N° 69

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N° 69
BIoTEcH•INFo
www.biotech-actu.com
LA LETTRE DES BIOTECHNOLOGIES
A N A LY S E
NUMÉRO 69 - 8 NOVEMBRE 2000
ACTUALITÉS
plate-forme de bio-informatique pour Nestlé
Croissance et Une
Le centre de recherche de Nestlé, à Lausanne (Suisse), a choisi les technologies Scout
transparence de l’allemand Lion Bioscience (Heidelberg) pour mettre en place sa première plate-forme
Plus visibles et plus
performantes,
les biotechnologies
cotées aux Etats-Unis
doivent maintenant
démocratiser
leur communication
avec les investisseurs.
Non sans risques.
E
rnst & Young se plaignait, dans l’édition
1999 de son rapport
sectoriel sur les biotechnologies aux Etats-Unis,
de la sous-évaluation des
titres. Le cabinet de conseil
rectifie aujourd’hui le tir
avec emphase. Dans sa
dernière analyse, qui
s’étale sur un an, jusqu’à
juin 2000, il affirme que
les biotechnologies vont
devenir « l’industrie la plus
dynamique de ce siècle ».
La convergence des investissements, des marchés
visés, des technologies et
des produits dope la croissance actuelle. Sur les six
premiers mois de l’année,
dix-neuf entreprises se
sont introduites en Bourse,
levant 2,2 milliards de dollars au total, avec un montant moyen par opération
de 114 millions de dollars.
Parallèlement, les vingtsept sociétés qui ont opéré
de nouveaux appels aux
marchés ont empoché
7 milliards de dollars. Et la
hausse des cours stimule
à son tour les financements et les introductions
en Bourse. La capitalisation
boursière du secteur a
ainsi augmenté de 156 %
en un an, à 353 millions
de dollars. Ernst & Young
voit le futur en rose :
SUITE P.2
« Durant l’année
BIoTEcH•INFo
intégrée de bio-informatique. « C’est notre premier accord d’envergure en bio-informatique.
Il est non exclusif, conclu pour plusieurs années, et représente un investissement important »,
indique Beat Mollet, responsable de l’unité de biologie moléculaire du centre, sans préciser
le montant. Nestlé s’intéresse aux génomes humains, de bactéries probiotiques et de
certaines matières premières. « Sur le café ou le cacao, on s’intéresse plutôt à la qualité,
tandis que sur le lait, on étudie l’aspect ingrédient fonctionnel », explique le chercheur.
Les informations génomiques serviront à trouver et valider de nouveaux produits
alimentaires qui ont un effet bénéfique sur la santé. « La génomique pourrait faciliter
la réglementation en aidant à mieux définir les ingrédients fonctionnels », indique Beat
Mollet. Enfin, Nestlé vise des applications de toxicologie, bien que « la toxico-génomique
ne fasse pas partie de l’accord avec Lion. Nous sommes en phase d’observation et
nous regardons plutôt des sociétés comme Incyte ou Affymetrix », précise-t-il.
Danisco signe avec Genencor
Le groupe danois producteur d’ingrédients pour l’industrie agroalimentaire investira
20 millions de dollars sur quatre ans pour bénéficier du système i-biotech de Genencor
(Palo Alto, Californie), une solution intégrée groupant plusieurs plates-formes
technologiques (génomique, immunologie humaine, formulation…). L’objectif : développer
des bio-ingrédients (protéines, enzymes…) possédant de nouvelles fonctionnalités sur
des applications restant à définir. Danisco (Copenhague) détient environ 42 % de Genencor
à l’issue de rachats successifs : créé en 1982 par Genentech et Corning, Genencor a été
racheté en 1990 par Eastman Kodak et le finlandais Cultor, ce dernier ayant été racheté
par Danisco, en 1999. Le danois a fait de Cultor sa division ingrédients, qui enregistre
la croissance la plus élevée du groupe (environ 15 % par an). En 1999, il a généré
940 000 euros (le quart du chiffre d’affaires du groupe), et Danisco table sur le double
de ce chiffre d’ici à cinq ans, par croissance interne et acquisitions.
Le capital-risque français toujours en hausse
Au premier semestre 2000, les montants investis dans le capital-risque en France ont
augmenté de 143 %, à 3,4 milliards de francs, par rapport au semestre précédent,
selon l’indicateur de l’opérateur de recherche de capitaux, Chausson Finance (Paris).
La santé et les biotechnologies se sont placées au quatrième rang des secteurs financés.
Elles ont représenté 12 % des investissements (410 millions de francs) dans les sociétés
françaises, un pourcentage stable par rapport au semestre précédent. Le montant global
investi dans ce secteur est de 592 millions de francs, les sociétés de capital-risque françaises
investissant de plus en plus dans des start-up européennes. Près d’un quart de ce montant
était consacré à l’e-santé. « Le secteur stagne, ralenti depuis deux ans par la vague Internet.
Mais cela devrait repartir au second semestre », prévoit Jean-Denis Cornillot, directeur
associé, responsable du secteur santé chez Chausson Finance. Pour preuve, les opérations
récentes de Diatos (102 millions de francs) et Exonhit (93 millions de francs). « Les investisseurs
retrouvent de l’intérêt pour les dossiers à forte composante technologique. Ils réalisent aussi
que les produits de big pharmas viennent de plus en plus de sociétés de biotechnologie »,
souligne Jean-Denis Cornillot. La taille des fonds levés dernièrement, comme par exemple
Apax France VI, qui s’élève à 4,7 milliards de francs, implique qu’une augmentation
des volumes d’opérations est à prévoir. « Le ticket moyen devra augmenter pour que
les investisseurs n’aient pas à suivre plus de quarante sociétés », explique l’analyste.
On remarque l’entrée sur le marché du capital-risque pour la santé de fonds créés et levés
par des industriels (corporate ventures) comme Compaq, Novartis ou encore Air Liquide.
Dans le classement des sociétés, Apax Partners a ravi la première place à 3i France,
en seconde position, suivi d’Axa Placement Innovation.
