Fiche de lecture - Marie Baranger - Le grand basculement
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Fiche de lecture - Marie Baranger - Le grand basculement
Observatoire du Management Alternatif Alternative Management Observatory __ Fiche de lecture Le grand basculement La question sociale à l’échelle mondiale Jean-Michel Severino & Olivier Ray 2011 Marie Baranger – Décembre 2013 Majeure Alternative Management – HEC Paris – 2013-2014 Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 1 Le Grand Basculement La question sociale à l’échelle mondiale Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre du cours « Grands défis », donné par Hubert Bonal au sein de la Majeure Alternative Management, spécialité de troisième année du programme Grande École d’HEC Paris. Odile Jacob, Paris, Septembre 2011. Résumé : Jean-Michel Severino et Olivier Ray proposent une analyse globale du nouvel ordre mondial qui se profile. Au détour de portraits de nouveaux acteurs du changement et d’anonymes pourtant représentatifs des nouvelles règles économiques et sociales, les deux auteurs dégagent les traits caractéristiques de la nouvelle « globéconomie » et de ses conséquences sociales, positives et négatives. Le 21ème siècle se dévoile, symbolisé par une inversion des pôles et l’avènement du Sud comme nouveau pôle de croissance économique et démographique, et sur qui reposent de nombreux enjeux d’avenir de la planète. En analysant et prenant en compte les nouvelles composantes du monde, les auteurs proposent des solutions pour une planète viable des points de vue économique, environnemental et social, afin de construire une nouvelle mondialisation. Mots-clés : Consommation, Remondialisation, Sud. Déséquilibres, Inégalités, Inversion des pôles, Nord, The big tipping point The social question at global scale This review was presented in the “Grands défis ” course of Hubert Bonal. This course is part of the “Alternative Management” specialization of the third-year HEC Paris business school program. Odile Jacob, Paris, Septembre 2011. Abstract : Jean-Michel Severino and Olivier Ray release a comprehensive analysis of the new global arrangement. Through new changemakers’ and anonymous – though representative of the new economic and social order – stakeholders’ portraits, the authors highlight the characteristics of the “globeconomy” and its social consequences, should they be positive or negative. The 21st century is taking place, epitomized by an inversion of the poles and the advent of the South as the new center for economic and demographic growth, and on which rely the new future stakes of the planet. Taking into account the components of this new global arrangement, the authors offer creative solutions for a viable planet from economic, environmental and social points of view, in order to build a new globalization. Key words : Consumption, Imbalances, Inequalities, New globalization, North, Pole inversion, South. Charte Ethique de l'Observatoire du Management Alternatif Les documents de l'Observatoire du Management Alternatif sont publiés sous licence Creative Commons http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/ pour promouvoir l'égalité de partage des ressources intellectuelles et le libre accès aux connaissances. L'exactitude, la fiabilité et la validité des renseignements ou opinions diffusés par l'Observatoire du Management Alternatif relèvent de la responsabilité exclusive de leurs auteurs. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 2 Table des matières 1. Les auteurs et leur œuvre ................................................................................................. 4 1.1. Brèves biographies....................................................................................................... 4 1.2. Place de l’ouvrage dans la vie des auteurs ................................................................... 5 2. Résumé de l’ouvrage......................................................................................................... 6 2.1. Plan de l’ouvrage ......................................................................................................... 6 2.2. Principales étapes du raisonnement et principales conclusions ................................... 8 3. Commentaires critiques.................................................................................................. 14 3.1. Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage ........................................................................... 14 3.2. Avis de l’auteur de la fiche ........................................................................................ 15 4. Bibliographie des auteurs.................................................................................................. 16 5. Références ........................................................................................................................... 