75 ans au service de la promotion du sport - Sport-Toto

Transcription

75 ans au service de la promotion du sport - Sport-Toto
«Risquer et jouer pour le sport suisse»
Telle fut l’idée qui a conduit à la création de la Société du
Sport-Toto le 18 août 1938 à Bâle. Une idée simple – parier sur les résultats des matches de football – qui a énormément aidé au développement du sport dans notre pays.
Sans les bénéfices de la Société du Sport-Toto, de nombreux projets n’auraient jamais vu le jour. On pense à la
Haute école fédérale de sport de Macolin, aux stades bâtis
pour la Coupe du monde 1954, à la Maison du Sport de
Berne, au Centre d’aviron du Rotsee ou au Centre de ski
nordique de Kandersteg. 75 ans plus tard, la Société du
Sport-Toto s’est établie comme un important organisme
de redistribution pour Swiss Olympic, les fédérations
suisses de football et hockey sur glace et l’Aide Sportive,
mais aussi comme lien entre les sociétés de loterie Swisslos
et la Loterie Romande, les cantons, le sport national et la
politique nationale. L’histoire de la Société du Sport-Toto
est très riche. Elle mérite d’être décrite avec cette brochure publiée pour marquer ce 75e anniversaire.
www.sport-toto.ch
Société du
Sport-Toto
75 ans au service
de la promotion du sport
Avant-propos
de leurs jeux et de leurs paris sportifs au
bien commun, à la culture et au sport. La
SST assume désormais le lien entre le
monde des loteries, le monde politique et
le monde sportif. Un lien essentiel qui explique pourquoi la SST est la plus qualifiée
pour orchestrer la répartition des fonds en
faveur du mouvement sportif et pour vérifier la bonne utilisation de cette manne.
La SST n’a pas pour but principal le soutien du sport d’élite, du sport «commerLa SST a été fondée par Ernst B. Thom- cial». A l’image du partenariat noué avec
men sur une idée qui venait de Suède. Au l’Association Suisse de Football, l’argent
fil des années, la SST a su évoluer pour col- des loteries doit soutenir la politique meler parfaitement à son temps. Aujourd’hui, née dans le secteur de la relève, la formala mission de notre organisation demeure tion des arbitres et le développement du
la même: la collecte et la distribution de football féminin. Pour le hockey sur glace
aussi, l’argent des loteries revient en prefonds en faveur du sport suisse.
Depuis 2003, date de l’abandon des activi- mier lieu à la relève et aux équipes natiotés opérationnelles de la SST, Swisslos et la nales juniors. Swiss Olympic reverse la
Loterie Romande distribuent les bénéfices plus grande partie de l’argent des loteries
Depuis sa création le 18 août 1938, la Société du Sport-Toto (SST) a versé une
manne de près de deux milliards de francs
au sport suisse. Une manne extraordinaire
qu’il est difficile de se représenter. Deux
milliards de francs? Ce sont 500 millions
de volants de badminton, 16 millions de
ballons de football, 13 millions de cannes
de hockey sur glace, 1000 halles de tennis,
40 stades de football.
vers les fédérations nationales. L’Aide
Sportive, quant à elle, offre ses ressources
aux espoirs qui sont aux portes des grands
championnats. Les fonds cantonaux des
loteries permettent, enfin, aux sportifs de
tous les jours de bénéficier d’un cadre idéal
pour assouvir leur passion. La Société du
Sport-Toto est heureuse d’être depuis 75
ans, avec les sociétés de loteries, l’une des
branches de la grande famille du sport
suisse.
Je vous souhaite beaucoup de plaisir à la
lecture de cette brochure du 75e anniversaire. Au fil des pages, j’espère que vous
trouverez une image ou un souvenir qui
vous rappelleront combien le sport peut réserver de grands moments.
Peter Schönenberger
Président de la Société du Sport-Toto
Sommaire
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14
Chronologie 1938–2013:
les étapes-clés de l’histoire du
Sport-Toto
Une idée venue de Suède:
retour sur l’histoire du Sport-Toto
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42
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26
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Ernst B. Thommen: le pionnier:
Portrait du fondateur du Sport-Toto
Une entreprise d'utilité publique:
«Risque et joue pour des buts
sportifs»
Les monuments du sport suisse:
Macolin, le Rotsee, les stades de
football
Maîtriser l’information:
des annonces par téléphone à «Tip»
Du timbre au terminal en ligne:
les développements techniques
Une histoire riche en anecdotes:
rencontre avec Raymond Simonet et
Max Pusterla
Les bénéficiaires de la manne du
Sport-Toto: Swiss Olympic, l’Aide
Sportive suisse, l’ASF, la SFL et la
Swiss Ice Hockey Federation
Toto, Loto, Joker – Quels types de
jeux? Un aperçu des différents jeux
d’hier et d’aujourd’hui
56
58
60
L'histoire des sociétés: ILL,
Swisslos, Loterie Romande, SEVA
Le lien entre le sport et la politique:
la mission de la SST aujourd’hui
«Assurer le financement du sport»:
interview avec le directeur Roger
Hegi
«Œuvrer pour le
bien commun»
Personne ne peut remettre en question les
bienfaits de la pratique du sport: il est nécessaire à la santé, il est un facteur d'intégration et il est source de motivation. Le
sport favorise également la cohésion sociale et est un acteur économique important. Sans le soutien de la Société du
Sport-Toto, le sport suisse n'aurait jamais
pu répondre aux attentes de la population.
La SST a permis de dégager les moyens
nécessaires à son développement.
La SST distribue les bénéfices générés par
les sociétés de loterie. Il convient alors de
rappeler toute l'importance du travail de la
SST pour convaincre le monde politique et
le grand public que les jeux de loterie et les
paris sportifs servent le bien commun. Je
remercie la SST pour son travail en faveur
du sport suisse et je tiens à féliciter ses collaboratrices et collaborateurs pour ce jubilé des 75 ans.
Ueli Maurer,
président de la Confédération
Chronologie
1938–2013
12 décembre 1933
26 juin 1937
21 août 1937
3 octobre 1937
5 octobre 1937
24 octobre 1937
18 août 1938
4 septembre 1938
17 juin 1942
Fondation de la loterie bernoise pour la
protection des lacs, la promotion des
transports et la création d’emplois (SEVA)
Fondation de la Loterie intercantonale
(ILL; plus tard ILG)
Fondation de la Loterie Romande (LoRo)
Premier concours de pronostics bâlois au
Rankhof organisé par Ernst B. Thommen
Fondation de l’Association pour la promotion de l’éducation physique (VFLS) qui
induit que le principe «le sport doit s’aider
lui-même» autorise les paris sur le football
pour ses membres
Premier concours de la VFLS avec un
coupon sur 12 matches
Fondation de la
Société du Sport-Toto (SST) à Bâle
Premier concours du Sport-Toto
30 novembre 1943
1953
Juillet 1958
1er juillet 1963
14 mai 1967
25 octobre 1968
25 juin 1969
4
Ernst B. Thommen est porté à la direction
de la SST pour un mandat à plein temps
Inscription de la Société du Sport-Toto au
registre du commerce de Bâle
Fondation de la Société internationale de
Sport-Toto (Intertoto) avec son siège à Bâle
sur l’initiative d’Ernst B. Thommen
Installation du nouveau siège de l’entreprise
au 20 de la Lange Gasse à Bâle
Décès du premier président de la Société du
Sport-Toto Fritz Brechbühl
Décès de l’initiateur de la Société du
Sport-Toto Ernst B. Thommen
Décision d’arrêter les comptes annuels sur le
calendrier de l’année civile
Fondation de la «Société Suisse de la Loterie
à Numéros» (membres: SST, ILL,
SEVA Berne, Loterie Romande)
L'un des premiers coupons officiels du concours du Sport-Toto du
2 octobre 1938.
10 janvier 1970
13 septembre 1975
18 juin 1988
Automne 1989
8 janvier 1997
Janvier 1997
Octobre 2001
1er janvier 2003
7 octobre 2003
1er mai 2004
8 octobre 2004
1er juillet 2006
Premier tirage de la Loterie à numéros
(plus tard Swiss Lotto)
Introduction du Toto-X
Introduction du Joker sur tous les coupons
de la Loterie et du Sport-Toto
Introduction du Super-Toto
avec le concours de l’Aide Sportive Suisse
Premier tirage du mercredi de la Loterie
à numéros
Lancement d’un concours «Oddset» lors du
tournoi en salle de Bâle
Introduction de l’Extra Joker.
Transfert des activités opérationelles de la
Société du Sport-Toto à Swisslos et à la
Loterie Romande
Introduction du Sporttip
Prise de fonctions du nouveau directeur de la
SST Roger Hegi
1er juillet 2007
18 août 2013
5
Introduction de l’Euro Millions en Suisse
Nouveau concordat des cantons sur les
loteries et les paris
Maintien de l’autorisation d’organiser des
paris sportifs pour Swisslos et la Loterie
Romande
Anniversaire
«75 ans Société du Sport-Toto»
Une idée
venue de Suède
6
Le Sport-Toto a très vite rencontré un grand succès. A ses débuts,
tout se faisait à la main et la SST a pu ainsi offrir du travail aux
personnes en recherche d’emploi pour aider au dépouillement.
L
e 21 juin 1936, la Suisse affronte la
Suède au stade olympique de Stockholm. Membre de la délégation de l’Association Suisse de Football, Ernst B. Thommen s’étonne de la passion du public pour
ce match qui n’atteint pourtant pas les
sommets. Plus tard, lors du banquet des
délégations, Ernst B. Thommen apprend
que le comportement des spectateurs s’explique par l’annonce sur les panneaux qui
bordent les tribunes des résultats des
matches comptant pour le concours de
pronostic du «Tipsjänst». Ce concours, qui
avait été initié en 1934, rapporte une
manne conséquente destinée à soutenir le
sport dans toute la Suède. Enthousiasmé
par ce concept, Ernst B. Thommen rentre
en Suisse avec l’idée de s’inspirer de ce modèle suédois. Et il oublie bien vite la défaite
L’histoire a débuté lors du banquet qui a suivi la rencontre
Suède – Suisse du 21 juin 1936. Ce jour-là à Stockholm,
Ernst B. Thommen a découvert avec enthousiasme les concours
de pronostic sur les matches de football. Une découverte qui a
conduit ce véritable pionnier à tout mettre en œuvre pour créer
le Sport-Toto en Suisse.
5-2 concédée par l’équipe de Suisse lors de
ce match amical .
Les obstacles juridiques
Ernst B. Thommen doit en premier lieu
composer avec une juridiction qui n’est pas
vraiment favorable aux jeux de loterie. La
loi sur les loteries de 1923 est beaucoup
7
moins permissive que le «Football Pool» en
Angleterre, qui avait été élaboré en 1921.
Fonctionnaire à l’époque du Département
des constructions à Bâle, Ernst B. Thommen ne se décourage pas. Avec son ami
Fred Jent, rédacteur sportif au sein de
la «National Zeitung», il s’approche du
conseiller d’Etat de Bâle-Ville Fritz
Brechbühl pour porter son projet devant
les politiques. Un projet qui veut marquer
sa différence par rapport aux entrepreneurs
étrangers qui allaient mettre un pied dans
le monde des paris en Suisse à l’exemple de
«Football Expert» à Lucerne (août 1937),
de «Sport-General» à Zurich (janvier
1938), du «Toto-National» à Berne et de
«l’Assocation de Soutien du Football Romand» à Neuchâtel.
Ernst B. Thommen et ses amis insistent
pour que leur projet soit placé sous le
contrôle des autorités et que ses bénéfices
reviennent exclusivement au mouvement
sportif. Le 11 août 1937, le gouvernement
de Bâle-Ville donne son feu vert et lève les
obstacles juridiques pour autoriser l’organisation des paris sur les résultats des
matches de football. Avec les temps difficiles que l’on traversait à l’époque, le gouvernement bâlois savait parfaitement que
la promotion du sport n’était plus une priorité. Elle avait bien besoin d’un tel coup de
fouet.
Gagner 97,50 francs
avec une mise de 50 centimes
Fort de la bénédiction de Fritz Brechbühl,
Ernst B. Thommen se lance le 3 octobre
1937. Dans le stade de Rankhof, il organise
un premier concours sur les deux rencontres de Coupe de Suisse entre le FC
Nordstern et le FC Concordia Bâle et le
FC Bâle et le FC Breite. On doit jouer sur
les scores à la mi-temps et à la fin du match.
Les coupons sont vendus aux abords du
stade. Ernst B. Thommen peut compter
sur l’aide de son fils Harry pour vendre les
coupons, puis pour les contrôler dans le
domicile familial.
Un seul parieur parmi les 1200 qui ont tenté leur chance a trouvé les résultats exacts
des deux rencontres. Sa mise de départ de
50 centimes lui rapporte un gain de 97,50
francs. Ernst B. Thommen peut, par ailleurs, verser 300 francs aux mouvements
juniors des clubs bâlois grâce aux bénéfices
de ce premier concours.
Le deuxième, organisé deux semaines plus
tard, réunit cette fois 3000 parieurs qui
doivent deviner le score de la rencontre de
championnat entre le FC Bâle et le FC
Berne au stade du Landhof. Le bénéfice
pour Ernst B. Thommen se chiffre à 1500
francs. Le pli est pris.
Une femme de ménage récompensée
Le cinquième concours de la VFLS devait
sourire à une Madame Bühler, qui fut la
seule à obtenir le total idéal de 48 points
(un tip exact donnait 4 points). Madame
Bühler devait recevoir dans son appartement la visite d’Ernst B. Thommen et
d’Emil Adler, le directeur de l’office de
l’emploi de Bâle, qui fut également l’un des
acteurs de cette aventure des pionniers.
Dans son appartement du «Kleinbasel»,
elle leur a appris qu’elle vivait seule et gagnait sa vie en faisant des ménages. Et
qu’elle ne comprenait pas grand-chose au
football … Elle avait rempli son coupon en
regardant comment faisaient les «experts»
sur les tables d’à côté tout en changeant un
ou deux pronostics pour ne pas les plagier
complètement. Il y a eu donc une grande
Toutefois, les deux
part de hasard dans sa réussite.
Cette belle histoire de la femme de ménage
expériences menées en
fut reprise par un refrain populaire lors du
octobre à Bâle dévoilent bien carnaval de Bâle. Pendant plusieurs années,
tout le potentiel de paris sur les joueurs qui remplissaient leurs grilles
sans se concentrer vraiment ou sans
les matches de football.
connaître les forces et faiblesses des
équipes en lice étaient très vite traités de
Au niveau de la Confédération, c’est tou- «Putzfrau».
jours la loi sur les loteries qui fait foi. Le
premier concours sous l’égide de la VFLS Les premiers bénéficiaires
se déroule le 24 octobre 1937 selon la de- La VFLS devait réaliser un chiffre d’afvise «risque et joue pour des buts sportifs», faires de 815 000 francs lors de la première
qui devait perdurer pendant des années. année. La moitié de cette somme a été verUn concours «déguisé» pour contourner la sée aux gagnants. Il a fallu également payer
loi. Pour 50 centimes, le joueur payait seu- les prestataires. Avant d’offrir enfin pour la
lement sa carte de membre à la VFLS qui première fois une manne au mouvement
lui offrait en échange un coupon sur les sportif qui l’a utilisée de manière suivante:
douze rencontres du week-end. Le parieur
pouvait valider son coupon la veille des • Contribution à la participation de l’équipe
rencontres au plus tard à 16 heures dans
nationale de hockey sur glace au Champides lieux désignés à Berne, Zurich et Bâle. onnat du monde de Prague.
Ce fut en fait le vrai début du Sport-Toto • Contribution au voyage de la Fédération
en Suisse.
suisse de ski à Lahti.
Les gagnants de ce premier concours se • Contribution à la participation des athsont partagé une somme de 2000 francs. lètes aux Championnats d’Europe de PaQuatorze joueurs ont gagné au premier
ris.
rang pour être récompensés par un mon- • Contribution à la participation des ratant tout de même assez modeste de 71,40
meurs aux Championnats d’Europe d’avifrancs. Les deuxième et troisième rangs
ron à Milan.
furent également payés. A l’époque, les
noms des gagnants était publiés dans un
souci sans doute de «reconnaissance». Les
sommes allouées aux gagnants ont augmenté très vite, de 2500 francs à 10 000
La célèbre affiche du Sport-Toto
francs à partir du vingtième concours.
de l’artiste Herbert Leupin.
Association pour la promotion de
l’éducation physique
Deux jours seulement après le premier
Toto bâlois, le 5 octobre, 1937, l’Association pour la promotion de l’éducation physique (VFLS) est fondée à Bale. Ernst B.
Thommen et Fred Jent tentent, sous l’appellation «le sport doit s’aider lui-même»,
d’organiser des paris sur le championnat
1937/1938. Mais les deux hommes se
heurtent à des obstacles juridiques. Toutefois, les deux expériences menées en octobre à Bâle dévoilent bien tout le potentiel
de paris sur les matches de football. L’expérience bâloise a été rendue possible par
une adaptation de la loi sur les polices accordée par le gouvenement de Bâle-Ville.
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Des montants ont ainsi été versés aux fédérations concernées. Mais l’action de la
VFLS n’a pas toujours rencontré un écho
positif. Le 17 janvier 1938, Ernst B.
Thommen et le représentant genevois de la
VFLS se sont retrouvés devant le Tribunal
de police du Canton de Genève pour avoir
enfreint la loi sur les loteries. Les deux
hommes furent toutefois acquittés. La
coopérative des loteries cantonales (ILG) a
également témoigné d’un certain scepticisme.
Elle se demandait si, selon la loi, le
concours de la VFLS n’était pas tout simplement un jeu interdit. Mais le 10 mai
organisme devait régenter les paris sportifs.
L’ILG a eu alors l’idée de créer une société
dans ce but avec une autorité de surveillance qui aurait compté plusieurs de ses
membres.
