Une campagne à haut risque … pour la droite !

Transcription

Une campagne à haut risque … pour la droite !
Tapage
Version papier_2€
N°2_Avril_2009
journal bimestriel d’expression libre de la région meldoise
édito de Buster Salgan
Il y a plus de quatre cents ans, Michel de
Montaigne, dans un chapitre de ses Essais
consacré aux « cannibales », évoquait
une rencontre qu’il fit avec trois d’entre
eux. Il y écrit : "ils avaient aperçu qu’il y
avait parmi nous des hommes pleins et
gorgés de toutes sortes de commodités,
et que d’autres étaient mendiants à leurs
portes, décharnés de faim et de pauvreté ;
et trouvaient étrange comme ces
moitiés-ci nécessiteuses pouvaient souffrir une telle injustice… »
Tapage a rencontré de nouveau ces trois
cannibales et leur a offert une visite guidée de notre société moderne…
Nous leur avons montré la compagnie
pétrolière Total qui a réalisé en 2008 un
profit de près de 14 milliards d’euros soit
trois fois le PIB de la République du Congo
(65 millions d’habitants).Nous leur avons
dit qu’en 2009, cinq milliards d’euros de
dividendes seront distribués aux propriétaires de cette compagnie (plus 100 % en
5 ans) alors qu’en France, 6 millions de
personnes vivent de minima sociaux .
Nous allions continuer la visite quand le
chef cannibale nous a gentiment interpellé :
LE CANNIBALE : Dites donc, ça n’a pas
tellement changé chez vous depuis
Montaigne…
NOUS : Détrompez vous, nous avons fait
la Révolution Française en coupant quelques têtes.
LE CANNIBALE : Ça, c’est bien !!
NOUS : Nous avons mis en place le
Conseil National de la Résistance,institué
la République c’est à dire l’égalité en droit
ainsi que la sécurité sociale pour tous.
LE CANNIBALE : Ça, c’est très bien!! Mais
alors, ces exploiteurs d’actionnaires gorgés de commodités, vous allez les découper en morceaux avant de les cuire ?
NOUS : Euh, non, on ne procède plus
comme ça. Nous sommes civilisés.
LE CANNIBALE : Vous les écartelez, vous
les empalez ?
NOUS : Euh, non. On leur a demandé
de… moraliser le capitalisme .
Depuis, allez savoir pourquoi, nos trois
cannibales n’arrêtent pas de rigoler.
Elections
europeennes
Une
campagne
à haut
risque …
pour la
droite !
La campagne pour les
élections européennes du 7
juin 2009 est l’occasion pour
« Tapage » de revenir sur
quelques thèmes importants
qui devraient traverser les
débats. Il ne s’agit pas ici de
donner des réponses
définitives et doctrinaires
mais, modestement,
d’apporter des éléments
d’information et de clarifier
les enjeux.
Buster Salgan .
Tout d’abord, qu’est-ce que l’Union
européenne ?
Quelle que soit l’opinion que l’on peut
avoir sur l’Union Européenne, une distinction s’impose qui semble pourtant
échapper à l’approche sémantique de la
plupart des partis : L’Union européenne, ce n’est pas l’Europe .
L’Europe est un continent qui comprend
au moins 49 pays ( suivant l’acception
même de la commission européenne !).
L’Union Européenne est une structure
politique et surtout économique très
précise qui ne concerne que 27 pays.
Cette distinction permet de discerner
quelques grandes catégories idéologiques que le discours dominant amalgame parfois intentionnellement.
(suite pages 12 et 13)
À MEAUX ET son pays
Santé
Conseils
> page 2 et 3
En France et ailleurs
> page 8 et 9
Democratie locale
Les conseils à suivre…
par Tympan du Tapage
Conseil
municipal
de Meaux
13 février 2009
Fait pas bon être seul
Le Conseil du 18 décembre 2008 avait
vu l’installation de Morade Benahmed
(Modem) en remplacement d’Ange
Anziani, démissionnaire. Le malheureux
eut l’outrecuidance de vouloir prendre la
parole ! Interdiction lui en fut faite par
le Maire au motif qu’il n’appartient pas
un « groupe municipal ».
Henri Gerphagnon, élu socialiste d’opposition, et au civil avocat (tout comme
le maire ?), se permit d’affirmer que
tout conseiller a droit à la parole dans
les conseils municipaux.
Aussi M. le maire prit-il soin de (faire)
consulter le Code général des collectivités territoriales et confirme lors de l’introduction au conseil du 13 février
2009, que, selon l’article L 2121-19,
tout conseiller a bien droit à l’expression. Il est vrai que le peu d’utilisation de
ce droit par la majorité a pu induire le
maire dans l’idée de son inexistence !
La rénovation en quartiers
divers
Après la traditionnelle auto-congratulation sur la rénovation urbaine en cours,
sur l’admirable présentation du « Plan
Marshall » pour le centre ville (quel
drôle de nom !) faite le 7 février, il est
donné un rapide exposé des opérations
à venir dans les quartiers Foch – Allende
– Roosevelt destinés à devenir des
« éco-quartiers ». Le projet de la ville
de Meaux fait partie des 8 sites en Ile de
France ayant fait l’objet d’une convention signée le 3 février en Préfecture de
Région. Il s’agit de la déclinaison 20072013 des contrats de projets État –
régions, teintés « Grenelle de l’environnement ». Mobiliser des moyens finan-
2
ciers (État pour 10 millions d’euros,
Région, Département, …) pour « requalifier » des quartiers en matière de circulation –douce de préférence-, de stationnement, de logements plus écologiques et de cadre de vie, tel est l’enjeu.
L’opposition fait preuve
d’urbanité
M. Mavré intervient pour le compte du
Groupe d’opposition de Gauche. Il
considère que ce projet concernant les
quartiers cités est plus pertinent en
matière urbanistique que celui du
Centre ville (même s’il convient de
rénover celui-ci). Il souligne les écueils à
la continuité urbaine que constituent le
canal de l’Ourcq, et les axes routiers
(Allende, Roosevelt, notamment). Qui
sont de véritables rubans autoroutiers. Il
met l’accent sur les faiblesses du projet
en matière de mixité fonctionnelle et
sociale du logement. Sur le plan environnemental il insiste sur le retard considé-
Le show must go one !
« Le spectacle doit rester premier ! »
Qu’on nous pardonne cette approximation de la version anglaise du slogan célébre : « Le spectacle doit
continuer ! ». Elle s’impose toutefois pour deux raisons :
Lors du Conseil municipal du 25 septembre 2008, le Maire dû impérativement quitter la séance avant sa
fin au motif qu’il devait aller congratuler l’équipe de réalisation des
Muzik’elles. On se doute bien qu’aucune décision de l’assemblée communale ne pouvait avoir plus d’importance.
Lors du Conseil de la communauté
de communes du 20 mars 2009, le
Président demanda que l’on excuse
les élus de la ville de Meaux qui
quitteraient la séance avant la fin.
Un spectacle auquel ils participent
nécessiterait un certain temps de
préparation. Bel esprit de communauté !
rable pris par la ville, retard que le projet
de la Mairie ne semble pas vouloir rattraper. Enfin, une fois de plus, et sous
l’alibi d’une nécessaire (et obligatoire)
concertation, l’aspect financier est totalement flou , alors qu’il s’agit d’une
opération très importante.
Monsieur l’adjoint nous
réchauffe la géothermie
M. Bras lui fait une réponse reprenant les
thèmes déjà présentés par le Maire, en
des termes plus techniques, mais pas
beaucoup plus précis. Concernant la
mixité sociale en matière de logement, il
indique que la conception de la majorité
municipale est : « un logement adapté
à la situation de chacun » ! Il ne reste
plus qu’à dire ce que cela signifie. Pour le
développement durable (traduisez : la
dose politiquement correcte de protection de l’environnement), il réutilise l’argument d’une énergie ô combien renouvelable, tant dans son utilisation que
dans le langage politique local, à savoir
la géothermie. Notons que sa mise en
service date de 1983 et sous une municipalité de gauche ! Il évoque l’éventualité de la pose de quelques panneaux
photovoltaïques … C’est évidemment
dans le domaine du financement que les
intentions politiques sont les plus affichées. À défaut d’en faire une première
évaluation, on connaît les principaux
guichets où s’approvisionner : l’État,
l’Europe, la Région et le Département.
En clair cela ressemble fort à une technique classique à Meaux depuis 1995 :
trouvons de l’argent, on verra après ce
qu’on en fera !
Exemple d’éducation
à la citoyenneté
Nous sommes obligé de faire état de
scènes qui émaillent, systématiquement, les interventions de l’opposition.
