Performances sportives: Les ingénieurs y contribuent

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Performances sportives: Les ingénieurs y contribuent
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Performances sportives:
Les ingénieurs y contribuent
Editorial
No 42, septembre 2010
La Suisse est un pays qui obtient un grand nombre de succès sportifs. En effet, rapporté au nombre d’habitants, le
nombre des médailles olympiques, des titres mondiaux ou
des succès en Grand Chelem est impressionnant.
Simon Ammann, Roger Federer, Carlo Janka, Fabio Cancellara,
Tom Lüthi ou Alinghi ne sont que quelques noms du passé
récent qui suscitent la joie et l'enthousiasme des-amateurs de
sport. Derrière chaque succès se cache beaucoup d’entraînement, d’endurance et de motivation. Mais derrière chaque succès se cachent aussi les sciences et la technique. Il y a longtemps
que le sport n’est plus uniquement une simple affaire de talent
et de volonté, mais aussi un phénomène étroitement lié aux
techniques de pointe. Le savoir-faire des ingénieurs est indispensable pour la réussite en compétition, notamment dans les
disciplines sportives dont la pratique nécessite des équipements
particuliers. Cela va des vêtements sophistiqués et des plans
d’entraînement peaufinés aux analyses détaillées élaborées au
cours d'une compétition, en passant par des équipements spécifiques pour les skis, les vélos, les voiliers ou les motos. Il est
évident que tous les sportifs doivent respecter un système complexe de règles, mais l’utilisation au bon moment du meilleur
équipement ou l’analyse rapide et détaillée en compétition
peuvent décider de la victoire ou de la défaite.
Aujourd’hui, les ingénieurs travaillent main dans la main avec
les sportifs de haut niveau et recherchent ensemble des solutions. Les deux EPF ainsi que des hautes écoles spécialisées mettent leur savoir-faire à disposition des sportifs de haut niveau
et de leurs équipes. Le célèbre voilier Alinghi a en partie été
conçu à l’EPF de Lausanne avec l’appui de différents scientifiques. Les fixations innovantes développées par les scientifiques
ont conduit Simon Ammann au titre. Les bobeurs et les skieurs
se font conseiller par différentes institutions de formation
quant à leur équipement; les vélos, les motos et les voitures
sont testés dans des souffleries et nombreux sont les sportifs
d'endurance qui ont recours à des appareils de mesure et des
méthodes d’entraînement spécialement développés pour répondre à leurs besoins. Mais finalement, le travail de recherche et
de développement réalisé pour les sportifs de pointe profite à
nous tous, car ce n’est que le sport de masse qui finance les
évolutions coûteuses du sport de haut niveau. A titre d’exemple, les nouvelles crosses de hockey conçues par l’EPFZ sont ensuite utilisées par des sportifs de loisirs. La situation est identi-
Andrea Leu,
Directrice d’IngCH
Contenu
Le sport sans nanotechnologie? Cela semble
aujourd’hui inconcevable!
Interview de Manfred Heuberger de l’Empa à Saint-Gall
2
Le projet Citius: une alliance du sport,
de l’économie et de l’industrie
4
Envol vers le titre olympique avec l’EPFZ
5
Une formation fascinante avec
d’excellentes perspectives
Interview de Martin Künzli, Haute Ecole spécialisée
des sciences appliquées de Zurich ZHAW
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Autres activités
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que dans le sport automobile: en formule 1, les groupes automobiles testent d’abord les possibilités techniques qui entrent
ultérieurement dans la production de masse de voitures classiques. La plupart des appareils de mesure ont, à l’origine, aussi
été développés pour des performances de haut niveau avant
de faire leur entrée dans le sport de masse. Les marcheurs, les
coureurs, les amateurs de sports nautiques ainsi que les skieurs
et snowboardeurs utilisent aujourd’hui les signaux des satellites pour recevoir des informations précises sur la vitesse, la distance parcourue et la dénivellation ou la localisation actuelle.
Un savoir-faire ingénieur bien mis en oeuvre constitue dans la
plupart des disciplines sportives une base importante pour la
victoire. Les succès sportifs ne contribuent pas seulement à renforcer l’image de la Suisse comme nation de sport, mais aussi à
positionner la Suisse comme pays de recherche et de technique
de pointe.
