Description Programme

Transcription

Description Programme
Fragments d’un discours architectural :
l’architecture dans la littérature du Ier siècle av. J.-C.
Journée d’étude
IRAA / CPAF
Vendredi 29 avril 2016
9h30
9h15
Accueil
Introduction
9h30
Sophie Gotteland
10h
Gabrielle Larguinat-Turbatte
« La place de l’architecture dans la description de l’Asie Mineure
par Strabon »
« La description dans les traités rhétoriques : enjeux, forme et
limites »
10h30
Discussion
10h50
Renaud Robert
« Les villas romaines du Ier s. et l’Illissos »
11h20
Pauline Ducret
« Les monuments dans les discours de Cicéron : des témoins du
procès »
11h50
Discussion
12h30
Déjeuner
14h
Julia Vignes
« Les descriptions de palais chez Virgile et Ovide »
14h30
Pierre-Alain Caltot « Rome avant Rome : enjeux esthétiques et narratifs d’une ekphrasis
prophétique dans le discours d’Évandre (Virgile, Énéide, VIII, 30669) »
15h
Gaëlle Viard
« Fragments d’un discours architectural sur la porte des sanctuaires
dans la poésie d’époque augustéenne »
15h30
15h50
Conclusion
Discussion
Résumés
Sophie GOTTELAND (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3 / Ausonius)
« La description dans les traités rhétoriques : enjeux, forme et limites »
Si la pratique de la description est avérée dès les premiers textes de la littérature grecque, c’est seulement à
partir du I siècle après J.-C. que l’ekphrasis est définie de manière théorique dans les traités des rhéteurs. Ces
derniers soulignent les traits qui distinguent cette forme de discours de la narration, ils précisent les sujets qui
peuvent faire l’objet d’une ekphrasis, les formes qu’elle peut prendre ainsi que les vertus qui la caractérisent, au
premier rang desquels l’enargeia ou « évidence ». Notre communication se propose de reprendre ces différentes
caractéristiques et de montrer sur quelques exemples les modalités et les enjeux d’une description, mais aussi
les limites auxquelles se heurte un auteur pour rendre compte le plus exactement possible de son objet
(couleur, organisation de l’espace, profondeur).
er
Gabrièle LARGUINAT-TURBATTE (docteur de l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3 / IRAA)
« La place de l’architecture dans la description de l’Asie mineure par Strabon »
La Géographie contient de nombreuses descriptions de villes et de sanctuaires qui sont pour Strabon l’occasion
d’évoquer certains édifices et aménagements remarquables. Mais, d’une manière générale, l’architecture ne
constitue pas un centre d’intérêt majeur pour Strabon. Car en géographe, il accorde davantage d’importance au
site d’une ville qu’aux monuments qui la composent. Dans les quatre livres qu’il consacre à l’Asie mineure, qui
représentent une large part de son œuvre, la véritable description architecturale reste rare et souvent succincte.
Elle concerne le plus souvent les fortifications ou les sanctuaires, et s’attache aux éléments les plus frappants.
L’examen de ces passages permet de dégager la place de l’architecture dans l’œuvre du géographe. En dressant
la liste des édifices concernés et en analysant les différentes formes de leur description, on mettra en évidence
la vision qu’a Strabon des villes et des sanctuaires qu’il cite. On s’interrogera également sur les motivations de
l’auteur à donner davantage de détails sur tel ou tel bâtiment, ou au contraire à en ignorer d’autres. Car ces
descriptions n’ont pas seulement une finalité informative, et bon nombre d’entre elles reflètent le point de vue
d’un auteur qui dispose lui-même de connaissances architecturales (grâce à ses voyages et à ses sources). Enfin,
les jugements qu’il émet sur les réalisations de certains architectes sont pour partie révélateurs de son
interprétation des faits historiques auxquels il assiste, et sont à replacer dans le cadre de sa réflexion sur la
comparaison entre Grecs et Romains.
