Une campagne à haut risque … pour la droite !
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Une campagne à haut risque … pour la droite !
Tapage Version papier_2€ N°2_Avril_2009 journal bimestriel d’expression libre de la région meldoise édito de Buster Salgan Il y a plus de quatre cents ans, Michel de Montaigne, dans un chapitre de ses Essais consacré aux « cannibales », évoquait une rencontre qu’il fit avec trois d’entre eux. Il y écrit : "ils avaient aperçu qu’il y avait parmi nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que d’autres étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté ; et trouvaient étrange comme ces moitiés-ci nécessiteuses pouvaient souffrir une telle injustice… » Tapage a rencontré de nouveau ces trois cannibales et leur a offert une visite guidée de notre société moderne… Nous leur avons montré la compagnie pétrolière Total qui a réalisé en 2008 un profit de près de 14 milliards d’euros soit trois fois le PIB de la République du Congo (65 millions d’habitants).Nous leur avons dit qu’en 2009, cinq milliards d’euros de dividendes seront distribués aux propriétaires de cette compagnie (plus 100 % en 5 ans) alors qu’en France, 6 millions de personnes vivent de minima sociaux . Nous allions continuer la visite quand le chef cannibale nous a gentiment interpellé : LE CANNIBALE : Dites donc, ça n’a pas tellement changé chez vous depuis Montaigne… NOUS : Détrompez vous, nous avons fait la Révolution Française en coupant quelques têtes. LE CANNIBALE : Ça, c’est bien !! NOUS : Nous avons mis en place le Conseil National de la Résistance,institué la République c’est à dire l’égalité en droit ainsi que la sécurité sociale pour tous. LE CANNIBALE : Ça, c’est très bien!! Mais alors, ces exploiteurs d’actionnaires gorgés de commodités, vous allez les découper en morceaux avant de les cuire ? NOUS : Euh, non, on ne procède plus comme ça. Nous sommes civilisés. LE CANNIBALE : Vous les écartelez, vous les empalez ? NOUS : Euh, non. On leur a demandé de… moraliser le capitalisme . Depuis, allez savoir pourquoi, nos trois cannibales n’arrêtent pas de rigoler. Elections europeennes Une campagne à haut risque … pour la droite ! La campagne pour les élections européennes du 7 juin 2009 est l’occasion pour « Tapage » de revenir sur quelques thèmes importants qui devraient traverser les débats. Il ne s’agit pas ici de donner des réponses définitives et doctrinaires mais, modestement, d’apporter des éléments d’information et de clarifier les enjeux. Buster Salgan . Tout d’abord, qu’est-ce que l’Union européenne ? Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur l’Union Européenne, une distinction s’impose qui semble pourtant échapper à l’approche sémantique de la plupart des partis : L’Union européenne, ce n’est pas l’Europe . L’Europe est un continent qui comprend au moins 49 pays ( suivant l’acception même de la commission européenne !). L’Union Européenne est une structure politique et surtout économique très précise qui ne concerne que 27 pays. Cette distinction permet de discerner quelques grandes catégories idéologiques que le discours dominant amalgame parfois intentionnellement. (suite pages 12 et 13) À MEAUX ET son pays Santé Conseils > page 2 et 3 En France et ailleurs > page 8 et 9 Democratie locale Les conseils à suivre… par Tympan du Tapage Conseil municipal de Meaux 13 février 2009 Fait pas bon être seul Le Conseil du 18 décembre 2008 avait vu l’installation de Morade Benahmed (Modem) en remplacement d’Ange Anziani, démissionnaire. Le malheureux eut l’outrecuidance de vouloir prendre la parole ! Interdiction lui en fut faite par le Maire au motif qu’il n’appartient pas un « groupe municipal ». Henri Gerphagnon, élu socialiste d’opposition, et au civil avocat (tout comme le maire ?), se permit d’affirmer que tout conseiller a droit à la parole dans les conseils municipaux. Aussi M. le maire prit-il soin de (faire) consulter le Code général des collectivités territoriales et confirme lors de l’introduction au conseil du 13 février 2009, que, selon l’article L 2121-19, tout conseiller a bien droit à l’expression. Il est vrai que le peu d’utilisation de ce droit par la majorité a pu induire le maire dans l’idée de son inexistence ! La rénovation en quartiers divers Après la traditionnelle auto-congratulation sur la rénovation urbaine en cours, sur l’admirable présentation du « Plan Marshall » pour le centre ville (quel drôle de nom !) faite le 7 février, il est donné un rapide exposé des opérations à venir dans les quartiers Foch – Allende – Roosevelt destinés à devenir des « éco-quartiers ». Le projet de la ville de Meaux fait partie des 8 sites en Ile de France ayant fait l’objet d’une convention signée le 3 février en Préfecture de Région. Il s’agit de la déclinaison 20072013 des contrats de projets État – régions, teintés « Grenelle de l’environnement ». Mobiliser des moyens finan- 2 ciers (État pour 10 millions d’euros, Région, Département, …) pour « requalifier » des quartiers en matière de circulation –douce de préférence-, de stationnement, de logements plus écologiques et de cadre de vie, tel est l’enjeu. L’opposition fait preuve d’urbanité M. Mavré intervient pour le compte du Groupe d’opposition de Gauche. Il considère que ce projet concernant les quartiers cités est plus pertinent en matière urbanistique que celui du Centre ville (même s’il convient de rénover celui-ci). Il souligne les écueils à la continuité urbaine que constituent le canal de l’Ourcq, et les axes routiers (Allende, Roosevelt, notamment). Qui sont de véritables rubans autoroutiers. Il met l’accent sur les faiblesses du projet en matière de mixité fonctionnelle et sociale du logement. Sur le plan environnemental il insiste sur le retard considé- Le show must go one ! « Le spectacle doit rester premier ! » Qu’on nous pardonne cette approximation de la version anglaise du slogan célébre : « Le spectacle doit continuer ! ». Elle s’impose toutefois pour deux raisons : Lors du Conseil municipal du 25 septembre 2008, le Maire dû impérativement quitter la séance avant sa fin au motif qu’il devait aller congratuler l’équipe de réalisation des Muzik’elles. On se doute bien qu’aucune décision de l’assemblée communale ne pouvait avoir plus d’importance. Lors du Conseil de la communauté de communes du 20 mars 2009, le Président demanda que l’on excuse les élus de la ville de Meaux qui quitteraient la séance avant la fin. Un spectacle auquel ils participent nécessiterait un certain temps de préparation. Bel esprit de communauté ! rable pris par la ville, retard que le projet de la Mairie ne semble pas vouloir rattraper. Enfin, une fois de plus, et sous l’alibi d’une nécessaire (et obligatoire) concertation, l’aspect financier est totalement flou , alors qu’il s’agit d’une opération très importante. Monsieur l’adjoint nous réchauffe la géothermie M. Bras lui fait une réponse reprenant les thèmes déjà présentés par le Maire, en des termes plus techniques, mais pas beaucoup plus précis. Concernant la mixité sociale en matière de logement, il indique que la conception de la majorité municipale est : « un logement adapté à la situation de chacun » ! Il ne reste plus qu’à dire ce que cela signifie. Pour le développement durable (traduisez : la dose politiquement correcte de protection de l’environnement), il réutilise l’argument d’une énergie ô combien renouvelable, tant dans son utilisation que dans le langage politique local, à savoir la géothermie. Notons que sa mise en service date de 1983 et sous une municipalité de gauche ! Il évoque l’éventualité de la pose de quelques panneaux photovoltaïques … C’est évidemment dans le domaine du financement que les intentions politiques sont les plus affichées. À défaut d’en faire une première évaluation, on connaît les principaux guichets où s’approvisionner : l’État, l’Europe, la Région et le Département. En clair cela ressemble fort à une technique classique à Meaux depuis 1995 : trouvons de l’argent, on verra après ce qu’on en fera ! Exemple d’éducation à la citoyenneté Nous sommes obligé de faire état de scènes qui émaillent, systématiquement, les interventions de l’opposition. Nous avons vu des conseillers « jouer à se servir à boire », d’autres téléphonant avec leurs (insu-)portables. Nous avons entendu à nouveau la bronca d’une partie du public illustrée par cette apostrophe : « on peut pas lui couper le sifflet ! », « lui » étant M. Mavré évidemment. Le brouhaha fut tel que M. Gerphagnon crut bon de rappeler que la « police de l’assemblée » revient au président de séance, en l’occasion, le maire. Au moment où « l’éducation à la citoyenneté » est un thème volontiers servi à l’endroit des « jeunes des quartiers », peut-être serait-il utile d’en faire une version à l’usage des groupies de M. le maire. Éducation à la démocratie L’opposition s’abstient lors du vote sur l’avenant avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine prévoyant le financement de la destruction des 3 dernières tours de Collinet. M. le maire s’en lamente : « votre abstention me déçoit ». Il estime que l’on ne peut pas être en désaccord avec sa politique de rénovation urbaine. Du reste, la gauche n’at’elle pas fait son plus mauvais score aux dernières élections municipales ? Elle devrait donc se mettre en accord avec la majorité de la population en votant les projets de la mairie ! Nous suggérons un sujet d’examen pour les étudiants en droit constitutionnel : le fait d’avoir perdu des élections implique-t’il que l’on adhère au parti majoritaire ? Notes et corrections des copies lors de la prochaine défaite de la droite ! Trop beau COPS Le nouveau Contrat Opérationnel de Prévention et de Sécurité est proposé au vote en toute fin de séance. Le lecteur pourra se faire une opinion de ce qu’est un COPS en téléchargeant l’ancien contrat (2004-2008) sur le site de la v i l l e : h t t p : / / w w w. v i l l e - m e a u x . f r /IMG/pdf/Contrat_COPS_07046.pdf, en attendant le nouveau. On notera que l’opposition, par la voix de M. Gerphagnon, a exprimé un certain nombre de réserves, et a notamment regretté de ne pas avoir été associé à l’élaboration de ce nouveau contrat. Réponse de M. le maire : « je ne vous invite pas parce que vous n’êtes jamais d’accord … vous ne pouvez pas être d’une quelconque utilité » (voir plus haut le devoir de droit constitutionnel). Ce qui est le plus surprenant, c’est que, sans que quiconque en fasse état, M. le maire évoque les événements qui ont secoué la commune « à la fin des années 90 ». Il se souvient, en substance, « très bien de l’attitude la gauche à l’encontre de la police municipale ». Fatigue de fin de séance ? Nous ne reviendrons pas sur ce triste chapitre de l’histoire meldoise récente. Pour les lecteurs qui le souhaitent, on peut toujours avoir une description détaillée de ces événements dans le livre de Sophie Coignard, La Vendetta française, Albin Michel, Paris, 2003, chapitre 7, « Le roitelet de Seine et Marne » Conseil communautaire du Pays de Meaux 20 mars 2009 On se décharge sur l’État En ouverture de séance, le maire de Meaux, Président de la communauté, informe que le juge d’appel a confirmé la condamnation de cette dernière à indemniser les habitants du lotissement du Chaillouët à Crégy-lès-Meaux. Ceux-ci avaient subi des dommages lors des importantes fuites de biogaz émanant d’une ancienne décharge publique, en juillet 1999. Ils avaient dû être évacués et logés à l’hôtel pendant une dizaine de jour. La Communauté est condamnée à 600 000 euros d’indemnités aux victimes. L’exploitant de l’époque AubineOnyx (racheté depuis par Veolia) devra débourser 800 000 euros. À noter que la commune de Crégy-lès-Meaux également condamnée à 600 000 euros, l’est doublement puisqu’elle est membre de la Communauté d’agglomération. Le Président propose d’en terminer une fois pour toute afin de permettre aux victimes de retrouver la sérénité. Évidemment, et bien que président du Syndicat Intercommunal des Résidus Urbains à l’époque, il évoque les erreurs « d’avant son arrivée ». Il s’étonne aussi que l’État ait été relaxé alors que, selon lui, il n’avait pas exercé son contrôle sur ce site assez tôt. Solidarité : restons ponctuels La communauté d’agglomération c’est quoi ? Créée le 1er février 2003, la Comunauté d’agglomération du pays de Meaux regroupe 18 communes : Barcy, Chambry, ChauconinNeufmontiers, Crégy-lès-Meaux, Fublaines, Germigny-l’Évêque, Isleslès-Villenoy, Mareuil-lès-Meaux Meaux, Montceau-lès-Meaux, Nanteuil-lès-Meaux, Penchard, Poincy, Trilport, Trilbardou, Vareddes, Vignely et Villenoy. Elle a des compétences dans les domaines suivants : Emploi et insertion, Développement économique, Amélioration de la circulation, Environnement et cadre de vie, Habitat et logement, Sport et culture, Accueil des gens du voyage, Nouvelles technologies de l’information et communication. Son conseil est composé de 69 délégués élus par les Conseils municipaux. Plus d’infos : http://www.paysdemeaux.com La grande question de cette séance est celle de l’instauration, ou non, d’une Dotation de Solidarité Communautaire (DSC). De quoi s’agit-il ? La Taxe professionnelle de l’ensemble des communes est perçue par la Communauté qui en reverse aux communes une compensation calculée sur la base des impositions de 2002. Cette base de calcul n’a pas changé depuis. Or, les communes ont vu leur structure économique varier. Par exemple, avec l’ouverture du Centre pénitentiaire la commune de ChauconinNeufmontiers a vu la base de calcul de la Taxe professionnelle augmenter de 41% entre 2001 et 2004. Pas d’augmentation pour autant du reversement de la Communauté. Bien sûr les communes qui, du fait de la fermeture d’entreprises, ont vu l’assiette de la Taxe baisser y trouvent leur compte, puisqu’elles continuent à percevoir, proportionnellement, les mêmes sommes. La solution consisterait en la création d’une dotation de solidarité, révisable chaque année, permettant de corriger ce défaut. Sans cesse refusée par les communes les plus riches, cette dotation a fini par être acceptée cette année. 3 (Conseil communautaire suite et fin) Attention toutefois, la solidarité a des limites : elle représente, au total 446 000 euros, soit 1% environ du budget général et elle ne saurait être pérenne. Il faudra rediscuter tous les ans, et de son existence et de son éventuel montant ! Adopté presqu’à l’unanimité (3 contre et 1 abstention). Statistiques Baisse de l’espérance de vie due aux privatisations Budget, budget et paraphe Dans une présentation plus détaillée de la Communauté d’agglomération, nous aurons l’occasion de revenir sur ses budgets. Il faut dire « ses » puisque le Parc d’activité du Pays de Meaux qui devrait voir le jour en bordure de la RN 3 et de la déviation, sur les communes de Villenoy et Chauconin a un budget qui lui est propre. La présentation de celui-ci a passionné le Président de la communauté qui a profité de ce temps pour signer ses courriers. Un symbole : les chômeurs à la place du commerce et de l’industrie La Chambre de Commerce et d’Industrie a fait part de son intention de vendre ses locaux du boulevard Jean Rose. La Communauté de communes les rachète et y regroupera les services chargés de l’emploi, ANPE et ASSEDIC, la Mission locale et la Maison de l’Emploi (qui estelle même sensée regrouper tout le monde !). Il convient de noter que tous ces organismes sont déjà dans des locaux plutôt récents, dans un périmètre assez réduit au Mont Thabor. Nul doute que les déménagements que cela occasionnera ne créent de nombreux emplois dans ce secteur professionnel. Tapage Journal bimestriel d’expression libre de la région meldoise ISSN : 1969-2722 Dépot légal : avril 2009 Directeur de publication : Patrice Hemet Édité et imprimé par : Association pour la Promotion de l’Expression Libre dans la région meldoise (APEL de la région meldoise), Association Loi de 1901, JO du 24 janvier 2009 Siège social : 20 rue Winston Churchill, 77100 Meaux Courriel : [email protected] 4 Les privatisations massives dans l’économie dans les pays postcommunistes ont provoqué une baisse importante de la durée de la vie chez les hommes. D’après une étude de scientifiques britanniques publiée dans la revue « The Lancet » la mortalité a augmentée d’env. 13 % dans les années 90. Les chercheurs ont examiné la mortalité chez les hommes âgés de 15 à 59 ans dans les pays postcommunistes comme l’ex. Union soviétique et d’au- tres pays de l’Europe de l’est de 1989 à 2002. On parle de privatisation massive si plus de 25% des grandes