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Le sport sans nanotechnologie?
Cela semble aujourd’hui inconcevable!
Interview de Manfred Heuberger, département Advanced Fibers de l’Empa à Saint-Gall.
(mw) La nanotechnologie est considérée à l’échelle internationale comme une technologie clé du 21ème siècle. Ses
possibilités d'application sont extrêmement larges. Ses
procédures et produits profitent à la plupart des secteurs industriels. En sport aussi, les matériaux transformés par la nanotechnologie jouent un rôle de plus en
plus important. Nous avons discuté des avantages, des
risques et des tendances d’évolution dans cette nouvelle
technologie avec Manfred Heuberger de l’Empa à SaintGall.
Toute personne pratiquant du sport veut pouvoir compter sur
des matériaux performants. C’est pourquoi, de nos jours, on utilise dans presque toutes les disciplines sportives des produits de
la nanotechnologie. Dans le sport de haut niveau, où le résultat
dépend de quelques secondes, le bon matériel apporte l’avantage décisif ou empêche une sollicitation excessive du corps.
Mais, en sport de loisir aussi, où l’on veille particulièrement au
confort et à l’hygiène, les nanomatériaux* peuvent être mis en
oeuvre pour réduire les effets du climat et du soleil.
Mais qui introduit la nanotechnologie dans les matériaux? Qui
invente des vêtements respirants, ignifuges et anti-salissures?
Manfred Heuberger, chercheur à l’Empa à Saint-Gall, fait partie
des scientifiques qui traitent ces questions. «En tant qu’institution fédérale de recherche, l’Empa présente le grand avantage
de disposer du savoir-faire nécessaire et d’entretenir de bons
contacts avec l’industrie. Les souhaits des clients peuvent être
intégrés dans la recherche.»
Manfred Heuberger dirige le département Advanced Fibers qui
réunit le savoir-faire et les compétences de diverses disciplines,
telles que la chimie, la physique, les biomatériaux, la science des
surfaces et des matériaux, ainsi que la technologie du plasma et
la nanotechnologie. Cette combinaison représente une condition idéale pour le développement de nouveaux produits et
nouvelles applications dans le domaine des fibres et du textile.
*Matériaux d’une taille ou d’une structuration inférieure à 100 nanomètres
2
Manfred Heuberger devant un réacteur à plasma
utilisé pour modifier la surface des fibres ou des
textiles à l’échelle nanométrique.
Monsieur Heuberger, pourriez-vous définir les axes forts
de vos recherches?
Manfred Heuberger: Les fibres, c’est notre «élément». Nous
essayons de les modifier ou de leur découvrir des nouvelles
propriétés. Pour continuer à développer des produits concurrentiels, il est nécessaire de compléter de plus en plus le savoirfaire technique traditionnel en recourant aux connaissances
interdisciplinaires de la chimie, de la physique et de la biologie.
Par ailleurs, il est important de montrer le potentiel que possèdent les fibres dans des domaines totalement nouveaux pour
elles tels que la technique médicale, la sensorique ou la photovoltaïque.
L’utilisation des nanomatériaux est de plus en plus fréquente, aussi dans l’industrie textile et sportive. Quelle
est l’importance de la nanotechnologie pour ce secteur
industriel?
Manfred Heuberger: Son importance est considérable. La
Suisse a besoin de nouvelles fibres. Les textiles respirants, adaptatifs et autonettoyants, qui tenaient de la science-fiction dans
le passé, sont devenus réalité de nos jours. Pour rivaliser sur le
marché international, nous devons proposer des produits et
des textiles de haute technologie développés ici et en partie
fabriqués hors Europe. Les producteurs de fibres doivent être
très bien équipés afin de pouvoir réagir aux besoins changeants du marché. Après le développement de fibres toutes
nouvelles, il faut parfois attendre quelques années jusqu’à la
commercialisation sous la forme d’un produit, car il est nécessaire
d’adapter les différentes «étapes intermédiaires» à parcourir
par la fibre jusqu’au textile fini.
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La nanotechnologie ne suscite pas que des réactions
positives. La discussion autour de l’influence des nanoparticules sur l’organisme humain est très controversée.
Où voyez-vous les risques?