Pour l’ILG, la majorité de cette nouvelle
société devait revenir aux cantons. Le 18
août 1938 à 14h30 dans l’Hôtel de Ville de
Bâle, des représentants des cantons, de
La création de la
l’ILG, des fédérations suisses de gymnasSociété du Sport-Toto (SST)
Au printemps 1938, les nouvelles disposi- tique, d’athlétisme et de football avec bien
tions du Conseil fédéral avaient bien été sûr Ernst B. Thommen, présent en tant
assimilées dans tout le pays. Mais il est vite qu’ancien président de l’Association pour
apparu, notamment aux yeux de la coopé- la promotion de l’éducation physique,
rative des loteries cantonales, qu’un seul prirent une décision historique: la création
1938, le Conseil fédéral prenait une décision forte pour clarifier la situation. Il ordonnait l’interdiction des jeux de loterie et
des paris sportifs à partir du 1er juillet 1938.
Mais il laissait la porte ouverte aux cantons
d’organiser des loteries et des concours à
des fins caritatives et de bienfaisance.
Le premier concours à Bâle le 3 octobre
1937, la création deux jours plus tard de
l’Association pour la promotion de
l’éducation physique (VFLS) et ce 18 août
1938 historique à l’Hôtel de Ville de Bâle
(photo en haut à droite).
10
de la Société du Sport-Toto (SST).
A l’exception de Genève, représenté par
Pierre Pittard, les cantons romands
n’étaient pas représentés lors de cette réunion de Bâle. Le conseiller d’Etat Fritz
Brechbühl est élu premier président de la
SST. La vice-présidence revient au Dr
Jakob Brugger, le patron de l’ILG. Ernst B.
Thommen assure la direction opérationnelle de la SST, une tâche qui n’est pas encore rémunérée à 100 pour cent.
Ce 18 août 1938, la SST est composée de
dix-neuf cantons alémaniques et du Tessin.
Trois ans plus tard, Genève, Fribourg,
Neuchâtel, Vaud et la Principauté du
Liechtenstein monteront à leur tour dans
le wagon.
Le 30 septembre 1943, la SST accueille le
Valais pour couvrir enfin tout le territoire
du pays. Dès son premier exercice, la SST
pourra soutenir à la hauteur de 500 000
francs dix fédérations engagées dans leur
préparation olympique. Mais l’éclatement
de la Seconde Guerre mondiale à l’automne 1939 place très vite la SST dans une
situation précaire.
Elle est contrainte à l’inactivité pendant de
longs mois avant d’organiser un concours
le 19 novembre 1939, qui ne rencontre
qu’un succès très mitigé. «Nous n’aurions
pas pu tenir plus longtemps.
Une nouvelle année aussi morose aurait été
fatale au Sport-Toto», se rappelle-t-on.
Mais heureusement, le point de rupture ne
fut jamais atteint. Bien au contraire: la
crise laissait place à une véritable «success
story».
200 000 coupons par semaine. Au 15e
concours, le 18 décembre 1938, un joueur
avait pour la première fois gagné plus de
10 000 francs. Son gain pour les douze
bons résultats s’est chiffré à 13 435,25
1, X, 2
La création de la Société du Sport-Toto fut francs.
bien naturellement accompagnée par des On l’a vu, le résultat de l’exercice
améliorations dans le mode des concours. 1939/1940 pour la SST fut «plombé» par la
Les parieurs pouvaient alors miser sur huit Seconde Guerre mondiale. Mobilisation
oblige, le championnat n’a pas pu se dérouler normalement en raison d’un trop grand
nombre de matches renvoyés. La SST n’a,
Le premier
ainsi, pu organiser que six des vingt-trois
concours du Sport-Toto
concours prévus. Et, bien sûr, de très noms’est déroulé le
breux parieurs se retrouvaient sous l’uniforme. Mais même dans ces temps diffi4 septembre 1938.
ciles, les promoteurs du Sport-Toto avaient
60 000 coupons avaient
toujours le souci d’avancer. Le 17 juin 1942,
été vendus.
Ernst B. Thommen, le «pionnier», est
nommé directeur à plein temps de la SST.
Dix-huit mois plus tard, la SST est inscrite
variantes. Le coupon comportait toujours au registre du commerce du canton de
douze matches avec pour la première fois Bâle-Ville. La Société du Sport-Toto ne
en vigueur le système 1, X, 2 (1 pour une tardait pas à devenir une véritable instituvictoire à domicile, X pour un match nul et tion. Pour ses dix ans, la SST portait le
2 pour une victoire à l’extérieur). Les trois gain maximal pour le premier rang à 30
premiers rangs – 12, 11 et 10 points – 000 francs alors qu’il avait été longtemps
étaient payés. Les gains n’étaient pas défi- limité à 15 000. Elle dénombrait par ailnis, mais devaient se monter à 50 pour cent leurs 285 000 parieurs inscrits.
des enjeux. Le premier concours sous l’appellation du Sport-Toto fut organisé le Toucher d’autres sports
4 septembre 1938. 60 000 coupons furent Le football fut bien sûr le vaisseau amiral
alors vendus pour cette «première». du Sport-Toto. Il le demeure aujourd’hui.
On devait atteindre très vite le chiffre de Mais la tentation de s’ouvrir vers d’autres
11
sports a toujours existé. Ainsi au printemps 1938, l’Association pour la promotion de l’éducation physique, «l’ancêtre» de
la SST, a proposé des paris sur les finales
aux engins des Championnats de Suisse de
gymnastique. En 1946, on a eu la possibilité de parier sur le Tour de Suisse. En 1951
et 1952, sur les Championnats de Suisse de
tir par équipes. Mais les cinq concours des
tireurs, entre le 21 juillet et le 18 août 1951
et le 15 juin et le 20 juillet 1952, ne furent
pas franchement couronnés de succès.
Toutefois, cette approche vers le monde du
tir ne fut pas vaine dans la mesure où un
accord a pu être finalisé offrant à la SST la
possibilité de subventionner les places de
tir.
Les premiers concours sur les courses de
ski ont vu le jour lors de la saison
1978/1979. Il fallait trouver les six premiers d’une course parmi les quinze
skieurs proposés sur le coupon. Aux temps
glorieux des Bernhard Russi, Franz Klammer, Roland Collombin et Ken Read, six
descentes ont fait l’objet d’un concours: Val
d’Isère, Val Gardena, Morzine, Wengen,
Kitzbühel et Garmisch-Partenkirchen.
Mais là aussi, les attentes n’ont pas été
comblées avec seulement un peu plus de
100 000 francs misés par descente. Il est
évident que ce mode de pari était à la fois
trop compliqué et peu attractif. L’expérience ne fut pas reconduite l’hiver suivant.
En 1983, la SST a proposé pour la première fois les rencontres de hockey sur
glace sur ses coupons. Depuis cette date, la
Ligue Suisse de Hockey sur Glace
(LSHG) est soutenue par la SST selon une
contribution définie.
Vive l’internationalisation
La Société du Sport-Toto a été tout de suite
L’immeuble du Sport-Toto bâti en 1958 à
la Lange Gasse 20 à Bâle (en haut à
gauche), un tirage du Sport-Toto dans le
studio TV de Leutschenbach et un
kiosque dans les années précédentes
(en bas).
confrontée à un problème: comment meubler les pauses observées l’été et l’hiver par
le championnat de Suisse de football? Et
comment combler les nombreux concours
annulés en raison des renvois des matches
dus aux conditions météorologiques? Une
première solution fut de compenser le
manque à gagner par un totogoal, qui fut
loin de rencontrer le succès espéré. La deuxième fut de se tourner vers les championnats étrangers. Ainsi, le 4 février 1945, la
SST organisait pour la première fois un
concours sur le championnat d’Angleterre.
L’essai fut transformé et il fut décidé de
jouer désormais l’hiver sur les matches anglais et sur les autres championnats qui reprenaient plus tôt que la LNA.
Le problème s’est également posé pour la
pause estivale. Il fut résolu à la fin des années cinquante avec la création de différentes compétitions. Ernst B. Thommen,
le directeur du Sport-Toto, a tenu un rôle
prépondérant dans l’«enrichissement» du
calendrier. On songe principalement à la
Coupe des Villes de Foires, la future
Coupe de l’UEFA. La partie entre une sélection bâloise et une sélection londonienne le 4 juin 1955 fut la première rencontre officielle d’une compétition
européenne. Le 1er mai 1958, c’est Ernst B.
Thommen qui devait remettre au Camp
Nou le «Trophée Noel Beard» au capitaine
du FC Barcelone Joan Segarra.
En 1961, Ernst B. Thommen donnait vie à
l’idée du légendaire Karl Rappan avec la
création de l’«International Football Cup»,
ou la «Rappan Cup», comme on la nom-
mait aussi. Cette compétition permettait
aux clubs qui n’étaient pas engagés dans les
Coupes d’Europe de jouer également face
à des équipes étrangères. Elle s’est disputée
pendant six saisons avant de laisser la place
à la Coupe Intertoto, une épreuve qui se
jouait en phase de poules. En 1967, lors de
la première édition, l’une des poules fut
d’ailleurs remportée par le FC Lugano. En
ment l’édition de 1978: ce fut le premier
trophée de son quadruplé historique de la
saison 1978/1979 (championnat, Coupe de
Suisse, Coupe de la Ligue et Coupe des
Alpes). Un rappel qui n’est pas inutile dans
ces temps difficiles traversés par le club genevois …
Les différents sièges
Lors de ses premières heures, la Société du
Sport-Toto avait son siège dans la manLe Sport-Toto avait tenté de sarde de son fondateur Ernst B. Thommen
au 12 de la Jacob-Burckhardt-Strasse à
diversifier son offre par le
Bâle. Mais avec la création de la SST en
passé en proposant des paris
août 1938, il est évident qu’il fallait trouver,
sur les compétitions de tir,
toujours à Bâle, bien sûr, de véritables lode ski alpin et sur le Tour de caux. Il y a eu le 10 de la Eisengasse, le 11
de la Gerbergasse, la Barfüsserplatz, le 24
Suisse. Ces concours ne
de l’Aeschengraben et la double propriété à
devaient toutefois pas
Saint-Alban où résidait également Ernst B.
rencontrer le succès espéré. Thommen.
En juillet 1958, la SST prenait enfin ses
1995, la Coupe Intertoto est devenue la quartiers sur la Lange Gasse. Une adresse
Coupe Intertoto UEFA, qui offrait la pos- qu’elle conserve encore aujourd’hui au sein
sibilité aux meilleures équipes de se quali- d’un complexe inauguré le 7 juillet 1997.
fier pour la Coupe de l’UEFA. La Société
du Sport-Toto a toujours soutenu les clubs
suisses engagés dans ces diverses compétitions estivales.
Par ailleurs, une Coupe des Alpes a été organisée de 1960 à 1987 – une idée lancée
par la fédération italienne –, qui a concerné
lors des deux premières éditions les
équipes nationales (Italie, Allemagne,
France et Suisse). Elle fut ensuite destinée
aux clubs. Le FC Bâle l’a remportée à trois
reprises, le Servette FC à quatre, notam-
13
Ernst B. Thommen:
le pionnier
N
é le 23 janvier 1899 à Bâle, Ernst B.
Thommen s’est très vite affirmé comme un dirigeant hors pair. Il a trouvé sa
place dans les instances du football suisse
au travers de ses activités au sein du FC
Breite et de l’Association de football de
Bâle-Ville. Il a été l’un de ceux qui ont permis au football suisse de sortir de l’âge de
pierre. Conscient des réalités économiques
difficiles de l’entre-deux-guerres, il a compris l’impérieuse nécessité de trouver de
nouvelles ressources pour le mouvement
sportif.
Inspiré par le modèle suédois du «Tipsjänst», il a, grâce à son énergie et à sa force
de persuasion, imposé la création de paris
sportifs dont les bénéfices devaient servir
la promotion du sport dans le pays et soutenir aussi diverses actions de bienfaisance.
Ernst B. Thommen, employé du Département des constructions à Bâle,
lance l’idée en 1936 de créer le Sport-Toto. Elle lui vient lors d’un match
de l’équipe de Suisse à Stockholm. Avec le concours du rédacteur sportif
de la «National-Zeitung» Fred Jent, il surmonte bien des obstacles pour
imposer son idée. Mais la création du Sport-Toto ne fut pas l’unique fait
d’armes de ce grand pionnier du sport suisse.
Ernst B. Thommen a dû surmonter bien
des obstacles. Convaincre le monde politique, trouver les voies juridiques et se
battre contre les préjugés: rien ne fut
simple pour permettre au Sport-Toto de
voir le jour.
Mais le 18 août 1938, Ernst B. Thommen
est arrivé à ses fins. La Société du Sport-
14
Toto (SST) est fondée dans une salle de
l’Hôtel de Ville de Bâle. Ernst B. Thommen avait su admirablement préparer le
terrain avec la création une année plus tôt
de l’Association pour la promotion de
l’éducation physique (VFLS), la rédaction
des statuts et les modalités du premier
concours.
15
En 1942, Ernst B. Thommen était nommé
directeur à plein temps de la Société du
Sport-Toto. Il a su donner les impulsions
nécessaires pour que la SST grandisse très
vite. Jusqu’à sa mort en 1967 dans un accident de la circulation à Birsfelden, il a
contribué sans relâche au succès de la SST
qui a pu soutenir à la hauteur de plusieurs
millions de francs le mouvement sportif du
pays.
De 1938 jusqu’à sa
disparition dans un accident
de voiture en 1967, Ernst B.
Thommen a écrit l’histoire de
la Société du Sport-Toto. Son
idée a permis au sport suisse
de grandir à pas de géant.
L’œuvre d’Ernst B. Thommen ne s’est pas
limitée au développement de la Société du
Sport-Toto. Entre 1947 et 1954, il a assumé la présidence de l’Association Suisse de
Football. Il a également pesé de tout son
poids au sein des instances de la FIFA. Il
fut ainsi l’un des artisans du retour sur la
scène internationale de l’équipe d’Allemagne. Il a permis ainsi aux Allemands
d’organiser le 22 septembre 1950 à Stuttgart un premier match international après
la Deuxième Guerre mondiale, un match
qui les a presque naturellement opposés à
la Suisse. Il fut surtout l’un des promoteurs
de la candidature de la Suisse à l’organisation de la Coupe du monde 1954. Président
du comité d’organisation de cette Coupe
du monde, Ernst B. Thommen a veillé,
Les présidents et les directeurs
de la Société du Sport-Toto
Présidents
1938–1962
1963–1971
1971–1979
1980–1987
1988–1994
1995–2000
2001–2005
2006–
Fritz Brechbühl
Dr Emil Steiner
Dr Walter König
Dr Robert Bauder
Emil Fischli
Jean-François Leuba
Jörg Schild
Peter Schönenberger
avec sa casquette de directeur de la Société
du Sport-Toto, à ce que la Suisse puisse offrir des stades dignes d’un tel événement.
Après le refus populaire du projet du stade
Saint-Jacques à Bâle, Ernst B. Thommen a
usé de tout son entregent pour retourner la
situation avec la création d’une société coopérative pour le stade. Il fut également le
président de la Commission de construction du stade.
Sur le plan sportif et économique, la
Coupe du monde 1954 fut un très grand
succès, la plus belle des quatre Coupes du
monde jouées à cette époque. En militant
pour le retour de l’Allemagne dans le
concert international, Ernst B. Thommen
a joué un rôle dans le «miracle de Berne»,
cette victoire 3-2 en finale de l’Allemagne
contre une équipe de Hongrie que l’on
croyait tout simplement invincible. Il a, par
ailleurs, contribué à la création de l’Union
Européenne de football (UEFA) durant
cette Coupe du monde 1954. Cette présence de plus en plus marquée sur le plan
international le propulsait à la vice-prési-
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Rien ne serait possible dans notre pays»
E
n tant qu’ancien président, je suis particulièrement
heureux de ce jubilé des 75 ans de la Société du
Sport-Toto. Sans la SST, le sport suisse ne serait pas aussi fort. Sans l’argent des loteries, rien ne serait possible
pour le mouvement sportif dans notre pays! Cette manne
profite à nos 84 fédérations membres, à nos 20 000 clubs
et à nos 1,6 million de pratiquants.
Jörg Schild, Président Swiss Olympic
16
Directeurs
1938–1967
1967–1971
1972–1988
1988–2004
2004–
Ernst B. Thommen
Ernst Fischer
Dr Ulrich Höch
Georg Kennel
Roger Hegi
dence de la FIFA lors du congrès du cinquantenaire de l’organisation faîtière.
Ernst B. Thommen fut également impliqué dans la création des compétitions européennes interclubs. Elle a vu le jour le 4
juillet 1955 avec une rencontre entre une
sélection bâloise et une équipe londonienne dans le cadre de la Coupe des villes
de foires, la future Coupe de l’UEFA. Six
ans plus tard, il s’assure du concours du sélectionneur de l’équipe de Suisse Karl
Rappan pour créer l’«International Football Cup», un championnat international
d’été qui offre l’assurance au Sport-Toto
d’élaborer des concours durant la pause estivale observée par la LNA et la LNB.
Surnommé «Aetti», Ernst B. Thommen
fut bien l’homme le plus puissant et le plus
influent du sport suisse pendant de très
longues années. Une vérité que personne
ne peut remettre en question en raison des
relations privilégiées qu’il a nouées avec les
plus grands dirigeants du monde sportif et
des moyens financiers qu’il a pu dégager
grâce aux bénéfices du Sport-Toto. Aujourd’hui encore, le sport mais aussi la
culture et le bien public jouissent d’un soutien qui n’aurait pas été possible sans la ténacité dont a fait preuve Ernst B. Thommen. Pendant près de trente ans, le Bâlois
fut bien le grand pionnier du sport suisse.
Puissent ces quelques lignes lui rendre un
hommage mille fois mérité.
Ernst B. Thommen (assis) avec le
président Fritz Brechbühl (debout) lors
d’une séance de la SST au Casino de
Bâle en 1941, avec son chien et lors d’une
séance d’orientation pour les 25 ans du
Sport-Toto en 1963 (photo en bas).
