécessaires pour protéger le système socio-économique d’un pays, et non pas seulement son industrie informatique. Des initiatives efficaces de lutte contre le piratage doivent être lancées dès maintenant, car les pays de la région MOA vont encore connaître une croissance économique soutenue au cours des prochaines années. Sans des © 2009 IDC 13 mesures immédiates et efficaces pour lutter contre le piratage de logiciels, les bienfaits de cette croissance économique seront différés voire totalement perdus. Sur la base d’études de cas concrètes et des exemples de la Grèce et de la Russie (voir ci-dessous), les gouvernements sont encouragés à mettre en œuvre une feuille de route en cinq volets pour réduire le piratage de logiciels en mettant l’accent sur la législation, l’application de la loi, l’éducation, la collaboration et le leadership. Comme le montrent les conclusions de l’étude d’IDC sur l’impact du piratage sur l’Algérie (qui sont exposés ci-dessous), une réduction de 10 points du taux de piratage de logiciels peut avoir des effets considérables en termes de création d’emplois, de contribution au PIB, d’augmentation du chiffre d’affaires de l’industrie locale de l’informatique et des recettes fiscales. ETUDES DE CAS « Eureka ! » – La Grèce et le succès lutte contre le piratage de logiciels de la Bien qu’il reste relativement élevé, le taux de piratage en Grèce baisse régulièrement depuis une dizaine d’années. Selon l’étude BSA-IDC de 2008 sur le piratage, le taux de piratage dans le pays a chuté de 64 % en 2005 à 57 % en 2008. Ce résultat positif a été largement reconnu au niveau régional et au niveau international : le Rapport Spécial 301 sur l’état général de la protection des droits de propriété intellectuelle et de l’application de la loi en la matière, publié par l’Office of the United States Trade Representative (USTR), a retiré la Grèce de sa liste prioritaire de surveillance (Priority Watch List) pour la placer sur sa liste de surveillance (Watch List) en 2003. Si l’on se réfère à la feuille de route d’IDC pour réduire le piratage de logiciels, la réussite de la Grèce semble être liée à trois volets fondamentaux : légiférer, appliquer et éduquer. Lé gis la t i on : U n s oli de ca dr e t h é or i q u e a vec des m es u r es de m ise e n œ u vr e déf aill an t es La législation de la Grèce en matière de protection des droits de propriété intellectuelle est structurellement saine et complète ; elle couvre toutes les industries et prévoit des poursuites au civil comme au pénal. De plus, la Grèce a été le premier État membre de l’UE à transposer les directives communautaires dans ses lois sur le droit d’auteur, à la grande satisfaction de l’industrie informatique. Elle a aussi intégralement mis en œuvre la directive communautaire sur l’application des droits de propriété intellectuelle, ce qui lui a valu d’être distinguée par la Commission européenne. Malgré ses fondements juridiques solides, la loi grecque sur le droit d’auteur – qui a été promulguée en 1993 et qui a fait depuis l’objet de plusieurs réformes – reste muette sur divers aspects de sa mise en œuvre et de son exécution pratiques au quotidien. Par exemple, la loi a été amendée en janvier 2007 afin de donner la possibilité aux contrevenants de payer une amende administrative pour éviter les poursuites pénales. L’amende en soi était substantielle : les utilisateurs finaux pris en possession d’un maximum de 50 CD de logiciels pouvaient choisir de payer une amende administrative de 1 000 EUR par CD. Pourtant, ce n’est qu’en 2007 que les Ministres des Finances et de la Culture ont défini les procédures administratives précises associées aux sanctions correspondantes (destruction des biens saisis, destruction sous surveillance des produits et modes précis de © 2009 IDC 14 recouvrement des amendes). Qui plus est, selon le Rapport Spécial 301 de l’IIPA en 2009, la plupart de ces procédures n’ont pas encore été mises en œuvre. Pour toutes ces raisons, une autre réforme de la loi sur le droit d’auteur est en cours actuellement au Bureau grec des droits d’auteurs du Ministère de la Culture afin d’ajouter de nouvelles mesures telles que la non-suspension des peines d’amende prononcées par les tribunaux, l’obligation de payer les peines d’amende prononcées par les tribunaux immédiatement (faute de quoi le coupable restera en détention jusqu’au paiement de l’amende) et l’effet non suspensif des procédures d’appel sur les sentences. Reste encore à savoir si ces mesures seront adoptées et, dans