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EN BREF
L’américain Cephalon
va payer 100 millions
de dollars sur quatre ans
pour acheter au groupe
Abbott les droits exclusifs
de commercialisation de
l’antiépileptique Gabitril,
dont les deux sociétés font
conjointement la promotion depuis juin 1999. De
son côté, le britannique
CeNes a complété son
acquisition de trois produits de Glaxo Wellcome
(deux analgésiques,
Diconal et Cyclimorph, et
un antinauséeux, Valoid),
totalisant des ventes
d’environ 30 millions de
francs, pour une somme
non communiquée.
Le californien Aurora
Biosciences (San Diego)
et son voisin Senomyx (La
Jolla) vont collaborer pour
« découvrir des produits
de grande consommation
stimulant le sens du goût
et l’olfaction. Senomyx
aura pour cela un accès
exclusif aux technologies
de génomique fonctionnelle d’Aurora et s’appuiera sur ses propres
gènes cibles. Les deux
sociétés collaboreront
également, mais sans
exclusivité, pour la découverte de médicaments.
Aurora a pris une participation de 4,8 millions de
dollars (1 million de parts)
dans Senomyx.
Glaxo Wellcome a signé
un accord avec le groupe
pharmaceutique italien
Zambon donnant au britannique les droits mondiaux
pour le développement, la
fabrication et la commercialisation d’un inhibiteur
des enzymes ACE/NEP
pour le traitement de l’hypertension artérielle. Le
médicament est en phaseI.
L’américain Inhale a retiré
son offre d’achat de
Quadrant Healthcare
pour 60millions de dollars,
après que l’irlandais Elan
a fait une contre-offre
d’un montant supérieur
(66 millions de dollars).
BIoTEcH•INFo
ACTUALITÉS
Meristem acquiert Sedaherb
Spécialisé dans la biotechnologie végétale à usage thérapeutique, Meristem
Therapeutics (Clermont-Ferrand, Auvergne) vient d’annoncer l’acquisition de
Sedaherb (Saint-Léger-sur-Dheune, Saône-et-Loire), fournisseur de l’industrie
pharmaceutique en matières végétales. Le montant de la transaction devrait
approcher le chiffre d’affaires de Sedaherb, qui était de 23 millions de francs
en 1999. « De fortes synergies existent entre nos deux sociétés, souligne Bertrand
Mérot, P-DG de Meristem. Par exemple, nous sommes en train de mettre en place
des filières sécurisées pour les produits issus des biotechnologies végétales.
De son côté, Sedaherb a déjà mis en œuvre de bonnes pratiques de laboratoires
pour la traçabilité et la qualité de ses molécules végétales. » Dans la transaction,
Sedaherb apporte la connaissance de molécules végétales très actives et son
portefeuille de clients. Il bénéficiera de la plate-forme de production de Meristem
pour industrialiser ses molécules, souvent présentes en faible quantité et dans
des plantes exotiques. « A terme, nous pourrons explorer le potentiel des protéines
végétales intéressantes pour de nouveaux médicaments, que nous pourrons
produire dans des plantes industrielles comme le maïs ou le tabac », ajoute
Bertrand Mérot. Sedaherb est aussi une solution stratégique pour Meristem,
puisqu’il commercialise déjà des produits et est bénéficiaire, atout non négligeable
pour une entreprise de biotechnologie. Sedaherb devient une filiale opérationnelle
de Meristem, et continuera à être dirigé par Guy Potier.
Daiichi et Fujitsu s’allient dans la génomique
Le groupe pharmaceutique japonais Daiichi Pharmaceutical et Celestar Lexico Sciences,
la division biotechnologique du géant de l’électronique nippon Fujitsu, vont mettre
en commun leurs recherches en génomique dans les cinq prochaines années. Les axes
thérapeutiques prépondérants seront le cancer, la sénilité, les problèmes circulatoires
et les maladies infectieuses. Ils utiliseront un logiciel développé conjointement pour
déterminer la fonction des gènes. Daiichi dépensera environ 9 milliards de yens
(100 millions d’euros) dans les deux prochaines années afin de financer les travaux
de recherche de soixante scientifiques. « Grâce à cette mise en commun de notre
recherche, nous sommes persuadés que l’efficacité de nos travaux dans l’analyse
de la fonctionnalité des gènes sera bien meilleure », a pronostiqué Daiichi.
A N A LY S E S U I T E
(SUITE DE LA PAGE 1)
Croissance et transparence
calendaire 2000, l’industrie est assurée
de lever plus de 30 milliards de dollars,
soit plus de trois fois le meilleur record
qui, lui, s’établissait à 9 milliards de dollars », indique le rapport.
Plusieurs opérations conclues ces derniers jours ne viendront pas contrarier
cet optimisme. Rassasiés d’introductions
après la vague de cet été, les investisseurs se sont jetés sur les offres d’entreprises cotées. Neuf sociétés du Nasdaq
ont levé plus de 1 milliard de dollars la
semaine passée. Deux d’entre elles ont
bouclé des offres plus élevées que
prévu : OSI (374,5 millions de dollars),
qui accomplit la cinquième plus grosse
opération de ce type aux Etats-Unis
depuis 1994, et Cima (147,5 millions de
dollars). De son côté, Human Genome
Sciences a complété, la semaine dernière, son offre publique d’octobre qui,
attributions supplémentaires comprises,
totalise 949 millions de dollars.
C’est en cette période faste que prend
effet la nouvelle règle (« Regulation FD »)
de la Commission des opérations de
bourse américaine (SEC). Elle vise à
empêcher les sociétés cotées de ne
révéler des informations importantes
sur leurs activités qu’à des investisseurs professionnels sélectionnés, leur
permettant ainsi de vendre ou d’acheter des titres avant que le « grand public »
n’ait toutes les données en main. La SEC
estime que cette pratique défavorise
les investisseurs individuels. Toute la
communication des entreprises pourrait
en être affectée. La Commission reconnaît qu’elle ne veut pas provoquer, par
contre-coup, un tarissement général
des informations disponibles et de la
« mosaïque de détails » annexes nécessaires pour se faire une opinion valable
sur l’entreprise. Mais la dissémination
des informations pourrait avoir aussi des
effets pervers. Un investisseur non averti
risque de réagir de façon impulsive à
certains détails. D’où un risque de volatilité accrue. A charge pour les sociétés
qui profitent de l’embellie – et leurs
avocats – de savoir manier cette nouvelle donne. ■
CHRISTINE TACONNET
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SOCIÉTÉ ÉMERGENTE
Idmyk piste les champignons
La start-up lyonnaise propose des services de spéciation et
d’identification des micro-organismes pour l’industrie. Fin juillet,
Idmyk a levé 3 millions de francs lors de son premier tour de table.