Renaud ROBERT (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3 / CLARE)
« Les villas romaines du I s. et l’Illissos »
er
Dans les Lois, Cicéron décrit brièvement sa villa familiale d’Arpinum. Il insiste sur la disposition du jardin
alentour et mentionne notamment une île au confluent du Fibrène et du Liris. Le dialogue renvoie
explicitement au modèle littéraire du Phèdre et à l’Illissos sur les berges duquel se déroule le dialogue
platonicien. D’autres jeux d’échos ont été relevés entre ce passage du Phèdre et les dialogues philosophiques de
Cicéron. Or, ce dispositif – cours d’eau, confluent, ambulatio – se retrouve dans la description des jardins de la
villa de Varron à Tusculum. Nous nous interrogerons sur la valeur symbolique de la référence aux dialogues
platoniciens dans l’imaginaire des villas, de Cicéron à Sénèque, et nous verrons surtout comment le cours
d’eau, élément désormais topique du paysage de l’otium philosophique, est intégré à l’architecture de la villa, en
examinant les textes (Stace) ou les vestiges archéologiques (villa de Sperlonga, villa de Jurançon).
Pauline DUCRET (Université Paris 8 / Centre de recherches historiques : Histoire des pouvoirs, savoirs et
sociétés, EA 1571)
« Les monuments dans les discours de Cicéron : des témoins du procès »
Dans ses discours, l’avocat Cicéron ne prend guère le temps de décrire par le menu les monuments de Rome
ou des villes de province. Son propos est centré sur les hommes et leurs actions, et souvent le décor importe
peu. Pourtant, des monuments sont régulièrement évoqués, qui ne sont pas de simples détours dans la
démonstration mais jouent le rôle de témoins des actions des hommes.
Les monuments sont d’abord les témoins de la tenue du procès : ils garantissent par leur seule présence la
gravité et le sérieux des débats et discours ayant lieu entre leurs murs. Murs et colonnes sont pris à témoin, et
incarnent une autorité, une majesté d’autant plus marquantes qu’elles sont fondées sur leur ancienneté. Ils
sont aussi des témoins de marque dans le procès, ces monuments où ont eu lieu certains faits ou crimes
discutés dans les discours. On les fait parler ou, plus souvent, on souligne leur silence, eux qui « savent » ce qui
s’est réellement déroulé. Cicéron décrit alors une salle, évoque un recoin où auraient eu lieu les faits. Ils sont
plus bavards lorsqu’ils portent les témoignages de l’action des hommes par les inscriptions qui les ornent, les
statues ou les décorations qu’ils hébergent, et qui rappellent les grandes actions de certains, les pillages
d’autres. C’est en tant que victimes qu’ils apparaissent enfin, quand un Verrès les dépouille de leurs plus beaux
atours, ou qu’un Claudius se permet de les endommager, voire de les détruire. Ces monuments en viennent à
personnifier les divinités qu’ils hébergent ou les grands hommes qui les ont fait construire, et ils parlent parfois
comme leurs représentants.
La description architecturale se résume donc chez Cicéron à ce qui porte la trace de ce témoignage d’autant
plus fiable qu’il ne peut mentir, et d’autant plus recevable que le temps confère une autorité particulière aux
pierres. N’est décrit que ce qui est nécessaire pour créer la persona d’un monument, qui devient un témoin
utilisé comme un autre dans la démonstration de l’orateur.
Julia VIGNES (doctorante à l’Université d’Aix-Marseille / CPAF)
« Les descriptions de palais chez Virgile et Ovide »
Nous nous proposons de mener une étude du lexique architectural afin de mettre en évidence les points de
contact entre les descriptions architecturales des palais dans les œuvres de ces deux poètes. Notre réflexion
s’articulera tout particulièrement autour de la description du palais de Picus dans l’Énéide (VII, v. 170-191) et
celle de trois palais dans les Métamorphoses d’Ovide : celui du Soleil, celui du Sommeil et celui de la Renommée
(respectivement II, 1-18 ; XI, 583 - 649 ; XII, 39-58). Nous analyserons l’emploi des termes architecturaux pour
désigner les palais et leur distribution au sein de la description ; nous tenterons ainsi de comparer comment
chaque poète construit la progression de la description et conduit notre regard à l’intérieur de ces demeures
mythiques qui deviennent ainsi l’objet d'une véritable poétique de l’espace architectural.