l’affirmative, si elles contribueront à ce que la loi grecque sur le droit d’auteur soit bien appliquée. En attendant, la police fiscale grecque a mené avec succès une série d’actions contre le piratage de logiciels dans les entreprises. Nous décrivons l’une d’entre elle ci-dessous dans une étude de cas utile pour les autres autorités publiques et unités d’application de la loi. A p pl ica t i on de l a lo i : d’u n e q u as i-in act i vi t é à u n e i n i t ia t i ve de l a p o lice fiscale Le succès de l’initiative anti-piratage de la police fiscale grecque peut être analysé d’après la feuille de route d’IDC, car il repose sur une stratégie combinée faisant appel aux trois éléments fondamentaux du volet « appliquer » : création d’unités spéciales pour l’application de la loi élargissement des mesures d’application existantes formation adaptée des unités de police chargées de l’application de la loi et de membres de l’appareil judiciaire Création d’unités spéciales pour l’application de la loi L’YPEE, la police fiscale grecque, a été créée au cours de la période 2005–2006 et dotée de davantage de ressources et de responsabilités que son prédécesseur, le service de lutte contre la criminalité économique et financière (SDOE), et notamment de pouvoirs d’enquête économique renforcés. Si le SDOE était le service de police chargé de la lutte contre le crime financier, l’YPEE se voit aujourd’hui confier de nouvelles missions dans le domaine du contrôle socioéconomique, et notamment en matière de protection des droits de propriété intellectuelle. Elargissement des mesures d’application existantes Depuis 2000, tous les projecteurs sociétaux ont été volontairement braqués sur la police fiscale grecque en raison de l’élargissement de ses attributions à la lutte contre des formes de crime économique moins traditionnelles et plus novatrices. En octobre 2007, ce qui était encore la SDOE a demandé à ses contrôleurs, dans une circulaire adressée à l’ensemble de ses bureaux régionaux en Grèce, d’élargir leurs contrôles des questions fiscales habituelles à la conformité des logiciels. En 2001, les activités de la police fiscale se sont encore élargies avec l’envoi d’un courrier à plus de 8 000 sociétés de plus de 50 salariés leur demandant les licences de leurs logiciels et les factures correspondantes. Sans réaction de la part des entreprises ou en cas de justificatifs insuffisants, la police procédait à une étude ciblée des données disponibles (nombre estimé de PC, de systèmes d’exploitation, etc. d’après les effectifs) et effectuait des contrôles, en leur accordant un délai réduit pour se mettre en conformité au niveau des licences de © 2009 IDC 15 logiciels. Si les entreprises ne se mettaient pas en conformité dans les délais impartis, une action en justice était intentée aux termes de la loi sur le droit d’auteur de 1993 et de ses amendements ultérieurs. Après une pause temporaire due aux élections générales de 2004 (et à la réorganisation de plusieurs agences publiques, dont celle de la police fiscale, qui en a résulté), l’action a été reproduite en 2005 puis en 2008 avec l’envoi aux petites et moyennes entreprises (PME) de plusieurs vagues de courriers qui ont été accompagnées de contrôles effectués par l’YPEE, contrôles dont le nombre n’a pas été dévoilé. Pour la dernière vague de courriers (dorénavant envoyés en exprès et en recommandé), de nouvelles modalités ont été mises en place, parmi lesquelles une liste d’inventaire de logiciels pré-remplie qui doit être confirmée par écrit par le représentant légal de la société et qui constitue une preuve opposable si des poursuites s’avèrent nécessaires. Formation des forces de police chargées de l’application de la loi et des membres de l’appareil judiciaire Le succès de ces actions d’application de la loi n’aurait pas été possible sans le soutien dont ont bénéficié la police fiscale et d’autres organes publics de mise en œuvre de la part du gouvernement central grec et du secteur privé. Depuis 2000 notamment, les Ministères des Finances, de la Culture et de l’Ordre public, en collaboration avec les avocats locaux qui représentent la Business Software Alliance et d’autres agences grecques de protection du droit d’auteur, ont mis au point des plans d’actions annuels comprenant des programmes d’éducation et de mobilisation détaillés pour les fonctionnaires de l’YPEE. En plus d’avoir bénéficié d’une formation qui puise dans les expériences positives des autres pays et d’une démonstration des pertes socio-économiques