17
Des gens importants de la SST: de Brechbühl à Kennel
Emil Fischli
Fritz Brechbühl
N
é le 9 avril 1897 à Bâle, Fritz Brechbühl a suivi un apprentissage d’horloger à Hölstein. Il s’est engagé très
vite dans le monde syndical et politique pour siéger entre
1923 et 1935 au Grand Conseil de Bâle-Ville avant d’être
élu au Conseil d’Etat de son canton. Chef de la police, il a
partagé l’enthousiasme d’Ernst B. Thommen pour la création de concours de paris destinés à soutenir le mouvement
sportif. Fritz Brechbühl fut le relais d’Ernst B. Thommen au
sein du gouvernement bâlois. Il a contribué à vaincre les
réticences et à élaborer les bases juridiques pour la réalisation de ce projet. Fritz Brechbühl a dirigé l’Assemblée qui a
abouti à la création de la Société du Sport-Toto (SST) le 18
août 1938. Il fut le premier président de la SST, un mandat
qu’il devait assumer jusqu’en 1962. Il a siégé par ailleurs
durant vingt-huit ans au sein du gouvernement de Bâle-Ville.
Il a accédé en 1953 au Conseil national et dirigé de 1950
à 1960 le parti socialiste de Bâle-Ville. Durant la Deuxième
Guerre mondiale, il fut le responsable de la politique des réfugiés. Fritz Brechbühl est décédé le 1er juillet 1963, l’année
du 25e anniversaire de la SST.
Ancien conseiller d’Etat glaronnais, Emil Fischli entre en
1976 à la Société du Sport-Toto. Elu au Comité en 1978 et
à la vice-présidence en 1980, il en devient le président pour
six ans en 1988. Ce mandat lui vaut d’accéder au comité de
l’«Intertoto», l’organisme européen des paris sportifs dont il
a été l’un des fondateurs et dont il sera l’un des présidents.
Elu membre d’honneur de la SST au moment de quitter ses
fonctions, Emil Fischli restera le président qui aura initié
l’introduction du système de traitement online.
Georg Kennel
D
irecteur de projet au sein des PTT, Georg Kennel accède à la direction de la Société du Sport-Toto en 1988
avec déjà un certain vécu dans le monde du sport. Excellent
décathlonien, il a siégé dans les années septante au Comité central de la Fédération Suisse d’Athlétisme avant de
la présider de 1981 à 1995. Durant son mandat, il a connu
les heures de gloire de l’athlétisme suisse avec les exploits
de Markus Ryffel et de Werner Günthör. Nommé ensuite
membre d’honneur de «Swiss Athletics», il fut l’un des dirigeants qui ont compté au Comité central de l’Association
Suisse du Sport (ASS).
L’introduction du traitement online au début des années
nonante fut, bien sûr, le grand défi auquel il a dû faire face à
la SST. Comme la restructuration actée au 1er janvier 2003
entre les loteries intercantonales, la loterie bernoise de la
SEVA et la Société du Sport-Toto. Georg Kennel a assumé
ainsi la direction de Swisslos pour que cette fusion s’opère
dans les meilleures conditions.
Georg Kennel devait quitter ses fonctions au sein de la Société du Sport-Toto en 2004, au sein de Swisslos l’année
suivante. Avec la satisfaction que cette nouvelle structure
avait parfaitement répondu aux attentes des vingt cantons
alémaniques et du Tessin ainsi que de la Loterie Romande.
Les intérêts de toutes les parties étaient préservés. Les
seize ans passés par Georg Kennel dans les organes du
Sport-Toto et de Swisslos ont vraiment compté. Georg Kennel est décédé le 10 février 2012 des suites d’une maladie.
Fred Jent
F
red Jent fut comme Ernst B. Thommen l’un des pionniers
du Sport-Toto en Suisse. Le journaliste bâlois de la «National-Zeitung» était présent lors de l’assemblée fondatrice
du Sport-Toto en 1938. Il ne devait toutefois occuper aucune fonction au sein de la SST. Il a préféré s’engager dans
le mouvement sportif en tant que président de la Fédération
Suisse de Natation, en tant qu’arbitre de football et en tant
que juge de boxe. Il a enfin siégé au sein du Comité central
de l’Association Nationale d’éducation physique (ASNE).
Fritz Wagner
D
urant quarante-deux ans, de 1938 à 1979, Fritz Wagner
fut le secrétaire du Conseil d’administration de la Société du Sport-Toto. Il avait ordonné le protocole de la séance
du 18 août 1938. Il a également œuvré au sein de l’organe
de contrôle. Après avoir contribué au développement de la
SST, il fut remplacé par Walter Baumann (Reinach).
Dr. Emil Steiner
Les hommes qui ont compté depuis la création il y a 75 ans de la
Société du Sport-Toto: Fritz Brechbühl, le conseiller d’Etat bâlois et
premier président de la SST, Fred Jent, le journaliste sportif qui a su
si parfaitement épauler Ernst B. Thommen, Jörg Schild, ancien
président de la SST et actuel président de Swiss Olympic, Georg
Kennel, ancien directeur de la SST, Roger Hegi, l’actuel directeur de
la SST, et Peter Schönenberger, l’actuel président de la SST (de
gauche à droite).
E
mil Steiner, conseiller d’Etat zougois, a servi la Société
du Sport-Toto pendant plus de trente ans. Représentant
de son canton en 1939, il entre au comité de la SST l’année
suivante avant d’être porté à la vice-présidence en 1942.
En 1963, il succède à Fritz Brechbühl à la présidence de la
SST. Il est décédé le 30 juillet 1971.
18
19
Une entreprise
d’utilité publique
A
près sa première année d’existence, le
Sport-Toto connaissait déjà un succès
rapide avec près de deux millions de francs
de chiffres d’affaires. En raison de la Seconde Guerre mondiale, les deux années
suivantes ont été difficiles, les activités du
Sport-Toto devant même être interrompues quand la guerre a éclaté lors de l’automne 1939. Toutefois, dès 1941/42, la
croissance a repris très fortement. En
1945/46, la barre des dix millions de
chiffres d’affaires a été atteinte, puis celle
des 25 millions en 1949/50. Quant aux
gains attribués aux gagnants, ils se sont
montés dès le début à 50 pour cent des
mises.
Depuis les premiers concours, le bénéfice
de la Société du Sport-Toto a été distribué
selon une clef de répartition prédétermi-
Dès les débuts du Sport-Toto, la devise «Risque et joue pour des
buts sportifs» n’a pas été un vœu pieux. Le fait d’utiliser les gains
du Sport-Toto pour le sport et ses infrastructures a été une idée
phare dans le domaine de l’aide sportive, mais aussi un moyen pour
le Sport-Toto d’obtenir une reconnaissance des autorités.
née. Ainsi, 10 pour cent du bénéfice net
(pour autant qu’ils ne dépassent pas la limite supérieure fixée) allaient directement
aux fédérations sportives dont les compétitions donnaient lieu à des paris.
L’Association Suisse de Football (ASF) et
la Fédération suisse d’athlétisme étaient
ainsi les principaux bénéficiaires. Une part
du bénéfice restant était ensuite attribuée à
20
l’Association nationale d’éducation physique (ANEP), qui est devenue l’Association suisse du sport (ASS) en 1977. Le
reste des profits était destiné aux différents
besoins des cantons.
Au début, la répartition était variable. Et
lors de la première année d’activité, 34
pour cent sont allés à l’ANEP, puis 40, 38
et 28 pour cent lors des exercices suivants,
Un Suisse – Allemagne pour l’inauguration du Stade Saint-Jacques
le 25 avril 1954. Ce stade, essentiel au déroulement de la Coupe du
monde 1954, n’aurait pas vu le jour sans la contribution de la
Société du Sport-Toto.
le reste allant aux cantons. Ce n’est qu’à
partir de la cinquième année, en 1942/43,
qu’une clef de répartition fixe a été appliquée. Un système qui allait faire ses
preuves pendant plusieurs décennies.
Après déduction des frais de fonctionnement, des attributions statutaires à l’Association Suisse de Football et des fonds mis
en réserve, 25 pour cent du bénéfice net
étaient versés à l’ANEP et 75 pour cent
aux cantons. Pour chaque canton, l’argent
était réparti selon deux critères, le nombre
d’habitants et le montant des mises effectuées dans les différentes régions. Dans la
commission du Sport-Toto de l’ANEP, les
représentants de la Société du Sport-Toto
étaient représentés paritairement et pouvaient directement influencer la répartition des fonds alloués.
95 millions après 20 ans
La Société du Sport-Toto a pu soutenir de
nombreux investissements dans le monde
du sport en Suisse, également sous la
forme de crédits que les cantons pouvaient
amortir au fil des ans sur leurs contributions. Pour ses vingt ans en 1958, la Société du Sport-Toto avait déjà pu redistribuer
95 millions de francs: 64 millions pour les
cantons, 19 millions à l’ANEP, 6 millions
directement pour la construction de divers
stades et 5 millions pour les centres de
sport à Macolin et Mürren. L’Association
Suisse de Football a aussi bénéficié de 1,3
million, comme cela était convenu dans les
statuts. Pour le jubilé des cinquante ans en
1988, la barre du milliard avait presque été
franchie. Les cantons avaient reçu 653
millions, l’ASS (ex ANEP) 200 millions et
21
plus de 60 millions les fédérations. Et notamment la Ligue suisse de hockey sur
glace (LSHG) qui, dès 1983, a bénéficié
d’une position semblable à celle de l’ASF.
Puis, dès 1985, c’est l’Aide Sportive Suisse
qui s’y est ajoutée. Par ailleurs, environ 30
millions ont été versés aux autorités sous la
forme de taxes et d’impôts.
Un accord avec les loteries
Avec l’introduction de la Loterie suisse à
numéros le 10 janvier 1970, le jeu préféré
des Suisses a reçu un coup sur la tête. Il
était évident qu’un jeu relativement sophistiqué comme le Sport-Toto allait perdre en
popularité au détriment de la loterie et de
ses grilles faciles à remplir. Gustav Wiederkehr, l’ancien président suisse de
l’UEFA, a joué un grand rôle dans les né-
gociations avec les différentes parties
concernées: les loteries intercantonales, la
Loterie Romande, la loterie SEVA Berne
et la Société du Sport-Toto. Une garantie
des acquis a pu être négociée en ce qui
concerne la répartition des gains du SportToto aux cantons et fédérations sportives.
Toutes ces sociétés se sont, en effet, engagées contractuellement à couvrir le
manque à gagner, déterminé à partir du
bénéfice net le plus élevé durant la période
1964–1968. De son côté, la Société du
Sport-Toto a été chargée de s’occuper du
développement technique du loto, tout en
participant au bénéfice de la loterie à numéros avec une part fixe de 25 pour cent.
Un rapport d’activité de 1971 montre à
quel point la loterie à numéros a touché le
Sport-Toto, qui bénéficiait jusqu’ici de
l’exclusivité. En 1969, le Sport-Toto avait
affiché un chiffre d’affaires de 70 millions
de francs. Cette somme a été quasiment
divisée par deux (38 millions) en 1970 pour
la première année d’existence de la loterie.
Une année plus tard, le chiffre d’affaires
tombait à 29 millions, soit une nouvelle
baisse de 27 pour cent. Cette chute s’est
avérée si dramatique que le surcroît de
chiffres d’affaires de la loterie a servi à plusieurs reprises à compenser le manque à
gagner du Sport-Toto. Lors de la première
année de la loterie, 140 millions ont ainsi
été attribués. Un montant qui s’est accumulé avec les gains du Sport-Toto et qui a
permis d’atteindre des recettes totales de
En raison de la création de la
loterie à numéros en 1970, le
Sport-Toto devait perdre près
de la moitié de son chiffre
d’affaires. Mais cette perte
fut bien sûr compensée par
les bénéfices de la loterie.
180 millions, soit deux fois et demie de
plus qu’en 1969 quand le Sport-Toto était
seul sur le marché.
Nouvelles formes de jeu
Cette tendance s’est poursuivie les années
suivantes, favorisée par l’introduction de
nouvelles formes de jeux comme le Toto-X
en 1975 ou le système de jackpot pour la
loterie et le Sport-Toto. L’arrivée du Joker
(dès 1988), du Super-Toto (1989) et de
beaucoup d’autres innovations ont aussi
contribué à cette croissance. Ainsi, entre
1970 et 2000, la part du bénéfice pour les
cantons, l’ASS et les fédérations sportives
a plus que triplé.
Le 1er janvier 2003, l’organisation des
concours a été complètement réorganisée
en Suisse. La Société du Sport-Toto a
transmis ses activités opérationnelles à la
nouvelle société «Swisslos». Pour la Suisse
romande, la direction opérationnelle a été
reprise par la Loterie Romande. Cependant, la Société du Sport-Toto a conservé
son statut d’instance de répartition des bénéfices aux fédérations sportives.
Ces tableaux montrent les montants des
paris joués et la répartition des bénéfices
pour la Société du Sport-Toto entre 1938
et 2002.
Total des mises pour le Sport-Toto, Toto-X et Super-Toto 1938–2002
Toto-X
Super-Toto
85
80
75
70
65
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1938/39
1939/40
1940/41
1941/42
1942/43
1943/44
1944/45
1945/46
1946/47
1947/48
1948/49
1949/50
1950/51
1951/52
1952/53
1953/54
1954/55
1955/56
1956/57
1957/58
1958/59
1959/60
1960/61
1961/62
1962/63
1963/64
1964/65
1965/66
1966/67
1967/68
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Millions
Sport-Toto
22
23
2002
Joker
2001
ANEP/ASS/SO
2000
1999
1998
Loto
1997
1996
1995
1994
1938/39
1939/40
1940/41
1941/42
1942/43
1943/44
1944/45
1945/46
1946/47
1947/48
1948/49
1949/50
1950/51
1951/52
1952/53
1953/54
1954/55
1955/56
1956/57
1957/58
1958/59
1959/60
1960/61
1961/62
1962/63
1963/64
1964/65
1965/66
1966/67
1967/68
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Millions
Cantons
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
1979
1978
1977
1976
1975
1974
1973
1972
1971
1970
Millions
Part des gains aux cantons, ANEP/ASS/SO* et fédérations sportives 1938–2002
Fédérations
65
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
* ANEP = Association nationale d'éducation physique; ASS = Association suisse du sport; SO = Swiss Olympic
Total des mises pour la Loterie suisse à numéros, Joker et Extra-Joker 1970–2002
Extra-Joker
700
600
500
400
300
200
100
0
Total des mises pour les différents concours 1938–2002
Année
1938/39
1939/40
1940/41
1941/42
1942/43
1943/44
1944/45
1945/46
1946/47
1947/48
1948/49
1949/50
1950/51
1951/52
1952/53
1953/54
1954/55
1955/56
1956/57
1957/58
1958/59
1959/60
1960/61
1961/62
1962/63
1963/64
1964/65
1965/66
1966/67
1967/68
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Sport-Toto
1 972 000
595 000
1 394 000
3 461 000
6 012 000
7 243 000
8 126 000
10 416 000
11 689 000
13 383 000
18 347 000
25 810 000
26 878 000
30 309 000
30 411 000
32 332 000
33 043 000
38 514 000
83 356 000
37 401 000
36 066 000
39 343 000
48 146 000
49 031 000
50 829 000
52 591 000
60 916 000
68 699 000
64 157 000
63 038 000
32 056 000
70 724 000
38 622 000
29 842 000
26 583 000
25 251 000
26 701 000
25 752 000
21 074 000
19 970 000
17 392 000
17 729 000
16 407 000
15 139 000
13 830 000
16 084 000
17 232 000
17 032 000
18 096 000
21 318 000
20 881 000
24 569 000
25 056 000
26 236 000
23 351 000
26 224 000
27 409 000
29 832 000
31 367 000
26 404 000
29 607 000
28 570 000
27 775 000
25 710 000
26 390 000
1 839 723 000
Toto-X
6 281 000
13 696 000
20 303 000
22 819 000
17 614 000
15 501 000
14 843 000
22 289 000
23 846 000
27 087 000
31 150 000
27 763 000
27 022 000
23 324 000
26 607 000
23 894 000
21 682 000
18 749 000
22 025 000
22 296 000
19 447 000
18 583 000
13 002 000
24 427 000
10 564 000
11 020 000
15 190 000
8 708 000
549 732 000
Super-Toto
4 175 000
3 769 000
4 002 000
3 988 000
5 386 000
5 223 000
5 502 000
5 509 000
5 365 000
6 132 000
5 772 000
6 562 000
5 861 000
67 246 000
24
Loto
140 325 000
155 367 000
157 092 000
192 405 000
197 737 000
198 212 000
190 820 000
192 314 000
182 854 970
229 756 000
245 280 000
278 670 000
290 009 000
315 069 000
302 128 000
312 884 000
334 889 000
393 461 000
400 000 000
363 209 000
502 389 000
426 755 000
459 977 000
426 755 000
427 580 000
453 067 000
463 020 000
693 866 000
620 088 000
679 867 000
620 010 000
592 104 000
554 685 000
11 992 644 970
Joker
28 937 000
45 798 000
58 586 000
49 947 000
52 005 000
52 759 000
55 301 000
60 800 000
67 275 000
105 542 000
98 044 000
105 602 000
99 819 000
97 768 000
86 527 000
1 064 710 000
Extra-Joker
7 723 000
42 120 000
49 843 000
Part des gains aux cantons, ANEP/ASS/SO et fédérations sportives 1938–2002
Année
1938/39
1939/40
1940/41
1941/42
1942/43
1943/44
1944/45
1945/46
1946/47
1947/48
1948/49
1949/50
1950/51
1951/52
1952/53
1953/54
1954/55
1955/56
1956/57
1957/58
1958/59
1959/60
1960/61
1961/62
1962/63
1963/64
1964/65
1965/66
1966/67
1967/68
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
Cantons
ANEP/ASS/AOS/SO
265 000
144 000
15 600
8 400
106 533
50 133
558 720
217 280
1 050 000
300 000
1 275 000
425 000
1 275 000
425 000
1 500 000
500 000
1 800 000
600 000
2 025 000
675 000
2 700 000
900 000
5 350 000
1 250 000
4 050 000
1 350 000
4 672 125
1 557 375
5 041 650
1 680 550
4 800 000
1 600 000
5 100 000
1 700 000
9 550 000
1 850 000
5 700 000
1 900 000
7 700 000
1 900 000
9 700 000
1 900 000
5 700 000
1 900 000
6 000 000
2 000 000
10 385 000
2 100 000
6 300 000
2 100 000
11 500 000
2 500 000
9 000 000
3 000 000
10 500 000
3 500 000
10 500 000
3 500 000
11 026 000
3 704 000
5 400 000
1 800 000
11 250 000
3 750 000
22 500 000
6 000 000
18 000 000
6 000 000
18 000 000
6 000 000
19 500 000
6 500 000
26 250 000
6 500 000
19 500 000
6 500 000
26 250 000
6 500 000
19 500 000
6 500 000
25 125 000
8 140 000
24 000 000
8 000 000
24 000 000
8 000 000
31 125 000
10 375 000
29 250 000
9 750 000
30 750 000
10 250 000
34 500 000
11 500 000
35 250 000
11 750 000
36 000 000
12 000 000
39 000 000
13 000 000
36 780 000
12 260 000
40 598 000
13 533 000
42 848 000
14 283 000
42 848 000
14 283 000
43 598 000
14 533 000
42 098 000
14 033 000
42 098 000
14 033 000
42 741 000
14 247 000
44 601 000
14 867 000
53 582 700
17 861 000
52 854 000
17 618 000
57 663 000
19 221 000
59 122 000
19 707 000
61 210 000
20 403 000
54 185 000
18 620 000
1 367 122 328
443 553 738
Fédérations
40 409
4 584
29 505
40 000
40 000
60 000
60 000
64 000
60 000
66 600
90 000
93 200
90 000
115 500
125 800
90 000
90 000
570 000
570 000
570 000
570 000
580 000
882 587
933 042
944 508
1 486 675
1 665 811
1 806 941
1 854 230
1 671 000
734 029
1 650 657
1 800 000
1 800 000
1 800 000
1 800 000
1 800 000
1 800 000
2 000 000
2 000 000
2 000 000
2 000 000
2 000 000
2 000 000
2 100 000
2 611 000
2 808 000
4 586 000
4 277 000
4 276 000
3 574 000
4 618 000
4 127 000
3 844 000
4 730 000
4 408 000
4 380 000
4 808 000
4 448 000
4 392 000
4 509 000
4 557 000
4 566 000
4 312 000
4 992 000
127 372 078
25
Notes indicatives pour les tableaux:
Total des mises
L’exercice comptable annuel du SportToto correspondait au début à la saison de
football (1er juillet au 30 juin). Dès 1968, il
s’est calqué sur l’année civile. Les chiffres
pour 1968 correspondent ainsi seulement
à une demi-année.