entreprises du secteur publique sont vendues aux propriétaires privés en l’espace de 2 ans. Le facteur le plus important pour la baisse de l’espérance de la vie ce sont les licenciements des salariés, car avant les privatisations ils bénéficiait d’une protection sociale et de la santé étendue. Rénovation urbaine La mesure des mesures Tympan du Tapage Une opération de renouvellement urbain est un ensemble complexe de mesures prises dans plusieurs domaines : urbanistique, certes, mais aussi social, culturel, économique, etc…Il y a donc un peu d’inconscience teintée de présomption à vouloir en faire une évaluation. Pourtant, chacun, probablement, à Meaux a un avis, tranché ou mesuré, sur la transformation des quartiers de Beauval et de La Pierre Collinet. Nous nous bornerons à fournir quelques éléments qui semblent significatifs pour éclairer au mieux ces avis. Question d’espace Nous ne pouvons circonscrire l’espace urbain concerné aux seuls quartiers de Beauval et de La Pierre Collinet. Les démolitions - reconstructions dans le secteur des caravelles « C » ont des conséquences sur l’organisation générale du « quartier » de Beauval(1) La « reconstituion de l’offre globale de logement », comme le disent les spécialistes, concerne un espace plus étendu que la ville de Meaux elle-même. Depuis la première démolition, celle de la barre Églantine en 1991, ce sont 2 600 logements, environ (2), qui ont disparu. Les constructions destinées à les remplacer s’étendent sur d’autres quartiers, Foch et Guynemer notamment. Des appartements libérés dans le reste du parc social de la ville ont pu être proposés en solution de relogement. Qui est-là ? Intéressons-nous aux acteurs de la reconstruction. Ils sont de quatre types : > L’OPAC de Meaux. L’essentiel des logements détruits étaient sa propriété. Elle y logeait les populations les plus pauvres. > La SAIEM (Société anonyme immobilière d’économie mixte de la ville de Meaux). Elle est l’outil de la ville pour construire des logements « sociaux » que l’on peut qualifier d’intermédiaires. Elle s’adresse à des populations aux revenus « modestes ». > Les investisseurs privés. On connaît bien désormais leurs noms et logos, fort nombreux dans les quartiers du Luxembourg, puis de Foch et de Guynemer. À noter, toutefois, parmi ces promoteurs une société filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, ICADE. On voit que la puissance publique est présente dans tous les segments du marché. > Enfin, un quatrième acteur, peu connu et au rôle particulier. Il s’agit de l’Association Foncière Logement. C’est une émanation de l’Union d’Économie Sociale pour le Logement. Pour faire court, disons que l’UESL est l’organe qui perçoit le « 1% logement » que verse les entreprises privées pour aider au logement de leurs salariés. Elle est gérée paritairement par les organisations syndicales patro-nales et salariales. Ni construc-teur, ni promoteur, elle est présente dans les opérations de rénovation sous convention ANRU. En contrepartie de la participation du 1% logement au financement de l’ANRU, elle reçoit gratuitement des lots de terrains sur lesquels elle se charge de faire construire, généralement des logements privés libre, afin de se constituer un patrimoine immobilier susceptible de financer, à terme les retraites complémentaires. Pas fonceuse la Foncière ! Dans les limites de la communes de Meaux on peut établir à ce jour, et pour la convention ANRU courant de 2004 à 2008, le palmarès suivant : - La SAIEM devait reconstruire environ 230 logements sociaux « intermédiaires ». C’est chose faite. - L’OPAC a terminé les 130 logements qu’il avait à réaliser à La Pierre Collinet. Par contre, sur le secteur des Caravelles à Beauval, il n’a livré aucun des 120 logements prévus. - Les promoteurs privés ont achevés une trentaine de logements à La Pierre Collinet, mais l’emplacement de l’ancien collège qui devait voir 160 logements est encore vierge. À Beauval, une cinquantaine de logements ont été livrés, 90 autres sont en cours de construction. Les réalisations (50) sur l’îlot Cornouailles n’ont pas commencé. Les immeubles avenue Foch et dans la ZAC de l’Ile aux Cygnes sont comptés dans l’offre de reconstitution. - Chose étonnante, les 5 lots attribués à la Foncière sont encore totalement exempts de toute construction ! À suivre … On le voit le programme de reconstruction est loin d’être terminé. Côté logements libres, la ZAC de l’Étang aux Cygnes, longtemps à l’arrêt, semble prendre son essor. Il est vrai qu’en faisant acheter (en l’état futur d’achèvement) 30 logements par la Caisse des Dépôts l’État a sans doute donné un coup de pouce non négligeable. Mais cela ne loge pas les populations les plus pauvres réduites à la portion congrue : 120 logements livrés sur le tout petit nombre de 250 prévus ! Nous poursuivrons l’analyse des autres composantes de la rénovation dans nos futurs numéros. Ce n’est qu’au terme de cette évaluation que nous pourrons tenter d’en faire un commentaire. Notes : (1) Peut-on parler d’un seul quartier ? (2) Nous aurons l’occasion de revenir sur l’utilisation des données chiffrées. Nous avons fait là une estimation des logements qui avaient été construits, qu’ils soient occupés ou non au début de tel ou tel programme. 5 Entretien Meaux ville durable Tapage sollicitera régulièrement des entretiens auprès de responsables et décideurs de la ville de Meaux ou de sa région. Nous avons rencontré Henri GERPHAGNON, élu d’opposition (PS) à la ville de MEAUX et spécialiste du droit de l’environnement. Cet entretien a porté sur la notion de « ville durable » . Tapage : Comment est apparue la notion de « ville durable » ? H Gerphagnon : Il faut effectivement faire un bref rappel historique. La grande loi de référence en matière de protection environnementale est une loi de 1976 sous Giscard qui a établi la nécessité de la protection des milieux et généralisé les études d’impact. A cette époque la France était pionnière sur ces questions, depuis elle a été copiée puis largement dépassée notamment par la législation européenne. Par la suite, cette idée a évolué en intégrant des éléments généraux de la vie sociale et économique qui ne peuvent pas se résumer à un simple mieux-disant environnemental. Pour prendre un exemple concret, un golf peut apparaître comme une avancée écologique alors qu’en réalité, par les effets induits notamment en terme de consommation d’eau, c’est une catastrophe environnementale ! Tapage : Alors, selon vous, comment peut on caractériser le concept de « ville durable » ? H G : Une ville durable est une ville qui ne s’étale pas, qui tire ses ressources à sa périphérie et dans laquelle il est facile de s’approvisionner, de se divertir et de travailler. Il faut articuler cette notion avec celle de quartier. En effet, pour qu’un citoyen soit bien intégré dans sa ville, il est nécessaire qu’il la perçoive essentiellement à travers son quartier, c’est à dire cette partie de la ville dans laquelle il socialise ses activités non seulement par l’intermédiaire de son logement mais aussi des commerces qu’il fréquente, des équipements sportifs et culturels qu’il utilise, des associations auxquelles il participe etc…De ce point de vue par exemple ; à Meaux, le centre ville est un réel quar- 6 tier, Collinet est un quartier sous équipé alors que Beauval n’est pas un quartier du tout…Il suffit de remarquer qu’un jeune de Beauval qui veut se divertir un soir en est réduit à traverser la ville (souvent à pied) pour ce rendre dans le centre. Tapage : la majorité municipale semble s’intéresser à ces questions. Qu’en pensez vous ? H.G : Il est toujours amusant de voir des dirigeants découvrir des questions politiques majeures qui ont été portées et analysées par d’autres depuis plus de 25 ans! Mais, ce qui est désolant c’est cette tentative de récupération opportuniste par des effets d’annonce sans concertation, doublée d’un « bougisme » stérile, certainement inspiré par l’actuel locataire de l’Elysée et qui tient lieu de réflexion politique. Ainsi l’ensemble des mesures annoncées dans le cadre du « plan Marshall » (eco-quartiers, subventions, incitations fiscales, acquisitions par la commune) n’ont rien de novatrices ; elles existent dans notre législation depuis bien longtemps. Par contre, et