provoquées par le piratage de logiciels en Grèce, les fonctionnaires de la police fiscale ont été rassurés sur la faisabilité des actions d’application de la loi et sur leur efficacité, grâce à la mobilisation et à la garantie de nouvelles ressources financières internes. Une série de séminaires a été organisée pour dispenser une formation adéquate aux inspecteurs de police et aux membres de l’appareil judiciaire. Plusieurs laboratoires de formation internes ont été créés dans les locaux de l’YPEE afin de permettre aux parties intéressées de se familiariser avec les aspects pratiques du piratage de logiciels (à savoir : comment différencier un produit piraté d’un produit authentique, prix moyen du produit authentique, différence de prix entre les logiciels authentiques et les versions piratées, etc.) et une ligne d’appel gratuite a été mise à disposition pour aider à traiter les conclusions des contrôleurs et donner des explications sur les licences. Ed u ca t i on e t se n si bilis at io n : To u ch er le gr an d p u b lic Les initiatives de la police fiscale grecque ont été accompagnées de plusieurs campagnes de relations publiques et de sensibilisation aux risques qui ont été menées principalement par les associations locales de fournisseurs d’informatique et la BSA, mais aussi par le Ministère des Finances. Par exemple, à la suite de la première vague de courriers de la police fiscale, la BSA a lancé une compagne nationale intitulée « La police fiscale arrive : êtes-vous prêts ? » (« The Tax Police Are Coming: Will You Be Ready? ») afin de faire savoir aux entreprises que les conséquences de l’utilisation de logiciels illégaux seraient bien réelles. L’YPEE a également lancé une campagne de relations publiques dans des périodiques spécialisés et sur son site web afin de transmettre un message plus intimidant : « Ce n’est qu’un début ». De même, les initiatives de la police fiscale de 2005 et de 2008 ont été largement commentées par la télévision et la © 2009 IDC 16 presse au niveau national, ceci dans le but de toucher la population en dehors du secteur des entreprises et d’informer le grand public des risques liés au piratage de logiciels en général et des conséquences directes en termes d’actions civiles et pénales au niveau individuel. Le taux de piratage de logiciels en Grèce reste certes élevé, mais la baisse impressionnante de ces dernières années n’aurait pu être obtenue sans les améliorations du cadre juridique du pays qui ont été mises en place, le renforcement des mesures d’application associées et l’organisation des activités d’éducation et de sensibilisation nécessaires. La Grèce a peut-être encore du chemin à faire, mais elle est vraiment sur la bonne voie. « From Russia with Success » – Comment le gouvernement russe met un frein au piratage de logiciels En termes absolus, le taux de piratage de logiciels en Russie est très élevé : selon la BSA et IDC, sur 100 logiciels installés en Russie en 2008, 68 étaient d’origine illégale. Des chiffres qui doivent toutefois être nuancés : Premièrement, la Russie est le pays au monde qui a le plus amélioré son taux de piratage au cours des quatre dernières années. Sur la période 2004– 2008, le pays est parvenu à faire chuter son taux de piratage de 19 points, de 87 % en 2004 à un impressionnant 68 % en 2008. Deuxièmement, d’un point de vue régional, le taux de piratage en Russie est globalement conforme au taux moyen relevé en Europe Centrale et en Europe de l’Est (ECE) selon la BSA et IDC (66 % en ECE contre 68 % en Russie). Troisièmement, la Russie est un marché émergent à part entière. Pour cette raison, l’industrie informatique russe poursuit sa croissance à un rythme soutenu. Cela soutient la croissance du marché du PC, ce qui a pour effet de booster l’utilisation de logiciels illégaux, avec, à la clé, des conséquences importantes en termes des taux de piratage et de pertes financières. La feuille de route d’IDC pour réduire le piratage de logiciels peut permettre d’expliquer la baisse significative du taux de piratage de logiciels en Russie : du volet légiférer au volet diriger, le gouvernement russe et plusieurs détenteurs de droits ont pris des mesures majeures contre la production et la distribution de logiciels illégaux. Toutefois, la législation et l’éducation semblent peser plus lourd dans cette victorieuse initiative. Voyons pourquoi. Lé gis la t i on : U n e st r u c t u r e j u r i diq u e c om plè t e qu i g ar de u n œil s u r l a scè n e i n t er n at i o n ale La Fédération de Russie