Pierre-Alain CALTOT (doctorant à l’Université Paris IV /ATER à l’Université d’Aix-Marseille / CPAF)
« Rome avant Rome : enjeux esthétiques et narratifs d’une ekphrasis prophétique dans le discours d’Évandre
(Virg., Én., VIII, 306-69 )
La communication se propose d’analyser la description de Rome dans le discours d’Évandre à Énée au chant
VIII de l’Énéide, avant même la fondation de la cité. Le passage relève de l’ekphrasis prophétique : sur le site
antique de Rome, Évandre anticipe déjà sur les grandes réalisations architecturales de l’époque d’Auguste,
qu’il s’agisse de fondation (Palatin, Carènes) ou de refondation (Capitole, forum). L’ekphrasis, éclatée en
descriptions successives, donne à voir ces différents lieux selon le procédé de l’euidentia. Le lien entre
fondation et refondation, cher à la propagande augustéenne, est d’emblée affirmé.
Outre les enjeux esthétiques, et à travers eux idéologiques, d’une ekphrasis de la Rome augustéenne, inscrite de
toute éternité dans le site de Rome, les enjeux narratifs aussi seront analysés. La principale originalité de
Virgile consiste ici à mêler les plans chronologiques en associant temps du récit – le Latium d’Énée – et temps
de l’écriture – la Rome augustéenne de Virgile. De ce point de vue l’ekphrasis se construit à l’épreuve du temps
dans une description ouverte sur l’avenir. Ainsi, nous avons affaire à l’une des percées prophétiques de l’Énéide
qui anticipent sur la Rome du I siècle.
er
Gaëlle HERBERT DE LA PORTBARRE-VIARD (Aix-Marseille Université / CNRS, TDMAM-CPAF, UMR 7297)
« Fragments d’un discours architectural sur la porte des sanctuaires dans la poésie d’époque augustéenne »
La porte, en tant que structure architecturale et élément symbolique de l’édifice religieux, est présente, que ce
soit par des évocations ou des descriptions, dans la littérature antique païenne : pour la littérature latine, on
pensera en particulier chez Virgile à l’évocation des portes du temple de Junon à Carthage, de celui d’Apollon à
Cumes dans l’Enéide, mais aussi à celle des portes du mystérieux temple des Géorgiques ou à celles du temple
d’Apollon Palatin dans les Élégies de Properce. Je me propose, au-delà de ces exemples célèbres, de cerner
l’ensemble des ‘fragments d’un discours architectural sur les portes du sanctuaire’ dans la poésie d’époque
augustéenne (Virgile, Horace, Tibulle, corpus tibullianum, Properce, Ovide), afin d’étudier leur rapport non
seulement avec les réalités architecturales contemporaines et antérieures et avec l’idéologie augustéenne, mais
aussi, le cas échéant, avec le discours normatif sur l’architecture. Les termes pris en considération en vue de la
constitution de mon corpus de textes ont été sélectionnés à partir de l’ouvrage de Callebat et Fleury sur le
vocabulaire du traité de Vitruve qui correspond à une certaine normalisation du vocabulaire architectural dans
la latinité classique : Foris (porte à deux battants) ; Ianua : porte d’entrée (références chez Vitruve toutes liées à
la demeure privée) ; Ostium : portail, entrée (le terme souligne le caractère monumental d’une entrée) ; Valuae
(porte à vanteaux) ; Porta (terme associé à ouvrage défensif) ; Ingressus ; Limen. Je tiendrai également compte des
associations éventuelles pour cette époque à la porte des sanctuaires des termes arcus, atrium et uestibulum que
j’ai déjà étudiés pour l’époque tardive.