Télécharger
Transcription
Télécharger
Volume 1, n°1, novembre 2009 Marketing de la marque Marketing du tourisme Marketing relationnel Marketing expérientiel Revue éditée par l’ATM Association Tunisienne de Marketing Comité de rédaction Directeur de Publication : Mustapha ZGHAL, Président de l'ATM Rédacteur en chef : Slim KHALBOUS, IHEC Carthage Rédacteurs membres : AZZA FRIKHA, ESC Tunis Fethi AKROUT, FSEG Sfax Kamilia BAHIA, FSEG Tunis Kaouthar Ben RACHED, FSEG Tunis Mourad TOUZANI, ISG Tunis Comité scientifique et de lecture Amine ABDELMAJID, IRG Univ. Paris XII, France Jean-François LEMOINE, Univ. Paris 1, France RTM Compus universitaire Tunis Manar Fax : 71 881 256 Email : [email protected] ISNN 1737-9466 œ„œ— SOMMAIRE Mot du Président ............................................................................................................. 3 Editorial .......................................................................................................................... 4-5 UNE NOUVELLE MESURE DU CAPITAL MARQUE PAR UNE APPROCHE FORMATIVE ........................................... Kaouther ZENAIDI, Jean-Louis Chandon 7 EFFETS DES ACTIONS MARKETING PERÇUES ET DES TRAITS DE PERSONNALITÉ DE LA MARQUE ....................... SUR LE CAPITAL MARQUE : UNE SEGMENTATION PAR L'APPROCHE FIMIX-PLS 23 Haythem Guizani, Pierre Valette-Florence LA SATISFACTION À TRAVERS LE PROCESSUS D'IMMERSION DANS UNE EXPÉRIENCE DE VOYAGE : ......................... EXPLORATION PAR UNE APPROCHE PHÉNOMÉNOLOGIQUE D'UN CIRCUIT EFFECTUÉ PAR UN GROUPE DE TOURISTES 38 Anissa GLENZA FACTEURS DE SUCCÈS D'UN PRODUIT TOURISTIQUE DANS UN CONTEXTE DE ................................................ COLLABORATION RÉUSSIE 54 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONATAINE, Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON IMPACT DU CONTRÔLE PANOPTIQUE ÉLECTRONIQUE SUR L'ACCEPTATION DES ............................................ UTILISATEURS DU CUTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT : CAS TUNISIANA 71 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI DESIGN OLFACTIF DES ESPACES COMMERCIAUX : INTÉRÊTS ET INCIDENCE SUR LES RÉACTIONS ......................... EXPÉRIENTIELLES ET COMPORTEMENTALES DES CLIENTS 87 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI, Karim ERRAJAA Marketing news .......................................................................................................................................... 104 Résumés en anglais ................................................................................................................................... 106 Fiche d’abonnement .................................................................................................................................. 109 Instruction aux auteurs RTM ...................................................................................................................... 110 Positionnement RTM ................................................................................................................................... 112 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 1 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 2 Mot du Président L'ATM a promis, l'ATM l'a fait ! C'est avec un immense plaisir que l'association tunisienne de marketing lance, comme promis lors du 7ème colloque annuel de l'atm en présence de Monsieur le Ministre de L'Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et de la Technologie, la première revue scientifique en marketing de la Tunisie : la Revue Tunisienne du Marketing. Nous avons crée l'Association Tunisienne de Marketing depuis 2002, la RTM est donc un projet que nous envisagions et préparions depuis une longue période, un projet qui s'inscrit dans la durée et dans la droite ligne de la politique de valorisation de la recherche promue par le gouvernement tunisien. Aujourd'hui, nous devons cette importante réalisation à la ténacité d'un groupe de travail, qui a cru, qui a travaillé dur, en prenant toutes les précautions nécessaires pour viser un label de qualité. En effet, la RTM a pour objectif d'offrir aux chercheurs un espace de publication et d'information de haut niveau, international, car la recherche ne connait pas les frontières, et reconnu par les instances de recrutement des enseignants chercheurs. Mais ce projet ambitieux ne pourra réussir qu'avec l'aide et l'implication de tous, collègues, doctorants, universités, administration… Alors nous comptons sur vous… Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui ont participé à la sortie de ce premier numéro et tout particulièrement les collègues qui ont bien voulu accepter de faire partie du comité scientifique et de lecture de la RTM. Nous comptons sur vous pour veiller à la bonne qualité de la revue et au maintien du niveau désiré par tous, dans le respect de l'éthique universitaire, l'équité absolue et la transparence totale. La RTM est née, vive la RTM et à vos plumes ! A bientôt pour le prochain numéro… Mustapha ZGHAL Directeur de la publication Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 3 Editorial Valoriser la recherche marketing au sud de la méditerranée Pourquoi une revue scientifique internationale de marketing éditée en Tunisie ? Les motivations sont nombreuses et ont toutes pour dénominateur commun la valorisation des travaux de recherche en marketing. La communauté scientifique tunisienne en marketing est sans doute parmi les plus dynamiques, les plus ouvertes et les plus prolifiques du pourtour méditerranéen. Ses chercheurs participent dans les congrès les plus réputés et leurs publications sont en progression constante dans les revues reconnues internationalement. Et ce en dépit de toutes les difficultés et tous les obstacles de diverses natures. Notamment, et il est important de le souligner, le nombre étonnamment réduit de publications scientifiques francophones en marketing. Le vivier tunisien de doctorants en marketing, estimé à plus de 300 thèses de doctorats en cours, sans compter les doctorants tunisiens à l'étranger, est une formidable raison pour leur permettre de faire connaitre le meilleur de leurs recherches. Le colloque international annuel de l'Association Tunisienne de Marketing, désormais un rendezvous incontournable à sa 8ème édition, offre déjà un espace d'échange (Cf. l'appel à communication à la fin de la revue). Enfin, il faut dire que l'Association Tunisienne de marketing commence à grandir et à atteindre un âge "mur" ! Et que par conséquent avoir sa propre revue scientifique allait de soit dans le cadre de son développement et de son rayonnement. Bref, la Revue Tunisienne du Marketing se propose donc de réponde a tous ces besoins en offrant aux chercheurs, de tous bords et de toutes nationalités, un support de publication de qualité qui a pour vocation première la valorisation de la recherche marketing au sud de la méditerranée. D'ailleurs nous avons senti un formidable élan de soutien et d'encouragement émanant d'un grand nombre de personnes. Et je profite de cette occasion pour adresser particulièrement mes remerciements les plus vifs aux membres du comité scientifique pour avoir accepté d'en faire partie. Un comité scientifique vraiment prestigieux, international, composé de chercheurs qui nous ont témoigné à travers leurs courriers une adhésion chaleureuse et motivante au projet. Ce N°1 de la Revue Tunisienne du Marketing est le résultat d'un formidable travail d'équipe rigoureux entre le comité de rédaction, le comité scientifique de lecture et les auteurs. Il comprend une première sélection, puis une réévaluation, des meilleures communications présentées lors des trois derniers colloques de l'ATM. D'autres communications présélectionnées sont en cours de réévaluation, et dorénavant toutes les nouvelles contributions sont bien sûr les bienvenues. L'analyse des communications publiées dans les actes des trois derniers colloques de l'ATM, vivier de se premier numéro de la RTM, nous a permis de sortir quelques constations intéressantes. Au total, 136 communications acceptées écrites par 273 auteurs, ce qui fait une moyenne de 45 papiers par an ; 2 auteurs par papier et une dizaine de nationalités représentées. Cette diversité quantitative est retrouvée qualitativement aussi au niveau des thèmes abordés dans les recherches. En effet, l'observation de la figure ci-joint montre qu'il n'y pas vraiment de thème dominant, même si la Communication 19% Comportement du consommateur 14% Autres divers 13% Marketing de service Marque 6% 12% Marketing du tourisme 6% Marketing et Internet Marketing international 6% Distribution Marketing relationnel 7% 8% 9% Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 4 communication, le comportement du consommateur et la marque, se partagent les trois premières places. En revanche, on peut constater l'absence de certains thèmes classiques en marketing comme la politique de produit ou la politique de prix… Au final, ce premier numéro de la RTM est composé de 6 articles autour de 4 thèmes que je vous présente brièvement. Deux articles nous parlent de la marque. D'abord, Kaouther Zenaidi et Jean-Louis Chandon nous présentent une nouvelle approche méthodologique robuste et originale pour mesurer le capital marque. Ils nous proposent une approche formative qui va sans doute faire réagir plus d'un chercheur. Ensuite, Haythem Guizani & Pierre Valette-Florence nous présentent un travail sur l'effet de la perception des actions marketing et de la personnalité de la marque sur le capital marque. Avec là aussi, une approche méthodologique quantitative originale, par l'utilisation des modèles de mélange appliqués à l'approche par les moindres carrés partiels. L'objectif principal de cet article consiste à rapprocher le concept de personnalité de la marque à celui du capital marque. Les deux articles suivants traitent du marketing du tourisme. Anissa Glenza réalise une belle analyse phénoménologique, à travers plusieurs rencontres, de l'observation participante et des supports photos, qui étudie l'effet que peut avoir la qualité de l'expérience de voyage vécue sur la satisfaction du touriste. Dans le deuxième article sur le marketing touristique, l'équipe québécoise, Hélène Sicotte, Line Ricard, Lise Préfontaine, Sahbi Guedda & Marc-Antoine Vachon, essayent de déterminer, dans un contexte de projets de collaboration réussis, les facteurs influençant le plus la performance d'un produit touristique innovant. Cette enquête BtoB, effectuée par internet, se base sur les avis des partenaires de ce type de collaboration. L'étude des liens entre le marketing relationnel et les nouvelles technologies représente aujourd'hui un axe de recherche pertinent. C'est précisément, l'objectif du cinquième article rédigé par Raouia Biri et Jamel-Eddine Gharbi. Les auteurs étudient l'impact du facteur humain sur l'acceptation du CRM, et plus particulièrement, l'impact de rendre plus visibles les activités des autres membres du groupe par le contrôle panoptique électronique. Le lecteur pourra notamment apprécier l'étude du cas Tunisiana, une entreprise internationale en télécommunication emblématique de la réussite managériale et commerciale sur le marché tunisien. Ce numéro se termine avec les "bonnes odeurs" du marketing expérientiel. En effet, Norchène ben Dahmen et Karim Errajaa, étudient les stimulations olfactives auprès des distributeurs. Après une bonne synthèse de la littérature sur le marketing olfactif, les auteurs ont mené une série d'entretiens qualitatifs in-situ. Bonne lecture à tous ; Nous attendons vos projets d'articles… Slim KHALBOUS Rédacteur en Chef Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 5 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 6 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 UNE NOUVELLE MESURE DU CAPITAL MARQUE PAR UNE APPROCHE FORMATIVE Kaouther ZENAIDI Assistante permanente ESSEC TUNIS Université de tunis [email protected] & Jean-Louis Chandon Professeur au CEROG, IAE Aix-En-Provence, Université Paul Cézanne, Aix - Marseille [email protected] Résumé Les marques sont au cœur des réflexions stratégiques du marketing. Le capital marque est défini comme la valeur ajoutée, affective et financière, qu'une marque apporte à un produit. Nous proposons une nouvelle mesure du capital marque tel que perçu par les consommateurs, qui repose sur une approche formative. Nous montrons que l'effet conjugué de la force et de la valence des associations liées à la marque est à la meilleure mesure de la valeur de la marque. Pour cela, nous construisons un modèle de chemins de causalité comprenant deux antécédents du capital marque (attention à la marque et familiarité avec la marque) et trois conséquences (attitude générale envers la marque, intention d'achat et fidélité). La nouvelle mesure est mieux prédite par les antécédents et prédits mieux les conséquences que trois autres mesures du capital marque. Mots clefs Approche formative, attention, Attitude, Capital marque, chemins de causalité, familiarité, fidélité, intention d'achat, valence 7 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 UNE NOUVELLE MESURE DU CAPITAL MARQUE PAR UNE APPROCHE FORMATIVE Kaouther ZENAIDI Assistante permanente ESSEC TUNIS Université de tunis [email protected] & Jean-Louis Chandon Professeur au CEROG, IAE Aix-En-Provence, Université Paul Cézanne, Aix - Marseille [email protected] INTRODUCTION Les marques sont au cœur des réflexions stratégiques du marketing. Plus que les usines et au delà des produits et services, les marques sont une source de valeur affective et financière. La mesure de cette valeur s'appelle le capitalmarque (brand equity). Du point de vue de ses effets sur le consommateur individuel, le capital-marque est défini comme la valeur ajoutée qu'une marque apporte à un produit. Il s'agit d'un effet additionnel, au delà du produit lui même et de ses attributs, que la connaissance de la marque ajoute à la réponse du consommateur aux activités marketing de l'entreprise (Farquhar 1989, Leuthesser 1988, Aaker 1991, Srivastava & Shocker 1991, Keller 1993). Cet effet additionnel de la marque correspond idéalement à la comparaison avec la réponse du même consommateur vis-à-vis d'un produit sans marque ou portant une marque fictive. Les deux principales sources du capital- marque sont la familiarité du consommateur avec la marque et l'attention à la marque (Aaker 1991, Keller 1993, Broniarczyk & Alba 1994, Park & Srinivasan 1994). La connaissance du capital-marque, c'est à dire la mesure de la valeur de la marque, est indispensable pour gérer une marque dans la durée afin d'exploiter et de préserver son capital, sa valeur. Ainsi, il est important de disposer d'une mesure valide et fiable du capital-marque. La littérature distingue deux approches de la mesure du capital-marque (Lai 2005) . L'approche perceptuelle, fondée sur la connaissance et l'image, combine des mesures de notoriété spontanée ou assistée avec des mesures de force ou d'intensité des associations liées à la marque. L'approche comportementale du capital marque met en relation la préférence pour le produit marqué et la préférence attendue estimée à l'aide d'un modèle multiattribut. Dans la présente recherche, nous optons pour une approche perceptuelle du capital marque. Bien que la plupart des recherches sur la mesure du capital marque adoptent une approche réflective, nous proposons une nouvelle mesure qui repose sur l'approche formative. Nous considérons le capital marque comme un indice formatif, donc une variable agrégée et non pas latente. Aucune investigation, à notre connaissance, n'a modélisé à ce jour le capital marque comme un indice formatif. Après avoir détaillé les différences entre l'approche réflexive et l'approche formative de mesure du capital marque, nous présentons notre modèle de recherche qui met en concurrence, sur une même base de données, quatre mesures du capital marque. Notre objectif est de mettre à l'épreuve une nouvelle méthode de mesure du capital marque basée sur l'approche formative. Ensuite, nous discutons les méthodes que nous avons adoptées pour générer et analyser les associations de trois marques de cosmétique. Enfin, les résultats seront développés et discutés. 8 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON CADRE CONCEPTUEL Les variables observées et les variables latentes peuvent être liées entre elles soit selon un schéma réflectif, soit selon un schéma formatif. C'est en fonction de la nature de la relation entre les variables qu'il convient de choisir l'un ou l'autre de ces deux schémas. Le modèle réflectif ou modèle en facteur principal (Tensaout M. 2006), suppose que la variable latente se reflète dans ses indicateurs. La variable latente n'est pas directement observable, seuls ses indicateurs peuvent être observés. Par contre, dans le modèle formatif, les variables observées sont les causes du concept qu'elles mesurent. Par conséquent, le concept n'est plus une variable latente mais une variable agrégée. MacCallum et al. (1993) proposent l'appellation de variable composite ou composante. Certes les modèles réflectif et formatif sont très distincts dans leurs définitions. Mais, la qualification d'un modèle comme réflectif ou formatif n'est pas une tâche évidente pour le chercheur. Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes basés sur les critères établis par Jarvis, MacKenzie et Podsakoff (2003) pour qualifier le capital-marque de concept formatif. Nous présentons ces critères dans le tableau ci-après, en les appliquant à notre objectif de mesure du capital-marque. Tableau 2: Critères de qualification des modèles réflectif / formatif (Jarvis, MacKenzie et Podsakoff(2003) Notre choix de l'approche formative considère que le capital-marque résulte des associations fortes, positives ou négatives, qui construisent l'identité et la personnalité de la marque. Sur cette base théorique, justifiée par l'application des critères de Jarvis et al. (2003), nous allons montrer que l'on obtient une bonne modélisation des antécédents et conséquences du capital-marque. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 9 Nouvelle mesure du capital marque MODELE CONCEPTUEL L'objectif de cette recherche est de proposer et de tester un modèle qui permet de mesurer le capital-marque, tout en le reliant à ses antécédents et conséquences. A ce titre, notre problématique est à la fois théorique et pratique. Nous cherchons notamment à expliciter le contenu du capitalmarque, considéré comme un indice formatif, à comparer différentes mesures de ce dernier, puis à déduire la mesure qui permet les meilleures prévisions des conséquences attendues d'un fort capital-marque. La mesure du capitalmarque que nous proposons est la somme des forces multipliées par les valences des associations : CM i = Vij Fij + Où : CMi est le capital-marque de la marque i Fij est la force d'attachement de l'association j à la marque i, (j allant de 1 à k) Vij est la valence de l'association j lorsqu'elle est liée à la marque j est un terme d'erreur. Notre modèle se réfère de la théorie de Keller (1993) et s'inspire du modèle Cobb-Walgren, Ruble et Donthu (1995) ainsi que du modèle de Korchia (2001b). Nous construisons un modèle de chemins de causalité comprenant deux antécédents du capital-marque (attention à la marque et familiarité avec la marque) et trois conséquences (attitude générale envers la marque, intention d'achat et fidélité). Nous supposons que le capital-marque médiatise la relation entre les antécédents et les conséquences mais nous conservons également les relations directes entre les antécédents et les conséquences. Le modèle proposé est présenté dans la figure suivante : Figure 1 : Modèle Conceptuel du capital-marque (Force x Valence) des Attitude Générale Associations Attention CAPITAL - MARQUE Intention d’achat Familiarité Fidélité Antécédents du Conséquences du Capital - marque Capital - marque Avant de valider statistiquement le modèle, nous présentons une justification théorique de chacune des relations du modèle. Edwards (2001) conseille de ne pas se laisser guider par des critères purement statistiques. Il estime qu'il est préférable de préciser, d'un point de vue théorique, les différentes facettes et interrelations du concept étudié. Pour cela, nous étudions chaque relation du modèle et nous la formulons sous forme d'hypothèse de recherche. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 10 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON FORCE ET VALENCE DES ASSOCIATIONS COMPOSANT LE CAPITAL-MARQUE Les associations de la marque servent aux consommateurs à organiser et contrôler les informations dans sa mémoire. La force des associations correspond à l'intensité de la connexion que le consommateur établit en mémoire entre le nœud « marque » et les différentes associations auquel il renvoie. Cette force des associations traduit également la capacité de la marque à rendre une promesse crédible et à lutter contre la concurrence (Tauber 1981, Keller 1993 et 2003). Néanmoins, pour que la force des associations ait cet effet positif sur la perception du consommateur et sur son comportement, ces associations doivent être cohérentes avec le cadre de référence du consommateur : c'est la seconde caractéristique des associations, soit la valence (favorability). Celle-ci donne une orientation à la perception de l'association vers le positif, le négatif, ou encore l'indifférence. La valence des associations de la marque est à la base du capital-marque (Keller 1993 et 2003, Krishnan 1996). Toutes les recherches s'accordent à considérer les associations à la marque comme l'indicateur principal du capital-marque. Cependant, il existe des points de vue divergents sur les caractéristiques et catégorisation des associations. Notre modèle de mesure postule que les associations, au-delà d'un simple indicateur, sont la source de la valeur de la marque. Nous considérons qu'elles sont les éléments constitutifs du capital-marque. Précisément, c'est l'effet simultané de la force et la valence des associations qui constitue la valeur de la marque pour le consommateur. En effet, selon Abric (1994), la marque, en tant que représentation sociale, assure quatre fonctions : de savoir, d'identité, d'orientation, et de justification. C'est à travers la fonction d'identité d'une représentation (une marque) que l'individu (le consommateur) exprime son identité et confirme son appartenance au groupe social dans lequel la représentation s'est produite (les consommateurs de la marque). Cette fonction identitaire est assurée par les éléments constitutifs de la représentation les plus pondérés : pour toute représentation, « sa structure interne et la pondération des éléments qui la constituent permettent de connaître ou d'approcher les caractéristiques du groupe auquel elle se réfère » (Abric, 1987). Donc, la valeur d'une marque provient des associations qui sont les plus fortement connectées, parmi celles existantes dans l'esprit du consommateur, mais aussi de celles qui sont jugées compatibles avec le système de valeurs et de normes du consommateur et de son groupe d'appartenance sociale. C'est pourquoi, nous proposons de raisonner par rapport au produit Force x Valence. C'est l'effet conjugué de la force ET de la valence des associations qui crée la valeur de la marque dans l'esprit du consommateur. La valeur de la marque peut être positive ou négative, forte ou faible. Pour bénéficier d'un fort capital-marque, il ne suffit pas que la marque possède des associations fortes ; encore faut-il qu'elles soient perçues positivement. Dans le cas contraire (associations négatives), ces associations diminuent la valeur de la marque auprès de ses consommateurs. Par conséquence, afin que notre mesure du capital-marque reflète bien la valeur de la marque et mette en relief la supériorité d'une marque par rapport à une autre, nous prenons en considération les associations aussi bien positives que négatives. En outre, la mesure proposée doit servir à mieux prévoir le comportement d'achat et à détecter les changements à apporter au positionnement de la marque, essentiellement en comparaison avec les marques concurrentes. Pour cela, nous intégrons toutes les associations quelque soit leurs forces d'attachement aux marques. A la différence des modèles existants, nous n'élimions pas les associations faiblement connectées à la marque. Celles-ci sont aussi bénéfiques que les autres. En effet, si une association faiblement liée à une marque (mais fortement attachée à une autre) est perçue positivement, alors son identification permet à la marque de renforcer le lien avec cette association afin éviter d'être dépassée par la concurrence. Si, par contre, l'association faible s'avère négative, le consommateur valorise la marque pour ne pas posséder une caractéristique incohérente avec son identité. Elle se transforme alors en un point fort de la marque. En définitif, dans notre mesure, nous introduisons la valence des associations afin de soustraire au capital-marque les associations négatives qui le diminue. Nous proposons une mesure compensatoire du capital-marque, obtenue en multipliant la force par la valence des associations et en conservant toutes les associations. De la sorte, la pondération de la force de l'association par sa valence nous permettra de couvrir toutes les sources de valeurs de la marque. L'objet de cette recherche est d'examiner la pertinence de cette mesure. Pour atteindre cet objectif, nous la comparons à trois autres mesures1, qui ne tiennent pas compte de la valence des associations ou qui excluent les associations faibles : 1. Première mesure : il s'agit de la mesure additionnelle classique (Aaker 1991, Changeur 1999) qui ne retient que les associations fortes. Ceci est le plus souvent opérationnalisé en ne retenant que les associations dont la force est supérieure à la moyenne. Les autres associations ne sont pas prises en considérations. Le capital-marque est égal à la somme des forces des associations fortes. 2. Deuxième mesure : nous proposons d'opérationnaliser le capital-marque en conservant toutes les associations, même si elles sont inférieures à la moyenne. Le capital-marque est alors calculé par la somme des forces de toutes les associations. 3. Troisième mesure : nous introduisons la valence des associations afin de soustraire au capital-marque les associations négatives qui diminuent le capital-marque. Pour cela, nous multiplions la force par la valence et nous conservons toutes les associations. Cette mesure correspond à notre définition compensatoire de la mesure du capitalmarque. 4. Quatrième mesure : nous proposons de mesurer le capitalmarque en ne retenant que les associations dont la force est supérieure à 3 sur une échelle de 1 à 5 et la valence est positive. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 11 Nouvelle mesure du capital marque 1. Pour cela, nous multiplions la force par la valence et nous conservons toutes les associations. Cette mesure correspond à notre définition compensatoire de la mesure du capital-marque. 2. Quatrième mesure : nous proposons de mesurer le capital-marque en ne retenant que les associations dont la force est supérieure à 3 sur une échelle de 1 à 5 et la valence est positive. A cet effet, nous formulons les hypothèses suivantes : H1 : la mesure compensatoire du capital-marque aboutit à un meilleur ajustement du modèle et un meilleur degré de significativité des relations entre les variables du modèle que la mesure additionnelle. H1.1 : les antécédents du capital-marque expliquent plus le capital-marque lorsqu'il est calculé selon la mesure 3 que quand il est calculé selon les trois autres mesures. H1.2 : les forces des associations pondérées par leurs valences permettent de mieux prédire les conséquences du capital-marque lorsqu'il est calculé selon la mesure 3 que quand il est calculé selon les trois autres mesures. ATTENTION ET FAMILIARITE ANTECEDENTES DU CAPITAL-MARQUE Toutes les recherches accordent qu'une condition d'existence des associations est l'attention et la familiarité à la marque. De ce fait, le modèle reprend ces deux variables comme les deux antécédents du capital-marque. En effet, la première composante de la représentation « marque » dans l'esprit du consommateur est l'information sur la marque, qu' elle soit objective ou subjective. D'autre part, ce sont les informations suffisamment stables qui donne naissance à une représentation : il s'agit des associations attachées à la marque et formant son noyau central. (Abric 1994) En se référant à la théorie des réseaux sémantiques, Keller (1993) suggère que « une condition nécessaire pour la création d'une image de marque est qu'un nœud représentant une marque soit établi en mémoire. La nature de ce nœud affectera la facilité avec laquelle différents types d'informations pourront s'attacher à celui-ci en mémoire ». Autrement dit pour qu'un individu ait une représentation d'une marque (un nœud) dans son esprit, il doit disposer d'une certaine connaissance de cette marque, sans laquelle les associations ne peuvent pas apparaître. A ce propos, Guyon (2005) a noté que « l'attention témoigne de l'existence et de l'importance du nœud de la marque dans l'esprit du consommateur ». C'est dans ce sens que l'attention peut être considérée comme un facteur déterminant de la création des associations, et donc du capital-marque. Ajouté à ceci, nous supposons un effet direct de l'attention sur les conséquences du capital-marque (l'attitude, l'intention d'achat et, la fidélité). A ce propos, Changeur et Dano (1998) notent que « l'attention traduit partiellement la valeur de la marque : le choix du produit peut être déterminé par la simple émergence en mémoire du nom de la marque, et les connaissances stockées sur une marque peuvent favoriser le rappel et le choix de cette marque en particulier dans une situation d'achat donnée». D'où notre deuxième hypothèse : H2 : l'attention est un antécédent du capital-marque. H2-1 : la force des associations pondérée par leurs valences est expliquée par l'attention à la marque. H2-2 : l'attention à la marque a un effet direct positif sur le capital-marque. H2-3 : l'attention a un effet direct positif sur l'attitude générale envers la marque. H2-4 : l'attention a un effet direct positif sur l'intention d'achat de la marque. H2-5 : l'attention a un effet direct positif sur la fidélité à la marque. Cependant, pour qu'une représentation « marque » existe en mémoire, l'attention seule ne suffit pas. Le consommateur doit être familier avec la marque (Krishnan, 1996, Korchia, 2000). C'est pourquoi notre modèle suppose une relation causale entre la familiarité et le capital-marque. Nous supposons également que la familiarité a un effet direct sur les conséquences du capital-marque. H3 : la familiarité est un antécédent du capital-marque. H3-1 : le capital-marque s'explique par la familiarité à la marque. H3-2 : La familiarité à la marque a un effet direct positif sur le capital-marque. H3-3 : La familiarité a un effet direct positif sur l'intention d'achat de la marque. H3-4 : La familiarité a un effet direct positif sur l'intention d'achat de la marque. H3-5 : La familiarité a un effet direct positif sur la fidélité à la marque. RELATION CAPITAL-MARQUE ET ATTITUDE Les attitudes expriment une position positive ou négative envers l'objet. Elles sont définies comme des « structures cognitives : des états d'esprit tournés vers les valeurs et des états de disponibilité organisés à travers l'expérience » (MOSCOVICI S., 1961). Plusieurs auteurs considèrent que l'existence d'associations fortes, positives et uniques dans l'esprit du consommateur est susceptible d'influencer l'existence d'une attitude générale positive envers la marque (Aaker 1991, Keller 1993, Park & Srinivasan 1994, Krishnan 1996, Changeur et Dano 1998). En effet, les informations et les expériences acquises sont à l'origine des croyances d'un individu à propos d'un objet donné. Ces dernières ne sont autres que la dimension cognitive de l'attitude. Or, avoir des croyances à propos d'une marque Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 12 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON revient à fouiller la représentation « marque » dans l'esprit du consommateur, afin de retrouver les informations et les interprétations donnée à cette marque. Une fois les croyances formées, leurs importances relatives donnent une orientation positive, neutre ou négative à l'attitude générale envers la marque. Par conséquent, nous estimons que l'attitude envers la marque (positive, neutre ou négative) dépend d'une part de la force des associations à la marque existantes dans l'esprit du consommateur, et d'autre part de la valence de ces dernières. Ainsi, si l'association fortement attachée à la marque est perçue positivement par le consommateur, ceci affecte positivement son attitude globale envers la marque, et inversement. A ce sujet, Changeur et Dano (1998) ont montré l'existence de relations significatives entre les associations fortes, positives et uniques, d'une part et l'attitude générale d'autre part. Notre recherche propose de vérifier l'existence d'une relation explicative entre le capital-marque et l'attitude générale. Notre modèle considère l'attitude comme une conséquence du capital-marque, en supposant que l'orientation positive, négative ou neutre envers une marque résulte de la force et la valence des associations attachées à celle-ci dans l'esprit du consommateur. H4 : L'attitude générale envers une marque résulte de son capital-marque, c'est-à-dire de l'effet simultané des forces des associations liées à la marque et de leurs valences dans l'esprit du consommateur. H4-1 : Le capital-marque a un effet direct et positif sur l'attitude générale vis-à-vis d'une marque. H4-2 : Le capital-marque permet de prédire l'attitude générale envers une marque. RELATIONS CAPITAL-MARQUE, INTENTION D'ACHAT ET FIDELITE La marque, comme représentation sociale, assure une fonction d'orientation : elle guide les comportements et les pratiques (Abric, 1994). En effet, d'une part, la représentation (la marque) est porteuse de sens, elle peut alors décider de l'activité cognitive nécessaire à la réalisation d'une tâche ou activité particulière. D'autre part, étant donné que la représentation sociale reflète les liens et les normes régissant le groupe social dans lequel elle s'est formée, elle devient, parfois, prescripteur des pratiques et des conduites chez l'individu ou son groupe social. C'est ainsi que la marque peut orienter et engendrer des comportements chez le consommateur. Ces comportements se manifestent d'abord dans l'intention d'achat de la marque et, ensuite s'expriment par l'achat qui peut se transformer en une fidélité à la marque. De surcroît, les psychologues cognitifs estiment que la mémoire est extrêmement solide. Une fois que l'information est déposée dans la mémoire, la force de ses associations décline très lentement (Loftus and Loftus 1980). Par conséquent, la force de l'association augmente à la fois la probabilité que l'information soit accessible en mémoire et la facilité avec laquelle il peut s'en rappeler. Ainsi, au moment du choix, ce sont les associations fortement attachées aux marques qui émergent dans l'esprit du consommateur. Ce dernier les exploite alors dans l'évaluation des marque considérées et donc dans son choix. Ce choix peut marquer le début d'une fidélité à la marque. O'Shaughnessy (1992) définit l'intention d'achat comme étant le résultat d'un désir qui a été traité cognitivement. Cette définition sous-entend que l'intention fait appel aux connaissances de l'individu. Celui-ci ne peut en aucun cas désirer ce qu'il ne connaît pas. Or, la connaissance d'une marque (à travers l'attention et la familiarité à la marque) permet la création d'associations liées à la marque dans l'esprit du consommateur. Donc, ces associations peuvent être considérées comme étant la cause de l'intention d'achat de la marque considérée. Plusieurs recherches portant sur le capital-marque considèrent que l'existence d'associations fortes, positives et uniques dans l'esprit du consommateur est susceptible d'augmenter la probabilité de choix de la marque (Aaker 1991, Keller 1993, Park & Srinivasan 1994, Krishnan 1996, Changeur et Dano 1998). Notre modèle tente d'expliquer l'intention d'achat et la fidélité par le capitalmarque, autrement dit par l'effet conjoint de la force et la valence des associations. H5 : L'intention d'achat d'une marque résulte de son capital-marque, c'est-à-dire de l'effet simultané des forces des associations liées à la marque et de leurs valences dans l'esprit du consommateur. H5-1 : Le capital-marque a un effet direct et positif sur l'intention d'achat d'une marque. H5-2 : Le capital-marque permet de prédire l'intention d'achat d'une marque. Plusieurs conséquences du capital-marque sont recensées par les chercheurs. La fidélité est une des conséquences notée par plusieurs auteurs dont Keller (1998), Korchia (200) et Czellar S. et Denis J.E (2002). Toutefois, les recherches empiriques sur les conséquences du capitalmarque font défaut. Dans le cadre, de cette recherche, nous proposons de vérifier l'hypothèse suivante : H6 : L'intention de fidélité à une marque résulte de son capital-marque, c'est-à-dire l'ensemble des associations liées à la marque et de leurs valences dans l'esprit du consommateur. H6-1 : Le capital-marque a un effet direct et positif sur l'intention de fidélité à une marque. H6-2 : Le capital-marque permet de prédire l'intention de fidélité à une marque. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 13 Nouvelle mesure du capital marque RELATION DIRECTE ENTRE ATTITUDE, INTENTION D'ACHAT ET FIDELITE ETUDE QUALITATIVE : IDENTIFICATION DES ASSOCIATIONS La prédisposition du consommateur à l'achat constitue la dimension conative de l'attitude. Lorsque cette dimension existe, l'attitude se transforme en une intention d'achat (Vernette, 1998). D'où la relation positive attendue entre une attitude favorable et l'intention d'achat. Ensuite, les théories de l'action raisonnée et de l'action planifiée supposent que l'intention est fortement corrélée avec l'action elle-même. (Ajzen et Fishbein 1980, Ajzen 1985, Ajzen 1991). En cas de satisfaction, l'achat peut être considéré comme une intention de fidélité. S'il se répète, il peut se transformer en fidélité. D'où la relation entre l'intention d'achat et l'intention de fidélité. Enfin, ces mêmes théories explicatives de l'intention d'achat considèrent que des attitudes et/ou des normes subjectives entraînent automatiquement l'intention d'agir. En outre, plusieurs études ont montré que l'attitude peut avoir un effet direct sur le comportement sans l'intermédiaire de l'intention (Beutber et Speckart 1979,1981 ; Bonfield 1974 ; Manstead, Proffit et Swart 1983, Zuckerman et Reis 1978). D'où la relation directe entre l'attitude et la fidélité, en considérant que le comportement peut se transformer en une fidélité. Afin d'appréhender la signification d'une marque pour un consommateur, Aaker (1991) propose de poser des questions ouvertes ayant pour objectif l'énumération des associations à la marque présentes dans l'esprit des consommateurs. En conséquence, pour générer les associations liées à chacune des marques, retenues à l'étape précédente, nous avons combiné les méthodes de la citation directe et de l'entretien semi directif. Ces associations seront à la base de notre enquête principale. Toutefois, Olson et al. (1979) notent que cette méthode permet l'identification des caractéristiques dominantes des pensées, autrement dit celles situées au « sommet des pensées » (top of mind). D'où le nombre limité des associations générées par la citation directe. De surcroît, et en raison de la même faiblesse de la méthode, Aaker (1991), Blackston (1992, 1993), Park et Srinivasan (1994) estiment que non seulement le nombre d'associations générées est restreint mais aussi leurs types. En effet, à un premier niveau du réseau sémantique primaire, ce sont les associations fortement rattachées à la marque qui vont émerger. De ce fait, il est probable que l'individu ne sera pas en mesure de citer les associations abstraites ou faiblement attachées à la marque. A ce propos, les mêmes auteurs (Aaker 1991, Blackston 1992, 1993, Park et Srinivasan 1994) recommandent le recours à l'entretien individuel semi directifs afin de remédier aux faiblesses de la citation directe. Ainsi, l'entretien en profondeur permet non seulement la génération des associations mais aussi la recherche de leurs significations. Cette méthode permet de remonter, plus loin que la mémoire primaire, à la mémoire secondaire de l'individu. Elle offre toutes les chances de creuser plus profondément pour faire émerger les associations les plus abstraites. Pour mener à bien notre étude, nous avons recouru à la méthode de la citation directe que nous avons enrichie par des entretiens individuels en profondeur. METHODOLOGIE DE RECHERCHE Pour la réalisation de notre étude empirique, nous avons retenu le secteur des produits de beauté. Une première étude, en deux étapes, a été réalisée afin de choisir les marques de produits cosmétiques. Dans une première phase, nous avons visité des espaces spécialisés dans la vente de produits de beauté. Nous avons établi une liste de 18 marques de produits de beauté les plus présentes sur le marché tunisien. Dans une seconde étape, nous avons utilisé un questionnaire auto administré auprès de 65 femmes âgées de 15 à 45 ans utilisatrices de produits de beauté. Cet échantillon, dont l'hétérogénéité au niveau du revenu a été contrôlée, nous a permis de mesurer la notoriété spontanée des marques ainsi que la familiarité des consommateurs avec celles-ci. Le dépouillement des résultats nous a permis de retenir trois marques, Lella (marque tunisienne), Bourjois, et Guerlain. ASSOCIATIONS Jeunesse Couleurs gaies Beauté Bonne marque Large choix de couleurs Elégance/Chic Populaire Pas cher Orgueil Femme riche Femme fatale Démodé / Dépassé Doré Vendable dans des lieux prestigieux Pour constituer la liste finale, nous avons retenu les associations courtes (un mot ou expression courte), citées au moins deux fois par les personnes interrogées. Nous avons obtenu une liste de 14 associations, classées dans le tableau ci-dessous : TYPES D'ASSOCIATION Abstraite Abstraite Abstraite Fonctionnelle Fonctionnelle Abstraite Abstraite Fonctionnelle Abstraite Abstraite Abstraite Abstraite Fonctionnelle Fonctionnelle Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 14 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON METHODOLOGIE DE L'ETUDE QUANTITATIVE Nous avons choisi de recueillir les données par la méthode d'enquête par sondage. A cet effet, un questionnaire a été élaboré. Il a été administré par une enquêtrice que nous avions recrutée à l'occasion. Nous avons préféré une seule enquêtrice afin d'éviter les biais et/ou écarts généralement inévitables lorsque l'enquête est menée par plusieurs personnes à la fois. Nous avons rémunéré l'enquêtrice en fonction du nombre de questionnaires remplis et de la qualité de données recueillies. Quant aux répondantes, pour les inciter à remplir le questionnaire qui était plutôt long, nous avons offert à chacune un petit cadeau qui consistait en un échantillon de produits de beauté. De la sorte, nous avons obtenu 609 questionnaires avec une durée moyenne de collecte de 15 minutes. Plan d'échantillonnage Pour des raisons de coût, nous nous sommes limités à la région du Grand Tunis. Nos répondants sont décrits par leurs âges et revenus. Nous les avons choisis par la méthode d'échantillonnage par quotas d'âge et de revenu. Le quota d'âge se réfère aux statistiques de l'I.N.S (Institut National de la Statistique), pour les femmes habitant la région du Grand Tunis (annexes 1 et 2). En l'absence de statistiques sur la répartition de la population tunisienne par niveau de revenu, nous avons essayé d'avoir des proportions presque égales par niveau de revenu (annexe 3). Enfin, le dernier quota de sélection de l'échantillon est la connaissance des marques retenues dans notre recherche. Les trois premières questions de notre questionnaire nous ont servi de filtre. Placées en tête du questionnaire, elles ont permis d'éliminer les personnes ne connaissant pas les marques étudiées et/ou non utilisatrices de produits de beauté. De la sorte, notre échantillon est constitué de 609 femmes âgées de 18 à 45 ans, ayant différents niveaux de revenu et plus ou moins familières à au moins deux marques de produits cosmétiques parmi les trois proposées. RESULTATS : COMPARAISON DE 4 MESURES DU CAPITAL-MARQUE Nous avons opté pour des analyses statistiques de deuxième génération. En appliquant le même modèle de chemin de causalité, nous avons évalué les quatre mesures du capital-marque, pour trois marques de cosmétiques, Bourjois, Lella et Guerlain. Nous sommes dans le cadre de mesures répétées, chaque répondante ayant évaluée les trois marques. Nous retiendrons la mesure du capitalmarque qui permet le meilleur ajustement du modèle aux données empiriques, c'est-à-dire la mesure qui relie le mieux les antécédents du capital-marque à ses conséquences et qui discrimine le mieux entre les trois marques. Nous utilisons six indices d'ajustement global ainsi que le degré de significativité des liens entre les construits pour choisir la meilleure mesure du capital-marque parmi les quatre proposées. Indices de la qualité globale de l'ajustement BOURJOIS X2/df RMSEA AGFI RMR TLI CFI LELLA GUERLAIN Mesure 1 Mesure 2 Mesure 3 Mesure 4 Mesure 1 Mesure 2 Mesure 3 Mesure 4 Mesure 1 Mesure 2 Mesure 3 Mesure 4 1,439 0,027 0,983 0,010 0,995 0,999 1,004 0,003 0,988 0,035 1,000 1,000 0,573 0,000 0,993 0,005 1,005 1,000 1,481 0,028 0,983 0,027 0,995 0,999 3,078 0,0042 0,962 0,008 0,980 0,999 5,035 0,082 0,942 0,009 0,969 0,998 2,824 0,041 0,967 0,007 0,986 0,999 2,788 0,048 0,940 0,10 0,963 0,998 2,608 0,041 0,940 0,10 0,064 0,995 2,826 0,048 0,957 0,11 0,977 0,997 2,171 0,041 0,949 0,10 0,974 0,997 4,484 0,088 0,932 0,15 0,959 0,995 La nouvelle mesure compensatoire que nous proposons, qui multiplie la force de toutes les associations par leur valence, obtient le meilleur ajustement global pour chacune des trois marques analysées. Le modèle compensatoire proposé M3 valide l'ensemble des chemins de causalité au seuil de risque de 1 pour mille, de 3 pour cent et de 2 pour mille respectivement pour les marques Bourjois, Lella, et Guerlain. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 15 Nouvelle mesure du capital marque Significativité des relations par marque et pour les quatre mesures du capital marque DISCUSSION DES RESULTATS L'ensemble des analyses de chemin de causalité, réalisées pour trois marques de produits cosmétiques, nous a permis de confirmer la supériorité de la troisième mesure par rapport aux mesures 1, 2 et 4, ce qui confirme notre première hypothèse. D'une part, la prise en considération de la valence des associations, plus précisément, la pondération de la force des associations par la valence de celles-ci, et l'utilisation de toutes les associations (quelle soient fortes ou faibles) d'autre part, conduit à un meilleur ajustement du modèle aux données empiriques. Cette conclusion est vérifiée pour les trois marques. La méthode des analyses des chemins de causalité nous a permis de vérifier plusieurs éléments quant à la validité de notre modèle. Dans un premier temps, et conformément aux normes d'ajustement généralement admises (Roussel, 2002, Evrard et al., 2003), nous pouvons conclure à une bonne adéquation entre les données observées dans notre échantillon et le modèle théorique postulé. Dans un second temps, le test du modèle, relation par relation, nous a permis de vérifier la significativité des relations de causalité entre les différentes variables. Un avantage majeur de l'analyse des chemins de causalité est de pouvoir tester toutes les relations simultanément. Ceci nous évite valider certaines relations qui s'avèrent significatives lorsqu'elles sont testées séparément des autres, alors qu'elles ne le sont pas quand elles sont intégrées dans un modèle global. Dans l'ensemble, les 13 relations de causalités sont significatives pour chacune des 3 marques et chacune des 4 mesures du capital-marque au seuil de risque de 5%. Pour la mesure du capital-marque que nous préconisons, les 13 relations sont significatives au seuil de risque d'au moins 3% pour les 3 marques, ce qui prouve la supériorité de cette mesure. Nous n'observons qu'une exception, la relation entre capital-marque et intention d'achat n'est pas significative pour la marque Lella avec les mesures M1, M2 et M4, bien qu'elle le soit pour la mesure M3 que nous préconisons. C'est un indice de la faiblesse du capital-marque de Lella. Nous avons validé l'existence de relation entre le capitalmarque et ses antécédents et entre le capital-marque et ses conséquences. Quant à l'existence de relations directes entre les antécédents et les conséquences du capitalmarque, elles ne sont que partiellement vérifiées. Ainsi, la relation directe entre familiarité et attitude générale n'est pas significative pour Bourjois et la familiarité n'a jamais d'effet sur la fidélité pour les trois marques. Les résultats de l'analyse des chemins de causalité confirment non seulement l'existence de relations mais aussi leur caractère explicatif. En effet, le capital-marque s'explique par ses deux antécédents (attention et familiarité). De surcroît, le capital-marque et ses antécédents prédisent bien l'attitude générale envers les trois marques, l'intention d'achat de ces dernières ainsi que l'intention de la fidélité à ces marques. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 16 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON La décomposition de l'effet total en effet direct et effet indirect nous a permis de vérifier l'effet des antécédents du capital-marque sur les conséquences de celui-ci. A la lecture des résultats, nous concluons que, l'attention exerce un effet direct et positif sur la perception de la qualité générale. Par contre, l'effet de l'attention sur la fidélité n'est validé que pour la marque Bourjois. Quant à la familiarité, les résultats révèlent que celle-ci a un effet direct et positif sur l'intention d'achat et un effet positif sur l'attitude générale (sauf pour Boujois). Par contre la familiarité n'a pas d'effet sur l'intention de fidélité. Nous avons confirmé les hypothèses H2-3 et H2-4, mais nous n'avons confirmé que partiellement l'hypothèse H2-5. Le tableau ci-dessous récapitule le pourcentage de variance du capital-marque expliqué par ses deux antécédents ainsi que le pourcentage de variance expliqué des trois conséquences du capital-marque. Capital-marque : Pouvoir explicatif par ses antécédents et pouvoir prédictif de ses conséquences par marque et par mesure % de variance du CM expliqué par ses antécédents % de variance du QG expliqué par ses antécédents % de variance de l’IA expliqué par ses antécédents % de variance de Fidélité expliqué par CM et ses antécédents M1 Bourjois M2 M3 M4 M1 Lella M2 M3 M4 M1 Guerlain M2 M3 M4 15 09 18 14 04 16 32 27 44 43 57 46 35 33 34 33 44 57 49 42 39 37 42 39 80 80 80 80 50 50 50 50 55 52 58 59 25 19 32 24 69 71 71 70 83 80 85 85 CM : capital-marque, IA : Intention d'achat, QG : qualité générale On vérifie que la mesure proposée (M3) est mieux expliquée par les deux antécédents que les trois autres mesures et cela pour les trois marques. En ce qui concerne la prévision de la l'attitude générale, la nouvelle mesure M3, combinée avec les effets directs de la familiarité et de l'attention, obtient la meilleure prévision pour les marques Bourjois et Guerlain, mais pas pour la marque locale Lella. Pour la prévision de l'intention d'achat, la nouvelle mesure fait jeu égal avec les autres mesures sauf pour Guerlain pour lequel M4 l'emporte. Enfin, pour la prévision de la fidélité, elle est meilleure pour les marques Lella et Guerlain que pour Bourjois. Dans tout les cas la nouvelle mesure l'emporte ou fait jeu égal avec une autre mesure. Notons que la plupart des études (Changeur et Dano 1998, Changeur 2001, Korchia 2001, Czellar S. et Denis J.-E., 2002) confirment les postulats de Keller (1993, 1998) selon lesquels la force des associations, leurs valences et unicité renforcent le capital-marque du point de vue du consommateur plus que la cohésion, le nombre ou l'origine des associations. Ceci a incité les chercheurs à ne conserver que les associations fortes, positives et uniques dans leurs modèles de mesure. Notre recherche montre qu'il convient de ne pas se restreindre aux associations fortes et positives. Lorsque la mesure intègre les associations faibles et les associations négatives en multipliant la force par la valence ont obtient une meilleure mesure du capital-marque. Notre recherche confirme que les associations ne sont pas liées aux différentes marques avec la même intensité. La force des associations varie d'une marque à l'autre. D'un point de vue managérial, il semble pertinent pour une marque de comparer l'ensemble de son profil par rapport à la concurrence, ce qui nécessite l'analyse des associations aussi bien fortes que faibles, aussi bien positives que négatives. Une même association peut être perçue comme positive pour une marque et négative ou neutre pour une deuxième marque. Ce résultat réaffirme celui de Changeur et Dano (1998) : la valence des associations ne peut être analysée dans l'absolu et doit être relativisée par rapport aux marques. Par contre, ce résultat ne s'accordent pas avec les chercheurs (Keller 1993, Keller & Sood 1995, Aaker 1996, Krishnan 1996) qui classent les associations en deux groupes, soit les positives et les autres, égalisant ainsi les associations neutres et les associations négatives. Une distinction entre ces dernières s'avère pertinente, notamment pour une meilleure analyse et choix du positionnement de la marque et donc, une meilleure élaboration des stratégies résultantes. En effet, d'une part, il est plus facile de transformer une association neutre (qu'une association négative) en une association positive. D'autre part, les associations négatives diminuent la valeur du capital-marque plus que les associations neutres. Il est nécessaire de les identifier. Etant liées au nœud de la marque, l'entreprise ne peut sous-estimer la présence de ces associations défavorables et leur effet négatif sur le capital-marque. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 17 Nouvelle mesure du capital marque Le capital-marque considéré, par les travaux antérieurs (Jourdan, Changeur, Yoo et Dhontu 2001), comme une variable latente mesurée à travers des indicateurs réflectifs, est mesuré dans la présente investigation au moyen d'un indice formatif. La proposition de Géraldine Michel. (1999) de considérer la représentation sociale comme un nouveau cadre théorique adapté à l'étude des marques, permet de remonter aux sources de formation de cette représentation dans l'esprit du consommateur. Plus que des indicateurs, notre modèle considère les associations comme des composantes du capital-marque. Plus précisément, c'est l'effet simultané de la force et la valence des associations qui permet de mesurer le capitalmarque. Celui est calculé par la somme des produits de la force par la valence des associations attachées à la marque. De ce fait, nous nous positionnons du côté des travaux de Aaker (1991, 1992, 1994) pour qui le capital-marque est défini comme « tous les éléments de d'actif et du passif liés à une marque, à son nom ou ses symboles, et qui apportent quelque chose à l'entreprise et ses clients parce qu'ils donnent une plus-value ou une moins-value aux produits ou aux services ». Donc, le capital-marque peut être positif ou négatif. Par conséquence, la mesure du capital-marque uniquement à travers les associations fortes et positives ne couvre pas toute la valeur de la marque. Nous avons retenu les mesures de la force et la valence telles que proposées par Changeur (1999)3. De surcroît, après avoir identifié les associations, leurs forces et leurs valences, nous nous sommes demandé si la pondération de la force par la valence de l'association permet de mieux différencier entre les marques et mieux prédire les conséquences du capital-marque. Pour ce faire, nous avons déterminé et comparé quatre mesures de l'indice capital-marque. Les résultats obtenus confirment les réflexions théoriques et montrent une bonne adéquation aux données du modèle de mesure compensatoire. En effet, en variant l'imputation des associations fortes/faibles et positives/négatives dans l'indice capital-marque, les analyses révèlent que la meilleure mesure est celle calculée à partir du produit (Force x Valence) sur l'ensemble des associations. Le modèle intégrant cette mesure compensatoire est mieux ajusté aux données empiriques que les autres mesures examinées. Cet indice formatif (Force x Valence) permet de mieux différencier entre les marques et de mieux prédire les conséquences du capital marque. Enfin, toutes les relations du modèle de chemin de causalité se sont avérées significatives avec cette mesure du capital marque. Bien qu'il soit admis que la force, la valence et l'unicité des associations d'une marque jouent un rôle important dans la détermination des effets différentiels du capital-marque sur les décisions du consommateur, ce postulat reste peu vérifié empiriquement (Czellar S. et Denis J.-E. , 2002). Ainsi, Krishnan (1996) a conclu que les différences entre les marques à fort capital de celles à faible capital se reflètent dans leur performance et se manifestent au niveau comportemental du consommateur. En 1998, Changeur et Dano ont confirmé ces résultats. Ils ont montré l'existence d'une relation significative entre les associations (fortes, positives et uniques) et respectivement, l'attitude par rapport à la marque et l'intention de choix du produit marqué. Néanmoins, leurs résultats ont uniquement marqué l'existence de la relation sans spécifier sa nature. Dans le même ordre d'idée, Korchia (2001b) a vérifié les propos de Keller (1993) pour qui la création d'associations fortes, positives et uniques dans l'esprit du consommateur permet de créer un fort capital-marque. A ce propos, et par rapport à l'étude de Changeur et Dano (1998), une différence majeure est à noter au niveau de leur méthode d'analyse des données limitée au test de Chi2 entre les associations (association par association et global) et respectivement l'attitude et l'intention d'achat. Par contre, nous avons validé l'ensemble de notre modèle de chemins de causalité, comprenant deux antécédents du capital marque (attention à la marque et familiarité avec la marque) et trois conséquences (attitude, intention d'achat et fidélité). Tous les indicateurs d'ajustement aux données empiriques se sont révélés satisfaisants, confirmant l'hypothèse d'un effet positif du capital marque et de ses antécédents sur l'attitude, l'intention d'achat et la fidélité à la marque, mais aussi permettent de prédire ces trois variables. Soulignons que ce résultat a été validé pour les trois marques retenues dans la présente recherche. Enfin, les résultats de notre recherche corroborent ceux de Guyon (2005) pour contredire ceux de Yoo et Donthu (2001) qui considèrent la qualité perçue (exprimant l'attitude générale) et la fidélité comme des antécédents au capital-marque. LIMITES DE LA RECHERCHE Cette recherche répond certes à certaines questions. Toutefois, cela n'empêche pas qu'elle souffre de certaines limites qui incitent à se poser d'autres questions. Dans le cadre de cette étude, nous avons choisi de valider notre modèle sur trois marques d'une même catégorie de produits. Une question se pose alors sur la validité externe, la possibilité de généraliser nos résultats sur d'autres types de produits. Une autre limite concerne les variables du modèle. Nous n'avons pas intégré toutes les variables conséquentes du capital-marque. Principalement, l'élasticité par rapport au prix (Keller, 1998) ou encore le consentement à acheter plus cher (Guyon, 2005) auraient été intéressants à étudier. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 18 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON PERSPECTIVES DE RECHERCHE Notre recherche n'est qu'un début de réponse à quelques questions relatives au capital-marque. Le domaine est tellement vaste que diverses questions restent encore sans réponse et, peuvent faire l'objet de futures investigations. Une voie de recherche serait de répliquer notre modèle à d'autres catégories de produits et, donc à d'autres marques. En vue de mettre plus en évidence l'importance de traiter conjointement la force et la valence des associations, il serait sans doute intéressent de choisir des marques liées à autant d'associations positives que négatives. Il serait également pertinent d'appréhender le capital-marque en ajoutant d'autres types d'associations, notamment la cohésion et la dominance. Enfin, l'intégration de variables modératrices, dont l'âge, le revenu et la sensibilité à la marque, pourra améliorer le modèle. Note de fin de texte: 1 La mesure 3 est proposée par K. Zenaidi. Tandis que les mesures 1, 2, et 4 du capital-marque ont été suggérées par J.L. Chandon 2 L'attitude générale envers la marque est labellisée « qualité générale » dans les résultats des analyses de chemin de causalité. 3 La force de connexion d'une association à une marque est mesurée selon une échelle de 1 à 5, « allant de très faiblement associée » à « très fortement associée ». La valence d'une association, lorsqu'elle est attachée à une marque, est mesurée selon une échelle de -2 à 2, allant de « très négatif » à « très positif ». BIBLIOGRAPHIE Aaker D.A. (1991), Managing Brand Equity, New York, The Free Press. Aaker D.A. (1991), Managing Brand Equity, New York, The Free Press. Aaker D. A. (1992), The value of brand equity, Journal of Business Strategy, 13 (3), 27-32. (Aaker D. A. (1994), Le management du capital de marque, Paris, Dalloz. Abric (1987), Coopération, compétition et représentations sociales, Cousset: Delval. Abric (1994), Pratiques sociales et représentations, PUF, 1-35 Ajzen 1985, From intentions to actions: A theory of planned behavior. In J.Kuhl & J. Beckmann (Eds.), Action control: From cognition to behavior , p.11-39. Heidelberg: Springer. Ajzen, I. (1991), The theory of planned behavior. Organizational Behavior and Human Decision Processes, 50, 179-211. Ajzen, J. & Fishbein, M. (1980), Understanding attitudes and predicting social behaviour, Englewood Cliffs, N.J.: Prentice Hall. Anderson, J. R. (1983), A spreading activation theory of memory. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 22, 261-295 Blackston (1992), Building Brand Equity by Managing the Brand's Relationships, Journal of Advertising Research, 32, 3, 79-83. Blackston (1993), Beyond Brand Personnality: Building Brand Relationships, Brand Equity & Advertising, ed. D.A. Aaker & A. Biel, Hillsdale NJ, L.E.A., 113-124. Broniarczyk et Alba (1994), The Importance of Brand in Brand Extension, Journal of Marketing Research, 31, 5, 214-228. Changeur S. (1999), Le territoire de marque : proposition et test d'un modèle basé sur la mesure des associations des marques, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, IAE d'Aix en Provence. Changeur (2001), Le capital-marque : concept et modèles, CEROG IAE d'Aix en Provence. Changeur et Dano (1998), Les associations valorisées par les consommateurs : Une approche perceptuelle du capital-marque, Actes de la Conférence de l'Association Française du Marketing, éd. B. Saporta, Bordeaux, IAE, 497-518. Crié D. (2005), De l'usage des modèles réflectif ou formatif dans les modèles d'équations structurelles, Recherche et Applications en Marketing, 20, 2, 5-28 Czellar S. et Denis J.E (2002), Un modèle intégrateur du capital-client de la marque : une perspective psychocognitive, Recherche et Applications en Marketing, 17 (1), 43-56. Edwards J.R, (2001), Multidimensional constructs in organisational behavior research: An intergrative analytical framework, Organizational Research Method, 4 (2), 144-192. Evrard et al. (2003), Market, Etudes et recherches en marketing, Edition Dunod. Farquhar P.H. (1990), Managing Brand Equity, Journal of Advertising Research, 30, 4, 7-12. Géraldine Michel. (1999), L'évolution des marques : approche par la théorie du noyau central, Recherche et Applications en Marketing, 14, 4, 33-53. Guyon (2005), Approche expérimentale de l'influence de la personnalité de marque sur le capital-marque et de ses conséquences en termes de parts de préférence, Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion, Université de Rennes 1. Jarvis C.B., MacKenzie S.B et Podsakoff P.M. (2003), A critical review of construct indicators and measurement model misspecification in marketing and consumer research, Journal of Consumer Research, 30, September, 199-218. Jourdan P. (2002), Measuring brand equity:proposal for conceptual and methodological improvements, Advances in Consumer Research, 29, 290-298.Keller & Sood 1995 Keller K. L. (1998), Strategic brand management: building, measuring, and managing brand equity, Upper Saddle River NJ, Prentice Hall. Keller K. L. (1993), Conceptualizing, measuring and managing custumer-based- brand equity. Journal of Marketing, 57, 1-22. Keller, K.L.(2003), Strategic Brand Management: Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 19 Building, Measuring, and Managing Brand Equity ,Second Edition, Upper Saddle River, New Jersey, USA: Pearson Education, Prentice Hall. Korchia (2001b), Associations à la marque : leurs effets sur trois construits, Actes du 17ème congrès international de l'Association Française du Marketing, Deauville. Korchia (2001), Connaissance des marques stockées en mémoire par les consommateurs : Modèle théorique et test empirique, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Université de Droit, d'Economie et de Sciences d'AixMarseille III, Institut d'Administration des Entreprises. Korchia (2000), Une nouvelle typologie de l'image de marque, Actes du 16ème congrès international de l'Association française du marketing, Montréal. Krishnan H.S. (1996), Characteristics of memory associations: A consumer-based brand equity perspective, International Journal of Research in Marketing, 13, 4, 389405. Lai C. (2005), La marque, Dunod, Collection les topos, Paris. Leuthesser L. (1988), Defining, Measuring and Managing Brand Equity, M.S.I Marketing Science Institute, Rep. 88-104. Loftus and Loftus (1980), On the permanence of stored information in the human brain, American Psychologist, 35, 409-420. Moscovici (1961), La psychanalyse, son image, son public, PUF. Olson (S.J), Kanwar (R.) et Muderrisoglu (A.) (1970), Clarifying the confusion regarding salience, importance and determinance, American Marketing Association Proceeding, 1979, 286-290 O'Shaughnessy (1992), Explaining Buyer Behavior: Central concepts and Philosophy of Science issues, NY: Oxford Universtiy Press. Park et Srinivasan (1994), A Survey-based Method for Measuring and Understanding Brand-Equity and its Extendibility, Journal of Marketing Research, 31, 2, 271288. Srivastava R.K. et Shocker A.D. (1991), Brand Equity: A Perspective on Its Meaning and Measurement, Marketing Science Institute, Cambridge, MA. Tauber M. (1981), Brand franchise extension: new product benefit from existing brand names, Business Horizons, vol.24, n°2, 36-41. Tensaout M. (2006), Spécification des modèles de mesure en marketing, Actes du Congrès de l'Association Française du Marketing, Nantes Vernette (1998), L'Essentiel du Marketing, Marketing fondamental, Editions d'organisation. Yoo B. et Donthu N. (2001), Developping and validating a multidimensional consumer-based brand equity scale, Journal of Business Research, 52, 1-14. Zuckerman, M., and H. T. Reis (1978), Comparison of three models for predicting altruistic behaviour, Journal of Personality and Social Psychology, 36, 498-510. ANNEXES Annexe 1: Répartition selon l'âge des habitants de sexe féminin du Grand Tunis. Source : I.N.S 2005 15-19 ans 20-24 ans 102657 116626 15 - 24 ans 219283 0,37043738 37% 25-29 ans 104327 25 - 34 ans 196195 0,33143455 33% 30-34 ans 91868 35-39 ans 92191 35 - 44 ans 176479 0,29812807 30% 40-44 ans 84288 Total 591957 1 100% Annexe 2 : Répartition de l'Echantillon selon l'Age Fréquence absolue Fréquence relative Entre 18 et 25 229 37,6 Entre 26 et 35 205 33,7 Entre 36 et 45 175 28,7 Total 609 100 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 20 Kaouther ZENAID, Jean-Louis CHANDDON Annexe 3 : Répartition de l'Echantillon selon Niveau du Revenu Fréquence absolue Fréquence relative Moins de et 250 DT 236 38,8 Entre 250 et 600 182 29,9 Entre 600 et 1000 191 31,4 Total 609 100 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 21 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 FACTEURS DE SUCCÈS D'UN PRODUIT TOURISTIQUE DANS UN CONTEXTE DE COLLABORATION RÉUSSIE Hélène SICOTTE Line RICARD Lise PREFONTAINE Sahbi GUEDDA Marc-Antoine VACHON École des sciences de la gestion Université du Québec à Montréal [email protected] Résumé L'enquête Internet menée auprès de 256 gestionnaires permet d'identifier les facteurs assurant la performance du produit développé dans le cadre de projets touristiques réalisés en collaboration. De l'avis des répondants, les facteurs liés aux relations entre partenaires, aux collaborateurs eux-mêmes, à la planification et à l'objectif du projet clairement défini sont ceux qui ont le plus contribué à la performance perçue du produit. L'étude démontre également que le financement n'est pas, dans un tel contexte, un facteur de succès important. Mots clé Secteur touristique ; collaboration ; partenariat ; nouveaux produits ; facteurs critiques de succès ; gestion de projet 54 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 FACTEURS DE SUCCÈS D'UN PRODUIT TOURISTIQUE DANS UN CONTEXTE DE COLLABORATION RÉUSSIE Hélène SICOTTE Line RICARD Lise PREFONTAINE Sahbi GUEDDA Marc-Antoine VACHON École des sciences de la gestion Université du Québec à Montréal [email protected] INTRODUCTION La performance des nouveaux produits ne s'est guère améliorée depuis que le Wall Street Journal (1992) rapportait que seulement 10 produits sur 100 connaissent le succès. Dans le même sens, Cooper (2000) conclut au succès commercial d'un produit sur quatre alors qu'un sur trois est carrément un échec. Identifier les facteurs qui pourraient influencer la performance d'un produit constitue donc, encore aujourd'hui, une préoccupation majeure. La littérature fait déjà ressortir certains facteurs qui sont souvent reliés aux caractéristiques du produit ou du projet, des partenaires, de la relation ou de l'environnement (ex : Ramonjavelo & al, 2007 ; Préfontaine & al, 2002 ; Pinto et Slevin, 1986). Néanmoins, cette littérature porte principalement sur ceux pouvant favoriser la performance d'un projet (ex. Pinto et Slevin, 1986 ; Ojiako & al, 2008 ; Sicotte & al, 2003) ; d'une collaboration (Mattesich & al, 2001 ; Rajaobelina & al, 2007) ou d'un partenariat (Gray, 1996 ; Rajamonvelo, 2007). Cependant, la littérature sur la performance d'un produit est moins développée dans le contexte d'un service ou d'un produit touristique. De plus, considérant que les projets d'innovation nécessaires au développement de nouveaux produits s'avèrent représenter un défi considérable et une activité cruciale pour les entreprises, les organisations cherchent de plus en plus à établir des alliances et des partenariats (Bititci & al, 2004). Cette tendance s'est traduite par une croissance des initiatives de collaboration de la part des entreprises motivées par le désir d'acquérir un avantage concurrentiel (Parung & Bititci, 2006). Ceci est d'autant plus vrai dans l'industrie du tourisme où le recours à la collaboration gagne en popularité (Bramwell & Lane, 2000 ; Fyall & Garrod, 2004). Le tourisme est d'ailleurs considéré comme un moteur économique générant des recettes internationales de plus d'un trillion de dollars US en 2007 et présentant un taux de croissance moyen de 7 % entre 2004 et 2007 (OMT, 2008). Toutefois, selon l'OMT (2009), l'année 2009 connaîtra une décroissance (entre 1 % et 2 %) et il est difficile de connaître le moment exact de la reprise. Ces données inquiètent et laissent poindre une vive augmentation de la concurrence entre les destinations touristiques qui devront réagir rapidement et s'assurer d'offrir aux touristes des produits qui répondent à leurs attentes. Dans un tel contexte, le développement de produits touristiques en collaboration constitue une alternative intéressante. Ainsi, bien que la préoccupation sur les facteurs critiques de succès favorisant la performance d'un 55 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON produit ne soit pas nouvelle, son étude dans un contexte en forte croissance, la collaboration, et dans un secteur d'importance, le tourisme, est fort pertinente. De plus, certains auteurs (ex. Sicotte 1996) ont démontré que les facteurs discriminant la performance étaient différents selon le contexte. Par conséquent, la présente étude focalisera sur des projets réalisés dans un contexte de collaboration réussie dans le secteur touristique et permettra d'identifier quelques pistes menant de tels projets à une performance accrue. En effet, pour l'étude, les partenaires (répondants) devaient entre autres, identifier au moins une collaboration réussie. L'évaluation de la performance perçue du service ou produit créé dans ce contexte était évaluée ainsi que les impacts de plusieurs facteurs sur la réussite de la collaboration. Ainsi, cette recherche permettra de déterminer, dans un contexte de projets de collaboration réussis, quels sont, de l'avis des partenaires, les facteurs influençant le plus la performance d'un produit touristique. Afin d'atteindre cet objectif, une revue de littérature sur le développement de produit, la notion de performance et ses facteurs clés sera exposée. Elle permettra de développer le cadre conceptuel ainsi que les hypothèses de recherche et ainsi de bien saisir les facteurs qui peuvent venir influencer la performance d'un produit dans un contexte de collaboration réussie. Par la suite, la démarche méthodologique, un sondage WEB réalisé auprès de plus de 250 gestionnaires, est explicitée. Des analyses de régression ont permis de faire ressortir les facteurs favorisant la performance d'un produit touristique. Les résultats sont donc présentés dans la section suivante. L'article conclut avec l'apport pour les gestionnaires de tels résultats, des voies de recherche et la présentation des limites de l'étude. L ' I N N O VAT I O N D E P R O D U I T, S A PERFORMANCE ET LES FACTEURS DE SUCCÈS DANS UN CONTEXTE TOURISTIQUE Le secteur touristique évolue dans un environnement qui subit des changements importants : une plus forte concurrence mondiale liée à l'émergence de nouvelles destinations, une clientèle davantage exigeante qui recherche une expérience touristique de qualité, de nouveaux modèles d'affaires basés sur l'importance grandissante de l'Internet dans le secteur et un contexte économique peu favorable dû à la crise économique mondiale (Laliberté, 2008 ; Miron, 2008). L'innovation liée au produit touristique semble ainsi être plus importante que jamais. La définition la plus courante de l'innovation renvoie à la commercialisation réussie d'un produit (ou service) nouveau (Mueser, 1985). Plus spécifiquement, l'innovation de produits s'entend de tout système d'activités organisées qui transforme une technologie (processus ou mode de production), de l'idée à sa commercialisation (Souder, 1987). L'une des premières études concernant le succès des nouveaux produits, le projet SAPPHO, a identifié cinq facteurs discriminants entre le succès et l'échec qui sont toujours d'actualité : (1) la compréhension des besoins du client ; (2) l'attention à la commercialisation et à la publicité ; (3) le développement efficient ; (4) l'utilisation effective de la technologie et des communications, et (5) la maturité et l'autorité des dirigeants impliqués (Rothwell, 1974, 1972). Plus récemment, Stanković & Djukić (2004) estiment que les organisations qui veulent rester gagnantes sur le plan de l'innovation doivent connaître leur clientèle et favoriser le travail d'équipes multifonctionnelles et les communications interfonctionnelles. Il est possible de prétendre que, à quelques variantes près, les résultats des études récentes sur l'innovation de produit, partagent une base assez homogène des facteurs les plus associés au succès (Christensen, 2002), et ce, même s'il n'existe aucune formule unique du succès (Mishra & al, 1996). L'enjeu véritable consiste plutôt à identifier le regroupement de facteurs qui favorise la réussite selon les particularités des situations en question, dans notre cas, le secteur touristique. En effet, le tourisme est un secteur complexe impliquant des partenaires de secteurs divers (public, privé, à but non lucratif) qui développent des produits qui n'entraînent que peu ou pas de possession de la part des utilisateurs et qui ont une influence sur la communauté dans laquelle ces produits sont offerts. Ainsi, la nature particulière du produit touristique démontre la pertinence d'explorer les facteurs menant à son succès afin de mieux orienter les décideurs. Mais comment définir le succès et quels sont les facteurs clés y menant ? LA PERFORMANCE La littérature sur le succès et ses facteurs clés est plus abondante dans le contexte de la gestion de projet que dans celui du développement d'un produit. Par conséquent, cette littérature est brièvement exposée dans les prochains paragraphes puisqu'elle peut servir de base à l'étude de la performance d'un produit. La présente recherche permettra aussi de vérifier le niveau de transposition de la littérature sur la gestion de projet à celle portant sur la performance d'un produit. Les écrits suggèrent qu'il n'y a pas de succès absolus mais des succès perçus (Gilbreath, 1986_; Baker & al, 1988). Toutefois, en matière de performance, certains critères d'évaluation font figure d'autorité dans un contexte de gestion de projet. C'est le cas de trois incontournables (triangle en or) que représentent le contenu, les délais et le budget qui sont respectés par les projets de haute qualité (Project Management Institute, 2004). Pour leur part, Pinto et Mantel (1990) ont entre autres, défini le succès d'un projet en faisant une vaste revue de la littérature. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 56 Facteurs de succés d’un produit touristique Pour ces derniers, le succès d'un projet se mesure selon trois dimensions soient : l'efficacité de son processus d'implantation (performance interne du projet), la valeur perçue du projet (performance externe du projet) et la satisfaction du client par rapport au produit fini du projet (performance externe du projet). Dans ce sens, pour mesurer la performance d'un produit dans le secteur des services, Ismail (2007) stipule que la satisfaction du consommateur demeure le critère non financier le plus adéquat. La performance de l'activité d'innovation de produit comporte également deux dimensions : interne en ce qui concerne l'efficacité du projet et externe pour désigner le succès au niveau du marché (Alegre & al, 2006 ; Tatikonda & Montaya-Weiss, 2001). Cette étude ne considère que la perspective externe, ce qui diffère du courant qui analyse principalement la performance interne ou quelquefois les deux sans distinction. Outre les indicateurs qui mesurent la qualité et le rapport qualité / prix, certains suggèrent de mesurer la performance du produit en termes de réponse aux besoins des clients et également de valeur ajoutée qu'apporte le produit aux clients (Cooke-Davies, 2004 ; Cooper & Kleinschmidt, 1990 ; Souder, 1987). Dans un autre contexte, Préfontaine & al. (2001) ont présenté des indicateurs de performance d'une collaboration dans le cadre de la prestation des services publics. Les thèmes retenus étaient la qualité des services, leurs coûts, la création de valeur et la satisfaction globale. Bref, plusieurs options de mesure de la performance sont disponibles. Dans la présente recherche, la performance est mesurée par la capacité du produit à répondre aux besoins des clients, par son rapport qualité / prix ainsi que par la valeur ajoutée qu'il procure. L'emphase est donc volontairement mise vers le marché ou le client. LES FACTEURS DE SUCCÈS L'étude des facteurs de succès date des années soixante et elle vise alors à réduire le volume d'information auquel le gestionnaire est confronté (Rockart, 1979) en ciblant quelques facteurs clés. Plusieurs auteurs ont utilisé ce concept dans leur domaine respectif. À titre d'exemple, Bissonnette (1996) a mené une étude de 10 projets touristiques au Québec et fait ressortir les 10 facteurs qui influencent le plus le succès des projets dans ce secteur dont les cinq premiers sont indiqués dans la première colonne du tableau 1. Récemment, Rajaobelina & al. (2007) ont étudié trois cas de collaboration touristique dont les cinq premiers facteurs de succès sont présentés dans la seconde colonne. Plus spécifiquement en performance de produit, Cooper (2003) a analysé des centaines de lancements de nouveaux produits pour générer une liste des dix facteurs qui auraient le plus d'influence. Les principaux sont présentés dans la troisième colonne. Tableau 1 : Une synthèse des facteurs clés de succès les plus importants Auteurs Contexte Les facteurs clés de succès (FCS) Bissonnette (1996) 10 projets touristiques Pouvoir et enjeux politiques Tâches techniques Soutien du client promoteur Compétences du chef du projet Mission du projet Ces recherches se sont déroulées soit dans un contexte d'évaluation d'un projet, d'une collaboration ou de nouveaux produits. Leurs résultats montrent des similitudes mais aussi des éléments différents. Il s'avère donc intéressant de valider leur présence et leur importance en tant que facteurs clés de succès associés à un produit dans un contexte touristique. En effet, comme mentionné précédemment, les connaissances actuelles sur les facteurs de succès qui influencent la performance d'un Rajobelina & al. (2007) 3 cas de collaboration touristique Complexité du projet Financement du projet Environnement institutionnel Compétence du personnel Concertation/communication Cooper (2007) Synthèse des résultats d’un programme d’étude sur le développement de nouveaux produits Produit supérieur et unique Orientation marché-client Etudes et travaux d’avant projet exhaustifs Définition claire du produit Equipe interfonctionnelle Etapes et points de décision Qualité d’exécution produit dans un contexte de collaboration sont très limitées. Dans le secteur touristique, en plus des principaux facteurs énoncés au tableau 1, certaines autres dimensions ressortent. Ainsi, l'environnement local, la présence et la participation des citoyens peuvent avoir plus d'impact (Jamal & Getz, 1995). Par exemple, à Montréal au Canada, un projet de grande envergure issu de la collaboration entre le Casino de Montréal (entreprise gouvernementale) et le Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 57 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON Cirque du Soleil (entreprise reconnue mondialement) a avorté suite à des pressions de la population (Forget, 2006). Les communautés locales ont donc pris aussi une place importante dans cette étude. Afin de faciliter l'intégration conceptuelle des multiples facteurs recensés dans la littérature, quatre catégories sont utilisées ; elles sont inspirées des travaux de Préfontaine & al. (2002), de Rajaobelina (2007) et de Ramonjavelo (2007). Ces catégories, issues de la littérature, touchent (1) le produit (ex. produit unique) et le projet (ex. mission, financement), (2) les caractéristiques des intervenants (ex. compétences), (3) la relation (ex. : concertation) et (4) l'environnement (ex. : environnement institutionnel). Tous peuvent influencer la performance. Cette catégorisation des facteurs de succès, une dizaine environ, est illustrée dans la figure 1 et elle sera discutée plus en détail dans la prochaine section. Figure 1 : Les facteurs critiques de succès Contexte de collaboration réussie M A I S Q U ' E S T- C E Q U I I N F L U E N C E L A PERFORMANCE D'UN PRODUIT TOURISTIQUE ? Cette recherche tente de vérifier les facteurs qui influencent la performance d'un produit touristique dans un contexte de collaboration réussie. Les prochaines pages reprendront une argumentation plus spécifique pour amener les hypothèses de cette recherche. Tel que mentionné précédemment, les facteurs clés de succès recensés dans la littérature ont été regroupés en quatre dimensions principales qui agissent sur la performance du produit issu du projet de collaboration. Ces dimensions sont : (1) les facteurs liés au produit ou au projet, (2) les facteurs liés aux relations entre partenaires, (3) ceux liés aux partenaires, et (4)_les facteurs liés à l'environnement (voir figure 1). FACTEURS LIÉS AU PROJET ET AU PRODUIT La nouveauté du produit, la disponibilité du financement, la clarté de la mission (des objectifs du projet) et la planification du projet sont les variables qui forment la dimension des facteurs liés au produit et projet. Toute activité ou interaction nouvelle à la firme peut être qualifiée de nouveauté (Kessler 2000 ; Cooper 1990). Pour une organisation, ce caractère novateur peut être relié à un produit, à un processus d'innovation, à un nouveau canal de distribution ou encore à un nouveau client (Sicotte & al, 2003). Il exerce habituellement un impact, directement ou indirectement, sur l'efficacité de l'innovation (Kessler, 2000). En effet, la nouveauté est souvent vue comme une caractéristique importante affectant la probabilité de succès (Brockhoff, 2006 ; Shenhar & al, 2005). Cooper (2003) préconise qu'un produit nouveau et unique est plus compétitif en terme de satisfaction des besoins des consommateurs. En conséquence, sa probabilité de succès est plus élevée. Par contre, d'autres chercheurs constatent que, dans un contexte de projet, la nouveauté peut avoir un effet négatif sur la performance des projets innovateurs en ce sens que les partenaires savent moins définir les étapes du projet et les livrables requis, qu'ils sont moins familiers avec le marché ou les processus (Tatikonda & Rosenthal, 2000 ; Duimering & al, 2006). Considérant que ces contradictions se retrouvent dans des contextes différents (projet ou produit), il est avancé que, dans un contexte de collaboration réussie, la nouveauté du produit influence positivement la satisfaction des clients. Le produit sera ainsi perçu comme étant performant. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 58 Facteurs de succés d’un produit touristique H1 : Plus un produit réalisé dans le cadre d'une collaboration réussie est considéré comme nouveau, plus la performance perçue du produit touristique (réponse aux attentes, rapport qualité / prix, valeur ajoutée) sera élevée. L'aspect financier se révèle une dimension capitale pour le succès du projet (Achanga & al, 2006). Les ressources financières garantissent la pérennité du projet (Préfontaine & al, 2002), notamment si elles sont disponibles pour une longue période de temps. Dans ce même ordre d'idée, Nguyen & al. (2004) insistent sur la nécessité de la disponibilité des ressources financières durant toute la période du projet. Il est donc envisageable de croire que cette dimension financière peut aussi intervenir dans la performance d'un produit touristique. H2 : Plus les ressources financières sont facilement accessibles, plus la performance perçue du produit touristique sera élevée. La planification du projet (Jugdev & Müller, 2005) et celle du lancement du produit permettent d'atteindre la performance souhaitée (Di Benedetto, 1999). En effet, la planification du projet se présente comme un élément déterminant et joue un rôle crucial. Elle implique l'élaboration d'un plan formel pour la conduite du projet et dresse un ensemble de décisions concernant les actions et les façons avec lesquelles elles doivent être menées dans le but d'aboutir au produit ou service désiré (Zwikael & Globerson, 2006). Ainsi, les objectifs et les buts du projet doivent être clairs (Nguyen & al, 2004) et bien identifiés par tous les membres de l'équipe du projet (Morrison & al, 2004 ; Hazebrouck, 1993) dont les tâches et les responsabilités pourront être clairement réparties (Davenport & al, 1999). De ce fait, il est possible d'avancer que la clarté de la mission du projet et la bonne définition des objectifs constituent des facteurs clés qui influencent le succès du projet et corollairement, le succès du produit résultant. Hazebrouck (1993) désigne la planification comme un mécanisme de rétroaction (feedback) qui permet d'apporter les mesures correctives au cours du projet. Dans la même perspective, l'étude de Zwikael & Globerson (2006) identifie la planification comme un des six facteurs de succès. H3 : Meilleure est la planification, incluant la clarté des objectifs du projet, meilleure sera la performance perçue du produit touristique. FACTEURS LIÉS AUX RELATIONS ENTRE LES PARTENAIRES Les facteurs liés aux relations (aspect relationnel) entre les partenaires comportent les variables de communication et de confiance entre les membres. En effet, la revue de la littérature a montré l'importance de la communication entre les organisations partenaires mais également au sein de l'organisation pour la réussite du projet (Keller, 2001 ; Sylva & al, 2001). Qureshi & al. (2006) indiquent que la communication efficace joue un rôle central dans la réalisation d'un projet alors qu'il ne s'agit pas seulement de passer de l'information au récepteur mais aussi de comprendre l'information reçue. Selon Clarke (1999), la communication permet de réduire les efforts improductifs, alors que Beavers (1997) affirme qu'elle permet de limiter les dédoublements de tâches et les erreurs. De même, la confiance est primordiale à toute relation d'affaires. Plusieurs auteurs (Mattesich & al, 2001 ; Nguyen & al, 2004 ; Morrison & al, 2004 ; Ramonjavelo & al, 2006), ont mis l'accent sur l'importance de la confiance entre partenaires pour la bonne conduite du projet ou d'une collaboration. Cette littérature sur la gestion de projet permet de supposer que les aspects relationnels pourraient aussi avoir un impact sur la performance du produit. H4 : Plus l'aspect relationnel (confiance et communication) est développé, plus la performance perçue du produit touristique sera élevée. FACTEUR LIÉ AUX PARTENAIRES Un facteur important lié aux partenaires est celui des compétences de ces derniers et de l'adéquation de celles-ci aux besoins du projet, la réponse à ces besoins ayant été reconnue comme essentielle dans le cadre du travail magistral de Zirger & Maidique (1990). Par la suite, plusieurs études ont discuté de l'excellence des spécialistes de différentes fonctions engagés dans un projet d'innovation de produit (Wren & al, 2000 ; Lester, 1998 ; Cooper & Kleinschmidt, 1990). Cooper (2003) résume son travail sur les facteurs de succès en soulignant l'importance des facteurs appartenant aux individus, à l'équipe et à leur compétence. H5 : Plus les compétences sont développées, plus la performance perçue du produit touristique sera élevée. FACTEURS LIÉS À L'ENVIRONNEMENT Les facteurs liés à l'environnement forment le dernier groupe. L'étude de Pinto & Slevin (1986) a fait ressortir l'environnement comme un des facteurs de succès dits «facteurs incontrôlables». Cette conclusion a été appuyée par Préfontaine & al. (2002) dans le secteur des partenariats public-privé. Les travaux de Bissonnette (1996) ont également démontré l'importance de l'appui des gouvernements dans le contexte de projets touristiques. Mattesich & al. (2001) évoquent le climat politique comme déterminant ; selon ces auteurs, il joue un rôle de «motivateur externe». L'environnement politique se présente de ce fait comme un facteur clé pour la réussite du projet. La population locale est une composante principale dans le développement des projets touristiques (Reed, 1997). Son intégration dans le processus de planification et d'implantation est une condition nécessaire et facilitatrice Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 59 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON au succès du projet touristique. Cette constatation a été validée dans l'étude de Bissonnette (1996). De plus, Nguyen & al. (2004) ont noté l'importance de l'implication de la communauté locale affectée par le projet pour assurer son succès. H6 : Plus l'environnement est favorable à la collaboration, plus la performance perçue du produit touristique sera élevée. Il est probablement utile de rappeler que ces hypothèses sont formulées dans un contexte de collaborations réussies sans présumer de leur pertinence dans un contexte de non réussite. La prochaine section présente la méthodologie utilisée pour atteindre les objectifs de l'étude. VERS DES MESURES FIABLES ET FIDÈLES DES FACTEURS CRITIQUES DE SUCCÈS Un questionnaire a été développé par une équipe de recherche en se basant sur des travaux de nombreux auteurs et d'une recherche qualitative préalable (Rajaobelina, 2007). Le nombre d'énoncés par variable variait de deux à sept (voir annexe 1), tous issus de la littérature. Après un pré-test auprès d'experts du secteur touristique, le questionnaire a ensuite été distribué à plus grande échelle via Internet. Cette méthode d'envoi offre l'avantage de la rapidité pour obtenir les réponses et elle est moins coûteuse comparativement aux autres méthodes de collecte de données (d'Astous, 2000). De plus, le nombre d'utilisateurs du courriel ne cesse d'augmenter. Par exemple, au Québec, en 2007, 65 % des Québécois communiquaient par courrier électronique contre 60 % en 2006 (CEFRIO, 2008). Par ailleurs, 85 % des PME québécoises ont accès à Internet en 2007. La majorité (84 %) l'utilise pour échanger des documents avec des fournisseurs ou des clients (CEFRIO, 2008). La présente recherche s'étend sur toutes les régions du Québec. Les entreprises et les organismes œuvrant dans le secteur du tourisme étaient ciblés pour répondre au questionnaire. Le contexte de l'étude étant les projets de collaboration touristique, de ce fait, les répondants devaient avoir été impliqués dans au moins deux projets réalisés en collaboration (un réussi et un moins bien réussi). Pour cette étude, on se rappellera que seule l'information sur les projets de collaboration réussis a été analysée. des organismes du répertoire créé ont été joints par téléphone. Suite à leur consentement, un message électronique contenant le lien d'accès au sondage était envoyé. La deuxième étape consistait à sonder les entreprises touristiques. Pour ce faire, l'équipe chargée de la collecte de données a eu recours au site «Bonjourquebec.com» pour répertorier les entreprises touristiques au Québec. Pour chaque région touristique, les trois onglets principaux sur lesquels «Bonjourquebec.com» se base pour classifier les entreprises touristiques (Hébergement, Activités et attraits et Événements) ont été ratissés. Pour ce qui est de la restauration, acteur important de l'industrie de l'hospitalité, c'est à partir des sites de l'association touristique de chaque région que le répertoire a été constitué. Un échantillonnage systématique à l'intérieur des listes dressées, dans lesquelles les organismes étaient classés par ordre alphabétique et par région, fut adopté. L'un des avantages de cette technique réside dans le fait qu'elle permet une couverture complète de la population (d'Astous, 2000). Dans le but d'inciter les entreprises touristiques à répondre au questionnaire, en association avec « Bonjourquebec.com », un budget promotionnel d'une valeur de plus de 500 $ a été offert en prix. Le tableau 2 présente la typologie des répondants. Dans ce tableau, le terme échantillon initial désigne le nombre d'organismes ou d'entreprises répertoriés selon leur secteur d'activité. Parmi ces organismes, certains ne peuvent être retenus pour l'enquête parce que, soit ils ne font pas de collaboration, soit ils ne peuvent être rejoints (numéro de téléphone invalide). Les entreprises composant l'échantillon ont été contactées par téléphone. Certaines n'étaient pas disponibles (pas de réponse après plusieurs appels), d'autres n'étaient pas impliquées dans des projets de collaboration alors qu'une autre proportion a refusé de répondre au questionnaire. Les organismes qui ont donné une suite favorable à notre requête et qui ont donc reçu un courriel, forment la liste des « prénotifiés ». L'observation du tableau permet de constater que le taux de réponse des organismes publics est plus élevé. La participation du personnel des ATR est importante alors que pour les restaurants et les événements, le taux de réponse est beaucoup plus faible. La collecte de données s'est déroulée en deux vagues afin d'atteindre un large éventail de parties prenantes de l'industrie touristique. La première concerne les organismes publics tandis que la deuxième vague ciblait les entreprises appartenant au secteur privé. Dans une première étape, une liste comprenant des associations ou regroupements économiques associés aux différentes régions du Québec a été dressée. L'ensemble Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 60 Facteurs de succés d’un produit touristique Echantillon retenu Prénotifiés Nombre de répondants Les organismes publics Associations régionales Associations des sous-régions Chambres de commerce Les entreprises privées Restaurants Etablissements hôteliers Evenements Attraits Autres catégories ou catégorie non identifiée TOTAL Echantillon initial Tableau 2 : Typologie des répondants et taux de réponse 20 166 151 20 147 38 20 147 38 11 (+3)* 52 10 55 % (11/20) 35 % (52/147) 26 % (10/38) 1087 655 356 931 223 204 231 622 141 125 120 296 11 45 12 72 40 256 5 % (11/223) 22 % (45/204) 5 % (12/231) 12 % (72/622) * Le personnel de onze différentes ATR a répondu. Trois répondants provenaient d'une ATR où une personne avait déjà répondu. Comme les ATR gèrent plusieurs dizaines de projets de collaboration par année, ces personnes n'ont évidemment pas été exclues mais elles n'ont pas été intégrées dans le calcul du TR des ATR. Les projets de collaboration étudiés sont relativement petits. En effet, bien qu'en moyenne environ une dizaine de partenaires aient été impliqués, le mode était plutôt de 2 et la médiane de 5. De même, l'équipe de projet est en moyenne composée de 5 personnes mais avec une médiane de 3. Il est intéressant de noter que les répondants sont majoritairement des cadres ou des propriétaires d'entreprise (63 %) et qu'en moyenne, ils cumulent plus de 10 années d'expérience dans le secteur touristique. VERS UNE MEILLEURE PERFORMANCE DES PRODUITS TOURISTIQUES Des analyses factorielles sur les différents construits mesurés ont été effectuées et ont permis de vérifier que les construits sont bien unidimensionnels. Par contre, elles ont révélé une corrélation entre certains construits unidimensionnels qui devront être regroupés sous une même dimension. En effet, la dimension « facteurs liés au produit / service » était composée de quatre construits à savoir «nouveauté du produit », « financement », « planification » ainsi que de celui de « mission et objectif ». Néanmoins, à la suite des analyses factorielles, les deux derniers construits sont regroupés pour n'en former qu'un seul : « mission et planification ». Les autres facteurs, incluant la mesure de performance, sont bien regroupés comme le montre le tableau de l'annexe 1. Les construits présentent aussi des indices de fidélité acceptables, le plus faible étant celui sur la disponibilité du financement avec un alpha de Cronbach de 0,66 alors que les autres présentent des valeurs supérieures à 0,80. Pour vérifier l'impact de chacun des facteurs sur la performance du produit, des analyses de régressions simples ont été effectuées. Le tableau 3 et les prochains paragraphes présentent les résultats. Comme le tableau 3 l'indique, la variable « nouveauté du produit » a un effet positif sur la performance du produit avec un Bêta standardisé de 0,187 et un seuil de signification statistique p = 0,003. Toutefois, cette variable possède un très faible pouvoir explicatif puisqu'elle explique seulement 3,5 % de la variance totale du modèle. Cette analyse permet tout de même de vérifier la première hypothèse H1 : la nouveauté du produit réalisé dans le cadre d'un projet peut être associée à une plus grande performance de ce produit. Toutefois, cette variable ne contribue que dans une très faible proportion à la performance du produit. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 61 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON Tableau 3 : Impact de chacun des facteurs sur la performance Modèle Bêta standardisé Test t P (t) Nouveauté du produit 0,187 3,03 0,003 H1 - Confirmée Financement du projet 0,082 1,31 0,192 H2 - Infirmée Mission et planification 0,425 7,46 0,000 H3 - Confirmée Facteurs liés aux relations 0,584 11,41 0,000 H4 - Confirmée R = 0,533 ; R aj. = 0,281 F0 = 98,712 ; P (F0) = 0,000 Facteurs liés aux partenaires 0,533 9,94 0,000 H5 - Confirmée R2= 0,088 ; R2aj. = 0,085 F0 = 24,159 ; P (F0) = 0,000 Facteurs liés à l'environnement 0,297 492 0,000 H6 - Confirmée 2 2 2 2 R = 0,035 ; R ajusté = 0,031 F0 = 9,154 ; P (F0) = 0,003 R = 0,007 ; R aj. = 0,003 F0 = 1,712 ; P (F0) = 0,0192 2 2 R = 0,342 ; R aj. = 0,339 F0 = 130,191 ; P (F0) = 0,000 2 Hypothèses 2 R = 0,181 ; R aj. = 0,339 F0 = 130,191 ; P (F0) = 0,000 2 Variables 2 Le financement était identifié dans la littérature comme un élément crucial pour le succès du projet (Achanga & al, 2006 ; Nguyen & al, 2004 ; Préfontaine & al, 2006). Sa pérennité tout le long du projet constitue un gage de réussite. Pourtant, contrairement à ce qui a été relaté dans la littérature, l'accessibilité aux ressources financières ne s'est pas avéré selon les répondants, un facteur déterminant dans l'explication de la performance d'un produit. Ainsi l'hypothèse H2 : plus les ressources financières sont facilement accessibles durant la réalisation du projet, plus la performance perçue du produit sera élevée, est infirmée. Cette divergence avec la littérature pourrait s'expliquer par l'ampleur des projets et par les délais qui sont moindres dans le cas des projets touristiques étudiés ; ceci porte à croire qu'il n'y a pas souvent de coupures et de réallocations des fonds une fois le projet entamé et que ce facteur influencerait davantage la performance en tout début de projet. Une fois assuré, le financement acquis ne constituerait plus un facteur clé de réussite. D'ailleurs, dans la présente étude, les répondants étaient généralement plutôt en désaccord ou neutre (moyenne 2,87/5) pour dire que les investissements requis pour le projet ont été importants et que le financement de démarrage a été difficile à trouver. D'autre part, la variable « mission et planification » a un pouvoir explicatif assez prononcé avec une proportion de 17,8 % de la variance du modèle (p = 0,000). Elle évolue dans le même sens que la performance du produit avec un Bêta standardisé à 0,425 à un seuil de signification statistique p = 0,000 démontrant ainsi l'effet positif de la variable. Ces résultats supportent l'importance de la planification et de la clarté des objectifs dans un contexte de projet de collaboration touristique réussi. L'hypothèse H3 est donc vérifiée. La dimension « relationnelle » explique 33,9 % de la variance totale avec un seuil de signification de p = 0,000. Avec un Bêta standardisé de 0,584 (p = 0,000), les relations entre les membres de l'équipe du projet influencent positivement la performance du produit réalisé dans le cadre du projet. Il apparaît que la confiance mutuelle et la communication sont des facteurs primordiaux pour le succès du projet et corollairement pour l'atteinte d'un haut niveau de performance du produit qui lui est associé. L'hypothèse relative aux facteurs liés aux relations est également vérifiée ; H4 : les facteurs liés aux relations entre les membres de l'équipe du projet sont associés à la performance du produit. L'importance de ce facteur pour expliquer la performance du produit rejoint les résultats de Ramonjavelo & al. (2007) qui avaient constaté que la capacité partenariale (confiance, communication,…) était le facteur prédominant pour expliquer la performance d'un projet de partenariat public-privé. Le facteur lié aux partenaires, soit leurs compétences, est aussi très important alors qu'il explique 28,1 % de la variance. L'hypothèse H5, sur l'impact des compétences sur la performance perçue du produit, est donc vérifiée. Ce constat rejoint aussi ceux soulignés dans la revue de la littérature en gestion de projet. Ainsi, les compétences des collaborateurs ont un impact tant sur le succès du projet que sur la performance perçue du produit. Les résultats montrent que les variables liées à l'environnement expliquent seulement 8,5 % de la variance totale de la performance perçue du produit. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 62 Facteurs de succés d’un produit touristique Malgré leur faible pouvoir explicatif, ces variables sont significatives (p = 0,000) et évoluent dans le même sens que la performance du produit (Bêta standardisé = 0,297 avec p = 0,000). En d'autres termes, les variables liées à l'environnement contribuent à la performance du produit touristique mais dans une faible proportion. Il apparaît d'après les résultats obtenus que l'environnement politique, social et économique ainsi que l'appui de la population locale au projet influencent la performance du produit qui en résulte. L'hypothèse H6 est de ce fait vérifiée. Dans l'étude de Ramonjavelo et al. (2007), ce facteur était le moins important. Une question supplémentaire s'est posée : quels sont les facteurs les plus importants pour expliquer la performance du produit ? Pour se faire, une analyse de régression multiple a été réalisée. La méthode d'analyse « pas à pas » (stepwise) a permis de retenir les facteurs liés aux relations et aux partenaires (tableau 4). Ces facteurs expliquent à eux seuls 37,6 % de la variance du modèle et ont une forte influence sur la performance avec des Bêtas standardisés de 0,421 et 0,250 respectivement. Tableau 4 : Le modèle de la régression multiple Modèle Bêta standardisé Variables R2= 0,381 ; R2 ajusté= 0,376 R0 = 75,798 ; P (F0) = 0,000 Test t P (t) Caractéristique de la relation 0,421 6,223 0,000 Compétences 0,250 3,689 0,000 *Variables exclues du modèle : nouveauté du produit, financement, mission et planification, environnement Bien que les variables « nouveauté du produit », « mission et planification » et « facteurs liés à l'environnement » soient significatives suite aux analyses des régressions linéaires simples, l'analyse multivariée pas à pas les a exclues du modèle en raison de leur pouvoir explicatif plus faible et, dans certains cas, de leur relation avec les facteurs dominants. En effet, une explication qui peut être avancée a trait à la présence d'une corrélation élevée entre les variables, certaines étant supérieures à 0,50 (Tableau 5) et ceci même si les indices de multicollinéarité sont satisfaisants. En fait, dans des recherches antérieures, les chercheurs ont pu constater que pour évaluer la multicollinéarité, le VIF n'était pas une mesure très rigoureuse. C'est aussi le constat de Cohen & al. (2003). Ces auteurs proposent, entre autres, d'exécuter des régressions simples avant d'entreprendre la régression multiple. Elles permettent, comme dans ce cas-ci, de bien saisir l'impact individuel des différents facteurs. Donc, l'absence de variables qui étaient pourtant significatives lors de la première phase pourrait s'expliquer par le fait qu'une partie de la variance a été absorbée par les deux variables significatives (caractéristiques de la relation et compétences). Deux autres régressions furent donc testées : l'une excluant les facteurs liés aux relations et l'autre excluant celui lié aux partenaires, les résultats sont présentés au tableau 6. Tableau 5 : Analyse de la corrélation Performance Performance Coefficient de Pearson Sign. Mission et planification Coefficient de Pearson Sign. Nouveauté du produit Coefficient de Pearson Sign. Compétences Coefficient de Pearson Sign. Relations Coefficient de Pearson Sign. Environnement Coefficient de Pearson Sign. Financement Coefficient de Pearson Sign. Mission et planification Nouveauté du produit Compétence Relations Environnement Financement 1 . 0,423 0,000 1 . 0,182 0,002 0,220 0,000 1 . 0,533 0,000 0,586 0,000 0,154 0,007 1 . 0,589 0,000 0,616 0,000 0,191 0,001 0,672 0,000 1 . 0,299 0,000 0,362 0,000 0,104 0,051 0,395 0,000 0,412 0,000 1 . 0,079 0,105 0,012 0,428 0,226 0,000 -0,029 0,322 -0,043 0,247 0,108 0,044 1 . Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 63 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON Le tableau 5 montre des relations fortes entre la performance et une des trois variables reliées au facteur produit-projet et des relations très fortes avec les facteurs ayant trait à la relation et aux partenaires. La relation avec l'environnement apparaît modérée. Des relations fortes sont aussi présentes entre les compétences, les relations ainsi qu'avec la dimension « la mission et planification ». L'environnement, lui, semble lié à ces trois variables plus fortement qu'à la performance. Il pourrait être intéressant dans une recherche ultérieure de vérifier la présence d'un effet modérateur de l'environnement entre les facteurs clés de succès et la performance. Le tableau 6 résume les résultats des deux modèles supplémentaires testés. En excluant la confiance et la communication (facteurs liés à la relation), ce sont les compétences et la mission et planification qui ressortent avec une explication de 29,7 % de la performance et des Bêtas standardisés montrant une forte influence dans un cas et, une faible de l'autre. Ces résultats sont concordants avec ceux de Sicotte & Bourgault (2008) qui trouvent aussi que les compétences sont de première importance et que les méthodologies de gestion du projet sont moins influentes bien que parfois essentielles selon les contextes. Tableau 6 : Modèles des régressions multiples excluant certains facteurs Modèle exluant les facteurs liés à la relation 2 2 R = 0,303 ; R ajusté = 0,297 F0 = 53,392 ; P(F) = 0,000 Variables Bêta standardisé Compétences Mission et planification 0,434 0,169 Test t P (t) 6,599 2,575 0,000 0,011 11,458 0,000 *Variables exclues du modèle : nouveauté du produit, financement et environnement Modèle exluant le facteur liés aux partenaires R2 = 0,347 ; R2 ajusté = 0,344 F0 = 131,281 ; P(F) = 0,000 Confiance et communication 0,589 *Variables exclues du modèle : nouveauté du produit, financement, mission et planification et environnement Si les compétences sont exclues, le facteur relié à la dimension « relation » ressort avec un coefficient d'explication plus fort, soit de 34,4 %. Ces résultats valident celui du modèle avec toutes les variables et sont concordants avec ceux des études antérieures. En effet, plusieurs auteurs (Mattesich & al, 2001 ; Préfontaine & al, 2002 ; Nguyen & al, 2004, Morrison & al, 2004) mettent de l'avant la confiance entre les membres pour améliorer la bonne conduite du projet ou d'une collaboration alors que d'autres ont montré l'importance de la communication entre les partenaires pour la réussite du projet (Bourgault & al, 2002 ; Keller, 2001 ; Sylva & al, 2001). La présente étude souligne l'importance des relations entre partenaires pour la performance d'un produit. Il semble acquis qu'une relation existe entre le succès d'un projet, d'un produit et d'une collaboration et que dans notre cas, les facteurs clés de succès sont concordants. Le tableau 6 donne une indication de l'importance de l'influence prépondérante d'une bonne relation et de partenaires compétents pour de meilleures chances de succès du produit touristique. Ces résultats concordent avec ceux de l'étude de Ramonjavelo & al. (2007) qui a identifié le construit « capacité partenariale » comme étant le plus déterminant dans le succès des partenariats. Ce construit regroupe en effet les variables communication, confiance et coordination. Somme toute, il est possible d'en conclure que les facteurs liés aux relations sont les plus importants pour expliquer la performance d'un produit issu d'un projet réalisé en collaboration. CONCLUSION L'objectif de la présente recherche était d'identifier les facteurs clés de succès qui influencent la performance d'un produit issu d'un projet de collaboration réussie. Le secteur touristique, important pour l'économie de plusieurs pays, a été choisi comme contexte de cette étude. Les résultats de l'étude sont forts intéressants. Dans un premier temps, il est possible de remarquer que l'importance des facteurs favorisant la performance d'un produit touristique est très similaire à celle qui ressort de la littérature en gestion de projet ou sur la collaboration, celles-ci étant beaucoup plus abondantes. Ce constant permet aux acteurs de l'industrie touristique de s'inspirer de cette riche littérature lors de futurs développements de produits touristiques réalisés en collaboration. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 64 Facteurs de succés d’un produit touristique De plus, les résultats ont démontré que la performance du produit passe nécessairement par de bonnes relations entre les différents partenaires dont les compétences sont adéquates pour les besoins du projet. En effet, il s'est avéré que les facteurs liés aux relations et aux partenaires sont ceux qui affectent le plus la performance du produit réalisé dans le cadre d'un projet de collaboration touristique réussi. Cette dimension inclut la communication et la confiance d'une part et d'autre part, les compétences des partenaires en fonction des tâches et des ressources requises pour le projet. Ce constat est en accord avec la littérature sur la collaboration. L'étude réalisée permet conclure que non seulement les partenaires doivent être compétents mais que les relations qu'ils entretiennent entre eux ont un impact prononcé sur la performance du produit. Ce constat démontre que des efforts importants doivent être déployés afin de bâtir un climat de confiance et d'assurer une communication efficace. Ce résultat donne toute son importance à l'aspect relationnel de la collaboration où les relations humaines permettent la véritable création de valeur (Gnywali & Madhavan, 2001). Les partenaires devraient donc s'assurer d'un climat de collaboration agréable en mettant de l'avant, par exemple, des activités facilitant les contacts entre eux pour mieux se connaître. Cette façon de faire permet notamment à la collaboration d'être gouvernée non pas uniquement par un contrat légal auquel se référer mais par des principes éthiques et des normes sociales qui permettent une meilleure flexibilité au sein de l'échange (Gundlach & Murphy, 1993). Ainsi, de meilleurs résultats peuvent être obtenus, non seulement dans la performance du produit comme dans ce cas-ci, mais aussi dans la maximisation de l'apprentissage organisationnel qui sera amélioré par le biais d'échanges ayant des bases relationnelles plus fortes (Achrol & Kotler, 1999). La recherche a également révélé l'importance de la bonne planification et son influence sur la performance du produit dans un contexte d'un projet de collaboration réussi. La planification favorise la cohésion des actions, particulièrement en permettant aux partenaires de se référer à une liste d'échéanciers (Baker & Cameron, 2008). Elle facilite ainsi la gestion du temps et le contrôle des activités. Il est aussi important d'harmoniser les visions des différents partenaires afin d'aboutir à un objectif commun pour tous les membres. Le secteur touristique, interpellant des parties prenantes aux visions souvent divergentes (Jamal & Getz, 1995), doit prêter une attention particulière à ces divergences et s'assurer que tous comprennent les objectifs et acceptent le plan établi. Ce facteur a été soulevé par les dirigeants et se présente comme une condition pour une bonne performance du produit. Finalement, les facteurs liés à l'environnement externe affectent le succès du projet et en conséquence, la performance du produit qui en résulte. Bien que ces facteurs soient souvent incontrôlables par les partenaires (environnement politique, environnement économique), ces derniers peuvent exercer une influence sur la population locale en l'impliquant dans le projet et en la motivant par la présentation des bénéfices du projet pour la région. Il est aussi possible d'utiliser les résultats de cette recherche pour amener les acteurs politiques à s'impliquer davantage au niveau des éléments qu'ils peuvent euxmêmes influencer en créant un contexte favorable au projet et au développement de nouveaux produits. L'impact de la nouveauté du produit est plus confus alors que deux tendances se dégagent. D'une part, la nouveauté est attrayante pour le client du secteur touristique et rend le produit plus performant. La destination touristique peut par exemple jouir d'une certaine exclusivité, même si souvent temporaire. D'autre part, l'équipe de projet aura plus de difficultés à définir des objectifs précis et des tâches claires, ce qui peut mener à un résultat mitigé. En effet, la nouveauté revêt sa part d'inconnu qui peut complexifier l'établissement d'une structure de fonctionnement au sein de la collaboration ou encore de la gestion du développement de produit (Tremblay, 1998), notamment en raison des difficultés d'estimations et de prévisions. Par ailleurs, la principale surprise découlant des résultats de cette recherche a trait au facteur financement. À l'encontre des études antérieures, ce facteur s'est avéré non significatif sur le niveau de performance des produits issus de collaborations dans le secteur touristique. En fait, il faut savoir qu'au niveau du financement, les questions portaient principalement sur l'ampleur de l'investissement ainsi que sur l'obtention des fonds de démarrage. Des perceptions hétérogènes existaient au niveau de l'importance de l'investissement requis alors que les réponses se distribuaient d'une manière assez uniforme parmi les cinq choix de réponse. De plus, plusieurs semblent n'avoir pas trouvé très difficile l'obtention des fonds (moyenne de 2,6/5). Une première explication à la différence avec la littérature peut être associée à une mesure différente du financement. En outre, le contexte économique favorable lors de la collecte de données peut aussi expliquer ce fait. Une autre explication possible est la possibilité que les gestionnaires s'assurent, dans le contexte évalué, de la disponibilité des fonds avant de démarrer. Ce ne sont cependant que des hypothèses qui demanderont ultérieurement d'autres recherches pour approfondir ce résultat surprenant. Cette recherche comporte certaines limites. Tout d'abord, la performance du produit est évaluée au niveau organisationnel plutôt qu'au niveau du réseau composé par les partenaires présents au sein de la collaboration. Ainsi, il aurait été possible de trianguler les perceptions des différents membres d'un même projet. Une autre limite provient de l'évaluation faite par une seule personne par organisation. En sollicitant plusieurs personnes, les Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 65 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON différentes perceptions auraient sans doute causé une certaine variance interpersonnelle qui aurait pu enrichir les résultats en augmentant leur validité. Il aurait pu être intéressant d'analyser le rôle de facteurs tels que les retombées anticipées, la compatibilité des buts des partenaires et le processus de sélection des partenaires. Néanmoins, le questionnaire, qui demandait d'évaluer une collaboration réussie et une autre moins bien réussie, était déjà très long (temps de réponse de plus de trente minutes). En ce qui a trait à sa validité externe, les chercheurs ont fait un exercice majeur alors qu'un nombre important des intervenants touristiques de tous les secteurs du Québec ont été interpelés par téléphone (pré-notification) ou par courriel. En fait, cette recherche se veut un premier pas dans l'étude des produits touristiques issus de collaborations. Néanmoins, le contexte Québécois n'est pas nécessairement le même que le contexte Magrébin, par exemple. La généralisation des résultats doit donc être considérée avec prudence. En fait, le secteur touristique fait interagir des acteurs de différents secteurs (public, privé, à but non lucratif) et de contextes différents (local, régional, provincial, national), rendant l'environnement complexe. Ce contexte dans lequel s'inscrit la collaboration peut différer d'un endroit à l'autre. Par exemple, l'industrie touristique au Québec est davantage régionale, 76 % du marché étant composé d'une clientèle intra Québec (Tourisme Québec, 2009), ce qui diffère de la Tunisie où la clientèle intérieure compte plutôt pour 20% (Skander, 2007). Toutefois, puisque les résultats sont en accord avec ceux de la littérature internationale en collaboration et en gestion de projet, de futures recherches dans d'autres pays pourront vraisemblablement valider les conclusions actuelles. L'exploration des facteurs de succès du développement d'un produit touristique réalisé en collaboration à l'international ou dans des pays en émergence apporterait aux résultats de cette recherche une plus grande validité. Une telle recherche pourrait même servir de base pour explorer d'autres types de produits (ex. : le secteur financier) ou les relations dans d'autres contextes, par exemple les projets de collaboration moins réussis. Néanmoins, cette étude constitue certainement un pas intéressant dans la connaissance des facteurs clé de succès d'un produit touristique et elle fournit aux gestionnaires impliqués plusieurs pistes pour mieux orienter leurs efforts. BIBLIOGRAPHIE Achanga P., Shehab E., Roy R. & Nelder, G. (2006), Critical success factors for lean implementation within SMEs, Journal of Manufacturing Technology Management, 17, 4, 460-471. Achrol R. & Kotler P. (1999), Marketing in the network economy, Journal of Marketing, 63, 146-163. Alegre J., Lapiedre R. & Chiva R. (2006). A Measurement Scale for Product Innovation Performance, European Journal of Innovation Management, 9, 4, 333346. Baker B., Murphy, D. & Fisher D. (1988), Factors affecting project success, dans Project Management Handbook, sous la dir. de Cleland D.et King W., New York, Van Nostrand Reinhold. Baker M. & Cameron E. (2008), Critical success factors in destination marketing, Tourism and Hospitality Research, 8, 2, 79-97. Beavers, D. (1997), Communication breakdown, Supply Management, 2, 12, 34-35. Bissonnette L. (1996), Les facteurs clés de succès dans le management des projets touristiques, Mémoire de maîtrise, Rimouski, Université du Québec à Rimouski. Bititci U., Martinez V., Albores P. & Parung J. (2004), Creating and managing value in collaborative network, International Journal of Physical Distribution and Logistics Management, 34, 3/4, 251-268. Bourgault M., Sicotte H., Ricard L. & Préfontaine L. (2002), Can Marriages of Convenience be Fruitful ? An Investigation into Project Management Initial Phases in the Case of Joint Private-Public Projects, congrès IRNOP V, 29-31 mai. CD-Rom. Bramwell B. & Lane B. (2000), Tourism collaboration and partnership : politics, practice and sustainability, Clevedon, Channel View Publications. Brockhoff K. (2006), On the novelty dimension in project management, Project Management Journal, 37, 3, 26-36. CEFRIO (2008), Centre francophone d'informatisation des organisations, accès le 20 janvier 2009 au : http://blogue.cefrio.qc.ca/. Christensen C. (2002), The Rules of Innovation, Technology Review, 105, 5, 33-38. Clarke A. (1999), A practical use of key success factors to improve the effectiveness of project management, International Journal of Project Management, 17, 3, 139145. Cohen J., Cohen P., West S. & Aiken L. (2003), Applied multiple regression/correlation analysis for the behavioral sciences, 3ième ed, Mahwah, N.J., Lawrence Erlbaum Associates. Cooke-Davies T. (2004), Project Success, dans The Wiley Guide to Managing projects, chapitre 5, sous la dir. de Morris P. & Pinto J., John Wiley & Sons Inc., 99-122. Cooper R. & Kleinschmidt E. (1990), New Products : The Key Factors in Success, Chicago, American Marketing Association. Cooper R. (1992), The NewProd System : The Industry Experience, Journal of Product Innovation Management, 9, 2, 113-27. Cooper R. (2000), Doing it Right, Ivey Business Journal, 62, 6, 54-60. Cooper R.G. (2003), Profitable Product Innovation : The Critical Success Factors». In Shavinina, L.V. ed. The International Handbook on Innovation, Elvesier Science, 139-157. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 66 Facteurs de succés d’un produit touristique D'Astous A.(2000), Le projet de recherche en marketing, Montréal, Éditions de la Chenelière. Davenport T., De Long D. & Beers M. (1999), Successful knowledge management projects, dans The Knowledge Management Yearbook, sous la dir. De Cortada J. & Woods J., Woburn, Butterworth-Heinemann. Di Benedetto C. (1999), Identifying the Key Success Factors in New Product Launch, Journal of Product Innovation Management, 16, 530-544. Duimering P., Ran B., Derbentseva N. & Poile C. (2006), The effects of ambiguity on project task structure in new product development, dans Knowledge and Process Management, 13, 4, 239-51. Forget D. (2006), Halte à l'immobilisme, Journal de l'UQAM, 33, 5, 1-2. Fyall A. & Garrod B. (2004). Tourism Marketing : a Collaborative Approach, Clevedon : Channel View Publications. Gilbreath R. (1986), Winning at project management : What works, what fails, and why, dans Project management for business technology, sous la dir. de Nicholas J., 2001, New York, Prentice Hall. Gnywali, D. & Madhavan R. (2001), Cooperative networks and competitive dynamics : a structural embeddedness perspective, Academy of Management Review, 15, 2, 431-445. Gray B. (1996), Cross-sectoral partners : collaborative alliances among business, government and communities, dans Creating collaborative advantage, sous la dir. de Huxham C. London : Sage. Gundlach G. & Murphy P. (1993), Ethical and legal foundations of relational marketing exchange, Journal of Marketing, 57, 35-46. Hazebroucq J. (1993), Les facteurs clés de succès dans le management de projets, Revue internationale en management & gestion de projets, 27-40. Ismail T. (2007), Performance evaluation measures in the private sector : Egyptian practice, Managerial Auditing Journal, 22, 5, 503-513. JamalT. & Getz D. (1995), Collaboration theory and community tourism planning, Annals of Tourism Research, 22, 1, 186-204. Jugdev K. & Müller R, (2005), A Retrospective Look at Our Evolving Understanding of Project Success, Project Management Journal, 35, 4, 19-31. Keller R. (2001), Cross-Functional Project Groups in Research and New Product Development : Diversity, Communications, Job stress, and Outcomes, Academy of Management Journal, 44, 3, 547-555. Kessler E. (2000), Tightening the belt : methods for reducing develppment costs associated with new product innovation, Journal of Engineering and Technology Management, 17, 1, 59-92. Laliberté M. (2008), De quoi sera fait le tourisme de demain ?, Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme TransAt de l'ESG-UQAM, 24 novembre, accès le 25 n o v e m b r e 2 0 0 8 a u : http://veilletourisme.ca/2008/11/24/de-quoi-sera-fait-letourisme-de-demain/ ?tagged. Lester, R. (1998), The productive edge: how U.S. industries are pointing the way to a new era of economic growth, New York, ww Norton & Company. Mattesich P., Murray-Close M. & Monsey B. (2001), Collaboration : what makes it work, Saint Paul, Amherst H. Wilder Foundation. Miron K. (2008), Tourisme, crise économique et Web 2.0, E-commerce, Web 2.0 et e-tourisme, 23 décembre, accès l e 2 3 j a n v i e r 2 0 0 9 a u : h t t p : / / w w w. k a r i n e m i r o n . c o m / t o u r i s m e - c r i s e economique. Mishra S., Kim D. & Lee D. (1996), Factors Affecting New Product Success : Cross-Country Comparisons, Journal of Product Innovation management, 13, 530-550. Morrison A., Lynch P. & Johns N. (2004), International tourism networks, International Journal of Contemporary Hospitality Management, 16, 13, 197-202. Mueser R. (1985), Identifying Technological Innovations, IEEE Transactions on Engineering Management, EM-32, 4, 158-176. Ngyuen L., Ogunlana S. & Lan D. (2004), A study on project success factors in large construction projects in Vietnam, Engineering, Construction and Architectural Management, 11, 6, 404-413. Ojiako,U., Johansen, E. & Greewood D. (2008), A qualitative re-construction of project measurement criteria, Industrial Management & Data Systems, 108, 3, 405-417. OMT, Organisation mondiale du tourisme, (2008), Tourism Highlights - Édition 2008, disponible au http://www.unwto.org/facts/eng/pdf/highlights/UNWTO _Highlights08_en_HR.pdf. OMT, Organisation mondiale du tourisme, (2009), UNTWO World Tourism Barometer, 7, 1, disponible au http://www.unwto.org/facts/eng/pdf/barometer/UNWTO _Barom09_1_en_excerpt.pdf. Parung J. & Bititci U. (2006), A conceptual metric for managing collaborative networks, Journal of Modelling in Management, 1, 2, 116-136. Pinto J. & Mantel S. (1990), The causes of project failure, IEEE Transactions of Engineering Management, 37, 4, 269-276. Pinto J. & Slevin D. (1986), Critical success factors across the project life cycles, International Journal of Project Management, 17, 4, 57-70. Pinto J. & Slevin D. (1989), Critical Success factors in R&D projects, Research Technology Management, 32, 1, 31-35. Préfontaine L., Ricard L. & Sicotte H. (2001), Nouveaux modèles de collaboration pour la prestation des services publics : État de la situation, Rapport de recherche CEFRIO. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 67 Hélène SICOTTE, Line RICARD, Lise PREFONTAINE , Sahbi GUEDDA, Marc-Antoine VACHON Préfontaine L., Sicotte H., Ricard L., Skander D. & Bourgault M. (2006), Experimenting with ICT-Intensive Public and Private Collaboration Projects : The Canadian Experience, dans AIM 2006 Information Systems and Collaboration : State of the Art and Perspectives, sous la dir. de Feltz & al., Bonn, Gesellschaft für Informatik, 419433. Project Management Institute (2004), Guide du corpus des connaissances en management de projet (Guide PMBOK), Newtown Square, Project Management Institute. Qureshi S., Liu, M. & Vogel D. (2006), The Effects of Electronic Collaboration in Distributed Team, Group Decision and Negociation, 15, 55-75. Rajaobelina L, Durif F. & Ricard L. (2007), Les facteurs clés de succès de la collaboration dans le secteur touristique : une procédure de comparaison des études de cas sur la Route des Vins, AFM, mai. Rajaobelina L. (2007), Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la collaboration : le cas du secteur touristique, Mémoire de maîtrise en administration des affaires, Université du Québec à Montréal, Montréal. Ramonjavelo V. (2007), Les partenariats public-privé au Canada : les facteurs critiques de succès, les mécanismes de coordination utilisés et le choix des modes de gouvernance. Thèse de doctorat en administration, Université du Québec à Montréal, Montréal. Ramonjavelo V., Préfontaine L. & Skander D. (2007), La compétence partenariale comme pilier pour la réussite d'une relation durable et efficace dans une collaboration publique-privée : résultats d'une étude pancanadienne, CD-ROM – Actes du colloque Des relations solides dans un monde en évolution : Marketing relationnel et Collaboration, colloque de l'ACFAS, 9 mai. Ramonjavelo V., Préfontaine L., Skander D & Ricard L. (2006), Une assise au développement des PPP : la confiance institutionnelle, interorganisationnelle et interpersonnelle, Administration publique du Canada/Canadian Public Administration, 49, 3, 350-374. Reed M. (1997), Power relationships and communitybased tourism planning, Annals of Tourism Research, 21, 3, 566-91. Rockart J. (1979), Chief executives define their own data needs, Harvard Business Review, 57, 2, 238-241. Rothwell R. (1972), Factors for success in industrial innovations from project SAPPHO – a comparative study of success and failure in industrial innovation, Brighton, S.P.R.U. Rothwell R. (1974), The Hungarian SAPPHO : some comments and comparison, Research Policy, 3, 30-38. Shenhar A., Dvir D., Milosevic D. & Mulenburg J. (2005), Toward a NASA-Specific Project Management Framework, Engineering Management Journal, 17, 4, 810. Sicotte H. (1996) La contribution des facteurs critiques de succès, des mécanismes intégrateurs et de la communication à la performance des projets d'innovation dans un contexte variable d'ampleur et de complexité, Thèse de doctorat en administration, Université du Québec à Montréal, Montréal. Sicotte H., Bourgault M. (2008), Dimensions of Uncertainty and Their Moderating Effect on New Product Development Project Performance, R&D Management, 38, 5, 468-479. Sicotte H., Ricard L., Bourgault M. & Rebolledo C. (2003), Vendre quoi à qui ? Ou la saga du marketing des nouveaux produits dans les firmes de haute technologie, Gestion - Revue internationale de gestion, 28, 2, 64-75. Skander G. (2007), Le tourisme intérieur : un vrai potentiel négligé, Tunisie Affaire, 25 décembre. Souder W. (1987), Managing New Product Innovations, Lexington, Lexington Books. Stanković L. & Djukić S. (2004), Problems of Measuring Success of a New Product, Economics and Organization, 2, 2. Tatikonda M. & Montoya-Weiss M. (2001), Integrating Operations and Marketing Perspectives of Product Innovation : The Influence of Organizational Process Factors and Capabilities on Development Performance, Management Science, 47, 1, 151-172. Tatikonda M. & Rosenthal S. (2000), Technology Novelty, Project Complexity, and Product Development Project Execution Success : A Deeper Look at Task Uncertainty in Product Innovation, IEEE Transactions of Engineering Management, 47, 1, 74-87. Tourisme Québec (2009), Le tourisme en chiffre – édition 2009, Québec, Ministère du Tourisme. Tremblay P. (1998), The economic organization of tourism, Annals of Tourism Research, 25, 4, 837-859. Wall Street Journal (1992), New product troubles have firms cutting back, janvier, B1. Wang Y. & Zheng X. (2007), Toward a theoretical framework of collaborative destination marketing, Journal of Travel Research, 46, août, 75-85. Wren, B., Souder W. & Berkowitz D. (2000), Market orientation and new product development in global industrial firms, Industrial Marketing Management, 29, 6, 601-611. Zirger B. & Maidique M. (1990), A Model of New Product Development : An Empirical Test, Management Science, 36, 7, 867-83. Zwickael O. & Globerson S. (2006), Benchmarking of project planning and success in selected industries, Benchmarking : An International Journal, 13, 6, 688-700. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 68 Facteurs de succés d’un produit touristique Annexe 1 Validité et fidélité des construits Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 69 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 Effets des actions marketing perçues et des traits de personnalité de la marque sur le capital marque : une segmentation par l'approche FIMIX-PLS Haythem Guizani Wesford Ecole de Commerce et de Management [email protected] & Pierre Valette-Florence Professeur IAE Grenoble Université Pierre Mendes France, Grenoble [email protected] Résumé L'objectif principal de cet article est de tester et de comparer l'effet des dimensions de la personnalité de la marque, mesurée selon l'échelle d'Ambroise (2006), et des actions marketing perçues, sur le capital marque du point de vue du consommateur. Une application de l'approche des modèles de mélange selon l'approche PLS (FIMIX-PLS) a permis de mettre en exergue de relations structurelles spécifiques à des segments de consommateurs bien particuliers. Les résultats révèlent que l'échantillon initial peut être scindé en quatre groupes distincts, à savoir : les Sélectifs, les Confiants, les Symboliques et les Fonctionnels. Mots-clés Personnalité de la marque, Actions marketing perçues, Capital marque, Modèles de Mélange selon l'approche PLS. 23 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 Effets des actions marketing perçues et des traits de personnalité de la marque sur le capital marque : une segmentation par l'approche FIMIX-PLS Haythem Guizani Wesford Ecole de Commerce et de Management [email protected] & Pierre Valette-Florence Professeur IAE Grenoble Université Pierre Mendes France, Grenoble [email protected] INTRODUCTION Les études sur les marques occupent une place grandissante dans la littérature marketing, étant donné l'importance de ce concept à la fois pour le consommateur et pour l'entreprise. En effet, de part la fonction de repérage et d'indentification physique, la marque reflète désormais la personnalité ou le mode de vie de son consommateur et se place également comme un moyen d'expression et de mise en avant du concept de soi. « Nous vivons dans un espace de marques », tel était le constat majeur de l'étude ethnographique menée par John Sherry (1987) concernant l'impact des marques sur la vie quotidienne de l'individu. Cette abondance des marques a suscité dès les années 80 une problématique de valorisation de la marque. Praticiens et chercheurs se sont intéressés à l'étude de l'estimation de la juste valeur de la marque ou de ce que Keller (1993) appela le capital marque. Ainsi, plusieurs mesures et conceptualisations du capital marque ont vu le jour. D'une part, l'approche financière qui privilégie une vision purement comptable et monétaire de la valeur de la marque (Biel, 1993). D'autre part, l'approche marketing qui propose une mesure individuelle centrée sur la préférence ou sur l'utilité accordée à la seule valeur ajoutée de la marque indépendamment de la valeur du produit (Keller, 1993). Une autre conséquence liée à la double fonctionnalité de la marque est celle de l'évolution des moyens et des axes de communications. En effet, conscientes de l'importance de la démarche relationnelle et voulant se distinguer les unes des autres, les entreprises adoptent désormais des techniques de communication mettant en avant des arguments symboliques, ludiques, voire même émotionnels. Parmi ses nouvelles tendances, la notion de personnalité de la marque est très convoitée par les publicitaires puisqu'elle rend compte d'une analogie entre les traits de personnalité humaine et ceux d'une marque comme en témoigne, par exemple, la compagne de monsieur propre (fort et robuste), du chocolat Tris de Saïd (les trois canards farfelus et les plus recherchés au monde) ou encore de Vitalait montrant des produits personnifiés et humanisés (Là où il est j'y serais !). L'objectif principal de ce travail de recherche consiste à rapprocher le concept de personnalité de la marque à celui du capital marque. Nous cherchons plus spécifiquement à étudier et à tester l'impact des traits de personnalité sur l'évaluation globale de la valeur de la marque. Nous pensons qu'il serait pertinent de tester si la perception du capital marque diffère selon que la marque soit introvertie, sophistiquée, fallacieuse, agréable ou consciencieuse. L'interprétation de l'effet des traits de personnalité, en tant que tels, n'a pas de sens que si l'on compare le pouvoir prédictif de ces différents traits. En d'autres termes, notre démarche consiste non seulement à prouver qu'il existe un lien significatif entre la personnalité de la marque et le capital marque, mais qu'il est possible de hiérarchiser et de comparer également les effets relatifs aux différentes dimensions de la personnalité de la marque. De plus, nous pensons que l'effet des traits de la personnalité doit être comparé à celui généré par une autre forme d'associations fonctionnelles liées à la marque. En se basant sur les travaux de Yoo et al. (2000), nous avons choisi d'utiliser les actions marketing perçues pour représenter cette forme de représentation mémorielle de la marque. De ce fait, nous pourrons comparer les effets générés par une forme d'associations symboliques (personnalité de la marque) à ceux induits par des associations de type fonctionnel (les actions marketing perçues). Pour répondre à l'ensemble de ces objectifs, cette recherche s'articulera autour de trois 24 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE parties principales. La première sera dédiée à une revue synthétique de la littérature concernant les concepts de la personnalité de la marque, du capital marque et des actions marketing perçues. La deuxième partie sera quant à elle consacrée à l'exposition du modèle de recherche. Enfin, la méthodologie et les résultats de la recherche seront exposés dans la dernière partie. Notons également qu'une utilisation originale des modèles de mélange appliqués à l'approche par les moindres carrés partiels (FIMIX-PLS) sera mise en place lors de l'analyse des résultats. REVUE DE LA LITTERATURE APPORTS DE L'ANTHROPOMORPHISME À L'ÉTUDE DES FONDEMENTS DE LA PERSONNALISATION DES MARQUES La revue de la littérature que nous effectuerons dans le cadre de cette recherche se détache des études préalables dans la mesure où elle s'intéressera à la justification de l'analogie employée plutôt que de discuter le choix des échelles de mesure. En effet, l'analogie effectuée entre l'être humain et la marque ne requiert pas l'unanimité au sein de la communauté des chercheurs (Vernette, 2008) et mériterait de plus amples approfondissements théoriques. Nous nous baserons sur les travaux en philosophie et en psychologie concernant les mécanismes de formation de la pensée anthropomorphique. Cette démarche permettra également d'aiguiller notre choix quant à l'échelle de mesure à retenir. DÉFINITION ET DIFFÉRENTES FORMES DE L'ANTHROPOMORPHISME pare-choc, à une personne souriante ou à une personne fâchée. Dans une deuxième expérience, les mêmes auteurs ont trouvé que les consommateurs anthropomorphisent et voient un pack de boissons, composé de bouteilles de tailles différentes, comme les membres d'une même famille (pour plus d'exemples voir Guthrie, 1993). En ce qui concerne la typologie de la pensée anthropomorphique, Guthrie (1993) pense que l'attribution de caractéristiques humaines à des 'agents' non humains peut se faire selon trois formes : partielle, littérale, ou accidentelle. L'anthropomorphisme partiel se produit lorsque l'individu trouve qu'un objet ou un événement peut dégager quelques traits humains. Pour Aggarwal et McGill (2007), ce type d'anthropomorphisme est adapté aux marques et aux produits. En effet, les consommateurs attribuent en général quelques traits humains à leurs possessions (marques et produits) et les perçoivent à travers des schémas cognitifs spécifiques aux relations interpersonnelles, sans pour autant les considérer comme des êtres humains à part entière. La deuxième forme d'anthropomorphisme, plus rare, se produit quand l'individu perçoit l'objet comme étant véritablement une personne. Cette forme d'humanisation est souvent due à un biais perceptuel et non pas à une réelle conviction de l'existence d'un 'objet-humain'. Enfin, l'anthropomorphisme accidentel se produit quand l'individu donne des caractéristiques humaines à un 'agent' non-humain d'une façon anecdotique et limitée dans le temps (ex. voir le visage d'une femme à travers une forme particulière de nuages). L'anthropomorphisme tient son origine des mots Grecs, anthrōpos (humain) et mophē (forme physique). Il est défini par l'Oxford Dictionary comme « l'attribution d'une caractéristique ou d'un comportement humain à un dieu, un animal ou un objet » (p. 66). En accord avec les travaux de Guthrie (1993), nous pensons que cette définition occulte un bon nombre d'éléments qui peuvent être aussi bien humanisables qu'un objet, un dieu ou un animal. Récemment, Epley et al. (2007) ont employé le terme 'agent' pour désigner tout ce qui peut être humanisable (événements, éléments naturels, produits, marques…etc). La taxonomie effectuée par Guthrie (1993), nous permet de conclure que l'individu est tout à fait capable de donner des caractéristiques humaines à un objet. Seulement, elle ne nous permet pas de déceler si cette personnalisation est induite par la forme physique de l'objet ou par d'autres éléments plus symboliques (symbolique liée à l'utilisation, connotation religieuse ou sociale, etc.). Nous pensons que cette distinction est très importante pour la suite de cette recherche dans la mesure où elle nous permettra de dissocier la personnalité de la marque de celle induite par le produit. Plusieurs validations empiriques soutiennent l'étendu du champ d'application de l'anthropomorphisme. D'une manière générale, la pensée anthropomorphique varie de la forme la plus évidente (l'humanisation des Dieux et des animaux) aux formes les plus complexes telles que : la robotique (Kiesler, 2008), les décisions managériales (Wright, 1995) ou les programmes télévisés (Gardner et Knowles, 2008). Dans le domaine du marketing, par exemple, Aggarwal et McGill (2007) ont démontré que les consommateurs américains associent les deux marques de voiture Lexus et Thunderbird, en fonction de la forme du Dans ce contexte, Keeley (2004) propose une nouvelle typologie qui distingue entre l'anthropomorphisme basé sur les traits psychologiques et celui basé sur les traits non psychologiques (cf. figure 1). Au sens de Keeley (2004), l'humanisation des objets et des animaux peut prendre, in fine, deux formes ; (1) les éléments de ressemblance physique avec l'homme et (2) les éléments psychologiques tels que les émotions, les sentiments, les traits de personnalité ou les gestes et les comportements. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 25 Effets marketing et personnalité marque sur capital marque L'anthropomorphisme des traits psychologiques peut être imaginatif ou interprétatif. Dans le premier cas, l'individu se sert de son imaginaire et perçoit un objet ou un animal fictif comme un être humain. L'exemple parfait pour illustrer ce type d'anthropomorphisme est celui des personnages de Disney (ex. Bob l'éponge, Mickey…). Dans le deuxième cas, l'individu cherche à expliquer et à interpréter les signaux émis par « l'agent » non-humain, à travers des mécanismes utilisés habituellement pour décrire les êtres humains. Ainsi, la marque peut être anthropomorphisée d'une façon interprétative (ex. Marlboro, Coca Cola) ou d'une façon imaginative (Monsieur propre, Grand-mère…). Anthropomorphisme Traits nonpsychologiques Traits psychologiques Imaginatif Intercéptif Catégoriel Situationel Figure 1. Taxonomie de l'anthropomorphisme (Keeley 2004, page 534) Comme nous l'avons déjà annoncé auparavant, la distinction entre l'anthropomorphisme des traits psychologiques et celui des traits non psychologiques s'avère très importante pour la détermination des éléments qui déclenchent le phénomène d'humanisation des objets. L'expérience menée par Govers et Schoormans (2005), par exemple, montre que la forme physique et le design du produit (arrondi, tranchant, allongé) sont associés à la personnalité d'un utilisateur typique et que le taux de préférence du produit est plus fort dans le cas où le consommateur estime que sa personnalité ressemble ou s'approche de celle de l'utilisateur typique et idéal. Dans ce cas de figure, la ressemblance entre le produit et l'être humain se fait sur la base des caractéristiques « physiques » et non pas « psychologiques » d'où l'utilisation du concept de la personnalité du produit. Il est important de signaler également que cette distinction n'implique pas une séparation automatique et définitive entre les deux formes d'humanisation. Par exemple, la consommatrice d'une eau minérale aromatisée peut utiliser, à la fois, la forme de la bouteille (en forme de silhouette d'une femme mince) et le slogan publicitaire de la marque (mon partenaire minceur) pour se donner une image et une personnalité unique du produit marqué. Cet exemple confirme les préconisations faites par Merunka (2002) qui stipulent que même si la séparation entre le produit et la marque peut se faire d'un point de vue théorique et managérial, elle reste une tâche difficile et ardue pour le consommateur ordinaire. Une fois que l'action d'humanisation des objets et des éléments non humains est établie, il convient maintenant de répondre à la question suivante : est ce le fait que le consommateur anthropomorphise une marque signifie pour autant qu'il soit capable de la décrire de la même manière et avec les mêmes adjectifs que pour la personnalité humaine ? Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 26 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE DE LA PENSÉE ANTHROPOMORPHIQUE VERS L'ATTRIBUTION DE TRAITS DE PERSONNALITÉ La réponse à la question relative au passage d'une vision anthropomorphique holistique et descriptive des traits de personnalité d'une marque vers une démarche interprétative et analytique de ces traits s'articule autour de deux éléments essentiels. Le premier réside dans la définition même du concept d'anthropomorphisme. En effet, rappelons-le, l'action d'anthropomorphiser signifie l'octroi de caractéristiques humaines à des agents non humains. Comme dans les relations interpersonnelles, l'individu sent un réel besoin de cataloguer et de décrire l'objet. Pour Epley et al. (2007) : « les domaines d'action de l'anthropomorphisme vont au-delà de la description des non-humains (e.g. ce chien est adorable) pour inclure une réelle interprétation des caractéristiques et des comportements non-humains (e.g. ce chien m'aime). L'essence même de l'anthropomorphisme implique l'attribution de propriétés humaines, de caractéristiques, d'états mentaux… ou émotionnels à des non-humains » (page, 865). Ainsi, comme les croyances ou les attitudes, les inférences anthropomorphiques varient en intensité d'un domaine à un autre. Les marques, qui font partie des possessions du consommateur, contribuent à la formation de son identité (Belk, 1988), à la résolution des conflits identitaires et au bien être (Ahuvia, 2005). Le parallélisme qu'on peut effectuer entre l'effet de la marque sur la formation de l'identité et celui des traits de personnalité est captivant. Murray (2002), au travers d'une série d'interviews, trouve que les adolescents utilisent les mêmes qualificatifs pour décrire leurs marques fétiches que ceux pour décrire leurs amis. En plus, les marques et l'influence des pairs participent à la construction de l'identité sociale de l'individu de la même manière et moyennant les mêmes mécanismes. Il conclut que la marque est un agent social actif et influant. La deuxième partie de réponse nous renvoie aux recherches sur les relations interpersonnelles. En effet, à partir du moment où l'on considère que la marque est une personne, l'ensemble des variables qui régissent les relations interpersonnelles devrait logiquement s'appliquer à la relation consommateur-marque. Dans ce contexte, Ahuvia (2005) met en exergue un résultat très important pour notre recherche. Il démontre que la relation entre l'individu et l'objet en général et celle entre le consommateur et la marque en particulier est à double sens. Pour Wood et Bell (2008), cette dualité est une caractéristique exclusive aux relations interpersonnelles et intervient en grande partie lors de la résolution des conflits. LE CAPITAL MARQUE : PRIMAUTÉ DE LA CONCEPTION INDIVIDUELLE Les recherches sur le capital marque sont nombreuses et il serait impossible dans le cadre de ce travail de les recenser toutes. Notons néanmoins l'émergence de deux approches fondamentales. D'une part, la conception financière ou comptable de la marque, et d'autre part la conception individuelle qui s'intéresse à l'étude de la valeur ajoutée de la marque aux yeux du consommateur. Dans cette recherche, nous nous inscrivons dans le cadre de la deuxième conception et en particulier à celle basée sur les perceptions. Par ailleurs, nous pensons que l'approche de valorisation comptable et financière du capital marque est très restrictive, dans la mesure où elle ne tient pas compte de variables individuelles. Comme le précise, à juste titre Kapferer (1998), la valorisation de la marque ne peut se faire sans prendre en compte l'avis du consommateur. LES APPROCHES BASÉES SUR LES MESURES PERCEPTUELLES : UNE ALTERNATIVE AUX MESURES UTILITAIRES DIRECTES Les approches basées sur les perceptions, dites également approches indirectes, ont pour objectif de mesurer le capital marque à l'aide d'indicateurs et de variables plus faciles à mesurer tels que, entre autres, l'attention à la marque et l'image de la marque. C'est la recherche fondatrice de Keller (1993) qui a mis en exergue l'importance d'une mesure perceptuelle du capital marque. Contrairement aux mesures basées sur le calcul d'un différentiel entre l'utilité accordée à la marque et celle accordée au produit non marqué (Park et Srinivasan, 1994 ; Jourdan, 1999), les mesures basées sur les perceptions tiennent compte d'un panorama plus varié d'associations aux marques ancrées dans l'esprit du consommateur. Keller (1993) développe un modèle théorique où un fort capital marque impliquerait indéniablement une forte connaissance de la marque et des associations mémorielles positives, forte, accessibles et uniques dans la mémoire du consommateur. Etant donné que l'objet de cette recherche n e c o n s i s t e p a s à c r i t i q u e r l e s d i ff é r e n t e s conceptualisations et à en choisir les meilleures, le lecteur intéressé par les spécificités des approches du capital marque peut trouver une analyse plus approfondie du capital marque dans les travaux de Guizani et al (2008) et de Jourdan (1999). LES ÉCHELLES DE MESURE BASÉES SUR L'APPROCHE PERCEPTUELLE Par ailleurs, nous portons un intérêt tout particulier à l'approche basée sur le perception, non pas seulement parce qu'elle rend compte d'un ensemble d'association et de nœuds informationnels liés à la marque et qui sont ancrés dans la mémoire du consommateur, mais également Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 27 Effets marketing et personnalité marque sur capital marque parce qu'elle présente une facilité de mesure qui la caractérise par rapport aux modèles basés sur les analyses conjointes ou les régression Logit souvent très difficiles à manipuler d'un point de vue statistique et demandant une parfaite connaissance et maîtrise des moindres caractéristiques des marques. Cette approche a également inspiré plusieurs échelles psychométriques de mesure du capital marque. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons retenu l'échelle la plus récente qui est celle de Guizani et al. (2008) puisqu'elle a fait l'objet de plusieurs validations dans un contexte français et a montré de très bons indices d'ajustement en plus d'une excellente stabilité à travers les catégories de produits. LES ACTIONS MARKETING PERÇUES Le deuxième antécédent du capital marque à prendre en compte est celui des actions marketing perçues. Nous allons tout d'abord effectuer une distinction entre les actions marketing perçues et les actions marketing réelles. ACTIONS MARKETING PERÇUES ET ACTIONS MARKETING RÉELLES Les actions marketing, ou ce que Kirmani et Wright (1989) appellent les efforts marketing fournis par l'entreprise, sont diverses et variées. D'une manière générale, dans le cadre de l'étude du capital marque, la majorité des recherches se limite aux fameux éléments du mix marketing ou les 4 P (prix, produit, place et publicité). L'examen des recherches étudiant l'effet des actions marketing sur le capital marque révèle deux tendances principales. La première consiste à tenir compte des actions marketing réelles, au travers des bases de données d'entreprises (Van Heerde et al. 2004). La deuxième rend compte des perceptions que les consommateurs se font des actions marketing (Yoo et al., 2000) Kirmani et Wright (1989) apportent une réponse satisfaisante concernant la question relative au choix entre les actions marketing réelles et les actions marketing perçues. Pour ces auteurs, la corrélation entre les efforts marketing perçus et les efforts effectifs est très élevée. Ce lien fort tient ses origines de la théorie de l'attribution qui stipule que les consommateurs sont très sensibles aux actions marketing émises par l'entreprise. Comme le précisent Kirmani et Wright (1989) : « Les individus peuvent penser que si le gestionnaire déploie un grand effort dans la présentation d'une nouvelle marque, c'est parce qu'il croit fortement que son produit a une bonne qualité et un important potentiel de ventes » (page 345). Cette forme de fausse attribution a été testée par les auteurs qui ont montré que les dépenses de l'entreprise concernant le mix sont perçues comme un signal fort auprès du consommateur. EFFETS DES ACTIONS MARKETING PERÇUES SUR LE CAPITAL MARQUE Peu d'investigations empiriques se sont intéressées aux rôles joués par les actions marketing dans la formation du capital marque du point de vue du consommateur. Comme le recommandent Shocker et al. (1994) : « Une attention supplémentaire doit être accordée au développement d'une nouvelle approche qui surpassera la 'vision systémique' des marques et produits. Cette nouvelle approche doit inclure la façon dont les décisions managériales (éléments du Mix) créent le capital marque » (page 157). Sur la base de ces préconisations, Yoo et al. (2000) ont proposé une série d'hypothèses testant l'impact des actions marketing perçues par le consommateur sur les différentes dimensions du capital marque. Selon le modèle de Yoo et al. (2000), les actions marketing sont en relation duale avec la valeur de la marque. En d'autres termes, plus les actions marketing sont perçues d'une manière positive, plus le capital marque sera fort et vice versa. Par ailleurs, les associations mémorielles liées aux actions marketing déployées par l'entreprise sont considérées comme fonctionnelles puisqu'elles induisent des caractéristiques pratiques et concrètes de la marque telles que les dépenses publicitaires, l'étendue et l'intensité de la distribution ou encore la fréquence des promotions monétaire et non monétaire. CADRE CONCEPTUEL L'objectif affiché de cette recherche, rappelons-le, est d'étudier l'effet des traits de personnalité de la marque et des actions marketing perçues sur les différentes dimensions du capital marque du point de vue du consommateur. Pour atteindre cet objectif, nous nous baserons dans un premier temps sur les travaux en psychologie concernant la pertinence d'un jugement et en particulier sur le modèle RAM (Realistic Accuracy Model) développé par Funder (1995). Dans un second temps nous passerons en revue les principales études s'intéressant à l'effet des actions marketing perçues sur la valorisation de la marque. Chacune de ces étapes sera clôturée par une proposition de recherche dont les apports théoriques seront développés d'une manière plus détaillée et plus approfondie lors de l'exposition des résultats de la recherche. JUGEMENT DE LA PERSONNALITÉ DE L'AUTRE / JUGEMENT DE LA PERSONNALITÉ DE LA MARQUE : UN RAISONNEMENT PAR ANALOGIE Dans le champ de la psychologie comportementale, le jugement de la personnalité de l'autre n'est pas une fin en soi. En effet, les traits de la personnalité sont des Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 28 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE indicateurs du statut et de la 'valeur' de l'individu cible. La personne évaluatrice se sert des traits de personnalité de la personne cible pour deviner ses comportements passés, prévoir ses comportements futurs et ajuster, par conséquence, ses propres comportements (Funder, 1995). Pour cet auteur, la vraie question qui se pose dans ce contexte est celle de la pertinence des jugements basés sur les traits de personnalité. L'auteur part du postulat que les traits ne font pas partie des composantes du jugement des autres, mais représentent plutôt de bons indicateurs de ce jugement. Dire qu'une personne est extravertie, par exemple, n'aura pas de signification notable si l'on n'associe pas ce caractère extraverti à des comportements tels que le fait d'aller vers les autres ou d'avoir certaines habitudes alimentaires, vestimentaires ou de consommation spécifiques. L'auteur développe un modèle (RAM) qui rend compte que la justesse d'un jugement basé sur les traits de personnalité se fait en fonction de la disponibilité et la pertinence de ses traits ainsi qu'à la capacité de la personne évaluatrice à détecter et/ou utiliser les traits de personnalité de l'autre. Par ailleurs, nous pensons que la transposition de ces résultats dans le domaine des marques peut fournir de nouveaux éclairages concernant la nature du lien entre la personnalité de la marque et le capital marque. En effet, tout comme pour la personnalité humaine, les traits de la marque n'auront pas une réelle existence s'ils ne sont pas transformés en comportements et attitudes à l'égard de la marque (Wysong, 2000). Autrement dit, les traits de personnalité d'une marque n'existent que si le consommateur les utilise pour juger et ajuster ses comportements envers la marque. Ils sont donc considérés comme des déterminants et non pas comme des dimensions du jugement de la marque (valeur de la marque). D'un point de vue épistémologique, ce raisonnement par analogie n'est en aucun cas réducteur ou 'hybride' et ne peut que conforter les arguments que nous proposons (Foucault, 1960). EFFETS DES ACTIONS MARKETING PERÇUES SUR LE CAPITAL MARQUE Les études portant sur l'effet des actions marketing sur le capital marque se sont centrées principalement sur une valorisation financière de la valeur de la marque. A travers une série de modélisations linéaires dynamiques (DLM), Mela, Ataman et Van Heerde (2006) trouvent que parmi les cinq variables du mix, seules les actions promotionnelles répétées dans le temps influenceront négativement le capital marque. Les auteurs expliquent ce résultat par une forme d'habitude qui s'installe chez le consommateur et qui fait qu'il n'aura plus l'impression de réaliser une 'bonne affaire' lorsqu'il achète à prix discount. Cette impression s'amplifie lorsque la marque n'est pas en promotion et se transforme en une crise de confiance qui altère la valeur finale de la marque. En ce qui concerne l'effet feed-back du capital marque sur les actions marketing, contrairement à Yoo et al. (2000), les auteurs conceptualisent ce lien comme un artefact méthodologique. Pour McClure et al. (2004), les efforts marketing déployés par l'entreprise ont un effet perceptuel très fort sur l'évaluation de la valeur de la marque. Shiv et al. (2005) considèrent que l'impact des actions marketing perçues n'est pas direct et qu'il se fait via les attentes du consommateur par rapport à ces actions. Pour notre part, nous nous placerons dans le cadre d'une démarche du point de vue du consommateur et nous considérerons que les actions marketing perçues influenceront la valeur ajoutée de la marque du point de vue du consommateur. Afin de simplifier le modèle global, nous ne tiendrons compte que de l'effet des dépenses publicitaires perçues et de la fréquence perçue des actions promotionnelles. Nous formulons ainsi la proposition suivante : P2 : Les actions marketing perçues influencent significativement le capital marque. Compte tenu de la multitude des liens entre les dimensions de la personnalité de la marque et celles du capital marque, nous nous limiterons, dans le cadre conceptuel de cette recherche, à l'exposition d'une proposition fondamentale de recherche. Néanmoins, nous nous attacherons, lors de la phase d'interprétation des résultats, à interpréter les résultats en fonction des relations préétablies entre les différentes dimensions des concepts centraux de cette recherche. Quoi qu'il en soit, et sur la base des raisonnements effectués auparavant, il convient de postuler la proposition de recherche suivante : P1 : Les traits de personnalité de la marque influencent d'une manière significative les dimensions du capital marque. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 29 Effets marketing et personnalité marque sur capital marque Le modèle final se présente comme suit : Personnalité de la marque Caractère Agréable Sophistication Caractère Consciencieux Valeur Sociale Caractère Fallacieux Fidélité Introversion Connaissance de la marque Qualité Perçue Fréquence des promotions Dimensions du capital marque Dépenses publicitaires Actions marketing perçues Figure 1. Modèle de recherche METHODOLOGIE ET RESULATATS DE LA RECHERCHE LA COLLECTE DES DONNÉES ET LE CHOIX DES ÉCHELLES DE MESURES Afin de tester le modèle de recherche, un questionnaire a été conçu et posté en ligne à l'aide du logiciel Sphinx Lexica (V5). Les liens qui renvoient au questionnaire ont été envoyés à une liste d'e-mails composée principalement d'étudiants et de personnels d'une université française. Le questionnaire final se compose de deux plateformes portant chacune sur une catégorie de produit. La première plateforme proposait d'évaluer deux marques d'ordinateurs portables (Sony Vaio et Acer) et/ou une marque à renseigner soi-même. Le deuxième lien renvoyait également à deux marques de café (Grand'mère et Carte Noire) ainsi qu'à une marque que le répondant indiquait lui-même. En définitive, suite à une série de relance, 538 questionnaires exploitables ont été retenus pour la suite des analyses. Par ailleurs, sur la base des raisonnements effectués sur les origines anthropomorphiques de la personnalité de la marque, il s'avère que l'échelle d'Ambroise (2006) serait la plus adéquate au contexte de cette recherche puisqu'elle met en avant des dimensions spécifiques aux marques et non seulement des traits purement humains. D'un autre coté, afin de mesurer le capital marque, nous avons choisi d'utiliser l'échelle de Guizani et al (2008), récemment validée par Valette-Florence et al. (2009), et cela pour les raisons évoquées auparavant. Les actions marketing perçues sont mesurées quant à elles, de manière classique, suivant les préconisations faites par Yoo et al. (2000). Les consommateurs étaient ainsi invités à donner leurs degré d'accord concernant les perceptions qu'ils se font de la fréquences des publicités et des actions promotionnelles Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 30 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE faites par les marques étudiées. maximum). RÉSULTATS (K 1 + KR + KQ AICk = 2 ln L + cN k ; Avec Eq. 4 N k =) Afin d'atteindre les objectifs de recherche que nous nous sommes fixés, nous n'allons pas adopter une approche classique via la validation d'un modèle d'équations structurelles testé sur un échantillon considéré comme homogène. Au contraire, nous postulons a priori l'existence sous-jacente de différents segments de consommateurs homogènes ayant chacun un réseau de relations structurelles spécifiques. Ainsi l'interprétation des résultats se fera, d'une manière plus fine, en fonction de segments mis en évidence et de liens structurels correspondants. Notre approche est alors originale dans le sens où elle repose sur une modélisation structurelle réalisée conjointement avec une analyse de segmentation. En effet, l'approche traditionnelle considère que les données sont homogènes au regard du modèle proposé. Cependant, des développements récents proposés à l'origine par Hahn et al (2002) et suivis par ceux de Ringle et al (2008) permettent d'étendre la méthodologie des modèles de mélange aux modèles d'équations structurelles estimés selon les moindres carrés partiels. Relativement à l'équation de base 1 on suppose que les variables latentes endogènes correspondent à un mélange de distributions normales selon l'équation 2. B h= G x z i + i i ; Eq. 1 et Eq. 2 la suivante : S ηi å r s f i s ( ηi x i,B s,G s,Y s) = s= 1 é ù ê B úì 1 ü s 1 ¢sr ´ expí (B G (B G å sê J sh i + sx i) Y sh i + sx i )ý ú 2 æ 2ö î þ s= 1 2p ) ÷ Y ç ê ú è øs û ë S Une estimation suivant le maximum de Vraisemblance utilisant un algorithme EM est alors possible en accord avec l'équation 3. éé ù ù N ê S ú ê B ú 1 ì ü s 1 ¢sL= r expí (B G (B G ê ú å Õ sê J sh i + sx i) Y sh i + sx i )ý ú 2 æ î þ i= 1 i= 1 ê ú 2p ) 2ö Y ç ÷ ê ú s è ø û ëë û Sur un plan pratique, la démarche consiste à itérer le nombre de partitions demandées en augmentant à chaque étape le nombre de groupes. La sélection finale se fait principalement au regard de l'indices AIC (Eq.4) et de la mesure de l'entropie (Eq.5), la règle décisionnelle étant de sectionner le nombre de segments procurant l'indice AIC le plus faible et l'entropie la plus élevée. Dans notre cas, une solution optimale apparaît avec 4 groupes, l'entropie qui vaut 0,71 étant très bonne (elle atteint un à son é ù EN K = 1Pik ln Pik ú / I ln K å å ê i k ë û ; Eq. 5 Une fois la solution optimale obtenue, il est alors possible de calculer les probabilités conditionnelles d'appartenance aux segments retenus, en appliquant la formule 6 ˆ ) ˆ ,G ˆ ,G ˆ ,Y ˆ k f i k (h r ix i,B k k k k ; Eq. 6 Pˆik = k ˆ ) ˆ k ,G ˆk , G ˆk , Y ˆ k f i k (h r å ix i,B k k= 1 La procédure de mélange appliquée via le logiciel Smart PLS a donné une structure à quatre segments. Ce choix s'est basé que l'indice d'Entropie (plus proche de 1) et le AIC le plus faible. Les liens structurels spécifiques à chaque segment permettent d'interpréter et de comprendre les spécificités des groupes d'individus. Le tableau 1 expose les poids des relations. La mise en exergue des relations statistiquement significatives au sein de ces groupes permet alors de mieux comprendre leur mode de comportement au regard des variables modélisées dans cette recherche. L'examen du tableau 1 révèle que le premier segment est caractérisé par de fortes relations structurelles entre les actions marketing perçues et les quatre dimensions du capital marque. Les individus qui composent ce groupe se basent plus sur leurs perceptions des efforts marketing fournis par la marque, en termes de fréquence publicitaire et promotionnelle, plutôt que sur les éléments symboliques pour juger de la valeur ajoutée de la marque. Seul un caractère consciencieux fort pourrait influencer leurs perceptions de la marque. Le deuxième segment mis en évidence renvoie à un groupe de personnes qui tiennent compte de toutes les actions marketing émises par l'entreprise. Ce sont des personnes très confiantes, mais en même temps intransigeantes vis-à-vis de la marque. Elles ne cherchent pas forcement à se procurer des marques luxueuses ou de prestige et elles sont à la fois sensibles aux actions symboliques et concrètes de la marque. Le troisième groupe est caractérisé par de fortes relations structurelles entre les traits de personnalité négatifs et les dimensions du capital marque. Ce groupe fait référence à des consommateurs qui sont méfiants et sélectifs. Ils font surtout attention au caractère fallacieux des marques et ont peur de se tromper. Enfin, le quatrième segment est fortement représenté par des consommateurs qui sont très sensibles aux actions marketing symboliques communiquées par les marques. Pour ces individus, une marque à forte valeur ajoutée doit avoir une personnalité à forte valence positive, indépendamment des actions marketing déployées par l'entreprise. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 31 Liens structurels non significatifs au seuil de 5% Tableau 1. Poids des liens structurels pour les quatre segments issus de l'analyse des modèles de mélanges sous Smart PLS Effets marketing et personnalité marque sur capital marque Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 32 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE Afin de mieux décrire ces groupes et de fournir des leviers opérationnels et décisionnels, nous avons effectué une analyse ex post conformément aux recommandations de Ramaswamy et al (1993). Formellement, nous avons estimé pour chaque segment la fonction suivante (8) : ln( Pik / Pi ) Qik = Z iud Vik , Eq. 7 où Q ik = å uk + u (Õ Pik ) Eq.9 qui représente la moyenne Eq.8 avec Pi = k géométrique des probabilités d'appartenance de l'observation i aux groupes k et sachant que Z iu représente la valeur de la variable descriptive u pour l'individu i; d représente le coefficient d'impact de la uk variable u pour le segment k et Vik le terme d'erreur dans l'équation 7. Le tableau 2 présente les résultats obtenus dans notre étude et pour laquelle nous avons retenu le genre, l'âge (5 modalités), le type de produit (d'expérience ou de recherche), le niveau d'estime de soi (fort ou faible) et enfin les différentes marques de produits étudiées (Grand-Mère, Carte Noire, Sony, Acer, autres ordinateurs et autres cafés). Hormis l'âge, toutes les autres variables étaient de nature dichotomique. Au-delà de la lecture du tableau qui confirme le bien fondé de la segmentation obtenue, puisque toutes les variables retenues ont une influence statistiquement significative entre les groupes, nous avons effectué une analyse des correspondances multiples afin de visualiser les associations résultantes (voir figure 2 et 3). Ces résultats illustrent ainsi de manière 1/ k plus opérationnelle les groupes obtenus, tout en confirmant les résultats mis précédemment en exergue. Par exemple, les associations entre les « Sélectifs » et Carte Noire et Sony d'une part et entre les « Fonctionnels » et Acer d'autre part sont ainsi confirmées. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que le positionnement même des marques est voulu comme tel. En effet, alors que Acer opère souvent par des prix de pénétration visant des segments larges, Sony se place plutôt dans le cadre de stratégies d'écrémage qui consistent à cibler en premier lieu les consommateurs novateurs recherchant l'originalité et les nouvelles expériences (Kotler et al. 2007). D'un point théorique, ce résultat permet de valider l'influence modératrice du type de produit (de recherche ou d'expérience) ainsi que les niveaux d'estime de soi. Enfin, les liens mis en évidence entre le genre et les différentes classes d'âge offrent des leviers d'action permettant de mieux cibler et atteindre les segments concernés (par exemple des hommes de 46-55 ans en ce qui concerne les « Fonctionnels »). A l'inverse, les individus « Symboliques » sont des individus entre 26 et 35 ans qui attachent davantage d'attention aux associations symboliques de la marque et qui préfèrent expérimenter les produits pour juger de leur qualité plutôt que de se baser sur les informations externes les concernant. L'âge s'avère donc une variable très importante dans le choix du type de produit, ainsi que dans l'effort de recherche d'information consenti par le consommateur. Variables segmentantes Tableau 2. Résultats issus de l'analyse ex post appliquée aux liens structurels des quatre segments Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 33 Effets marketing et personnalité marque sur capital marque En définitive, nous pouvons conclure que les variables segmentantes que nous avons intégrées dans l'analyse ex post valident les segments obtenus. Nous avons également pu valider et nuancer les liens significatifs entre le capital marque et ses antécédents directs et démontrer ainsi que les consommateurs se basent différemment sur les traits de personnalité de la marque et sur leurs perceptions des actions marketing perçues en fonction de leurs âges, leur sexe, leur niveau d'estime de soi et de la catégorie du produit étudiée. Figue2. Analyse typologique selon les variables utilisées pour l'analyse ex post Figure 3. Représentation graphique des résultats de l'analyse factorielle multiple appliquée sur les quatre groupes Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 34 Haythem GUIZANI, Pierre VALETTE-FLORENCE CONCLUSION Tout au long de cet article de recherche, nous avons essayé de démontrer que la personnalité de la marque peut être utilisée comme une variable de segmentation et qu'elle exerce un effet significatif sur l'évaluation de la valeur ajoutée de la marque aux yeux du consommateur, c'est à dire le capital marque. En confrontant l'effet de cette variable à celui exercé par les actions marketing perçues, nous avons pu mettre en exergue une segmentation fine des 538 consommateurs que nous avons interrogés dans le cadre de cette recherche. Nous avons, par ailleurs, commenté les principales relations structurelles en fonction de leurs degrés de significativité et des poids qui leurs sont accordés dans chaque segment. Les résultats ont montré qu'en général, les consommateurs se basent plus sur les traits de personnalité et en particulier sur ceux véhiculant une valence positive (e.g. Caractère Agréable, Sophistication) pour évaluer la valeur ajoutée de la marque. Seul le groupe des « Sélectifs » accorderait plus d'importance au caractère Fallacieux de la marque. Cette méfiance est due probablement à leur âge assez avancé. Cependant, il existe un groupe de consommateurs qui se détache complètement des autres puisqu'il se base principalement sur les associations fonctionnelles dans l'évaluation du capital marque. Les individus composant ce segment, appelé les « Fonctionnels », ont une faible estime de soi et sont toujours à la quête de produits à forte valeur informationnelle. Dans une recherche récente, Rudman et al (2007) ont démontré qu'une faible estime personnelle peut induire deux réactions différentes. D'une part, un effet compensatoire à travers la recherche d'éléments qui peuvent conforter le concept de soi, et d'autre part, un effet défensif qui se manifeste au travers d'une vigilance extrême envers l'inconnu et le recours automatique aux éléments concrets et déjà expérimentés. Dans le cas des consommateurs « Fonctionnels », il semblerait qu'il s'agit d'une réaction défensive de l'estime de soi. Pour conclure, nous pouvons dire que les associations symboliques, et en particulier celles inférant une humanisation des marques, se représentent comme de bons prédicteurs de la valeur ajoutée de la marque pour la grande majorité des consommateurs. Il serait donc intéressant d'étudier plus en détail l'effet engendré par chacune des dimensions de la personnalité de la marque sur le capital marque et de hiérarchiser ainsi les traits les plus marquants. Une telle démarche pourrait faciliter toute mise en œuvre d'une stratégie de ciblage. Par ailleurs, d'un point de vue théorique, il nous parait primordial d'étudier d'une manière plus approfondie les origines de la pensée anthropomorphique afin de mieux déceler les variables modératrices et médiatrices concernant les effets des traits de personnalité de la marque. D'un point de vue empirique, il serait souhaitable d'appliquer et de comparer les résultats de nouvelles méthodes de détection de classes latentes, dans le cadre de l'approche des moindres carrés partiels, tels que les arbres de régression flous ou l'approche par les algorithmes génétiques (Palumbo et al. 2008 ; Ringle et al. 2009). BIBLIOGRAPHIE Aaker D. A. (1991), Managing Brand Equity, New York: The Free Press. Ahuvia A. (2005). Beyond the extended self: loved objects and consumers' identity narratives, Journal of Consumer Research. 32, 1, 171-185. Aggarwal P et McGill Ann L. (2007). Is that car smiling at me? Schema congruity as a basis for evaluating anthropomorphized products, Journal of Consumer Research, 34, 4, 468-479. Allport G. W. (1961), Pattern and growth in personality. New York : Holt. Ambroise L. (2006), La personnalité des marques : une contribution réelle à leur gestion?, Revue Française du Marketing, 207, 25-41. Belk R. (1988), Possessions and the extended self, Journal of Consumer Research, 15, 9, 139-168. Bern D. (1972), Self-perception theory, Advances in Experimental social psychology, 6, 1-62. Biel A. L. (1993), Converting image into equity, Brand equity and advertising. Hillsdale (New Jersey), Lawrence Erlbaum: 67-82. Epley N., Waytz A. et Cacioppo J. (2007), On seeing human: a three-factor theory of anthropomorphism, Psychological Review, 114, 4, 864-886. Funder D. (1995), On the accuracy of personality judgment: A realistic approach. Psychological Review, 102, 4, 652-670. Foucault (1960), Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Gallimard, Paris. Gardner L. et Knowles, L. (2008). Love makes you real: favorite television characters are perceived as 'real' in a social facilitation paradigm, Social Cognition, 26, 2, 156168. Govers R. C. et Schoormans J. P. (2005), Product personality and its influence on consumer preference, Journal of Consumer Marketing, 22, 4, 189-197. Guizani H, Triguero H. et Valette-Florence P (2008), Development of French consumer brand equity scale, Latin American Advances in consumer research, 2: 198199. Guthrie S. (1993), Faces in the cloud: a new theory of religion, New York: Oxford. Hahn C., Johnson, M.D., Herrmann A. et Huber F. (2002): Capturing customer heterogeneity using a finite mixture PLS approach, Schmalenbach Business Review, 54, 3, 243-269. Guthrie S. (1993), Faces in the cloud: a new theory of Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 35 Effets marketing et personnalité marque sur capital marque religion, New York: Oxford. Guthrie S. (1993), Faces in the cloud: a new theory of religion, New York: Oxford. Hahn C., Johnson, M.D., Herrmann A. et Huber F. (2002): Capturing customer heterogeneity using a finite mixture PLS approach, Schmalenbach Business Review, 54, 3, 243-269. Jourdan P. (1999), Valeur d'information de la marque : modélisation de l'effet du produit et de la publicité, Thèse de doctorat en sciences de gestion, ESA Grenoble. Kapferer J.-N. (1998), Les marques capital de l'entreprise, Edition d'organisation, Paris. Keeley B. L. (2004), Anthropomorphism, primatomorphism, mammalomorphism: understanding cross-species comparisons, Biology and Philosophy, 19, 4, 521-540. Keller K. (1993), Conceptualizing, measuring and managing customer-based brand equity. Journal of Marketing, 57, 1, l-22. Kiesler S., Powers A., Fussell R. et Torrey C. (2008), Anthropomorphic interactions with a robot and robot-like agent, Social Cognition, 26, 2, 169-181. Kirmani A. Wright P. (1989), Money talks: perceived advertising expense and expected product quality. Journal of Consumer Research; 16 (3): 344-353. Kotler P., Keller K., Dubois B. et Manceau D. (2006), Marketing management, 12ième Edition, Pearson Education. McClure S. M., Li J., Tomlin D., Cypert K. S., Montague. (2004), Neural correlates of behavioral preference for culturally familiar drinks, Neuron, 44, 2, 379-87. Mela C. F, Ataman M. B., Van Heerde H. J. (2006), The long-term effect of marketing strategy on brand performance, ZIBS Research Reports. www.zibs.com. Merunka D. (2002), Recherches sur la marque: quelques dangers, quelques directions Recherche et Applications en Marketing, 17, 3; 1-6. Murray J. B. (2002), The politics of consumption: a reinquiry on Thompson and Haytko's (1997) 'Speaking of Fashion', Journal of Consumer Research, 29, 3, 427-440. Palumbo, F., Romano, R. et Esposito Vinzi, V. (2008). Fuzzy PLS Path Modelling: A New Tool for Handling Sensory Data. In C. Preisach, H. Burkhardt, L. SchmidtThieme, & R. Decker (Eds.) Data Analysis, Machine Learning, and Applications. Proceedings of the 31st Annual Conference of the German Classification Society, 689-696), Berlin: Springer. Park C. et Srinivasan V. (1994), A survey-based method for measuring and understanding brand equity and its extendibility, Journal of Marketing Research, 31, 2, 271288. Ramaswamy V., Wayne D., Reibstein D. et Robinson W. (1993), An empirical pooling for estimating marketing mix elasticities with PIMS data, Marketing Science, 12, 103-124. Ringle, C. M., Sarstedt, M., & Schlittgen, R. (2009). Finite Mixture and Genetic Algorithm Segmentation in Partial Least Squares Path Modeling: Identification of Multiple Segments in a Complex Path Model. In A. Fink, B. Lausen, W. Seidel, & A. Ultsch (Eds.) Advances in Data Analysis, Data Handling and Business Intelligence, Heidelberg, Berlin: Springer, A paraitre. Ringle C.M., Wende S. et Will A. (2008), The finite mixture partial least squares approach: methodology and application, in Handbook of Partial Least Squares: concepts, methods and applications in marketing and related fields, Springer, Berlin. Rudman L., Dohn M. et Fairchild K. (2007), Implicit self-esteem compensation: automatic threat defense, Journal of Personality and Social Psychology, 93, 5, 798813. Sherry J. (1987), Advertising as a cultural system, In Marketing and semiotics. Ed. Umiker-Sebeokp, 285-306. Shiv B., Carmon Z. et Ariely D. (2005), Placebo effects of marketing actions: consumers may get what they pay for, Journal of Marketing Research, 42, 3, 383-393. Shocker A., Srivastava R. et Ruekert R. (1994), Challenges and opportunities facing brand management: an introduction to the special issue, Journal of Marketing Research, 31, 3, 149-158. Valette-Florence P., Guizani H. et Merunka D. (2009) The impact of brand personality and sales promotions on brand equity, Journal of Business Research, Forthcoming. Van Heerde H. J., Mela C. F. et Manchanda P. (2004), The dynamic effect of innovation on market structure, Journal of Marketing Research, 41, May, 166-183. Vernette E. (2008), Les atouts et les pièges de la personnalité de la marque, Décision marketing, 29, 19-31. Wood F. et Bell A. (2008), Predicting interpersonal conflict resolution styles from personality characteristics, Personality and Individual Differences, 45, 2, 126-131. Wr i g h t S . ( 1 9 9 5 ) , M a n a g e r i a l C h o i c e a n d Anthropomorphism, Business Strategy Review, 6, 1, 7180. Wysong S. (2000), 'This brand's for you': a conceptualization and investigation of brand personality as process with implications for brand management. Ph.D Dissertation. Yoo B. et Donthu N. (2001), Developing and validating a multidimensional consumer-based brand equity scale, Journal of Business Research, 52, 1-14. Yoo B. Donthu N. Lee S. (2000). An examination of selected marketing mix elements and brand equity. Journal of the Academy of Marketing Science; 25 (2), 195-211. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 36 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 La satisfaction à travers le processus d'immersion dans une expérience de voyage : exploration par une approche phénoménologique d'un circuit effectué par un groupe de touristes Anissa GLENZA Doctorante, MUTCOM, ISG Tunis Université de Tunis [email protected] Résumé Le processus que le touriste développe pour participer aux différentes offres d'un séjour constitue des expériences qui peuvent être sources de satisfaction. Jusqu'à présent les méthodes quantitatives adoptées ne donnaient pas d'informations pertinentes sur la manière d'accéder à une expérience satisfaisante. Afin d'obtenir une restitution profonde de l'expérience vécue par le touriste, nous avons eu recours à une recherche qualitative d'inspiration phénoménologique. Mots clés expérience, interaction touriste-offre, immersion, satisfaction, phénoménologie. 