dispose d’un large éventail de ressources juridiques pour protéger les droits de propriété intellectuelle et lutter contre les activités liées aux logiciels illégaux. Si des progrès importants sont encore nécessaires en termes d’application et de mise en œuvre concrètes, l’environnement juridique du pays a indéniablement enregistré des progrès importants ces dernières années en ce qui concerne la mise en œuvre de sanctions contre le piratage et l’harmonisation de son cadre législatif avec le cadre législatif international. Définir des lignes de responsabilité claires et des sanctions Entre les sources civiles et pénales, les lois fédérales spécifiques et les règlements administratifs, la législation russe contre le piratage propose un éventail encourageant d’instruments juridiques. Sur la période 2006-2008 en © 2009 IDC 17 particulier, la Russie a mis en œuvre une série de réformes juridiques importantes dans le but de doter les autorités de mesures plus efficaces pour identifier les contrevenants potentiels, les poursuivre et prendre des sanctions adaptées. Le Code de procédure pénale, par exemple, a été révisé en 2006 afin de permettre à la police russe de transmettre les rapports de ses contrôles aux enquêteurs de la police, en plus des enquêteurs du Parquet, afin de permettre l’ouverture d’enquêtes pénales, ce qui permet aux forces de police de recourir à différentes sections d’enquête pour les affaires liées au droit d’auteur. En 2007, le Code Pénal a été modifié afin d’alourdir les sanctions liées aux DPI en relevant la peine d’emprisonnement maximale de cinq à six ans et en classant ces crimes dans la catégorie des « crimes graves ». Cette dernière modification permet au Parquet de faire appel à des mesures d’investigation plus efficaces contre les pirates de grande envergure qui produisent, distribuent et vendent des produits couverts par des DPI. Des modifications du Code administratif des infractions ont également été adoptées la même année, avec un nouvel article sur la concurrence déloyale qui punit l’introduction de marchandises illégales sur le marché et qui prévoit des sanctions (administratives) pour les personnes morales et les personnes physiques. Depuis janvier 2008, le Code civil permet la « liquidation d’une entreprise illégale » en cas d’infraction à la loi. Si elle est utilisée de façon efficace contre les pirates de logiciels, cette mesure pourrait renforcer de beaucoup les actions de lutte contre le piratage. Par ailleurs, au mois d’août de la même année, la loi fédérale sur les licences a officiellement reconnu la production de logiciels comme une activité subordonnée à la concession de licences en Russie. Harmoniser la législation avec le cadre juridique international Compte tenu des intérêts et du savoir faire-technique de la Russie dans de nombreux domaines internationaux, les autorités russes ont reconnu qu’une économie qui fonctionne pleinement se doit de veiller aux DPI au niveau international. Le 19 novembre 2006, les gouvernements russe et américain ont signé un accord sur un accès bilatéral États-Unis/Russie au marché des droits de propriété intellectuelle. Cet accord est considéré comme une étape majeure destinée à faciliter les efforts russes d’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et permet aux autorités russes de bénéficier d’un savoir-faire et d’une expertise précieux dans leur lutte contre le piratage de logiciels. Un pas important vers l’harmonisation du cadre juridique russe avec la internationale législation a été franchi en février 2009, lorsque la Russie a officiellement signé les deux traités numériques de l’OMPI et complété sa législation contre le piratage avec un nouvel instrument pour permettre l’exécution des obligations définies par l’OMPI. Il est clair qu’il faudra des années pour que les obligations internationales qui résultent de l’accord entre les États-Unis et la Russie sur les DPI et les traités numériques de l’OMPI soient toutes intégrées dans la législation russe. Mais ce qui est important, c’est que les autorités russes comprennent qu’il est impossible de mener la lutte contre le piratage de logiciels de façon isolée et seulement au niveau national. © 2009 IDC 18 A p pl ica t i on e t é du c at i o n : Le s u ccès de l a R u ssie a vec les p o u vo ir s p u blic s e t les jeu n es Comme nous l’indiquons dans notre feuille de route, pour garantir leur efficacité et leur impact sur le long terme, les efforts d’éducation et de sensibilisation à la lutte contre le piratage ne