Manfred Heuberger: Une mauvaise réputation est vite faite
et il est difficile de s’en défaire. Des titres alarmistes sont plus
vendeurs que des rapports approfondis. L’Empa publie régulièrement des articles spécialisés sur la nanotechnologie, qui
aborde de manière objective la question des risques. Le corps
humain est parfaitement équipé pour réagir aux nanoparticules, car ils existent depuis toujours dans la nature. La peau
humaine saine, par exemple, constitue une barrière efficace
aux nanoparticules. Il n’en est pas de même avec la pénétration des nanoparticules dans les poumons. De là ils passent
directement dans la circulation sanguine et peuvent, suivant
les circonstances, porter atteinte à l’organisme. Les principales
sources de risques sont constituées par les poussières fines issues des moteurs à combustion, ainsi que par la manipulation directe avec des nanoparticules dans le cadre d’un processus de
fabrication. Dans ce cas, il faut impérativement se protéger.
Certes, les nanoparticules peuvent être très nocives, mais ce
n’est pas une raison pour rejeter toute la nanotechnologie en
bloc. Les spécialistes sont d’accord pour dire qu’il y a nanoparticules et nanoparticules et que la question doit faire l'objet
d'une considération différenciée.
à celle de la physique quantique et de la nanotechnologie, d’autre part. C’est dans ces domaines qu’il faut s’attendre à des résultats révolutionnaires. Nous savons que toute matière de moins
de 5 à 8 nanomètres présente des nouvelles propriétés complètement différentes. Pour l’instant, nous ne sommes pas encore
en mesure de dire comment les différentes propriétés agissent
et quelles vont en être les conséquences. La nanotechnologie
jouera un rôle important dans un avenir prévisible!
On réalise des vêtements à base de matériaux dérivés du
pétrole. Quelles sont les nouvelles tendances à ce sujet?
Manfred Heuberger: Vous faites allusion à la pénurie pétrolière. Si, au lieu de brûler le pétrole, on transformait le pétrole
en matières artificielles, les réserves suffiraient pour très longtemps. Mais la science entreprend des recherches dans ce domaine. Elle cherche, par exemple, à savoir comment réaliser des
matières artificielles à partir de bactéries ou comment resynthétiser des matières artificielles à partir du CO2. Ces processus sont,
tout comme beaucoup d’autres, copiés sur la nature. On essaie
d’influencer le métabolisme des bactéries ou d’imiter celui des
plantes.
C’est sa formation de physicien et sa fascination pour le tout
petit qui a conduit Manfred Heuberger à la nanotechnologie.
Après ses études, il s’est tourné vers les procédés physiques au
niveau moléculaire et atomique. Dans sa thèse «Des propriétés
locales et de l’adhésion des systèmes métal-polymère», il s’est
consacré à l’étude des propriétés des surfaces à l’échelle nanométrique (de 1991 à 1994). En recourant à la combinaison nouvelle pour l’époque du microscope à effet de force et du microscope à effet tunnel, il est, entre autres, parvenu à montrer que
la conductibilité superficielle des polymères électroconducteurs
dépend de la pression locale. Le prix OMEGA lui a été décerné
en 1995 par l’Association suisse de microtechnique (ASMT) pour
ce travail.
A l’aide de fibres à deux composants, il est possible de donner de nouvelles
propriétés aux fibres. On reconnaît que le noyau de la fibre est constitué
d’une autre matière artificielle que la couche extérieure. Le laboratoire de
l’Empa Advanced Fibers utilise ces techniques et bien d’autres pour élaborer des solutions fibres innovantes.
Qu’y aura-t-il après les nanos?