c’est irréversible, la requalification de Beauval s’est faite sans qu’il y ait eu de réelle préoccupation d’ensemble sur la question environnementale. Tapage : Quelques mots sur le « Plan Marshall » à Meaux ? H.G : Je laisserai le cabinet du maire justifier cette référence historique qui m’échappe. Plus sérieusement, il y a un réel problème d’articulation sur le plan de l’urbanisme entre le centre administratif et le centre ville. Il doit être traité après une concertation très large des habitants et en pensant l’évolution de la ville de Meaux sur le long terme. Personnellement, j’aurais aimé que cela soit l’objet d’un concours d’architecture, comme cela se fait dans certaines grandes villes et non motivé par l’utilisation à court terme de subventions nationales ou européennes. D’autre part, il serait souhaitable de faire une réelle étude de l’impact environnemental au sens large des « projets phares » annoncés qui sont, je le rappelle, la construction d’un centre commercial à la place de l’actuel cinéma et la construction d’un cinéma multiplex à la place de l’ancienne prison. Est-ce véritablement l’urgence sociale du moment ? Tapage : Pour conclure, quelles seraient, selon vous, les orientations souhaitables en matière de « ville durable » à Meaux H.G : J’en vois deux qui mériteraient une étude approfondie et que je ne ferai qu’évoquer pour terminer cet entretien. La mise en régie du traitement des déchets et, à plus long terme, la réalisation d’un tramway adapté à notre ville. Expulsion Lagny : le sens de l’hospitalité Françoise Monsieur Romano Kanda, angolais, vivait paisiblement à Thorigny depuis neuf ans. Il vivait depuis plusieurs années avec Mimi, Congolaise, en situation régulière, mère de deux enfants (5 et 6 ans), Adonai est né, il y a 20 mois de cette union. Dans la soirée du 18 Mars, la petite Estelle est hospitalisée à Lagny. Elle a reçu un coup de balai trop vif de sa maman qui a appelé immédiatement les secours. La mère est placée en garde à vue et Estelle à l'hôpital. Romano, prévenu abandonne son travail pour se précipiter au chevet de la petite fille. C'est là que les policiers viennent l'arrêter et l'expédier au Mesnil Amelot. Brillante expédition de la police latignacienne ! Monsieur Besson et ses services font du zèle dans l'inhumanitaire ! Tout ce beau monde très pressé de faire du chiffre, sans même présenter Romano au juge des libertés qui l'attendait au tribunal, le 21 Mars décide l'embarquement de Romano pour Kinshasa. Pas de bol, Romano est Angolais et pas Congolais. Petit détail sans importance pour les services de Monsieur Besson mais capital pour les Congolais qui n'en veulent pas. Retour à Roissy illico. Romano rentre chez lui au grand bon- heur des trois enfants et de leur mère. Pour autant, il n'a toujours pas de papiers. On reste confondu de cette histoire rocambolesque. Comment la police peut elle décider seule, sans décision de justice, l'expulsion d'un homme, fût-il sans papiers ? Dans son acharnement et sa précipitation comment peut elle confondre Angola et Congo ? On serait tenté d'en rire s'il ne s'agissait pas de la sérénité d'une famille avec trois enfants qui risquent d'avoir pour la vie une haute opinion de la police française et de ses donneurs d'ordre. Au lieu de s'agiter et de discourir, il serait peut être temps de réfléchir à cette stupide et stérile chasse aux sans papiers qui nous coûte très cher humainement et moralement bien sûr mais aussi économiquement. A-t-on chiffré le coût des camps de rétention ? Le coût du temps passé par les juges qui souhaiteraient plutôt s'occuper des vrais délinquants ? Le coût des expulsions manu militari par avion (surtout quand il s'agit d'un aller-retour aussi rapide mais ne soyons pas cruels envers ce pauvre Monsieur Besson) ? Tout le monde sait en France et probablement en Europe que les flux migratoires ne peuvent que s'intensifier pour des raisons à la fois politiques, économiques et climatiques. Au lieu d'envisager l'accueil possible de ces migrants ou l'aide à leurs pays d'origine, les gouvernements européens aveugles et sourds à ce qui se passe dans le monde s'acharnent à refouler des hommes, des femmes, des enfants qui reviendront forcément puisqu'ils ne peuvent pas vivre ailleurs. Tout le monde sait ... sauf Monsieur Besson. Dernières nouvelles de Thorigny : de très jeunes adolescents au cours d'une bagarre ont blessé 3 policiers. Nous ne pouvons que condamner mais si notre gouvernement n'obligeait pas les fonctionnaires de police à des expéditions aussi ridicules que celle-ci, la jeunesse aurait sans doute une attitude plus respectueuse envers les fonctionnaires chargés de notre sécurité. 7 Hopitaux : tarification à l’activité Un outil pour privatiser les profits et socialiser les pertes Secteur santé de l’UFAL, à la demande de Tapage Le double processus, d’étatisation d’une part et de marchandisation et de privatisation d’autre part, de la santé et de la sécurité sociale a été engagé dès 1967 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec la loi Bachelot. Analysons une de ces contre-réformes : la tarification à l’activité(T2A) promue en 2002 lors du plan Hôpital 2007 pour la chirurgie et la maternité, puis généralisée à l’ensemble des services sanitaires de l’hôpital en 2007 lors du plan Hôpital 2012. Précédemment, l’hôpital était financé par la Sécurité sociale par un budget global. Aujourd’hui, il est financé par la T2A. Comprenons qu’il y a environ 10.000 pathologies qui sont regroupées dans environ 700 « groupes homogènes » correspondant à des pathologies qui sont rémunérées par la même tarification. Une rapide analyse de cette tarification (qui en est à sa 11ème édition tellement les injustices sont flagrantes !) montre : que les pathologies qui se font majoritairement dans les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires sont mieux rémunérées que celles qui sont faites à l’hôpital public. que les missions d’enseignement, de recherche et d’innovation (MERRI), les missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (MIGAC) qui sont censées compenser les missions de service public de l’hôpital public non réalisées par le secteur privé, sont très nettement insuffisantes. L’UFAL L’UFAL (Union des Familles Laïques) est un mouvement d’éducation populaire laïque tourné vers l’action. Elle œuvre en liant le combat laïque et le combat social : - Pour le respect, pour chaque personne, des droits au travail, au logement, à l’enseignement, aux soins. - Pour l’accès pour tous à des services publics d’enseignement, de santé, et de transports. Contact pour rejoindre le comité UFAL de Crécy la Chapelle Union des Familles Laïques 27, rue de la Réunion 75020 Paris www.ufal.org et www.ufal.info 8 que le droit communautaire européen instaure une concurrence dite « libre et non faussée » mais qui est « totalement faussée » par le fait que les établissements privés choisissent leurs clients et ne font que des actes programmés. Ceci leur permet d’optimiser leurs lits par une couverture de près de 100% alors que les hôpitaux publics accueillent tout le monde (pour une même pathologie, un SDF passe à l’hôpital19% de temps de plus que la durée moyenne ) y compris les actes d’urgence non programmés. Les hôpitaux doivent donc maintenir des lits vides, pourvus d’un environnement médical et paramédical prêt à intervenir, qui ne sont pas rémunérés directement par la T2A. ( cela devrait être compensé par les MIGAC maintenus à un niveau dérisoire). D’ou l’étranglement de l’hôpital public où les 29 hôpitaux d’excellence(les CHU) sur 31 sont en déficit chronique alors que le groupe Générale de santé, premier groupe d’hospitalisation privé, a distribué 420 millions d’euros à ses actionnaires. En période de crise, cette politique de privatisation des profits et de socialisation des pertes va être accélérée par les prédateurs du turbocapitalisme car les profits sont plus difficiles à cause de l’écroulement prévisible du pouvoir d’achat. Pour eux, il est donc urgent de privatiser et de marchandiser le plus vite possible l’école, la santé et la protection sociale. Ce « sale boulot » a été donné aux ministres Darcos et Bachelot. Santé, prospérité ! Argent et santé au nord, misère et mort au Sud Onze millions de personnes, dans le monde meurent chaque année de maladies infectieuses faute d’avoir accès aux médicaments essentiels. Deux milliards d’êtres humains n’ont pas accès aux soins de base parce que ceux-ci sont trop coûteux. Histoire d’un bras de fer juridique entre l’industrie pharmaceutique des pays riches et les pays du sud. VIH, permet à son ministère de la santé de contourner cet accord par une loi qui autorise des procédures parallèles réduisant le coût des médicaments. 