17 Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 3 1. Les auteurs et leur œuvre 1.1. Brèves biographies Jean-Michel Severino Jean-Michel Severino est gérant d’Investisseurs et Partenaires (I&P), un fond d’investissement créé en 2002, ayant pour vocation d’investir dans des Petites et Moyennes Entreprises (PME) africaines, dans une vision sociétale, sans perdre de vue l’efficacité économique. Jean-Michel Severino a été auparavant Inspecteur Général des Finances et Directeur Général de l’Agence Française pour le Développement (AFD) de 2001 à 2010. Il est également co-fondateur du blog Idées pour le développement depuis 2007 qui relaie les réflexions sur des problématiques de développement de professionnels engagés. Jean-Michel Severino est diplômé de l’ESCP Europe (1978), l’IEP Paris (1980) et l’ENA (1984). Olivier Ray Olivier Ray est économiste spécialiste des relations internationales et travaille à la direction générale de l’AFD où il a collaboré avec Jean-Michel Severino. Ils ont écrit auparavant ensemble Le temps de l’Afrique (2010). Olivier Ray est diplômé de l’IEP Paris et de la School of International and Public Affairs de Columbia, à New York. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 4 1.2. Place de l’ouvrage dans la vie des auteurs L’ouvrage prend la forme d’un livre publié conjointement par Jean-Michel Severino et Olivier Ray, ayant tous deux travaillés à l’AFD. Ce livre s’inscrit dans la période suivant la crise financière de 2007 et analyse les déséquilibres mondiaux (démographiques, économiques, environnementaux et sociaux) qui ont donné lieu à un nouvel ordre international qui n’est plus viable, et nécessite des solutions vertueuses, à l’échelle mondiale. L’ouvrage se compose de 299 pages et prend la forme d’une analyse économique, politique et sociale internationale. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 5 2. Résumé de l’ouvrage 2.1. Plan de l’ouvrage Introduction PREMIÈRE PARTIE : Le grand basculement Chapitre 1 : L’inversion des pôles La grande roue de la croissance Mesure pour mesure Le désappauvrissement du monde La revanche des Sud Chapitre 2 : Le monde selon Monsieur Li Le cargo export Les softworkers Les serial renters La globéconomie Chapitre 3 : De l’inversion des raretés Le grand peuplement Quand l’infini s’épuise A l’ère de l’homme jetable DEUXIÈME PARTIE : Quand la croissance perd le Nord Chapitre 4 : La nouvelle question sociale De l’inégalité parmi les hommes De « l’ascenseur » au « descendeur » social La colère du monde Chapitre 5 : Aux racines de la crise économique Au temps où la cigale chantait Quand le pauvre prête au riche Lorsque la bise fut venue Chapitre 6 : Si la nature s’en mêle Nouvelles ruées vers l’or Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 6 Faim du monde Surrégimes TROISIÈME PARTIE : Le premier homme Chapitre 7 : Inventer le premier homme Le monde selon les autres Eliminer les mauvaises réponses Les enjeux de l’action hypercollective Chapitre 8 : Réinverser les raretés Rendre à l’homme sa valeur Conduire une « politique de la nature » QUATRIÈME PARTIE : Démondialisation, altermondialisation, remondialisation Chapitre 9 : Rendre leur rôle aux marchés intérieurs En route vers de nouveaux déséquilibres Ressusciter Beveridge Enterrer Ricardo Chapitre 10 : Bâtir un filet de sécurité sociale mondial Le droit à la dignité Une contrepartie sociale à la mondialisation Tous ruinés dans dix ans ? Conclusion : une nouvelle donne Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 7 2.2. Principales étapes du raisonnement et principales conclusions Les évolutions démographiques, économiques, sociales et environnementales du 20ème siècle révèlent, avec un certain recul, le grand basculement ayant eu lieu au Nord comme au Sud. Jean-Michel Severino et Olivier Ray s’attachent à étudier les différentes composantes de ce renversement mondial, l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, avant d’exposer leur vision pour notre société, reposant sur une « remondialisation ». Le basculement économique Le changement le plus notable repose probablement dans le basculement économique s’étant opéré au cours du vingtième siècle. Alors que les pays industrialisés avaient préconisé des modèles de développement radicaux aux pays en développement dans les années 1980, via le Consensus de Washington, force est de constater que le développement des pays émergents ne repose en rien sur ces théories. Les pays émergents ont ainsi accédé à une phase de croissance continue, qui avait permis le développement des pays industrialisés, via des modèles extravertis pouvant être regroupés sous les quatre formes suivantes : • Le modèle du cargo export : repose sur le développement de chaînes de production nationales en essayant d’y incorporer toujours plus de valeur ajoutée, et dans le but d’inonder par la suite les marchés occidentaux de biens manufacturés ; • Le modèle des softworkers : il s’agit d’un modèle de croissance rapide, tiré par l’exportation de services, sans industrialisation massive, et reposant sur des investissements dans des systèmes d’enseignement supérieur de qualité ; • Le modèle de walkshop : consiste en l’exportation de travailleurs vers les pays industrialisés, permettant par la suite des transferts d’épargne de ces travailleurs vers leur famille restée au pays ; • Le modèle de serial renters : il concerne les pays exportateurs de matières premières. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 8 Le basculement social La population mondiale ayant connu une croissance exponentielle au 20ème siècle et permis aux pays du Nord de se développer, les pays du Sud tendent à considérer l’explosion démographique qu’ils connaissent comme une fenêtre d’opportunité en termes de développement, constituant ainsi une deuxième composante du basculement : le déplacement des centres de peuplement vers le Sud et l’émergence de géants démographiques. L’abondance humaine dans les pays émergents, qui constitue certes l’une des principales composantes du succès des modèles de croissance de rupture, a toutefois eu pour conséquence un troisième renversement : l’avènement du modèle de l’homme jetable. L’homme a perdu de sa rareté, notamment car les pays émergents peinent à absorber cette masse de travailleurs disponibles, et les entreprises peuvent ainsi se permettre de proposer des salaires bas et des conditions de travail précaires. La chute de la valeur de l’homme est l’une des principales raisons de la hausse des inégalités internes dans les pays émergents, mais ne peut être dissociée d’autres composantes. Ainsi, l’absence de redistribution des fruits de la croissance s’explique également par l’orientation de ces marchés vers l’international, négligeant ainsi les marchés internes, et l’érosion des ressources naturelles. Les pays industrialisés ne sont toutefois pas exclus de ce bouleversement social et les inégalités n’y manquent pas depuis l’avènement des théories libérales des années 1980 et la reconfiguration économique, dont la conséquence majeure fut la délocalisation de l’industrie. La nouvelle spécialisation des pays industrialisés vers la production de biens et services à forte valeur ajoutée génère ainsi chômage et inégalités car les capacités d’absorption du marché mondial pour ces biens sont trop faibles. Par ailleurs, le capital humain des pays industrialisés n’est pas optimisé pour ce nouveau modèle de croissance désindustrialisé, ce à quoi s’ajoute le vieillissement de la population, devenue plus réticente à une mutation professionnelle via des formations. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 9 Le basculement environnemental Les bouleversements économiques et sociaux ont rendu « l’homme moins rare que la nature ». L’activité humaine puise en effet sans relâche dans les ressources que nous fournit la planète. Le développement économique des pays industrialisés s’est ainsi fait aux dépends de la Terre, et a également pour conséquence les taux élevés de CO2 que nous constatons aujourd’hui. Cette croissance ayant permis le développement des sociétés des pays du Nord, il semble normal que les pays du Sud aspirent au même modèle. Or, aujourd’hui, l’empreinte écologique de l’humanité excède de 50% la biocapacité de la Terre, c’est à dire que notre planète aurait besoin d’une année et demie pour régénérer les ressources naturelles utilisées par l’homme et absorber le CO2 émis en une année. Nous nous dirigeons donc vers un épuisement des ressources naturelles et une destruction de notre environnement, et il paraît impossible que les pays du Sud se développent sur le même modèle, car nous irions droit dans le mur. Si certains utilisent les ressources naturelles comme moyens de production, d’autres en dépendent directement. En effet, pour une grande partie des plus pauvres, la nature constitue une source de revenus directs (agriculture, bois de chauffage, etc.), mais la rareté croissante des ressources qu’elle fournit pousse ces populations à l’exode rural et à leur accumulation dans des bidonvilles. Notre décennie a ainsi vu émerger un actif peu pris en compte auparavant : le foncier, dont le prix n’a d’ailleurs cessé de croître au cours des dernières décennies. Vers une « remondialisation » Nous sommes face à une nécessité de penser un nouveau mode de croissance durable et il nous faut échapper aux tentations du protectionnisme, du refus des migrations et de l’interventionnisme à outrance de l’Etat. En effet, pour les auteurs, il faut des échanges alimentaires et industriels pour pallier les répartitions injustes inhérentes à la planète. Par ailleurs, le nombre de migrants est en fait faible, comparé à la population nationale, et les pays de l’OCDE auront besoin de ces derniers face au vieillissement de leur population. Jean-Michel Severino et Olivier Ray encouragent donc la mise en place d’une migration qualifiée et circulaire, consistant à permettre Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 10 l’admission d’immigrés qualifiés et inciter à leur retour dans leur pays d’origine pour permettre une rotation (rendue impossible lorsque les immigrés restent au Nord par peur de ne plus pouvoir y retourner, s’il revenaient temporairement dans leur