Nous avons vu des conseillers « jouer à
se servir à boire », d’autres téléphonant
avec leurs (insu-)portables. Nous avons
entendu à nouveau la bronca d’une
partie du public illustrée par cette apostrophe : « on peut pas lui couper le
sifflet ! », « lui » étant M. Mavré évidemment. Le brouhaha fut tel que M.
Gerphagnon crut bon de rappeler que la
« police de l’assemblée » revient au
président de séance, en l’occasion, le
maire. Au moment où « l’éducation à la
citoyenneté » est un thème volontiers
servi à l’endroit des « jeunes des quartiers », peut-être serait-il utile d’en
faire une version à l’usage des groupies
de M. le maire.
Éducation à la démocratie
L’opposition s’abstient lors du vote sur
l’avenant avec l’Agence Nationale pour
la Rénovation Urbaine prévoyant le
financement de la destruction des 3 dernières tours de Collinet. M. le maire s’en
lamente : « votre abstention me déçoit
». Il estime que l’on ne peut pas être en
désaccord avec sa politique de rénovation urbaine. Du reste, la gauche n’at’elle pas fait son plus mauvais score aux
dernières élections municipales ? Elle
devrait donc se mettre en accord avec la
majorité de la population en votant les
projets de la mairie ! Nous suggérons
un sujet d’examen pour les étudiants en
droit constitutionnel : le fait d’avoir
perdu des élections implique-t’il que
l’on adhère au parti majoritaire ? Notes
et corrections des copies lors de la prochaine défaite de la droite !
Trop beau COPS
Le nouveau Contrat Opérationnel de
Prévention et de Sécurité est proposé au
vote en toute fin de séance. Le lecteur
pourra se faire une opinion de ce qu’est
un COPS en téléchargeant l’ancien
contrat (2004-2008) sur le site de la
v i l l e : h t t p : / / w w w. v i l l e - m e a u x . f r
/IMG/pdf/Contrat_COPS_07046.pdf, en
attendant le nouveau. On notera que
l’opposition,
par
la
voix
de
M. Gerphagnon, a exprimé un certain
nombre de réserves, et a notamment
regretté de ne pas avoir été associé à
l’élaboration de ce nouveau contrat.
Réponse de M. le maire : « je ne vous
invite pas parce que vous n’êtes jamais
d’accord … vous ne pouvez pas être
d’une quelconque utilité » (voir plus
haut le devoir de droit constitutionnel).
Ce qui est le plus surprenant, c’est que,
sans que quiconque en fasse état, M. le
maire évoque les événements qui ont
secoué la commune « à la fin des
années 90 ». Il se souvient, en substance, « très bien de l’attitude la gauche
à l’encontre de la police municipale ».
Fatigue de fin de séance ? Nous ne
reviendrons pas sur ce triste chapitre de
l’histoire meldoise récente. Pour les lecteurs qui le souhaitent, on peut toujours
avoir une description détaillée de ces
événements dans le livre de Sophie
Coignard, La Vendetta française, Albin
Michel, Paris, 2003, chapitre 7, « Le roitelet de Seine et Marne »
Conseil
communautaire
du Pays de Meaux
20 mars 2009
On se décharge sur l’État
En ouverture de séance, le maire de
Meaux, Président de la communauté,
informe que le juge d’appel a confirmé la
condamnation de cette dernière à
indemniser les habitants du lotissement
du Chaillouët à Crégy-lès-Meaux. Ceux-ci
avaient subi des dommages lors des
importantes fuites de biogaz émanant
d’une ancienne décharge publique, en juillet 1999. Ils avaient dû être évacués et
logés à l’hôtel pendant une dizaine de jour.
La Communauté est condamnée à
600 000 euros d’indemnités aux victimes. L’exploitant de l’époque AubineOnyx (racheté depuis par Veolia) devra
débourser 800 000 euros. À noter que la
commune de Crégy-lès-Meaux également condamnée à 600 000 euros, l’est
doublement puisqu’elle est membre de la
Communauté d’agglomération.
Le Président propose d’en terminer une
fois pour toute afin de permettre aux victimes de retrouver la sérénité. Évidemment, et bien que président du Syndicat
Intercommunal des Résidus Urbains à
l’époque, il évoque les erreurs « d’avant
son arrivée ». Il s’étonne aussi que l’État
ait été relaxé alors que, selon lui, il n’avait
pas exercé son contrôle sur ce site assez tôt.
Solidarité :
restons ponctuels
La communauté
d’agglomération
c’est quoi ?
Créée le 1er février 2003, la
Comunauté d’agglomération du pays
de Meaux regroupe 18 communes :
Barcy,
Chambry,
ChauconinNeufmontiers, Crégy-lès-Meaux,
Fublaines, Germigny-l’Évêque, Isleslès-Villenoy,
Mareuil-lès-Meaux
Meaux,
Montceau-lès-Meaux,
Nanteuil-lès-Meaux,
Penchard,
Poincy, Trilport, Trilbardou, Vareddes,
Vignely et Villenoy.
Elle a des compétences dans les
domaines suivants : Emploi et insertion, Développement économique,
Amélioration de la circulation,
Environnement et cadre de vie,
Habitat et logement, Sport et culture, Accueil des gens du voyage,
Nouvelles technologies de l’information et communication.
Son conseil est composé de 69 délégués élus par les Conseils municipaux.
Plus d’infos :
http://www.paysdemeaux.com
La grande question de cette séance est
celle de l’instauration, ou non, d’une
Dotation de Solidarité Communautaire
(DSC). De quoi s’agit-il ? La Taxe professionnelle de l’ensemble des communes
est perçue par la Communauté qui en
reverse aux communes une compensation calculée sur la base des impositions
de 2002. Cette base de calcul n’a pas
changé depuis. Or, les communes ont vu
leur structure économique varier. Par
exemple, avec l’ouverture du Centre
pénitentiaire la commune de ChauconinNeufmontiers a vu la base de calcul de la
Taxe professionnelle augmenter de 41%
entre 2001 et 2004. Pas d’augmentation
pour autant du reversement de la
Communauté.
Bien sûr les communes qui, du fait de la
fermeture d’entreprises, ont vu l’assiette
de la Taxe baisser y trouvent leur compte,
puisqu’elles continuent à percevoir, proportionnellement, les mêmes sommes. La
solution consisterait en la création d’une
dotation de solidarité, révisable chaque
année, permettant de corriger ce défaut.
Sans cesse refusée par les communes les
plus riches, cette dotation a fini par être
acceptée cette année.
3
(Conseil communautaire suite et fin)
Attention toutefois, la solidarité a des
limites : elle représente, au total
446 000 euros, soit 1% environ du budget général et elle ne saurait être pérenne.
Il faudra rediscuter tous les ans, et de son
existence et de son éventuel montant !
Adopté presqu’à l’unanimité (3 contre et
1 abstention).
Statistiques
Baisse de l’espérance de vie
due aux privatisations
Budget, budget et paraphe
Dans une présentation plus détaillée de la
Communauté d’agglomération, nous
aurons l’occasion de revenir sur ses budgets. Il faut dire « ses » puisque le Parc
d’activité du Pays de Meaux qui devrait
voir le jour en bordure de la RN 3 et de la
déviation, sur les communes de Villenoy
et Chauconin a un budget qui lui est propre. La présentation de celui-ci a passionné le Président de la communauté qui
a profité de ce temps pour signer ses
courriers.
Un symbole : les chômeurs
à la place du commerce et
de l’industrie
La Chambre de Commerce et d’Industrie a
fait part de son intention de vendre ses
locaux du boulevard Jean Rose. La
Communauté de communes les rachète
et y regroupera les services chargés de
l’emploi, ANPE et ASSEDIC, la Mission
locale et la Maison de l’Emploi (qui estelle même sensée regrouper tout le
monde !). Il convient de noter que tous
ces organismes sont déjà dans des locaux
plutôt récents, dans un périmètre assez
réduit au Mont Thabor. Nul doute que les
déménagements que cela occasionnera
ne créent de nombreux emplois dans ce
secteur professionnel.
Tapage
Journal bimestriel d’expression libre
de la région meldoise
ISSN : 1969-2722
Dépot légal : avril 2009
Directeur de publication :
Patrice Hemet
Édité et imprimé par : Association pour
la Promotion de l’Expression Libre
dans la région meldoise (APEL de la
région meldoise), Association Loi de
1901, JO du 24 janvier 2009
Siège social : 20 rue Winston Churchill,
77100 Meaux
Courriel : [email protected]
4
Les privatisations massives dans l’économie dans les pays postcommunistes
ont provoqué une baisse importante de
la durée de la vie chez les hommes.
D’après une étude de scientifiques britanniques publiée dans la revue « The
Lancet » la mortalité a augmentée
d’env. 13 % dans les années 90.