Répartition des gains
ANEP = Association nationale
d’éducation physique
ASS = Association suisse du sport
(dès 1977)
AOS = Association olympique suisse
(dès 1997)
SO =
Swiss Olympic (dès 2001)
Fédérations
Jusqu’en 1982, seules les Fédérations
suisses de football et d’athlétisme étaient,
selon les statuts, directement rétribuées
en tant que «fournisseurs» des jeux de
Toto. Dès 1983, la Fédération de hockey
sur glace s’y est ajoutée, puis l’Aide Sportive Suisse dès 1985.
Les monuments
du sport
suisse
26
Deux grands projets initiés par la Société du Sport-Toto au milieu du
siècle dernier: la Haute école fédérale de sport de Macolin avec la
statue sur la Lärchenplatz, la Maison du Brésil, le bassin de natation
et la salle de boxe, et bien sûr le Stade Saint-Jacques avec ses
tribunes principales (photos de gauche à droite).
L
’idée de créer un site centralisé pour la
formation des professeurs de sport et
une haute école en sport date de la fin du
XIXe siècle. Ce n’est toutefois qu’après la
Deuxième Guerre mondiale que ce projet a
pu se concrétiser. Le 3 mars 1944, le Département fédéral militaire a donné son
feu vert pour la première étape de la
construction d’une école fédérale de gymnastique et de sport. Surplombant le lac de
Bienne, le site de Macolin a été ouvert en
1947, permettant à la Suisse de disposer de
son premier centre complet pour la formation des entraîneurs et des professeurs
d’éducation physique. Un centre qui, de
par son origine, avait au début de nombreux liens avec le monde militaire. Ce
projet avait été financé par la Confédération, la ville de Bienne, l’Association na-
L' argent du Sport-Toto a permis la réalisation de bâtiments sportifs
d’importance en Suisse. Parmi les sites historiques figurent les
centres de sport de Macolin, Mürren, Tenero et Kandersteg, mais
aussi presque tous les stades de football qui ont été érigés et
aménagés pour la Coupe du monde en 1954.
tionale pour le sport et aussi par le SportToto, à hauteur de 2,75 millions de francs.
Le succès de cette école fédérale de gymnastique et de sport a été fulgurant. Et
trois ans seulement après son ouverture,
elle était déjà trop petite. En plus des cours
pour les professeurs de sport, de plus en
plus d’athlètes souhaitaient utiliser les installations de Macolin et demandaient à ce
27
que celles-ci soient conformes aux standards internationaux. Par ailleurs, l’Association Suisse de Football (ASF), en tant
qu’organisatrice de la Coupe du monde
1954, avait besoin de place et d’équipements pour pouvoir héberger des équipes
durant la compétition. La Société du
Sport-Toto et l’Association nationale
d’éducation physique (ANEP) ont alors
28
du monde» en 1976. Pour la salle du Jubilé
de la Fédération suisse de gymnastique, la
commission du Sport-Toto a encore une
fois mis la main à la poche et attribué un
montant de 2,1 millions de francs. Depuis
1999, l’ancienne école fédérale pour la
gymnastique et le sport a été réorganisée
en tant que Haute école fédérale de sport,
sa gestion passant à l’Office fédéral du
sport (OFSPO). L’Institut des sciences du
sport y a été rattaché dès 2005. Et l’enoffert leur soutien pour la phase d’expan- semble du complexe est aujourd’hui appelé
sion du site à partir de 1950. Parmi les «Centre national du sport Macolin».
nouveautés figuraient notamment une
piste d’athlétisme de 400 mètres à l’endroit
nommé «le Bout du monde», un terrain de Les sports d’hiver à Mürren
football ainsi que des logements supplé- L’histoire de Macolin a été un succès. Cementaires. Cette fois-ci, la Société du pendant, à ses débuts, ce site était avant
Sport-Toto s’est engagée pour un montant tout destiné aux sports d’été. C’est donc
de 2,72 millions de francs. Et pendant la Mürren qui a accueilli en 1952 un centre
Coupe du monde 1954, les équipes de pour les sports d’hiver. Mais à l’inverse du
Suisse et du Brésil ont été les premières à centre de Macolin, qui se trouvait sous la
bénéficier des nouvelles installations.
férule du Département fédéral militaire,
Plus tard, Macolin a aussi accueilli de plus celui de Mürren a été piloté par l’Associaen plus de scientifiques du sport pour leurs tion nationale pour l’éducation physique et
recherches. Dans cette optique, un institut exclusivement financé par le Sport-Toto.
a été ouvert le 31 mai 1967, financé par la A l’époque, 2,1 millions de francs ont été
commission du Sport-Toto pour 2,7 mil- investis pour créer ce centre dévolu aux
lions de francs. Avec les années, de nou- sports de neige et de glace, mais aussi
veaux bâtiments sont venus encore s’ajou- réservé pour le tennis durant la saison
ter, dont la grande salle de sport du «Bout estivale.
Pour tous les goûts et les usages: Le mur
de grimpe du Sportzentrum Schauenburg
de Liestal, la Maison du Sport de Berne, le
stade Olympique de la Pontaise à Lausanne
et le Centre de Mürren (de gauche à droite)
et la patinoire Dolder de Zurich (en bas à
gauche).
29
Des stades pour la Coupe du monde
Pour la première fois de son histoire, la
Suisse a été retenue pour accueillir la
Coupe du monde de football en 1954. Avec
son directeur Ernst B. Thommen, qui entretenait des liens étroits avec la FIFA, la
Société du Sport-Toto a joué un rôle essentiel dans la réalisation des différents projets de stades en Suisse. A Bâle, un financement public du stade Saint-Jacques avait
échoué dans les urnes.
Ernst B. Thommen a alors fondé une coopérative qui, grâce à un prêt de plus de 1,5
million de francs du Sport-Toto et un permis de construire du canton de Bâle-Ville,
a débouché sur la construction d’un nouveau stade en seulement une année. Pour le
stade du Wankdorf, qui allait devenir le
théâtre du «Miracle de Berne» avec le sacre
en finale de l’Allemagne contre la Hongrie,
la Société du Sport-Toto a contribué à hauteur de 1,22 million. Pour le Stade olympique de la Pontaise à Lausanne, un total
de 1,5 million a été investi.
Quant aux Charmilles à Genève, un montant de 260 000 francs a été débloqué pour
moderniser et augmenter la capacité de ce
stade. Et même s’il ne devait accueillir
qu’un seul match du tour préliminaire, le
stade du Cornaredo à Lugano avait aussi
bénéficié en 1951 du financement du
Sport-Toto. Avec encore le Hardturm de
Zurich, tous ces stades ont largement
contribué à la réussite économique de cette
Coupe du monde. Ils ont aussi accueilli des
matches de légende, comme ceux des
Suisses, qui avaient notamment évincé
l’Italie à Bâle avant d’échouer en quart de
finale face à l’Autriche à Lausanne sur le
score de 7-5. Un match qui reste encore aujourd’hui le plus riche en buts dans une
phase finale de la Coupe du monde.
Le Sport-Toto ne s’est toutefois pas contenté de financer les stades de la Coupe du
monde. D’autres enceintes traditionnelles
en ont aussi largement profité comme la
Gurzelen à Bienne, le Neufeld de Berne ou
le Kleinholz à Olten. Construite en 1930,
la patinoire artificielle Dolder à Zurich
reste aujourd’hui l’une des plus grandes en
Europe avec environ 6000 m 2 de glace. En
vue du championnat du monde de hockey
sur glace en 1939, cette patinoire a été réaménagée grâce à l’argent du Sport-Toto.
Lors de ce tournoi, disputé également à
Bâle, le Canada s’était imposé devant les
Etats-Unis, tandis que la Suisse avait décroché la médaille de bronze aux dépens de
la Tchécoslovaquie.
De 1930 à 1950, la patinoire Dolder a également accueilli les matches à domicile des
Zurich Lions, jusqu’à leur déménagement
au Hallenstadion. La section hockey sur
glace des Grasshoppers avait aussi pris ses
quartiers dans cette patinoire dès 1932.
Aujourd’hui, la patinoire Dolder est surtout connue et utilisée par le grand public.
Un centre d’aviron au Rotsee
Depuis 1933, le Rotsee, près de Lucerne,
accueille des régates d’aviron. Dès la première année, les championnats de Suisse
s’y sont déroulés. Et seulement une année
plus tard, ce sont les championnats d’Europe qui étaient organisés. Le Rotsee a
aussi été le théâtre de quatre Mondiaux en
1962 devant 45 000 spectateurs, puis en
1973, 1982 et 2001. Avec l’argent du SportToto, plusieurs bâtiments et installations
ont pu être mis à disposition du club d’aviron de Lucerne.
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Dans les meilleures conditions»
L
a Société du Sport-Toto œuvre pour le sport suisse
depuis 75 ans. Je tiens à l’occasion de ce jubilé à
remercier toutes les collaboratrices et les collaborateurs
de la Société du Sport-Toto. Leur investissement permanent a permis d’ouvrir bien des portes à nos sportifs.
Leur concours est indispensable. Grâce à ce soutien, nos
juniors ont pu progresser, intégrer dans les meilleures
conditions l’équipe A pour cueillir cette année à Stockholm le titre de vice-champion du monde. Je vous remercie pour ce partenariat. Ensemble, nous sommes plus forts aujourd’hui. Nous le serons demain
aussi.
Marc Furrer, président de la Swiss Ice Hockey Federation
30
Quand le Rotsee n’a pas été retenu pour recevoir les Mondiaux de 2011, l’objectif a
été de rendre le site encore plus attractif, en
mêlant à la fois tradition et modernité. La
construction d’un nouveau bâtiment pour
abriter le centre d’aviron est notamment
projetée.
La Maison du sport
Entre 1961 et 1963, un centre administratif pour le sport suisse a été conçu au 70 de
la Laubeggstrasse à Berne, selon les plans
de l’architecte Vincenzo Somazzi. Le
centre a été ouvert le 29 mai 1963. Il a accueilli au début le siège de l’Association
nationale d’éducation physique, devenue
l’Association suisse du sport (ASS) en
1977. Cette ASS a ensuite été regroupée
avec le Comité olympique suisse (COS),
fondé en 1912, et le Comité national pour
le sport d’élite (CNSE), fondé en 1966,
pour devenir l’Association olympique
suisse, puis finalement Swiss Olympic dès
2001 (le siège de Swiss Olympic se trouve
aujourd’hui dans la nouvelle Maison du
sport à Ittigen près de Berne). A noter aussi que l’Union des associations européennes de football (UEFA) avait son
siège dans l'ancienne Maison du sport à ses
débuts, avant de posséder son propre bâtiment à la Jupiterstrasse 33 dès 1974, puis
de déménager à Nyon en 1999.
La construction de la Maison du sport a
été massivement financée avec les fonds du
Sport-Toto, en partie grâce à une réserve
sur bénéfice créée en 1946. Sous le présidium du conseiller d’Etat bernois Walter
Siegenthaler, un conseil de fondation de la
Société du Sport-Toto a été fondé pour mener à bien les différents travaux, alimenté
avec un fonds initial de 6,87 millions de
francs. La Maison du sport a aussi servi un
temps à l’Association Suisse de Football et
à la Ligue nationale (Swiss Football
League aujourd’hui), qui a bénéficié ensuite de sa propre Maison du football à
Muri. L’Association suisse de tennis (Swiss
Tennis aujourd’hui) a, elle aussi, bénéficié
de la Maison du sport avant de déménager
et d’ouvrir son centre national à Bienne.
Depuis 2007, Swiss Olympic et quinze de
ses associations membres sont logés dans
un nouveau bâtiment. Cette nouvelle Maison du sport reste gérée par un conseil de
fondation, dont la présidence est assurée
par Peter Schönenberger, président du
Sport-Toto. Le directeur du Sport-Toto
Roger Hegi est également présent dans ce
conseil de fondation, tout comme JeanPierre Beuret, un autre représentant de la
Société du Sport-Toto et président de la
Loterie Romande.
31
La réputation du complexe du Rotsee
n’est plus à faire. Il a été bâti aux normes
internationales grâce à la contribution du
Sport-Toto. Il a accueilli ses premiers
Championnats du monde en 1962 et sera
modernisé très bientôt (photo en haut de
l’arrivée du futur nouveau plan d’eau).
plins étaient également utilisables en été. nécessaire. Et comme trente-six ans plus
Un centre national de ski nordique
Quant au centre de ski de fond de Kan- tôt, Adolf Ogi et son énergie légendaire se
à Kandersteg
En 1977, Adolf Ogi, ancien directeur de la dersteg, il bénéficiait de 55 kilomètres de trouvent derrière ce projet de rénovation.
Les premiers sauts sur les nouveaux tremFédération suisse de ski et futur conseiller pistes.
plins devraient avoir lieu dès 2014.
fédéral, et Willy Sahli ont lancé l’idée de
construire de nouveaux tremplins et de
créer un centre national de ski nordique à
Kandersteg. Rapidement, le 1er septembre
Adolf Ogi s’implique toujours
1979, les nouveaux tremplins ont été inauautant. L’ancien conseiller
gurés. Sur les 2,8 millions d’investissefédéral a œuvré pour la
ment total, 70 pour cent ont été financés
par la Société du Sport-Toto et l’Associarénovation du Centre
tion suisse du sport. Avec sa propre contrinordique de Kandersteg qui
bution financière, la Fédération suisse de
avait été ouvert en 1979.
ski s’accordait le droit de laisser ses athlètes
s’entraîner gratuitement sur les installations. Le grand tremplin avait été baptisé
«Lötschberg», le petit tremplin recevant le
nom de «Blüemlisalp». Pour l’époque, ces En 2007, la Fédération internationale de
installations étaient luxueuses avec notam- ski (FIS) a retiré sa licence aux tremplins
ment des pistes d’élan en glace, un système de Kandersteg pour des raisons de sécurité.
d’arrosage à distance, des projecteurs et un Pour rénover et agrandir ces installations,
bâtiment d’exploitation. Tous les trem- un financement de plus de 5,6 millions est
32
33
Maîtriser
l’information
S
ur les premiers bulletins de l’Association pour la promotion de l’éducation
physique en Suisse (VFLS), durant l’hiver
1937/1938, les parieurs étaient invités à se
procurer les résultats des pronostics au numéro de téléphone numéro 11. La société
Sportinformation gérait la transmission
des résultats depuis la centrale téléphonique de Zurich, d’où ils étaient répartis
aux différents centres régionaux d’informations et communiqués personnellement
à ceux qui téléphonaient.
Ce n’est que quelques années plus tard que
sont apparus les numéros de téléphone 160
avec un service automatisé. Le numéro 164
a alors été dévolu aux résultats de sport et à
ceux du Sport-Toto.Dès le début, la communication a été l’un des points centraux
pour le développement du Sport-Toto. Ap-
Dès les premiers concours, Sport-Toto a diffusé les résultats dans
sa propre revue. Plus tard, le journal «Tip» est devenu l’une des voix
importantes du sport en Suisse sous la direction de Max Ehinger
et Max Pusterla, avec une structure et un contenu proches de la
Société du Sport-Toto.
rès la création de la Société du Sport-Toto,
le 18 août 1938, le bulletin de la VFLS a
été édité comme étant le journal officiel du
Sport-Toto.
Ce dernier était publié de la propre initiative des directeurs Ernst B. Thommen et Alfred Kaltenbach, tandis que les adresses
des destinataires étaient encore écrites à la
main.