39 compagnies pharmaceutiques dont 13 américaines, 14 européennes et 4 suisses intentent alors un procès contre le gouvernement sud-africain pour entrave à l’ADPIC. Pendant plus de trois ans, cette loi a donc été bloquée, entraînant indirectement la mort de dizaines de milliers de personnes. Cet énorme scandale, relayé par de nombreuses ONG devant les opinions publiques du monde entier, conduit les entreprises pharmaceutiques à retirer leur plainte. Juste un Doha de protection En novembre 2001, a la suite de cette sombre affaire, la question de l’accès aux médicaments est posée de façon centrale lors de la conférence ministérielle de l’OMC à Doha. Il est adopté une « Déclaration sur les brevets et la santé publique » qui reconnaît le droit des Etats à protéger la santé publique . En 2002 et 2003, l’UE s’est alors évertuée à affaiblir juridiquement la portée de la déclaration de Doha en limitant son application. (restriction de son champ d’action limitation des maladies concernées, contraintes administratives impraticables etc…) Firmes contre infirmes En 1994, l’industrie pharmaceutique réussit à imposer l’ADPIC c’est à dire l’Accord sur les Droits de Propriété Intellectuelle liés au Commerce, à tous les membres de l’OMC. Le résultat est le caractère libre des prix et la systématisation des brevets. En d’autres termes, les firmes détentrices des brevets font les prix qu’elles veulent et les autres ne peuvent pas juridiquement fabriquer et commercialiser de génériques . Sud’Af. sida En 1997, le gouvernement sud-africain, pour apporter des soins à plus de quatre millions de personnes atteintes par le Le 30 août 2003 un nouvel accord est signé dans le cadre de l’OMC. Conclusion provisoire, mais qui, avec la complicité des USA et de la commission européenne, protège surtout l’intérêt des majors de la production pharmaceutique en encadrant juridiquement la production de médicaments génériques. Ce dossier est emblématique du cynisme des décideurs de l’UE. Alors que la vie de centaines de milliers de personnes est en cause, l’UE a fait passer le profit de quelques opérateurs privés avant les impératifs de santé publique qui sont pourtant clairement définis par l’Organisation Mondiale de la santé . Note : Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit exclusif d’exploitation. Ce titre a une duréé limitée, généralement 20 ans, voire 25 dans le cas de certains produits parmaceutiques. 9 éducation La grande école maternelle Emmanuel Médard Après la « petite histoire de la Maternelle » du précedent numéro, passons aux enjeux avec la même volonté pédagogico-didactique-ironicodémonstrative. Donc… au travail ! Victime de son succès Paradoxalement, je placerais en tête des problématiques qui taraudent l’école maternelle, les grandes qualités reconnues de cette institution… un choix qui mérite des explications. Depuis qu’au fil des études pédagogiques, l’Ecole Maternelle démontre son utilité et son impact positif sur les « performances » des élèves, certains ont tendance à la transformer en ce qu’elle n’est pas : une boîte magique à effacer les inégalités. Cet égalitarisme de façade repose pourtant sur du concret : seul « outil » de socialisation des plus petits dans certains quartiers, elle est l’endroit qui offre la diversité d’expériences permettant d’acquérir un lexique en s’exerçant à la parole… un exercice très important pour l’apprentissage de la lecture. Elle constitue l’antichambre du « seul Sésame qui soit » dans certains « quartiers » : l’Instruction. Seulement… en dépit de ses efforts, elle est incapable dans l’état actuel, d’inverser les tendances liées aux origines socio-économiques et culturelles des élèves. Le temps ne fait rien à l’affaire A qui la faute, sans doute au temps qui passe… sans que les enseignants puissent en trouver pour travailler avec des groupes de taille réduite et donner la parole à ceux qui en ont le plus besoin. C’est en maternelle en effet que le problème des effectifs par classe se pose avec le plus d’acuité. Dans cette période de maturation et d’acquisition, il faut toujours être à l’écoute, soutenir et 10 construire avec les enfants, mais avec des moyennes de 30 par classe la tâche est ardue. Certes, certaines municipalités mettent à disposition de chaque classe un(e) ATSEM (Agent Territorial Spécialisé d'Ecole Maternelle) chargé(e) d’aider l’enseignant… mais on est plutôt aux alentours de 2 ATSEM pour 3 classes, voir, comme à Meaux 1 pour 2. Avec la question des ATSEM, nous touchons le véritable problème : le coût de cette école maternelle. Contrairement à nombre de pays, en France c’est l’Etat qui paie les enseignants des enfants de 2 à 6 ans. Ce choix permet depuis des années de placer des enseignants bien formés devant les élèves mais il coûte cher ! C’est là tout le sens de l’assertion du ministre lorsqu’il expliquait qu’il ne n’était pas sérieux de payer des enseignants à bac plus 5 pour changer les couches. Bien qu’elle dénote une totale ignorance de la réalité du terrain, on sentait derrière cette offensive une remise en question qui, depuis des années, dort chez les « spécialistes de l’OCDE ». Bien sous tout rapport Depuis, les attaques se multiplient… remise en question de la scolarisation des élèves de 2 ans… non pour des raisons pédagogiques, mais parce qu’elle nécessite des postes d’enseignants et le ministre déclare que « comme père », il ne croit « pas à l'efficacité de la scolarisation à deux ans ». Mais qui lui demande de raisonner comme père… il est ministre ! Sa fonction l’oblige à se référer à des réflexions fondées sur des études comme celles de 2003 qui montraient que cette scolarisation était bénéfique aux enfants des milieux les plus défavorisés mais aussi paradoxalement à ceux des milieux les plus favorisés. On voit ici la cohérence des attaques … reprochant à la maternelle de ne pas réussir à mettre tous les enfants à égalité, on la déclare pas si efficace que cela, avant de trouver de nouvelles solutions comme les jardins d’Eveil, qui ne sont qu’une tentative de plus pour transférer les charges vers les communes et les collectivités territoriales. Ainsi le gouvernement compte réduire le déficit public alors que la responsabilité politique se devrait de favoriser une baisse conséquente des moyennes par classe et investir à la hauteur des enjeux de cette « grande école » que doit être la maternelle. toto et zuzu maitresses d’ecole Les évaluations en cm2 : évaluations ou autoritarisme ? Georgette Delbeck et Manuella Fuster Au mois de janvier 2009, à la demande du ministère de l’éducation nationale, tous les élèves de CM2 étaient soudain appelés à passer des évaluations semblables à celles de l’entrée en sixième. Le contenu : des exercices portant sur le programme entier du CM2 alors que les élèves n’avaient suivi que quatre mois de cours ! Les consignes : très précises, très directives et autoritaires, rédigées sur un ton péremptoire, elles ne laissent aucune souplesse d’application aux enseignants. Le jour J, début des évaluations. Les élèves viennent de finir les classiques évaluations trimestrielles, et ne comprennent pas l’intérêt des ces nouvelles épreuves ; ils sont déroutés par les exercices concernant des notions non étudiées, mais finissent par se prêter au jeu. Les professeurs des écoles ou instituteurs, apprennent (par hasard, en écoutant France-Inter, supplétif bénévole de la parole du ministre !) que tout refus d’application de la nouvelle directive sera sanctionné par une retenue de salaire. Les résultats, grâce à un logiciel, doivent être envoyés à l’administration qui établira un classement des écoles. Une consigne syndicale propose de corriger les évaluations mais de ne pas rentrer les résultats dans le logiciel ; certains maîtres de CM2 appliquent la consigne. Quelques jours plus tard, quelques directeurs