Les premiers dégâts

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Les premiers dégâts
L’attaque des Creillois
Dans la nuit du 2 au 3 septembre, Les soldats allemands arrivent à Creil en passant par la rue
Gambetta. Ils brisent les portes des maisons de la rue, puis jettent des bombes incendiaires et des
fusées dans les habitations. Le feu se propage sur toute la rue, ravageant ainsi 70 maisons. Ces
incendies sont allumés en représailles des différentes attaques subies dès leur arrivée à Creil.
La pointe de l’île et la rue de la République sont également touchées par les incendies. Le 6
septembre, les maisons d’habitation et la quincaillerie Vivien sont complètement ravagées par le feu.
Une fois l’Oise franchie, les soldats allemands s’adonnent à de nombreux pillages. Ils forcent les
portes des maisons et des commerces à la recherche de marchandises.
Plusieurs otages sont constitués. Ils sont conduits dans un champ et contraints à couper les blés
pour dégager les tirs ennemis. Ils doivent également creuser des tranchées pour abriter les soldats
allemands. D’autres otages sont retenus prés des berges de l’Oise.
Des civils sont aussi abattus. Le 2 septembre, Auguste Brèche, propriétaire d’un débit de boissons,
est accusé d’avoir tiré sur l’ennemi, puis fusillé. Amédé Parent est tué rue du Grand Ferré, alors qu’il
tentait de se sauver. Frédéric Odemer est fusillé place Albert Dugué, non loin de l’église saint
Médard. Victor Gelée, domicilié à Liancourt, est décédé sur le bord de l’Oise, lieu dit l’Ile.
Le pont de bois
Le 16 septembre 1914, le génie français installent un pont de bateaux, permettant ainsi aux Creillois
des deux rives de se retrouver.
Le conseil municipal émet rapidement le souhait de reconstruire le pont sur l’Oise. Des travaux
d’amélioration sont envisagés dans ce projet, tel que l’alignement de la rue de la République.
Le 22 octobre 1914, le maire reçoit une réponse du sous-ingénieur des ponts-et-chaussées
concernant la reconstruction du pont de fer et la réparation des dégâts occasionnés par l’explosion.
Ce dernier ne sait pas à qui incombent les dégâts survenus lors de la destruction du pont de fer.
L’explosion ayant été faite en conformité avec les ordres donnés par l’État-major général, elle devrait
être considérée comme fait de guerre et ne devrait pas donner droit à des indemnités. En attendant,
un nouveau pont de bois fixe est ouvert à la circulation le 15 novembre 1914. Il est situé à 250
mètres en amont de l’ancien pont. C’est le service ordinaire de l’Oise, en charge du rétablissement
des voies de communication au dessus de l’Oise, qui est chargé de la mise en place.
Entre escarmouches et champs de bataille
La nuit du 2 au 3 septembre, les soldats français restés sur l’île de Creil ouvrent le feu sur les soldats
allemands, qui ripostent. Des obus sont tirés par un canon, situé dans la rue Gambetta.
Les projectiles viennent se loger dans un mur du café restaurant Francolin, et au dessus de la
boucherie Sanas, rue de la République.
Lors de la fusillade, des balles se logent derrière le comptoir du bureau de tabac situé en face de la
place Carnot. Monsieur Bodin, le propriétaire, édite même des cartes postales de l’incident.
Du côté des Creillois mobilisés, on totalise 73 soldats tués en 1914 : 14 au mois d’août, 34 en
septembre, 9 en octobre, 10 en novembre et enfin 7 en décembre 1.
La commission provisoire de Creil
Créée le 11 septembre, la commission œuvre pour l’aide à la réhabilitation de la ville et l’organisation
du ravitaillement de la population, jusqu’au 27 novembre. Elle remplace les réunions du conseil
municipal, inexistantes depuis le 3 août, et supplée à la démission du Maire, monsieur Picquot.
Lors de la première séance, il est proposé de faire un appel au calme auprès de la population. La
commission organise les opérations de ravitaillement de denrées pour la population. Elle décide de
mettre à l’abattoir tous les animaux égarés, reconnus sains et propres à la consommation. La vente
de la viande obtenue est programmée deux jours par semaine, les dimanches et les mercredis.
La commission organise la mise en place d’un radeau pour permettre aux chevaux et voitures de
traverser l’Oise. Elle demande à ce que des mesures d’hygiène soient prises par les habitants. Enfin,
elle se rend dans les écoles afin de constater les dégâts occasionnés par l’occupation allemande.
Elle y découvre les portes défoncées, et le mobilier cassé.
Dans les séances suivantes, la commission municipale met tout en œuvre pour faciliter les secours à
destination des Creillois. Elle reçoit 6 000 francs, envoyés par le préfet. La commission reçoit aussi le
soutien des Creillois : Maître Desabie, notaire à Creil, fait un don de 1 000 francs et monsieur Daydé,
ingénieur constructeur à Creil, donne 500 francs. Elle reçoit enfin le secours de l’hôpital de Creil, qui
propose d’effectuer une distribution de viande et de pain à la place de la ville.
Vers une guerre des tranchées
A la suite de la bataille de la Marne, les soldats allemands se replient dans l’Aisne, et commencent à
creuser des tranchées protégées par des barbelés.
La situation s’enlise, car l’armée française est devenue trop faible pour pouvoir mener une offensive
victorieuse.
Les tentatives de contournement organisées par les belligérants conduisent à une "course à la mer",
sans qu’aucune des armées ne parviennent à prendre le dessus. Dès le mois d’octobre, le front
s’étend des Vosges à la mer.
La guerre de mouvement s'arrête pour laisser place à une guerre de position, provoquant
l’enlisement des soldats, fatigués et démunis, dans les tranchées…
1
Amis du musée Gallé-Juillet et de la faïence de Creil, Creillois, morts pour la France, 1914 - 1918, travail collaboratif,
parution prévue en 2015.