34
Avec le temps, des spécialistes du milieu
sportif comme Arnold Wehrle de Sportinformation ou le Dr Hans Rudolf Schmid
ont apporté leur savoir. Et en 1943/1944, le
journal du Sport-Toto a été externalisé pour
L’édition du jubilé du journal «Tip» en
novembre 1969.
35
devenir une entreprise à part entière (édition «Sport-Illustrierte AG»). Dès lors, la
structure s’est largement professionnalisée.
L’engagement de Max Ehinger comme rédacteur à temps plein a été une grande réussite. Aux côtés de l’ancien international
suisse Dr Ernst Kaltenbach, il est devenu
l’une des voix importantes dans le paysage
footballistique en Suisse. Max Ehinger a
également travaillé en étroite collaboration
avec Ernst B. Thommen, directeur du
Sport-Toto, et l’a accompagné plusieurs fois
lors de différentes missions à l’étranger pour
le compte d’associations de football nationales et internationales. De son côté, Ernst
Kaltenbach, surnommé «Pfupf», écrivait
aussi sur le football helvétique dans le renommé magazine allemand «Kicker».
Le 31 octobre 1944, le journal du Sport-
Toto est paru pour la première fois sous le
nom de «Tip». Avec la disparition de l’ancien «Sport-Illustrierte», «Tip» est resté le
seul hebdomadaire sportif abondamment
illustré de Suisse. Et comme son prédécesseur, «Tip» contenait toute une section avec
diverses statistiques en rapport avec les
concours du Sport-Toto. Pour populariser
le Sport-Toto en Suisse romande et au Tessin, la société du Sport-Toto s’est servie de
«La Semaine sportive» (rédaction: H. L. Bonardelly) et de l’«Eco dello Sport» (rédaction: Elvezio Andreoli) à Bellinzone. La
Société du Sport-Toto a également profité
de l’imprimerie ouverte en 1952 par Harry
Thommen, le fils d’Ernst B. Thommen, ce
qui lui a permis de bénéficier d’une certaine
autonomie. Mais aussi, indirectement, de
faire en sorte que des produits concurrents
comme la revue «System», parue pour la
36
Le n° 11 donnait tout d’abord au téléphone
les résultats de la colonne du Sport-Toto
(page de gauche en bas). Le journal du
Sport-Toto (en bas de cette page) était
distribué grâce à une simple machine qui
tapait les adresses des abonnés (photo
page de gauche, à gauche). Le «Tip»,
la lecture préférée dans les salons de
coiffure (photo à gauche), a été produit
comme les coupons du Sport-Toto
pendant de longues années à l’imprimerie
Kirschgarten.
première fois le 24 août 1946, n’aient
qu’une courte existence.
Après la mort de Max Ehinger en 1974,
Max Pusterla a repris la direction de «Tip».
Le Bâlois avait commencé à travailler à
temps partiel en 1964 comme chef de service le dimanche, avant d’être engagé à
temps plein en 1966. Le dernier numéro de
«Tip» est paru le 29 juillet 1992. Son destin
a été scellé par les importants assainissements qui avaient touché le marché des
médias nationaux à l’époque. Quelques années plus tard, en 1999, «Sport», le dernier
journal purement sportif en Suisse, cessait
définitivement sa parution après de longs
mois où sa survie n’avait tenu qu’à un fil.
Le célèbre Totomat a aussi été un moyen de
communication important dans les stades
de football, permettant aux spectateurs de
connaître en direct les résultats des autres
rencontres qui figuraient sur la feuille des
pronostics. L’utilisation du Teletext est arrivée un peu plus tard, et l’on retrouve aujourd’hui les divers résultats de la page 161
à la page 171.
Aujourd’hui, Swisslos et la Loterie Romande travaillent avec des partenaires
médias. Diverses informations et les co-
37
lonnes des gains y sont publiées. Le principal outil de communication reste néanmoins Internet, où l’on peut depuis
longtemps participer en ligne aux différents
concours. Au fil du temps et de toutes ces
évolutions, une chose n’a toutefois pas
changé: les informations sont toujours
transmises «sous toute réserve d’erreurs».
Du timbre
au terminal
en ligne
Au cours de ses premières années d’existence, le Sport-Toto nécessitait beaucoup
de travail manuel. Les coupons étaient réceptionnés dans divers points de dépôt,
puis pourvus d’un timbre d’une valeur de
50 centimes. Ils étaient alors rassemblés
dans des corbeilles en osier et amenés à
vélo à la centrale du Sport-Toto. A Bâle,
Berne, Zurich, Saint-Gall, Lausanne,
Neuchâtel et Genève, les données étaient
traitées manuellement dans différents offices pour demandeurs d’emploi, qui recevaient ainsi une activité supplémentaire
bienvenue. Pour assurer la sécurité, plusieurs astuces avaient été mises en place.
Les coupons étaient ainsi imprégnés d’une
couleur spéciale, de quoi éviter toute
confusion. Une autre mesure consistait à
détacher une partie du coupon. Après
A ses débuts, la Société du Sport-Toto avait besoin d’énormes
ressources administratives et en personnel pour le développement
de ses activités. Les évolutions techniques ont toutefois permis
de passer des simples timbres aux «caisses enregistreuses Meyer»,
puis finalement à l’utilisation de terminaux en ligne.
contrôle, ce «coupon 3» était transmis à la
police bâloise. Et ce n’est qu’après le
concours qu’il était comparé avec le «coupon 2». Cette mesure évitait ainsi que des
participants rajoutent, après coup, des corrections à leur bulletin.
Tabacs, kiosques, salons de coiffure
Le développement du Sport-Toto s’est fait
38
rapidement. Après seulement quatre années d’activité, il existait plus de 1000
points de dépôt dans toute la Suisse. Cela a
débuté dans les tabacs, puis dans les salons
de coiffure et les kiosques, qui avaient ainsi
l’occasion d’accueillir une nouvelle clientèle. Tous ces commerces sont devenus des
endroits populaires où les gens aimaient
discuter des derniers matches et de ceux à
Ernst B. Thommen au centre de police devant la légendaire caisse
de bois dans laquelle étaient placés les coupons du Sport-Toto
(photo à gauche). Les enjeux étaient lors des premières années
validés par un tampon du Sport-Toto (50 centimes la pièce).
venir. Après dix ans, les timbres du SportToto ont été remplacés par un tampon en
caoutchouc. Et en 1950/51, les points de
dépôt ont été dotés pour la première fois
d’une caisse enregistreuse pour effectuer
les contrôles. Ces appareils ont été utilisés
pendant trente ans.
Un dispositif de timbrage mécanique permettait d’attribuer un numéro d’identification au coupon, le montant du pari et le
numéro de dépôt. Avec le temps, ces
caisses exigeaient un service d’entretien de
plus en plus important. Le cylindre et le tiroir devaient être remplacés régulièrement.
L’atelier bâlois de mécanique de précision
d’Eugen Meyer (décédé en 1969 et dont le
fils Thomas Meyer a pris la succession)
était le fournisseur attitré. Un atelier qui,
pendant des années, s’est occupé des tra-
vaux de maintenance et des réparations
d’urgence. Dès 1980, les anciens appareils
ont été remplacés peu à peu par des machines «LottoPrint L3000». Grâce à une
ligne de codage, les bulletins de jeu pouvaient être lus et contrôlés automatiquement. Il s’agissait alors d’un premier pas
dans l’ère du traitement électronique des
données. La confiance n’était toutefois pas
encore complètement de mise. En effet, en
cas de panne de courant, la machine était
toujours équipée d’une bonne vieille manivelle …
En 1989, la Société du Sport-Toto a décidé
d’introduire un système de traitement online. Pour ce faire, 63,8 millions de francs
ont été investis, environ 1,6 million de
moins par rapport à ce qui avait été budgété. Au total, 3612 terminaux ont été instal-
39
lés et reliés grâce au réseau de communication des anciens PTT, avec deux centres de
traitement à Bâle et à Lausanne. Après une
phase test avec 50 terminaux online, tous
les points de dépôt en Suisse ont été équipés. En 1993, le concours numéro 50 a
ainsi été le dernier lors duquel des bulletins
ont été traités avec l’ancien système offline.
Par rapport à la planification initiale, le
passage au online a été bouclé avec une année d’avance. Dans six centres de formation, quelque 10 000 personnes ont été formées aux nouvelles exigences du travail
online.
Délai repoussé
Le passage à un système en ligne a notamment permis de repousser le délai pour valider les bulletins, de 12 heures jusqu’ici à
15 heures pour le Sport-Toto et à 16 heures
(17h au plus tard) pour le Loto. Par ailleurs,
en 1993 déjà, le samedi était le jour avec le
plus important volume de paris (28 pour
cent). Cette évolution technologique a parallèlement débouché sur une nouvelle ère
en termes d’organisation, contraignant les
employés à d’importantes adaptations
entre 1989 et 1993. Tout ces changements
ont aussi mis fin à une époque pittoresque,
quand il n’était pas rare de perdre son bulletin sur le chemin de la poste ou de devoir
courir pour le valider à temps.
La possibilité de jouer en ligne a créé un
fort engouement pour tous les jeux de pronostic. Et après une année seulement, le
Toto-R et le Toto-X ont enregistré leurs
meilleurs résultats en 24 ans. En 1997, la
Société du Sport-Toto a mis sur pied l’opération «Mini-Oddset», un système per- du Sport-Toto investit pour un nouveau Sport-Toto, dont les activités opérationmettant de parier en direct sur certains système online avec des terminaux et un nelles ont été définitivement reprises fin
événements. La première tentative a été système de backoffice. Le 9 avril 2001, les 2002 par Swisslos et la Loterie Romande.
réalisée en janvier 1997 dans le cadre d’un 50 premiers terminaux XION ont été mis
tournoi de football en salle à l’Arena Saint- en service sur certains points de vente spéJacques de Bâle. Elle fut suivie par de cialement choisis. Et le 10 juillet de la
constantes nouvelles offres.
même année, les 2650 terminaux ont été
livrés dans toute la Suisse, tandis que le
nouveau centre de traitement des données
2650 terminaux
Après environ dix ans, les infrastructures de Bâle était inauguré. Parmi ces innovatechniques étaient à nouveau obsolètes. Du tions figurait notamment un nouveau syscoup, fin 1998, le projet «Avanti» a été lan- tème de jeu online de la firme AWI. Il
cé dans le but de passer à des infrastruc- s’agissait alors de la dernière évolution
tures de nouvelle génération. La Société technologique majeure pour la Société du
40
Sur les images de la page de gauche, la
première caisse enregistreuse, les
modèles de «Lotto Print» instaurés en
1980 (photo en haut) avant l’apparition
des lecteurs de microfilms et des
terminaux online.
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Je ne peux que tirer mon chapeau»
J
e félicite non seulement la Société du Sport-Toto pour
son jubilé mais aussi pour sa contribution unique en
faveur du sport suisse. Je souhaite également aux deux
loteries un avenir radieux dans la poursuite de leurs activités, à l’abri des paris truqués notamment. 75 ans au service du sport: je ne peux que tirer mon chapeau à la SST.
Ottmar Hitzfeld,
entraîneur de l’équipe nationale suisse de football
41
Une histoire
riche en anecdotes
L
e lieu de rencontre entre les deux
hommes n’a pas été choisi au hasard.
Le restaurant Aeschenplatz à Bâle se trouve à proximité du siège de la Société du
Sport-Toto (SST) à la Lange Gasse.
Quand Raymond Simonet a été engagé par
la SST le 1er janvier 1965, il a rapidement
fait de ce lieu son «stamm». Il avait notamment pris l’habitude de s’y rendre chaque
lundi après le travail. Sa table fétiche existe
d’ailleurs toujours tandis que lui, à 73 ans,
est le dernier représentant du Sport-Toto
de l’époque.
De son côté, Max Pusterla affiche 71 ans.
Pour lui également, sa carrière professionnelle a été étroitement liée avec la SST.
Cela remonte même à son père, Arthur
Pusterla, qui travaillait à l’imprimerie de
Kirschgarten, fondée en 1952 et qui béné-
A la fin des années 1960, Raymond Simonet et Max Pusterla
ont vécu l’apogée du Sport-Toto. Simonet a gravi les échelons
jusqu’à devenir vice-directeur de la Société du Sport-Toto, tandis
que Pusterla a été le rédacteur en chef de «Tip». Tous deux
ne manquent pas d’anecdotes sur cette magnifique histoire.
ficiait d’un contrat exclusif pour imprimer
les bulletins du Toto puis de la loterie ainsi
que «Tip», le magazine de la SST. En 1963,
Max Pusterla se trouvait en Angleterre
pour s’aguerrir au métier de journaliste
sportif, quand il a dû remplacer le correspondant allemand Richard Snow. Il s’est
alors retrouvé à collaborer avec «Tip» et à
écrire chaque semaine sur l’actualité du
42
football anglais. Dès son retour, il a commencé de travailler pour le service dominical de «Tip», avant d’obtenir un poste fixe
en 1966. A la suite du décès de Max Ehinger, il a repris en 1974 la rédaction en chef
de «Tip», qui restait majoritairement
contrôlé par Ernst B. Thommen, le fondateur du Sport-Toto. «A l’époque, nous
étions le seul magazine avec des photos.
Toujours le même enthousiasme: Raymond Simonet (à droite),
ancien vice-directeur de la Société du Sport-Toto, et Max Pusterla,
le rédacteur en chef de l’ancien magazine «Tip».
men au stade du Rankhof. Le chauffeur a
ainsi ouvert cette porte professionnelle à
Simonet, car il voulait déjà l’engager
comme joueur, Simonet ayant disputé lors
de la saison 1957/58 quatre matches avec le
FC Bâle de «Seppe» et Hans Hügi. Simonet avait également auparavant évolué en
Recrutés par Thommen
Les deux hommes ont été personnellement Suisse romande sous les couleurs du Laurecrutés par Ernst B. Thommen. «Le di- sanne-Sports et du Cantonal Neuchâtel et
recteur m’avait demandé si j’étais autant effectué un séjour linguistique en Angleefficace que mon père», se souvient Max terre. Convaincu, Thommen lui a proposé
Pusterla. Le fils a répondu par l’affirmative un poste sans même lui demander de reet a été embauché. De son côté, Raymond mettre formellement sa candidature. DuSimonet a été engagé début 1965 grâce à rant sa carrière à la SST, Simonet a été plus
ses relations au FC Breite. Et plus particu- tard responsable du marketing et vice-dilièrement grâce à Maurice Baechler, qui recteur. En 1997, il a pris une retraite antiétait chauffeur personnel de Thommen et cipée et il vit aujourd’hui à Biel-Benken
qui occupait un poste à responsabilités dans le canton de Bâle-Campagne.
dans le club de cœur de ce même Thom- Raymond Simonet a vécu de nombreuses
Nous nous distinguions également en
fournissant des informations très détaillées sur les paris, les tendances, les cotes et
les face-à-face entre les équipes», racontet-il.
43
expériences fortes au sein de la SST. En
octobre 1965 par exemple, il a dû organiser
un voyage à Amsterdam pour un match
amical opposant la Suisse aux Pays-Bas.
500 personnes ayant joué à un concours du
Sport-Toto avaient remporté ce voyage
comme prix. Il a donc fallu rallier la métropole néerlandaise avec un train spécialement affecté. Les heureux gagnants
avaient été accueillis à la gare par la fanfare
de la police d’Amsterdam. Et à leur retour,
ils avaient reçu une édition spéciale de
l’ancien journal bâlois «National-Zeitung».
Un an plus tard, Simonet avait aussi été
chargé d’organiser un voyage à la Coupe
du monde 1966 en Angleterre. Trois vols
charters avec chacun à bord 80 gagnants
d’un concours spécial du Sport-Toto
avaient ainsi rejoint Londres. C’est égale-
aussi parfaitement cette finale pour une
La finale de la Coupe en 1967
Raymond Simonet garde également en autre raison. En tant que journaliste, il
mémoire la période de Pentecôte en 1967. s’était rendu à la fin de la partie dans les
Le dimanche, le directeur du Sport-Toto coursives du stade, où il était tombé sur
Ernst B. Thommen avait perdu la vie dans une petite fille en larmes. Il lui avait alors
un accident de la route dans la région bâloise. C’est au lendemain de ce drame
qu’était programmée la finale de la Coupe
de Suisse au Wankdorf de Berne entre le
Le «Tip» fut vendu jusqu’à
FC Bâle et le Lausanne-Sports.
75 000 exemplaires avant
Juste au moment où les joueurs faisaient
leur entrée dans un stade euphorique, le
d’accuser lui aussi la crise de
speaker a pris la parole pour informer le
la presse écrite.
public du décès de Thommen. Dans le
bruit ambiant, cette annonce est passée
quasiment inaperçue. «Je n’étais pas au
courant qu’il allait procéder de la sorte. J’ai
trouvé très triste que cela se passe ainsi», demandé la raison d’un tel chagrin. «C’est
reconnaît Pusterla. Ce dernier se rappelle mon papa qui arbitrait», avait répondu la
petite fille. Cet arbitre venait, en effet, de
s’attirer les foudres des Lausannois en ac75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
cordant un penalty controversé en fin de
match aux Bâlois, leur offrant ainsi quasiment la victoire (2-1). Dégoûtés, les Lausannois avaient refusé de reprendre la ren’argent des loteries, distribué chaque année par la
contre et avaient finalement perdu par
Société du Sport-Toto en faveur du mouvement sporforfait.
tif, est extrêmement important pour le hockey sur glace
suisse. Il nous permet d’investir à long terme dans la reUn dépouillement de trois jours
lève pour jeter les bases de nos succès. Happy birthday à
Parmi ses autres souvenirs les plus présents,
Raymond Simonet se rappelle un tirage de
la SST et nous nous réjouissons de poursuivre ensemble
loterie épique en 1990. Tout le pays s’était
l’aventure!
pris de passion pour ce concours avec 3,7
Sean Simpson,
millions de bulletins joués pour une mise
entraîneur de l’équipe nationale de hockey sur glace
totale de 45 millions de francs. A l’époque,
ment durant ce Mondial que s’était déroulé le fameux épisode de la «Nuit de Sheffield», quand trois joueurs, Köbi Kuhn,
Werner Leimgruber et Leo Eichmann,
avaient déserté leur hôtel pour une virée
nocturne. C’est dans ce contexte que Simonet avait été mandaté par le chef de délégation Ernst B. Thommen de faire venir
en Angleterre les épouses des trois fugueurs. Aidé par Mademoiselle Mühlberger, alors secrétaire et compagne de Thommen, ils avaient organisé sur place un
programme spécial pour ces dames. «Tous
les frais avaient été payés par le Sport-Toto», se rappelle Simonet. Ces trois jours à
Sheffield avaient été très mouvementés et
la Suisse avait perdu ses trois matches.
