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BIoTEcH•INFo www.biotech-actu.com LA LETTRE DES BIOTECHNOLOGIES A N A LY S E NUMÉRO 69 - 8 NOVEMBRE 2000 ACTUALITÉS plate-forme de bio-informatique pour Nestlé Croissance et Une Le centre de recherche de Nestlé, à Lausanne (Suisse), a choisi les technologies Scout transparence de l’allemand Lion Bioscience (Heidelberg) pour mettre en place sa première plate-forme Plus visibles et plus performantes, les biotechnologies cotées aux Etats-Unis doivent maintenant démocratiser leur communication avec les investisseurs. Non sans risques. E rnst & Young se plaignait, dans l’édition 1999 de son rapport sectoriel sur les biotechnologies aux Etats-Unis, de la sous-évaluation des titres. Le cabinet de conseil rectifie aujourd’hui le tir avec emphase. Dans sa dernière analyse, qui s’étale sur un an, jusqu’à juin 2000, il affirme que les biotechnologies vont devenir « l’industrie la plus dynamique de ce siècle ». La convergence des investissements, des marchés visés, des technologies et des produits dope la croissance actuelle. Sur les six premiers mois de l’année, dix-neuf entreprises se sont introduites en Bourse, levant 2,2 milliards de dollars au total, avec un montant moyen par opération de 114 millions de dollars. Parallèlement, les vingtsept sociétés qui ont opéré de nouveaux appels aux marchés ont empoché 7 milliards de dollars. Et la hausse des cours stimule à son tour les financements et les introductions en Bourse. La capitalisation boursière du secteur a ainsi augmenté de 156 % en un an, à 353 millions de dollars. Ernst & Young voit le futur en rose : SUITE P.2 « Durant l’année BIoTEcH•INFo intégrée de bio-informatique. « C’est notre premier accord d’envergure en bio-informatique. Il est non exclusif, conclu pour plusieurs années, et représente un investissement important », indique Beat Mollet, responsable de l’unité de biologie moléculaire du centre, sans préciser le montant. Nestlé s’intéresse aux génomes humains, de bactéries probiotiques et de certaines matières premières. « Sur le café ou le cacao, on s’intéresse plutôt à la qualité, tandis que sur le lait, on étudie l’aspect ingrédient fonctionnel », explique le chercheur. Les informations génomiques serviront à trouver et valider de nouveaux produits alimentaires qui ont un effet bénéfique sur la santé. « La génomique pourrait faciliter la réglementation en aidant à mieux définir les ingrédients fonctionnels », indique Beat Mollet. Enfin, Nestlé vise des applications de toxicologie, bien que « la toxico-génomique ne fasse pas partie de l’accord avec Lion. Nous sommes en phase d’observation et nous regardons plutôt des sociétés comme Incyte ou Affymetrix », précise-t-il. Danisco signe avec Genencor Le groupe danois producteur d’ingrédients pour l’industrie agroalimentaire investira 20 millions de dollars sur quatre ans pour bénéficier du système i-biotech de Genencor (Palo Alto, Californie), une solution intégrée groupant plusieurs plates-formes technologiques (génomique, immunologie humaine, formulation…). L’objectif : développer des bio-ingrédients (protéines, enzymes…) possédant de nouvelles fonctionnalités sur des applications restant à définir. Danisco (Copenhague) détient environ 42 % de Genencor à l’issue de rachats successifs : créé en 1982 par Genentech et Corning, Genencor a été racheté en 1990 par Eastman Kodak et le finlandais Cultor, ce dernier ayant été racheté par Danisco, en 1999. Le danois a fait de Cultor sa division ingrédients, qui enregistre la croissance la plus élevée du groupe (environ 15 % par an). En 1999, il a généré 940 000 euros (le quart du chiffre d’affaires du groupe), et Danisco table sur le double de ce chiffre d’ici à cinq ans, par croissance interne et acquisitions. Le capital-risque français toujours en hausse Au premier semestre 2000, les montants investis dans le capital-risque en France ont augmenté de 143 %, à 3,4 milliards de francs, par rapport au semestre précédent, selon l’indicateur de l’opérateur de recherche de capitaux, Chausson Finance (Paris). La santé et les biotechnologies se sont placées au quatrième rang des secteurs financés. Elles ont représenté 12 % des investissements (410 millions de francs) dans les sociétés françaises, un pourcentage stable par rapport au semestre précédent. Le montant global investi dans ce secteur est de 592 millions de francs, les sociétés de capital-risque françaises investissant de plus en plus dans des start-up européennes. Près d’un quart de ce montant était consacré à l’e-santé. « Le secteur stagne, ralenti depuis deux ans par la vague Internet. Mais cela devrait repartir au second semestre », prévoit Jean-Denis Cornillot, directeur associé, responsable du secteur santé chez Chausson Finance. Pour preuve, les opérations récentes de Diatos (102 millions de francs) et Exonhit (93 millions de francs). « Les investisseurs retrouvent de l’intérêt pour les dossiers à forte composante technologique. Ils réalisent aussi que les produits de big pharmas viennent de plus en plus de sociétés de biotechnologie », souligne Jean-Denis Cornillot. La taille des fonds levés dernièrement, comme par exemple Apax France VI, qui s’élève à 4,7 milliards de francs, implique qu’une augmentation des volumes d’opérations est à prévoir. « Le ticket moyen devra augmenter pour que les investisseurs n’aient pas à suivre plus de quarante sociétés », explique l’analyste. On remarque l’entrée sur le marché du capital-risque pour la santé de fonds créés et levés par des industriels (corporate ventures) comme Compaq, Novartis ou encore Air Liquide. Dans le classement des sociétés, Apax Partners a ravi la première place à 3i France, en seconde position, suivi d’Axa Placement Innovation. NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 1 EN BREF L’américain Cephalon va payer 100 millions de dollars sur quatre ans pour acheter au groupe Abbott les droits exclusifs de commercialisation de l’antiépileptique Gabitril, dont les deux sociétés font conjointement