reçoivent un coup de téléphone de leur supérieur hiérarchique, leur enjoignant de remplir le logiciel au plus vite (logiciel servant à établir le classement des écoles). Les enseignants syndiqués ne cèdent pas à ces pressions et ne remplissent pas le logiciel mais transmettent les résultats écrits aux inspections. Aucune suite , en terme de moyens ou de réflexions ne sera donnée à ces évaluations ; les élèves de CM1 et CM2 ne bénéficieront pas plus qu’avant d’une aide et partiront en sixième avec leurs difficultés. Ceci est un exemple parmi d’autres du fonctionnement actuel de l’éducation nationale. Des directives incohérentes et autoritaires ne peuvent que, nuire à l’efficacité et à la qualité de l’enseignement, et saboter un service public qui malgré des points faibles a su faire ses preuves. Le ministre voudrait-il tester son autorité auprès de ses agents ? Évaluations, pièges à pas bons (…) à moins d’un an de la fin d’un cycle, il se peut que ces évaluations ne laissent pas assez de temps pour remédier aux difficultés scolaires qu’elles détectent. Au lieu de servir d’instantanés sur les acquis des élèves, elles les enferment alors dans leurs lacunes. Rapport du Haut Conseil de l’Éducation, l’École primaire, 2007, pages 19-20(…) Ça ne date pas d’aujourd’hui On cherche à démontrer, par des statistiques, que les difficultés scolaires sont assez récentes. Or, André Le Gall, Inspecteur général de l’Instruction publique, Directeur des Affaires générales au Cabinet du Ministre de l’Éducation nationale, écrit, en 1954 :Pour les élèves de sixième et de cinquième, l’échec en mathématiques est, par rapport aux exigences des programmes, une règle assez générale. Dans Les insuccès scolaires, Que sais-je ? n° 636, PUF, Paris 1954. Les recettes de Mémère Germaine. Beignets d’acacia. Ingrédients :3 œufs, un demi litre de lait, de la farine de blé, du sucre, un peu de beurre. Le printemps arrive et les arbres vont refleurir. Les fleurs de l’acacia sont blanches, en grappes odorantes, leur floraison est de courte durée. Aussi, pour vous régaler de beignets de fleurs d’acacia, il faut d’abord choisir un arbre à l’abri de la pollution : loin d’une route, et ayant des branches tombantes pour éviter de transporter une échelle ! Surveillez-le, et dès que ses grappes de fleurs sont épanouies, cueillez-les délicatement. Trempez les grappes d’acacia dans la pâte et faites les cuire dans une poêle avec un peu de beurre. Lorsque les beignets sont bien dorés des deux côtés, déposez-les sur un papier absorbant ; on peut les saupoudrer de sucre. Leur goût délicat de fleur et de miel devrait vous enchanter, sans compter le plaisir de déguster un dessert qu’on ne trouve pas dans le commerce, et qu’on a fait soi-même après une belle promenade. Un luxe ! Préparez une pâte à beignet ou encore une pâte à crêpe assez épaisse : 3 œufs entiers et un demi litre de lait dans un récipient, mélangez avec un mixer en ajoutant de la farine jusqu’à ce que la consistance soit proche du miel liquide. 11 éurope Une campagne à haut risque (suite) Ainsi, on peut : - Etre sincèrement européen et très critique voir opposé à l’Union européenne actuelle. On rangera dans cette catégorie le PC, le PG, le POI, le NPA, le M’PEP. - Etre sincèrement européen et très attaché à l’Union européenne actuelle. ( PS, le MODEM, l’UMP.) - Etre anti-européen et très opposé à l’Union européenne. ( FN , le MPF.) L’UE et la question des services publics. L’expérience du « petit économiste ». Afin d’éviter une approche trop théorique de ce dossier Tapage propose à ses lecteurs une expérience inédite qui rappellera à certains, les heures de cours de chimie dans les laboratoires généralement sous-équipés de nos lycées d’antan. Prenez donc délicatement deux services opérant dans un même secteur d’activité. Le premier doit être public avec donc les caractéristiques suivantes : accessible à tous, socialisé c’est à dire financé en grande partie collectivement par l’impôt, les cotisations sociales ou la péréquation tarifaire, et enfin il doit garantir un statut au personnel qui le rend . Par exemple la retraite par répartition, un hôpital public, un pôle public de l’énergie, l’enseignement supérieur public, le logement social, une mutuelle .. Le deuxième doit être marchand : c’est à dire réservé à ceux qui en ont les moyens, non socialisé et avoir peu ou pas obligations en matière de statut du personnel. Par exemple un opérateur de retraite par capitalisation, une clinique privée, un opérateur privé d’électricité, d’enseignement, le logement privatif, une assurance privée de complémentaire santé etc.. Maintenant, en passant outre la résistance démocratique qui exercera une force contraire mais négligeable, vous les plongez tous les deux dans un bain de « concurrence libre et non faussée ». Si vous pouvez vous procurer une solution brevetée « Bolkestein » c’est ce qui se fait de mieux sur le marché… Quelques années plus tard, vous ressortez les deux services et vous les observez avec votre loupe d’apprenti économiste. Que constatez vous ? Le service public s’est considérablement affaibli. Il est déficitaire, discrédité. Il ne socialise plus que des pertes. Les médias s’en donnent à cœur joie pour stigmatiser le personnel qui y travaille encore comme des fonctionnaires « privilégiés » qui font toujours grève. Le service marchand lui, est plutôt pléthorique. Ou plus exactement, ses actionnaires et ses dirigeants. Un exemple : la Générale de Santé (principal opérateur privé de la santé en France) a distribué en 2007 à ses actionnaires 420 millions d’euros (Voir article sur la T2A) La raison est simple : Un opérateur privé investit prioritairement le secteur rentable du marché, laissant le secteur à problèmes au service public qui ne peut donc que s’appauvrir. Ce qui est encore plus désolant, c’est de voir certains services, naguère publics, anticiper ce scénario et évoluer vers un service marchand au mépris de leurs anciennes missions (Poste, SNCF, EDF etc…) Quand on sait que la « concurrence libre et non faussée » figure comme un objectif fondamental de l’UE dans les traités en vigueur la conclusion s’impose d’elle même. Le principe économique de l’UE conduit mécaniquement à un affaiblissement programmé des services publics et tout le jargon européen autour des SIEG ( service d’intérêt économique général) n’est qu’une pure mystification. L’UE et le protectionnisme. La crise économique, et tout particulièrement les récents discours de B. Obama aux USA, ont remis cette notion, longtemps taboue, sur le devant de la scène politique. Revenons d’abord sur quelques florilèges du discours libéral. N Sarkozy ( discours du 5 juillet 2008) : « … nombre d’européens pensent que le niveau national défend mieux que le niveau européen. C’est faux et c’est une régression. L’Europe protège.» Les salariés Français du textile, de la sidérurgie, des télécommunications, ainsi que les petits agriculteurs… et les 20 millions 12 de chômeurs dans l’UE ont eu l’occasion dans ces vingt dernières années, d’apprécier cette douce protection !! -Plus sérieux, un extrait du programme socialiste ( février 2009) « L’UE doit considérer désormais que la protection de ses industries traditionnelles doit figurer parmi ses priorités ». Bien dit. Mais, il faut ici se méfier des pyromanes qui endossent le costume de pompier. Car renvoyer la protection industrielle aux institutions européennes est parfaitement illusoire. D’une part, il faudrait l’accord d’une majorité des 27 sur la question. Ce n’est pas près d’arriver et même si cela était, rappelons nous que dans les années 1998-2000, il y avait une douzaine de gouvernements « socialistes » sur les 15 pays de l’UE, et que le bilan en matière de protection économique et sociale a été nul, si ce n’est l’émergence du « Blairisme » qui ressemble à un modèle social républicain comme Mme Thatcher ressemble à soeur Emmanuelle… Et c’est d’autre part, négliger un fait essentiel : les méfaits du libreéchange se font sentir à l’intérieur même de l’UE. Les délocalisations de nos entreprises françaises se font en grande partie vers la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, les Pays baltes très attractifs pour leurs dirigeants pour une raison simple : les salaires et la protection sociale