doivent pas cibler uniquement les entreprises mais doivent au contraire prévoir des actions spécifiques à destination des pouvoirs publics, des jeunes et du grand public. Les autorités russes ont clairement compris le message, comme le montrent les exemples ci-dessous. Formation des forces de police chargées de l’application de la loi et des membres de l’appareil judiciaire L’étude du cas de la Grèce montre que les pouvoirs publics, tant du côté de l’appareil judiciaire (juges et procureurs) que du côté de l’application de la loi (police), doivent se familiariser avec les tenants et les aboutissants du phénomène du piratage de logiciels. Un cadre juridique complet et à jour est une condition nécessaire quoiqu’insuffisante. Pour appliquer et faire respecter la loi, des compétences adéquates et un éventail de ressources complet sont requis. Les autorités publiques russes ont par conséquent travaillé main dans la main avec les représentants de l’industrie informatique locale pour élaborer un guide complet sur le piratage de logiciels destiné aux forces de police et aux magistrats russes. En 2007, l’Association nationale russe des producteurs de logiciels NPPPP (partenariat à but non lucratif regroupant les fournisseurs de logiciels) et l’association des entreprises informatiques APKIT ont fait forces communes avec le Département de la Sécurité économique et le Département K (en charge de la cybercriminalité) du Ministère russe de l’Intérieur afin de préparer un document d’environ 300 pages intitulé « Piratage d’ordinateur : Des méthodes pour lutter ». Ce document, qui est mis à jour tous les ans, constitue le meilleur corpus de connaissances actuelles sur le piratage de logiciels et se compose des éléments suivants : une introduction complète au phénomène du piratage de logiciels, avec les tendances actuelles en Russie une explication complète des méthodes de base nécessaires pour combattre le piratage une présentation détaillée des textes de lois contre le piratage dans la Fédération de Russie un manuel précis sur les principaux logiciels sous licence qui se vendent actuellement en Russie : celui-ci relève directement de la responsabilité des membres de la NPPPP et constitue une précieuse ressource (concernant les caractéristiques techniques, les fonctionnalités, les tarifs, etc.) pour les forces de police et les juges dans la lutte contre le piratage de logiciels. Des initiatives ciblées sur les jeunes Pour être efficaces, les politiques de lutte contre le piratage ne peuvent pas reposer uniquement sur les lois et sur des mesures d’application. Si l’on veut éradiquer les pratiques illégales de production et de distributions de logiciels piratés, une évolution plus profonde des mentalités est nécessaire et des travaux spécifiques doivent être menés auprès des générations actuelles et futures. C’est dans cet optique que le Ministère russe de l’Éducation et des Sciences a lancé le programme First Aid 0.1 en 2007 afin d’équiper toutes les écoles russes de logiciels accompagnés de licences (systèmes d’exploitation, applications de bureautique, logiciels de sécurité et outils de développement compris). Pour cela, © 2009 IDC 19 un contrat de licence spécifique est entré en vigueur en octobre 2008 (valide jusqu’en 2010) pour les 65 000 établissements d’enseignement russes (de la maternelle au bac). Cette décision majeure du gouvernement russe, qui implique l’achat, auprès de fournisseurs russes et étrangers, de centaines de milliers de progiciels légaux et leur installation dans tous le pays, constitue une formidable chance non seulement pour l’industrie informatique, mais aussi pour l’économie et la société russes dans leur ensemble. Malgré tout, la Russie figure toujours sur la liste prioritaire de surveillance du Rapport Spécial 301 de l’USTR, mais elle réforme constamment sa législation et a signé les traités internationaux de l’OMPI, soutient des efforts éducatifs efficaces et est parvenue à réduire le taux de piratage de logiciels de façon spectaculaire. Il y a encore du pain sur la planche, mais une chose est sûre : les autorités russes comprennent que la lutte contre le piratage de logiciels ne peut être gagnée sans de lourds investissement auprès des générations futures. Étude de cas Pays/Sous-région : Algérie I n t r od u c t i on : S i t u at i o n d u sec t eu r in f or m at i q u e e n A l gér ie En 2008, le PIB réel algérien a progressé de 3,5 % en valeur annuelle et, après un ralentissement modéré en 2009, devrait se redresser de manière notable en 