la promotion depuis juin 1999. De son côté, le britannique CeNes a complété son acquisition de trois produits de Glaxo Wellcome (deux analgésiques, Diconal et Cyclimorph, et un antinauséeux, Valoid), totalisant des ventes d’environ 30 millions de francs, pour une somme non communiquée. Le californien Aurora Biosciences (San Diego) et son voisin Senomyx (La Jolla) vont collaborer pour « découvrir des produits de grande consommation stimulant le sens du goût et l’olfaction. Senomyx aura pour cela un accès exclusif aux technologies de génomique fonctionnelle d’Aurora et s’appuiera sur ses propres gènes cibles. Les deux sociétés collaboreront également, mais sans exclusivité, pour la découverte de médicaments. Aurora a pris une participation de 4,8 millions de dollars (1 million de parts) dans Senomyx. Glaxo Wellcome a signé un accord avec le groupe pharmaceutique italien Zambon donnant au britannique les droits mondiaux pour le développement, la fabrication et la commercialisation d’un inhibiteur des enzymes ACE/NEP pour le traitement de l’hypertension artérielle. Le médicament est en phaseI. L’américain Inhale a retiré son offre d’achat de Quadrant Healthcare pour 60millions de dollars, après que l’irlandais Elan a fait une contre-offre d’un montant supérieur (66 millions de dollars). BIoTEcH•INFo ACTUALITÉS Meristem acquiert Sedaherb Spécialisé dans la biotechnologie végétale à usage thérapeutique, Meristem Therapeutics (Clermont-Ferrand, Auvergne) vient d’annoncer l’acquisition de Sedaherb (Saint-Léger-sur-Dheune, Saône-et-Loire), fournisseur de l’industrie pharmaceutique en matières végétales. Le montant de la transaction devrait approcher le chiffre d’affaires de Sedaherb, qui était de 23 millions de francs en 1999. « De fortes synergies existent entre nos deux sociétés, souligne Bertrand Mérot, P-DG de Meristem. Par exemple, nous sommes en train de mettre en place des filières sécurisées pour les produits issus des biotechnologies végétales. De son côté, Sedaherb a déjà mis en œuvre de bonnes pratiques de laboratoires pour la traçabilité et la qualité de ses molécules végétales. » Dans la transaction, Sedaherb apporte la connaissance de molécules végétales très actives et son portefeuille de clients. Il bénéficiera de la plate-forme de production de Meristem pour industrialiser ses molécules, souvent présentes en faible quantité et dans des plantes exotiques. « A terme, nous pourrons explorer le potentiel des protéines végétales intéressantes pour de nouveaux médicaments, que nous pourrons produire dans des plantes industrielles comme le maïs ou le tabac », ajoute Bertrand Mérot. Sedaherb est aussi une solution stratégique pour Meristem, puisqu’il commercialise déjà des produits et est bénéficiaire, atout non négligeable pour une entreprise de biotechnologie. Sedaherb devient une filiale opérationnelle de Meristem, et continuera à être dirigé par Guy Potier. Daiichi et Fujitsu s’allient dans la génomique Le groupe pharmaceutique japonais Daiichi Pharmaceutical et Celestar Lexico Sciences, la division biotechnologique du géant de l’électronique nippon Fujitsu, vont mettre en commun leurs recherches en génomique dans les cinq prochaines années. Les axes thérapeutiques prépondérants seront le cancer, la sénilité, les problèmes circulatoires et les maladies infectieuses. Ils utiliseront un logiciel développé conjointement pour déterminer la fonction des gènes. Daiichi dépensera environ 9 milliards de yens (100 millions d’euros) dans les deux prochaines années afin de financer les travaux de recherche de soixante scientifiques. « Grâce à cette mise en commun de notre recherche, nous sommes persuadés que l’efficacité de nos travaux dans l’analyse de la fonctionnalité des gènes sera bien meilleure », a pronostiqué Daiichi. A N A LY S E S U I T E (SUITE DE LA PAGE 1) Croissance et transparence calendaire 2000, l’industrie est assurée de lever plus de 30 milliards de dollars, soit plus de trois fois le meilleur record qui, lui, s’établissait à 9 milliards de dollars », indique le rapport. Plusieurs opérations conclues ces derniers jours ne viendront pas contrarier cet optimisme. Rassasiés d’introductions après la vague de cet été, les investisseurs se sont jetés sur les offres d’entreprises cotées. Neuf sociétés du Nasdaq ont levé plus de 1 milliard de dollars la semaine passée. Deux d’entre elles ont bouclé des offres plus élevées que prévu : OSI (374,5 millions de dollars), qui accomplit la cinquième plus grosse opération de ce type aux Etats-Unis depuis 1994, et Cima (147,5 millions de dollars). De son côté, Human Genome Sciences a complété, la semaine dernière, son offre publique d’octobre qui, attributions supplémentaires comprises, totalise 949 millions de dollars. C’est en cette période faste que prend effet la nouvelle règle (« Regulation FD ») de la Commission des opérations de bourse américaine (SEC). Elle vise à empêcher les sociétés cotées de ne révéler des informations importantes sur leurs activités qu’à des investisseurs professionnels sélectionnés, leur permettant ainsi de vendre ou d’acheter des titres avant que le « grand public » n’ait toutes les données en main. La SEC estime que cette pratique défavorise les investisseurs individuels. Toute la communication des entreprises pourrait en être affectée. La Commission reconnaît qu’elle ne veut pas provoquer, par contre-coup, un tarissement général des informations disponibles et de la « mosaïque de détails » annexes nécessaires pour se faire une opinion valable sur l’entreprise. Mais la dissémination des informations pourrait avoir aussi des effets pervers. Un investisseur non averti risque de réagir de façon impulsive à certains détails. D’où un risque de volatilité accrue. A charge pour les sociétés qui profitent de l’embellie – et leurs avocats – de savoir manier cette nouvelle donne. ■ CHRISTINE TACONNET NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 2 SOCIÉTÉ ÉMERGENTE Idmyk piste les champignons La start-up lyonnaise propose des services de