A
près dix ans passés à l’Université
Claude-Bernard de Lyon, Arnaud
Carlotti a décidé, il y a deux ans,
de troquer sa casquette de maître de
conférence contre celle de jeune chef
d’entreprise. Son ambition : valoriser
auprès des industriels de l’agroalimentaire, de la pharmacie et des cosmétiques
ses méthodes d’identification et de
typage moléculaires des champignons
(levures et moisissures). « En dix ans, j’ai
développé des outils permettant non
seulement d’identifier une espèce de
champignon, mais également de caractériser les individus (ou souches) au
sein de cette espèce », explique Arnaud
Carlotti. A l’aide d’outils de biologie moléculaire sophistiqués, il sait en effet faire
parler les marqueurs génétiques des
micro-organismes et repérer les signatures caractéristiques de chacun d’eux.
Plusieurs contrats déjà signés
Après avoir déposé plusieurs brevets, il
intègre, accompagné d’une technicienne,
l’unité de valorisation de l’Université
Lyon I (EZUS) en février 1998. « Pendant
deux ans, nous avons fonctionné exactement comme une petite entreprise, avec
un budget propre », indique-t-il. Au passage, il bénéficie de formations à l’Ecole
de management de Lyon. Avec succès
semble-t-il, puisqu’il est coup sur coup
lauréat du concours de création d’entreprises de la Fondation Aventis et du
ministère de la Recherche. Soutenu par
la chambre de commerce et d’industrie,
le conseil général, l’Anvar et la fondation
Rhône-Alpes Entreprendre, Arnaud
Carlotti crée finalement Idmyk le 25 juillet
dernier, et boucle dans la foulée un premier tour de table de 3 millions de francs.
Installée depuis septembre dans de
nouveaux locaux du parc technologique
de Limonest (Rhône) — 160 mètres carrés
dont 120 mètres carrés de laboratoires –,
la jeune pousse entend mettre ses compétences au service des industriels de
l’agroalimentaire désireux de garantir la
qualité de leurs produits. Un créneau
porteur puisque toutes les entreprises
ne disposent pas de leur propre service
d’études microbiologiques et de moyens
d’études aussi performants. Idmyk a
d’ailleurs déjà signé plusieurs contrats.
Parmi ses clients figurent, par exemple,
les fromageries Guilloteau et le groupe
Lactalis. Parallèlement, Idmyk propose
ses services aux entreprises pour les
BIoTEcH•INFo
aider à développer de nouveaux produits
dans le cadre de programmes de R&D
communs. Afin d’être toujours plus
performante, Idmyk a mis en place un
programme visant à développer de nouveaux outils d’identification-typage pour
son usage propre.
Sûr de ses atouts, Arnaud Carlotti ne
semble pas être effrayé par la concurrence.
« Nous sommes les seuls sur le marché
à bénéficier d’une telle expertise en
mycologie. Nous possédons en outre
les droits d’exploitation d’outils originaux,
alliant fiabilité et rapidité. » De fait, tandis que les techniques de microbiologie
classiques nécessitent de quatre à six
semaines pour identifier une espèce
microbienne présente dans un échantillon, Idmyk obtient ce résultat en seulement une demie journée avec, en prime,
une caractérisation précise et simultanée des différentes souches ! L’entreprise
peut, en outre, suivre une souche précise parmi une population microbienne
complexe. Or, les différentes souches
d’une même espèce peuvent avoir des
propriétés fort différentes. « Tandis que
certaines peuvent être contaminantes,
d’autres peuvent avoir un intérêt technologique, indique le jeune P-DG. En fromagerie ou en vinification, la nature de
la souche utilisée dans une préparation
peut, par exemple, déterminer les qualités organoleptiques du produit fini,
c’est-à-dire son aspect, sa couleur, et
surtout son goût ! »
Si tout se passe comme prévu, Idmyk
devrait enregistrer un chiffre d’affaires
de 1,5 million de francs cette année
et espère doubler ce chiffre l’an
prochain. ■
LISE MARTY
FICHE D’IDENTITÉ
LIEU : Limonest (Rhône).
SPÉCIALITÉ : détection, identification
et typage des micro-organismes.
CRÉATION : 25 juillet 2000.
FINANCEMENT : capital social de
550 000 francs, détenu à 90 % par le noyau
familial et les salariés. Premier tour de table
de 3 millions de francs bouclé fin juillet
(Crédit agricole Création, business angel).
EFFECTIF : 4 personnes. Un poste assurancequalité prévu avant la fin de l’année.
CONTACT : Arnaud Carlotti, P-DG,
Tél. : 04-37-49-93-51.
EN BREF
Le groupe franco-allemand
Aventis renonce à se
séparer de son unité de
recherche de Romainville
(Seine-Saint-Denis,
1 800 salariés) afin de
l’intégrer à son dispositif
mondial de R&D.
Romainville va être rapproché de Vitry-Alfortville
(Val-de-Marne) pour
former une entité baptisée
« centre de recherche de
Paris » d’Aventis Pharma,
avec une équipe
de management unique.
Le groupe pharmaceutique
allemand Schering va
repousser à fin 2002
l’introduction en Bourse de
sa filiale de recherche en
oncogénétique, Metagen.
Le groupe préfère attendre
« le bon moment ».
« Nous avons tiré
les leçons d’introductions
en Bourse trop rapides
de certaines firmes »,
a indiqué son directeur
financier, Klaus Pohle.
Le groupe danois de
brasseries Carlsberg a
annoncé la création d’une
société de biotechnologie
axée sur la santé, Combio.
Elle travaillera à partir
d’une technologie
développée et brevetée au
laboratoire de Carlsberg.
Le groupe sera le principal
actionnaire de Combio
avec 25 % des parts.
Les autres investisseurs,
qui ont participé avec
un apport de capitaux de
60 millions de couronnes
(8,05 millions d’euros),
sont Novo Nordisk A/S,
Dansk Kapitalanlaeg,
Dyrtidsfond et Medicon
Valley Capital.