Les chercheurs ont examiné la mortalité chez les hommes âgés de 15 à 59
ans dans les pays postcommunistes
comme l’ex. Union soviétique et d’au-
tres pays de l’Europe de l’est de 1989 à
2002. On parle de privatisation massive si plus de 25% des grandes entreprises du secteur publique sont vendues aux propriétaires privés en l’espace de 2 ans.
Le facteur le plus important pour la
baisse de l’espérance de la vie ce sont
les licenciements des salariés, car avant
les privatisations ils bénéficiait d’une
protection sociale et de la santé étendue.
Rénovation urbaine
La mesure des mesures
Tympan du Tapage
Une opération de renouvellement urbain est un ensemble
complexe de mesures prises dans plusieurs domaines :
urbanistique, certes, mais aussi social, culturel, économique,
etc…Il y a donc un peu d’inconscience teintée de présomption à
vouloir en faire une évaluation. Pourtant, chacun, probablement,
à Meaux a un avis, tranché ou mesuré, sur la transformation des
quartiers de Beauval et de La Pierre Collinet. Nous nous
bornerons à fournir quelques éléments qui semblent
significatifs pour éclairer au mieux ces avis.
Question d’espace
Nous ne pouvons circonscrire l’espace
urbain concerné aux seuls quartiers de
Beauval et de La Pierre Collinet. Les
démolitions - reconstructions dans le
secteur des caravelles « C » ont des
conséquences sur l’organisation générale du « quartier » de Beauval(1)
La « reconstituion de l’offre globale de
logement », comme le disent les spécialistes, concerne un espace plus
étendu que la ville de Meaux elle-même.
Depuis la première démolition, celle de
la barre Églantine en 1991, ce sont
2 600 logements, environ (2), qui ont
disparu.
Les constructions destinées à les remplacer s’étendent sur d’autres quartiers,
Foch et Guynemer notamment. Des
appartements libérés dans le reste du
parc social de la ville ont pu être proposés en solution de relogement.
Qui est-là ?
Intéressons-nous aux acteurs de la
reconstruction. Ils sont de quatre types :
> L’OPAC de Meaux. L’essentiel des logements détruits étaient sa propriété. Elle
y logeait les populations les plus pauvres.
> La SAIEM (Société anonyme immobilière d’économie mixte de la ville de
Meaux). Elle est l’outil de la ville pour
construire des logements « sociaux »
que l’on peut qualifier d’intermédiaires.
Elle s’adresse à des populations aux
revenus « modestes ».
> Les investisseurs privés. On connaît
bien désormais leurs noms et logos, fort
nombreux dans les quartiers du
Luxembourg, puis de Foch et de
Guynemer. À noter, toutefois, parmi ces
promoteurs une société filiale de la
Caisse des Dépôts et Consignations,
ICADE. On voit que la puissance publique est présente dans tous les segments
du marché.
> Enfin, un quatrième acteur, peu connu
et au rôle particulier. Il s’agit de
l’Association Foncière Logement. C’est
une émanation de l’Union d’Économie
Sociale pour le Logement. Pour faire
court, disons que l’UESL est l’organe qui
perçoit le « 1% logement » que verse
les entreprises privées pour aider au
logement de leurs salariés. Elle est gérée
paritairement par les organisations syndicales patro-nales et salariales. Ni
construc-teur, ni promoteur, elle est présente dans les opérations de rénovation
sous convention ANRU. En contrepartie
de la participation du 1% logement au
financement de l’ANRU, elle reçoit gratuitement des lots de terrains sur lesquels elle se charge de faire construire,
généralement des logements privés
libre, afin de se constituer un patrimoine
immobilier susceptible de financer, à
terme les retraites complémentaires.
Pas fonceuse la Foncière !
Dans les limites de la communes de
Meaux on peut établir à ce jour, et pour
la convention ANRU courant de 2004 à
2008, le palmarès suivant :
- La SAIEM devait reconstruire environ
230 logements sociaux « intermédiaires ». C’est chose faite.
- L’OPAC a terminé les 130 logements
qu’il avait à réaliser à La Pierre Collinet.
Par contre, sur le secteur des Caravelles
à Beauval, il n’a livré aucun des 120
logements prévus.
- Les promoteurs privés ont achevés une
trentaine de logements à La Pierre
Collinet, mais l’emplacement de l’ancien
collège qui devait voir 160 logements
est encore vierge. À Beauval, une cinquantaine de logements ont été livrés,
90 autres sont en cours de construction.
Les réalisations (50) sur l’îlot
Cornouailles n’ont pas commencé. Les
immeubles avenue Foch et dans la ZAC
de l’Ile aux Cygnes sont comptés dans
l’offre de reconstitution.
- Chose étonnante, les 5 lots attribués à
la Foncière sont encore totalement
exempts de toute construction !
À suivre …
On le voit le programme de reconstruction est loin d’être terminé. Côté logements libres, la ZAC de l’Étang aux
Cygnes, longtemps à l’arrêt, semble
prendre son essor. Il est vrai qu’en faisant acheter (en l’état futur d’achèvement) 30 logements par la Caisse des
Dépôts l’État a sans doute donné un
coup de pouce non négligeable. Mais
cela ne loge pas les populations les plus
pauvres réduites à la portion congrue :
120 logements livrés sur le tout petit
nombre de 250 prévus !
Nous poursuivrons l’analyse des autres
composantes de la rénovation dans nos
futurs numéros. Ce n’est qu’au terme de
cette évaluation que nous pourrons tenter d’en faire un commentaire.
Notes : (1) Peut-on parler d’un seul
quartier ?
(2) Nous aurons l’occasion de revenir
sur l’utilisation des données chiffrées.
Nous avons fait là une estimation des
logements qui avaient été construits,
qu’ils soient occupés ou non au début
de tel ou tel programme.
5
Entretien
Meaux ville durable
Tapage sollicitera régulièrement des entretiens auprès de
responsables et décideurs de la ville de Meaux ou de sa région.
Nous avons rencontré Henri GERPHAGNON, élu d’opposition (PS)
à la ville de MEAUX et spécialiste du droit de l’environnement.
Cet entretien a porté sur la notion de « ville durable » .
Tapage : Comment est apparue la
notion de « ville durable » ?
H Gerphagnon : Il faut effectivement faire
un bref rappel historique. La grande loi de
référence en matière de protection environnementale est une loi de 1976 sous
Giscard qui a établi la nécessité de la protection des milieux et généralisé les études d’impact. A cette époque la France
était pionnière sur ces questions, depuis
elle a été copiée puis largement dépassée
notamment par la législation européenne.
Par la suite, cette idée a évolué en intégrant des éléments généraux de la vie
sociale et économique qui ne peuvent pas
se résumer à un simple mieux-disant environnemental. Pour prendre un exemple
concret, un golf peut apparaître comme
une avancée écologique alors qu’en réalité, par les effets induits notamment en
terme de consommation d’eau, c’est une
catastrophe environnementale !
Tapage : Alors, selon vous, comment
peut on caractériser le concept de
« ville durable » ?
H G : Une ville durable est une ville qui
ne s’étale pas, qui tire ses ressources à sa
périphérie et dans laquelle il est facile de
s’approvisionner, de se divertir et de travailler. Il faut articuler cette notion avec
celle de quartier. En effet, pour qu’un
citoyen soit bien intégré dans sa ville, il
est nécessaire qu’il la perçoive essentiellement à travers son quartier, c’est à dire
cette partie de la ville dans laquelle il
socialise ses activités non seulement par
l’intermédiaire de son logement mais
aussi des commerces qu’il fréquente, des
équipements sportifs et culturels qu’il utilise, des associations auxquelles il participe etc…De ce point de vue par exemple ;
à Meaux, le centre ville est un réel quar-
6
tier, Collinet est un quartier sous équipé
alors que Beauval n’est pas un quartier du
tout…Il suffit de remarquer qu’un jeune
de Beauval qui veut se divertir un soir en
est réduit à traverser la ville (souvent à
pied) pour ce rendre dans le centre.
Tapage : la majorité municipale semble
s’intéresser à ces questions. Qu’en pensez vous ?
H.G : Il est toujours amusant de voir des
dirigeants découvrir des questions politiques majeures qui ont été portées et analysées par d’autres depuis plus de 25 ans!
Mais, ce qui est désolant c’est cette tentative de récupération opportuniste par des
effets d’annonce sans concertation, doublée d’un « bougisme » stérile, certainement inspiré par l’actuel locataire de
l’Elysée et qui tient lieu de réflexion politique. Ainsi l’ensemble des mesures
annoncées dans le cadre du « plan
Marshall » (eco-quartiers, subventions,
incitations fiscales, acquisitions par la
commune) n’ont rien de novatrices ; elles
existent dans notre législation depuis bien
longtemps. Par contre, et c’est irréversible,
la requalification de Beauval s’est faite
sans qu’il y ait eu de réelle préoccupation
d’ensemble sur la question environnementale.