spéciation et d’identification des micro-organismes pour l’industrie. Fin juillet, Idmyk a levé 3 millions de francs lors de son premier tour de table. A près dix ans passés à l’Université Claude-Bernard de Lyon, Arnaud Carlotti a décidé, il y a deux ans, de troquer sa casquette de maître de conférence contre celle de jeune chef d’entreprise. Son ambition : valoriser auprès des industriels de l’agroalimentaire, de la pharmacie et des cosmétiques ses méthodes d’identification et de typage moléculaires des champignons (levures et moisissures). « En dix ans, j’ai développé des outils permettant non seulement d’identifier une espèce de champignon, mais également de caractériser les individus (ou souches) au sein de cette espèce », explique Arnaud Carlotti. A l’aide d’outils de biologie moléculaire sophistiqués, il sait en effet faire parler les marqueurs génétiques des micro-organismes et repérer les signatures caractéristiques de chacun d’eux. Plusieurs contrats déjà signés Après avoir déposé plusieurs brevets, il intègre, accompagné d’une technicienne, l’unité de valorisation de l’Université Lyon I (EZUS) en février 1998. « Pendant deux ans, nous avons fonctionné exactement comme une petite entreprise, avec un budget propre », indique-t-il. Au passage, il bénéficie de formations à l’Ecole de management de Lyon. Avec succès semble-t-il, puisqu’il est coup sur coup lauréat du concours de création d’entreprises de la Fondation Aventis et du ministère de la Recherche. Soutenu par la chambre de commerce et d’industrie, le conseil général, l’Anvar et la fondation Rhône-Alpes Entreprendre, Arnaud Carlotti crée finalement Idmyk le 25 juillet dernier, et boucle dans la foulée un premier tour de table de 3 millions de francs. Installée depuis septembre dans de nouveaux locaux du parc technologique de Limonest (Rhône) — 160 mètres carrés dont 120 mètres carrés de laboratoires –, la jeune pousse entend mettre ses compétences au service des industriels de l’agroalimentaire désireux de garantir la qualité de leurs produits. Un créneau porteur puisque toutes les entreprises ne disposent pas de leur propre service d’études microbiologiques et de moyens d’études aussi performants. Idmyk a d’ailleurs déjà signé plusieurs contrats. Parmi ses clients figurent, par exemple, les fromageries Guilloteau et le groupe Lactalis. Parallèlement, Idmyk propose ses services aux entreprises pour les BIoTEcH•INFo aider à développer de nouveaux produits dans le cadre de programmes de R&D communs. Afin d’être toujours plus performante, Idmyk a mis en place un programme visant à développer de nouveaux outils d’identification-typage pour son usage propre. Sûr de ses atouts, Arnaud Carlotti ne semble pas être effrayé par la concurrence. « Nous sommes les seuls sur le marché à bénéficier d’une telle expertise en mycologie. Nous possédons en outre les droits d’exploitation d’outils originaux, alliant fiabilité et rapidité. » De fait, tandis que les techniques de microbiologie classiques nécessitent de quatre à six semaines pour identifier une espèce microbienne présente dans un échantillon, Idmyk obtient ce résultat en seulement une demie journée avec, en prime, une caractérisation précise et simultanée des différentes souches ! L’entreprise peut, en outre, suivre une souche précise parmi une population microbienne complexe. Or, les différentes souches d’une même espèce peuvent avoir des propriétés fort différentes. « Tandis que certaines peuvent être contaminantes, d’autres peuvent avoir un intérêt technologique, indique le jeune P-DG. En fromagerie ou en vinification, la nature de la souche utilisée dans une préparation peut, par exemple, déterminer les qualités organoleptiques du produit fini, c’est-à-dire son aspect, sa couleur, et surtout son goût ! » Si tout se passe comme prévu, Idmyk devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 1,5 million de francs cette année et espère doubler ce chiffre l’an prochain. ■ LISE MARTY FICHE D’IDENTITÉ LIEU : Limonest (Rhône). SPÉCIALITÉ : détection, identification et typage des micro-organismes. CRÉATION : 25 juillet 2000. FINANCEMENT : capital social de 550 000 francs, détenu à 90 % par le noyau familial et les salariés. Premier tour de table de 3 millions de francs bouclé fin juillet (Crédit agricole Création, business angel). EFFECTIF : 4 personnes. Un poste assurancequalité prévu avant la fin de l’année. CONTACT : Arnaud Carlotti, P-DG, Tél. : 04-37-49-93-51. EN BREF Le groupe franco-allemand Aventis renonce à se séparer de son unité de recherche de Romainville (Seine-Saint-Denis, 1 800 salariés) afin de l’intégrer à son dispositif mondial de R&D. Romainville va être rapproché de Vitry-Alfortville (Val-de-Marne) pour former une entité baptisée « centre de recherche de Paris » d’Aventis Pharma, avec une équipe de management unique. Le groupe pharmaceutique allemand Schering va repousser à fin 2002 l’introduction en Bourse de sa filiale de recherche en oncogénétique, Metagen. Le groupe préfère attendre « le bon moment ». « Nous avons tiré les leçons d’introductions en Bourse trop rapides de certaines firmes », a indiqué son directeur financier, Klaus Pohle. Le groupe danois de brasseries Carlsberg a annoncé la création d’une société de biotechnologie axée sur la santé, Combio. Elle travaillera à partir d’une technologie développée et brevetée au laboratoire de Carlsberg. Le groupe sera le principal actionnaire de Combio avec 25 % des parts. Les autres investisseurs, qui ont participé avec un apport de capitaux de 60 millions de couronnes (8,05 millions d’euros), sont Novo Nordisk A/S, Dansk Kapitalanlaeg, Dyrtidsfond et Medicon Valley Capital. L’une des principales « banques » de sang de cordon américaine, la New England Cord Blood Bank (Boston, Massachusetts), vient d’ouvrir à Londres la première structure privée de ce type sur le territoire britannique, permettant de stocker les cellules des nouveaux nés. NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 3 BOURSE PHARMACOPEIA (PCOP, + 60,2 %) PCOP vient