Manfred Heuberger: Le célèbre physicien Richard Feynman a
affirmé dès 1959: «There’s Plenty of Room at the Bottom – Il
reste encore beaucoup de marge vers le bas.» Il avait reconnu
que les vraies découvertes utiles à l’humanité se feraient à une
échelle minuscule. Aujourd’hui, la recherche est menée à l’interface de la biologie et de la nanotechnologie, d’une part, et
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Le projet Citius: une alliance
du sport, de l’économie et de l’industrie
(Source: www.sbsv.ch)
Le bob Citius exige plus qu’un simple engagement des partenaires du projet
Les scientifiques et collaborateurs du projet Citius ont parcouru
des milliers de kilomètres à travers la Suisse et effectué de nombreux allers-retours entre les partenaires industriels et l’EPFZ
pour faire avancer la construction du prototype. C’est finalement en octobre 2008, dans l’atelier du constructeur de bobs et
chef de projet Christian Reich, que le premier prototype a été
assemblé à partir de 1000 pièces individuelles. En novembre
2008, les bobs à deux et à quatre Citius ont été placés pour la
première fois sur le banc d’essai. Les tests réalisés dans la soufflerie d'Audi à Ingolstadt en Allemagne, mise à disposition par
le constructeur automobile en tant que sponsor du projet, devaient notamment montrer l'efficacité des travaux effectués par
l’équipe chargée de l’aérodynamisme.
Grande satisfaction après les essais dans la
soufflerie et le canal de glace
Le bob Citius en route dans le canal de glace à 150 km à l'heure.
Malgré le bob Citius, l’équipe suisse de bob n’a pas décroché de médaille aux Jeux olympiques de Vancouver.
Les spécialistes analysent les facteurs susceptibles
d’avoir empêché l’exploit du bob de l’EPFZ, qui toutefois
a remporté des succès en Coupe de monde et d’Europe.
L’alliance du sport, de l’économie et de l’industrie a
quand même été un succès pour l’exigeant projet de
conception du bob Citius.
Au moment de l'alliance de l’Association Suisse de Bob, de l’EPFZ
de Zurich et d’onze partenaires industriels il y a trois ans afin de
développer le bobsleigh le plus rapide pour Vancouver, nombreux étaient ceux qui ne savaient pas ce qui les attendait.
Cependant, le défi a créé des synergies incroyables. «Réunis en
consortium, les partenaires industriels et l’EPFZ ont réalisé ensemble un énorme travail. Sans toutes les contributions individuelles, le projet n’aurait jamais abouti en si peu de temps»,
affirme Ulrich Suter, professeur émérite au département des
sciences des matériaux de l’EPFZ.
Un projet où tout s'imbrique avec précision
Le comportement du châssis et l’aérodynamisme ont été étudiés pendant six mois avant la construction du bob. Les bobs utilisés pour ces courses d’essai étaient équipés de capteurs de
mouvement et d’allongement. En août 2008, RUAG Aerospace
à Emmen a produit la première capote composée de plusieurs
couches de fibres de carbone. A peine deux mois plus tard, les
chercheurs de l’EFPZ ont assemblé le châssis sur le site de VZug.
La société Sika a développé une colle spéciale résistante aux
conditions météorologiques, qui actuellement est utilisée dans
le secteur industriel. Douze professeurs de l’EPFZ ont participé
au projet et ont entrepris, indépendamment l’un de l’autre, des
recherches sur les patins, la cinématique et l’aérodynamisme.
4
Les bobeurs suisses avaient également fait le déplacement pour
s'asseoir pour la première fois dans le bob Citius et simuler des
conditions réelles à des vitesses de vent de 150 km/h. La satisfaction fut grande lors de la mesure des forces agissant sur le
bob, de la résistance de l’air et de la portance. Les résultats du
Citius étaient nettement meilleurs que ceux des bobs utilisés
l’année précédente. Mais quel allait être le comportement du
bob dans le canal de glace? Ces essais ne permettent pas seulement d’évaluer l’aérodynamisme de la capote, mais aussi la construction métallique du châssis. Les essais dans le canal de glace
ont montré que les choses étaient sur la bonne voie. Après les
courses d’essai sur la glace d’Igls, les développeurs sont passés à
la phase délicate des retouches. Il a, par exemple, fallu prévoir
une réaction plus directe de la direction. Grâce à la conception
modulaire du Citius, le bob a rapidement pu être adapté aux
besoins des athlètes. Les ajustages et réglages apportés tout au
long de la saison ont porté leurs fruits: Ivo Rüegg a remporté en
bob à deux le classement final de la Coupe du monde 2010 et
Beat Hefti a décroché avec Citius le titre de champion d’Europe.
Au total, les Suisses ont récolté avec Citius 18 médailles en
Coupe du monde et en Coupe d’Europe. Certes, Citius peut être
considéré comme un véritable succès, mais il faut aussi des athlètes de haut niveau en pleine forme pour porter le meilleur bob à
la victoire; les chercheurs et l’industrie se rejoignent au moins sur
ce point.