Mais Simonet n’a jamais oublié cette folle
aventure.
«Investir à long terme»
L
44
le système consistait encore en un mélange
entre une présélection électronique et un
contrôle manuel. Les bulletins avaient été
livrés à la Lange Gasse par camion et, durant trois jours, quelque 200 personnes
Raymond Simonet a, lors
d’un voyage en Scandinavie,
étudié l’idée du système
Oddset qui a tenu un rôle
essentiel dans le développement des paris sportifs.
avaient été réquisitionnées pour dépouiller
tous les bulletins. A l’issue de ce fastidieux
processus, une seule personne avait décroché le pactole, soit une somme record de
17,5 millions de francs. Simonet reste aujourd’hui proche des activités Swisslos. Il
joue quotidiennement à «Sporttip» et
chaque week-end au «Totogoal». Il amène
personnellement ses bulletins à la Lange
Gasse à Bâle ou les confie à son kiosque
habituel. En 1993, Simonet avait également été à l’origine du concours «Oddset»
(qui allait préfigurer le «Sporttip»). Pour ce
faire, il était allé s’en inspirer en Scandinavie afin de l’introduire ensuite en Suisse.
«Nous avons reçu l’autorisation du Département de la police de Bâle-Ville, mais le
Département du conseiller fédéral Kaspar
Villiger a opposé son véto. Selon le Département, la loi sur les loteries n’autorisait
pas la régularité des planifications que
nous avions demandée.» Un lancement que
Simonet, alors à la retraite, avait vécu à
distance.
Un sacré tirage
Max Pusterla se réjouit encore aujourd’hui
des belles années de «Tip». Au sommet de
sa popularité, ce magazine était tiré à
75 000 exemplaires par semaine. Avec les
années, «Tip» a toutefois pâti de la place
croissante accordée aux sports dans les
quotidiens, mais également du fait qu’il
n’était souvent distribué que le mercredi
afin d’attendre les résultats des gains accordés aux concours. «Nous avons dû parfois un peu tricher avec nos éditions. J’ai le
droit de le dire aujourd’hui!», rigole Pusterla, qui a fait ensuite une carrière politique au Grand Conseil bâlois sous les couleurs des radicaux.
A la fin des années 70, l’imprimerie de
Kirschgarten, dirigée par Harry Thommen – le fils d’Ernst B. –, a essuyé un sérieux revers. Le contrat principal pour
l’impression des bulletins du Toto et de loterie a été attribué à une firme à Lichtensteig, cette dernière possédant déjà les machines nécessaires pour imprimer des
billets électroniques.
En 1990, la Société du Sport-Toto a décidé
de se concentrer uniquement sur son métier de base et de liquider ses activités an-
45
nexes. Cela a notamment signifié la fin du
centre de sport et de vacances de Klosters,
qui avait été ouvert en 1969 et qui servait
aussi de théâtre aux séances du comité directeur de la SST. Cette idée d’un centre
d’entraînement en altitude n’avait, en
outre, jamais vraiment pris, et l’hôtel fut
vendu plus tard à des privés.
Raymond Simonet et Max Pusterla ont
encore beaucoup d’autres souvenirs et
anecdotes à faire partager, qu’ils soient en
rapport avec la SST ou le magazine «Tip».
Ils auront l’occasion de le faire le 18 août
2013, à l’occasion du jubilé de la Société du
Sport-Toto.
Les bénéficiaires
de la manne
du Sport-Toto
Depuis le transfert le 1er janvier 2003 des
activités opérationnelles de la Société du
Sport-Toto à la nouvelle entité de «Swisslos Interkantonale Landeslotterie» et à la
Loterie Romande, l’utilisation des bénéfices des paris sportifs et des loteries a été
redéfinie. Swisslos et la Loterie Romande
versent aux cantons l'intégralité de leurs
bénéfices pour le soutien à des projets
d'utilité publique. Une partie des sommes
versées aux cantons revient toutefois au
mouvement sportif, pour le sport de masse
et les infrastructures plus précisément. La
Suisse romande cultive une particularité
dans ce domaine dans la mesure où la Loterie Romande soutient également le
monde des courses hippiques.
La Société du Sport-Toto distribue pour sa
part les bénéfices aux fédérations sportives.
Depuis 2003, la Société du Sport-Toto (SST) n’assume plus aucune
fonction opérationnelle. Les gains des concours de paris et des
loteries sont désormais attribués par Swisslos et la Loterie Romande.
Mais la SST distribue toujours les bénéficies des paris et des
loteries à Swiss Olympic, à l’Aide Sportive Suisse, à l’Association
Suisse de Football, à la Swiss Football Laegue et à la Ligue Suisse
de Hockey sur glace.
La SST reçoit une somme de la part de
Swisslos et de la Loterie Romande selon
une clef de répartition définie (voir page
49). Un montant fixe d’un million de francs
est ainsi versé annuellement à la Fondation
de l’Aide Sportive Suisse. Le reste des
fonds est distribué à Swiss Olympic (79 %),
au football suisse (ASF et SFL: 14 %) et à
46
la Ligue Suisse de Hockey sur Glace (7 %).
Tous les trois ans, l’Assemblée générale de
la SST valide une nouvelle clef de répartition. Elle l’a fait cette année pour un modèle qui court jusqu’en 2015. Voici les organismes qui bénéficient du soutien de la
Société du Sport-Toto:
Le président de la Société du Sport-Toto Peter Schönenberger
distribue une fois par année une manne indispensable à Swiss
Olympic, à l’Aide Sportive Suisse, à l’ASF, à la SFL et à la Swiss Ice
Hockey Federation (de haut en bas et de gauche à droite).
l’«Association nationale suisse pour l’éducation physique» (SLL) était fondée pour
réunir neuf nouvelles fédérations sportives.
En 1937 et 1938, la SLL a également bénéficié des fonds attribués par le bénéfice des
concours organisés sous l’égide de l’«Association suisse pour la promotion de l’éducation physique» (VFLS). Comme elle deSwiss Olympic
vait bénéficier des subsides de la Société du
Année de la fondation: 1912
Sport-Toto. En 1977, la SLL est devenue
Président: Jörg Schild
Siège: Maison du Sport à Ittigen près de l’Association Suisse du Sport (ASS) avant
de fusionner en 1997 avec le COS et le CoBerne
mité National du Sport d’Elite (CNSE)
A l’issue des Jeux olympiques de 1912 à qui avait vu le jour en 1966. Cette fusion a
Stockholm, le comité qui était responsable débouché sur la création de l’«Association
des sélections et de la conduite de la délé- Olympique Suisse», appelée depuis 2001
gation suisse est devenu une entité perma- Swiss Olympic. C’est donc Swiss Olympic
nente sous l’appellation de Comité Olym- qui bénéficie aujourd’hui d’une grande
pique Suisse (COS). Dix ans plus tard, partie de la manne de la SST. Swiss Olym-
47
pic est présidé par Jörg Schild. L’ancien
conseiller d’Etat bâlois avait été le président de la SST de 2001 à 2005.
Utilisation des fonds
Swiss Olympic est lié par contrat avec la
Société du Sport-Toto depuis le 1er janvier
2008. L’Association faîtière du sport suisse,
qui réunit 84 fédérations pour un total de
20 000 clubs et de 1,6 million de pratiquants, reçoit annuellement près de 25
millions de francs de la SST. Cet argent
sert bien sûr aux athlètes d’élite, à la relève
et à la formation des entraîneurs. Il permet
aussi de financer la présence suisse aux différents événements organisés par le mouvement olympique, les Jeux bien sûr, mais
aussi les «Youth Olympic Games» et les
«European Youth Olympic Festivals». En
décembre 2012, le contrat entre Swiss
Olympic et la SST a été prolongé pour
trois ans, soit jusqu’en 2015. Ce contrat
constitue le 50 pour cent des revenus de
Swiss Olympic.
Fondation de l’Aide Sportive Suisse
Année de la fondation: 1970
Président: Max Peter
Siège: Maison du Sport à Ittigen près de
Berne
Six ans après les Jeux d’hiver d’Innsbruck,
où la Suisse n’avait pas cueilli la moindre
médaille, l’Association nationale suisse
pour l’éducation physique (SLL) et le Comité Olympique Suisse (COS) fondaient la
Fondation de l’Aide Sportive Suisse. Initialement dotée de 250 000 francs, cette fondation doit soutenir les sportifs amateurs
dans leur préparation pour les grands événements. Depuis sa création, l’Aide Sportive a apporté son concours auprès de plus
14 000 sportives et sportifs grâce à une
manne de plus de 100 millions de francs. La
Fondation bénéficie depuis 1985 de l’argent
du Sport-Toto et de la Loterie à numéros.
Avec la collaboration de la Société du
Sport-Toto, l’Aide Sportive a lancé en 1989
le «Super-Toto» (anciennement le jeu du
million) qui offre des prix alléchants en espèces et en nature. Depuis 2003, la Fondation de l’Aide Sportive bénéficie annuellement d’un montant d’un million de francs
attribué par la Société du Sport-Toto.
Utilisation des fonds
Depuis 2012, l’Aide Sportive Suisse
concentre ses efforts sur le soutien individuel aux espoirs. L’an dernier, la Fondation
a versé 2,4 millions de francs aux sportives
et sportifs. Un tiers de cette somme vient de
la manne de la Société du Sport-Toto. Près
de 500 espoirs issus de 50 sports bénéficient
du soutien de l’Aide Sportive. Les sommes
versées aux athlètes oscillent entre 7000 et
12 000 francs. Certains athlètes sont également soutenus par un parrainage à hauteur
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Un 75e anniversaire riche de solidarités»
L
e nouvel article 106 de la Constitution fédérale, généré
par l’initiative populaire «Pour des jeux d’argent au service du bien commun», confirme avec éclat la mission des
deux grandes Sociétés suisses de loterie, qui distribuent
chaque année près de 560 millions de francs à l’utilité
publique, dont plus de 130 millions pour le sport amateur
et d’élite. Depuis sa création en 1938, la Société du SportToto est l’une des partenaires de ce modèle éprouvé, qui
repose sur le noble principe selon lequel les bénéfices des loteries et des
paris doivent retourner à la communauté qui les a générés. Nous lui souhaitons un 75e anniversaire riche de solidarités et de perspectives dynamiques!
Jean-Pierre Beuret, Président de la Loterie Romande
de 2000 francs. C’est Swiss Olympic qui
désigne les sportives et sportifs susceptibles
d’être aidés par l’Aide Sportive. Ceux-ci
doivent être en mesure de réussir une performance de choix dans les grandes compétitions, Jeux Olympiques, Championnats
du monde et Championnats d’Europe.
Association Suisse de Football
Année de la fondation: 1895
Président: Peter Gilliéron
Siège: Maison du Football Suisse à Muri
La Fédération Suisse de Football Association a été créée en en 1895 pour devenir
aujourd’hui après plusieurs changements
d’appellation l’Association Suisse de Football (ASF). Ancien gardien du FC Breite
Bâle, Ernst B. Thommen était déjà l’un des
48
hommes qui comptaient au sein des instances du football suisse le jour où il a initié l’idée de l’organisation de paris sportifs
en Suisse. Le football fut, bien sûr, «le»
sport sur lequel le Sport-Toto s’est appuyé
pour bâtir son succès. En raison de cet état
de fait, le football suisse a droit à une part
des bénéfices de la SST qui est définie par
les statuts. Jusqu’en 1982, le football fut
«l’enfant chéri» de la SST avant de devoir
partager les bénéfices avec le hockey sur
glace (1983) et l’Aide Sportive (1985). Sans
la contribution de la SST, jamais la
construction et la rénovation des stades
nécessaires à l’organisation de la Coupe du
monde 1954 n’auraient été possibles. Après
cette Coupe du monde, l’ASF avait reçu
pour la première fois plus d’un demi-million de francs de la part de la SST. La barrière du million de francs fut franchie lors
de la saison 1963/64.
Utilisation des fonds
Le football suisse reçoit chaque année près
de 4 millions de francs de la part de la Société du Sport-Toto. Cet argent est investi
en premier lieu pour la formation. Il
convient de rappeler que l’ASF «couve»
352.6
204.8
Bénéfice en mio de CHF
26.6 mio
326.0 mio
6.4 mio
326.0 mio
Fonds de loterie
et fonds du sport
des cantons
Bénéfice en
mio de CHF
198.4 mio
171.0 mio
Organes de
répartition,
commissions
cantonales
du sport
mio
dont
76 mio
Sport populaire
et infrastructures sportives
24.3 mio
Sport populaire
et infrastructures
Swiss Olympic
25.3
mio
Distribution des fonds 2013: Swisslos et
la Loterie Romande distribuent directement leurs gains aux cantons et offrent un
montant de 33 millions de francs à la
Société du Sport-Toto qu’elle doit verser
au mouvement sportif.
150 000 juniors. Le nouveau projet «Footeco» a été lancé l’an dernier pour permettre à des M12 et M13 de suivre dans
90 centres qui couvrent tout le pays une
formation plus poussée. Ce projet qui
coûte près d’un million de francs a été en
partie financé par l’argent du Sport-Toto.
L’ASF a également beaucoup investi dans
la formation des entraîneurs et des arbitres
ainsi que dans le football féminin qui a
connu un développement réjouissant ces
dernières années.
Aide Sportive
ASF / SFL
1.0
4.5
mio
mio
2.2
3.1 mio
Pour les courses
hippiques
mio
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Une bouée de sauvetage pour le sport suisse»
U
ne vérité se dessine: le sport gagne de plus en plus
d'importance dans notre pays. Cette observation vaut
tant pour le sport de masse que pour le sport d'élite. Cette
évolution réjouissante impose des obligations. Le sport a
besoin de davantage de moyens aujourd'hui. A la fois pour
répondre aux besoins croissants des sportifs de tous les
jours mais aussi pour aider nos sportifs d'élite à tenir leur
place dans le concert international. La contribution de la
Société du Sport-Toto pour le sport suisse lors de ses 75 ans d'histoire fut, on
le sait, conséquente. Dans son son rôle, elle est devenue d'une certaine manière une bouée de sauvetage pour le sport suisse. Je remercie la SST pour tout
le labeur accompli. Le développement du sport commandera à l'avenir davantage de moyens et de professionnalisme. Tous les acteurs de la promotion du
sport seront placés devant de nouveaux défis. Je souhaite à la SST le même
succès pour les tâches à venir.
Matthias Remund, directeur de l'Office fédéral du sport (OFSPO)
49
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«La SST permet au sport suisse de rester jeune»
A
75 ans, la SST permet au sport suisse de rester
jeune. Elle est plus que jamais le fondement du sport
qui peut offrir à la population d’immenses satisfactions.
Je tiens non seulement, au nom de l’Association Suisse
de Football, à féliciter la SST pour son jubilé mais aussi
à la remercier. Depuis des années, l’ASF utilise la manne
de Swisslos et de la Loterie Romande pour favoriser la
relève. Nous avons besoin de moyens pour encadrer nos
juniors par des entraîneurs et par des arbitres compétents. Je rappelle que
chaque week-end, 300 000 joueurs et joueuses disputent près de 10 000
matches sous l’égide de l’ASF.
Peter Gilliéron, président de l’Association Suisse de Football (ASF)
La clé de répartition des revenus 2008–2012*
Millions
Total
35
30
25
20
15
10
5
0
Année
2008
2009
2010
2011
2012
2008
Total
31 704 435
32 166 995
32 616 125
32 144 345
33 145 152
Swiss Olympic
2009
Swiss
Olympic
24 256 504
24 621 926
24 976 739
24 604 033
25 394 670
Aide Sportive
2010
Aide
Sportive
1 000 000
1 000 000
1 000 000
1 000 000
1 000 000
ASF/SFL
2011
ASF/SFL
4 298 621
4 363 379
4 426 257
4 360 208
4 500 321
SIHF
2012
SIHF
2 149 310
2 181 690
2 213 129
2 180 104
2 250 161
* La création de Swisslos a conduit à une nouvelle orientation dans la répartition des fonds lors des
années de transition 2003–2007. Pour cette raison, ce sont les chiffres des années 2008– 2012
qui ont été retenus pour les clés de répartition.
50
Swiss Football League
Année de la fondation: 1933
Président: Heinrich Schifferle
Siège. Maison du Football Suisse à Muri
La création de la Ligue Nationale en 1933
a provoqué très vite des situations confl ictuelles au sein de l’Association Suisse de
Football (ASF). Les clubs de l’élite ont
voulu défendre leur pré carré face aux clubs
des séries inférieures. Fort heureusement,
la décision de doter l’ASF d’une structure
tricéphale, une décision encouragée par la
Ligue Nationale, a aidé à restaurer un climat plus serein.
Après 70 éditions du championnat de LNA
– la LNB a vu le jour en 1944 –, les clubs
ont décidé en juin 2003 d’abandonner le
terme de Ligue Nationale pour créer la
Swiss Football League (SFL). Troisième
force de l’ASF avec la première Ligue et la
Ligue amateur, la SFL assume l’organisation des deux championnats professionnels,
deux championnats à dix équipes qui sont
la Raiffeisen Super League (l’ancienne
LNA) et la Brack.ch Challenge League
(l’ancienne LNB).
Utilisation des fonds
La Swiss Football League distribue l’argent du Sport-Toto pour soutenir la politique de formation menée par ses clubs de
la Raiffeisen Super League et de la Challenge League. On rappellera que près de
60 entraîneurs professionnels œuvrent au
sein des vingt clubs de la SFL dans le secteur de la formation. On rappellera aussi
que la formation «made in Switzerland» a
été érigée en modèle dans plusieurs pays.