y sont nettement plus faibles que dans notre modèle social hérité de l’après guerre. généreuse de dividendes au mépris du salariat, alors on préconise le libre échange, la monnaie forte et la rigueur budgétaire publique. On contraint les entreprises par la concurrence à privilégier le capital au travail. C’est le scénario actuel : chez Total 13 milliards d’euros de bénéfices en 2008, 10% de hausse des dividendes versés aux actionnaires, 555 postes à supprimer d’ici 2013, chez Arcelor Mittal, 6,3 milliards d’euros de profits et 1400 emplois à supprimer en 2009, Chez Pinault Printemps La Redoute 942 millions d’euros de profits, 2000 emplois supprimés etc….et la liste serait bien longue. C’était prévu… Soit on veut protéger le salariat et la protection sociale, alors on préconise un protectionnisme social et internationaliste qui taxe les marchandises en fonction des normes sociales et environnementales dans lesquelles elles sont produites, on tolère les déficits publics qui alimentent l’activité économique et on encadre très fortement le droit de licenciement surtout pour les entreprises qui font des bénéfices. Sur ces questions on consultera avec « profit » les livres de J Sapir, J.L Gréau (qui, en tant qu’ancien économiste du CNPF, n’est pas précisément un gauchiste), E Todd et J Nikonoff. La suite, l’avenir de l’UE … Tout ceci est une fable pour européistes béats. La bonne question est : que veut-on protéger ? Pour un citoyen de gauche aujourd’hui la question centrale est donc la suivante : L’UE est-elle un outil marqué idéologiquement dès son origine et donc conçu par et pour le libéralisme ou un outil neutre, réformable de l’intérieur qui peut porter un projet social d’envergure ? La première option implique une action radicale de désobéissance européenne pouvant aller, éventuellement si rien ne change à moyen terme, jusqu’à la rupture. C’est l’option du PG, du M’PEP, du POI. La deuxième implique une stratégie de reconquête du pouvoir à l’intérieur des institutions existantes et très encadrées par les traités existants ou par celui de Lisbonne qui réussira certainement son passage en force au mépris d’ailleurs de l’expression démocratique. C’est l’option du PS mais aussi du PC, du NPA. Soit on veut protéger les profits, les intérêts des actionnaires, la distribution Tapage ne prend pas position sur cette question de façon définitive. Il invite ses Sur ce dossier donc, méfions nous encore du discours dominant qui est le suivant : d’un côté il y aurait les méchants protectionnistes assimilables à des souverainistes xénophobes, et de l’autre, il y aurait les gentils partisans du libre-échange soucieux de l’intérêt des pays en développement avec lesquels il faudrait exprimer notre solidarité en commerçant sans entraves. lecteurs, sur la base de ces quelques éléments, à approfondir la réflexion, à peser sur le rapport de force social pour infléchir l’UE vers une orientation de gauche républicaine, sociale et laïque et enfin à être des observateurs attentifs de l’évolution de l’UE. Il s’agira alors d’ envisager lucidement, à moyen terme, toutes les décisions que l’intérêt supérieur des peuples européens demandera de prendre. "Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la récession, jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis" Thomas Jefferson 1802 Président des Etats Unis “Le système monétaire et financier actuel de l'économie mondiale repose sur de gigantesques pyramides de dettes dans un équilibre instable. Ce système doit être réformé. “ Il reprenait des arguments déjà développés en 1999 dans La Crise Mondiale d'Aujourd'hui. Pour de Profondes Réformes des Institutions Financières et Monétaires, Édition Clément Juglar. Maurice Allais, prix Nobel français d’économie en 1985, en 2005 dans une lettre ouverte à M. Myard, député UMP des Yvelines 13 Les vrais gens_Les caprices de Marianne Amour, vieillesse et libéralisme Manuella Fuster Quand on a dépassé l’âge des « battants », on n’existe plus que dans certaines conditions; les « seniors » doivent se soumettre aux interdictions diverses dictées par les analyses médicales. La majorité qui permet à chaque individu, dès 18 ans, de diriger sa vie et d’assumer ses choix, est remplacée par un « devoir » d’obéissance aux arrêts rendus par la médecine et la moralité. Est-ce un problème de société ou bien une manipulation politique ? Le premier étant l’âge de l’enfance, le deuxième celui de la productivité, le troisième âge quel est-il ? Pourquoi le fait de voir des gens de plus de soixante ans faire l’amour est-il aussi choquant ? Pourquoi, dans des maisons de retraites hommes et femmes sont-ils séparés ? Pourquoi est-il donc impensable de laisser les personnes âgées faire des excès, rechercher le plaisir, jouir de leur corps ? Le film: Septième ciel d’Andreas DRESEN parle d’une passion amoureuse entre deux personnes de plus de soixante ans. Andreas Dresen dit lui même (interview dans l’émission d’Arte : Métropolis) qu’il filme des corps marqués par la vie, la peau ridée, tachée, relâchée et que l’apparence n’a pas l’importance qu’on veut bien lui donner. La société actuelle favorise une dictature de la jeunesse et de la beauté qui induit une société juvénile, adolescente, où l’on consomme à cent à l’heure, sans réflexion sur le passé, sans souci de l’avenir, pour ne vivre que le présent comme des dieux immortels. Quand on n’utilise pas le passé pour comprendre le présent et réfléchir sur l’avenir, on se laisse facilement berner. Les pseudo-théoriciens de tous poils sont payés pour occuper tout l’espace médiatique et justifier par des manipulations de chiffres, des informations partielles et des détournements de vocabulaire les décisions injustifiables de nos dirigeants. Dans notre société la vieillesse est synonyme de privation : régimes alimentaires dictés par les résultats d’analyses, pas de liberté sexuelle, pas de prise de risque quelle qu’elle soit. Les gens âgés 14 ne décident plus de leur vie. Les personnes âgées sont notre histoire, ils ont vécu avant nous et peuvent témoigner de l’évolution du monde. La société libérale ne les éloigne – t- elle pas pour éviter qu’ils disent à quel point la consommation, la concurrence, l’endettement et le marché mondialisé n’apportent qu’angoisse, exclusion et désespoir ? Des retraités ont choisi de constituer des maisons de retraites auto-gérées pour décider eux mêmes, ou entre eux, de leur vie et de leur avenir. Pour avoir encore le droit de décider de manger des gâteaux quand on a du diabète, de fumer, de partir en voyage, de dépenser toutes ses économies en une fois, de s’amuser ou de tomber amoureux. Est-il plus acceptable de gagner des milliards à la bourse, supprimer des emplois, pour vendre des biens plus ou moins utiles en sacrifiant la planète et ses habitants sur l’autel du marché libéral que d’être un « vieux » qui veut profiter de sa vie ? La représentation qu’on nous impose de la vieillesse ferme son champ des possibles. Peut-être que les citoyens- Peter Pan de cette société qui confond sensualité et pornographie, séduction et force de vente, jeunesse et sagesse, n’acceptent-ils pas encore que leur papa et leur maman aient du plaisir ? Il n’y a pas d’âge pour aimer, embrasser, caresser ou jouir, mais il y en a un pour comprendre que ce libéralisme sauvage ne mène nulle part. Théatre Gérard Philipe “Dis à ma fille que je pars en voyage” Buster Salgan Saluons la performance des deux actrices qui nous montrent sobrement l’évolution d’une relation humaine, d’abord difficile puis très intime, entre deux femmes subissant les mêmes dures conditions de vie en milieu carcéral. Car au delà des mots qui traduisent l’angoisse, l’ennui, les frustrations ce sont les corps eux-mêmes qui semblent prendre les marques de ce temps punitif dans sa lenteur et sa constante et invariable répétition. Les corps subissent donc. D’abord, celui de Caroline, la nouvelle arrivée, fausse bourgeoise mais vraie candide, qui L’amiante publique Un pur dans un monde qui ne l'est pas Chercheur au CNRS. Henri Pézérat faisait partie de ce style d'homme qui portent leur volonté de faire ce qui est juste comme Sisyphe, envers et contre tout, toute leur vie, et qui savent qu'ils s'y épuiseront, mais qu'importe, ils sont venus sur terre pour