L’intérêt de l’industrie
Avant les Jeux olympiques, il n’y avait pas encore de décision
définitive quant à la poursuite du projet à l’EPFZ de Zurich.
Vous trouverez des informations détaillées sur le projet, y
compris des liens vers le reportage en quatre parties de la
télévision suisse alémanique sur Citius, dans le dossier Citius
sur ETH Life online: www.ethlife.ethz.ch/bestof/citius.
Source: www.ethlife.ethz.ch
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Envol vers le titre olympique avec l’EPFZ
L’EPFZ de Zurich suivait également de très près les Jeux
olympiques d’hiver à Vancouver lorsque Simon Ammann
a été porté vers deux médailles d’or: un capteur miniature fixé à son corps fournissait à des doctorants de
l'EPFZ des informations précieuses sur l’état mental du
roi du saut à ski.
Martin Kusserow et Marc Bächlin étaient bien placés pour savoir
ce qui se passait dans la tête et dans le corps de Simon Ammann
avant, pendant et après ses sauts des tremplins olympiques à
Whistler. En effet, les deux doctorants de Gerhard Tröster, professeur d’électronique, au Wearable Computing Lab de l’EPFZ de
Zurich, disposaient dans leur ordinateur des données du sauteur
à ski suisse. Le psychologue du sport titulaire à l’EPFZ Hanspeter
Gubelmann, qui est également conseiller de Simon Ammann,
avait demandé l’aide des chercheurs dans la préparation des
Jeux olympiques. A l’aide de capteurs miniatures appliqués sur la
peau, les doctorants ont pu suivre, depuis le mois de novembre
de l’année dernière, l’activité cardiaque et les modèles de mouvements de Simon Ammann à l’entraînement et lors des compétitions de la Coupe du monde. Gubelmann a intégré avec succès
les évaluations des doctorants dans le programme de préparation olympique du sauteur à ski.
(Source: www.live-wintersport.com)
Simon Ammann s’envolant vers la médaille d’or. Il porte sur lui le capteur
miniature de l’EPFZ, qui enregistre l’activité cardiaque et les modèles de
mouvements.
Des données ont également été récoltées lors des sauts couronnés d’or à Vancouver. C’est probablement la première fois dans
l’histoire du sport de haut niveau que des titres olympiques ont
pu faire l'objet de mesures physiologiques précises. «Nous avons
analysé la forme mentale, l’activation du sportif de haut niveau,
et l’avons comparée avec celle avant, pendant et après une compétition ou un entraînement», explique Martin Kusserow. L’activité cardiaque électrique, enregistrée avec un mini-capteur ECG,
est un indicateur de l’activation. Les sauteurs à ski doivent, dans
un court laps de temps, être en mesure d'atteindre un niveau de
performances maximal. La phase d'élan sur le tremplin, l’impulsion au bout du tremplin, la phase de vol et l’atterrissage ne
durent que quelques secondes. Pour atteindre cette performance maximale en si peu de temps, il faut obtenir une activation avant même le saut.
Un accompagnateur discret
Lors des mesures ECG, Simon Ammann porte sur son thorax, à
l’instar d’une électrode, un capteur d’un poids de dix grammes
seulement. L’équipement comprend également un capteur d’accélération intégré qui enregistre en continu les mouvements du
sportif. «Nous avons particulièrement veillé à ce que Simon ne
soit pas handicapé par le port du capteur», précise le doctorant
Martin Kusserow. C’est pourquoi Ammann porte le capteur pendant une période de mesure allant du matin au soir. «Ainsi, il s’y
habitue avant le début de la compétition et ne le sent plus du
tout pendant l’épreuve.» De plus, cela permet aux chercheurs de
suivre toute la journée de compétition de l’athlète, de la phase
de repos au saut proprement dit, en passant par la préparation
avant la compétition. Grâce aux données ainsi obtenues, les
scientifiques arrivent à définir quand et pendant combien de
temps l’athlète de classe mondiale se trouve dans les différents
domaines d’activation. A l’avenir, les modèles d’activation utilisés lors des titres olympiques d’Ammann ne seront pas seulement utiles pour les sportifs de haut niveau en préparation à
une compétition, mais aussi pour les athlètes de la relève.