La contribution de la Société du Sport-Toto est vitale pour que cette politique continue à porter ses fruits. On ne compte pas
les joueurs formés en Suisse qui ont réussi
ces dernières saisons le grand saut dans les
grands championnats étrangers. On n’a
pas oublié surtout les succès des sélections
juniors, le titre européen des M17 en 2002,
la victoire à la Coupe du monde M17 en
2009 au Nigeria et la place de finaliste à
l’Euro M21 au Danemark en 2011 qui a
permis à la Suisse de participer aux Jeux de
Londres l’année suivante.
Swiss Ice Hockey
Année de la fondation: 1908
Président: Marc Furrer
Siège: Hagenholzstrasse 81, Zurich
Il a fallu attendre près de quatre-vingt ans,
jusqu’en 1983 pour être précis, pour que
des matches de hockey sur glace figurent
sur les coupons du Sport-Toto. La Ligue
Suisse de Hockey sur Glace (LSHG), appelée depuis 2001 Swiss Ice Hockey Association, a regroupé la Ligue Nationale et la
Regio League. Depuis septembre 2011,
toutes ces entités forment la Swiss Ice
Hockey Federation (SIHF). Après n’avoir
obtenu pendant des années que des contributions modestes, le hockey suisse reçoit
désormais chaque année de la part la Société du Sport-Toto une manne de plus de 2
millions de francs.
Des sportifs suisses qui réussissent: les
équipes nationales de football et de
hockey sur glace ainsi que Patrik
Schwarzenbach, un espoir de la natation
(de haut en bas).
Utilisation des fonds
La Swiss Ice Hockey Federation verse la
contribution du Sport-Toto à la relève. Ces
dernières années, la mise sur pied des labels Elite A et Elite B a permis un saut de
qualité évident dans la politique de formation. Formateur reconnu et aujourd’hui directeur du sport d’élite au sein de la SIHF,
Ueli Schwarz «pilote» les 14 équipes Elite
A et les 13 équipes Elite B. 5 pour cent de
l’argent du Sport-Toto sont attribués à des
projets pour le sport de masse. Un pourcentage revient également au soutien des
activités des équipes nationales juniors.
51
Toto, Loto, Joker –
Quels types de jeux?
Au début, les paris sur les résultats de football – le Sport-Toto –
occupaient tout le marché. Ce jeu n’a pas connu de concurrence
jusqu’en 1969. La donne a toutefois changé avec l’introduction de
la loterie à numéros et, dès l’année suivante, de plusieurs autres
formes de jeux. Voici un historique des paris sportifs et des jeux de
loterie en Suisse.
L
ors de la fondation de la Société du
Sport-Toto en 1938, il fallait parier à
partir d’une liste de douze rencontres de
football. Dès 1959/60, après une consultation parmi les participants, le nombre de
parties est passé à treize. A l’époque déjà,
un «1» signifiait une victoire à domicile, un
«X» un match nul et un «2» un succès pour
l’équipe visiteuse. Dans les années
soixante, des concours plus «faciles», avec
duels moins prestigieux sur lesquels miser,
permettaient de gagner de nouveaux prix,
comme des billets d’avion pour les Jeux
olympiques de Tokyo ou la Coupe du
monde de football 1966 en Angleterre. En
1968, il était possible pour la première fois
de miser durant toute l’année grâce à l’introduction de nouveaux coupons de parti-
52
La plus haute officine d’Europe de Loterie
et de Toto a été inaugurée en costume
d’ours polaire. On peut ainsi remplir son
coupon à 3454 m au-dessus du niveau
de la mer.
53
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«… que ce soutien perdure encore 75 ans»
L
e soutien des loteries envers le sport suisse découle
d’une longue tradition. Grâce aux bénéfices octroyés
par les loteries et les paris, nous espérons que ce soutien
perdurera encore … 75 ans. Nous avons besoin de cultiver un rapport très étroit avec le sport pour y parvenir. Je
remercie la Société du Sport-Toto pour son engagement
de tous les jours qui permet que ce lien entre les loteries
nationales et le sport suisse demeure toujours aussi solide.
Kurt Wernli, président de Swisslos
cipation. Dès 1973, la liste des paris est à
nouveau passée à douze matches, la Société du Sport-Toto espérant ainsi limiter la
baisse des participants. Le même argument a toutefois été avancé quelques années plus tard et, dès octobre 1978, il était
à nouveau possible de miser sur treize
matches. Nouveau changement en 1979,
avec l’intégration de rencontres de hockey
sur glace. Depuis le 2 mars 2009, ce
concours du Sport-Toto traditionnel est
connu sous la dénomination de «Totogoal».
Et en plus des paris sur les treize matches,
il faut désormais deviner le résultat d’une
partie particulière pour espérer décrocher
le Jackpot.
numéro complémentaire), empochant une
grosse partie des 809 970 francs de gains
totaux. En 1979, le Jackpot est apparu et il
fallait cocher 6 chiffres sur 42. Dès le 4
janvier 1986, il fallait désormais en choisir
6 sur 45.
Les tirages donnaient déjà lieu à l’époque à
un bel engouement, chacun comparant ses
combinaisons avec les autres joueurs. Les
gains étaient attribués dès que trois numéros étaient corrects. Quant au premier
millionnaire de la Loterie suisse, il a été
adoubé le 28 avril 1979. Depuis le 8 janvier
1997, un tirage a été ajouté le mercredi. Le
record en matière de gains est tombé le 10
mars 2010, quand un seul joueur a pu décrocher le Jackpot et empocher 35 millions
de francs. Au total, le jeu a fait jusqu'ici
plus de 800 millionaires. Dernière évolution en date, dès le 12 janvier 2013, le numéro Chance a remplacé le numéro complémentaire. En plus de 6 chiffres sur 42, il
faut choisir un numéro Chance compris
entre 1 et 6.
www.swisslotto.ch
le Toto-R. Ce concours consistait ainsi en
un mélange entre la chance (comme pour
la loterie à numéros) et une certaine habileté à prévoir six matches nuls sur 32 rencontres (6 sur 36 dès 1977, 6 sur 38 ensuite).
Le Toto-X s’inspirait des systèmes de paris
anglais «Treble Chance» ou allemand
«Auswahlwette». Le record en termes de
mises a été atteint en avril 1985, quand 2,6
millions de francs ont été joués. En mars
2009, le Toto-X a été définitivement arrêté.
Jackpot (1979–aujourd’hui)
Le Jackpot est entré en vigueur au milieu
des années 70. Il permettait d’augmenter la
somme en jeu, si personne ne parvenait à
faire un sans-faute lors du concours précédent.
Cet argent qui n’avait pas été attribué était
ainsi reporté sous la forme d’un Jackpot
pour les prochains concours. Ce système
ayant fait ses preuves avec le Sport-Toto, il
a été appliqué à la loterie à numéros dès
avril 1979. Aujourd’hui encore, s’il n’y a
pas de principal gagnant lors de plusieurs
concours, le Jackpot peut atteindre des
sommes considérables.
La Loterie suisse à numéros/Swiss
Lotto (1970–aujourd’hui)
Le premier tirage de la Loterie suisse à numéros a eu lieu le 10 janvier 1970. Le succès a été tout de suite au rendez-vous. Dès Toto-X (1975–2009)
la première année, 140 millions de francs En septembre 1975, le Toto-X a été introont été joués, soit le double que pour le duit. Il consistait à trouver six matches
Sport-Toto en 1969. Le jeu est simple nuls sur une liste de 32 rencontres, puis 36 Toto-Hit (1983)
puisqu’il faut cocher six chiffres sur un to- dès 1977. Malgré de bonnes connaissances En novembre 1983, ce concours a permis
tal de 40. Lors du premier concours, une en football, il était difficile de prédire les au Sport-Toto de grimper à nouveau auseule personne a trouvé la combinaison six matches nuls, étant donné que le fac- dessus du million de chiffre d’affaires. Il
gagnante (7, 8, 12, 17, 32, 40 et 24 comme teur chance était plus important que pour s’agissait ainsi du meilleur résultat depuis
54
l’introduction de la loterie à numéros en
1970. Un tel engouement a été rendu possible par l’octroi de gains spéciaux, comme
un lingot d’or d’un kilo avec le jeu intitulé
«Jean qui rit».
Avec parallèlement un système de rabais
(dès que l’on jouait six colonnes), la baisse
des revenus du Sport-Toto en 1983 s’est
transformée en une augmentation de 16,3
pour cent.
forme complémentaire du «Toto-R» pendant six concours, permettant de gagner
des prix alléchants en espèces et en nature.
Le «Super-Toto» a permis de donner une
nouvelle impulsion au Sport-Toto et, lors
du concours du 4 novembre 1989, 4,2 millions de francs ont été misés. L’Aide Sportive Suisse a profité de ce succès en touchant 800 000 francs au début, puis ensuite
un million. Le «Super-Toto» a été interrompu en 2008. Et depuis, l’Aide Sportive
Suisse touche chaque année un subside fixe
d’un million de francs de la part de la Société du Sport-Toto.
Toto-Fortuna (1986–2009)
En 1986, «Toto-Fortuna» a proposé pour
la première fois une variante simplifiée du
Sport-Toto. Ceux qui ne voulaient pas parier eux-mêmes sur les résultats pouvaient
le faire via un système informatique. Ils
pouvaient acheter une grille préétablie selon une certaine logique et l’utiliser pendant dix semaines maximum. Lors de promotions spéciales, il était possible de jouer Sporttip (2003–aujourd’hui)
quatre concours consécutifs sous l’appella- Le «Sporttip» a été lancé pour la première
tion «Toto-Fortuna Hit», avec à la clef des fois le 7 octobre 2003. Chaque jour, il est
prix en or.
possible de miser sur les matches proposés,
chacun disposant de sa propre cote. Il faut
miser entre 3 et 500 francs, les gains dépendant évidemment des cotes des matches choisis. Par exemple, il y a davantage
d’argent à gagner en misant sur une équipe
qui n’est pas favorite ou en optant pour une
victoire à l’extérieur. Avec le «Sporttip set»,
il est possible de faire des paris groupés
avec des combinaisons de trois à dix matJoker (1988–aujourd’hui)
Le «Joker» a été introduit le 18 juin 1988 à ches. Pour que le «set» soit gagnant, il faut
l’occasion des 50 ans de la Société du que tous les paris soient corrects.
Sport-Toto. Pour deux francs, il est devenu Depuis quelque temps, il est aussi possible
possible de cocher son bulletin de loterie de parier avec une (Single) ou deux (Doubou de Sport-Toto pour se donner une le) combinaisons. Avec «Sporttip one», inchance supplémentaire. Ce Joker consiste à troduit en mai 2004, il est possible de mitrouver les derniers chiffres d’un nombre à ser sur des événements particuliers,
six chiffres. Si les deux chiffres terminaux comme par exemple le premier buteur de la
sont corrects, cela rapporte 10 francs. Puis, partie, le nombre de goals durant la ren100 francs pour trois chiffres, 1000 francs contre, le score à la mi-temps, le vainqueur
pour quatre, 10 000 pour cinq. Celui qui d’un Grand Prix de Formule Un ou encore
possède les six chiffres sur son bulletin le gagnant de la Ligue des Champions. Par
touche le Jackpot. Un Extra-Joker a été in- ailleurs, le «Sporttip» est depuis ses débuts
troduit en octobre 2001, avant d’être arrêté en 2001, à l’époque sous le nom de «MiniOddset», un concours mobile avec des paren avril 2009.
tenaires comme la Raiffeisen Super
League, le SwissTopSport et la Fête fédérale de lutte. Durant ces différents événeSuper-Toto (1989–2008)
Cette offre a été lancée à l’automne 1989 ments, il est possible de parier sur le site
comme action commune avec l’Aide Spor- même de la compétition.
tive Suisse. Le «Super-Toto» a été une www.sporttip.ch
55
Euro Millions (2004–aujourd’hui)
Swisslos et la Loterie Romande participent
dès le 8 octobre 2004 à l’Euro Millions aux
côtés de huit autres pays européens (Angleterre, Irlande, Belgique, Luxembourg,
France, Autriche, Espagne et Portugal).
Le tirage a lieu chaque vendredi, et chaque
mardi depuis mai 2011. Ce jeu consiste à
choisir 5 chiffres entre 1 et 50, ainsi que 2
étoiles numérotées de 1 à 11. Et celui qui
parvient à la bonne combinaison est assuré
de devenir multimillionnaire. La probabilité de se retrouver aux premiers rangs de
l’Euro Millions est naturellement plus
faible que pour la loterie suisse à numéros,
mais les gains y sont significativement supérieurs.
Le Jackpot démarre en règle générale autour des 20 millions de francs. Mais il peut
monter beaucoup plus haut. Ainsi, le 12
août 2012, un couple anglais a décroché
quelque 230 millions de francs. En Suisse,
le plus haut gain à ce jour se monte à 99
millions de francs, remportés en 2005.
Avec deux seuls résultats corrects, il est
possible d’avoir un petit gain. A noter que
dès le 20 novembre 2010, le «Super-Star» a
été également introduit pour l’Euro Millions en Suisse, de quoi offrir des chances
supplémentaires de gagner.
www.euromillions.ch
L’histoire
des sociétés
Lorsque la Société du Sport-Toto a été fondée le 18 août 1938, il
existait déjà en Suisse la Loterie Romande, la loterie intercantonale
et la loterie SEVA à Berne. Autant d’organismes qui ont évolué dans
un environnement de concurrence et de coopération.
comme siège principal. A l’époque, son
objectif consistait principalement à financer l’Exposition nationale à Zurich. Le 25
juin 1969, l’ILL s’est associée avec la Loterie Romande, la SEVA et la Société du
Sport-Toto (SST). Au début, la SST s’ocLa loterie intercantonale (ILL/ILG)/
cupait du développement technique des
Loterie intercantonale Swisslos
Dix-huit cantons alémaniques (sans Berne jeux de loterie dans toute la Suisse et bénéqui avait déjà fondé la loterie SEVA) ainsi ficiait d’une garantie de droits concernant
que le Tessin ont fondé la loterie intercan- les bénéfices, dont elle redistribuait une
tonale (ILL) le 26 juin 1937, avec Zurich part de 25 pour cent aux cantons et aux fé-
56
dérations sportives. Le 1er janvier 2003,
l’ILL, la SEVA et le secteur opérationnel
de la SST ont fusionné pour devenir la
«Loterie intercantonale Swisslos», qui est
toujours active aujourd’hui. Ses bénéfices
sont reversés aux cantons alémaniques et
au Tessin à des fins d’utilité publique (y
compris pour le sport de masse) ainsi qu’à
la Société du Sport-Toto qui utilise ces
fonds pour soutenir le sport national.
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Des liens très étroits depuis 1938»
L
a Swiss Football League félicite la Société du SportToto pour le jubilé de son 75e anniversaire. La SST et
le football suisse ont tissé des liens très étroits depuis
1938. Grâce à la contribution de Swisslos et de la Loterie Romande, les clubs de la Swiss Football League ont
été en mesure de mener une politique de formation qui a
porté ses fruits. Et qui augure d’un avenir radieux. Nous
vous remercions pour votre efficacité et votre fidélité.
Heinrich Schifferle, président de la Swiss Football League (SFL)
La Loterie Romande (LoRo)
La «Société de la Loterie de la Suisse Romande» – la Loterie Romande – a été fondée le 21 août 1937 par les cantons de Vaud,
Fribourg, Valais, Neuchâtel et Genève. Le
canton du Jura les a rejoints lors de sa fondation en 1979. La Loterie Romande reverse l’intégralité de ses bénéfices, plus de
200 millions de francs par année, à l’utilité
publique par le biais des six Organes cantonaux de répartition. Une partie, 1/6e des
bénéfices, est également attribuée au sport.
La Loterie Romande exploite six jeux de
tirage (Euro Millions, Swiss Loto, LotoExpress, Trio Magic, Banco et Banco
Jass), trois jeux de pronostics («Sporttip»,
«Totogoal» et le PMU) et offre une quarantaine de billets à gratter. A noter que la
Loterie Romande a été en 1978 la première
à introduire le billet à gratter en Europe.
Ses billets, depuis, sont sans cesse l’objet
de relookage: ainsi, le plus célèbre d’entre
eux, le Tribolo, a connu plus de 400 habillages différents.
La Loterie Romande poursuit une politique de responsabilité sociale qui s’exerce
sur quatre piliers: la communauté, le jeu
responsable, les ressources humaines et
l’environnement. Depuis 2009, la Loterie
Romande détient la certification ISO
27001, qui atteste de la sécurité et de la
qualité des jeux proposés.
La loterie du canton de Berne (SEVA)
La société de loterie bernoise pour la protection des lacs, le développement des
communications et la création d’emplois
(acronyme SEVA en allemand) a été fondée en 1933. Elle a enregistré en 2000 le
bénéfice net record de son histoire, à 30,8
millions de francs. La dernière loterie purement cantonale a été dissoute en 2003
quand elle a été intégrée dans la «Loterie
intercantonale Swisslos ».
Intertoto/World Lottery Association
Après la Suède en 1934, la Suisse est le
deuxième pays à avoir fondé en 1938 une
société de paris sportifs soutenue par l’Etat
et sans but lucratif. Ont suivi la Finlande
en 1940, l’Italie, la Norvège et l’Espagne
en 1946, la Hongrie en 1947, l’Allemagne,
l’Autriche et le Danemark en 1948. Sous
57
l’impulsion d’Ernst B. Thommen, le directeur de longue date de la Société du SportToto en Suisse, plusieurs institutions européennes de Sport-Toto (Intertoto) se sont
associées en 1953. Leur siège se trouvait à
Bâle et leur premier congrès a eu lieu du 2
au 7 septembre 1953 à Bâle et Sion.