Tapage : Quelques mots sur le « Plan
Marshall » à Meaux ?
H.G : Je laisserai le cabinet du maire justifier cette référence historique qui
m’échappe. Plus sérieusement, il y a un
réel problème d’articulation sur le plan de
l’urbanisme entre le centre administratif
et le centre ville. Il doit être traité après
une concertation très large des habitants
et en pensant l’évolution de la ville de
Meaux sur le long terme.
Personnellement, j’aurais aimé que cela
soit l’objet d’un concours d’architecture,
comme cela se fait dans certaines grandes
villes et non motivé par l’utilisation à
court terme de subventions nationales ou
européennes. D’autre part, il serait souhaitable de faire une réelle étude de l’impact environnemental au sens large des
« projets phares » annoncés qui sont, je
le rappelle, la construction d’un centre
commercial à la place de l’actuel cinéma
et la construction d’un cinéma multiplex à
la place de l’ancienne prison. Est-ce véritablement l’urgence sociale du moment ?
Tapage : Pour conclure, quelles seraient,
selon vous, les orientations souhaitables en matière de « ville durable » à
Meaux
H.G : J’en vois deux qui mériteraient une
étude approfondie et que je ne ferai
qu’évoquer pour terminer cet entretien.
La mise en régie du traitement des
déchets et, à plus long terme, la réalisation d’un tramway adapté à notre ville.
Expulsion
Lagny : le sens
de l’hospitalité
Françoise
Monsieur Romano Kanda, angolais,
vivait paisiblement à Thorigny depuis
neuf ans. Il vivait depuis plusieurs
années avec Mimi, Congolaise, en situation régulière, mère de deux enfants (5
et 6 ans), Adonai est né, il y a 20 mois de
cette union.
Dans la soirée du 18 Mars, la petite
Estelle est hospitalisée à Lagny. Elle a
reçu un coup de balai trop vif de sa
maman qui a appelé immédiatement les
secours. La mère est placée en garde à
vue et Estelle à l'hôpital. Romano, prévenu abandonne son travail pour se précipiter au chevet de la petite fille. C'est
là que les policiers viennent l'arrêter et
l'expédier au Mesnil Amelot. Brillante
expédition de la police latignacienne !
Monsieur Besson et ses services font du
zèle dans l'inhumanitaire !
Tout ce beau monde très pressé de faire
du chiffre, sans même présenter
Romano au juge des libertés qui l'attendait au tribunal, le 21 Mars décide l'embarquement de Romano pour Kinshasa.
Pas de bol, Romano est Angolais et pas
Congolais. Petit détail sans importance
pour les services de Monsieur Besson
mais capital pour les Congolais qui n'en
veulent pas. Retour à Roissy illico.
Romano rentre chez lui au grand bon-
heur des trois enfants et de leur mère.
Pour autant, il n'a toujours pas de
papiers.
On reste confondu de cette histoire
rocambolesque. Comment la police peut
elle décider seule, sans décision de justice, l'expulsion d'un homme, fût-il sans
papiers ? Dans son acharnement et sa
précipitation comment peut elle
confondre Angola et Congo ? On serait
tenté d'en rire s'il ne s'agissait pas de la
sérénité d'une famille avec trois enfants
qui risquent d'avoir pour la vie une
haute opinion de la police française et
de ses donneurs d'ordre.
Au lieu de s'agiter et de discourir, il
serait peut être temps de réfléchir à
cette stupide et stérile chasse aux sans
papiers qui nous coûte très cher humainement et moralement bien sûr mais
aussi économiquement.
A-t-on chiffré le coût des camps de
rétention ? Le coût du temps passé par
les juges qui souhaiteraient plutôt s'occuper des vrais délinquants ? Le coût des
expulsions manu militari par avion (surtout quand il s'agit d'un aller-retour
aussi rapide mais ne soyons pas cruels
envers ce pauvre Monsieur Besson) ?
Tout le monde sait en France et probablement en Europe que les flux migratoires ne peuvent que s'intensifier pour
des raisons à la fois politiques, économiques et climatiques. Au lieu d'envisager
l'accueil possible de ces migrants ou
l'aide à leurs pays d'origine, les gouvernements européens aveugles et sourds à
ce qui se passe dans le monde s'acharnent à refouler des hommes, des femmes, des enfants qui reviendront forcément puisqu'ils ne peuvent pas vivre ailleurs.
Tout le monde sait ... sauf Monsieur
Besson.
Dernières nouvelles de Thorigny :
de très jeunes adolescents au cours
d'une bagarre ont blessé 3 policiers.
Nous ne pouvons que condamner mais
si notre gouvernement n'obligeait pas
les fonctionnaires de police à des expéditions aussi ridicules que celle-ci, la jeunesse aurait sans doute une attitude
plus respectueuse envers les fonctionnaires chargés de notre sécurité.
7
Hopitaux : tarification à l’activité
Un outil pour privatiser les profits
et socialiser les pertes
Secteur santé de l’UFAL, à la demande de Tapage
Le double processus, d’étatisation d’une part et de marchandisation et de privatisation d’autre part,
de la santé et de la sécurité sociale a été engagé dès 1967 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec la
loi Bachelot. Analysons une de ces contre-réformes : la tarification à l’activité(T2A) promue en
2002 lors du plan Hôpital 2007 pour la chirurgie et la maternité, puis généralisée à l’ensemble des
services sanitaires de l’hôpital en 2007 lors du plan Hôpital 2012.
Précédemment, l’hôpital était financé par
la Sécurité sociale par un budget global.
Aujourd’hui, il est financé par la T2A.
Comprenons qu’il y a environ 10.000
pathologies qui sont regroupées dans
environ 700 « groupes homogènes »
correspondant à des pathologies qui sont
rémunérées par la même tarification.
Une rapide analyse de cette tarification
(qui en est à sa 11ème édition tellement
les injustices sont flagrantes !) montre :
que les pathologies qui se font majoritairement dans les cliniques privées à
but lucratif pour les actionnaires sont
mieux rémunérées que celles qui sont
faites à l’hôpital public.
que les missions d’enseignement, de
recherche et d’innovation (MERRI), les
missions d’intérêt général et d’aide à la
contractualisation (MIGAC) qui sont
censées compenser les missions de service public de l’hôpital public non réalisées par le secteur privé, sont très nettement insuffisantes.
L’UFAL
L’UFAL (Union des Familles Laïques)
est un mouvement d’éducation
populaire laïque tourné vers l’action.
Elle œuvre en liant le combat laïque et le combat social :
- Pour le respect, pour chaque personne, des droits au travail, au logement, à l’enseignement, aux soins.
- Pour l’accès pour tous à des services publics d’enseignement, de
santé, et de transports.
Contact pour rejoindre le comité
UFAL de Crécy la Chapelle
Union des Familles Laïques
27, rue de la Réunion 75020 Paris
www.ufal.org et www.ufal.info
8
que le droit communautaire européen
instaure une concurrence dite « libre et
non faussée » mais qui est « totalement faussée » par le fait que les établissements privés choisissent leurs
clients et ne font que des actes programmés. Ceci leur permet d’optimiser
leurs lits par une couverture de près de
100% alors que les hôpitaux publics
accueillent tout le monde (pour une
même pathologie, un SDF passe à l’hôpital19% de temps de plus que la durée
moyenne ) y compris les actes d’urgence
non programmés. Les hôpitaux doivent
donc maintenir des lits vides, pourvus
d’un environnement médical et paramédical prêt à intervenir, qui ne sont pas
rémunérés directement par la T2A. ( cela
devrait être compensé par les MIGAC
maintenus à un niveau dérisoire).
D’ou l’étranglement de l’hôpital public
où les 29 hôpitaux d’excellence(les
CHU) sur 31 sont en déficit chronique
alors que le groupe Générale de santé,
premier groupe d’hospitalisation privé, a
distribué 420 millions d’euros à ses
actionnaires.
En période de crise, cette politique de
privatisation des profits et de socialisation des pertes va être accélérée par les
prédateurs du turbocapitalisme car les
profits sont plus difficiles à cause de
l’écroulement prévisible du pouvoir
d’achat. Pour eux, il est donc urgent de
privatiser et de marchandiser le plus vite
possible l’école, la santé et la protection
sociale. Ce « sale boulot » a été donné
aux ministres Darcos et Bachelot.
Santé, prospérité !
Argent et santé au nord,
misère et mort au Sud
Onze millions de personnes, dans le monde meurent chaque
année de maladies infectieuses faute d’avoir accès aux médicaments essentiels. Deux milliards d’êtres humains n’ont pas accès
aux soins de base parce que ceux-ci sont trop coûteux. Histoire
d’un bras de fer juridique entre l’industrie pharmaceutique des
pays riches et les pays du sud.