d’annoncer son cinquième trimestre bénéficiaire consécutif. Propriétaire de plus de 50 brevets, cette société de chimie combinatoire a résolu, avec ses microtubes capillaires porteurs d’un code à barres, le problème clé de cette spécialité : étiqueter les millions de substances produites. Parmi les grands groupes, elle a pour clients AstraZeneca, Schering Plough, Novartis, Pharmacia, Bristol Myers-Squibb et Roche. Mais elle a élargi sa clientèle en vendant des logiciels permettant aux entreprises de réaliser leur propre chimie combinatoire. ■ PROGENICS (PGNX, + 44,3 %) Avec Bristol Myers-Squibb, PGNX développe un vaccin antimélanome malin, actuellement en phase III, constitué d’un antigène associé à deux adjuvants. Avec Roche, il développe le PRO 542 (en phase I/II). Cette protéine de fusion contre le VIH est construite à partir d’une molécule d’immunoglobuline dont les portions variables ont été remplacées par des séquences de récepteurs CD4 de lymphocytes humains. ■ ACLARA (ACLA, - 25,4 %) Nous avions évoqué (« BiotechInfo » n° 65) les difficultés juridiques d’ACLA, qui élabore des « lab-on-a-chip » (laboratoire sur puce). Lundi 30 octobre, à l’ouverture, son cours avait chuté en quelques minutes, après l’annonce que son rival Caliper avait gagné le procès en propriété intellectuelle qu’il avait intenté. ACLA est condamné à 52 millions de dollars de dommages et intérêts. Jeudi 2 novembre, ACLA a acheté au suisse Zeptosens une licence sur un brevet qui détiendrait une antériorité sur celui qui est l’objet du procès. L’histoire n’est donc pas close. ■ ANTEX (ANX, - 20,6 %) Le cours d’ANX est en baisse depuis son introduction en février, par désaffection des investisseurs pour cette société de bactériologie. Sa technique de modulation des milieux de culture, le NST (Nutriment Signal Transduction) permet d’exacerber le caractère vaccinogène des bactéries. D’où des alliances avec Pfizer, SmithKline et Aventis. Son vaccin antiCampylobacter (pour la diarrhée des voyageurs) est en phase III avec la Marine américaine. ACTUALITÉS LSVF investit dans quatre start-up Lancé en mars 2000, le fonds d’investissement japonais Life Science Venture Fund (LSVF) a investi un total de 600 millions de yens (6,5 millions d’euros) de son capital, d’environ 3,45 milliards de yens (36,5 millions d’euros), dans quatre sociétés de biotechnologie, indique le quotidien « Nikkei ». Ainsi, LSVF a participé au tour de table de 56,5 millions de dollars du californien FibroGen, clôturé fin septembre. La société, qui possède une technologie de génétique recombinante pour la production massive de collagène et de gélatine à visée médicale, avait auparavant signé une collaboration avec le nippon Taisho Pharmaceutical. Deux autres sociétés américaines ont également été choisies : ChemNavigator.com (vente de composés chimiques en ligne) et Big Bear Bio (médicaments pour les reins et les os). La dernière opération concerne une société japonaise, de la préfecture de Shizuoka, qui développe un médicament anticancéreux. LSVF est géré par MBL Venture Capital, une filiale de Medical & Biological, et ReqMed. Il prévoit d’investir à nouveau 400 à 500 millions de yens dans six sociétés différentes dans les trois prochains mois. BioChance soutient douze projets Dans le cadre du concours allemand BioChance, qui vise à aider les sociétés innovantes à transformer leur connaissance scientifique en nouveaux produits, procédés ou services, le ministère fédéral de la Recherche va subventionner douze nouveaux projets de recherche à hauteur de 26,5 millions de marks (13,5 millions d’euros). Ces fonds s’ajoutent aux premiers 22 millions de marks (11,2 millions d’euros) débloqués en octobre 1999 et janvier 2000 pour quatorze entreprises. Les lauréats sont : AbGen (procédés de dépistage précoce et de traitement de tumeurs, Munich) ; Atto-Tec (dépistage ultra-sensible du cancer du sein, Siegen) ; Friz Biochem (analyse génétique basée sur des puces à ADN, Martinsried) ; Genart (gènes synthétiques pour l’amélioration de la sécurité et de l’efficacité des vaccins contenant de l’ADN, Berlin); Genethor (thérapie génique contre les maladies auto-immunes, Berlin) ; Ingenium Pharmaceuticals (caractérisation de maladies oculaires, Martinsried) ; iSenselt Sensorsoftware und Bioinformatik (système bio-informatique pour les puces à ADN, Brême) ; Jomaa Pharmaka (principes actifs contre les infections bactériennes, Giessen) ; MainGen Biotechnologie (biomolécules pour le traitement de maladies malignes des os et de la moelle osseuse, Francfort) ; November (délivrance dirigée de médicaments, Erlangen) ; NovoPlant (plantes fourragères comme alternative aux antibiotiques dans la production animale, Gatersleben) ; Scil Proteins (liants pour le diagnostic médical et la thérapie, Halle). Le programme BioChance prévoit la répartition de 100 millions de marks sur cinq ans. Les prochaines attributions auront lieu en janvier et août 2001. ■ RUBRIQUE ANIMÉE PAR TONY MARCEL, CONSEIL EN INVESTISSEMENT BIoTEcH•INFo ILS BOUGENT CNRS GÉRARD MÉGIE remplace EDOUARD BREZIN, démissionnaire, à la présidence du CNRS. Physicien, spécialiste en environnement, il a fait partie du CNRS de 1974 à 1988. Il est depuis lors professeur à l’Université Paris VI. Depuis 1994, il est également directeur de l’Institut Pierre-Simon-Laplace des sciences de l’environnement global et, depuis 1999, président du Comité de coordination ■ des sciences de la planète et de l’environnement du ministère de la Recherche. CANTAB JUREK SIKORSKI démissionne de son poste de P-DG de Cantab (Cambridge, Angleterre). Il est remplacé par NICHOLAS HART, déjà directeur opérationnel et directeur financier. Ce changement intervient alors que la société cherche à se vendre ou à fusionner. ■ NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 4 BIOPÔLE Etats-Unis: l’extension de l’UCSF sur les rails Il faudra quinze à vingt ans pour construire le nouveau campus biomédical de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), dans le quartier de Mission