L’une des principales
« banques » de sang
de cordon américaine,
la New England Cord
Blood Bank (Boston,
Massachusetts), vient
d’ouvrir à Londres la
première structure privée
de ce type sur le territoire
britannique, permettant
de stocker les cellules
des nouveaux nés.
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BOURSE
PHARMACOPEIA
(PCOP, + 60,2 %)
PCOP vient d’annoncer son cinquième trimestre bénéficiaire
consécutif. Propriétaire de plus de
50 brevets, cette société de chimie
combinatoire a résolu, avec ses
microtubes capillaires porteurs
d’un code à barres, le problème clé
de cette spécialité : étiqueter les
millions de substances produites.
Parmi les grands groupes, elle a
pour clients AstraZeneca, Schering
Plough, Novartis, Pharmacia,
Bristol Myers-Squibb et Roche.
Mais elle a élargi sa clientèle en
vendant des logiciels permettant
aux entreprises de réaliser leur
propre chimie combinatoire.
■
PROGENICS (PGNX, + 44,3 %)
Avec Bristol Myers-Squibb,
PGNX développe un vaccin antimélanome malin, actuellement en
phase III, constitué d’un antigène
associé à deux adjuvants. Avec
Roche, il développe le PRO 542
(en phase I/II). Cette protéine de
fusion contre le VIH est construite
à partir d’une molécule d’immunoglobuline dont les portions
variables ont été remplacées par
des séquences de récepteurs CD4
de lymphocytes humains.
■
ACLARA
(ACLA, - 25,4 %)
Nous avions évoqué (« BiotechInfo » n° 65) les difficultés juridiques d’ACLA, qui élabore
des « lab-on-a-chip » (laboratoire
sur puce). Lundi 30 octobre, à
l’ouverture, son cours avait chuté
en quelques minutes, après l’annonce que son rival Caliper avait
gagné le procès en propriété
intellectuelle qu’il avait intenté.
ACLA est condamné à 52 millions
de dollars de dommages et intérêts. Jeudi 2 novembre, ACLA
a acheté au suisse Zeptosens
une licence sur un brevet qui
détiendrait une antériorité sur
celui qui est l’objet du procès.
L’histoire n’est donc pas close.
■
ANTEX
(ANX, - 20,6 %)
Le cours d’ANX est en baisse
depuis son introduction en février,
par désaffection des investisseurs
pour cette société de bactériologie.
Sa technique de modulation
des milieux de culture, le NST
(Nutriment Signal Transduction)
permet d’exacerber le caractère
vaccinogène des bactéries. D’où
des alliances avec Pfizer, SmithKline et Aventis. Son vaccin antiCampylobacter (pour la diarrhée
des voyageurs) est en phase III
avec la Marine américaine.
ACTUALITÉS
LSVF investit dans quatre start-up
Lancé en mars 2000, le fonds d’investissement japonais Life Science
Venture Fund (LSVF) a investi un total de 600 millions de yens
(6,5 millions d’euros) de son capital, d’environ 3,45 milliards de yens
(36,5 millions d’euros), dans quatre sociétés de biotechnologie,
indique le quotidien « Nikkei ». Ainsi, LSVF a participé au tour
de table de 56,5 millions de dollars du californien FibroGen,
clôturé fin septembre. La société, qui possède une technologie
de génétique recombinante pour la production massive
de collagène et de gélatine à visée médicale, avait auparavant
signé une collaboration avec le nippon Taisho Pharmaceutical.
Deux autres sociétés américaines ont également été choisies :
ChemNavigator.com (vente de composés chimiques en ligne)
et Big Bear Bio (médicaments pour les reins et les os). La dernière
opération concerne une société japonaise, de la préfecture
de Shizuoka, qui développe un médicament anticancéreux. LSVF
est géré par MBL Venture Capital, une filiale de Medical & Biological,
et ReqMed. Il prévoit d’investir à nouveau 400 à 500 millions de yens
dans six sociétés différentes dans les trois prochains mois.
BioChance soutient douze projets
Dans le cadre du concours allemand BioChance, qui vise à aider
les sociétés innovantes à transformer leur connaissance scientifique
en nouveaux produits, procédés ou services, le ministère fédéral
de la Recherche va subventionner douze nouveaux projets
de recherche à hauteur de 26,5 millions de marks (13,5 millions
d’euros). Ces fonds s’ajoutent aux premiers 22 millions de marks
(11,2 millions d’euros) débloqués en octobre 1999 et janvier 2000
pour quatorze entreprises. Les lauréats sont : AbGen (procédés
de dépistage précoce et de traitement de tumeurs, Munich) ;
Atto-Tec (dépistage ultra-sensible du cancer du sein, Siegen) ; Friz
Biochem (analyse génétique basée sur des puces à ADN, Martinsried) ;
Genart (gènes synthétiques pour l’amélioration de la sécurité
et de l’efficacité des vaccins contenant de l’ADN, Berlin); Genethor
(thérapie génique contre les maladies auto-immunes, Berlin) ;
Ingenium Pharmaceuticals (caractérisation de maladies oculaires,
Martinsried) ; iSenselt Sensorsoftware und Bioinformatik (système
bio-informatique pour les puces à ADN, Brême) ; Jomaa Pharmaka
(principes actifs contre les infections bactériennes, Giessen) ; MainGen
Biotechnologie (biomolécules pour le traitement de maladies
malignes des os et de la moelle osseuse, Francfort) ; November
(délivrance dirigée de médicaments, Erlangen) ; NovoPlant (plantes
fourragères comme alternative aux antibiotiques dans la production
animale, Gatersleben) ; Scil Proteins (liants pour le diagnostic médical
et la thérapie, Halle). Le programme BioChance prévoit la répartition
de 100 millions de marks sur cinq ans. Les prochaines attributions
auront lieu en janvier et août 2001.
■
RUBRIQUE ANIMÉE PAR TONY MARCEL,
CONSEIL EN INVESTISSEMENT
BIoTEcH•INFo
ILS BOUGENT
CNRS
GÉRARD MÉGIE remplace
EDOUARD BREZIN, démissionnaire, à la présidence du CNRS.