VIH, permet à son ministère de la santé
de contourner cet accord par une loi qui
autorise des procédures parallèles réduisant le coût des médicaments. 39 compagnies pharmaceutiques dont 13 américaines, 14 européennes et 4 suisses
intentent alors un procès contre le gouvernement sud-africain pour entrave à
l’ADPIC. Pendant plus de trois ans, cette
loi a donc été bloquée, entraînant indirectement la mort de dizaines de milliers de personnes. Cet énorme scandale,
relayé par de nombreuses ONG devant
les opinions publiques du monde entier,
conduit les entreprises pharmaceutiques à retirer leur plainte.
Juste un Doha de protection
En novembre 2001, a la suite de cette
sombre affaire, la question de l’accès
aux médicaments est posée de façon
centrale lors de la conférence ministérielle de l’OMC à Doha. Il est adopté
une « Déclaration sur les brevets et la
santé publique » qui reconnaît le droit
des Etats à protéger la santé publique .
En 2002 et 2003, l’UE s’est alors évertuée à affaiblir juridiquement la portée
de la déclaration de Doha en limitant
son application. (restriction de son
champ d’action limitation des maladies
concernées, contraintes administratives
impraticables etc…)
Firmes contre infirmes
En 1994, l’industrie pharmaceutique
réussit à imposer l’ADPIC c’est à dire
l’Accord sur les Droits de Propriété
Intellectuelle liés au Commerce, à tous
les membres de l’OMC. Le résultat est
le caractère libre des prix et la systématisation des brevets. En d’autres termes,
les firmes détentrices des brevets font
les prix qu’elles veulent et les autres ne
peuvent pas juridiquement fabriquer et
commercialiser de génériques .
Sud’Af. sida
En 1997, le gouvernement sud-africain,
pour apporter des soins à plus de quatre
millions de personnes atteintes par le
Le 30 août 2003 un nouvel accord est
signé dans le cadre de l’OMC.
Conclusion provisoire, mais qui, avec la
complicité des USA et de la commission
européenne, protège surtout l’intérêt
des majors de la production pharmaceutique en encadrant juridiquement la
production de médicaments génériques.
Ce dossier est emblématique du
cynisme des décideurs de l’UE. Alors que
la vie de centaines de milliers de personnes est en cause, l’UE a fait passer le
profit de quelques opérateurs privés
avant les impératifs de santé publique
qui sont pourtant clairement définis par
l’Organisation Mondiale de la santé .
Note :
Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit
exclusif d’exploitation. Ce titre a une duréé
limitée, généralement 20 ans, voire 25 dans
le cas de certains produits parmaceutiques.
9
éducation
La grande école maternelle
Emmanuel Médard
Après la « petite histoire de
la Maternelle » du précedent
numéro, passons aux enjeux
avec la même volonté pédagogico-didactique-ironicodémonstrative.
Donc… au travail !
Victime de son succès
Paradoxalement, je placerais en tête des
problématiques qui taraudent l’école
maternelle, les grandes qualités reconnues de cette institution… un choix qui
mérite des explications.
Depuis qu’au fil des études pédagogiques, l’Ecole Maternelle démontre son
utilité et son impact positif sur les
« performances » des élèves, certains
ont tendance à la transformer en ce
qu’elle n’est pas : une boîte magique à
effacer les inégalités.
Cet égalitarisme de façade repose pourtant sur du concret : seul « outil » de
socialisation des plus petits dans certains quartiers, elle est l’endroit qui
offre la diversité d’expériences permettant d’acquérir un lexique en s’exerçant
à la parole… un exercice très important
pour l’apprentissage de la lecture. Elle
constitue l’antichambre du « seul
Sésame qui soit » dans certains
« quartiers » : l’Instruction.
Seulement… en dépit de ses efforts, elle
est incapable dans l’état actuel, d’inverser les tendances liées aux origines
socio-économiques et culturelles des
élèves.
Le temps ne fait rien à l’affaire
A qui la faute, sans doute au temps qui
passe… sans que les enseignants puissent en trouver pour travailler avec des
groupes de taille réduite et donner la
parole à ceux qui en ont le plus besoin.
C’est en maternelle en effet que le problème des effectifs par classe se pose
avec le plus d’acuité. Dans cette période
de maturation et d’acquisition, il faut
toujours être à l’écoute, soutenir et
10
construire avec les enfants, mais avec
des moyennes de 30 par classe la tâche
est ardue. Certes, certaines municipalités mettent à disposition de chaque
classe un(e) ATSEM (Agent Territorial
Spécialisé d'Ecole Maternelle) chargé(e)
d’aider l’enseignant… mais on est plutôt
aux alentours de 2 ATSEM pour 3 classes, voir, comme à Meaux 1 pour 2.
Avec la question des ATSEM, nous touchons le véritable problème : le coût de
cette école maternelle. Contrairement à
nombre de pays, en France c’est l’Etat
qui paie les enseignants des enfants de 2
à 6 ans. Ce choix permet depuis des
années de placer des enseignants bien
formés devant les élèves mais il coûte
cher ! C’est là tout le sens de l’assertion
du ministre lorsqu’il expliquait qu’il ne
n’était pas sérieux de payer des enseignants à bac plus 5 pour changer les
couches. Bien qu’elle dénote une totale
ignorance de la réalité du terrain, on
sentait derrière cette offensive une
remise en question qui, depuis des
années, dort chez les « spécialistes de
l’OCDE ».
Bien sous tout rapport
Depuis, les attaques se multiplient…
remise en question de la scolarisation
des élèves de 2 ans… non pour des raisons pédagogiques, mais parce qu’elle
nécessite des postes d’enseignants et le
ministre déclare que « comme père »,
il ne croit « pas à l'efficacité de la scolarisation à deux ans ». Mais qui lui
demande de raisonner comme père… il
est ministre ! Sa fonction l’oblige à se
référer à des réflexions fondées sur des
études comme celles de 2003 qui montraient que cette scolarisation était bénéfique aux enfants des milieux les plus
défavorisés mais aussi paradoxalement à
ceux des milieux les plus favorisés.
On voit ici la cohérence des attaques …
reprochant à la maternelle de ne pas
réussir à mettre tous les enfants à égalité, on la déclare pas si efficace que
cela, avant de trouver de nouvelles solutions comme les jardins d’Eveil, qui ne
sont qu’une tentative de plus pour
transférer les charges vers les communes et les collectivités territoriales. Ainsi
le gouvernement compte réduire le déficit public alors que la responsabilité
politique se devrait de favoriser une
baisse conséquente des moyennes par
classe et investir à la hauteur des enjeux
de cette « grande école » que doit être
la maternelle.
toto et zuzu maitresses d’ecole
Les évaluations en cm2 :
évaluations ou autoritarisme ?
Georgette Delbeck et Manuella Fuster
Au mois de janvier 2009, à la demande du ministère de l’éducation
nationale, tous les élèves de CM2 étaient soudain appelés à passer des évaluations semblables à celles de l’entrée en sixième.
Le contenu :
des exercices portant sur le programme
entier du CM2 alors que les élèves
n’avaient suivi que quatre mois de
cours !
Les consignes :
très précises, très directives et autoritaires, rédigées sur un ton péremptoire,
elles ne laissent aucune souplesse d’application aux enseignants.
Le jour J, début des évaluations.
Les élèves viennent de finir les classiques évaluations trimestrielles, et ne
comprennent pas l’intérêt des ces nouvelles épreuves ; ils sont déroutés par
les exercices concernant des notions
non étudiées, mais finissent par se prêter au jeu. Les professeurs des écoles ou
instituteurs, apprennent (par hasard, en
écoutant France-Inter, supplétif bénévole de la parole du ministre !) que tout
refus d’application de la nouvelle directive sera sanctionné par une retenue de
salaire.
Les résultats, grâce à un logiciel, doivent
être envoyés à l’administration qui établira un classement des écoles.
Une consigne syndicale propose de corriger les évaluations mais de ne pas rentrer les résultats dans le logiciel ; certains maîtres de CM2 appliquent la
consigne.
Quelques jours plus tard, quelques
directeurs reçoivent un coup de téléphone de leur supérieur hiérarchique,
leur enjoignant de remplir le logiciel au
plus vite (logiciel servant à établir le
classement des écoles). Les enseignants
syndiqués ne cèdent pas à ces pressions
et ne remplissent pas le logiciel mais
transmettent les résultats écrits aux inspections.
Aucune suite , en terme de moyens ou
de réflexions ne sera donnée à ces évaluations ; les élèves de CM1 et CM2 ne
bénéficieront pas plus qu’avant d’une
aide et partiront en sixième avec leurs
difficultés.