2010 et au cours des trois années suivantes. En 2008, les dépenses réalisées en Algérie dans le domaine informatique n’ont progressé que de 0,8 % en valeur annuelle pour atteindre 716 millions USD. Les dépenses réalisées dans le domaine du matériel ont représenté près de 76 % des dépenses informatiques, alors qu’elles atteignaient 19 % dans les services informatiques et un peu plus de 5 % dans le secteur des logiciels. Le marché algérien de l’informatique devrait se développer en 2009 et s’améliorer nettement à compter de 2010 pour atteindre plus de 1,2 milliard USD en 2013. L’amélioration des compétences en informatique et la progression du nombre de micro-ordinateurs (notamment des ordinateurs portables) constitueront les facteurs les plus importants pour la croissance du marché informatique dans la période concernée. Les éléments suivants entrent également en ligne de compte : Réforme fiscale : la réforme fiscale algérienne avance à grands pas ; des résultats concrets ont été obtenus en 2008, notamment le règlement de 91 % des litiges liés à la fraude fiscale (50 % en 2001), la simplification de la législation fiscale applicable aux grandes entreprises et la création de 70 centres fiscaux pour les PME. De surcroît, la diminution du taux d’imposition des entreprises, qui est passé de 35 à 30 %, continuera d’avoir des effets positifs sur les exports et les investissements ainsi que sur les dépenses réalisées dans le secteur informatique. Développement des infrastructures : Le programme quinquennal de développement des infrastructures algériennes pour un montant de 62 milliards USD se poursuit en 2009 et continuera de stimuler fortement la croissance intérieure et la création d’emplois. Par ailleurs, l’Algérie devrait à nouveau faire partie des dix destinations touristiques les plus appréciées dans le monde en 2009, ce qui aura des retombées positives sur la demande intérieure et constituera un nouveau flux de recettes permettant la réalisation d’investissements en vue de la modernisation des infrastructures informatiques. Rôle du gaz naturel : Au cours de la prochaine décennie, la demande algérienne de gaz naturel évoluera entre 49,6 et 67,1 milliards de mètres 3 cubes (pour une consommation 2007 de 25,6 milliards de m ), selon une © 2009 IDC 20 étude de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG). Les spécialistes tablent sur une demande totale de gaz naturel en Algérie 3 atteignant 49,6 milliards de m à l’horizon 2017. Les recettes liées à l’exportation constitueront une source précieuse d’investissements dans le domaine de l’informatique pour l’économie algérienne. Présence locale des éditeurs : La création de bureaux locaux par les différents éditeurs informatiques internationaux dans la région du Maghreb devrait venir dynamiser les ventes, renforcer les marchés informatiques officiels et permettre de réduire le marché gris au niveau national. Investissements étrangers directs et investissements nationaux : Les investissements étrangers directs continuent d’affluer grâce à un ensemble d’initiatives verticales – notamment tourisme, gaz et pétrole, construction et transport. Dans le même temps, des initiatives publiques et privées menées au niveau national sont actuellement lancées afin de soutenir le marché informatique. Cela étant, compte tenu du ralentissement économique mondial, l’économie algérienne souffre d’une réduction des recettes dues à l’exportation ainsi que d’un recul des flux de capitaux et de la liquidité. Le po ids éc on om i qu e du sec t eu r i n f or m a t iq u e en A l gér ie Le secteur informatique permet à l’économie mondiale de sortir de la pire récession enregistrée depuis plus de 50 ans. Afin de mesurer les bénéfices directs qu’apporte le secteur informatique aux économies locales à l’heure où l’économie mondiale est en phase de redressement, IDC a étudié la relation qui existe entre les ventes de matériel, de logiciels et de services informatiques et l’économie de 52 pays. L’une des conclusions de cette étude montre que le secteur informatique ne se contente pas de créer des emplois spécialisés, mais que les dépenses réalisées dans le domaine des logiciels génèrent des emplois supplémentaires. S’agissant de l’Algérie, il est intéressant de mettre l’accent sur les bénéfices suivants : Emploi : IDC estime que le secteur informatique algérien a employé plus de 19 000 personnes en 2008 et que ce chiffre devrait atteindre plus de 27 000 en 2013. Le nombre d’emplois dans le secteur informatique algérien devrait