Physicien, spécialiste en
environnement, il a fait partie
du CNRS de 1974 à 1988.
Il est depuis lors professeur à
l’Université Paris VI. Depuis 1994,
il est également directeur de
l’Institut Pierre-Simon-Laplace
des sciences de l’environnement
global et, depuis 1999, président
du Comité de coordination
■
des sciences de la planète et
de l’environnement du ministère
de la Recherche.
CANTAB
JUREK SIKORSKI démissionne
de son poste de P-DG de Cantab
(Cambridge, Angleterre). Il est
remplacé par NICHOLAS HART,
déjà directeur opérationnel
et directeur financier.
Ce changement intervient
alors que la société cherche
à se vendre ou à fusionner.
■
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BIOPÔLE
Etats-Unis: l’extension de l’UCSF sur les rails
Il faudra quinze à vingt ans pour construire le nouveau campus biomédical de l’Université
de Californie à San Francisco (UCSF), dans le quartier de Mission Bay. Les entreprises de biotechnologie
font partie intégrante de cet ambitieux projet.
L
e quartier de Mission Bay, à San
Francisco, a basculé, cet été, du
siècle du chemin de fer dans l’ère
biomédicale. Le 16 août dernier, l’Université de Californie à San Francisco
(UCSF) célébrait l’achèvement des
fondations du premier laboratoire de
son nouveau campus, sur les vestiges
d’une ancienne gare de dépôt de la
Southern Pacific.
D’ici à trois ans, le paysage va changer
radicalement. La nouvelle structure,
baptisée « bâtiment 24 » (en raison de
son numéro au cadastre), accueillera,
à partir de 2002, quelque 900 personnes. Aujourd’hui répartis sur plusieurs sites, le personnel administratif,
les professeurs et les chercheurs se
regrouperont autour de deux grands
pôles : la biologie structurale et la biochimie d’une part, la biologie moléculaire et cellulaire d’autre part. Un second
laboratoire, en génétique humaine,
neurosciences et biologie du développement, verra le jour peu après, ainsi
qu’un foyer universitaire ultra-moderne
tel que tous les étudiants en rêvent.
Ils pourront directement se rendre des
futures salles de gym et de massage
à la bibliothèque, l’auditorium ou les
salles de conférences.
Il ne s’agit cependant que de l’ébauche
de cette université du futur, dont l’objet sera d’« explorer, examiner et en fin
de compte répondre à certaines des
questions les plus embarrassantes de
l’existence humaine». Quinze à vingt ans
seront nécessaires au total pour mener
à bien ce projet d’extension de l’UCSF,
l’un des fleurons de la formation et de
la recherche en sciences médicales
aux Etats-Unis, avec quelque 3 500 étudiants et un millier de chercheurs postdoctorants. La facture dépassera au
final le seuil du milliard de dollars, sans
compter le prix des terrains (43 acres
soit 17,5 hectares) qui ont été offerts.
Installée en 1897 sur les hauteurs du
mont Parnasse, l’université s’est étendue sur 107 acres (plus de 43 hectares),
jusqu’à former un patchwork d’une
quinzaine de sites plutôt qu’un campus
homogène. Il faut désormais plus d’une
heure pour le traverser en bus. La
friche industrielle du quartier de Mission
Bay, située à environ 1 kilomètre au sud
du centre-ville, est donc apparue, dès la
fin 1996, comme une véritable aubaine
pour repenser l’avenir de l’université.
Le nouveau site permettra de doubler
BIoTEcH•INFo
U C S F AUJ O U R D’H U I
3 500 étudiants
de 78 pays.
■ Un millier de chercheurs
postdoctorants.
■ 16 250 professeurs
et employés.
■
3 000 projets
de recherche.
■ 15 sites.
■ 1 milliard de dollars
environ de budget
de fonctionnement
■
la surface de recherche, la moitié des
265 000 mètres carrés de bâtiments
prévus étant dévolue aux laboratoires.
Mais il va aussi permettre de tester un
nouveau mode d’organisation, autour
d’équipes multidisciplinaires, soulignet-on à l’UCSF. L’architecture même
des futurs locaux reflète cette ambition.
Ainsi, le second bâtiment en cours de
construction sera formé de deux
ensembles de laboratoires similaires,
soudés par une structure de verre qui
abritera les ressources communes (des
salles de réunions notamment). La
forme semi-circulaire des laboratoires
doit stimuler les échanges entre les
scientifiques de différentes spécialités
qui s’y côtoieront. Un programme de
recherche sur l’organisation des cellules pourra, par exemple, réunir un biologiste, un chimiste et un physicien…
But affiché de cette approche par
champ d’intérêt : aider à « développer
de nouvelles technologies ».
Des équipes multidisciplinaires
Il faudra d’abord que l’université dispose de toutes ces compétences. « Le
fait de mettre en avant ce type d’organisation, c’est du marketing pour
attirer des physiciens et des informaticiens à l’UCSF, estime un chercheur
en virologie de l’université. Nous travaillons déjà en équipes multidisciplinaires. Si vous voulez développer un
nouveau scanner, il faut un médecin
et un physicien. Seulement pour l’instant, on fait appel à des gens des
autres universités ».
Les prestigieuses voisines, Berkeley
et Stanford, doivent-elles y voir des velléités de concurrence ? Ce n’est pas
exclu. En faisant valoir cette future
concentration de matière grise à Mission
Bay, le projet vise par ailleurs à séduire
des entreprises des sciences de la vie.
Une zone d’affaires en forme d’U, répartie sur 465 000 mètres carrés au sol,
est prévue à l’intention des entreprises
(tous domaines confondus). Les bio-
■
par année universitaire.
375 millions de dollars
de subventions
de recherche
(public et privé).
Source : UCSF
technologies pourraient occuper jusqu’à la moitié de cet espace. L’installation d’un incubateur, d’ici au début
2003, permettra d’héberger les start-up.
Mais « actuellement, l’intérêt le plus fort
vient clairement des sociétés de biotechnologie établies, de 60 à 200 personnes, qui se développent rapidement,
indique l’agence locale de développement économique, The San Francisco
Partnership. C’est ce type d’entreprises
qui peuvent le plus bénéficier de la
proximité de l’université, et de l’accès
à l’abondant espace de laboratoires que
Mission Bay fournira ». Une cinquantaine de start-up de ce secteur, qui
emploient aujourd’hui 13 000 personnes, ont déjà éclos grâce aux découvertes, à la technologie ou aux
chercheurs issus de l’UCSF, dont les
incontournables Genentech et Chiron.