Ceci est un exemple parmi d’autres du
fonctionnement actuel de l’éducation
nationale. Des directives incohérentes
et autoritaires ne peuvent que, nuire à
l’efficacité et à la qualité de l’enseignement, et saboter un service public qui
malgré des points faibles a su faire ses
preuves.
Le ministre voudrait-il tester son autorité auprès de ses agents ?
Évaluations, pièges
à pas bons
(…) à moins d’un an de la fin d’un cycle, il
se peut que ces évaluations ne laissent
pas assez de temps pour remédier aux
difficultés scolaires qu’elles détectent. Au
lieu de servir d’instantanés sur les acquis
des élèves, elles les enferment alors dans
leurs lacunes.
Rapport du Haut Conseil de l’Éducation,
l’École primaire, 2007, pages 19-20(…)
Ça ne date pas
d’aujourd’hui
On cherche à démontrer, par des statistiques, que les difficultés scolaires sont
assez récentes. Or, André Le Gall,
Inspecteur général de l’Instruction publique, Directeur des Affaires générales au
Cabinet du Ministre de l’Éducation nationale, écrit, en 1954 :Pour les élèves de
sixième et de cinquième, l’échec en
mathématiques est, par rapport aux exigences des programmes, une règle assez
générale.
Dans Les insuccès scolaires, Que sais-je ?
n° 636, PUF, Paris 1954.
Les recettes de Mémère Germaine.
Beignets d’acacia.
Ingrédients :3 œufs, un demi litre de lait,
de la farine de blé, du sucre, un peu de
beurre.
Le printemps arrive et les arbres vont
refleurir. Les fleurs de l’acacia sont blanches, en grappes odorantes, leur floraison
est de courte durée.
Aussi, pour vous régaler de beignets de
fleurs d’acacia, il faut d’abord choisir un
arbre à l’abri de la pollution : loin d’une
route, et ayant des branches tombantes
pour éviter de transporter une échelle !
Surveillez-le, et dès que ses grappes de
fleurs sont épanouies, cueillez-les délicatement.
Trempez les grappes d’acacia dans la pâte
et faites les cuire dans une poêle avec un
peu de beurre. Lorsque les beignets sont
bien dorés des deux côtés, déposez-les sur
un papier absorbant ; on peut les saupoudrer de sucre.
Leur goût délicat de fleur et de miel devrait
vous enchanter, sans compter le plaisir de
déguster un dessert qu’on ne trouve pas
dans le commerce, et qu’on a fait soi-même
après une belle promenade. Un luxe !
Préparez une pâte à beignet ou encore une
pâte à crêpe assez épaisse : 3 œufs entiers
et un demi litre de lait dans un récipient,
mélangez avec un mixer en ajoutant de la
farine jusqu’à ce que la consistance soit
proche du miel liquide.
11
éurope
Une campagne à haut risque (suite)
Ainsi, on peut :
- Etre sincèrement européen et très critique voir opposé à l’Union européenne
actuelle. On rangera dans cette catégorie le PC, le PG, le POI, le NPA, le M’PEP.
- Etre sincèrement européen et très
attaché à l’Union européenne actuelle.
( PS, le MODEM, l’UMP.)
- Etre anti-européen et très opposé à
l’Union européenne. ( FN , le MPF.)
L’UE et la question des services
publics. L’expérience du « petit
économiste ».
Afin d’éviter une approche trop théorique de ce dossier Tapage propose à ses
lecteurs une expérience inédite qui rappellera à certains, les heures de cours
de chimie dans les laboratoires généralement sous-équipés de nos lycées
d’antan.
Prenez donc délicatement deux services
opérant dans un même secteur d’activité.
Le premier doit être public avec donc les
caractéristiques suivantes : accessible à
tous, socialisé c’est à dire financé en
grande partie collectivement par l’impôt, les cotisations sociales ou la péréquation tarifaire, et enfin il doit garantir
un statut au personnel qui le rend .
Par exemple la retraite par répartition,
un hôpital public, un pôle public de
l’énergie, l’enseignement supérieur
public, le logement social, une mutuelle ..
Le deuxième doit être marchand : c’est
à dire réservé à ceux qui en ont les
moyens, non socialisé et avoir peu ou
pas obligations en matière de statut du
personnel.
Par exemple un opérateur de retraite par
capitalisation, une clinique privée, un
opérateur privé d’électricité, d’enseignement, le logement privatif, une assurance
privée de complémentaire santé etc..
Maintenant, en passant outre la résistance démocratique qui exercera une
force contraire mais négligeable, vous
les plongez tous les deux dans un bain
de « concurrence libre et non faussée ».
Si vous pouvez vous procurer une solution brevetée « Bolkestein » c’est ce
qui se fait de mieux sur le marché…
Quelques années plus tard, vous ressortez les deux services et vous les observez avec votre loupe d’apprenti économiste. Que constatez vous ?
Le service public s’est considérablement
affaibli. Il est déficitaire, discrédité. Il ne
socialise plus que des pertes. Les médias
s’en donnent à cœur joie pour stigmatiser le personnel qui y travaille encore
comme des fonctionnaires « privilégiés
» qui font toujours grève.
Le service marchand lui, est plutôt pléthorique. Ou plus exactement, ses
actionnaires et ses dirigeants.
Un exemple : la Générale de Santé
(principal opérateur privé de la santé en
France) a distribué en 2007 à ses actionnaires 420 millions d’euros (Voir article
sur la T2A)
La raison est simple :
Un opérateur privé investit prioritairement le secteur rentable du marché,
laissant le secteur à problèmes au service public qui ne peut donc que s’appauvrir. Ce qui est encore plus désolant,
c’est de voir certains services, naguère
publics, anticiper ce scénario et évoluer
vers un service marchand au mépris de
leurs anciennes missions (Poste, SNCF,
EDF etc…)
Quand on sait que la « concurrence
libre et non faussée » figure comme
un objectif fondamental de l’UE dans les
traités en vigueur la conclusion s’impose
d’elle même. Le principe économique de
l’UE conduit mécaniquement à un affaiblissement programmé des services
publics et tout le jargon européen
autour des SIEG ( service d’intérêt économique général) n’est qu’une pure
mystification.
L’UE et le protectionnisme.
La crise économique, et tout particulièrement les récents discours de
B. Obama aux USA, ont remis cette
notion, longtemps taboue, sur le devant
de la scène politique.
Revenons d’abord sur quelques florilèges du discours libéral.
N Sarkozy ( discours du 5 juillet 2008) :
« … nombre d’européens pensent que
le niveau national défend mieux que le
niveau européen. C’est faux et c’est une
régression. L’Europe protège.»
Les salariés Français du textile, de la sidérurgie, des télécommunications, ainsi que
les petits agriculteurs… et les 20 millions
12
de chômeurs dans l’UE ont eu l’occasion
dans ces vingt dernières années, d’apprécier cette douce protection !!
-Plus sérieux, un extrait du programme
socialiste ( février 2009) « L’UE doit
considérer désormais que la protection
de ses industries traditionnelles doit
figurer parmi ses priorités ».
Bien dit. Mais, il faut ici se méfier des
pyromanes qui endossent le costume de
pompier. Car renvoyer la protection
industrielle aux institutions européennes est parfaitement illusoire.
D’une part, il faudrait l’accord d’une
majorité des 27 sur la question. Ce n’est
pas près d’arriver et même si cela était,
rappelons nous que dans les années
1998-2000, il y avait une douzaine de
gouvernements « socialistes » sur les
15 pays de l’UE, et que le bilan en
matière de protection économique et
sociale a été nul, si ce n’est l’émergence
du « Blairisme » qui ressemble à un
modèle social républicain comme
Mme Thatcher ressemble à soeur
Emmanuelle…
Et c’est d’autre part, négliger un fait
essentiel : les méfaits du libreéchange se font sentir à l’intérieur
même de l’UE. Les délocalisations de
nos entreprises françaises se font en
grande partie vers la Pologne, la
Roumanie, la Hongrie, les Pays baltes
très attractifs pour leurs dirigeants pour
une raison simple : les salaires et la protection sociale y sont nettement plus
faibles que dans notre modèle social
hérité de l’après guerre.
généreuse de dividendes au mépris du
salariat, alors on préconise le libre
échange, la monnaie forte et la rigueur
budgétaire publique. On contraint les
entreprises par la concurrence à privilégier le capital au travail.
C’est le scénario actuel : chez Total 13
milliards d’euros de bénéfices en 2008,
10% de hausse des dividendes versés
aux actionnaires, 555 postes à supprimer d’ici 2013, chez Arcelor Mittal, 6,3
milliards d’euros de profits et 1400
emplois à supprimer en 2009, Chez Pinault
Printemps La Redoute 942 millions d’euros de profits, 2000 emplois supprimés
etc….et la liste serait bien longue.