Bay. Les entreprises de biotechnologie font partie intégrante de cet ambitieux projet. L e quartier de Mission Bay, à San Francisco, a basculé, cet été, du siècle du chemin de fer dans l’ère biomédicale. Le 16 août dernier, l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) célébrait l’achèvement des fondations du premier laboratoire de son nouveau campus, sur les vestiges d’une ancienne gare de dépôt de la Southern Pacific. D’ici à trois ans, le paysage va changer radicalement. La nouvelle structure, baptisée « bâtiment 24 » (en raison de son numéro au cadastre), accueillera, à partir de 2002, quelque 900 personnes. Aujourd’hui répartis sur plusieurs sites, le personnel administratif, les professeurs et les chercheurs se regrouperont autour de deux grands pôles : la biologie structurale et la biochimie d’une part, la biologie moléculaire et cellulaire d’autre part. Un second laboratoire, en génétique humaine, neurosciences et biologie du développement, verra le jour peu après, ainsi qu’un foyer universitaire ultra-moderne tel que tous les étudiants en rêvent. Ils pourront directement se rendre des futures salles de gym et de massage à la bibliothèque, l’auditorium ou les salles de conférences. Il ne s’agit cependant que de l’ébauche de cette université du futur, dont l’objet sera d’« explorer, examiner et en fin de compte répondre à certaines des questions les plus embarrassantes de l’existence humaine». Quinze à vingt ans seront nécessaires au total pour mener à bien ce projet d’extension de l’UCSF, l’un des fleurons de la formation et de la recherche en sciences médicales aux Etats-Unis, avec quelque 3 500 étudiants et un millier de chercheurs postdoctorants. La facture dépassera au final le seuil du milliard de dollars, sans compter le prix des terrains (43 acres soit 17,5 hectares) qui ont été offerts. Installée en 1897 sur les hauteurs du mont Parnasse, l’université s’est étendue sur 107 acres (plus de 43 hectares), jusqu’à former un patchwork d’une quinzaine de sites plutôt qu’un campus homogène. Il faut désormais plus d’une heure pour le traverser en bus. La friche industrielle du quartier de Mission Bay, située à environ 1 kilomètre au sud du centre-ville, est donc apparue, dès la fin 1996, comme une véritable aubaine pour repenser l’avenir de l’université. Le nouveau site permettra de doubler BIoTEcH•INFo U C S F AUJ O U R D’H U I 3 500 étudiants de 78 pays. ■ Un millier de chercheurs postdoctorants. ■ 16 250 professeurs et employés. ■ 3 000 projets de recherche. ■ 15 sites. ■ 1 milliard de dollars environ de budget de fonctionnement ■ la surface de recherche, la moitié des 265 000 mètres carrés de bâtiments prévus étant dévolue aux laboratoires. Mais il va aussi permettre de tester un nouveau mode d’organisation, autour d’équipes multidisciplinaires, soulignet-on à l’UCSF. L’architecture même des futurs locaux reflète cette ambition. Ainsi, le second bâtiment en cours de construction sera formé de deux ensembles de laboratoires similaires, soudés par une structure de verre qui abritera les ressources communes (des salles de réunions notamment). La forme semi-circulaire des laboratoires doit stimuler les échanges entre les scientifiques de différentes spécialités qui s’y côtoieront. Un programme de recherche sur l’organisation des cellules pourra, par exemple, réunir un biologiste, un chimiste et un physicien… But affiché de cette approche par champ d’intérêt : aider à « développer de nouvelles technologies ». Des équipes multidisciplinaires Il faudra d’abord que l’université dispose de toutes ces compétences. « Le fait de mettre en avant ce type d’organisation, c’est du marketing pour attirer des physiciens et des informaticiens à l’UCSF, estime un chercheur en virologie de l’université. Nous travaillons déjà en équipes multidisciplinaires. Si vous voulez développer un nouveau scanner, il faut un médecin et un physicien. Seulement pour l’instant, on fait appel à des gens des autres universités ». Les prestigieuses voisines, Berkeley et Stanford, doivent-elles y voir des velléités de concurrence ? Ce n’est pas exclu. En faisant valoir cette future concentration de matière grise à Mission Bay, le projet vise par ailleurs à séduire des entreprises des sciences de la vie. Une zone d’affaires en forme d’U, répartie sur 465 000 mètres carrés au sol, est prévue à l’intention des entreprises (tous domaines confondus). Les bio- ■ par année universitaire. 375 millions de dollars de subventions de recherche (public et privé). Source : UCSF technologies pourraient occuper jusqu’à la moitié de cet espace. L’installation d’un incubateur, d’ici au début 2003, permettra d’héberger les start-up. Mais « actuellement, l’intérêt le plus fort vient clairement des sociétés de biotechnologie établies, de 60 à 200 personnes, qui se développent rapidement, indique l’agence locale de développement économique, The San Francisco Partnership. C’est ce type d’entreprises qui peuvent le plus bénéficier de la proximité de l’université, et de l’accès à l’abondant espace de laboratoires que Mission Bay fournira ». Une cinquantaine de start-up de ce secteur, qui emploient aujourd’hui 13 000 personnes, ont déjà éclos grâce aux découvertes, à la technologie ou aux chercheurs issus de l’UCSF, dont les incontournables Genentech et Chiron. L’université, qui se targue d’une production record de brevets pour la Californie (149 brevets déposés en 1999, portant leur nombre total à 936), affiche avec fierté dans son corps scientifique trois Nobel (J. Michael Bishop et Harold Varmus pour leurs découvertes sur les proto-oncogènes, en 1989, et Stanley Prusiner pour ses travaux sur les prions, en 1997), ainsi que vingt-cinq membres de l’Académie des sciences et trente-sept de l’Institut de médecine. « La proximité des industries des sciences de la vie devrait susciter des partenariats de recherche nouveaux et puissants », estime J. Michael Bishop, le chancelier de l’université. Si la greffe du nouveau campus prend, il devrait créer un total de 20 