ça ! Cet homme-là, a passé plus de trente années à chasser une fibre invisible qui décime aujourd'hui une génération d'ouvriers : l'amiante, et il fut l'un des premiers à dénoncer ses effets ravageurs. Son modeste appartement de Fontenay-sousbois était encombré de dossiers qui étaient autant d'éléments à charge contre les industriels, les pouvoirs publics, et hélas, les experts qui se faisaient leurs complices : "il est plus aisé du culpabiliser les individus que de condamner les acteurs économiques qui n'hésitent pas à mettre sur le marché des produits ou des technologies à même d'engendrer une augmentation de l'incidence des cancers" grondait-il. Après des heurts mémorables avec notre pachyderme national (Claude Allègre) ou des membres de l'Académie des sciences ou de médecine, tout préoccupés à protéger les lobbies industriels et autre producteurs de silicate cancérigène ; il est mis en retraite anticipé (tiens bizarre…) il faut dire qu'il l'avait bien cherché ! : "le premier souci des pouvoirs publics est d'éviter toute vague, toute mise en cause d'acteurs économiques de poids ou d'administration défaillante". Sa lutte contre les lobbies industriels à fini par épuiser notre homme mais au delà de ses quatre-vingt années passées sur terre à crier la vérité, le mythe du franc-tireur terrassant les lobbies et l'état demeurera et révèle aux yeux de tous l'inertie des gouvernements à protéger leurs populations même lorsque la dangerosité est avérée ! Un respect profond me gagne en pensant à votre vie M. Pézerat, car sans vous, le carnage de l'amiante aurait été dissimulé combien d'années encore ? Combien de vies avez-vous contribué à sauver ? Et combien de portes avez-vous forcées pour y parvenir… apprend à ses dépends la loi du milieu (racket, agressions sexuelles) mais aussi celui de Dominique que l’on pourrait croire définitivement invulnérable après sept années déjà passées à payer le meurtre de son mari. Dans cette pièce très réaliste, l’affrontement moral entre le pessimisme le plus noir et l’espoir toujours en suspens n’offre jamais au spectateur une issue prévisible. Lorsque le pire semble certain, des éclairs d’intimité retrouvée, de complicité rayonnante s’incarnent dans des danses furtives, des caresses inavouées, des rires provocateurs . Mais, lorsque le pire semble passé …. il reste encore à ces corps trop meurtris une ultime façon de se montrer et d’affirmer, jusque dans la dernière douche avant la sortie, le pouvoir vengeur de se détruire. Les décors bien réalisés évoquent l’intérieur d’une cellule à la géométrie épurée et fonctionnelle. En dehors d’une petite fenêtre qui laisse à peine entrevoir le passage de quelques avions, l’extérieur se résume aux appels déshumanisés pour les rares sorties, les séances de travail sous-payé et une télé qui aide à s’endormir quand les médicaments ne font plus effet. A l’heure du tout sécuritaire, des peines « plancher » et de la surpopulation carcérale, ce spectacle est salutaire. Il nous rappelle, sans tomber dans un angélisme béat, que, bien souvent, derrière une personne incarcérée pour un délit, se cache, l’histoire complexe et singulière d’une victime. « Dis à ma fille que je pars en voyage » de Denise Chalem par la compagnie Phénix Mise en scène : Sophie Belissent Actrices : Patricia Giroud et Nadège Messant Création sonore : Vincent Raffaitin Lumière : Mathieu Courtailler Décors Victor Loiselet. 15 Poete et tragique Hégésippe Moreau Bebert Leroux La Médiathèque Luxembourg a consacré quelques vitrines d’exposition au poète seine et marnais Hégésippe Moreau (18101838). L’occasion de découvrir un auteur au destin tragique mais que Saint-Beuve reconnaissait comme un poète « par le cœur, par l’imagination, par le style »). Hégésippe Moreau est né à Paris, en 1810 est élevé par Mme Guérard à Provins, puis chez la belle-fille de cette dernière, à la ferme de Saint-Martin, à Champ-Benoist. Elle le met au collège de Provins. Puis il fait ses études secondaires aux séminaire de Meaux et d’Avon. Il séjourne fréquemment chez Mme Guérard. Il lui dédie un joli poème intitulé La Fermière. Il entre en apprentissage chez Lebeau, imprimeur à Provins. Il appelle la fille de ce dernier ma sœur et il dédiera ses Contes. Puis il travaille à Paris chez Didot. En Juillet 1830 il découvre les cercles révolu-tionnaires. « De bon, de bienveillant, d’affectueux qu’il était, il devint acerbe, emporté, violent même quelquefois » (1). Il se fait maître d’études. Il ne trouve pas d’éditeur pour ses écrits, sa santé se dégrade, il est hospitalisé à Paris, en 1833. Convalescent, il revient, à pied, à la ferme Saint-Martin, où il est accueilli avec beaucoup d’affection. Piqué de politique, il fonde un journal, Diogène, hebdomadaire principalement de pièces politiques en vers. Sept numéros seront publiés à Provins, puis Paris, pendant l’été 1833. Le journal ne se vend pas. Et c’est la misère qui sera sa dernière compagnie de 1834 à 1838. « Il se livrait à la boisson, vendait ses chemises pour aller au spectacle et buvait de l’opium pour engourdir sa pensée » (2). Il se fait souvent arrêté comme vagabond pour pouvoir bénéficier d’un abri. Hospitalisé en 1834, il cherche la mort en se couchant dans les draps encore chauds d’une vitime du choléra. Mais il lui faudra attendre 1838, alors qu’un éditeur publie enfin un recueil de ses poèmes Le Myosotis, pour mourir le 20 décembre. Il avait 28 ans. Extrait de La Voulzie3 Mais j’aime la Voulzie et ses bois noirs de mûres, Et dans son lit de fleurs ses bonds et ses murmures, Enfant, j’ai bien souvent, à l’ombre des buissons, Dans le langage humain traduit ses vagues sons ; Pauvre écolier rêveur et qu’on disait sauvage, Quand j’émiettais mon pain à l’oiseau du rivage, L’onde semblait me dire : « Espère, aux mauvais jours, Dieu te rendra ton pain. » Dieu me le doit toujours ! 1 E. Goepp, notice, Contes à ma sœur, Paris ,1889 2 E. Goepp, idem 3 Petite rivière de la région de Provins. Comment se procurer la version “papier” de Tapage ? Au numéro Par courrier (Tarif incluant les frais d’envoi) : 3 € le numéro Par portage (Meaux et communes limitrophes) : 2 € le numéro Par abonnement : 1 an, 6 numéros Tarif normal : 10 € Tarif de soutien : à votre discrétion. Nom, prénom : ………………………………………………………………………………………………………………… Adresse postale : …………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………… Pour le portage, informations complémentaires : jours et horaires préférentiels, téléphone, codes d’accès, etc : …………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………… Paiement (sauf portage) : libeller les chèques à l’ordre de “APEL de la région meldoise” et les adresser à : “APEL de la région meldoise, 20 rue Winston Churchill, 77100 Meaux”. Presse et citoyenneté Chèquier-presse républicain à Othis Lire et élire ! Un article dans Le Monde du 24 décembre 2008, co-signé par P. Robinet, éditeur, et S. Guérin, sociologue, a donné une idée à Bernard Corneille, maire d’Ohis : Faire offrir, par la commune, aux 90 jeunes de 18 ans un chèquier permettant d’acheter pour 30 euros de journaux quotidiens et 20 euros de magazines. L’opération dure 2 mois avec l’espoir que cette découverte donnera à chacun l‘envie de continuer à utiliser la presse écrite. Les chèquiers ont été donnés le 14 mars dernier, en même temps que les jeunes recevaient leur première carte d’électeur. Sortir nos petits Voir/PrinTemps de paroles Du théâtre, de la danse, des spectacles jeune public, de la poésie, de la musique, des expositions, des acrobaties en l’air et par terre, des mots qui s’envolent, des crieurs de messages, des ateliers pour enfants, de la pluie, du beau temps… PrinTemps de paroles, c’est tout cela et bien plus encore… Entrée libre > les 16 et 17 mai 2009, au parc culturel de Rentilly www.parcculturelrentilly.fr Jardin/La Nature près de chez vous Le premier rendez-vous d’une manifestation nature pour toute la famille, organisé par une association d'éducation à l'environnement. Les enfants pourront se glisser dans la peau d'un insecte en récoltant du pollen (jeu collectif décliné en deux versions : 3-5 ans / 6-10 ans, créé pour l'occasion) ou vivre les sensations d'un écureuil en grimpant dans un arbre (pour enfants de 7 à 12 ans). > le 17 mai au Stade André Robert Avenue de Condé, Montry