progresser à un taux moyen composé de 7,3 % dans la période concernée, soit plus que les 5,6 % de la région MOA et les 3,1 % au niveau mondial. Recettes fiscales : En 2008, le gouvernement algérien a collecté 65 millions USD de recettes fiscales issues des activités liées à l’informatique et devrait collecter 94 millions USD en 2013, soit un taux de croissance moyen composé de 7,7 % pour la période 2008-2013. Les recettes fiscales liées à l’informatique pour la région MOA devrait augmenter à un taux de croissance moyen composé de 5,5 % pour cette même période et atteindre 14,1 milliards USD en 2013. Création d’entreprises : Les initiatives prises dans le domaine de l’informatique auront également un effet positif sur l’économie algérienne en termes de création d’entreprises. IDC estime que l’Algérie comptait en 2008 plus de 1 180 entreprises informatiques ; ce chiffre devrait passer au cours de la période concernée à plus de 1 500 (en 2013). Il est intéressant de constater qu’en 2013 la grande majorité de ces entreprises seront des prestataires de services informatiques et des acteurs au sein de réseaux, ce qui montre bien qu’un secteur informatique en bonne santé ne profite pas © 2009 IDC 21 uniquement aux secteurs traditionnels que constituent le matériel et les logiciels. Contribution positive au PIB : La création d’emplois et d’entreprises, conjuguée aux nouvelles recettes fiscales, aura une incidence positive sur le PIB algérien, qui se contractera légèrement en 2009 avant de renouer avec une croissance solide en 2010. Les recettes dégagées par le secteur informatique représenteront 0,4 % du PIB algérien en 2008 et devraient atteindre 0,8 % en 2013 (comparées à 2,2 % pour la région MOA et 2,8 % au niveau mondial). TABLE AU 1 Profil et prévisions du secteur informatique : Algérie Taux de croissance moyen composé (%) 2008 2009 2010 2011 2012 2013 375,52 374,87 431,32 500,54 541,87 613,58 10,3 % 45,80 46,29 52,42 63,10 72,71 83,65 12,8 % Dépenses (en MUSD) Matériel informatique Logiciels Services informatiques 100,13 102,89 110,96 121,85 135,84 153,48 8,9 % Total Secteur informatique 521,45 524,04 594,69 685,49 750,42 850,71 10,3 % Part du secteur informatique dans le PIB (%) 1,3% 1,4% 1,5% 1,6% 1,7% 1,8% Collecte fiscale liée au secteur informatique (en MUSD) 79,85 77,34 86,80 100,93 110,87 126,71 9,7 % 963 967 999 1,042 1,077 1,120 3,1 % 23 799 24 046 25 948 28 554 30 857 33 793 7,3 % 5 022 5 122 5 468 6 230 7 097 7 882 9,4 % Contribution du secteur informatique Nombre de sociétés informatiques Emplois liés au secteur informatique Nombre total de salariés Nombre de salariés travaillant dans le secteur des logiciels Source : Étude d’impact économique IDC, 2009 Le s a v an t a ges éc on om i qu es d’ u n e r éd u c t io n d u pir a t a ge de l o giciels e n Tu n isie D’après l’étude IDC-BSA 2008 sur le piratage, le taux de piratage de logiciels au niveau algérien s’est établi autour de 83-84 % au cours des quatre dernières années. En 2008, ce chiffre s’établissait à 84 %, comme en 2007 et 2006. Ce taux a représenté une perte directe de 96 millions USD en 2008 contre 86 millions USD l’année précédente. Les estimations d’IDC indiquent que si le taux actuel de piratage de logiciels était réduit de 10 points au cours des quatre prochaines années, cela permettrait la création de plus de 300 emplois, viendrait grossir le PIB de plus de 93 millions USD, dégagerait 50 millions USD de chiffre d’affaires supplémentaire pour le secteur local de l’informatique et 6 millions USD de recettes fiscales pour l’État (cf. Tableau 2). Le piratage : Contexte Dans le monde arabe, l’Algérie fait la course en tête en matière de piratage informatique, notamment parce qu’il y est facile de se procurer des logiciels © 2009 IDC 22 piratés et à cause du manque de coopération entre les pouvoirs publics et les associations nationales d’éditeurs de logiciels. L’Algérie souffre essentiellement du piratage au niveau de l’utilisateur final et du chargement des disques durs. Le taux de piratage au niveau de l’utilisateur final demeure élevé au sein des entreprises de toutes tailles, depuis les petites entreprises familiales jusqu’aux grandes entreprises ; par ailleurs, les revendeurs chargent des logiciels dépourvus de licence sur les ordinateurs vendus aux consommateurs. Le développement d’Internet favorise la vente de microordinateurs et permet aux assembleurs locaux de vendre un grand nombre d’ordinateurs, ce qui facilite le processus de piratage. Initiatives des pouvoirs publics et des