Fumel, de feu, de fer et de rock

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Fumel, de feu, de fer et de rock
Fumel, de feu, de fer et de rock
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(72’ ET 62’, 2006, K PRODUCTION )
DIFFUSÉ EN AQUITAINE PAR L’ACPA
ACPA [ cinéquadoc ] - 05 56 12 08 87 - [email protected]
Fumel, de feu, de fer et de rock
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RESUMÉ
À l’heure de la mondialisation généralisée, à l’heure des délocalisations
industrielles en tout genre, ce film fera l’autopsie d’un processus irréversible en
essayant de comprendre comment, à Fumel (Lot-et-garonne), une usine de 3000
ouvriers, en 1970, est aujourd’hui, en situation de survie avec ses 480 rescapés qui
tentent de reprendre en main la gestion administrative et comptable de leur usine.
Et comment ne pas parler de Fumel sans parler de Rock ? Fumel fut dans les
années 80, la capitale du Rock français : des dizaines de groupes, plusieurs salles de
concerts dans la ville, le premier festival Rock français contre le racisme.
Intervenants :
Pierre Bordier, Alain Royer, Albert Royo, Philippe Laborde
Solue, Bernard Vignal, Guy Fergari, Sieffer Kouakoue, Philo
Fournier, Jean-Louis Cavalier, Ignace Garay, Jean-Alain
Sartran, Karine Chatain, Jean-Louis Costes
FICHE TECHNIQUE
Réalisation ; Jacques Mitsch, Jean-Christian Tassy
Scénario : Philo Fournier, Jacques Mitsch
Photographie : Bernard Sanderre, Chloé Robert, Jacques Mitsch
Durée : 52’ et 65’
Format de diffusion : DVD
Produit par K Productions (Toulouse)
Avec le soutien des Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, du CNC, du FASILD, de la
PROCIREP, de l’ANGOA AGICOA et de FRANCE3 Aquitaine
www.kproduction.org
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NOTE DU PRODUCTEUR
« Une entreprise, 386 patrons » par Philippe Baqué
Paru dans l’Humanité le 16 avril 2005, extrait
Rappel des faits
L’aventure exceptionnelle de ces salariés est l’aboutissement d’une
longue histoire. En un siècle et demi d’existence, l’usine a
totalement dominé l’économie et la vie sociale de Fumel et de son
environnement rural. En 1970, alors propriété du groupe Pont-àMousson, elle employait plus de 3 000 personnes. Depuis, les
différentes restructurations ont élagué ses effectifs et réduit ses
activités malgré les luttes acharnées des salariés. Le coup de grâce
aurait dû être porté à l’usine en 2003, quand son propriétaire
d’alors, l’Union des banques suisses, envisagea de déposer le bilan,
suite à de sombres opérations financières. Le dernier carré des
salariés, 386 personnes, s’y opposa. Les syndicats, le comité d’entreprise et un cabinet d’experts
proposaient alors un plan de reprise alternatif, fondé sur un actionnariat partiel des salariés et la venue
d’un repreneur, actionnaire majoritaire. Le tribunal de commerce donna son accord, malgré le
désengagement d’une banque censée soutenir le projet. Fumel Technologies fut créé avec 150 000
euros de capital et avec des actifs industriels et un stock acquis pour 3 euros. En octobre 2004, les
salariés se séparaient de l’actionnaire majoritaire, soupçonné de préparer la délocalisation de l’usine
en Chine, et rachetaient ses parts.
Correspondance particulière
Le capital de Fumel Technologies appartient désormais à 37,5 % aux ouvriers réunis dans l’entité
juridique Fumel-Techno-O-Etam (ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise), à 37,5 % aux
cadres, réunis dans Fumel-Techno-Cadres, et à 25 % à la société Royconsult, créée par un ancien
cadre de l’usine. Ce dernier, devenu le nouveau PDG, dirige l’usine aux côtés d’un directeur général,
reconduit dans ses fonctions, et d’un conseil de surveillance qui regroupe les représentants des
actionnaires et ceux des organisations syndicales présentes au comité d’entreprise. Cet alliage peu
conventionnel résiste pourtant et est même performant. L’usine a conservé tous ses clients pour l’acier
(Pont-à-Mousson, Pechiney...) et pour la fonderie et l’usinage de pièces mécaniques (Volvo, RVI,
Caterpillar, Peugeot, Scania, Mercedes...), malgré l’augmentation des prix. Son chiffre d’affaires est en
constante augmentation : prévu pour être de 45 millions d’euros en 2004, il a été finalement de 54
millions. Signe de la bonne santé de Fumel Technologies, ses dirigeants ont transformé l’intérim de
plus de soixante ouvriers en embauche en contrat à durée indéterminée.