pays d’origine). En conclusion, les auteurs appellent à davantage de régulations, mais mettent en garde contre les velléités politiques qui pourraient être trop fortes et risquer de conduire à des totalitarismes. Pour ces derniers, une action hyper-collective est nécessaire : il faut réussir à faire converger les grandes organisations internationales afin de mener des politiques mondiales claires et de consolider les gouvernements locaux récipiendaires pour que ces derniers puissent utiliser efficacement les aides qu’ils reçoivent. Ils résument leurs propos par la phrase de Pascal Lamy : « La solution n’est pas de globaliser les problèmes locaux, […] mais de localiser les problèmes mondiaux ». Il faut donc œuvrer à l’élaboration de politiques mondiales, adaptées à chacun des pays. Taxer la nature et détaxer l’homme La « remondialisation » repose également sur l’enjeu humain : il faut rendre de la valeur à l’homme. Les politiques démographiques des pays émergents ont là un rôle important à jouer et les auteurs les incitent à développer le libre choix (par exemple, fourniture de contraceptifs et éducation des populations) plutôt que d’user de la coercition qui a eu nombre d’effets pervers. Les économies émergentes doivent également investir dans l’éducation afin de former leurs nouvelles masses de travailleurs, et devront mener de front des politiques économiques solides afin de pouvoir les absorber. Enfin, il faut conduire une politique de la nature, dans le but d’en refaire un facteur de croissance. Les auteurs suggèrent la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) et l’idée de taxer la nature pour en permettre un meilleur accès à tous, ce qui permettrait par ailleurs de rentabiliser l’utilisation de ressources alternatives dont les coûts seraient ainsi plus compétitifs. Ils suggèrent notamment l’établissement d’une taxe carbone qui inciterait à la transition écologique, mais devrait toutefois être compensée par une baisse des cotisations sociales. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 11 Il faut de plus donner un prix à la nature afin de la valoriser à hauteur du prix de la ressource et non à son prix d’accès (en prenant entre autres en compte le coût des gaz à effet de serre générés pour son extraction). De nouveaux modèles économiques Pour éviter une crise économique systémique, les auteurs relèvent deux défis principaux : • Transformer le mode de croissance des pays émergents en mettant un terme au modèle basé sur l’exportation, ce qui passerait par une réévaluation du taux de change, la constitution de systèmes de sécurité sociale et une politique budgétaire plus accommodante ; • Inventer de nouveaux modèles de développement pour les pays pauvres qui auront besoin de l’aide des pays émergents et industrialisés pour financer leurs infrastructures intérieures ainsi que les institutions sociales nécessaires. En ce qui concerne les pays industrialisés, les auteurs préconisent de : • « Ressusciter Beveridge » en réinvestissant dans l’éducation et en redonnant du poids et de la justice à l’impôt afin qu’il serve efficacement à régler la question sociale ; • « Enterrer Ricardo » : l’avantage comparatif des pays développés en termes de compétitivité de leurs travailleurs n’aura bientôt plus lieu d’être étant donné les investissements massifs des pays émergents dans l’enseignement supérieur. En revanche, les pays développés garderont l’avantage que constitue leur niveau de vie. Ils auraient donc également tout intérêt à se focaliser sur leur marché intérieur en développant leur « économie quaternaire »1, c’est à dire, des « activités couplant service et production de biens industriels » qui pourront aussi être exportés aux nouvelles bourgeoisies du Sud. L’Etat aura ici un rôle important à jouer pour assurer la mise en place de cette nouvelle économie, qui éviterait un grand basculement, au profit d’un « grand réarrangement ». 1 Concept développé par Michèle Debonneuil. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 12 Un « filet de sécurité global » La mondialisation ne continuera pas sans crise et ces dernières appelleront des revendications sociales qu’il sera vain de chercher à étouffer. Pour les auteurs, il est donc urgent d’intégrer les « perdants du système » et de construire un « filet de sécurité sociale global » pour atteindre « des standards minimaux de développement », dont on observe les prémices aujourd’hui dans le principe de l’Aide Publique au Développement (APD). L’an 2000 et l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) marquent par ailleurs un revirement de l’APD, non plus conceptualisée dans une logique d’investissements dans les pays en développement mais avec un objectif d’amélioration du niveau de vie des populations. Les OMD fixent ainsi les bases d’un « droit d’accès aux services essentiels et de son financement collectif ». Les OMD arrivant à échéance en 2015, nous devront repenser ces objectifs mondiaux du point de vue de leur portée juridique, qui se devra d’être supérieure, ainsi que de leur financement. Les auteurs émettent ainsi l’idée d’un système de taxation mondial qui solliciterait notamment les classes aisées des pays pauvres. En conclusion, pour les auteurs, nous devons « réinverser les raretés en rendant leurs véritables valeurs à l’homme et la nature » et penser un nouvel ordre mondial qui reposera sur deux piliers essentiels que représentent les questions sociales et environnementales mondiales. Ce changement doit avoir lieu maintenant, au risque qu’il nous rattrape bientôt, ce qui ne saurait se faire sans violence, et se doit d’être collectif, pensé par l’ensemble des acteurs du monde. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 13 3. Commentaires critiques 3.1. Avis d’autres auteurs sur l’ouvrage Le Grand Basculement, a, de manière générale été salué par la critique, tant économique que généraliste. L’ouvrage a ainsi reçu le 25ème prix Turgot du meilleur livre d’économie de l’année, en 2012. L’analyse réussit à ne pas être qu’économique et prend en compte les préoccupations démographiques, sociologiques, historiques et géopolitiques, donnant ainsi au lecteur une vision relativement complète et complexe de l’état du monde. Les critiques littéraires reconnaissent ainsi unanimement que l’ouvrage réussi à exposer de manière complète et intelligible l’ensemble des enjeux auxquels nous sommes et serons confrontés, des points de vue social, économique et environnemental. Il réussit ainsi la prouesse, que peu d’ouvrages font, de lier les différentes problématiques et d’en exposer les interconnexions et interdépendances. Certaines critiques regrettent que les idéologies économiques qui ont inspiré les auteurs ne soient pas davantage explicitées, d’autres estiment que l’ouvrage soulève davantage de questions qu’il n’y répond, mais dans l’ensemble, les critiques reconnaissent la justesse des propos tenus et la cohérence des raisonnements. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 14 3.2. Avis de l’auteur de la fiche L’analyse est en effet extrêmement complète : en retraçant l’histoire économique des 200 dernières années, et en la liant à la crise actuelle que nous connaissons, l’ouvrage donne au lecteur les moyens de comprendre notre situation actuelle et d’identifier les leviers de changement. En effet, Le Grand Basculement, tire pour beaucoup son mérite de son caractère généraliste. Il semble ne laisser aucune composante de la crise de côté et passe au crible ses différents aspects sociaux, environnementaux et économiques en en exposant les liens et impacts les uns sur les autres. Publié en 2012, l’ouvrage contribue à apporter une légitimité aux questions contemporaines portant sur notre système actuel, d’autant plus que ses auteurs se distinguent par leurs expériences académiques et professionnelles. Le Grand Basculement pose de nombreuses questions, mettant en lumières les paradoxes, impasses et défis auxquels nous faisons face, et esquisse des réponses qui permettent d’appréhender plus concrètement la « remondialisation » vers laquelle nous nous dirigeons. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 15 4. Bibliographie des auteurs Livres et articles co-écrits par Jean-Michel Severino et Olivier Ray. • 2011 - Le Grand basculement. Paris, Odile Jacob. • 2010 - Le Temps de l’Afrique. Paris, Odile Jacob. • 2009 – “The End of ODA (I): Death and Rebirth of a Global Public Policy”. Center for Global Development Working Paper #167. • 2008 - « Puissances émergentes : incontournables et fragiles partenaires », L’ENA hors les murs. Livres et articles écrits par Jean-Michel Severino • 2010 - Idées Reçues sur l'Aide au Développement. Paris, Le Cavalier Bleu. Avec J-M Debrat. • 2007 - L'Aide Publique au Développement. Paris, éditions La Découverte. Avec O. Charnoz. • 2008 – « Heart of Darkness », Emerging Markets. Avec D. Kaberuka. • 2008 - « La hausse des prix agricoles, une chance pour l'Afrique ? », Le Monde du 17 avril 2008. Avec J. Diouf. Ouvrage écrit par Olivier Ray • 2009 - “Strengthening Transatlantic Policy Coherence in Fragile States: Afghanistan as a Laboratory For Solutions”. Policy Brief, German Marshall Fund USA. Avec J. White. Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 16 5. Références Articles • Faujas A, « ‘’Le grand basculement’’ de Jean-Michel Severino et Olivier Ray : une ‘’remondialisation’’ vertueuse ? », Le Monde, 29 novembre 2011, http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/11/29/le-grand-basculement-de-jean-michelseverino-et-olivier-ray_1610714_3260.html • Meckaert J, « Le grand basculement. La question sociale à l’échelle mondiale », Revue Projet, 26 octobre 2012, http://www.revue-projet.com/comptes-rendus/le-grand- basculement-la-question-sociale-a-l%E2%80%99echelle-mondiale/ Sites Internet • Ideas4development, http://ideas4development.org/a-propos/ • Investisseurs et Partenaires, http://www.ietp.com/fr • Wikipedia, « Jean-Michel Severino », http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Michel_Severino Baranger M. – Fiche de lecture : « Le grand basculement » – Décembre 2013 17