000 emplois. Cette activité supplémentaire pourrait se traduire, dans une vingtaine d’années, par une manne de 574 millions de dollars de chiffre d’affaires par an pour San Francisco et ses alentours. D’autant que le vieux « Parnassus » ne sera pas déserté pour autant. L’espace libéré doit servir à accueillir de nouveaux programmes NADINE BAYLE de recherche. ■ (CORRESPONDANCE DES ETATS-UNIS) NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 5 EN BREF En utilisant une approche de génomique intégrée, des chercheurs de la société américaine ZymoGenetics (Seattle, Washington) viennent d’identifier une nouvelle interleukine qui joue un rôle crucial dans la régulation du système immunitaire. Les scientifiques sont parvenus à mettre la main à la fois sur l’interleukine 21 et sur son récepteur. (« Nature », 2 novembre) La Chine et le Danemark viennent de former un consortium pour séquencer le génome du porc. Un projet qui prendra plusieurs années. Selon des chercheurs des universités de Fundan et de Hongkong (Chine), ainsi que des scientifiques des NIH américains, le cancer du foie serait associé à une délétion du bras court du chromosome 8. Basé aux Etats-Unis, un consortium international s’apprête à séquencer le génome du poisson Fugu rubripes, un proche cousin du tétraodon, que Jean Weissenbach, du centre national de génotypage, à Evry, avait utilisé pour revoir le nombre de gènes humains à la baisse. Les chercheurs espèrent que la séquence du Fugu confirmera ces estimations. Stephen Scheff, de l’Université américaine du Kentucky, pense que la créatine, un complément alimentaire utilisé par nombre d’athlètes, pourrait prévenir les dommages cérébraux successifs à un traumatisme crânien. Ses travaux sur la souris sont publiés dans « Annals of Neurology » de novembre. BIoTEcH•INFo TECHNOLOGIE Vers des tests de détection de l’ESB à plus grand débit La demande de tests de dépistage de l’ESB à l’échelle industrielle devient de plus en plus forte, face à une épidémie qui s’amplifie. Ces attentes ravivent la concurrence entre les acteurs. D epuis plusieurs semaines, la France parle de dépistage systématique de l’encéphalopathie spongiforme bovine. Les tests passeraient alors de 48 000, dans le cadre du programme de surveillance active, à 5 millions par an (nombre de bêtes abattues chaque année en France). Le test Western Blot de référence Prionics (Suisse) pourra-t-il répondre à la demande ? Question à laquelle la société répond positivement. Pourtant, les méthodes Elisa, réalisées sur microplaques, adoptées pour les deux autres tests homologués par la Commission européenne, à savoir Bio-Rad (Etats-Unis) et Enfer Scientifics (Irlande), sont plus facilement industrialisables. Prionics vient d’ailleurs de mettre au point un nouveau test, cette fois sur le modèle Elisa, en cours de validation. Améliorer la rapidité des résultats en évitant les faux positifs « Le nouveau test Elisa de Prionics répond au besoin d’améliorer la rapidité des résultats », particulièrement dans le cas d’échantillons négatifs, pour rassurer les éleveurs, « mais aussi de simplifier la mise en œuvre », explique Michel Butin, d’AES Laboratoire (Combourg, Ille-et-Vilaine), distributeur français du test Prionics. Dans les cas de résultats positifs, une validation par un test Western Blot est obligatoire. « Il est en effet nécessaire d’éviter au maximum les faux positifs », ajoute-t-il. Car, si les deux méthodes reposent sur une digestion enzymatique, par la protéinase K qui détruit théoriquement la protéine prion normale, la technique de Western Blot permet, elle, par électrophorèse, de séparer les protéines en fonction de leur poids moléculaire. « Dans le cadre d’un test Elisa, les faux positifs ne sont pas à exclure, notamment du fait d’une déficience de l’enzyme ou du protocole analytique, qui ne peut pas être détectée », souligne Michel Butin. C’est pourquoi la Commission européenne a imposé, sur les résultats positifs, une confirmation par Western Blot. « Pour notre test Elisa Platelia-BSE, très sensible, nous avons dû développer un test Western Blot de confirmation spécifique », indique Nicole Vanhove, consultante chez Bio-Rad. La société aurait-elle peur du risque de faux posi- tifs générés par son test de détection ? « Sur 100 000 échantillons [testés par le Western Blot de Prionics] en France, en Suisse et dans d’autres pays, nous n’avons eu aucun faux positif, lance Michel Butin. Dans le cas de tests Elisa, on estime que le taux de faux positifs frôle les deux pour mille. » Ainsi, d’un côté, le test Bio-Rad serait plus sensible que le test Prionics de référence, selon le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, et capable donc de détecter la protéine pathologique à très faible dose. D’un autre côté, il générerait des faux positifs, ce qui deviendrait plus que gênant dans le cadre d’un dépistage systématique. Depuis plus d’un mois, l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) compare les résultats du test Prionics sur des cas difficiles avec le test Bio-Rad. Mais, cette expérience est faite dans le cadre d’une étude de comparaison entre les tests en France. Etude à l’issue de laquelle, la France décidera ou non de conserver le test Prionics, comme référence. Autre issue possible : l’utilisation de plusieurs tests. Dans ce cas, les résultats ne risqueraient-ils pas de poser des problèmes d’interprétation et de reproductibilité ? « Dès lors que l’on multiplie le nombre de laboratoires et de tests différents, les discordances sont plus fortes », lance Thierry Baron, chef de l’unité de virologie des agents transmissibles non conventionnels à l’Afssa. De son côté, Dominique Dormont, du CEA, rappelle qu’une étude de la Commission européenne a permis d’élaborer une « échelle » de comparaison entre différents tests. Mais seuls les trois tests homologués ont été pris en compte. « Nous attendons des tests de dépistage de l’ESB plus fiables », conclut Thierry Baron. Car, la fiabilité de tous ces tests pourrait être remise en cause pour