Mais l’usine ne confortera ces succès que si elle arrive à se moderniser. Jean-Louis Cavalier est
secrétaire CGT du comité d’entreprise et représentant d’O-Etam (ouvriers et techniciens agent de
maitrise) au conseil de surveillance : « Alors que nos anciens clients nous passent des commandes
supplémentaires, de nouveaux clients viennent vers nous, poussés par les problèmes que rencontrent
la plupart des autres fonderies françaises. Ils ne vont pas tous du jour au lendemain acheter en Chine
ou en Pologne. Surtout que nous sommes les seuls à pouvoir fournir certains produits. Mais est-ce
rentable d’accepter toutes ces nouvelles commandes ? » Pour faire face, les lignes de production
existantes sont utilisées, mais avec une importante perte de productivité. Les nouveaux dirigeants
souhaitent étendre la capacité de production de l’entreprise et réintégrer l’usinage de certaines pièces
qu’ils commandent actuellement en Italie, en Espagne ou dans d’autres régions de France. Cette
sous-traitance, très coûteuse en transport, absorbe 25 % du chiffre d’affaires. L’automatisation de
l’ébarbage, assuré actuellement par des ouvriers intérimaires dans des conditions extrêmement
pénibles, pourrait aussi apporter un gain de productivité.
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Jean-Louis Cavalier chiffre à 15 millions d’euros sur cinq ans les
investissements nécessaires pour asseoir la compétitivité vitale de
l’usine. Où trouver les fonds ? Le doublement en un an du prix de la
ferraille, matière première de la fonderie, a réduit à 1 million d’euros
le résultat net des activités de l’usine. Depuis 2003, le conseil
régional d’Aquitaine promet une avance remboursable de 350 000
euros, somme modeste en regard des enjeux, qui n’a toujours pas
été versée. Les nouveaux dirigeants n’ont donc pour seul recours
que d’emprunter auprès des banques. L’usine est propriétaire d’un
barrage et d’une usine hydroélectrique, estimés à 15 millions
d’euros, qui pourraient servir de caution. De leur côté, le conseil
régional d’Aquitaine et le conseil général du Lot-et-Garonne se sont
portés caution pour un montant de 3 millions d’euros. Mais Ignace
Garay, ancien responsable CGT de l’usine à la retraite, aujourd’hui
expert auprès du comité d’entreprise, demeure pessimiste. « Tous
les documents que nous fournissons aux banques, même certifiés
par des experts, ne suffisent pas. Elles trouvent toujours un prétexte
pour refuser les prêts. Ni elles ni les pouvoirs publics ne se
mouillent pour nous soutenir. On a l’impression que certaines personnes souhaitent que l’on se plante.
Elles préfèrent sans doute un patron véreux à la tête d’une entreprise plutôt que ses salariés. Nous
sommes confrontés au mur de l’argent. C’est un problème politique. »
Michel Céruti, secrétaire départemental du PCF, est le fondateur d’un comité de vigilance rassemblant
des élus, des syndicalistes et des citoyens, pour défendre l’emploi dans le bassin du Fumélois. Selon
lui, la Banque de France aurait dû intervenir. « Elle a normalement une mission d’aide au
développement territorial et à l’emploi. Mais l’on constate qu’elle est déjà au service des marchés
financiers comme le prévoit le texte de la constitution européenne. Ni elle, ni l’État, ni les représentants
du gouvernement n’ont bougé le petit doigt pour soutenir Fumel Technologies. Elle ne leur paraît pas
assez rentable. Nous devons élargir la mobilisation afin d’instaurer un rapport de forces nécessaire
pour sauver l’usine. » Le comité de vigilance a pris plusieurs initiatives : une pétition qui a recueilli mille
signatures en quelques jours, une délégation à la préfecture, diverses motions de conseils municipaux.
Dernièrement, sous l’impulsion de Raymond Girardi, conseiller général communiste, le conseil général
a adopté à l’unanimité une motion pour demander à l’État et aux banques d’accompagner les
engagements de la région et du département.
Mais face à l’urgence de la situation, les salariés-actionnaires envisagent de vendre le barrage et
l’usine hydroélectriques pour obtenir des fonds. Ils sacrifieraient ainsi leur ultime recours financier en
cas de coup dur.
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