Source: www.ethlife.ethz.ch
«La nature et le développement durable m’ont toujours tenu à coeur. Dans ma jeunesse, je voulais même devenir paysanne. Ce n’est que lors d’un stage dans une
exploitation d’un paysan diplômé que j’ai appris qu’il existait des études d’agronomie. J’ai tout de suite su que c’était ma discipline! Avec le temps, ma vocation professionnelle d’origine s’est transformée en un engagement plus général en faveur d’un
développement durable. Les études interdisciplinaires en agronomie à l’EPF de Zurich
ont parfaitement convenu à mes intérêts variés. Je profite encore aujourd’hui non
seulement des contenus de mes études, mais aussi de la façon de penser et d’apprendre et des
contacts noués pendant cette période. Si je devais avoir à rechoisir, j’opterais de nouveau pour des
études d'ingénieur dans une des deux EPF.»
Corine Mauch, maire de Zurich
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Une formation fascinante avec
d’excellentes perspectives
Interview de Martin Künzli, Directeur de la «School of Engineering» de la Haute Ecole spécialisée des sciences appliquées de Zurich ZHAW
(mds) L’aéronautique est un secteur international et
interconnecté avec tous les éléments du domaine des
transports. La maîtrise des problèmes complexes qui le
caractérisent nécessite les connaissances et le savoirfaire de spécialistes disposant d’une formation multidisciplinaire et pointue. La School of Engineering de la
ZHAW est actuellement la seule Haute Ecole spécialisée
(HES) de Suisse et des régions avoisinantes disposant
d’un tel type de formation.
Martin Künzle, Directeur de la «School of Engineering», ZHAW.
Monsieur Künzli, votre HES est la seule en Suisse où l’on
puisse faire des études en Aéronautique. Quelles ont
été les raisons qui vous ont motivé à créer cette nouvelle filière?
Martin Künzli: Ce furent sans doute les développements
structurels dans le secteur de l’industrie que j’ai pu observer de
près dans la région de Winterthour qui ont provoqué une reconsidération des débouchés des filières traditionnelles de notre
Ecole. De quelle manière notre offre répondait-elle aux exigences d’une société où les services prenaient de plus en plus
d’importance pour l’économie nationale et internationale?
L’idée de créer une formation en aéronautique m’a enthousiasmé et j’ai mobilisé toutes les ressources nécessaires pour
concevoir et réaliser rapidement cette nouvelle filière.
De quelle manière avez-vous développé le concept pour
cette nouvelle filière?
Martin Künzli: J’ai pu convaincre des experts de former un
groupe de travail avec quelques enseignants de notre HES. Et
j’ai eu d’innombrables entretiens avec des spécialistes de l'industrie aéronautique, ce qui m’a permis de développer rapidement les bases de cette nouvelle filière. C’est ainsi que nous
avons réussi à convaincre d’abord le Conseil de la HES du
canton de Zurich et ensuite l’Office fédéral de la formation et
de la technologie OFFT de la nécessité de cette nouvelle formation. Nous avons ensuite obtenu très rapidement la reconnaissance et la permission. Pour la conception détaillée j’ai pu
motiver un pilote, le capitaine Roland Steiner, pour s’occuper
de la gestion du projet. Aujourd’hui Roland Steiner est directeur de notre nouvelle filière. Evidemment, les principaux
représentants de l’industrie aéronautique ont participé activement à la conception des plans d’études.
ques gardent toute leur importance dans l’enseignement. Notre plan d’étude développe les connaissances de tous les éléments du système de l’aviation et il fournit les théories et le
savoir-faire indispensables pour trouver des solutions pratiques
pour les problèmes caractéristiques du secteur de l’aviation.
Outre la formation technique, nous développons les connaissances et capacités qui garantissent un fonctionnement efficace
et sûr.
Quels sont les principaux éléments de cette filière et
quelles sont les perspectives pour les diplômés?
