UTLA – COURS D`HISTOIRE DE L`ART 2010/2011
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UTLA – COURS D`HISTOIRE DE L`ART 2010/2011
HISTOIRE DE L’ART 2016/2017 Jean-Philippe Mercé Samedi 14h30 à 16h30 – Salle UTLA 1er octobre 2016 LE CORPS DANS L’ART : L’homme comme image du monde... L’histoire de la représentation du corps humain est longue et complexe… Paradoxalement, le corps, comme certainement le premier sujet d’observation de l’homme, n’est compris de lui que depuis récemment, dès lors que l’artiste de la Renaissance le scrute et le décortique méthodiquement dans ses moindres curiosités formelles et physiques. L’homme s’est progressivement distancié des traditions, des croyances et autres conventions cultu(r)elles qui lui imposaient des systèmes de proportions idéales ou religieuses, des associations symboliques, des interdits ou des contraintes formelles. Ainsi, en apprenant à représenter volumes, galbes, ombres et couleurs, l’artiste s’approche d’une vérité physique qui transpose la figuration de ce corps en témoignage de la connaissance et de la compréhension du monde. Pour autant, le corps n’est pas qu’une simple mécanique biologique dans l’histoire de l’art. Si pour les philosophes il complète, ou s’oppose au concept d’esprit ou d’âme, les artistes eux l’instrumentalisent pour créer le langage subtil des émotions humaines. C’est dans cette permanence de l’homme comme sujet principal de son œuvre que prend corps le questionnement fondamental de l’identité et de la différence, de la place de l’individu dans la société ou encore de sa relation au temps et à l’espace. 5 novembre 2016 LE CORPS DE L’ARTISTE : Du sujet au support de l’œuvre Nombreuses sont les œuvres d’art contemporain montrant ce qui pourrait être perçu comme un certain repli narcissique de l’artiste, utilisant son propre corps comme sujet, matériau, outil voire même support de son œuvre. Pour autant, cette approche se révèle bien plus ancienne, voire même remonter à l’origine de la représentation, où déjà l’homme préhistorique faisait de sa main l’outil de la conquête du monde. Plus tard l’autoportrait permettra à l’artiste d’entamer un dialogue avec la gloire et la postérité, de s’exposer en tant que créateur au travers d’une image de soi valant signature ou témoignage, de marquer une différence et donc une pleine conscience de soi, ou encore d’affirmer sa présence dans un ici et un maintenant. La disponibilité immédiate et absolue de ce corps transposera ensuite ce dernier du sujet au support ou au matériau de l’œuvre, dans le body art ou la performance. Aussi, entre ces autoportraits glorifiés ou secrètement glissés dans l’œuvre, ces corps travestis, torturés, effacés ou sublimés, êtes-vous invités à quelques rencontres privilégiées dans un tête-à-tête et corps-àcorps artistiques, intimes et spectaculaires…. TIC, TAC : Quand l’art prend le temps. Quel concept étrange que celui du temps… Tout à la fois prégnant et insaisissable. L’homme, dans son irrépressible besoin de maîtriser le monde, ne peut d’ailleurs pas le mesurer, ou alors seulement son écoulement… Les Grecs le personnifiaient par Chronos, ce vieillard plein de sagesse à la longue barbe grise, et Kairos, le jeune homme aux pieds ailés et à l’arrière de la tête chauve… Chronos le temps qui coule inlassablement, et Kairos l’instant décisif, celui de l’opportunité que l’on saisit (par les cheveux, d’où sa calvitie partielle… !). Qu’il s’étire ou se suspende, s’éloigne ou nous rattrape, le temps ne nous laisse jamais indemnes. Il est donc tout à fait naturel que les artistes aient dialogué avec cette notion, tantôt dans l’affrontement, tantôt la complicité. Des œuvres conçues pour y résister et gagner l’éternité aux créations éphémères, des figures allégoriques aux vanités qui en rappellent sa fuite inexorable, de la mémoire collective qui s’y construit aux narrations individuelles qui s’y fondent, prenons le temps, enfin, et ouvrons les yeux ! 3 décembre 2016 7 janvier 2017 GRANDEUR NATURE : L’art se met au vert ! L’homme a toujours dialogué avec la Nature, et sans doute l’art est-il le premier vecteur de cet échange. Les différents rôles qu’elle tient dans cette liaison - symbole, modèle, support ou encore matériau – témoignent de l’assurance toujours plus grande dont l’homme fait preuve à son égard. Une assurance qui a été une nouvelle fois gagnée à la Renaissance… La figuration médiévale nécessite en effet un langage exclusivement symbolique, nul besoin de créer l’illusion du réel. Dieu est le grand architecte de l’Univers, qu’il pourvoit des quatre éléments : l’eau, la terre, le feu et l’air. En rupture à cela, le XVème siècle ouvre une fenêtre sur le monde et stimule le regard quasi-scientifique de l’artiste. La Nature est observée, scrutée, analysée, décortiquée ; le « paysage » voit alors le jour. La mimésis