L`accompagnement social « global » dans le logement
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L`accompagnement social « global » dans le logement
L’accompagnement social « global » dans le logement Définition dans le cadre de l’expérimentation de l’AFFIL L’AFFIL souhaite lancer une expérimentation territorialisée d’accompagnement social global dans le logement de personnes présentant un cumul de difficultés socio-économiques. Le terme « global » est essentiel puisqu’il marque la différence avec les pratiques, répandues, d’accompagnement social lié au logement ou dans le logement. Il s’agit ici de définir ce qui est entendu par « global » afin de circonscrire le périmètre de l’expérimentation. Les éléments sont inspirés d’une part des réflexions présentées dans le « Livre blanc de l’accompagnement social », publié par la FNARS en 2011 et d’autre part du « Référentiel de l’accompagnement vers et dans le logement et de la gestion locative adaptée », produit par la DIHAL en juin 2011. Eléments de cadrage sur l’accompagnement social global (ASG) La notion d’accompagnement social global vise à « revenir au sens premier du travail social : marcher avec la personne, en la considérant dans sa globalité »1, à partir de l’idée que bien souvent les problèmes rencontrés par une personne interagissent entre eux. C’est aussi considérer que certains phénomènes sont en réalité le symptôme d’une difficulté non visible, qui ne pourra être appréhendée qu’à partir d’une approche d’ensemble de la situation personnelle. « Il faut avoir un aperçu des autres problématiques de la personne et pas uniquement celle sur laquelle on est missionné pour comprendre les contraintes et les déterminants de la situation. Si on met en place des demandes administratives (logement, emploi…) sans avoir mesuré le degré d’autonomie de la personne et son adhésion, c’est voué à l’échec. On place alors l’usager en difficulté en amplifiant un sentiment de nullité parfois fort présent » (p.34) Ainsi, « l’accompagnement social global apparaît comme une réponse aux difficultés multiples et concomitantes des personnes en situation de précarité. » (p.28) Il vise l’autonomie de la personne (ce qui le distingue de la notion d’assistanat) et a pour principe l’intervention dans la durée, avec, en vertu du principe de « non-abandon » de la personne, des possibilités d’allers-retours, d’arrêts, d’échecs et de recommencements. Il repose également sur une relation de proximité et de libre adhésion. 1 Livre Blanc de l’accompagnement social, N. Maestracci, p.8 L’accompagnement social global, Expérimentation AFFIL, Fnars IDF, VP, mai 2013 Page 1 L’accompagnement social global ne saurait se résumer à la somme des accompagnements spécifiques (logement, santé, emploi…) : on constate plutôt sur le terrain que la segmentation des accompagnements conduit à un « saucissonnage », un « ballottage » des publics, qui manque de cohérence, contraint les personnes à répéter leur histoire à différents interlocuteurs qui ne coordonnent pas forcément leur action. L’accompagnement social global a une fonction de réparation mais également de prévention, en ce qu’il se préoccupe des causes et ne se contente pas de traiter les effets. Quelle(s) différence(s) avec l’accompagnement social lié au logement ? Les finalités : Le référentiel de l’AVDL2 rappelle que « l’objectif est l’autonomie de la personne dans la prise en charge de sa situation de logement. En d’autres termes, l’objectif est : - que le ménage soit en capacité de : Respecter les règles de vie en collectivité et assurer l’entretien de son logement (…) Payer son loyer et ses charges de manière régulière, gérer l’ensemble de ses ressources Faire les démarches administratives lui permettant d’obtenir les aides auxquelles il a droit de manière régulière et de défendre ses droits en tant qu’occupant - qu’il soit durablement inséré dans le logement et son environnement. » (p.8) L’accompagnement social global ambitionne quant à lui de traiter l’ensemble des problématiques, son objectif est l’autonomie dans tous les domaines et l’insertion sociale au sens large : « L’ASG a pour finalité le développement de la citoyenneté et de l’autonomie des personnes dans toutes ses dimensions (matérielle, relationnelle, culturelle et sociale). Il s’agit, à travers une dynamique de changement, de les rendre actrices de leur parcours, de leurs choix, et de bénéficier du droit commun. » (Livre blanc, p.32) Pour cela, il intervient sur plusieurs dimensions : Démarches administratives (ouverture ou récupération des droits) Insertion socioprofessionnelle Aide à la vie quotidienne (budget, alimentation, sécurité, gestion du logement…) Accès aux soins Soutien à la parentalité Traitement des problèmes psychiques Accès à la culture et aux loisirs Etc. C’est pourquoi on peut également parler d’accompagnement pluri-professionnel. Référentiel de l’accompagnement vers et dans le logement et de la gestion locative adaptée, Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des transports et du logement, DIHAL, 30 juin 2011 2 