Martin Künzli: Le plan d’étude offre deux possibilités de spécialisation, «Technics & Engineering» d’une part et «Operations
& Management» de l’autre. Les premiers étudiants ont obtenu
leurs diplômes en automne 2009 lorsque la situation économique n’était pas propice. Ils ont toutefois tous trouvé rapidement
un emploi intéressant. Quelques-uns ont choisi de devenir assistants scientifiques dans notre HES, d’autres se sont inscrits dans
différentes universités en Suisse ou à l’étranger pour obtenir un
Master. Un tiers environ ont été engagés chez Swiss, à la Lufthansa ou dans les forces aériennes suisses pour y faire une carrière de pilote. Le reste des diplômés ont trouvé un emploi chez
Skyguide, dans les services d’aéroport ou chez Jet Aviation. Quelques-uns se sont engagés chez Pilatus Aircraft Ltd. Notre formation est aujourd’hui obligatoire pour le perfectionnement des
connaissances des officiers de carrière des forces aériennes suisses.
Quelles sont les principaux éléments du plan d’étude?
L’intérêt manifesté pour cette nouvelle filière a-t-il eu des
conséquences pour créer encore d’autres nouvelles filières?
Martin Künzli: Notre plan d’étude ne se concentre pas uniquement sur l’ingénierie, mais il développe aussi les capacités
de négociation, de compréhension de la conception et de la
construction d’un avion, bien que les aspects purement techni-
Martin Künzli: Nous avons en effet réalisé au cours du développement de la filière aéronautique que le secteur des transports concerne en Suisse 260'000 emplois et qu’une partie impressionnante du produit national brut résulte de ce secteur. Il
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n’existe toutefois pas de possibilités de formations spécifiques
pour cadres supérieurs dans le secteur des transports. Et il faut
se rendre compte que la complexité des problèmes du domaine
des transports a pris une telle dimension qu’il est difficile de les
résoudre sans avoir bénéficié d’une formation théorique de
pointe, basée sur les mathématiques. Nous en avons tiré les
conséquences en créant la filière «Systèmes des transports» qui
a démarré avec succès en automne 2009. Nous espérons contribuer ainsi aux solutions imminentes dans le secteur des transports publics et privés.
Permettez-moi de poser encore une question plus générale: de quelle manière – selon vous – se développera le
secteur industriel en Suisse dans les années à venir?
Martin Künzli: Le secteur industriel a toujours un avenir
prometteur en Suisse. Mais il s’agit d’investir continuellement
dans les technologies nouvelles. Je songe en particulier au
domaine des énergies renouvelables, où nous n’avons pas suffisamment profité de l’évolution, et aussi à l’épuration de
l’eau. Les ressources limitées de notre planète deviendront de
plus en plus évidentes dans les années à venir. Si nous réussissons à faire un travail de pionnier dans ce domaine, nous pourrons sans doute repositionner les performances de notre secteur industriel sur le plan international comme c’était par
exemple le cas dans le passé dans le secteur des machines textiles, des turbines ou des locomotives.
Etudiants suivant une formation en aéronautique à la ZHAW.
Il y a maintenant bientôt 5 ans que j’ai pu jeter un premier regard sur le champ professionnel de l'ingénieur. La semaine technique d’IngCH organisée à mon ancienne école cantonale de Heerbrugg SG m’a permis de découvrir les activités passionnantes et variées
d’un ingénieur. Après deux stages, j’ai décidé, deux ans plus tard, de faire des études
d'ingénierie mécanique à l’EPF de Zurich. Les études m’ont plu dès le début. Malgré un
nombre considérable d'étudiants, l’ambiance est très collégiale et on peut faire quelques
connaissances après peu de temps seulement. Des groupes se forment pour relever ensemble les défis quotidiens des études. Aussi les matières et les exercices m’ont-ils montré
que j’ai fait le bon choix. En avril dernier, quelques élèves de gymnase sont venus découvrir notre
institut dans le cadre d’une semaine technique, et j’ai pu leur présenter notre projet spécifique. Un projet spécifique offre aux étudiants déjà pendant le cursus de Bachelor, contrairement aux modules avec
cours magistraux, la possibilité d’acquérir des expériences pratiques. Notre projet a pour objectif d’optimiser la transmission du véhicule Formula Hybrid de l’année dernière. Actuellement, j’essaie, par exemple, d’améliorer le réglage de l’accouplement qui relie les deux moteurs. J’aime bien raconter ce qui m’a
poussé à faire ces études et que chacun et chacune est capable de réussir dans ces études s’il / si elle a la
motivation nécessaire. Ce serait vraiment bien que quelques-uns ou quelques-unes de ces élèves présentent leur projet dans 5 ans! Je suis impatient d'obtenir mon diplôme de Bachelor cet été et de me rapprocher ainsi encore plus du métier que je souhaite exercer, celui d'ingénieur. J’aimerais profiter d’une
année intermédiaire pour collecter des premières expériences dans le monde du travail. Ensuite, je commencerai les études de Master.