des problèmes de faux négatifs, non vérifiés aujourd’hui. Ces tests sont en effet tous effectués sur des prélèvements de cerveau, dernier organe infecté par la maladie. Des bêtes infectées, en première phase d’incubation, peuvent donc passer à travers les mailles du filet. C’est pourquoi, les scientifiques cherchent de nouveaux tests, en particulier sur des prélèvements d’urine et d’amygdales, infectés bien avant le sysVIRGINIE GUÉRIN tème nerveux. ■ NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 6 TECHNOLOGIE Bientôt un vaccin contre le paludisme Sous la houlette de Pierre Druilhe, directeur de l’unité de parasitologie biomédicale de l’Institut Pasteur, à Paris, des chercheurs viennent de mettre au point un vaccin contre le paludisme, qui a déjà prouvé son efficacité chez le chimpanzé. « On savait induire une immunité par un sporozoïte [de Plasmodium falciparum, l’agent responsable du paludisme] irradié. Mais on n’a jamais réussi à reproduire cette immunité par des molécules. En fait, c’est la transformation du sporozoïte irradié en trophozoïte hépatique qui déclenche la réponse immunitaire. Nous avons donc essayé de trouver des gènes codant des protéines spécifiques du stade hépatique. Nous avons travaillé à partir de sérums de volontaires humains immunisés par des sporozoïtes irradiés, qui présentaient des réponses immunitaires différentes. On a donc fait un criblage des gènes [auparavant caractérisés] et sélectionné ceux qui étaient différents d’un groupe à l’autre», explique Pierre Druilhe. Son équipe a ainsi mis la main sur LSA-3 (pour liver-stage antigen 3), qui code une protéine qui immunise le chimpanzé. Aujourd’hui, elle met en avant deux moyens d’immunisation efficaces : un petit peptide de LSA-3, injecté sans adjuvant, dans de l’eau, et une molécule recombinante injectée avec un adjuvant. En partenariat avec Aventis Pasteur et SmithKline Beecham, l’Institut Pasteur doit débuter des essais cliniques en mars pour tester un long peptide de LSA-3. (« Nature medicine », novembre) Fonction dévoilée pour les antigènes rhésus On connaissait déjà le rôle joué par les antigènes rhésus présents à la surface des globules rouges lors d’une transfusion sanguine mais on ignorait leur véritable fonction biochimique. En étudiant ces protéines chez le macaque, Bruno André, de l’Université libre de Bruxelles, et Baya Cherif-Zahar, de l’Institut national de la transfusion sanguine, à Paris, se sont aperçus qu’elles avaient une séquence d’acides aminés très proche de celle de certaines protéines de levure impliquées dans le transport des ions ammonium. Pour vérifier si les antigènes rhésus jouent un rôle semblable chez l’homme, les chercheurs ont introduit un antigène rhésus humain dans des levures génétiquement modifiées, dépourvues de transporteur d’ammonium. Ils ont ainsi montré que, dans ce cas, la protéine humaine remplit bien la même fonction que la molécule de levure. («Nature Genetics», novembre) Délivrer des gènes dans les coronaires Des chercheurs du centre médical de l’Université de Pennsylvanie et de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie sont parvenus à délivrer un brin d’ADN étranger, localement, dans la paroi artérielle d’un porc. A cet effet, les scientifiques ont utilisé un stent recouvert d’un polymère lui-même porteur de plasmides. Chez le porc, les plasmides ont délivré aux cellules de l’artère le gène d’une protéine fluorescente, la GFP (Green fluorescent protein), qui a permis de suivre l’intégration du gène par immuno-histochimie. Les chercheurs ont ainsi vérifié que, chez les six porcs traités, la GFP s’est exprimée au niveau des artères coronaires saines qui ont reçu le stent, mais pas au niveau des coronaires voisins. Des résultats confirmés par PCR. Ainsi, cette technique permet d’envisager des thérapies géniques pour des maladies cardio-vasculaires, notamment dans le cas de resténoses. Reste maintenant à identifier les gènes thérapeutiques ! (« Nature Biotechnology », novembre) Immune Response conteste des résultats Le Remune, une forme inactivée du virus du sida développée par Immune Response (Carlsbad, Californie), ne limite pas la progression de la maladie. Selon une étude clinique de phase III, dirigée par James Kahn, à l’Université de Californie à San Francisco et publiée le 1er novembre dans le « Journal of the American Medical Association ». Immune Response a demandé, début septembre, un arbitrage en justice, arguant que l’article omet des données récentes d’une étude annexe sur 250 personnes qui indiqueraient une baisse de la charge virale des patients sous Remune. Les universitaires les considèrent non valides. L’étude principale, lancée en mars 1996 sur 2 500 personnes sur 77 centres, avait été arrêtée en mai 1999 par un groupe d’experts indépendants jugeant que le produit n’aidait pas les patients. Immune Response réclame entre 7 à 10 millions de dollars en dédommagement du préjudice financier découlant de la publication de résultats négatifs. BIoTEcH•INFo EN BREF Des chercheurs de l’Académie russe des sciences, à Moscou, viennent de mettre au point un vaccin prometteur contre la méningite B. Fait difficile jusqu’à présent car un polysaccharide de la paroi bactérienne ressemble trop fortement à une molécule impliquée dans le développement cérébral du fœtus humain. Les scientifiques ont donc créé un vaccin sans utiliser la paroi bactérienne. Grâce à lui, certaines souris ont vu leur niveau de protection grimper jusqu’à 100%. Après avoir créé une drosophile qui exprime le gène humain responsable de l’ataxie spinocérébellaire de type 1, une équipe de chercheurs américains et espagnols a identifié une série de gènes qui modifient les voies génétiques et les mécanismes moléculaires de cette maladie neurodégénérative. (« Nature », 2 novembre) Les scientifiques de la société américaine Interleukin Genetics (Boston) pensent avoir découvert un marqueur génétique des maladies cardiaques. Certaines variations du gène de l’interleukine 1 seraient en effet associées à une