éditeurs/associations d’éditeurs de logiciels L’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA), en collaboration avec l’Agence pour la protection des programmes (APP) et la Business Software Alliance (BSA), apportent leur concours à la plupart des initiatives algériennes en matière de lutte contre le piratage de logiciels. Plusieurs rencontres et séminaires ont été organisés afin de sensibiliser le public à l’importance du respect des œuvres de création ainsi qu’aux effets négatifs du piratage sur l’économie. L’ONDA rencontre certaines difficultés dans sa lutte contre le marché parallèle à cause d’un manque de ressources. Le gouvernement algérien manque également de ressources pour réaliser des inspections et contrer ce phénomène de manière efficace. Les éditeurs et les associations d’éditeurs de logiciels mettent essentiellement l’accent sur la formation de l’utilisateur final par l’intermédiaire de séminaires et de campagnes de communication. Le piratage de logiciels n’est pas traité avec la même sévérité que d’autres formes de délinquance et la punition ne constitue pas habituellement une arme de dissuasion efficace. De surcroît, les pouvoirs publics n’affectent pas suffisamment de ressources aux enquêtes et aux poursuites relatives à la spoliation de la propriété intellectuelle. Tant que les consommateurs locaux n’auront pas les moyens d’acheter des logiciels authentiques, les logiciels piratés continueront de se vendre à moins de 2 dollars sur le marché parallèle. Comme indiqué précédemment, l’étude menée par IDC sur le piratage a montré qu’une réduction de 10 points sur les quatre prochaines années du taux actuel de piratage de logiciels sur micro-ordinateurs (84 %), soit 2,5 points par an de 2010 à 2013 inclus, créerait 339 emplois, viendrait grossir le PIB de 93 millions USD, générerait un chiffre d’affaires de 49 millions USD pour le secteur informatique local et apporterait 6 millions USD de recettes fiscales supplémentaires à l’État. Les bénéfices seraient encore plus importants en cas de réduction de 14 points du taux de piratage des logiciels (cf. Tableau 2). © 2009 IDC 23 TABLE AU 2 Bénéfices liés à la baisse du piratage : Algérie Impact % par an (période 2010-2013) Contribution au PIB (en MUSD) Chiffre d’affaires pour le secteur local (en MUSD) Nouveaux emplois Recettes fiscales supplémentaires (en MUSD) 10 points Réduction du taux de piratage 14 points 2,5 93,00 3,5 126,00 49,00 339 66,00 452 6,00 8,00 Source : Étude d’impact économique IDC, 2009 Ce coup d’accélérateur économique permettrait la création d’emplois spécialisés, le soutien à la création d’entreprises et le financement des services publics. De surcroît, étant donné que la plupart des entreprises qui tireraient parti de cette baisse du taux de piratage seraient des entreprises de services informatiques et des entreprises au sein de réseaux, la plus grande partie des recettes ainsi dégagées resterait dans le pays. METHODOLOGIE Ce livre blanc regroupe des recherches primaires et secondaires d’IDC portant sur la taille des marchés informatiques et les prévisions s’y rapportant, les taux de piratage rendus publics dans les pays de la région MOA, les estimations IDC concernant l’empreinte économique du secteur informatique sur les économies de la région MOA ainsi que sur les connaissances et l’expertise des analystes d’IDC sur le plan local. Afin de quantifier les bénéfices potentiels d’une baisse du piratage des logiciels, IDC s’appuie sur des algorithmes mettant en relation les gains réalisés sur le segment des logiciels et ceux réalisés sur les segments de la distribution et des services informatiques. Pour en savoir plus sur la méthodologie employée dans cette étude et pour prendre connaissance des discussions relatives à cette question, veuillez vous reporter au dossier intitulé Les avantages économiques d’une réduction du piratage de logiciels pour ordinateurs : Méthodologie et définitions, publié en janvier 2008. Avis de Copyright Reproduction des informations et données IDC : toute utilisation des informations IDC dans une annonce publicitaire, un communiqué de presse ou un document de promotion est soumis à accord préalable du vice-président ou du responsable pays IDC concerné. Une version préliminaire du document proposé doit accompagner cette demande de reproduction. IDC se réserve le droit de refuser la reproduction de ces informations et données sans justification. Copyright 2009 IDC. Reproduction strictement interdite sans autorisation écrite. © 2009 IDC 24