déterminera ainsi des siècles de création, poussant l’homme toujours plus loin dans le désir d’avoir le dessus sur la Nature. Il faudra attendre les années 60 pour que son indépendance et son honneur lui soient rendus dans le cri d’alarme artistique du Land Art, et sa suprématie revendiquée au travers des propositions de l’art contemporain. Voici donc ces quelques sentiers, a priori tous balisés, qui vous sont proposés pour une promenade artistique prometteuse de jolies découvertes… 4 février 2017 L’ART, ENTRE OMBRE ET LUMIERE (1) : LA LUMIERE 11 mars 2017 Toutes les civilisations ont sacralisé, voire personnifié la lumière : Râ, Hélios, Apollon, Sòl… Dans la Bible, la lumière est à l’origine-même de la création, en tant que premiers mots de Dieu : « Fiat Lux : que la lumière soit ! »… Manifestation divine, elle autorise la perception des formes en rendant le monde visible. Ainsi, son pouvoir de révélation lui confère évidemment une symbolique spirituelle très forte, que les artistes restitueront dans leur composition. Indissociable de son négatif, la lumière appelle l’ombre, tout aussi chargée de symboles que ne l’est son corollaire. L’histoire de l’art fera de ces deux éléments le matériau essentiel de l’artiste, d’autant que la lumière, devenue manipulable avec l’invention de l’électricité, lui permet de s’émanciper de la dimension spirituelle du symbole pour une expérience sensorielle et perceptive du matériau. Parce que la lumière interroge donc les fondements-mêmes de l’art, elle mérite bien un coup de projecteur sur quelques œuvres éclairantes, voire éblouissantes… L’ART, ENTRE OMBRE ET LUMIERE (2) : L’OMBRE L’art est né de l’ombre. C’est en tout cas ce mythe fondateur que rapporte Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle. La pensée occidentale est également fondée sur l’ombre, au travers du mythe de la Caverne de Platon. Thalès ou Galilée exploitent par ailleurs le phénomène pour calculer quelques mesures scientifiques Ainsi, malgré sa fragilité formelle – l’existence de l’ombre étant conditionnée par la présence de lumière – elle est donc paradoxalement à l’origine de l’histoire de la représentation, de la pensée et de la connaissance humaines, de même que son immatérialité est relativisée par son « attachement » fondamental et inconditionnel à la matérialité d’un objet ou d’une personne dont elle une image éphémère. Les artistes verront donc dans cette ombre une filiation naturelle, en tant qu’image fugace mais universelle du monde, et dans la dialectique de présence/absence qu’elle souligne, un objet de questionnement fondamental qu’il est temps de mettre en lumière… 1er avril 2017 L’ART FAIT LE MUR ! Le mur est le premier support de l’histoire de l’art. Naturellement et immédiatement à portée de la main et du regard, l’homme l’investit pour l’habiller d’images de plus en plus complexes. Sa nature intrinsèque de frontière construit alors inévitablement le concept de lieu et d’espace, la peinture murale devenant de fait solidaire de l’architecture, en tant que support et cadre, structure et décor. De l’art pariétal aux peintures grecques et romaines, des scènes romanes aux fresques renaissance, le mur, qu’il soit privé ou public, laïc ou religieux, définit alors différentes fonctions – spirituelle, décorative, politique, citoyenne, etc. – pour la peinture qu’il reçoit. Les villes modernes et leurs murs innombrables deviennent évidemment les terrains de jeux favoris des street artistes, s’inscrivant naturellement dans cet héritage culturel, et oeuvrant dans l’anonymat ou l’urgence pour identifier, révéler, effacer, réinventer ces espaces urbains. Parce qu’il est le témoin de l’évolution millénaire de la création, des questionnements humains et de notre rapport à l’espace, avant de vouloir le franchir, prenons quelques instants pour l’observer, pierre par pierre 13 mai 2017 ILLUSION… Ne vous fiez pas aux apparences ! Au regard de l’histoire, l’illusion du réel n’est-elle pas la quête essentielle de l’art? Pline raconte que le grec Zeuxis avait peint « des raisins avec tant de ressemblance que des oiseaux vinrent les becqueter.». Pour autant, la seule imitation du monde visible est vite dépassée par les artistes, pleinement conscients de leur pouvoir illusionniste, pour mieux camoufler leurs idéaux politiques, religieux ou moraux, leurs fantasmes et questionnements, leur humour et engagement. Aussi, de l’Antiquité à l’art contemporain, trompe-l’œil, images doubles, anamorphoses, jeux d’optique et de perspectives permettront-ils aux artistes de défigurer le réel pour mieux l’interroger et le dépasser. Ces œuvres, relevant de fabuleux mensonges, trompent le spectateur pour mieux le séduire, dans la troublante expérience d’une réalité factice. Alors ouvrez grand vos yeux car vous êtes invités au doute : une image peut en cacher une autre…