Quelques années plus tard, des organismes
non-européens les ont rejoints pour fonder
l’Association internationale des organisations de Toto et Loto. Une association qui
a ensuite fusionné en 1999 avec l’AILE
(Association internationale des loteries
d’Etat) pour devenir la «World Lottery
Association» (WLA), qui regroupe plus de
80 pays et dont le siège se trouve toujours à
Bâle.
Le lien
entre le sport
et la politique
L
a Société du Sport-Toto organise deLa Société du Sport-Toto entend aujourd’hui être le lien qui réunit
puis 2007 une plate-forme de discusle sport et la politique. La SST tient ainsi chaque année une platesion en collaboration avec le groupe sport
forme intitulée «Team Spirit» destinée aux parlementaires intéressés
du parlement. Cette plate-forme réunit
chaque année près de 180 intervenants des
par le sport. Elle leur permet de débattre de la thématique du sport.
deux mondes politique et sportif.
La SST a, par ailleurs, l’honneur de diriger le FC Conseil national,
Cette plate-forme se déroule le premier
mardi de la session d’hiver. Elle suscite un
cette équipe qui permet aux parlementaires d’exprimer tout leur
réel intérêt de la part du Conseil fédéral.
talent balle au pied.
Ainsi, Samuel Schmid l’a suivie en 2007 et
2008, Uli Maurer en 2009, 2010 et 2011 et
enfin Didier Burkhalter en 2012.
Peter Schönenberger et Roger Hegi, respectivement président et directeur de la
SST, conduisent cette plate-forme avec le
concours de Jürg Stahl, le président du
groupe sport du parlement. Team Spirit drier parlementaire. Les contacts et les Le cercle du Sport-Toto
s’est affirmé au fil des années comme un échanges se sont révélés particulièrement Sous la direction du conseiller aux Etats et
rendez-vous incontournable dans le calen- fructueux.
membre du Comité du Sport-Toto Paul
58
La Société du Sport-Toto organise depuis 2007 le «Team Spirit» (photo en bas à gauche).
Son directeur Roger Hegi est le coach du FC Conseil national, au sein de laquelle évoluent
Maya Graf, la présidente du Conseil national 2013, et Eric Nussbaumer.
nexe la plus agréable assignée à la SST. Le
FC Conseil national réunit des parlementaires de tous bords qui sont unis pour les
mêmes causes: le sport bien sûr, mais aussi
le fair-play et le respect.
Après sa victoire en Allemagne, le FC
Conseil national disputera dans le cadre
des journées en faveur du sport handicap
une rencontre contre une sélection du
Le FC Conseil national
Roger Hegi ne porte pas seulement le Team Laureus/PluSport. Enfin lors du 75e
costume du directeur de la Société du anniversaire du Sport-Toto, le FC Conseil
Sport-Toto. Détenteur de la licence UEFA national aura enfin le redoutable honneur
Pro, il est également l’entraîneur du FC de rencontrer une sélection d’anciens
Conseil national. Cette équipe a participé grands joueurs suisses sur la pelouse mydu 9 au 13 mai 2013 à un tournoi internati- thique du Landhof de Bâle.
onal à Dresde qu’elle a d’ailleurs … remporté.
La gestion de cette équipe de Suisse des
parlementaires est sans doute la tâche anNiederberger, un groupe de près de 25 parlementaires sensibles à la problématique du
sport et de la loterie se réunissent deux fois
par année lors des sessions pour des échanges informels. Des représentants du mouvement sportif et des loteries sont conviés à
ces discussions.
59
«Assurer
le financement
du sport»
La fondation de la Société du SportRoger Hegi est le directeur de la Société du Sport-Toto (SST)
Toto n’aurait pas été possible sans
depuis le 1er mai 2004. Aujourd’hui âgé de 57 ans, cet homme
l’extraordinaire détermination de
qui fut un footballeur de grand talent peut se prévaloir d’une
quelques hommes. Que vous inspirent
ces véritables pionniers?
expérience très riche avec sa carrière d’entraîneur et son mandat
Roger Hegi: Ils ont très vite compris qu’un
de CEO du FC Bâle. Dans cette interview, Roger Hegi revient
jeu simple qui procurait énormément de
plaisir aux gens pouvait être une bénédicsur le passé de la SST et évoque bien sûr les perspectives qui
tion non seulement pour le football mais
s’offrent à elle.
aussi pour l’ensemble du mouvement sportif en Suisse. Cette idée des paris sportifs
n’était pas nouvelle, mais ces pionniers ont
su contourner tous les obstacles et faire fi
également de certaines jalousies. Ils ont su Le principe d’aider le sport par ce désir na- La Société du Sport-Toto a pu compter
aussi donner une identité nationale au turel qui peut pousser les gens à parier ou à sur des appuis très importants dans
Sport-Toto.
jouer à la loterie demeure toujours aussi le monde politique lors de sa création.
ancré. Le monopole et le contrôle de l’Etat Ces liens sont toujours aussi forts
qui avaient été actés il y a 75 ans furent des aujourd’hui. Quel est leur importance?
Que reste-t-il aujourd’hui de cet
choix judicieux qui perdurent aujourd’hui. Quand nous parlons de la situation achéritage de 1938?
60
L'avocat Roger Hegi, ancien joueur, entraîneur et CEO de clubs suisses, assume depuis mai
2004 la direction de la Société du Sport-Toto. Il est également l’entraîneur de la formation de
1ère Ligue du BSC Old Boys Bâle.
tuelle, nous évoquons bien sûr Swisslos et
la Loterie Romande. L’introduction de la
loterie à numéros en 1970 a changé la
donne. Nous sommes passés dans une
autre dimension. Les chiffres n’étaient
plus les mêmes qu’avec le seul Sport-Toto.
La SST a pu compter sur le soutien de la
Confédération et des cantons pour préserver l’idée que les bénéfices reviennent au
sport, à la culture et au bien commun.
Nous avons toujours pu compter sur une
majorité pour servir cette cause. Aujourd’hui, nous œuvrons sans cesse avec
cette majorité pour préserver ce modèle de
répartition et chercher de nouvelles ressources.
L’argent du Sport-Toto a permis au
sport suisse de réaliser de grandes
choses lors de ces dernières décenlors, Swisslos et la Loterie Romande
nies, notamment sur le plan des
distribuent chaque année plus de
infrastructures. Avec le recul, quel
550 millions de francs au bien comregard portez-vous sur tous ces
mun, dont 130 au mouvement sportif.
projets qui ont été réalisés?
Que signifient ces chiffres pour le
Pour l’époque, ce furent des projets ma- développement du sport suisse?
gnifiques. La contribution du Sport-Toto Pour la relève et le sport de masse, cet arn’était pas qu’un appoint mais bien la gent, qui revient aux clubs et aux fédéramanne sans laquelle rien n’aurait été pos- tions par le biais des fonds cantonaux, a
sible. On a de la peine à réaliser au- une énorme importance. Il a permis de
jourd’hui que la Coupe du monde 1954 en réaliser de nombreux projets dans les canSuisse n’aurait peut-être pas pu voir le jour tons, le financement d’installations, l’achat
sans la contribution du Sport-Toto.
de matériel, le soutien d’activités qui
doivent être à la base du sport. Sans cet apport, ces projets seraient difficiles à mener
De 1938 à 2002, la Société du Sportdans la mesure où il n’est pas aisé de trouToto a distribué près de 2 milliards de
ver d’autres financements pour le sport de
francs aux cantons, à Swiss Olympic,
masse. Ces contributions apportent une
aux autres organisations faîtières du
sport suisse et aux fédérations. Depuis aide nécessaire à la réalisation de nouveaux
61
projets. Le sport de masse et la relève bénéficient quant à eux du soutien de la Confédération et des communes. Le sport
d’élite vit, pour sa part, du sponsoring de
l’économie privée. Mais une grande partie
des 25 millions de francs qui reviennent à
Swiss Olympic grâce aux bénéfices de
Swisslos et de la Loterie Romande est attribuée aux Fédérations qui œuvrent pour
le sport d’élite.
Cet argent sera-t-il toujours là
demain? Les sociétés étrangères de
paris sportifs ne sont-elles pas en
passe d’attaquer le marché suisse?
Le marché a bien changé depuis que je suis
à la tête de la Société du Sport-Toto, soit en
neuf ans. La concurrence est devenue très
féroce. C’est aujourd’hui un business impitoyable qui brasse des milliards et dont
certains acteurs sont particulièrement
agressifs. Il y a tellement d’argent en jeu.
Un tel tableau n’est pas idyllique avec les
soupçons des matches truqués et de blanchiment. Internet n’a pas de frontière. Il
permet à des opérateurs illégaux d’attirer
en son sein des clients suisses. Il n’est donc
pas aisé pour nous, organisation étatisée,
de nous profiler dans un tel maelstrom. En
raison du cadre juridique dans lequel nous
devons œuvrer, il est évident que le «Sporttip» ne peut pas offrir le même attrait que
les opérateurs online. Malgré tout, je demeure convaincu que Swisslos et la Loterie
Romande auront toujours leur place sur ce
marché. Et qu’ils pourront encore, avec
leurs bénéfices, soutenir le sport, la culture
et le bien commun.
Depuis dix ans, on évoque la révision
de la loi sur les loteries qui a été
promulguée le 8 juin 1923. En 2013,
en cette année du jubilé de la Société
du Sport-Toto, où en est-on à ce sujet?
Nous sommes très heureux que le contreprojet à l’initiative «Pour des jeux d’argent
Le directeur Roger Hegi devant le siège
de la Société du Sport-Toto au 10 de la
Lange Gasse à Bâle.
62
75 ans Société du Sport-Toto: Félicitations!
«Un des piliers du sport suisse»
L
a Société du Sport-Toto est l’un des piliers du sport
suisse. Je suis heureux que la SST œuvre aux côtés
de l’Aide Sportive dans la promotion du sport. Grâce au
million de francs versé chaque année par la SST, nous
pouvons aider plusieurs centaines de jeunes sportifs à
atteindre leurs objectifs. Chaque année, certains d’entre
eux parviennent à signer des exploits lors des grands rendez-vous qui véhiculent dans tout le pays des émotions
particulières. Ces espoirs sont devenus des modèles que nous avons eu le
bonheur d’accompagner durant leur carrière. Merci à la SST pour son soutien
précieux et indéfectible.
Max Peter, président de la Fondation de l’Aide Sportive Suisse
sport sur le bien-fondé des règles actuelles
des loteries, de les convaincre de la pertinence d’offrir une meilleure répartition des
bénéfices en faveur du sport, de leur montrer que bien des manifestations sportives
ne pourraient pas voir le jour sans l’argent
des loteries. Comme une évidence qu’il
convient de rappeler sans cesse.
Ainsi la Société du Sport-Toto distribue une partie des bénéfices des
deux loteries à Swiss Olympic, à l’Aide
Sportive Suissse, à l’Association
Suisse de Football et à la Swiss Ice
Hockey Federation.
Une tâche très importante que nous devons
mener avec une communication plus offensive. Il fut un temps où les contributions du
Sport-Toto ne figuraient pas dans les bilans annuels des fédérations. Personne ne
savait d’où venait l’argent. Et pourtant, on
ne parlait pas de petits montants. Nous
nous sommes livrés à un grand travail d’explication pour mieux nous profiler comme
un acteur essentiel du sport national. Nous
avons aussi gagné en visibilité avec, chaque
année, une remise de chèque symbolique
aux bénéficiaires.
principe. Qu’il aime aussi jouer. Dans les
pays nordiques, d’où l’idée de la répartition
vers le bien commun est venue, les loteries
rencontrent encore aujourd’hui un très
grand succès. On peut effectivement évoquer ce terme de solidarité.
Votre engagement sur la scène
politique est bien sûr marqué par votre
La Société du Sport-Toto n’assume
casquette d’entraîneur du FC Conseil
plus aucune fonction opérationnelle.
national. Quelle importance revêt cette
Quel rôle joue-t-elle aujourd’hui aux
fonction pour le directeur de la SST?
En raison de mon passé de footballeur, je
côtés de Swisslos et de la Loterie
ne pouvais pas vraiment me dérober. Je
Romande?
Après la cessation de nos activités opéra- suis heureux de permettre à nos politiciens
tionnelles en 2003, la question de l’avenir d’évacuer un peu le stress de sessions parlede la Société du Sport-Toto s’est posée. Les mentaires en tapant dans un ballon. Lors
cantons ont émis clairement le vœu que la de chaque session, nous avons rendez-vous
SST soit l’institution responsable de la ré- le mardi soir pour un match. Un rendezpartition de l’argent vers le mouvement vous convivial où l’on ne parle pratiquenational sportif: Swiss Olympic, l’Aide ment jamais de politique. Le grand renSportive, l’ASF, la SFL et Swiss Ice Hoc- dez-vous de l’année est le tournoi
key Federation. Le transfert des fonds des international parlementaire qui oppose la
loteries en faveur du sport est aujourd’hui Suisse à l’Allemagne, l’Autriche et à la Finla mission principale de la SST. Elle com- lande. Notre rêve est bien sûr de battre
prend aussi le contrôle de l’utilisation de l’Allemagne.
Le résultat de ce vote de mars 2012
ces fonds en regard des contrats triennaux
démontre que le peuple est très
attaché à l’idée que les loteries doivent qui ont été conclus. La SST tient égale- La SST a été fondée le 18 août 1938.
ment un rôle important pour faire le lien A la même date cette année, vous
servir la cause du bien commun. Une
entre les représentants du sport national, fêterez le jubilé des 75 ans au stade
solidarité typiquement «helvétique»?
Ce système de répartition vers le bien com- des loteries et du monde politique. Dans du Landhof à Bâle. Quel message
mun fonctionne depuis 75 ans. On peut en cette optique, nous nous efforçons de sen- entendez-vous porter pour l’avenir de
déduire que le peuple suisse adhère à ce sibiliser les politiciens qui sont proches du la SST?
au service du bien commun» ait été approuvé à 87 pour cent par le peuple en mars
2012. Depuis ce vote, un groupe de travail
planche sur la révision de cette loi et rendra
un premier rapport au printemps 2014.
Etre partie prenante dans cette aventure
est passionnant. Mais nous mesurons bien
que le chemin peut être parfois long en politique. Cette nouvelle loi ne verra pas le
jour avant 2018. Elle sera marquée par
l’ouverture partielle du marché online et
par l’intégration de nouveaux jeux. Le
principe d’une seule loi pour tous les jeux
d’argent, casinos, loteries et paris, est également acquis. Les cantons conserveront
toutes leurs prérogatives. Les régulateurs
joueront toujours pleinement leur rôle.
Leur position sera même renforcée pour
combattre tous les excès. Cette nouvelle loi
assurera la pérennité d’un système qui
nous a permis, qui nous permet de soutenir
le sport suisse.
63
L’ambition de la Société du Sport-Toto est
de militer pour que les loteries servent toujours le bien commun. Pour qu’elle puisse
assurer toujours le financement du sport et
pourquoi pas l’augmenter. La nouvelle loi
sur les loteries nous permettra de bénéficier d’un cadre défini pour les dix à quinze
années à venir. Dans un marché aussi dynamique, on ne peut pas envisager des
cycles plus longs.
L’équipe de la Société du Sport-Toto en
cette année 2013 du jubilé (de droite à
gauche): Roger Hegi (directeur), Sabina
Völlmy (assistante du directeur), Kathrin
Jakob (chef communication) et Daniel Näf
(communication).
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Impressum
Société du Sport-Toto
75 ans au service de la promotion du sport
Editeur:
Société du Sport-Toto, Lange Gasse 10,
4002 Bâle
www.sport-toto.ch
Conception, rédaction, production:
rotweiss Verlag GmbH, Steinenring 60,
4054 Bâle
www.rotweiss.ch
Textes: Daniel Schaub
Graphique: Fabienne Steiger
Imprimeur: Reinhardt Druck, Bâle
Sources
Archives de la Société du Sport-Toto, Bâle
Archives de l’Association Suisse de Football,
Muri
Brochure des 20 ans de la Société du Sport-Toto
(1958), Bâle
Brochure des 25 ans de la Société du Sport-Toto
(1938–1963), Walter Schäublin, Max Ehinger et
d’autres auteurs
Brochure des 50 ans de la Société du Sport-Toto
(1938–1988), Max Pusterla et d’autres auteurs
Photos
Archives de la Société du Sport-Toto (photos
historiques: Foto Dierks, Hans Bertolf, Bâle)
PMS Dialog AG, www.pms-dialog.com (Logo)
Société du Sport-Toto, Bâle (photos actuelles,
Team Spirit, FC Conseil national)
Archives du Canton de Bâle-Ville
(photo page 17, en bas, Hans Bertolf,
BSL 1013 1-2002_0001_b)
«ARGE Naturarena Rotsee» (photo page 31)
PPR Media Relations, Zurich (photos page
51, avec l’approbation de l’ASF et de la SIHF)
Swiss Olympic (photo page 51)
Dominic Plüss (interview Roger Hegi, table
ronde Max Pusterla, Raymond Simonet)
www.photopluess.ch
«Risquer et jouer pour le sport suisse»
Telle fut l’idée qui a conduit à la création de la Société du
Sport-Toto le 18 août 1938 à Bâle. Une idée simple – parier sur les résultats des matches de football – qui a énormément aidé au développement du sport dans notre pays.
Sans les bénéfices de la Société du Sport-Toto, de nombreux projets n’auraient jamais vu le jour. On pense à la
Haute école fédérale de sport de Macolin, aux stades bâtis
pour la Coupe du monde 1954, à la Maison du Sport de
Berne, au Centre d’aviron du Rotsee ou au Centre de ski
nordique de Kandersteg. 75 ans plus tard, la Société du
Sport-Toto s’est établie comme un important organisme
de redistribution pour Swiss Olympic, les fédérations
suisses de football et hockey sur glace et l’Aide Sportive,
mais aussi comme lien entre les sociétés de loterie Swisslos
et la Loterie Romande, les cantons, le sport national et la
politique nationale. L’histoire de la Société du Sport-Toto
est très riche. Elle mérite d’être décrite avec cette brochure publiée pour marquer ce 75e anniversaire.
www.sport-toto.ch
Société du
Sport-Toto
75 ans au service
de la promotion du sport