L’université, qui se targue d’une production record de brevets pour la Californie (149 brevets déposés en 1999,
portant leur nombre total à 936), affiche
avec fierté dans son corps scientifique
trois Nobel (J. Michael Bishop et Harold
Varmus pour leurs découvertes sur les
proto-oncogènes, en 1989, et Stanley
Prusiner pour ses travaux sur les prions,
en 1997), ainsi que vingt-cinq
membres de l’Académie des sciences
et trente-sept de l’Institut de médecine. « La proximité des industries des
sciences de la vie devrait susciter des
partenariats de recherche nouveaux et puissants », estime J. Michael
Bishop, le chancelier de l’université.
Si la greffe du nouveau campus
prend, il devrait créer un total de
20 000 emplois. Cette activité supplémentaire pourrait se traduire, dans
une vingtaine d’années, par une manne
de 574 millions de dollars de chiffre
d’affaires par an pour San Francisco et
ses alentours. D’autant que le vieux
« Parnassus » ne sera pas déserté pour
autant. L’espace libéré doit servir à
accueillir de nouveaux programmes
NADINE BAYLE
de recherche. ■
(CORRESPONDANCE DES ETATS-UNIS)
NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 5
EN BREF
En utilisant une approche
de génomique intégrée,
des chercheurs de
la société américaine
ZymoGenetics (Seattle,
Washington) viennent
d’identifier une nouvelle
interleukine qui joue
un rôle crucial dans
la régulation du système
immunitaire. Les scientifiques sont parvenus
à mettre la main à la fois
sur l’interleukine 21 et
sur son récepteur.
(« Nature », 2 novembre)
La Chine et le Danemark
viennent de former
un consortium pour
séquencer le génome
du porc. Un projet qui
prendra plusieurs années.
Selon des chercheurs
des universités de Fundan
et de Hongkong (Chine),
ainsi que des scientifiques
des NIH américains,
le cancer du foie
serait associé à une
délétion du bras court
du chromosome 8.
Basé aux Etats-Unis,
un consortium
international s’apprête
à séquencer le génome
du poisson Fugu rubripes,
un proche cousin
du tétraodon, que Jean
Weissenbach, du centre
national de génotypage,
à Evry, avait utilisé pour
revoir le nombre de gènes
humains à la baisse.
Les chercheurs espèrent
que la séquence
du Fugu confirmera
ces estimations.
Stephen Scheff, de
l’Université américaine
du Kentucky, pense
que la créatine,
un complément
alimentaire utilisé
par nombre d’athlètes,
pourrait prévenir
les dommages
cérébraux successifs
à un traumatisme crânien.
Ses travaux sur la souris
sont publiés dans
« Annals of Neurology »
de novembre.
BIoTEcH•INFo
TECHNOLOGIE
Vers des tests de détection
de l’ESB à plus grand débit
La demande de tests de dépistage de l’ESB à l’échelle industrielle
devient de plus en plus forte, face à une épidémie qui s’amplifie.
Ces attentes ravivent la concurrence entre les acteurs.
D
epuis plusieurs semaines, la
France parle de dépistage systématique de l’encéphalopathie
spongiforme bovine. Les tests passeraient
alors de 48 000, dans le cadre du programme de surveillance active, à 5 millions par an (nombre de bêtes abattues
chaque année en France). Le test Western Blot de référence Prionics (Suisse)
pourra-t-il répondre à la demande ?
Question à laquelle la société répond
positivement. Pourtant, les méthodes
Elisa, réalisées sur microplaques, adoptées pour les deux autres tests homologués par la Commission européenne,
à savoir Bio-Rad (Etats-Unis) et Enfer
Scientifics (Irlande), sont plus facilement industrialisables. Prionics vient
d’ailleurs de mettre au point un nouveau
test, cette fois sur le modèle Elisa, en
cours de validation.
Améliorer la rapidité des résultats
en évitant les faux positifs
« Le nouveau test Elisa de Prionics répond
au besoin d’améliorer la rapidité des
résultats », particulièrement dans le cas
d’échantillons négatifs, pour rassurer les
éleveurs, « mais aussi de simplifier la mise
en œuvre », explique Michel Butin, d’AES
Laboratoire (Combourg, Ille-et-Vilaine),
distributeur français du test Prionics.
Dans les cas de résultats positifs, une
validation par un test Western Blot est
obligatoire. « Il est en effet nécessaire
d’éviter au maximum les faux positifs »,
ajoute-t-il. Car, si les deux méthodes
reposent sur une digestion enzymatique,
par la protéinase K qui détruit théoriquement la protéine prion normale, la technique de Western Blot permet, elle, par
électrophorèse, de séparer les protéines
en fonction de leur poids moléculaire.
« Dans le cadre d’un test Elisa, les faux
positifs ne sont pas à exclure, notamment du fait d’une déficience de l’enzyme ou du protocole analytique, qui ne
peut pas être détectée », souligne Michel
Butin. C’est pourquoi la Commission
européenne a imposé, sur les résultats
positifs, une confirmation par Western
Blot. « Pour notre test Elisa Platelia-BSE,
très sensible, nous avons dû développer
un test Western Blot de confirmation
spécifique », indique Nicole Vanhove,
consultante chez Bio-Rad. La société
aurait-elle peur du risque de faux posi-
tifs générés par son test de détection ?
« Sur 100 000 échantillons [testés par le
Western Blot de Prionics] en France,
en Suisse et dans d’autres pays, nous
n’avons eu aucun faux positif, lance
Michel Butin. Dans le cas de tests Elisa,
on estime que le taux de faux positifs
frôle les deux pour mille. » Ainsi, d’un
côté, le test Bio-Rad serait plus sensible
que le test Prionics de référence, selon
le ministre de l’Agriculture et de la
Pêche, et capable donc de détecter la
protéine pathologique à très faible dose.
D’un autre côté, il générerait des faux
positifs, ce qui deviendrait plus que
gênant dans le cadre d’un dépistage
systématique.