38 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 La satisfaction à travers le processus d'immersion dans une expérience de voyage : exploration par une approche phénoménologique d'un circuit effectué par un groupe de touristes Anissa GLENZA Doctorante, MUTCOM, ISG Tunis Université de Tunis [email protected] INTRODUCTION Les destinations touristiques sont confrontées à un marché mondial de plus en plus concurrentiel et à des clients de plus en plus exigeants. Pour pouvoir contrer ces deux situations, la seule solution proposée a longtemps été une meilleure gestion de la qualité du service dans ses aspects fonctionnels. Cette approche est limitative puisqu'elle ne tient compte que des aspects pratiques et opérationnels et néglige un aspect important du séjour touristique initié par Holbrook et Hirschman (1982) : « la valeur expérientielle d'une offre de service ». Le tourisme joue un rôle important dans l'économie d'un grand nombre de pays de part le monde, cependant il reste mal compris (Smith, 1994). Les professionnels du tourisme investissent dans les hôtels, d'aménagement, les moyens de transport, l'animation …sauf que le touriste ne voyage pas juste pour cela mais cherche quelque chose de plus profond « l'expérience touristique ». Ainsi vitterso et al (2000) soutiennent l'idée que l'évaluation générale de la satisfaction se fait à partir de l'expérience. Sternberg (1997) ajoute que la planification du tourisme doit surtout créer une conception d'expérience touristique satisfaisante. Quels sont donc les éléments à l'origine d'une expérience de voyage satisfaisante? Tenter de répondre à cette question requiert qu'on s'attarde de façon minutieuse sur l'ensemble des éléments qui s'étendent des attentes des touristes aux moyens qu'ils déploient pour les combler. Aujourd'hui la seule satisfaction des attentes en améliorant la qualité fonctionnelle de l'offre touristique n'est plus suffisante. Pour assurer une réussite sur le plan économique, les professionnels du tourisme doivent tenir compte du fait que : « Les touristes sont à la recherche d'évasion, d'alternatives à leur quotidien, de fortes sensations et de divertissements» (Gortesh, 2002). En d'autres termes ils sont en quête d'aventures et d'expériences qui les transportent au-delà du quotidien. Ainsi, en Europe et dans le monde, on assiste à l'émergence d'une véritable gestion de l'activité touristique visant à améliorer la qualité de l'expérience des clients ( Hamza et Burhin, 1999). La recherche d'expérience gagne donc les consommateurs de tourisme dont l'aliénation à la vie moderne les pousse à s'évader vers des expériences authentiques et différentes (Mac Cannel, 1986). L'approche innovante de cette vision marketing met l'accent sur des aspects sensoriels, émotionnels, cognitifs, conatifs et relationnels de l'expérience client plutôt que sur les vertus fonctionnelles du produit ou du service. Maintenant que ces nouveaux aspects du comportement du touriste sont reconnus, la recherche doit fournir plus de détails sur les outils permettant aux professionnels du tourisme d'avoir une meilleure connaissance du vécu d'une expérience de voyage. Le phénomène relatif aux expériences de consommation est considéré par Otto et Ritchie, (1996) comme une composante importante dans la satisfaction du touriste. La satisfaction n'est pas simplement un moment mais un processus qui évolue tout le long du séjour. Comprendre ce qui est à l'origine de la satisfaction lors d'un séjour touristique, semble constituer un préalable nécessaire pour saisir la complexité du phénomène touristique ( Rachid Amirou,2000). Les stratégies ou les processus que le touriste développe pour participer aux différentes offres du séjour sont des expériences qui peuvent être sources de satisfaction. Le touriste, de même que son comportement de fréquentation reste peu connu. Il est donc primordial de s'intéresser à cette expérience de fréquentation et à la façon dont le touriste vit son séjour. Cette interrogation rejoint parfaitement les préoccupations actuelles de la recherche en marketing, plus particulièrement en comportement du consommateur, laquelle après s'être longtemps concentrée sur l'analyse du processus de prise 39 Anissa GLENZA de décision du consommateur, s'intéresse désormais davantage à l'acte de consommation lui-même, à la relation proprement parler qui s'instaure entre un individu et un objet ou service. Il est à ce titre intéressant de constater, en mettant l'accent sur le rôle fondamental du touriste dans la consommation, la capacité de ce dernier à construire librement son séjour et à le vivre sans contrainte. L'intérêt porté à la dynamique du touriste, dans le cadre de l'expérience vécue, se justifie par le fait que le bien touristique n'est pas observable en dehors des comportements de consommation des touristes euxmêmes (Smith, 1989). La notion même d'expérience montre à quel point les individus jouent un rôle actif dans la production de sensations cumulées, de valeurs à l'origine de la satisfaction. La prise en compte de l'aspect « praxéologique » de l'expérience nous amène donc à considérer l'acte de consommation du touriste comme le concept principal de notre recherche. Cependant le processus de consommation d'une expérience touristique reste mal connu. Pour cette raison il serait intéressant de mettre en lumière les éléments de ce processus, afin d'en déterminer l'impact sur la satisfaction. logique de comportement du touriste. Il faudra donc rendre compte de la manière dont l'accès à l'expérience touristique se fait, à travers l'action cognitive, affective et « praxéologique ». « Cet accès à l'expérience n'est ni évident ni systématique et requiert des compétences dont le consommateur ne dispose pas forcement » (Ladwein, 2002b). L'objectif est donc dans un premier temps de mettre en évidence l'ensemble des éléments dynamiques qui assurent une « qualité d'expérience », satisfaisante pour les touristes qui la vivent. Dans un second temps nous proposerons un modèle adapté aux séjours touristiques dans une perspective dynamique, mettant en évidence les éléments de l'expérience vécue à prendre en compte pour déterminer l'effet que peut avoir la « qualité de l'expérience vécue » sur la satisfaction du touriste. Saisir l'impact des composantes d'une expérience de séjour sur la satisfaction, devrait permettre de mieux comprendre le processus de satisfaction dans un cadre de tourisme dynamique, de donner des indices aux professionnels du secteur pour maintenir durablement un niveau de satisfaction élevé, variables clés des stratégies de la fidélisation. D'un point de vue managérial plusieurs choses restent à faire, souvent les résultats des recherches sont limités puisque seules les causes sont étudiées. Il semble nécessaire d'inventorier les différents mécanismes par lesquels l'individu accède à l'expérience touristique et d'identifier la manière dont l'accès à cette expérience s'articule aux conséquences et aux bénéfices perçus (Ladwein, 2002a). L'origine de cette problématique est une incompatibilité entre les approches traditionnelles du marketing et les nouvelles formes de consommation. Nous avons vu que l'approche de marketing ne rend pas compte de tous les phénomènes de la consommation actuelle. LA SATISFACTION DU TOURISTE DANS LE CADRE D'UNE EXPERIENCE DE VOYAGE L'intérêt porté aux composantes fonctionnelles et techniques de l'offre touristique, laisse inexploité des dimensions affectives, émotionnelles propres à l'action dynamique du touriste. Ces facteurs représentent un moyen de comprendre et de gérer des variables importantes à l'origine de la satisfaction du touriste. Ces éléments affectifs et émotionnels du comportement, constituent les composantes de « la qualité de l'expérience » vécue lors d'un service. Otto et Ritchie (1996), Alexandris (2005), Tian-Cole et Crampton(2003) s'accordent à dire que « la qualité de l'expérience » contribue à la satisfaction du touriste. Cette recherche poursuit donc un objectif majeur : comprendre à travers l'écoute et l'observation des touristes la dynamique qui pourrait être l'origine de sa satisfaction. Il s'agira notamment d'appréhender toutes les facettes d'une expérience de consommation satisfaisante dans le cadre d'un séjour touristique. Cela se fera en deux temps. Dans un premier temps nous tenterons de mieux cerner la UNE NOUVELLE APPROCHE SATISFACTION DU TOURISTE DE LA Les professionnels du tourisme se sont longtemps penchés sur les problématiques relatives à la satisfaction. La satisfaction est considérée comme l'indicateur principal de l'expression du client. Ainsi ce concept a fait l'objet de plusieurs recherches depuis les années 1970. Vanhamme (2001) rappelle que la satisfaction est considérée comme un médiateur des comportements des consommateurs, après achat, et qu'elle a des conséquences sur la fidélité et le bouche à oreille. Les conséquences positives de la satisfaction en font donc un outil marketing qu'il importe aux entreprises de maîtriser. Pour pouvoir obtenir une restitution profonde et pertinente de l'expérience vécue par le touriste, nous avons eu recours à une recherche longitudinale d'inspiration phénoménologique et ce dans le cadre du courant interprétative. La non confirmation des attentes, qui se base sur un processus cognitif intégrant des éléments affectifs à travers lesquels un consommateur compare la performance perçue d'un produit ou d'un service à un standard de comparaison qui peut varier, semble être un déterminant fondamental de la satisfaction pour la majorité des chercheurs (Westbrook, 1980 ; Oliver, 1993). Cependant, un certain nombre de limites peuvent être soulignées. La première tient « à ce que la satisfaction est supposée être fonction d'attentes préétablies. Or ceci est Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 40 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique souvent difficile à vérifier, car il n'est pas toujours possible pour le consommateur de former des attentes» (Audrain, 1998). Les professionnels du tourisme qui souhaitent identifier les attentes des consommateurs se heurtent à plusieurs problèmes. En effet, certains touristes ne parviennent pas à identifier leurs attentes ou ne les connaissent pas. Le touriste ne connaît pas, à priori, toute la complexité des composantes qui le satisferont. En effet, lors d'une expérience les attentes ne sont pas toutes définies à l'avance certaines se forgent, se créent ou bien s'actualisent au moment de la consommation. Le touriste à envie de voyager et de découvrir, mais il ne peut indiquer à coup sur comment il souhaite que son séjour se déroule. La compréhension des connaissances et des attentes, qui se créent tout au long de l'expérience vécue pendant le séjour, ne se fait qu'une fois l'expérience terminée d'où l'intérêt de l'étude longitudinale. De ce fait, la satisfaction que retire le consommateur est strictement contingente, et dépend entre autres facteurs de l'implication de l'individu dans l'événement, de son apprentissage antérieur, mais aussi du contexte vécu. Les Attributs cognitifs et affectifs qui caractérisent les modèles classiques de satisfaction du consommateur ne reflètent plus l'intégralité des attentes à l'égard d'un séjour touristique. Dans ce contexte, Csikszentmihalyi (2004) déclare à juste titre que « la joie survient lorsqu'une personne dépasse les attentes ou les besoins programmés et réalise quelque chose de plus que les besoins programmés. La joie se caractérise ainsi par un mouvement en avant, par un sentiment d'accomplissement, de nouveauté. » Ainsi, il s'agit d'aller au-delà des modèles classiques de satisfaction du consommateur en intégrant les dimensions dynamiques du touriste et les différentes attentes qui en découlent. Cette approche dynamique apparaît dans le domaine du tourisme où plus que les offres, les prestations, c'est l'expérience du voyage, du loisir et du dépaysement qui détermine la nature du produit touristique. L'EXPERIENCE DE VOYAGE DANS LE CADRE DU MARKETING EXPERIENTIEL Le séjour touristique comme expérience Selon Spindler et Durand (2003) le touriste n'a pas de connaissances parfaites du séjour tant qu'il ne l'a pas consommé, c'est-à-dire tant qu'il ne l'a pas expérimenté. L'appréciation du séjour va donc dépendre d'un vécu. Le produit constitue donc un bien d'expérience (Nelson, 1974). Les stratégies ou les processus que le touriste développe pour participer aux différentes offres du séjour sont des expériences qui peuvent être sources de satisfaction. Le touriste, de même que son comportement de fréquentation reste peu connu. Il est donc primordial de s'intéresser à cette expérience de fréquentation et à la façon dont le touriste vit son séjour. Cette interrogation rejoint parfaitement les préoccupations actuelles de la recherche en marketing, plus particulièrement en comportement du consommateur. Après s'être longtemps concentrée sur l'analyse du processus de prise de décision du consommateur, la recherche s'intéresse désormais davantage à l'acte de consommation lui-même, à la relation proprement parler qui s'instaure entre un individu et un objet ou service. Il est à ce titre intéressant de constater, en mettant l'accent sur le rôle fondamental du touriste dans la consommation, la capacité de ce dernier à construire librement son séjour et à le vivre sans contrainte dans le cadre d'une approche expérientielle. Cadre théorique de l'étude : l'expérience de consommation Les attributs cognitifs et affectifs qui caractérisent le processus de satisfaction du consommateur, ne reflètent plus l'intégralité des attentes à l'égard d'un séjour touristique. La perspective de la recherche d'expérience initiée par Holbook et Hirschman (1982) permet d'aborder une nouvelle construction de la satisfaction touristique. La mise en cause par Holbrook et Hirschman (1982) de la légitimité des modèles classiques de comportement du consommateur dans des domaines d'activité tels que l'art et la culture, est à l'origine de la prise en compte de l'approche expérientielle dans le comportement du consommateur. Ainsi, les auteurs estiment que les modèles traditionnels de prise de décision se basent uniquement sur l'aspect cognitif du processus et négligent d'autres aspects importants du phénomène (Holbrook et Hirschman, 1982). Le modèle de recherche d'expérience suggère donc d'accorder une plus grande attention à des caractéristiques qui peuvent influencer l'état émotionnel ou la sensibilité. Ainsi les activités de loisir ou autres seront appréciées pour les émotions et le plaisir qu'elles inspirent et non uniquement pour leurs caractéristiques tangibles. Holbrook et Hirschman (1982) définissent la consommation expérientielle comme étant « un état subjectif de conscience accompagné d'une variété de significations, de réponses hédonistes et de critères esthétiques. ». Holt (1995) pour sa part s'est interrogé sur les limites d'une focalisation sur un modèle « d'induction émotionnelle » qui tend à surévaluer l'influence des facteurs sensoriels sur la qualité de l'expérience vécue par le consommateur. Il va donc au-delà des idées qui apprécient la consommation uniquement à partir des sensations ou des émotions. Il instaure ainsi la prise en compte de la composante « praxéologique » de l'expérience de consommation. C'est donc dans l'action, les interactions, les méthodes et les stratégies mises en œuvre par les acteurs que se construit l'expérience de consommation (Ladwein, 2002b). Ce sont les conclusions de Holt (1995) qui ont permis de resituer l'expérience de consommation dans un cadre plus holistique et multidimensionnel. Ladwein (2002a) ajoute à ce propos que « si on doit à Holbrook et Hirschman d'avoir introduit la notion de consommation expérientielle, Holt s'est, quant à lui, attaché à élargir l'analyse de la consommation en Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 41 Anissa GLENZA introduisant la notion de « pratiques de consommations» ». CADRE EPISTEMOLOGIQUE ET METHODOLGIE DE L'ETUDE CHOIX D'UNE APPROCHE INTERPRETATIVE Notre recherche adoptera une analyse longitudinale, pour pouvoir rendre compte de l'évolution des attentes à l'origine de la satisfaction du touriste tout au long d'un séjour. Cette recherche se fera dans le cadre d'une approche interprétative. Elle consiste à développer une compréhension de la réalité sociale qu'expérimente le touriste, déplaçant le champ d'analyse vers une perspective plus systémique qui met en relief les dynamiques individuelles et collectives. En outre l'objectif d'une approche interprétative implique d'appréhender un phénomène dans la perspective des individus participant à la création, donc en fonction de leurs langages, représentations, motivations et intentions propres (Hudson et Ozonne ,1988). Le vécu d'une expérience de voyage s'insère ainsi dans un programme de recherche assez large qualifié par Hetzel (1996) de « phénoménologie de la consommation ». La phénoménologie est un terme inventé par le mathématicien Lambert en 1764 pour designer une partie des sciences qui étudient les phénomènes. Elle connaît un intérêt croissant depuis une dizaine d'année en comportement du consommateur. Avec Edmond Husserl la phénoménologie a fait son entrée dans la pensée contemporaine. Pour Husserl (1913) la phénoménologie considère que le monde n'est pas extérieur à l'individu mais qu'il est conçu et vécu de façon subjectivée par celuici. La tâche qu'il assigne à la phénoménologie est « de décrire, et non d'expliquer ni d'analyser ». Ainsi, plutôt que d'analyser un phénomène en cherchant à en comprendre les causes, cette perspective propose un angle d'approche différent: il s'agit d'appréhender le phénomène comme il apparaît, dans son vécu, son essence. Il s'agit de décrire l'expérience au moment où elle est vécue. METHODOLOGIE DE COLLECTE DE DONNEES Dans le cadre de notre recherche longitudinale, nous nous sommes entretenus avec les touristes à deux reprises. Une première fois au moment de leur arrivée pour essayer de saisir les attentes préétablies et relatives à cette expérience de voyage et une seconde fois au cours du séjour afin d'identifier les nouvelles attentes. Cela permet de mieux cerner les expériences qui ont marqué de façon significative leurs vécus en mettant en évidence des événements et des activités qui ne sont pas directement observables. Pour réaliser cette étude la technique de l'entretien phénoménologique a été retenue. Mener une interview phénoménologique consiste à s'approcher de l'expérience intime, réelle et immédiate du touriste. Il s'agit d'un entretien non directif, l'interviewer hormis une première question ouverte qui vise à indiquer l'expérience sur laquelle il veut faire s'exprimer le répondant, n'a pas d'autres questions prévues dans son guide d'entretien. Les relances se font sur la base d'éléments déjà exprimés, en ayant toujours à l'esprit la question phénoménologique de la recherche à savoir « Comment les touristes vivent-ils une expérience touristique satisfaisante ? ». Les questions posées doivent amener le répondant à décrire les modalités que développe le touriste pour vivre son expérience. Ainsi, pour pouvoir avoir une connaissance pure et authentique de l'expérience du touriste, il est important de mettre entre parenthèses les connaissances théoriques accumulés afin d'éviter d'orienter les réponses. Contrairement aux entretiens semi directifs qui utilisent un guide d'entretien structuré pour aborder une série de thèmes préalablement définis. D'autre part, pour pouvoir rendre compte de l'expérience du touriste lors du séjour, il est nécessaire d'envisager une immersion importante dans son vécu. Selon Strauss et Corbin (1994), les chercheurs qui pratiquent les entretiens ethnographiques doivent, selon la règle d'or de l'observation participante, devenir membres de la situation qu'ils étudient : la réussite des entretiens est à ce prix. Lamarre, (2004) ajoute à ce propos que « Dans une perspective phénoménologique, on ne pense pas à comprendre la manière d'exister d'un être sans le considérer dans sa relation indissociable avec l'offre. Ce point de vue suppose que l'être humain n'existe et ne donne sens à son existence que par et dans sa relation à autre chose que lui-même, c'est-à-dire avec les autres êtres comme lui et avec tout ce qui constitue son univers, sa culture, ses intérêts …. ». En outre 100 photos ont été prises, certaines d'entre elles ont été utilisées comme support d'entretien. N'ayant pas de questions précises sur lesquelles des touristes devaient répondre, nous avons donc pris des photos diverses les représentant lors de leur différents vécus (visite d'une maison troglodyte, balade entre les ruines de Sbeïtla, observation d'un potier à l'œuvre…). Selon Dion et Ladwein, (2005) « cette technique est souvent beaucoup plus fructueuse qu'un entretien traditionnel sans support visuel. » car la photographie permet d'encrer l'interview dans une réalité concrète. Cette méthodologie hybride nous a permis de confronter les différentes sources d'informations et d'apporter une plus grande validité interne à l'étude. Par moment les touristes avaient du mal à s'exprimer. Ils ne voyaient pas l'intérêt de parler de certaines choses. Ils pouvaient oublier de s'exprimer sur certains vécus ou avaient quelques fois tendance à insister sur des éléments qui ne sont pas forcement intéressants pour notre recherche. Pour remédier à ces moments de silences souvent difficiles à gérer nous avons pensé leur Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 42 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique présenter des photos les représentant dans une situation particulière et entamer la discussion autour de cette situation vécue. L'idée était de les faire parler sans leur poser de questions évitant ainsi d'orienter leur réponse. Cette manière de faire permet d'une part d'enrichir la discussion et d'autre part de respecter la logique d'entretiens qui se basent sur une seule question de recherche. ECHANTILLON ET CHOIX DU TERRAIN Glaser et Strauss (1967) la taille adéquate d'un échantillon est celle qui permet d'atteindre la saturation théorique. Nous nous sommes donc entretenu avec 19 touristes avant d'atteindre le niveau de saturation ne permettant plus d'obtenir des informations supplémentaires capables d'enrichir notre connaissance sur le vécu du touriste. Cette échantillon répond néanmoins aux contraintes classiques de diversité de l'échantillon concernant, le sexe, l'age, la situation socioprofessionnelle et le nombre de voyages organisés déjà effectués. (Tableau 1). Les touristes interviewés ont été recrutés sur leur souhait de participer à une étude portant sur leurs expériences de voyage. Pour délimiter la taille de l'échantillon nous nous sommes basés sur le principe de la saturation. Ainsi, selon Tableau 1. Echantillon de l'étude. Prénom Age Statut Alain Jean-Baptiste Vanessa Colette Henriette Martial Pauline Jacques Héléna Michel 60 30 28 60 63 65 53 59 63 50 Marié En couple En couple Mariée Mariée Marié En couple En couple Mariée Marié Sylvieanne Sylvie Marie Eugène Christiane 55 50 66 69 49 Mariée Mariée Mariée Mariée Mariée Jacques 54 Marié Grilles 50 Marié Serge Julie 50 27 Marié Célibataire Nous avons en outre choisi d'effectuer notre recherche dans le cadre d'un circuit organisé. Ce dernier constitue un produit complet qui combine plusieurs offres à savoir ; le transport (avion et bus), l'hébergement, plusieurs attractions et visites, divers excursions. Cette combinaison d'offres de nature hétérogène rend l'analyse du comportement du touriste intéressante puisqu'elle permet de mettre en évidence un nombre important de réactions. Un séjour balnéaire n'aurait pas révélé autant d'informations compte tenu du caractère reposant et sédentaire de ce type d'expérience. La recherche a été effectuée à la fin du mois d'Octobre 2006 dans le cadre d'un séjour organisé par le tour Profession Déjà effectué Nationalité un voyage organisé oui Douanier Française Française oui Cadre dans l'immobilier Comptable Française oui oui Mère au foyer Française Française oui Institutrice à la retraite oui Ingénieur retraité Française Architecte oui Française Français Cadre dans l'immobilier non oui Française Retraitée lingère Fonctionnaire au ministère Française non de la défense Canadienne Infermière oui Française Fonctionnaire INSEE non Française Mère au foyer oui Enseignant retraité Française oui Fonctionnaire France Française oui Télécom Conseiller relation non Canadienne industrielle Fonctionnaire France oui Française Télécom Française oui Fonctionnaire PTT oui Technicienne de laboratoire Canadienne opérator: Orange Tour-FRAM TUNISIE et dont l'intitulé est « le grand tour de Tunisie » ( Annexe 1). METHODOLOGIE D'ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES . Dans le cadre de cette étude longitudinale nous avons procédé à deux séries d'analyse. Dans un premier temps une analyse lexicale, des entretiens effectués avant le départ du circuit, afin appréhender l'ensemble des attentes préétablies et dans un second temps une analyse thématique des entretiens phénoménologiques effectués durant le séjour. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 43 Anissa GLENZA ANALYSE DES RESULTATS D'ENTRETIENS EFFECTUES AVANT LE DEPART EN CIRCUIT révéler deux catégories d'attentes: des attentes expérientielles et des attentes fonctionnelles L'analyse lexicale suffit à expliciter la richesse des attentes du touriste et leurs fréquences d'apparition (Bardin, 2001) avant le départ. Ainsi les 19 entretiens ont permis de Tableau 2.- Dimensions des attentes formulées par les touristes avant le départ Attente relatives au séjour avant le départ Exemple de discours Catégories d’attentes Découverte (19 occurenes) << Découvrir l’essentiel >> curiosité géographique et culturelle << Se laisser porter >> << Découvrir une nouvelle façon de vivre >> (16 occurenes) << Désir d’évasion, de soleil en cette fin d’automne >> << je recherche la culture, les gens...>> Absence d’attentes particulières (4 occurrences) Le rapport qualité / prix (5 occurences) La sécurité (7 occurences) L’hygiène (4 occurences << Pas d’attentes bien définie, je compte beaucoup sur le guide>> << je veux me sentir en sécurité>> << Les mêmes conditions de logement que chez moi>> A la lumière de cette première analyse, il apparaît que même si les touristes semblent à la suite des entretiens effectués au moment de leur arrivée avoir des besoins et des attentes plus ou moins claires. Ils n'en reste pas moins que les attentes expérientielles qui devraient les satisfaire constituent des blocs d'idées générales dont ils ignorent encore le mode et la manière de les concrétiser. Ainsi, les attentes des touristes ne peuvent se définir en dehors de l'expérience vécue. ANALYSE DES RESULTATS D'ENTRETIENS PHENOMENOLOGIQUES EFFECTUES PENDANT LE SEJOUR Selon Max Van Manen (1990) la première étape d'une réflexion phénoménologique passe par une analyse thématique qui doit faire émerger une structure de l'expérience à partir de thèmes globaux décrivant le mécanisme du phénomène. Cette analyse thématique diffère des analyses thématiques classiques qui se basent sur le comptage d'un ou plusieurs thèmes dans une unité de codage préalablement déterminée. Dans le cas de notre analyse les différents thèmes sont regroupés à posteriori sans à priori théorique. La méthode d'analyse des données suivra la méthode thématique proposée par Van Manen (1990) et Lamarre(2004): Attentes expérientielles Attentes fonctionnelles 2- Identification des thématiques phénoménologiques permettant la compréhension du phénomène. 3- Relever une relation entre les thématiques récurrentes. 4- Mettre en évidence la structure essentielle ou générale du phénomène qui constitue le sens caché extrait des témoignages. Il est cependant important de noter qu'une étude phénoménologique ne produit pas une connaissance indubitable et que pour un même texte il peut y avoir plusieurs lectures possibles. ( Lamarre, 2002; Laplantine, 2005 ; Van Manen,1990 ). L'analyse des discours a permis de révéler dans un premier temps « l'immersion » comme étant l'expérience satisfaisante à laquelle aspire chaque touriste et dans un second temps « l'appropriation », « l'authenticité » et « les stimulations sensorielles » comme étant les trois antécédents de cette expérience optimale. Ces quatre thématiques semblent refléter la structure d'une expérience de voyage satisfaisante. 1- Perception du sens général du phénomène exploré en gardant à l'esprit la question phénoménologique de la recherche. « Comment les touristes vivent-ils une expérience touristique satisfaisante ? ». Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 44 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique Figure 1.- Structure d'une expérience de voyage satisfaisante Satisfaction Satisfaction Par l’immersion Antécédents Appropriation Authenticit é Stimulation sensorielle La satisfaction par l'immersion Tous les touristes qui ont participé à cette recherche ont clairement exprimé l'idée que la satisfaction n'était pas simplement un moment mais un processus qui évoluait tout le long du séjour. Ils considèrent que c'est un sentiment qui connaît des hauts et des bas selon le contexte vécu. Ils ajoutent que pour pouvoir vivre pleinement l'expérience de voyage, ils ont réellement besoin de se défaire de leur quotidien en s'imprégnant totalement du séjour et en s'immergeant complètement dans l'offre. « Il ne faut pas qu'on soit complètement en dehors, pour vivre pleinement le séjour j'ai besoin par exemple de voir le port de Gabés en activité, d'aller vers les gens, de discuter, de chercher ce qui m'intéresse dans tout ça… m'immerger dans cette réalité du tunisien » Henriette. D'autre part, on a pu identifier que l'absence d'immersion entraîne une frustration et un sentiment de déception. «Je n'aime pas être perçu comme une touriste à qui il faut offrir des choses biens formatés…j'étais tellement heureuse lors des rares moments où j'étais seule dans le marché à discuter de choses banales … comme la forme des pommes de terre ou des courgettes … J'avais ouvert les portes de la vraie Tunisie » Sylvie. L'immersion semble constituer un préalable nécessaire à la réalisation d'une expérience optimale. Le touriste, doit ainsi pouvoir s'immerger totalement dans l'offre « plutôt qu'a simplement rencontrer des produits finis » (Firat et Venkatesh, 1995). L'immersion est présentée par Hetzel (2002) comme un processus d'accès à l'expérience de « Flow » ou expérience extraordinaire. D'après (Csikszentmihalyi, 2004, p24) « le « Flow » n'arrive pas lorsque la personne est passive ou au repos. Ces grands moments surviennent quand le corps ou l'esprit sont utilisés jusqu'à leurs limites dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d'important ». Le « Flow » apparaît lorsque le consommateur perçoit au sein du site un challenge conforme à son habilité (Csikszentmihalyi, 2004), autrement il devient anxieux et s'ennui. Il faut donc prendre en compte le niveau de compétence et de créativité dont dispose le touriste et la manière dont ils les développent lors de l'immersion. Ainsi, « le consommateur n'est pas extérieur au processus de transformation dans lequel il est conjointement sujet agissant et objet de transformation » (Hetzel, 2002, P34). L'expérience fait ainsi appel à la sphère cognitive, affective et « praxéologique » et résulte de l'interaction personne - objet - situation. Le Touriste est ainsi l'unité de production de l'expérience, en donnant du sens à l'offre que le Tour Opérator propose. De plus au regard des résultats, tous les touristes semblent ne pas développer la même dynamique d'immersion. Cette étude met en évidence les moyens et méthodes permettant d'appréhender la dynamique de l'immersion qui se forge et s'actualise tout au long du séjour. C'est une construction qui apparaît au fur et à mesure des interactions entre le touriste et les composantes de l'offre. L'immersion à travers l'appropriation La propriété est ici moral psychologique et affectif, indépendante de la propriété juridique. L'objectif de cette possession est de rende propre ce séjour c'est-à-dire l'adapter à soi. Cette possession se fait à travers un processus de régulation entre le moi et le monde (le nonmoi). Ainsi si le séjour est une offre, l'appropriation du séjour constitue une des aventures issues de cette offre. A travers nos entretiens, nous avons mis en évidence les différentes opérations d'appropriation qui apparaissent tout au long du séjour (1) Appropriation de l'espace Nous avons constaté, qu'en s'appropriant l'espace, le touriste a besoin de se repérer par rapport à ses connaissances et par rapport au trajet proposé en se référant à des cartes ou à des plans. « J'aime un certain exotisme, mais j'aime bien savoir où je vais, j'ai mon itinéraire sur moi. Je le regarde souvent. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 45 Anissa GLENZA Je prépare le lendemain pour savoir ce qu'on va voir, parce que c'est une façon de s'imprégner même si c'est un voyage organisé… Puis ça nous rapproche mentalement de l'endroit où on va, moi je trouve ça bien. » Sylvieanne Le souci de se référez à des repères géographiques semble créer un ordre dans la conscience du touriste qui permet de le rassurer. De plus, certains touristes, bien qu'ayant choisi le voyage organisé, n'apprécient pas d'être contrôlés et guidés dans tous les déplacements et veulent se donner l'impression qu'ils contrôlent au moins le trajet en limitant ce sentiment d'impuissance en tant que co-acteur de leur offre. Appropriation de l'Histoire On devine chez le touriste un besoin d'ordonnancement des événements dans le temps. Ainsi tout devient plus agréable et le travail d'appropriation devient plus facile. Le voyageur semble pouvoir situer ses propres références historiques et celles qui vont venir s'ajouter tout au long du séjour. Cette construction mentale des différents faits marquants de l'Histoire permet de limiter ce sentiment de complexité historique qui peut révéler en lui un sentiment d'impuissance. Cette approche a permis aux touristes de mieux situer leur imaginaire. Ainsi, lors d'une visite, le guide ayant réduit l'Histoire à des dates et des faits présentés de manière scolaire, celle-ci s'est révélée être un passage obligé n'octroyant aucune joie au touriste. Il est donc important que le guide présente toutes les composantes historiques de l'offre, comme un trait d'union entre passé, présent et futur, en mettant en évidence des passés encore vécus. Appropriation de la culture Lors de nos entretiens et de nos observations nous avons ressenti un certain besoin de liberté. Ce besoin est difficilement révélé par peur de se retrouver dans une situation incontrôlable et non sécurisée. « Mais bon quelque part ça me dérange un peu, je me demande toujours si on s'est pas fait avoir, pour acheter des souvenirs, on ne connaît jamais très bien la valeur des choses , Mais bon on sait jamais si ça vaut le double ou le triple. C'est un peu agaçant on est sous tension et ça gâche tout » Martial Nous remarquons donc que la culture implique des règles et des buts plus au moins arbitraires permettant aux gens de s'immerger. Ces règles et ses buts doivent être adaptés aux aptitudes du touriste pour qu'il puisse connaître l'expérience optimale. Il est par conséquent important de clarifier certains aspects de la culture indispensable à la réalisation d'une expérience satisfaisante. Le touriste souhaite avoir des moments libres pour se balader, il est cependant important de réduire le décalage culturel en les informant sur tous les rouages de la culture auquels ils vont être confrontés. Si ils ne sont pas informés, les choses arrivent trop vite, ils perdent alors le contrôle de leur expérience. Les voyageurs s'intéresseront à tout à la fois et comme résultat ils ne seront attentifs à rien et s'éloignent de l'expérience optimale. « J'aurais aimé qu'il y ait des sorties dans les souks et les médinas préparées avec les gens du bus qui sont Tunisiens en disant: vous pouvez achetez ça en marchandant et le prix moyen serait de…, il faut éviter telle et telle chose…. cela nous permettrait d'aller découvrir cette ambiance spéciale de troc et de marchandage en étant en sécurité en gardant un minimum de contrôle sur les choses et là on s'immerge dans l'ambiance sans souci avec les gens du pays » Sylvie Néanmoins, cet encadrement doit se contenter de quelques informations et conseils qui limitent le sentiment de risque encouru. Si les moments libres sont en totalité encadrer par le guide et les organisateurs du séjour, le touriste se sent déposséder de cette liberté et de cette authenticité dans laquelle il souhaite s'immerger. L'appropriation et la personnalisation de l'offre. Au delà de la découverte d'autres lieux, nous avons noté que le touriste est à la recherche d'offres en accord profond avec soi-même. Ainsi, il cherche à être moins passif en apportant sa touche personnelle lors de son vécu. Il souhaite donner à une partie de son séjour un sens qui lui est propre « …. Donc il y a découverte du pays et aussi me livrer à une passion qui m'est personnelle, je ne cherche pas la montagne mais j'essaye quand même de prendre en compte ma passion dans mon processus de découverte ici je pose souvent des questions sur les plantes, les reliefs, je ramasse des plantes pour ma collection. Vu que tout est organisé à la minute prêt on n'a pas toujours le temps de le faire »Eugène L'idée ici est de savoir si l'offre permet au touriste de développer de manière satisfaisante les stratégies d'appropriation qui répondent à ce besoin d'identification. Les expériences doivent ainsi constituer « des moments d'interactions avec des produits ou services qui satisfont la construction identitaire du consommateur ». ( Cova et Cova, 2001). Le touriste attend du séjour qu'il réponde à ce besoin d'identité, le défi est de pouvoir lui faire vivre une expérience personnalisée. L'appropriation et l'acquisition de connaissances propres L'appropriation peut aussi se manifester sous l'angle d'une révision de connaissances souvent imposées. Dans ce cas le touriste cherche à vérifier certains faits qui lui ont été Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 46 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique révélés. Le vacancier se lance ainsi dans une quête de vérité qui lui est propre. « Je veux savoir si c'est vrai ce qu'ils nous disent, si c'est gens là sont différents, ils ne peuvent pas être différents des êtres humains. C'est seulement des gens de culture différente, une autre façon de voir les choses, il y a bien des points communs. Faut aller voir par soit même, il faut s'ouvrir ». Jacques « On nous présente les arabes comme des gens plutôt froids, voilés, cachés, comme si