C’était prévu…
Soit on veut protéger le salariat et la
protection sociale, alors on préconise un
protectionnisme social et internationaliste qui taxe les marchandises en fonction des normes sociales et environnementales dans lesquelles elles sont produites, on tolère les déficits publics qui
alimentent l’activité économique et on
encadre très fortement le droit de licenciement surtout pour les entreprises qui
font des bénéfices.
Sur ces questions on consultera avec
« profit » les livres de J Sapir, J.L Gréau
(qui, en tant qu’ancien économiste du
CNPF, n’est pas précisément un gauchiste), E Todd et J Nikonoff.
La suite, l’avenir de l’UE …
Tout ceci est une fable pour européistes
béats. La bonne question est : que
veut-on protéger ?
Pour un citoyen de gauche aujourd’hui
la question centrale est donc la suivante :
L’UE est-elle un outil marqué idéologiquement dès son origine et donc conçu
par et pour le libéralisme ou un outil
neutre, réformable de l’intérieur qui peut
porter un projet social d’envergure ?
La première option implique une action
radicale de désobéissance européenne
pouvant aller, éventuellement si rien ne
change à moyen terme, jusqu’à la rupture. C’est l’option du PG, du M’PEP, du
POI. La deuxième implique une stratégie
de reconquête du pouvoir à l’intérieur
des institutions existantes et très encadrées par les traités existants ou par celui
de Lisbonne qui réussira certainement
son passage en force au mépris d’ailleurs
de l’expression démocratique. C’est l’option du PS mais aussi du PC, du NPA.
Soit on veut protéger les profits, les
intérêts des actionnaires, la distribution
Tapage ne prend pas position sur cette
question de façon définitive. Il invite ses
Sur ce dossier donc, méfions nous
encore du discours dominant qui est le
suivant : d’un côté il y aurait les
méchants protectionnistes assimilables
à des souverainistes xénophobes, et de
l’autre, il y aurait les gentils partisans
du libre-échange soucieux de l’intérêt
des pays en développement avec lesquels il faudrait exprimer notre solidarité en commerçant sans entraves.
lecteurs, sur la base de ces quelques éléments, à approfondir la réflexion, à
peser sur le rapport de force social pour
infléchir l’UE vers une orientation de
gauche républicaine, sociale et laïque et
enfin à être des observateurs attentifs
de l’évolution de l’UE. Il s’agira alors d’
envisager lucidement, à moyen terme,
toutes les décisions que l’intérêt supérieur des peuples européens demandera
de prendre.
"Je pense que les institutions bancaires
sont plus dangereuses pour nos libertés
que des armées entières prêtes au combat.
Si le peuple américain permet un jour
que des banques privées contôlent leur
monnaie,
les banques et toutes les
institutions qui fleuriront autour des
banques priveront les gens de toute
possession,
d'abord par l'inflation,
ensuite par la récession, jusqu'au jour
où leurs enfants se réveilleront, sans
maison et sans toit, sur la terre que leurs
parents ont conquis"
Thomas Jefferson 1802
Président des Etats Unis
“Le système monétaire et financier
actuel de l'économie mondiale repose
sur de gigantesques pyramides de dettes
dans un équilibre instable. Ce système
doit être réformé. “
Il reprenait des arguments déjà développés en 1999 dans La Crise Mondiale
d'Aujourd'hui. Pour de Profondes
Réformes des Institutions Financières et
Monétaires, Édition Clément Juglar.
Maurice Allais, prix Nobel français
d’économie en 1985, en 2005 dans
une lettre ouverte à M. Myard, député
UMP des Yvelines
13
Les vrais gens_Les caprices de Marianne
Amour, vieillesse et libéralisme
Manuella Fuster
Quand on a dépassé l’âge des « battants », on n’existe plus que dans certaines conditions; les «
seniors » doivent se soumettre aux interdictions diverses dictées par les analyses médicales.
La majorité qui permet à chaque individu, dès 18 ans, de diriger sa vie et d’assumer ses choix, est remplacée par un « devoir » d’obéissance aux arrêts rendus par la médecine et la moralité.
Est-ce un problème de société ou bien une manipulation politique ?
Le premier étant l’âge de l’enfance, le
deuxième celui de la productivité, le
troisième âge quel est-il ?
Pourquoi le fait de voir des gens de plus
de soixante ans faire l’amour est-il aussi
choquant ? Pourquoi, dans des maisons de retraites hommes et femmes
sont-ils séparés ? Pourquoi est-il donc
impensable de laisser les personnes
âgées faire des excès, rechercher le plaisir, jouir de leur corps ?
Le film: Septième ciel d’Andreas DRESEN parle d’une passion amoureuse
entre deux personnes de plus de
soixante ans. Andreas Dresen dit lui
même (interview dans l’émission d’Arte
: Métropolis) qu’il filme des corps marqués par la vie, la peau ridée, tachée,
relâchée et que l’apparence n’a pas l’importance qu’on veut bien lui donner.
La société actuelle favorise une dictature de la jeunesse et de la beauté qui
induit une société juvénile, adolescente,
où l’on consomme à cent à l’heure, sans
réflexion sur le passé, sans souci de
l’avenir, pour ne vivre que le présent
comme des dieux immortels.
Quand on n’utilise pas le passé pour
comprendre le présent et réfléchir sur
l’avenir, on se laisse facilement berner.
Les pseudo-théoriciens de tous poils
sont payés pour occuper tout l’espace
médiatique et justifier par des manipulations de chiffres, des informations partielles et des détournements de vocabulaire les décisions injustifiables de nos
dirigeants.
Dans notre société la vieillesse est synonyme de privation : régimes alimentaires dictés par les résultats d’analyses,
pas de liberté sexuelle, pas de prise de
risque quelle qu’elle soit. Les gens âgés
14
ne décident plus de leur vie.
Les personnes âgées sont notre histoire,
ils ont vécu avant nous et peuvent
témoigner de l’évolution du monde. La
société libérale ne les éloigne – t- elle
pas pour éviter qu’ils disent à quel
point la consommation, la concurrence, l’endettement et le marché
mondialisé n’apportent qu’angoisse,
exclusion et désespoir ?
Des retraités ont choisi de constituer
des maisons de retraites auto-gérées
pour décider eux mêmes, ou entre
eux, de leur vie et de leur avenir. Pour
avoir encore le droit de décider de manger des gâteaux quand on a du diabète,
de fumer, de partir en voyage, de dépenser toutes ses économies en une fois, de
s’amuser ou de tomber amoureux.
Est-il plus acceptable de gagner des
milliards à la bourse, supprimer des
emplois, pour vendre des biens plus ou
moins utiles en sacrifiant la planète et
ses habitants sur l’autel du marché libéral que d’être un « vieux » qui veut
profiter de sa vie ?
La représentation qu’on nous impose de
la vieillesse ferme son champ des possibles. Peut-être que les citoyens- Peter
Pan de cette société qui confond sensualité et pornographie, séduction et
force de vente, jeunesse et sagesse, n’acceptent-ils pas encore que leur papa et
leur maman aient du plaisir ?
Il n’y a pas d’âge pour aimer, embrasser, caresser ou jouir, mais il y en a un
pour comprendre que ce libéralisme
sauvage ne mène nulle part.
Théatre Gérard Philipe
“Dis à ma fille que je pars en voyage”
Buster Salgan
Saluons la performance des deux actrices qui nous montrent sobrement l’évolution d’une relation humaine, d’abord
difficile puis très intime, entre deux
femmes subissant les mêmes dures
conditions de vie en milieu carcéral. Car
au delà des mots qui traduisent l’angoisse, l’ennui, les frustrations ce sont
les corps eux-mêmes qui semblent
prendre les marques de ce temps punitif
dans sa lenteur et sa constante et invariable répétition.
Les corps subissent donc. D’abord, celui
de Caroline, la nouvelle arrivée, fausse
bourgeoise mais vraie candide, qui
L’amiante publique
Un pur dans un monde qui ne l'est pas
Chercheur au CNRS.
Henri Pézérat faisait
partie de ce style
d'homme qui portent
leur volonté de faire ce
qui est juste comme
Sisyphe, envers et
contre tout, toute leur
vie, et qui savent qu'ils
s'y épuiseront, mais
qu'importe, ils sont
venus sur terre pour ça !
Cet homme-là, a passé
plus de trente années à
chasser une fibre invisible qui décime
aujourd'hui une génération d'ouvriers :
l'amiante, et il fut l'un
des premiers à dénoncer
ses effets ravageurs.