Depuis plus d’un mois, l’Afssa (Agence
française de sécurité sanitaire des aliments) compare les résultats du test
Prionics sur des cas difficiles avec le test
Bio-Rad. Mais, cette expérience est faite
dans le cadre d’une étude de comparaison entre les tests en France. Etude à
l’issue de laquelle, la France décidera
ou non de conserver le test Prionics,
comme référence. Autre issue possible :
l’utilisation de plusieurs tests. Dans ce
cas, les résultats ne risqueraient-ils pas
de poser des problèmes d’interprétation
et de reproductibilité ? « Dès lors que l’on
multiplie le nombre de laboratoires et
de tests différents, les discordances sont
plus fortes », lance Thierry Baron, chef
de l’unité de virologie des agents transmissibles non conventionnels à l’Afssa.
De son côté, Dominique Dormont, du CEA,
rappelle qu’une étude de la Commission
européenne a permis d’élaborer une
« échelle » de comparaison entre différents tests. Mais seuls les trois tests
homologués ont été pris en compte.
« Nous attendons des tests de dépistage
de l’ESB plus fiables », conclut Thierry
Baron. Car, la fiabilité de tous ces tests
pourrait être remise en cause pour
des problèmes de faux négatifs, non
vérifiés aujourd’hui. Ces tests sont en
effet tous effectués sur des prélèvements de cerveau, dernier organe infecté
par la maladie. Des bêtes infectées, en
première phase d’incubation, peuvent
donc passer à travers les mailles du
filet. C’est pourquoi, les scientifiques
cherchent de nouveaux tests, en particulier sur des prélèvements d’urine et
d’amygdales, infectés bien avant le sysVIRGINIE GUÉRIN
tème nerveux. ■
NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 6
TECHNOLOGIE
Bientôt un vaccin contre le paludisme
Sous la houlette de Pierre Druilhe, directeur de l’unité de parasitologie biomédicale
de l’Institut Pasteur, à Paris, des chercheurs viennent de mettre au point un vaccin
contre le paludisme, qui a déjà prouvé son efficacité chez le chimpanzé. « On savait
induire une immunité par un sporozoïte [de Plasmodium falciparum, l’agent
responsable du paludisme] irradié. Mais on n’a jamais réussi à reproduire cette
immunité par des molécules. En fait, c’est la transformation du sporozoïte irradié
en trophozoïte hépatique qui déclenche la réponse immunitaire. Nous avons donc
essayé de trouver des gènes codant des protéines spécifiques du stade hépatique.
Nous avons travaillé à partir de sérums de volontaires humains immunisés par des
sporozoïtes irradiés, qui présentaient des réponses immunitaires différentes. On
a donc fait un criblage des gènes [auparavant caractérisés] et sélectionné ceux qui
étaient différents d’un groupe à l’autre», explique Pierre Druilhe. Son équipe a ainsi
mis la main sur LSA-3 (pour liver-stage antigen 3), qui code une protéine qui
immunise le chimpanzé. Aujourd’hui, elle met en avant deux moyens d’immunisation
efficaces : un petit peptide de LSA-3, injecté sans adjuvant, dans de l’eau, et une
molécule recombinante injectée avec un adjuvant. En partenariat avec Aventis
Pasteur et SmithKline Beecham, l’Institut Pasteur doit débuter des essais cliniques
en mars pour tester un long peptide de LSA-3. (« Nature medicine », novembre)
Fonction dévoilée pour les antigènes rhésus
On connaissait déjà le rôle joué par les antigènes rhésus présents à la surface des
globules rouges lors d’une transfusion sanguine mais on ignorait leur véritable
fonction biochimique. En étudiant ces protéines chez le macaque, Bruno André,
de l’Université libre de Bruxelles, et Baya Cherif-Zahar, de l’Institut national
de la transfusion sanguine, à Paris, se sont aperçus qu’elles avaient une séquence
d’acides aminés très proche de celle de certaines protéines de levure impliquées
dans le transport des ions ammonium. Pour vérifier si les antigènes rhésus jouent
un rôle semblable chez l’homme, les chercheurs ont introduit un antigène rhésus
humain dans des levures génétiquement modifiées, dépourvues de transporteur
d’ammonium. Ils ont ainsi montré que, dans ce cas, la protéine humaine remplit
bien la même fonction que la molécule de levure. («Nature Genetics», novembre)
Délivrer des gènes dans les coronaires
Des chercheurs du centre médical de l’Université de Pennsylvanie et de l’Hôpital
pour enfants de Philadelphie sont parvenus à délivrer un brin d’ADN étranger,
localement, dans la paroi artérielle d’un porc. A cet effet, les scientifiques ont utilisé
un stent recouvert d’un polymère lui-même porteur de plasmides. Chez le porc,
les plasmides ont délivré aux cellules de l’artère le gène d’une protéine fluorescente,
la GFP (Green fluorescent protein), qui a permis de suivre l’intégration du gène par
immuno-histochimie. Les chercheurs ont ainsi vérifié que, chez les six porcs traités,
la GFP s’est exprimée au niveau des artères coronaires saines qui ont reçu le stent,
mais pas au niveau des coronaires voisins. Des résultats confirmés par PCR. Ainsi,
cette technique permet d’envisager des thérapies géniques pour des maladies
cardio-vasculaires, notamment dans le cas de resténoses. Reste maintenant
à identifier les gènes thérapeutiques ! (« Nature Biotechnology », novembre)
Immune Response conteste des résultats
Le Remune, une forme inactivée du virus du sida développée par Immune Response
(Carlsbad, Californie), ne limite pas la progression de la maladie. Selon une étude
clinique de phase III, dirigée par James Kahn, à l’Université de Californie à San
Francisco et publiée le 1er novembre dans le « Journal of the American Medical
Association ». Immune Response a demandé, début septembre, un arbitrage en
justice, arguant que l’article omet des données récentes d’une étude annexe sur
250 personnes qui indiqueraient une baisse de la charge virale des patients sous
Remune. Les universitaires les considèrent non valides. L’étude principale, lancée
en mars 1996 sur 2 500 personnes sur 77 centres, avait été arrêtée en mai 1999 par
un groupe d’experts indépendants jugeant que le produit n’aidait pas les patients.