augmentation du risque de maladie cardiaque tandis que d’autres permettraient de prédire la survenue d’asthme. Afin d’éviter les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques utilisés lors de la transgenèse végétale, des chercheurs de l’Université de Manchester (GrandeBretagne) ont développé une procédure qui utilise la recombinaison homologue pour générer des plants de tabac transgénique dépourvus de ces « séquences controversées ». NUMÉRO 69 — 8/11/2000 — PAGE 7 LES LIENS DE LA SEMAINE www.b.shuttle.de/berliner/publicat /biotech.htm Fruit de la collaboration du service pour la science et la technologie de l’ambassade de France à Berlin et du poste d’expansion économique de Munich, cette adresse propose « la Lettre des biotechnologies en Allemagne », dont le premier numéro vient de paraître. Cette publication mensuelle gratuite aborde des questions • Diabetes 2000, proposé par SMI Pharmaceutical Conferences, se tiendra du 15 au 16 novembre à Londres. Contact : Katherine Britton, Tél. : 00-44-20-7827-6048 E-mail : kbritton @smiconferences.co.uk Site Internet : www.smiconferences.co.uk • L’Euroconférence de l’Institut Pasteur, « les infections nocosomiales », aura lieu du 15 au 18 novembre à Paris. Contact : l’Institut Pasteur, y participent. C’est aux « baby boomers » que l’association américaine destine tout spécialement cette adresse, qui, garantie de son indépendance, www.infoaging.org n’acceptera aucune publicité La fédération américaine pour pour des produits ou des services. la recherche sur l’âge (Afar) vient Les articles disponibles sur le site d’ouvrir un site qui recense sont sélectionnés en utilisant des données sur les dernières un procédé de relecture sérieux. recherches scientifiques sur Ils abordent principalement les maladies liées à la vieillesse. le diabète, l’ostéoporose et Plusieurs chercheurs de renommée le cancer de la prostate. R É G L E M E N TAT I O N RENDEZ-VOUS • La conférence européenne annuelle de partenariat, Bio-Europa 2000, organisée par EDB Group, aura lieu du 13 au 15 novembre à Berlin (Allemagne). Un forum pour renforcer les liens entre les sociétés financières, pharmaceutiques et les compagnies de biotechnologie. Site Internet : www.ebdgroup.com /bio2000/index.htm de politique et de marché. Elle met aussi en avant quelques sociétés et décrit certaines découvertes scientifiques. Fax : 01-40-61-34-05 E-mail : [email protected] Site Internet : www.pasteur.fr /Conf/euroconf.html • Les Journées internationales de biologie, journées thématiques sur ce que sera la biologie de demain, se tiendront au Cnit – Paris La Défense, du 16 au 18 novembre. Contact : Syndicat des biologistes, Tél. : 01-53-63-85-00 E-mail : [email protected] Organisateur : Reed-OIP, Tél. : 01-41-90-47-86 E-mail : [email protected] Site Internet : www.sdbio.fr • La Journée parisienne d’immuno-allergologie infantile aura lieu le 18 novembre à l’Hôtel Méridien-Montparnasse, Paris. Contact : Service pneumologie et allergologie pédiatriques du CHU Necker, Tél. : 01-44-38-16-24 E-mail : pneumo.allergo @nck.ap-hop-paris.fr Quels essais cliniques pour les enfants? La France, à la tête de la Commission européenne jusqu’à la fin de l’année, devrait soutenir la mise en place d’une réglementation pour encourager les essais cliniques sur les enfants. Cette initiative est en gestation au niveau de l’Union, au moment où le Parlement européen procède à la deuxième lecture du projet de directive sur les essais cliniques. Elle pourrait s’inspirer largement de la législation américaine, qui propose six mois d’exclusivité commerciale aux produits développés pour une utilisation pédiatrique. Certaines questions éthiques ont déjà été soulevées, notamment le processus de consentement éclairé lorsqu’il s’agit d’enfants. BIoTEcH•INFo Une publication de « L’Usine Nouvelle » - 12-14, rue Médéric 75815 Paris Cedex 17 Tél. : 01-56-79-41-00 – Fax : 01-56-79-45-60 Site Internet : www.biotech-actu.com Prix de l’abonnement annuel (44 numéros) : 3 700 F TTC (TVA 2,10 %). Service abonnements : 41 30 – Fax : 41 34 – Petites annonces : Georges Marécaux : 41 57. Rédaction : Jean-Pierre Gaudard (rédacteur en chef) : 41 90 ; Christine Taconnet (rédactrice en chef adjointe) : 42 18 ; Anne Laurent-Pezet : 42 28 ; Géraldine Magnan : 42 29. Réalisation: Sophie Jarreau : 42 73. Groupe Industrie Services Info : Président-directeur général : Philippe Clerget. Dépôt légal 4e trimestre 2000 - Editeur : Groupe Industrie Services Info. Siège social : 14, rue Médéric 75017 Paris. SAS au capital de 40 000 euros. 428 612 600 RCS Paris. Directeur de la publication : Philippe Clerget. Imprimé par Dupliprint, 2, rue Descartes 95330 Domont. Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse : 0601 I 78859. N° ISSN : 1294 -2537. Toute reproduction intégrale ou partielle des pages publiées dans la présente publication est strictement interdite sans l’autorisation de l’éditeur, sauf dans les cas prévus par l’article L.1225 du code de la propriété intellectuelle. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation et la reproduction sur tous les supports, y compris électroniques. Une publication du Groupe BIoTEcH•INFo B U L L E T I N D ’A B O N N E M E N T P RO F E S S I O N N E L Je souhaite recevoir BIoTEcH•INFo. Je m’abonne pour : 1 an : 44 numéros au prix de 3 700 F TTC* 6 mois : 22 numéros au prix de 1 950 F TTC* Tarif spécial Recherche Publique - Universitaires 1 an : 44 numéros au prix de 2 200 F TTC* Je joins le paiement correspondant par chèque à l’ordre de : BIoTEcH•INFo. (Merci de m’envoyer une facture acquittée ) à renvoyer à : BIoTEcH•INFo Service Diffusion • 12-14 rue Médéric - 75815 Paris cedex 17 SOCIÉTÉ NOM PRÉNOM FONCTION ADRESSE PROFESSIONNELLE Précisez B.P. et cedex s’il y a lieu Je préfère régler à réception de facture. Si vous souhaitez recevoir, en plus, BIoTEcH•INFo par e-mail, merci de nous communiquer votre adresse *TVA 2,10 %. Offre valable en France métropolitaine jusqu’au 31/12/2000. 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