L’accompagnement social global, Expérimentation AFFIL, Fnars IDF, VP, mai 2013 Page 2 Les publics et leurs problématiques: Pour l’ASG, ce sont « les personnes très vulnérables socialement, ou en voie de le devenir. Prises dans un processus d’exclusion, elles cumulent des difficultés diverses et souvent liées entre elles, sans qu’il soit évident de distinguer les symptômes et les causes. » (p.32) Entrent dans le champ de l’AVDL : « les ménages rencontrant des difficultés d’insertion susceptibles de les mettre ou de les maintenir dans une situation d’exclusion par rapport au droit du logement. » (p.10) On voit que les personnes visées par l’ASG sont plus fragiles et cumulent les difficultés. Les projets L’ASG portant sur tous les domaines, le projet est nécessairement global et donc constitue un projet de vie, il se construit en fonction des besoins et souhaits de la personne. Dans l’AVDL le projet est défini au regard du logement, même si les autres dimensions influent forcément sur ce projet logement. La durée Comme cela a été dit plus haut, le principe de l’ASG est l’intervention dans la durée, avec, en vertu du principe de « non-abandon » de la personne, des possibilités d’allers-retours, d’arrêts, d’échecs et de recommencements. On constate qu’en CHRS, l’accompagnement dure en moyenne 18 mois mais peut se prolonger sur plusieurs années. L’AVDL est quant à lui circonscrit dans le temps et en général d’une durée plus courte ce qui correspond à son ambition plus limitée. Les moyens humains et l’intensité de l’accompagnement: Conséquence des points précédents, l’intensité de l’accompagnement varie. On voit d’ailleurs dans le dimensionnement actuel des dispositifs que les moyens affectés à ces types d’accompagnement dans les dispositifs actuels (ex : CHRS vs AVDL) varient. Il en va ainsi des « taux d’encadrement » : on considère en moyenne qu’un travailleur social peut accompagner 10 personnes de manière globale, alors qu’il peut en suivre 30 en AVDL. Pour assurer un accompagnement global, les rencontres sont plus fréquentes (pouvant aller jusqu’à plusieurs fois par semaine en fonction des besoins, contre une fois par mois en moyenne avec l’AVDL), le travailleur social va davantage accompagner la personne dans ses démarches, ses contacts avec les administrations, services, etc. Il prend le temps de développer un lien de confiance, de stabiliser la personne, de travailler sur le lien social, la vie quotidienne, la culture et les loisirs… L’accompagnement social global, Expérimentation AFFIL, Fnars IDF, VP, mai 2013 Page 3 S’il travaille néanmoins en partenariat, car il n’a pas vocation ni compétence à se substituer aux différents services de droit commun spécialisés (ex : PMI, mission locale, CMP, etc.), il est néanmoins très présent au quotidien, fait le lien avec ces partenaires et garantit un suivi et une cohérence de l’accompagnement. En conséquence, l’ASLL s’appuie davantage sur les partenaires extérieurs ; la travailleur social n’a d’ailleurs pas vocation à assurer une cohérence d’ensemble : il traite les difficultés liées au logement et oriente vers les services ad hoc pour le reste, sachant que les personnes qu’il suit sont suffisamment autonomes pour faire les démarches et le lien elles-mêmes. La démarche prévue dans l’expérimentation Le travailleur social aura un rôle de « référent personnel » du ménage et sera chargé de : - Etablir un état des lieux complet de la situation des familles : situation familiale, logement, situation administrative, budget, insertion professionnelle, santé, scolarité et loisirs - Co-élaborer un projet de vie, avec les personnes autour de différents axes : Démarches administratives (ouverture ou récupération des droits) Insertion socioprofessionnelle Aide à la vie quotidienne (budget, alimentation, sécurité, gestion du logement…) Accès aux soins Soutien à la parentalité Traitement des problèmes psychiques Accès à la culture et aux loisirs Etc. - Accompagner les personnes dans leurs démarches sur l’ensemble des problématiques qu’elles rencontrent, afin de les amener à l’autonomie. - Réaliser cet accompagnement à travers des visites à domicile régulières, jusqu’à une fois par semaine en fonction des besoins, ainsi que des RV au bureau ou des déplacements pour accompagner la personne dans ses démarches. Certains accompagnements seront réalisés par le référent, d’autres par des partenaires qui prendront le relais en fonction de leurs domaines de compétence/spécialisation. Le référent a vocation à faire le lien entre la famille et les différents intervenants, et à suivre et coordonner les différentes interventions. L’objectif est qu’il puisse constituer un véritable réseau d’accompagnement, qui pourrait à terme, être structuré sur le territoire sous forme d’équipe pluridisciplinaire afin de pouvoir répondre de manière réactive et coordonnée aux demandes d’accompagnement. - Mettre en place au besoin des actions collectives - Co-évaluer l’accompagnement avec la personne L’accompagnement social global, Expérimentation AFFIL, Fnars IDF, VP, mai 2013 Page 4