Immune Response réclame entre 7 à 10 millions de dollars en dédommagement
du préjudice financier découlant de la publication de résultats négatifs.
BIoTEcH•INFo
EN BREF
Des chercheurs de
l’Académie russe
des sciences, à Moscou,
viennent de mettre au
point un vaccin prometteur
contre la méningite B. Fait
difficile jusqu’à présent
car un polysaccharide de
la paroi bactérienne
ressemble trop fortement
à une molécule impliquée
dans le développement
cérébral du fœtus humain.
Les scientifiques ont donc
créé un vaccin sans utiliser
la paroi bactérienne. Grâce
à lui, certaines souris ont
vu leur niveau de protection grimper jusqu’à 100%.
Après avoir créé une
drosophile qui exprime le
gène humain responsable
de l’ataxie spinocérébellaire de type 1, une
équipe de chercheurs
américains et espagnols
a identifié une série
de gènes qui modifient
les voies génétiques et les
mécanismes moléculaires
de cette maladie
neurodégénérative.
(« Nature », 2 novembre)
Les scientifiques de
la société américaine
Interleukin Genetics
(Boston) pensent avoir
découvert un marqueur
génétique des maladies
cardiaques. Certaines
variations du gène de
l’interleukine 1 seraient
en effet associées à une
augmentation du risque
de maladie cardiaque
tandis que d’autres
permettraient de prédire
la survenue d’asthme.
Afin d’éviter les gènes
marqueurs de résistance
aux antibiotiques utilisés
lors de la transgenèse
végétale, des chercheurs
de l’Université
de Manchester (GrandeBretagne) ont développé
une procédure qui utilise
la recombinaison homologue pour générer
des plants de tabac
transgénique dépourvus
de ces « séquences
controversées ».
NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 7
LES LIENS DE LA SEMAINE
www.b.shuttle.de/berliner/publicat
/biotech.htm
Fruit de la collaboration du service
pour la science et la technologie
de l’ambassade de France
à Berlin et du poste d’expansion
économique de Munich,
cette adresse propose
« la Lettre des biotechnologies
en Allemagne », dont le premier
numéro vient de paraître.
Cette publication mensuelle
gratuite aborde des questions
• Diabetes 2000, proposé
par SMI Pharmaceutical
Conferences, se tiendra
du 15 au 16 novembre
à Londres.
Contact : Katherine Britton,
Tél. : 00-44-20-7827-6048
E-mail : kbritton
@smiconferences.co.uk
Site Internet :
www.smiconferences.co.uk
• L’Euroconférence de l’Institut
Pasteur, « les infections
nocosomiales », aura lieu
du 15 au 18 novembre à Paris.
Contact : l’Institut Pasteur,
y participent. C’est aux « baby
boomers » que l’association
américaine destine tout
spécialement cette adresse, qui,
garantie de son indépendance,
www.infoaging.org
n’acceptera aucune publicité
La fédération américaine pour
pour des produits ou des services.
la recherche sur l’âge (Afar) vient
Les articles disponibles sur le site
d’ouvrir un site qui recense
sont sélectionnés en utilisant
des données sur les dernières
un procédé de relecture sérieux.
recherches scientifiques sur
Ils abordent principalement
les maladies liées à la vieillesse.
le diabète, l’ostéoporose et
Plusieurs chercheurs de renommée le cancer de la prostate.
R É G L E M E N TAT I O N
RENDEZ-VOUS
• La conférence européenne
annuelle de partenariat,
Bio-Europa 2000, organisée
par EDB Group, aura lieu
du 13 au 15 novembre
à Berlin (Allemagne).
Un forum pour renforcer
les liens entre les sociétés
financières, pharmaceutiques
et les compagnies
de biotechnologie.
Site Internet : www.ebdgroup.com
/bio2000/index.htm
de politique et de marché.
Elle met aussi en avant quelques
sociétés et décrit certaines
découvertes scientifiques.
Fax : 01-40-61-34-05
E-mail : [email protected]
Site Internet : www.pasteur.fr
/Conf/euroconf.html
• Les Journées internationales
de biologie, journées thématiques
sur ce que sera la biologie
de demain, se tiendront
au Cnit – Paris La Défense,
du 16 au 18 novembre.
Contact : Syndicat
des biologistes,
Tél. : 01-53-63-85-00
E-mail : [email protected]
Organisateur : Reed-OIP,
Tél. : 01-41-90-47-86
E-mail : [email protected]
Site Internet : www.sdbio.fr
• La Journée parisienne
d’immuno-allergologie
infantile aura lieu
le 18 novembre à l’Hôtel
Méridien-Montparnasse, Paris.
Contact : Service pneumologie
et allergologie pédiatriques
du CHU Necker,
Tél. : 01-44-38-16-24
E-mail : pneumo.allergo
@nck.ap-hop-paris.fr
Quels essais cliniques pour les enfants?
La France, à la tête de la Commission européenne jusqu’à
la fin de l’année, devrait soutenir la mise en place d’une
réglementation pour encourager les essais cliniques sur
les enfants. Cette initiative est en gestation au niveau
de l’Union, au moment où le Parlement européen procède
à la deuxième lecture du projet de directive sur les essais
cliniques. Elle pourrait s’inspirer largement de la législation
américaine, qui propose six mois d’exclusivité commerciale
aux produits développés pour une utilisation pédiatrique.
Certaines questions éthiques ont déjà été soulevées,
notamment le processus de consentement éclairé lorsqu’il
s’agit d’enfants.
BIoTEcH•INFo
Une publication de « L’Usine Nouvelle » - 12-14, rue Médéric 75815 Paris Cedex 17
Tél. : 01-56-79-41-00 – Fax : 01-56-79-45-60
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(rédactrice en chef adjointe) : 42 18 ; Anne Laurent-Pezet : 42 28 ; Géraldine
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Dépôt légal 4e trimestre 2000 - Editeur : Groupe Industrie Services Info. Siège social : 14, rue Médéric
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Clerget. Imprimé par Dupliprint, 2, rue Descartes 95330 Domont. Commission Paritaire des Publications et
Agences de Presse : 0601 I 78859. N° ISSN : 1294 -2537.
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