Rafael Schär, étudiant à l'EPFZ
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P.P.
8027 Zurich
Autres activités
Perspectives Semaines Techniques
Liceo cantonale di Lugano 1, TI
30.08. – 03.09.10
Gymnase d’Obwald et Nidwald, OW/NW 20.09. – 24.09.10
Gymnase de Pfäffikon, SZ
20.09. – 24.09.10
Gymnase de Lucerne, LU
27.09. – 01.10.10
Gymnase d’Interlaken, BE
25.09. – 29.09.10
Exposition itinérante «Achtung Technik Los –
module informatique»
Une exposition itinérante en Suisse allemande vise à susciter la
fascination des élèves pour le grand univers de l’informatique
et de la technique. L’informatique est placée au centre de cette
exposition qui s’adresse aux élèves âgés de 14 à 16 ans des écoles secondaires et des collèges. L’exposition itinérante est réalisée par les organisations faîtières NaTech Education et IngCH
Engineers Shape our Future, en coopération avec les institutions
partenaires l’Ecole technique de ABB à Baden et la HES de Suisse
nord-occidentale, Haute Ecole technique. L’association AG-I Aargauische Lehrmeistervereinigung Informatik et l’école professionnelle Berufsfachschule BBB (BerufsBildungBaden) sont également
partenaires et participent au projet avec leurs propres prestations.
La direction du projet est assurée par Senarclens, Leu + Partner SA.
«L’exposition itinérante» sera présentée dans cinq villes du
canton d’Argovie au cours de la phase pilote 2010.
Les membres du groupe
IngCH Engineers Shape our Future
Dates
Bezirksschule Aarau
16 septembre 2010
Bezirksschule Baden
27 octobre 2010
Bezirksschule Zofingen
Bezirksschule Mutschellen
Bezirksschule Lenzburg
4 novembre 2010
17 novembre 2010
7 décembre 2010
EPF-Economie-Dialogue pour l'avenir au Centre for
Global Dialogue de Swiss Re – 29 octobre 2010
Depuis onze ans et en coopération avec l’EPF, IngCH organise
chaque année l’EPF-Economie-Dialogue pour l'avenir auquel
sont conviées des personnalités sélectionnées issues de l’industrie et du domaine de l’EPF. Au cours du dialogue de cette
année, il s’agira de déterminer dans quelle mesure les deux EPF
pourraient fournir une contribution pour promouvoir l’attractivité du site de production suisse. Des études de cas et des groupes de travail permettront d’assurer une relation avec la vie pratique.
ABB (Suisse) SA
Accenture SA
ACUTRONIC Switzerland Ltd
AdNovum Informatique SA
Alstom SA
AWK Group SA
Axpo Holding SA
Basler & Hofmann SA
Belimo SA
Bühler SA
Conzzeta SA
F. Hoffmann-La Roche SA
Fondation Hasler
Georg Fischer SA
Hilti SA
Losinger SA
Nestlé SA
Phonak SA
pom+ SA
Rieter Holding SA
Siemens Suisse SA
Sulzer SA
Swisscom SA
Swiss Re SA
UBS SA
Zimmer Sàrl
Impressum
Visitez notre site Internet:
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IngCH Engineers Shape our Future
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Rédactrice en chef: Marina de Senarclens (mds)
Collaboration rédactionnelle: Maggie Winter (mw), Barbara Simpson (bs)
Traduction: bureau de traduction Clipper, Zurich
Production, mise en page, réalisation: c-i-design.ch, Fällanden
Impression: Kaelin Production S.A., Zurich
Tirage: 600 exemplaires
Parution: Deux fois par an
Clôture de rédaction IngFLASH 1/11: Février 15, 2011
Des propositions et contributions sont les bienvenues.
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