Son modeste appartement de Fontenay-sousbois était encombré de
dossiers qui étaient
autant d'éléments à
charge contre les industriels, les pouvoirs
publics, et hélas, les
experts qui se faisaient
leurs complices : "il est
plus aisé du culpabiliser
les individus que de
condamner les acteurs
économiques qui n'hésitent pas à mettre sur le
marché des produits ou
des technologies à
même d'engendrer une
augmentation de l'incidence des cancers" grondait-il.
Après des heurts mémorables avec notre pachyderme national (Claude
Allègre) ou des membres
de l'Académie des sciences ou de médecine,
tout préoccupés à protéger les lobbies industriels
et autre producteurs de
silicate cancérigène ; il
est mis en retraite anticipé (tiens bizarre…) il
faut dire qu'il l'avait bien
cherché ! : "le premier
souci des pouvoirs
publics est d'éviter toute
vague, toute mise en
cause d'acteurs économiques de poids ou d'administration défaillante".
Sa lutte contre les lobbies industriels à fini par
épuiser notre homme
mais au delà de ses quatre-vingt années passées
sur terre à crier la vérité,
le mythe du franc-tireur
terrassant les lobbies et
l'état demeurera et
révèle aux yeux de tous
l'inertie des gouvernements à protéger leurs
populations même lorsque la dangerosité est
avérée !
Un respect profond me
gagne en pensant à votre
vie M. Pézerat, car sans
vous, le carnage de
l'amiante aurait été dissimulé combien d'années encore ? Combien
de vies avez-vous contribué à sauver ? Et combien de portes avez-vous
forcées pour y parvenir…
apprend à ses dépends la loi du milieu
(racket, agressions sexuelles) mais aussi
celui de Dominique que l’on pourrait
croire définitivement invulnérable après
sept années déjà passées à payer le
meurtre de son mari.
Dans cette pièce très réaliste, l’affrontement moral entre le pessimisme le plus
noir et l’espoir toujours en suspens n’offre jamais au spectateur une issue prévisible. Lorsque le pire semble certain, des
éclairs d’intimité retrouvée, de complicité rayonnante s’incarnent dans des
danses furtives, des caresses inavouées,
des rires provocateurs . Mais, lorsque le
pire semble passé …. il reste encore à
ces corps trop meurtris une ultime
façon de se montrer et d’affirmer, jusque dans la dernière douche avant la
sortie, le pouvoir vengeur de se détruire.
Les décors bien réalisés évoquent l’intérieur d’une cellule à la géométrie épurée
et fonctionnelle. En dehors d’une petite
fenêtre qui laisse à peine entrevoir le
passage de quelques avions, l’extérieur
se résume aux appels déshumanisés
pour les rares sorties, les séances de
travail sous-payé et une télé qui aide à
s’endormir quand les médicaments ne
font plus effet.
A l’heure du tout sécuritaire, des peines
« plancher » et de la surpopulation
carcérale, ce spectacle est salutaire. Il
nous rappelle, sans tomber dans un
angélisme béat, que, bien souvent, derrière une personne incarcérée pour un
délit, se cache, l’histoire complexe et
singulière d’une victime.
« Dis à ma fille que je pars en voyage »
de Denise Chalem
par la compagnie Phénix
Mise en scène : Sophie Belissent
Actrices : Patricia Giroud et Nadège
Messant
Création sonore : Vincent Raffaitin
Lumière : Mathieu Courtailler
Décors Victor Loiselet.
15
Poete et tragique
Hégésippe
Moreau
Bebert Leroux
La Médiathèque Luxembourg a
consacré quelques vitrines d’exposition au poète seine et marnais Hégésippe Moreau (18101838). L’occasion de découvrir
un auteur au destin tragique
mais que Saint-Beuve reconnaissait comme un poète « par
le cœur, par l’imagination, par le
style »).
Hégésippe Moreau est né à Paris, en 1810
est élevé par Mme Guérard à Provins, puis
chez la belle-fille de cette dernière, à la
ferme de Saint-Martin, à Champ-Benoist.
Elle le met au collège de Provins. Puis il fait
ses études secondaires aux séminaire de
Meaux et d’Avon.
Il séjourne fréquemment chez Mme
Guérard. Il lui dédie un joli poème intitulé
La Fermière.
Il entre en apprentissage chez Lebeau,
imprimeur à Provins. Il appelle la fille de ce
dernier ma sœur et il dédiera ses Contes.
Puis il travaille à Paris chez Didot. En Juillet
1830 il découvre les cercles révolu-tionnaires. « De bon, de bienveillant, d’affectueux qu’il était, il devint acerbe, emporté,
violent même quelquefois » (1). Il se fait
maître d’études. Il ne trouve pas d’éditeur
pour ses écrits, sa santé se dégrade, il est
hospitalisé à Paris, en 1833. Convalescent,
il revient, à pied, à la ferme Saint-Martin,
où il est accueilli avec beaucoup d’affection. Piqué de politique, il fonde un journal, Diogène, hebdomadaire principalement de pièces politiques en vers. Sept
numéros seront publiés à Provins, puis
Paris, pendant l’été 1833. Le journal ne se
vend pas. Et c’est la misère qui sera sa dernière compagnie de 1834 à 1838.
« Il se livrait à la boisson, vendait ses
chemises pour aller au spectacle et buvait
de l’opium pour engourdir sa pensée »
(2).
Il se fait souvent arrêté comme vagabond
pour pouvoir bénéficier d’un abri.
Hospitalisé en 1834, il cherche la mort en
se couchant dans les draps encore chauds
d’une vitime du choléra. Mais il lui faudra
attendre 1838, alors qu’un éditeur publie
enfin un recueil de ses poèmes Le
Myosotis, pour mourir le 20 décembre. Il
avait 28 ans.
Extrait de La Voulzie3
Mais j’aime la Voulzie et ses bois noirs de mûres,
Et dans son lit de fleurs ses bonds et ses murmures,
Enfant, j’ai bien souvent, à l’ombre des buissons,
Dans le langage humain traduit ses vagues sons ;
Pauvre écolier rêveur et qu’on disait sauvage,
Quand j’émiettais mon pain à l’oiseau du rivage,
L’onde semblait me dire : « Espère, aux mauvais
jours,
Dieu te rendra ton pain. » Dieu me le doit toujours !
1 E. Goepp, notice, Contes à ma sœur, Paris ,1889
2 E. Goepp, idem
3 Petite rivière de la région de Provins.
Comment se procurer la version
“papier” de Tapage ?
Au numéro
Par courrier (Tarif incluant les frais d’envoi) : 3 € le numéro
Par portage (Meaux et communes limitrophes) : 2 € le numéro
Par abonnement : 1 an, 6 numéros
Tarif normal : 10 €
Tarif de soutien : à votre discrétion.
Nom, prénom : …………………………………………………………………………………………………………………
Adresse postale : ……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pour le portage, informations complémentaires : jours et horaires préférentiels, téléphone,
codes d’accès, etc : ……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………
Paiement (sauf portage) : libeller les chèques à l’ordre de “APEL de la région meldoise” et
les adresser à : “APEL de la région meldoise, 20 rue Winston Churchill, 77100 Meaux”.
Presse et
citoyenneté
Chèquier-presse
républicain à Othis
Lire et élire ! Un article dans Le Monde du
24 décembre 2008, co-signé par P.
Robinet, éditeur, et S. Guérin, sociologue,
a donné une idée à Bernard Corneille,
maire d’Ohis : Faire offrir, par la commune, aux 90 jeunes de 18 ans un chèquier permettant d’acheter pour 30 euros
de journaux quotidiens et 20 euros de
magazines. L’opération dure 2 mois avec
l’espoir que cette découverte donnera à
chacun l‘envie de continuer à utiliser la
presse écrite. Les chèquiers ont été donnés le 14 mars dernier, en même temps
que les jeunes recevaient leur première
carte d’électeur.
Sortir nos petits
Voir/PrinTemps
de paroles
Du théâtre, de la
danse, des spectacles
jeune public, de la
poésie, de la musique, des expositions,
des acrobaties en l’air
et par terre, des mots qui s’envolent, des
crieurs de messages, des ateliers pour
enfants, de la pluie, du beau temps…
PrinTemps de paroles, c’est tout cela et
bien plus encore…
Entrée libre
> les 16 et 17 mai 2009, au parc culturel de Rentilly
www.parcculturelrentilly.fr
Jardin/La Nature près de
chez vous
Le premier rendez-vous d’une manifestation nature pour toute la famille, organisé par une association d'éducation à
l'environnement.
Les enfants pourront se glisser dans la
peau d'un insecte en récoltant du pollen
(jeu collectif décliné en deux versions :
3-5 ans / 6-10 ans, créé pour l'occasion)
ou vivre les sensations d'un écureuil en
grimpant dans un arbre (pour enfants de
7 à 12 ans).
> le 17 mai au Stade André Robert
Avenue de Condé, Montry