ils voulaient créer une barrière entre nous et ça n'est pas vrai… Mêmes les gens voilés sont super souriants… De plus ici il parle français c'est une chance pour les gens qui ne parlent pas plusieurs langues, c'est une occasion de connaître les autres cultures, enlever les préjugés qu'on a, moi je trouve ça super». Sylvieanne Cette appropriation constitue une revanche par rapport à ceux qui désirent prendre le contrôle de leurs esprits. Cette activité intellectuelle procure une joie à celui qui réussi à se défaire du contrôle et des opinions des autres en retrouvant sa liberté de penser. Cette approche peut être vue comme un renouvellement de soi sous l'angle d'une restauration d'un soi vraiment libre de ses opinions. L'appropriation à travers le vécu d'un autre moi Il apparaît au cours des entretiens que le touriste cherche à faire l'expérience d'un autre moi en s'appropriant les comportements de personnages typiques fictifs ou réels du pays hôte. Les interviews ont révélé ce désir de vivre dans la peau d'un autre. « Les promenades à dos de dromadaire j'ai adoré avec la tenu d'habitant du sud toute la panoplie même si c'est du folklore c'est super, je me sens réellement dans la peau de ces gens là, j'ai même fini par oublier d'où je viens » Pauline. avec des chevaux qui passent. Ça permet de m'approprier le séjour, ça se sont des choses qui se sentent intérieurement. » Sylvieanne Ces résultats confortent l'idée de Serfaty-Garzon (2003), pour qui l'appropriation le tissage des significations n'est pas uniquement de l'ordre du marquage personnalisé, mais du choix d'un mode d'être. Le touriste peut donc choisir un mode d'être qui n'est pas le sien et vivre l'expérience d'un autre moi. Il cherche ainsi à rompre avec la vie quotidienne, son soi souhaite vivre un non soi. Ainsi une autre façon d'être et de vivre émerge du voyage. Cela entre donc dans le cadre de l'appropriation du séjour au travers du vécu d'un autre moi. Le touriste peut vivre l'expérience d'un autre moi sans forcement s'identifier à un autre individu mais simplement en pénétrant une nouvelle réalité culturelle. Cela relève d'une quête profonde de changement intérieur et d'un désir de rencontrer un monde hors de ses frontières Ces résultats semblent en accord avec les propos de Ladwein (2002b), pour qui l'appropriation des composantes du séjour confère une certaine expertise de la situation à l'origine d'une expérience optimale. Il est cependant important de noter que souvent, l'appropriation produit l'effet inverse à l'optimisation de l'expérience. Ainsi, même si elle améliore la qualité de la vie en créant un ordre dans la conscience, elle peut entraîner une dépendance qui rend le soi captif d'un certain ordre et indifférent aux autres réalités de la vie. (Csikszentmihalyi, 2004). L'immersion à travers la quête de l'authenticité. Lors du séjour, la quête d'authenticité des touristes est apparue sous plusieurs formes En s'appropriant la vie de quelqu'un d'autre le touriste souhaite pouvoir agir sur le déroulement de l'expérience. L'expérience de voyage devient alors un échange entre le voyageur et les situations vécues enrichies d'un contexte social et historique. Ce rappel du passé historique lors du séjour peut devenir un moment fort agréable, permettant de revivre des scènes mythiques d'un passé jusque là vécu à travers les livres, les films, les chansons. La quête d'authenticité et l'ouverture au monde : Nous avons constaté que le touriste cherche à vivre l'authenticité à travers la rencontre d'un autre peuple. Cette interaction avec les gens du pays lui permet de comprendre les significations de cette culture inconnue et aussi d'appréhender la modernité vécue par le peuple tunisien malgré un passé encore très présent. D'un autre côté les touristes sont à la recherche d'un imaginaire teinté de nostalgie. Cet imaginaire est perçu dans les traditions locales. Ils essayent ainsi de trouver chez leurs hôtes des gestes anciens, des valeurs dépréciées dans leur propre culture. Si ces relations arrivent à être vraiment authentiques et intenses, les touristes peuvent réussir leur immersion. «Moi je m'intéresse particulièrement à l'histoire, à la géographie. Quand je suis allée en Europe C'était pour l'architecture, l'histoire donc c'est pour ça que je m'intéresse à Carthage. Donc l'important ce n'est pas ce qu'il va y avoir, c'est pensé que je suis sur le même sol que…. Je m'imagine, j'essaye de revivre ne serait ce qu'un court moment la vie d'Elyssa, d'Hannibal. Je suis allée au pont du Gard, je m'imaginais à une période particulière « Comment peut-on connaître les gens d'un pays quels qu'ils soient si on ne va pas dans leur univers, on ne mange pas avec les gens du pays, (dommage qu'il y ait le problème de la langue) tout a son importance. Si on ne rentre pas comme en Guadeloupe dans une case voir comment ils font à manger, si on n'y va pas on ne peut pas sentir le pays. Je vois hier quand on est allé chez ces gens là (maisons troglodytes) on rentre dans leur intimité, on est Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 47 Anissa GLENZA complètement imprégner de leur vie. Ils sont heureux de nous accueillir dans leur maison.'' Michel L'immersion semble ici s'inscrire dans une recherche profonde d'authenticité. Cette rupture avec la vie quotidienne est, pour le touriste, à l'origine de l'apprentissage d'un grand nombre de connaissances sur le monde et sur soi. Ce contact a permis une meilleure connaissance des tunisiens, la disparition de certains préjugés inconsciemment inculqués et par conséquent une aisance dans ses rapports avec autrui. « …d'aller à la rencontre des gens dans leurs quotidiens dans leur authenticité ça m'a permis de démystifier tous ce qui nous est dit par les médias. Ils nous imposent des points de vue mais vu de prêt tout ça est tellement faux. » Vanessa La prise en compte de cet aspect est particulièrement notable dans les nouvelles tendances d'hébergement des touristes un peu partout dans le monde, les maisons d'hôtes, les ryads au Maroc. Il s'agit de techniques d'hébergement qui misent sur la proximité du touriste avec la population hôte. Ce concept facilite l'immersion dans la vie réelle et privée des autochtones. Une telle immersion les plonge dans un univers où les traditions, la culture et la vie font preuve d'une grande authenticité. groupe dans les environnements naturels authentiques visités, fait appel aux sens et implique un état physique et émotionnel intense qui conduit au sentiment de distorsion temporelle souhaité. Ils cherchent ainsi une forme de perfection qu'ils ne trouvent pas chez eux. Dans ce contexte un autre thème apparaît, la recherche de soleil priorité importante pour les visiteurs. Leur séjour, même culturel, doit répondre à cette exigence climatique typique de la région. « Dans notre optique de dépaysement total il y a le côté climatique, on voulait voir quelque chose touristiquement, l'histoire des gens mais avec le soleil, on fait toujours nos voyages en début de saison hivernale et on est sûre d'avoir du soleil, c'est ce qui est intéressant » Michel Cette quête d'authenticité se fait avec un risque constant de rupture d'équilibre. Le touriste recherche constamment des lieux et des peuples nouveaux jusque là préservés. Une fois découvert, ces espaces et cultures authentiques passent rapidement du statut de nouvelle découverte authentique à celle d'attraction authentique. Au bout d'un certain temps cette attraction se transforme en mise en scène inauthentique et le touriste doit par conséquent aller ailleurs pour retrouver l'authenticité. Cependant la généralisation de telles approches risque de nuire à ce concept d'authenticité culturelle dont l'idée clé est l'originalité, l'imaginaire, les traditions, les différences culturelles. Ces structures d'hébergement, même si elles répondent à un désir profond des touristes, ne peuvent se multiplier de manière anarchique au risque de perdre ce potentiel d'immersion culturelle authentique qu'elles offrent. De plus, la tolérance dont les autochtones ont longtemps fait preuve à l'égard des touristes, risque d'être mise à mal s'ils se sentent épiés de manière malsaine. Mac Cannell (1999) affirme à juste titre que « le concept de tourisme est la poursuite d'une authenticité mise en scène dans des actes de respect conventionnels pour un « autre » Dans le cadre de la gestion touristique, les professionnels prennent en compte cette quête permanente d'authenticité, considérée par Cova et Cova (2001) comme étant de l'ordre du passé, du fantasme et de l'imaginaire en développant un marketing de l'authentique. « Ce marketing de l'authentique cherche à orienter la création des produits et services dans le sens d'une réinterprétation par tous les moyens possibles d'authentification » Ces offres souvent décrites comme authentiques ont été mal perçues par certains membres du groupe qui y ont vu un produit pour touriste dénué de toute valeur fantastique ou imaginaire. Même s'ils sont conscients que l'authentique est difficile à obtenir, ils veulent au moins que le désir d'authentification de l'offre puisse cacher l'opportunisme marchand qui en est à l'origine. L'authenticité à travers l'environnement naturel Certains touristes ne se font plus d'illusion sur l'authenticité des cultures et des populations mais gardent cependant un espoir de la retrouver dans les paysages et les richesses naturelles. «Les spectacles par exemple sont surfaite. On sent que c'est pour touriste, je n'ai pas vu des choses authentiques comme des animations traditionnelles habituelles surtout au mois de Ramadan je crois qu'il y de la matière à ce niveau » Jacques « Moi j'aime beaucoup, les paysages, j'aime beaucoup la nature, les grosses populations ça ne me dérange pas, mais j'aime moins ça. Je préfère plus les montagnes, les oasis, moins les villes, j'aime bien voir des choses très particulières, très originales, mais pas la ville comme telle » Jacques Cependant, d'autres touristes acceptent facilement de retrouver cette authenticité rêvée à travers un autre totalement mis en scène. Ils considèrent que cet authentique simulé leur offre les aspects recherchés dans un cadre sécurisé. IL se réduit aux aspects imaginés et acceptés par le système de valeur des touristes. L'offre authentique relève donc d'un équilibre difficile à atteindre. Le touriste moderne apparaît comme l'expression vivante L'immersion, vécue par certains nombre de touristes du Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 48 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique d'une quête d'authenticité. Ainsi comme l'homme moderne est « aliéné » et vit une vie inauthentique, il va chercher une expérience authentique sous d'autres cieux ou d'autres époques historiques, d'où le voyage touristique (Mac Cannell, 1999). Cette quête d'authenticité est souvent motivée par un imaginaire rêvé et nourri de nostalgie Immersion à travers les stimulations sensorielles La stimulation des sens lors de ce séjour s'est manifestée chez les touristes du groupe sous plusieurs formes. La stimulation du goût à travers l'art culinaire L'immersion vécue à travers la cuisine est apparue chez certains touristes comme étant une recherche de plaisir et d'enchantement. Il avait donc comme objectif de s'évader en retrouvant des épices associées à un Orient coloré. «C'est peu être ringard mais pour moi c'est important les racines, la famille, les choses que je voie, que je touche, ça va jusqu'à la nourritures. Par exemple tout à l'heure on a goûté le lait de palmier, on avait l'occasion de le goûter, quelque part je serais montée dans le bus sans l'avoir goûté, je me serais dit c'est bête « j'ai peut être loupé quelque chose » » Sylvie « On aurait aimé avoir une cuisine plus typique cela fait partie du rêve associé au voyage » Héléna La recherche de plaisir gustatif a motivé certains touristes. Ces derniers ont développé des aptitudes cognitives et physiques afin de profiter des plaisirs que le goût et les odeurs peuvent offrir pour atteindre l'expérience optimale. Csikszentmihalyi (2004) ajoute à ce sujet que c'est à table que les gens se disent le plus détendus et le plus heureux même si il manque certaines conditions de l'expérience optimale: la grande concentration. Stimulation de la vision à travers l'environnement. Lors du séjour les touristes tenaient absolument à avoir des arrêts fréquents pour observer des paysages inédits. Cependant ces arrêts ne se limitaient pas à une simple action d'observation. Les touristes semblaient développer un comportement physique et mental intense afin de s'immerger dans le rêve, l'imaginaire associé à ce paysage à l'image de ce que défini Csikszentmihalyi (2004) comme étant « l'aptitude visuelle ». « C'est dommage qu'on ne puisse pas s'arrêter plus souvent, tout à l'heure il y avait de beaux paysages au milieu de la route je les ai prise rapidement par la fenêtre on n'a pas eu le temps de se ressourcer à travers ce paysage, de s'en imprégner. » jean baptiste Ces aptitudes visuelles ont souvent été mises à mal lorsque le regard du touriste a rencontré des spectacles malencontreux, qui engendrent une immersion certes mais dans un univers désagréable. Cela a souvent était le cas de spectacles navrants présentés aux touristes par l'environnement. De telles scènes peuvent ruiner des efforts fait à d'autres niveaux, en donnant une fausse idée de la culture, des traditions et du quotidien de la Tunisie… « ce que j'aime le moins en Tunisie, l'environnement c'est important et je trouve qu'il y a des efforts et il y a des choses plus simples qui ne sont pas faites par exemple les sacs en plastique qui représentent une pollution terrible, l'autre chose que j'aime moins parce que on est pas habitué c'est qu'il y a pas mal de choses inachevées , des maisons, des routes , je sais que c'est votre culture, moi je n'aime pas ça mais, ça n'est pas si grave , je respecte ça. » Jacques Le touriste semble avoir envie d'avoir une part d'initiative dans cette expérience de stimulation sensorielle. Or, souvent le touriste est prisonnier de l'environnement sensoriel que créent les professionnels du tourisme puisque l'initiative de l'échange appartient à l'entreprise touristique dont le contrôle de l'expérience devient le but. Faute de pouvoir contrôler « les sens » du touriste il semble indispensable de tenir compte du processus sensuel que les touristes développent. L'immersion à travers les sens n'est pas le résultat d'un simple processus corporel, le cerveau et les muscles sont aussi impliqués. Pour que l'immersion soit réelle il est nécessaire que le contexte sensoriel mis en œuvre par les professionnels du tourisme corresponde aux aptitudes cognitives, affectives et physiques du touriste. D'autre part les touristes recherchaient l'authenticité de l'environnement dans les sites naturels ainsi que dans les lieux de passages à savoir les routes, les villes, les hôtels… « J'aime bien trouver des choses très particulières, très originales, très dépaysantes, très authentiques partout autour de moi… » Jacques. Cela révèle ainsi l'importance de l'architecture des hôtels, l'aménagement des chambres, l'urbanisme, l'aménagement territoriales…dans la gestion touristique en général et de l'environnement en particulier. Ces entretiens et observations mettent donc en évidence les capacités multiples du corps. Ce dernier développe des capacités symboliques, intellectuelles permettant de profiter d'un environnement stimulant facilitant ainsi l'immersion dans un vécu. Ces expériences optimales ne sont donc pas simplement un processus qui active les sens, l'esprit est aussi constamment impliqué. En définitif l'expérience vécue ne peut plus être considérée comme un simple événement vécu en réponse à certaines stimulations. L'idée est donc de créer un environnement adéquat pour que les expériences, émergent d'elles mêmes. Ainsi d'après Schmitt (1999) « nous ne créons pas l'expérience mais bien son contexte ». Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 49 Anissa GLENZA CONCLUSIONS MANAGERIALES ET I M P L I C AT I O N S Cette recherche a permis de mettre en évidence l'importance de la notion d'immersion dans l'évaluation de l a q u a l i t é d ' u n s é j o u r. L ' é t u d e q u a l i t a t i v e phénoménologique a permis de révéler trois approches mises en oeuvre par le touriste afin de s'immerger dans son vécu. Nous avons ainsi étudié le processus d'immersion développer tout au long du séjour au regard des attentes préétablies et des attentes qui apparaissent au fur et à mesure qu'évolue le séjour. Le touriste accède donc aux moments agréables de l'immersion par une combinaison complexe d'opérations, d'appropriations, de quête d'authenticité et de quête de stimulation sensorielle. Il est a noté que l'expérience optimale que le touriste cherche à vivre lors de son immersion n'est pas le simple résultat de stimulations offertes par les professionnels et les organisateurs du voyage mais dépend des aptitudes, des compétences et des connaissances que le touriste met en jeu. Comme l'indique à juste titre Csikszentmihalyi (2004) « l'expérience optimale survient lorsqu'il y a une correspondance adéquate entre les exigences de la tâche et les capacités de l'individu ». De plus pour que son séjour le conduise à l'expérience optimale, il est nécessaire que le touriste développe assez d'aptitudes de contrôle lors de l'appropriation, de la quête d'authenticité et lors de la quête de stimulation et ce pour réduire le risque de déception à presque zéro. Cependant cela relève d'un équilibre difficile car si l'aptitude à contrôler une expérience devient trop intense cela risque de nuire à la valorisation de l'expérience optimale dont l'une des conséquence et la perte de « la conscience de soi » (Csikszentmihalyi,2004 et Ladwein, 2002b). Ainsi, si l'expérience semble se produire sans effort, ça n'est pas le cas. Elle requiert un grand effort physique mental et ne peut se produire sans un minimum d'aptitudes, de concentration et de contrôle. D'autre part et comme l'a déjà constaté Ladwein (2002b) la manière de voyager varie d'un individu à un autre mais sur le fond d'un point de vue structurel, on observe que très peu de différences fondamentales. Ainsi les composantes mises en évidence par cette étude peuvent constituer la structure expérientielle de l'expérience vécue lors d'un séjour touristique. Les Implications managériales Les professionnels du tourisme tunisien ont déjà pris conscience que les attentes des touristes reposaient moins sur les caractéristiques intrinsèques de l'offre que sur un regain d'intérêt pour des valeurs fragilisées par la vie quotidienne et l'évolution de la société tel que l'identité locale, l'imaginaire intimiste, une quête de soi, l'authenticité, les traditions. Cependant ces approches de l'authenticité et de la stimulation sensorielle proposées sont pensées par les professionnels tunisiens et offert par des Tours Opérator étrangers. Ces offres ne correspondent pas forcement aux attentes relatives à l'authenticité, à l'appropriation et à la stimulation sensorielle qui se construisent au contact de l'offre. « Les excursions, les sorties, enfin le séjour tel qu'il est organisé actuellement ne permet pas l'immersion qu'on recherche » Henriette L'innovation renvoit à la prise en compte des différents comportements qui vont définir des habitudes de consommations nouvelles. Pour les professionnels du tourisme le défi est donc de réussir un ajustement de l'offre en restant dans un processus industriel. Le séjour acquiert ainsi des fonctions nouvelles qui nécessitent de repenser les pratiques managériales. Concernant les comportements mis en œuvre par le touriste pour s'assurer une expérience optimale, ils peuvent aider à enrichir la réflexion sur les techniques d'accompagnement à développer au fil des actions entreprises par le touriste. Cet accompagnement nécessite de repenser certains éléments de l'offre tel que l'emplacement les lieux d'hébergements, les prestations culinaires, les caractéristiques du circuit (route à suivre, nombre d'arrêt, nature des arrêts). De plus et comme l'indiquent à juste titre Carù et Cova (2003) il faut apporter une attention particulière à certains éléments de l'offre considérés comme difficilement gérables mais néanmoins d'une importance majeure au regard de ces nouvelles tendances de voyage à savoir le personnel en contact tels que les guides, les chauffeurs, les vendeurs, les employés d'hôtels…. Sans omettre de revoir le positionnement des offres en mettant en avant toutes ces nouvelles exigences du touriste. Enfin cette étude nous a aussi permis de conforter l'idée selon laquelle le tourisme saharien ne peut se contenter d'être un tourisme d'excursion ou de passage, puisque les touristes regrettent souvent cette découverte rapide et sommaire d'une région aussi riche qui constitue un cadre d'immersion idéale. Cela est certainement vrai pour d'autres régions dont on néglige souvent le potentiel. « …Mais si je dois revenir, je dois trouver une autre formule pour découvrir en profondeur la Tunisie » Sylvie Les limites et les voies futures de recherche Cette étude n'est pas dénuée de limites, il est donc important d'en tempérer les résultats. Tout d'abord l'échantillon est issu d'un même groupe ayant était soumit dans la globalité à des conditions de séjour identiques de plus ce même échantillon ne jouit pas de diversité au niveau des nationalités. Ces deux aspects peuvent éventuellement nuire à la richesse des interprétations faites par les touristes. Nous envisageons donc de compléter notre recherche par de nouvelles investigations qualitatives en nous adressant à des groupes de nationalités différentes. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 50 Exploration de la satisfaction d’un circuit touristique De plus l'expérience de voyage relève d'un processus plus global. Il serait donc plus complet d'analyser l'expérience de voyage à travers les trois étapes clé d'un séjour, à savoir: avant, pendant et le retour car chaque phase est en soi un objet de connaissance pour les professionnels du tourisme qu'il est important d'éclaircir. Afin de mieux cerner les composantes et les actions relatives aux différentes dimensions mises en évidence, il serait intéressant de faire de nouvelles investigations qualitatives. Ces investigations permettraient de mieux comprendre comment le touriste s'immerge, s'approprie et est stimulé: voir comment cela se passe exactement. D'autres part, il serait intéressant d'étendre l'étude à des séjours balnéaires, dans ce cas les différentes dimensions pourraient ne pas s'exprimer de la même manière. BIBLIOGRAPHIE Amirou R. (2003), De l'image à l'imaginaire: phénoménologie du sujet touristiques, in Spindler J. et Durand H « le tourisme au XXIème Siècle ». L'Harmattan Bardin L. (2001), L'analyse de contenu, Presses Universitaires de France, Paris. Bergery L. (2003), Demande rêvée, demande vécue, in Spindler J. et Durand H « le tourisme au XXIème Siècle ». L'Harmattan Dion D. et Ladwein R. (2005), La photographie comme matériel de recherche, journées de recherche en marketing Bourgogne. Carù A. et Cova B. (2003), Approche empirique de l'immersion dans l'expérience de consommation : les opérations d'appropriation, Recherche et application en marketing, 18, 2, 45-65. Cova V. et Cova B. (2001), Alternatives Marketing, Paris, Dunod. Cova V. et Cova B. (2002), Les particules expérientielles de la quête d'authenticité du consommateur, Décision Marketing,28, 33-41. Csikszentmihalyi M. (2004), Vivre la psychologie de Bonheur, Pocket, Paris. Firat F.A. et Venkatesh A. (1995), Liberatory postmodernism and the reenchantment of consumption, Journal of Consumer Research, 22(December), 239-267. Fournier S. (1998), Consumers and their brands: developing relationship theory in consumer research, Journal of Consumer Research, 24-4-343-373. Glaser B.G. et Strauss A.L. (1967), The discovery of Grounded theory : strategy of qualitative research, New York, Aldine. Publication company, New york. Grotsch M.K. (2002), Culture, plaisir et bonheur comme méthode de l'expérience ou : comment les méthodes de l'expérience peuvent attirer les gents et s'appliquer avec succès, Trillenium group , Séville , Espagne, 11-13. Hamza M. Burhin F. (1999), La gestion intégrée de la qualité des destinations touristiques, Cahier Espace. 61, p 50. Hetzel P. (2000), Approches socio-sémiotiques du design des lieux de distribution postmodernes, Décision Marketing,14, 7-17. Hetzel P. (1996), Les entreprises face aux nouvelles formes de consommation, Revue Française de Gestion,110, Septembre-Octobre , 70-82. Holbrook M.D. et Hirshman E.C (1982), The experiential aspects of consumption: consumer fantasies, feeling, and fun, Journal of Consumer Research, 9,132140. Holt D.B. (1995), How consumer consume: a typology of consumption practices, Journal of Consumer Research, 22,1, 1-16. Hudson L.A ET Ozonne J.L. (1988) Alternative ways of seeking knowledge in consumer research, journal of consumer Research, 14, 1,508-521. Husserl.E. (1913), Idées directrices pour une phénoménologie, traduction Paul Ricoeur, Gallimard, 1950. Ladwein R. (2002a), Voyage à Tikidad : de l'accès à l'expérience de consommation, Décision Marketing, 28, 53-63. Ladwein R. (2002b), Les modalités de l'appropriation de l'expérience de consommation : le cas du tourisme urbain, Cahier de recherche CLAREE, Décembre. Ladwein R (2003), L'expérience de consommation et la mise en récit de soi : Le cas du Trekking, Journée de la recherche marketing de Bourgogne, dijon, 25-34. Lamarre A.M. (2004), Etude de l'expérience de la première année d'enseignement au primaire dans une perspective phénoménologico-herméneutique, Recherche qualitative, 24,19-56. Laplantine F. (2005), La description Ethnographique, Armand Colin. Mac Cannell D. (1999), The tourist : A new Theory Of leisure Class, Third Edition, Berkley, University of California Press. Merleau-Ponty M. (1945), Phénoménologie de la perception, Tel Gallimard. Nelson P. (1970), Information and Consumer Behaviour, Journal of Political Economy,78, 311-329. Oliver R.L. (1993), Cognitive, affective and attributes bases of the satisfaction response, journal of consumer research, 20, 3, 418-430. Poupart, Deslauriers, Groulx, Laperrière, Mayer, Pires (1997), La recherche Qualitative : Enjeux épistémologiques et méthodologiques, Gaétan Morin Editeur. Schmitt B. H. (1999), Experiential Marketing: how to get customers to Sense, Feel, Think, Act and Relate to your company and brands, The Free Press, New York. Schmitt B H. (1999), Experiential Marketing, Journal of marketing Management, 15, 53-67 Serfaty-Garzon P. (2003), “ L'appropriation ” in Dictionnaire critique de l'habitat et du Logement, sous la direction de Segaud M.,Brun J, Driant JC.,27-30, Editions Armand Collin. 27- 30. Paris. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 51 Anissa GLENZA Annexe 1 Grand Tour de Tunisie au départ de Monastir (FRAM) 7 nuits en pension complète France - Tunisie / Monastir - El Djem - Gabès - Djerba / Tataouine - Matmata ou Douz / Douz - Kebili - Tozeur / Tozeur - Sbeitla - Kairouan / Kairouan - Hammamet - Nabeul / Tunis - Carthage - Sidi Bou Saïd Monastir / Tunisie - France. Liste des étapes · 1er jour : France - Tunisie Arrivée à Monastir ou Tunis, accueil, transfert et installation en hôtel*** à Monastir ou dans la région de Sousse ou de Mahdia · 2e jour : Monastir - El Djem - Gabès - Djerba (420 km) Départ matinal vers Gabès via El Djem : arrêt à l'amphithéâtre romain. Départ pour Djerba par le bac. Visite de Houmt Souk « capitale » de l'île et de la synagogue « La Ghriba ». Dîner et logement en hôtel*** à Djerba, Zarzis ou Gabès. · 3e jour : Tataouine - Matmata ou Douz Départ par la chaussée romaine : Tataouine (son marché aux épices et ses cornes de gazelle). Chenini, village berbère adossé à flanc de montagne. L'après-midi, visite de Ksar El Farch, ancien grenier berbère et Matmata village troglodytique. Visite de Douz, porte du désert et capitale des M'Razig, tribu nomade d'origine tripolitaine. Dîner et logement en hôtel à Douz. · 4e jour : Douz - Kebili - Tozeur (180 km) Le matin, randonnée à dos de dromadaire dans les dunes, facultative, 15 Dinars environ, à régler sur place. Continuation pour Kebili, capitale des Nefzaouas, jadis important marché d'esclaves. Traversée du Chott El Djerid (lac asséché) et arrivée à Tozeur : visite de la ville, du zoo, du jardin botanique et du Musée Dar Cherait. Dîner et logement à Tozeur ou Nefta en hôtel***. · 5e jour : Tozeur - Sbeitla - Kairouan (400 km) Matinée : repos ou visite facultative des oasis de montagne en 4 x 4 (35 Dinars environ à régler sur place). Départ pour Gafsa et Sbeitla (visite des vestiges romains). Dîner et logement en hôtel*** à Kairouan ou dans la région de Sousse/Monastir. · 6e jour : Kairouan - Hammamet - Nabeul Visite de Kairouan, l'une des plus célèbres villes de l'islam. Continuation sur Hammamet : visite de la vieille ville et d'un atelier de poterie artisanale à Nabeul. Dîner et logement en hôtels*** à Hammamet ou Tunis. · 7e jour : Tunis - Carthage - Sidi Bou Saïd Monastir (200 km) Matinée consacrée à la visite de Tunis : le musée du Bardo et la Médina. L'après-midi, visite du village de Sidi Bou Saïd et de Carthage (les thermes d'Antonin, le Tophet, les ports puniques, la colline de Byrsa). Selon l'aéroport de départ, dîner et logement en hôtel*** à Tunis (ou environs) ou continuation vers Monastir/Sousse. · 8e jour : Tunisie - France Transfert à l'aéroport de Monastir (ou à votre hôtel de séjour). Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 52 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 IMPACT DU CONTRÔLE PANOPTIQUE ÉLECTRONIQUE SUR L'ACCEPTATION DES UTILISATEURS DU CUTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT : CAS TUNISIANA Raouia BIRI Doctorante, ISCAE Tunis Université de la Mannouba, Tunisie [email protected] & Jamel-Eddine GHARBI Maître de Conférences, FSJEG Jendouba Université de Tunis [email protected] Résumé Cet article a pour principal objectif l'étude de l'impact du contrôle panoptique électronique sur l'acceptation des utilisateurs du système Customer Relationship Management (CRM) et l'impact de l'acceptation des utilisateurs de ce système sur le travail des utilisateurs. Les résultats de notre recherche montrent que le contrôle panoptique électronique agit négativement sur la satisfaction de l'utilisateur. En effet, le contrôle panoptique est perçu par les individus comme un manque de confiance de la part du management pouvant aboutir à distendre les liens de confiance et à provoquer ainsi l'insatisfaction vis à vis du système. Par ailleurs, les résultats montrent que l'acceptation des utilisateurs du système Customer Relationship Management (CRM) a un impact positif sur le travail des utilisateurs. Mots clés CRM, satisfaction, contrôle panoptique électronique, acceptation. 71 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 IMPACT DU CONTRÔLE PANOPTIQUE ÉLECTRONIQUE SUR L'ACCEPTATION DES UTILISATEURS DU CUTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT : CAS TUNISIANA Raouia BIRI Doctorante, ISCAE Tunis Université de la Mannouba, Tunisie [email protected] & Jamel-Eddine GHARBI Maître de Conférences, FSJEG Jendouba Université de Tunis [email protected] Introduction Dans les années 1990, la globalisation des marchés, le développement technologique, la concurrence accrue et l'augmentation de la demande des clients a de plus en plus amené les entreprises à renouveler leurs systèmes de management afin de s'adapter au nouveau contexte concurrentiel (Chalmeta et al, 2001). Ce changement d'orientation a entraîné de profondes mutations des stratégies des entreprises. Aujourd'hui, les réflexions ne se tournent donc plus vers le produit, mais plutôt autour d'une politique visant à donner toujours plus de satisfaction aux clients .Bien que le service à la clientèle a toujours été un pilier de l'activité commerciale, un nouveau modèle de gestion de la relation client connu sous le nom de Customer Relationship Management (ou encore CRM) est devenu nécessaire afin d'adopter une forme d'organisation axée sur la clientèle. La gestion de la relation client a depuis commencé à attirer l'attention aussi bien des universitaires que celle des professionnels du marketing et de l'informatique. L'intérêt académique pour la gestion de la relation client s'est développé parallèlement à la croissance impressionnante de l'orientation des relations et des mises en place de solutions de la gestion de la relation client dans les entreprises. Les premières entreprises à avoir adopté une démarche de la gestion de la relation client sur des marchés importants exerçaient dans les domaines suivants : services financiers, détaillants, tourisme, services publics et automobile et notamment les télécommunications (Sheth J., Shainesh G., 2005). Pour les praticiens, l'étude des antécédents de l'acceptation de la technologie CRM permet de mieux comprendre les besoins des utilisateurs en termes de nouvelles technologies de l'information et des systèmes d'information en général, afin de pouvoir prendre en considération leurs besoins lors de la phase de conception de ces systèmes. La résistance des employés est l'un des principaux risques associés à l'application CRM. Dans la plupart des sociétés, les projets CRM sont souvent voués à l'échec parce qu'ils rencontrent de la résistance de la part des utilisateurs (Xu et al, 2002). On se propose donc dans le cadre de cette recherche de répondre à la problématique qui est l'étude de l'impact du contrôle panoptique électronique sur l'acceptation des utilisateurs du système CRM et l'impact de l'acceptation des utilisateurs du système CRM sur le travail des utilisateurs. 72 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI LE CONCEPT DE GESTION DE LA RELATION CLIENT Le concept de la gestion de la relation client (GRC) ou Customer Relationship Management (CRM) en anglais est un concept relativement nouveau même si l'idée qui se cache derrière est ancienne dans la mesure où le client prend une place primordiale dans l'organisation. On retrouve déjà la philosophie du CRM chez Théodore Levitt, dans les années 60, exprimant l'idée selon laquelle « la raison d'être d'une entreprise est de créer et de garder un client ». Le CRM ne constitue donc pas en soi une révolution mais il permet de gérer une relation one-to-one à une très grande échelle (Brown, 2001), chose impossible auparavant, l'informatique et les logiciels étant les supports de ce système (Billé J., Soparnot R, 2006). Il n'existe pas de réel consensus sur la définition de la gestion de la relation client (Customer Relationship Management) (Zablah, A. R., Bellenger, D. N. and Johnston, W. J. ,2004). Certains le considèrent comme un processus qui comporte un ensemble d'activités permettant de construire des relations durables avec le client (Srivastava et al., 1999 ; Plakoyiannaki & Tzokas, 2002), d'autres le considèrent comme une stratégie permettant de construire une bonne relation avec chaque client (Kracklauer et al., 2001 et Verhoef & Donkers, 2001) ,d'autres encore le perçoivent comme une philosophie économique où les organisations doivent s'organiser pour s'adapter aux besoins des clients ou encore comme la capacité des organisations à investir dans un ensemble de ressources leur permettant de modifier leurs approches selon le client (Peppers et al., 1999). D'autres encore considèrent le CRM comme une technologie permettant de relier des fonctions de front office (vente) et de back office (logistique) pour assurer la gestion efficace et efficiente des interactions entre les différents points de contact client (Internet, ventes par appel, etc.) (Chen et Popovich, 2003). Nous retiendrons l'approche technologique du CRM dans le cadre de cette recherche. LE CADRE CONCEPTUEL Nous analyserons au niveau de cette recherche la relation entre la variable du contrôle panoptique électronique (variable indépendante) et la satisfaction de l'utilisateur du CRM (variable intermédiaire) et l'influence de cette dernière sur l'acceptation des utilisateurs du système CRM (variable intermédiaire) et l'impact de l'acceptation des utilisateurs du système CRM sur le travail des utilisateurs (variable dépendante). Nous présenterons dans ce qui suit ces différentes variables. LE CONTROLE PANOPTIQUE ELECTRONIQUE Le pouvoir d'information est devenu un enjeu de lutte entre les acteurs, une lutte pour son contrôle qui se déroule aujourd'hui autour de la qualité et de la sécurité des formes électroniques de données (Baba ,1999). Dans ce contexte, la technologie peut être considérée comme un mécanisme de contrôle à part entière, support matériel du pouvoir d'information. Les chercheurs s'accordent à reconnaître que l'un des gains des technologies de système d'information est de rendre possible un contrôle moins visible, donc plus facile à mettre en œuvre, à maintenir et à faire supporter par les acteurs de l'organisation, un contrôle désormais permanent (Isaac et Kalika 2001). Dans un système ou toutes les informations sont intégrées tels que le CRM, les actions des utilisateurs sont beaucoup plus visibles. En effet, le fait de disposer d'une seule base de données partagée grâce au système CRM se traduit par une interdépendance des données .De ce fait, les erreurs de données ou les incohérences sont tout de suite détectées par le superviseur ce qui crée chez les utilisateurs un sentiment de contrôle panoptique permanent de leurs activités (Sia et alii ,2002). Le concept de contrôle technologique puise son fondement dans la théorie de la surveillance de Michel Foucault (1975) mais aussi dans la recherche ethnographique de Soshana Zuboff (1988).Foucault (1975) s'appuie sur la notion de panoptisme pour traduire comment les institutions peuvent assurer le fonctionnement automatique du pouvoir en faisant que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue dans son action. Le contrôle panoptique a été défini par Foucault (1979) comme étant « l'induction chez l'individu d'un état de visibilité permanente qui assure l'exercice automatique du pouvoir, non pas par une intervention directe, mais par une imposition indirecte d'autodiscipline ». Par ailleurs , Zuboff (1988) a présenté une recherche ethnographique (constituée d'études de cas combinant observation participante et tables rondes) menée entre 1985 et 1988 auprès de huit organisations connues pour avoir déployé des TI qui ont modifié « radicalement » la manière dont les individus faisaient leur travail. Zuboff (1988) a en particulier fait émerger la « dualité de la technologie » qui automatise mais aussi produit une « nouvelle visibilité de l'information ». Dans une recherche de Boulay J., Kalika M., (2007) portant sur les liens entre les technologies de système d'information et le management du canal de distribution , le contrôle technologique du canal a été défini comme étant « l'utilisation par le leader du canal des technologies et des systèmes d'information pour informatiser / numériser les processus de travail (de production, de gestion, de communication) et d'échange d'informations dans le cadre de sa stratégie de management du canal ». Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 73 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM Nous reprenons cette définition et nous définissons le contrôle panoptique électronique du CRM comme l'utilisation du CRM pour informatiser / numériser les processus de travail (de production, de gestion, de communication) et d'échange d'informations. Cette médiatisation technique et électronique des processus produit un effet « panoptique » en rendant plus visibles les activités des autres membres du groupe, limitant la probabilité de survenance de comportements non souhaités (Boulay J., Kalika M., 2007). Davidson et Henderson (2001), Aiello et Svec (1993) et Griffith (1993) ont comparés la satisfaction au travail des agents selon qu'ils sont contrôlés soit électroniquement, soit par un superviseur physiquement présent. Ce qui ressort de ces études est que l'appréhension des travailleurs d'être évalué est plus forte dans le cas d'une présence électronique parce qu'elle est plus « incertaine » et que la présence électronique peut renforcer la performance de manière plus efficace que la présence physique .De plus, les auteurs ne trouvent aucune différence en terme de satisfaction au travail entre les agents supervisés électroniquement et ceux « physiquement ». Les hypothèses de recherche peuvent être formulées comme suit : H 1 : Le système de contrôle panoptique électronique agit positivement sur la satisfaction de l'utilisateur du CRM. H1a : La traçabilité du système agit positivement sur la satisfaction de l'utilisateur du CRM en termes d'actualisation de l'information. H1b : La visibilité par rapport au management agit positivement sur la satisfaction de l'utilisateur du CRM en termes d'actualisation de l'information. H1c : La visibilité pour les pairs agit positivement sur la satisfaction de l'utilisateur du CRM en termes de fonctionnalités. LA SATISFACTION DE L'UTILISATEUR DE LA TECHNOLOGIE DE LA GESTION DE LA RELATION CLIENT Dans le domaine du management en systèmes d'information Melone (1990) affirmait qu'il n'y a pas un consensus sur une définition conceptuelle du construit de la satisfaction des utilisateurs. En effet, la satisfaction des utilisateurs a été associée à plusieurs termes tels que : «le besoin senti », « l'acceptation du système », « l'utilité perçue », « appréciation du management de système d'informations » et « les sentiments ». Cyert & March (1963) ont été les premiers à avoir suggérer le construit de la satisfaction de l'utilisateur en matière d'information comme une clé de succès d'un SI et ont suggéré qu'un système d'information rencontrant les besoins des utilisateurs renforce leur satisfaction à l'égard de ce dernier. Inversement, si le système d'information ne procure pas l'information nécessaire, l'utilisateur ne sera pas satisfait. La revue de la littérature permet de distinguer deux grandes approches de la notion satisfaction des utilisateurs de SI et qui sont la satisfaction de l'utilisateur en matière d'information (User information satisfaction « (UIS) et la satisfaction de l'utilisateur final d'un outil informatique (End-User Computing Satisfaction ou EUCS). D'une part , la satisfaction de l'utilisateur en matière d'information (User information satisfaction ou UIS) renvoie à « la mesure dans laquelle les utilisateurs perçoivent que le système d'information mis à leur disposition répond à leurs exigences en matière d'information « (Ives, Olson & Baroudi, 1983) ou encore « la somme de sentiments et d'attitudes des utilisateurs d'une technologie de support en rapport avec les caractéristiques de l'information et l'implication des utilisateurs ” (Bailey & Pearson, 1983). D'autre part, sachant que l'utilisateur final de l'ordinateur est celui qui ne fait pas partie du département des systèmes d'information, la satisfaction de l'utilisateur final d'un outil informatique (End-User Computing Satisfaction ou EUCS) peut être définie comme étant « l'attitude affective vis-à-vis une application informatique par quelqu'un qui interagit directement avec l'application» (Doll & Torkzadeh, 1988). Cette approche a été adoptée au niveau de cette recherche. L'importance des attitudes par rapport à l'organisation du SI découle des théories de l'attitude qui affirment que les attitudes individuelles par rapport à un objet jouent un rôle important en influençant le comportement ultérieur envers celui-ci. En effet, la relation entre la satisfaction des utilisateurs et l'usage du système a été mise en relief avec des théories qui mettent en exergue le fait que le comportement (c'est-à-dire l'usage) est affecté par les attitudes (c'est-à-dire la satisfaction de l'utilisateur) telles que la théorie de l'action raisonnée, et le TAM et d'autre recherches empiriques. Il a été prouvé qu'une plus grande satisfaction de l'utilisateur engendre un plus grand usage du système (Baroudi, Olson et Ives (1986) ; Doll et Torkzadeh (1988), Davis (1989) Igbaria, 1997). En effet, quand un vendeur se sent satisfait des informations que la technologie CRM, il va finir par utiliser et accepter la technologie car il ou elle s'attend à ce que l'utilisation du système lui permettra de mieux s'acquitter de sa tâche (Avlonitis& Panagopaulos, 2005). Les recherches en management des systèmes d'information se sont intéressées aux conséquences et aux implications de la satisfaction des utilisateurs par rapport l'utilisation des systèmes d'information. Ces résultats concluent que la satisfaction des utilisateurs encourage l'usage du système, améliore les performances individuelles (Bealey & Pearson, 1983; Doll & Torkzadeh, 1988; Etazadi - Amoli & Farhoomand, 1996; Igbaria & Tan, 1997). Dans une application du modèle de succès de système d'information à l'acceptation des systèmes Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 74 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI informatiques, Igbaria & Tan (1997) ont constaté que les utilisateurs les plus satisfaits du système l'utilisent fréquemment. Torkzadeh & Doll (1999) ont aussi constaté que la satisfaction de l'utilisateur final de l'ordinateur a corrélation significative avec l'utilisation. Aussi, Rai et al (2002) ont confirmé la relation positive entre la satisfaction des utilisateurs et l'utilisation du système. Les hypothèses de recherche peuvent être formulées comme suit : H2 : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'acceptation du système CRM. H2a : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil de rationalisation des décisions. H2b : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil de résolution de problèmes. H2c : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'intégration verticale du travail. H2d : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'intégration horizontale du travail. H2e : La satisfaction de l'utilisateur du CRM l'information agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'assistance à la clientèle.* L'ACCEPTATION DE LA TECHNOLOGIE DE LA GESTION DE LA RELATION CLIENT L'acceptation individuelle est le résultat commun que plusieurs théories et modèles ont essayé d'expliquer. Ce construit critique a été mis en œuvre par les recherches antérieures suivant une multitude de moyens, dans la mesure où les chercheurs ont proposé plusieurs indicateurs de l'acceptation de nouvelles technologies. La revue de la littérature nous a permis de constater que les dimensions de l'acceptation les plus identifiées sont notamment la satisfaction de l'utilisateur (Baroudi & al. 1986; Doll & Torkzadeh, 1988; Abdul-Gader, 1996) ou encore l'usage du système (Adams et al., 1992; Davis, 1989; Davis & al., 1989; Igbaria & al., 1997; Thompson et al., 1991, Dasgupta & al. (2002), Van Raaij, Schepers, (2008)). Bokhari (2005) a conduit un méta analyse sur la relation liant la satisfaction de l'utilisateur et l'usage du système. Son étude a porté sur 55 études concernant la période 1979-2000. Il a ainsi constaté que dans la plupart de ces recherches, l'usage du système a été considéré comme un comportement et la satisfaction de l'utilisateur comme une attitude. Il a aussi constaté qu'il existe trois approches de la relation usage du système – satisfaction de l'utilisateur. La première approche considère que c'est l'usage qui a un impact sur la satisfaction, la seconde stipule le contraire et la troisième considère qu'il n'existe aucune relation entre les deux concepts. Dans le cadre de cette recherche, la seconde approche a été retenue et la satisfaction de l'utilisateur a été considérée comme une variable antécédente à l'usage et plus précisément à l'intensité d'usage. Ce positionnement quant à la relation directe de la satisfaction de l'utilisateur et l'usage du SI (dépendance au système) est uniforme avec le modèle de l'acceptation de la technologie (Technology Acceptance Model : TAM), la théorie du comportement planifié (Theory of Planned Behavior), et le système de chaîne de valeur proposé par Torkzadeh & Doll (1999) où ces auteurs suggèrent que les attitudes ont un impact sur le comportement. Une synthèse de ces théories est présentée dans le tableau (1) suivant : Tableau 1 : Les théories d'acceptation d'une Technologie d'Information Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 75 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM L'acceptation technologique définit l'intérêt que l'individu trouve à s'approprier une technologie. L'acceptation se présente comme la façon dont un individu, un collectif mais aussi une organisation, perçoivent les enjeux liés aux nouvelles technologies (atouts, bénéfices, risques, opportunité) et y réagissent (favorablement ou non) (Bobillier M.-E et al.,2006). Burton-Jones & Straub (2006) considèrent l'usage du système comme une activité qui implique trois éléments : l'utilisateur (le sujet utilisant le SI), le système (l'objet utilisé) et la tâche (fonction exercée) et définissent ainsi l'usage du système à un niveau individuel comme étant « l'emploi d'une ou de plusieurs fonctionnalités d'un système par un utilisateur afin d'accomplir une tâche donnée ». Ainsi, dans le cadre de cette recherche nous mesurons la variable de l'acceptation du système CRM par le construit d'usage. Les théories d'acceptation peuvent être appréhendée selon deux approches, celles basées sur les intentions de l'utilisateur et celles basées sur les stratégies d'adoption (Baile, 2005).Les théories et modèles basés sur l'intention de l'utilisateur visent à identifier certains déterminants des intentions, telles des attitudes, des influences sociales et des conditions qui facilitent l'utilisation de technologies (Davis, 1989). Les théories de l'action raisonnée et du comportement planifié font état de modèles traitant de l'intention. Parmi les théories basées sur les stratégies d'adoption on trouve celle de la théorie de la diffusion de l'innovation ( Rogers, 1975), la théorie socio-cognitive (Bandura, 1977) et celle de l'alignement tâchetechnologie (Goodhue &Thompson ,1995 ). Au niveau de cette étude, nous sous sommes focalisé sur une dimension particulière de l'usage qui est l'intensité d'usage. Basée sur une revue de littérature descriptive riche fournie par les spécialistes des sciences humaines portant sur l'impact des TI, Torkzadeh & Doll (1998) ont développé une mesure multidimensionnelle de l'intensité d'usage des TI pour apprécier le degré avec lequel la technologie de l'information est utilisée dans un contexte organisationnel pour le soutien de décision, l'intégration de travail et l'assistance à la clientèle. Les hypothèses de la recherche peuvent être formulées comme suit : H2 : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'acceptation du système CRM. H2a : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil de rationalisation des décisions. H2b : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil de résolution de problèmes. H2c : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'intégration verticale du travail. H2d : La satisfaction de l'utilisateur du CRM agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'intégration horizontale du travail. H2e : La satisfaction de l'utilisateur du CRM l'information agit positivement sur l'intensité d'usage du CRM comme un outil d'assistance à la clientèle. L'IMPACT PERCU DE LA TECHNOLOGIE DE LA GESTION DE LA RELATION CLIENT SUR LE TRAVAIL DE L'UTILISATEUR L'impact des technologies de l'information sur la vie au travail a toujours été au centre d'intérêt des recherches au cours de ces dernières années. Les chercheurs en management de systèmes d'information ont focalisé leur attention sur les différentes questions relatives à l'évaluation du succès des SI. Tel est le cas du modèle développé par DeLone & McLean (1992). Ces auteurs ont conduit un large revu de la littérature relative au succès des SI tout en essayant de pallier les insuffisances des mesures d'évaluation objectives. Le modèle d'évaluation du succès d'un système d'information de DeLone & McLean (1992) comporte trois niveaux (technique, sémantique et d'efficacité) englobant six dimensions (la qualité du système, la qualité de l'information, l'utilisation, la satisfaction des utilisateurs, l'impact individuel; l'impact organisationnel) entre lesquelles existe une interdépendance à la fois temporelle et causale (DeLone & McLean ,1992). Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes intéressés à la variable de l'impact individuel qui appartient au niveau d'efficacité du modèle de DeLone & McLean (1992). Torkzadeh & Doll (1999) ont adopté une approche holistique des multiples impacts de la technologie sur le travail à un niveau individuel .En effet, ils ont considéré quatre volets de l'impact du système CRM sur le travail de l'utilisateur et qui sont la productivité de la tâche, l'innovation de la tâche, la satisfaction du client et le contrôle managérial. Ces quatre dimensions d'impact, prises ensemble, décrivent comment une application influence l'individu dans un contexte organisationnel. L'impact individuel perçu a aussi été considéré dans le modèle de succès de SI de DeLone & McLean (1992) comme une mesure de succès d'un SI. De ce fait, il a été défini comme étant « l'effet de l'information sur le comportement de l'utilisateur » ( DeLone & McLean (1992). La façon dont les technologies d'informations influencent l'utilisation réelle des outils a pris des formes différentes selon les études menées .En effet, des résultats contradictoires ont été signalé sur la nature et l'orientation des effets des technologies d'informations sur les travailleurs et leurs emplois. En effet, on trouve d'une part, des auteurs tels que Zuboff (1988) qui a fait valoir que l'informatisation a ajouté un aspect intellectuel au travail ou encore Kraut et al. (1989) qui ont constaté que pour les personnes qui utilisent le système, la qualité de la vie au Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 76 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI au travail ne fait que détériorer et rendait les tâches moins variées. D'autre part, des auteurs tels que Bikson et al. (1983) ont constaté que grâce aux technologies d'informations, les cadres moyens trouvaient leur emploi plus enrichissant, et la qualité de vie au travail améliorée. Ainsi, certaines recherches ont abouties à la conclusion que l'utilisation du système a un impact très positif sur la performance individuelle (Doll et Torkzadech 1998). D'autres ont relativisés cet impact (Goodhue and Thompson 1995, Igbaria et Tan 1997). D'autres encore, ont trouvé que le lien entre ces deux variables insignifiants (Lucas et Spitler) et même négatif (Pentland 1989d). Guimaraes et Igbaria (1997) ont trouvé un effet positif des deux construits de l'usage du système et la satisfaction des utilisateurs sur l'impact individuel perçu du système. Igbaria & Tan (1997) ont aussi constaté que les concepts de satisfaction et d'usage du système sont des facteurs importants qui affectent individuellement chaque Contrôle panoptique électronique Satisfaction de l’utilisateur du CRM utilisateur. L'étude de Torkzadeh & Doll (1999) a indiqué que la satisfaction des utilisateurs a une corrélation significative avec les quatre dimensions de l'échelle d'impact individuel perçue du système à savoir la productivité de la tâche, l'innovation tâche, la satisfaction client et le contrôle de gestion. H3 : L'acceptation du système CRM a un impact individuel positif sur le travail de l'utilisateur. H3a : L'acceptation du système CRM a un impact individuel positif sur la productivité de la tâche. H3b :L'acceptation du système CRM a un impact individuel positif sur la satisfaction du client. H3c : L'acceptation du système CRM a un impact individuel positif sur l'innovation de la tâche. H3d : L'acceptation du système CRM a un impact individuel positif sur le contrôle managérial. Les relations entre les variables de la recherche sont schématisées dans la figure 1 : Acceptation Intensité d’usage du CRM Impact CRMperçu sur ledu travail de l’utilisateur Figure 1 : La validation des relations entre les variables de la recherche LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE LA METHODE D'ECHANTILLONNAGE La population est constituée de l'ensemble des employés de TUNISIANA le second opérateur mobile et le 1er opérateur privé en Tunisie crée en 2002. Afin de constamment améliorer les processus client, la société a adopté des méthodes de travail évoluées ainsi qu'un suivi régulier des analyses. Pour ce faire, Tunisiana s'est doté d'une solution personnalisée et performante proposée par l'intégrateur NewPoint pour les solutions Centre d'Appels et Cap Gemini, pour le CRM Peoplesoft. La justification du choix des conseillers Tunisiana s'explique par le fait que l'entreprise Tunisiana possède le système CRM le plus développé en Tunisie. Pour l'unité d'échantillonnage, il s'agit de tout conseiller client de Tunisiana acceptant de répondre à notre questionnaire. Dans le cadre de cette recherche, nous avons utilisée la méthode d'échantillonnage non probabiliste dite de «boule de neige» où on fait appel à des personnes comme source d'identification d'unités additionnelles. En d'autre terme, il s'agit de trouver un individu de la population à étudier, puis lui demander de chercher d'autres participants et ainsi de suite avec les nouveaux participants. Notre échantillon est composé uniquement de 306 employés de Tunisiana (service du back office et du front office). Ceci s'explique d'une part par le fait que certains conseillers considèrent toutes les données relatives au système CRM de Tunisiana comme confidentielles. A la lumière des statistiques descriptives de l'échantillon, nous constatons que la majorité des répondants sont des jeunes âgés entre 20 et 30 ans et représentant 74.8 % de la population totale. En outre, une plus grande partie des répondants sont des cadres supérieurs à savoir 55.2 % et ayant un niveau d'instruction supérieur (Bac + 4) et 78.1 % d'entre sont issu de la filière de sciences économiques et de gestion. De plus, plus que 46.4% de notre échantillon ont une expérience de travail située entre 2 et 4 ans. LES MESURES DES CONCEPTS La variable de contrôle panoptique électronique a été mesurée avec l'échelle de mesure de Sia, Tang, Soh et Boh (2002) qui ont été les premiers auteurs à avoir développé un instrument de mesure de ce concept. L'échelle de mesure de Sia, Tang, Soh et Boh (2002) comporte 14 items .Elle est est de type Likert de cinq points allant de de : « Pas Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 77 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM du tout d'accord » (1) à « Tout à fait d'accord »(5) et comporte trois dimensions qui sont : la traçabilité du système, la visibilité par rapport au management, la visibilité par rapport aux pairs. L'échelle de mesure de la satisfaction de l'utilisateur est celle d'Avlonitis et Panagopoulos (2005) et contient dix items. L'échelle est de type likert à 5 points qui varient de « Pas du tout d'accord » (1) à « Tout à fait d'accord « (5) et comporte deux dimensions qui sont la satisfaction en terme de fonctionnalités du système et la satisfaction en terme d'actualisation de l'infirmation. L'échelle de mesure de l'intensité d'usage du système adoptée au niveau de cette recherche est celle de Doll et Torkzadeh (1998) et contient 30 items .Ces items sont regroupé selon trois dimensions (usage du système comme outil d'aide à la décision, usage du système comme outil d'intégration du travail, usage du système comme outil d'assistance à la clientèle) .Une échelle de Likert à cinq point a été utilisée allant de (1) « Pas du tout d'accord » à (5) « Tout à fait d'accord». L'échelle de mesure de l'impact perçu des TI sur le travail de l'utilisateur adoptée au niveau de cette recherche est celle de Torkzadeh et Doll, (1998) et se compose de 12 items regroupés selon quatre dimensions : la productivité de la tâche (4 items), l'innovation de la tâche (3 items), la satisfaction du client (3 items) et le contrôle managérial (3 items). Cette échelle est de type Likert à cinq points allant de (1) « Pas du tout d'accord » à (5) « Tout à fait d'accord». ANALYSE DES RESULTATS ANALYSE DE LA FIABILITE DES ECHELLES DE MESURE L'analyse factorielle montre que les douze items mesurant le contrôle panoptique électronique sont associés à deux facteurs. Le premier facteur a une valeur propre supérieure à un (soit 4.781), il saisie 43.468 % de l'information initiale. Les corrélations des items avec ce facteur varient entre 0,704 et 0,816. En outre, la consistance interne de ce facteur est bonne. Son alpha de Cronbach est égal à 0,882. Le deuxième facteur, quant à lui, a une valeur propre de 1.67 et saisit 15.179 % de l'information initiale. Son alpha de Cronbach est égal à 0,747. Ainsi les deux facteurs dégagés saisissent 58.647 % de la quantité d'informations récupérée. En outre, la consistance interne de ce facteur est bonne. L'échelle de mesure de la satisfaction de l'utilisateur est mesurée par douze items relatifs à deux dimensions qui sont la satisfaction de l'utilisateur du CRM en termes d'actualisation de l'information et la satisfaction en termes de fonctionnalités. Toutefois, l'analyse factorielle indique la présence de trois facteurs qui sont la satisfaction de l'utilisateur du CRM en termes d'actualisation de l'information et la satisfaction en termes de fonctionnalités d'accès à l'information et la satisfaction en terme de fonctionnalités liées à des activités individuelles. En outre, cette échelle de mesure a une bonne fiabilité. En effet, l'alpha de Cronbach relatif à chaque facteur est fiable (0.731 pour le premier facteur, 0.664 pour le deuxième facteur et 0.733 pour le troisième facteur). Dans le cadre de ce travail et afin de mesurer l'intensité d'usage (acceptation), nous avons eu recours à l'échelle de mesure de Doll& Torkzadeh (1998) qui considèrent l'intensité usage de la technologie comme un concept multidimensionnel. Ces dimensions sont : l'intensité d'usage du CRM comme outil d'aide à la décision, l'intensité d'usage du système comme outil d'intégration du travail et enfin l'intensité d'usage du CRM comme outil d'assistance à la clientèle. L'analyse factorielle montre que la matrice des données de l'échelle de l'intensité d'usage du système CRM est factorisable (KMO =0.881, test de Bartlett affiche un Khi-deux =5776.924 et p=0.000). Suite à cela, nous avons procédé à l'extraction des composantes qui ont une valeur propre supérieure à 1. L'analyse factorielle a permit de dégager six facteurs .Ces facteurs sont notamment l'intensité d'usage du CRM comme : outil de rationalisation des décisions, outil de résolution des problèmes, outil de communication avec autrui, outil de d'intégration horizontale, outil d'assistance à la clientèle, outil d'intégration verticale. Ces facteurs ont une valeur d'alpha respectivement de 0.914, 0.848, 0.861, 0.893, 0.839, 0.782. Les valeurs propres sont respectivement de 9.85, 3.86, 1.973, 1.867, 1.147, 1.09. Le pourcentage d'information récupéré de tous les facteurs considérés conjointement est de 68.231%. L'échelle de mesure l'impact perçu des technologies de la gestion de la relation client sur le travail de l'utilisateur est mesurée par 12 items relatifs à quatre dimensions qui sont la productivité de la tâche, l'innovation de la tâche, la satisfaction du client et le contrôle managérial. L'indice KMO et le test de Bartlett montrent que les données sont factorisables (KMO = 0.865, test de Bartlett affiche un Khi-deux =2025,931 et p=0.000). Suite à cela, nous avons procédé à l'extraction des composantes qui ont une valeur propre supérieure à 1. Nous avons obtenu trois facteurs qui saisissent 70 .214 % de la quantité d'information récupérée et qui sont « la productivité de la tâche et satisfaction du client » (6 items), « l'innovation de la tâche » (3 items) ; « le contrôle managérial » (3 items). La synthèse des résultats des analyses factorielles est synthétisée dans le tableau 2 suivant : Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 78 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI Tableau 2: Tableau récapitulatif des principaux résultats des analyses factorielles et de fiabilité relative aux échelles de mesure des variables Valeur propre Pourcentage d'information récupéré 2 Facteur 1 : 4.781 Facteur 2 : 1.67 58.657% Facteur 1 : 0.882 Facteur 2 : 0.747 3 Facteur 1 : 2.854 Facteur 2 : 1.386 Facteur 3 : 1.029 65.870% Facteur 1 : 0.731 Facteur 2 : 0.664 Facteur 3 : 0.733 Echelle de mesure Nombre de facteurs Contrôle panoptique électrique Sia, Tang, Soh et Boh (2002) Satisafaction de l'utilisateur Avlonitis et Panagopoulos (2005) Concept Acceptation du système (Intensité d'usage) Doll et Torkzadeh (1998) Impact perçu du CRM Doll et sue le travail de Torkzadeh l'utilisateur (1998) TEST DES HYPOTHESES IMPACT DU CONTROLE PANOPTIQUE ELECTRONIQUE DES UTILISATEURS DU CRM SUR LA SATISFACTION DE L'UTILISATEUR Le modèle global visant à étudier l'impact du contrôle panoptique électronique des utilisateurs du CRM sur la satisfaction de l'utilisateur en termes d'actualisation de l'information révèle que le contrôle panoptique électronique en terme de traçabilité du système et de visibilité par rapport au mangement du système CRM explique 2.2 % (R deux = 0.022, p= 0.009) et cet impact est significatif (F= 6.933, p= 0.009). Ce qui implique que 2.2 % de la variance totale de la satisfaction de l'utilisateur en termes d'actualisation de l'information est expliquée par le contrôle panoptique en terme de traçabilité du système et de visibilité par rapport au mangement. Quant au sens de la relation, il est négatif (Bêta = -0.015). Le modèle issu de cette régression se présente comme suit : Satisfaction /actualisation de l'information = -0.15 6 3 Facteur 1 : 9.850 Facteur 2 : 3.86 Facteur 3 : 1.973 Facteur 4 : 1.867 Facteur 5 : 1.147 Facteur 6 : 1.090 Facteur 1 : 5.532 Facteur 2 : 1.497 Facteur 3 : 1.397 68.231% 70.214% Alpha de Cronbach Facteur 1 : 0.914 Facteur 2 : 0.848 Facteur 3 : 0.861 Facteur 4 : 0.893 Facteur 5 : 0.839 Facteur 6 : 0.782 Facteur 1 : 50.853 Facteur 2 : 0.881 Facteur 3 : 0.841 contrôle panoptique /traçabilité du système et la visibilité par rapport au mangement (t= -2.633 , p= 0.009). En outre, l'analyse de la régression linéaire montre que la relation entre les dimensions de traçabilité du système et la visibilité par rapport au mangement du concept du contrôle panoptique électronique et la dimension de la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités du système pour des activités individuelles s'est avérée significative (F = 3.941, p = 0.048). De plus, la vérification du modèle global a donnée un R deux de 0.013. Ce qui implique que 1,3 % de la variance totale de la satisfaction de l'utilisateur est expliqué par traçabilité du système CRM et la visibilité par rapport au mangement. De plus Bêta est négatif (b= - 0.15). Donc l'impact est négatif. Le modèle issu de cette régression se présente comme suit : Satisfaction / fonctionnalités du système pour des activités individuelles = -0.014 contrôle panoptique / traçabilité du système et la visibilité par rapport au mangement (t= -1.985, p=0.048 Les résultats de ce modèle sont synthétisés dans le tableau (3) suivant. Tableau 3 : Impact satisfaction /actualisation de l'information sur l'intensité d'usage CRM / rationalisation des décisions Impact satisfaction sur l’intensité d’usage CRM / rationalisation des décisions contrôle panoptique-traçabilité du système et la visibilité par rapport au mangement / Satisfaction - actualisation de l’information B= -0.15 F= 6.933, R deux = 0.022 t= -2.633 , p= 0.009 contrôle panoptique-traçabilité du système et la visibilité par rapport au mangement / Satisfaction - fonctionnalité du système pour des activités individuelles B= -0.014 F= 3.941, R deux = 0.013 t= -1.985 , p= 0.048 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 79 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM Toutefois, l'analyse de régression montre que le modèle spécifiant l'impact de la visibilité aux pairs sur la dimension de la satisfaction de l'utilisateur en terme de d'actualisation de l'information n'est pas significatif (p=0.537, t= -0.617). Aussi, l'analyse de régression montre que le modèle spécifiant la relation entre la dimension de la visibilité par rapport au pairs et la dimension de la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités d'accès à l'information n'est pas significatif (p=0.597, t= 0.53). L'analyse de régression montre aussi que le modèle spécifiant la relation entre la dimension de la traçabilité du système CRM et de la visibilité par rapport au management et la dimension de la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités d'accès à l'information n'est pas significatif (p=0.324, t =0.989). Ainsi les hypothèses H1a , H1b , H1c n'ont pas été validés. Les résultats de la recherche montrent ainsi que le contrôle panoptique électronique agit négativement sur la satisfaction de l'utilisateur. Ceci concorde avec la recherche d'Irvin, Higgins et Safayani (1986) qui stipulent que si le contrôle panoptique électronique permet d'accroître la performance, il conduit à des niveaux moins élevés de satisfaction. Ils expliquent de plus que les agents monitorés électroniquement insistent davantage sur la quantité que sur la qualité pour répondre à une exigence « perçue » du management en ce sens. Mais si le système électronique permet d'identifier les erreurs administratives, il n'est pas capable d'identifier les problèmes qui se posent comme le ferait un superviseur physiquement présent lorsque des erreurs de jugements se produisent. Les effets négatifs observés ne relèvent pas seulement du contrôle panoptique électronique: même dans le cadre d'un contrôle traditionnel, une surveillance trop « proche » peut conduire à une forte insatisfaction (Stanton &Barnes-Farrell, 1996). L'IMPACT DE LA SATISFACTION DE L'UTILISATEUR SUR L'ACCEPTATION DES TECHNOLOGIES DE LA GESTION DE LA RELATION CLIENT Les résultats de l'analyse factorielle indiquent qu'il existe sept composantes principales relatives à l'acceptation. Nous allons en premier lieur étudier l'impact de la satisfaction en termes d'actualisation du CRM sur l'intensité d'usage de la technologie CRM. L'analyse en régression linéaire simple montre que la satisfaction de l'utilisateur en terme d'actualisation de l'information a un impact significatif sur la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités d'accès à l'information (F= 3.278, p= 0.071).De plus le sens de la relation est positif (Bêta = 0.104). Le modèle issu de cette régression est ainsi significatif et il se présente comme suit : Intensité d'usage CRM/ rationalisation des décisions = 0.104 Satisfaction /actualisation de l'information (t= 1.836, p= 0.071) Aussi, le modèle montre que la satisfaction de l'utilisateur en terme d'actualisation de l'information a un impact significatif sur la satisfaction de l'utilisateur en termes terme de fonctionnalités d'accès à l'information (F= 4.536, p= 0.034).De plus le sens de la relation est positif (Bêta = 0.123). Le modèle issu de cette régression est ainsi significatif et il se présente comme suit : Intensité d'usage du CRM/résolution de problèmes = 0.123 la satisfaction /actualisation de l'information (t= 0.034, p= 0.034). Aussi, le modèle montre que la satisfaction de l'utilisateur en terme d'actualisation de l'information a un impact significatif sur la dimension d'intensité d'usage du CRM comme un outil de communication avec autrui (F=2.954, p= 0.687). De plus le sens de la relation est positif (Bêta =0.099). Le modèle issu de cette régression est ainsi significatif et il se présente comme suit : Intensité d'usage du CRM/communication avec autrui = 0.099 satisfaction /actualisation de l'information (t= 1.719, p= 0.687). Aussi, le modèle montre que la satisfaction de l'utilisateur en terme d'actualisation de l'information a un impact significatif sur l'intensité d'usage du système comme outil d'assistance à la clientèle (F= 3.931, p= 0.048).De plus le sens de la relation est positif (Bêta =0 .114). Le modèle issu de cette régression est ainsi significatif et il se présente comme suit : Intensité d'usage du CRM/outil d'assistance à la clientèle = 0.114 Satisfaction/ actualisation de l'information (t= 1.983, p= 0.048). Toutefois, l'analyse de régression montre que le modèle spécifiant la relation entre la satisfaction en terme d'actualisation de l'information et la fonction d'intégration horizontale n'est pas significatif (p=0.185; t= 1.327) ainsi la relation entre la satisfaction en terme des fonctionnalités du système sur l'organisation du travail individuel n'est pas significative (p=0.85; t= 1.97). Ces résultats sont synthétisés dans le tableau (4) suivant : Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 80 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI Tableau 4: Impact satisfaction /actualisation de l'information sur l'intensité d'usage du CRM Impact satisfaction / actualisation de l’information sur Intensité d’usage du CRM F = 35.444 p = 0.000 R deux= 32.5% B=0.101 F= 3.278 Intensité - actualisation de l’information / Intensité d’usage CRM- rationalisation des décisions t= 1.836 ; p= 0.071 Satisafaction - actualisation de l’information / Intensité B=0.206 F= 4.536 d’usage du CRM - résolution de problèmes t= 0.034 ; p= 0.034 Satisafaction - actualisation de l’information / Intensité B=0.447 F= 2.954 d’usage du CRM - communication avec autrui t= 1.719 ; p= 0.687 Satisafaction - actualisation de l’information / Intensité B=0.13 d’usage du CRM - outil d’assistance à la clientèle F= 3.931 t= 1.983 Nous allons en second lieur étudier l'impact de la satisfaction en termes de fonctionnalités du CRM sur l'intensité d'usage de la technologie CRM. Le modèle spécifiant la relation entre la satisfaction en termes de fonctionnalités du CRM des activités individuelles et les différentes dimensions de l'intensité d'usage de la technologie CRM n'est pas significatif. Les résultats de cette recherche vérifie l'existence d'une relation positive entre la satisfaction de l'utilisateur et l'acceptation de la technologie CRM .Cependant, cet impact ne concerne qu'une seule dimension de la satisfaction qui est celle de l'actualisation de l'information, l'autre dimension relative à la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités du système n'a pas été trouvée comme ayant un impact sur l'acceptation. Ainsi les hypothèses H2a, H2b et H2e sont partiellement validées toutefois l'hypothèse H2d est non validée. ; p= 0.048 L'IMPACT PERCU DE L'ACCEPTATION DE LA TECHNOLOGIE DE LA GESTION DE LA RELATION CLIENT SUR LE TRAVAIL DE L'UTILISATEUR Le modèle global visant à étudier l'impact de l'acceptation du système CRM sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client révèle que quatre dimensions de l'acceptation du système CRM (usage du CRM comme outil de résolution de problèmes, usage du CRM comme outil de rationalisation des décisions , usage du CRM comme outil d'organisation du travail individuel qui est une sous dimension de l'intégration verticale et enfin la dimension d' usage du CRM comme outil d'assistance à la clientèle ) expliquent 32.5% de la variance de la productivité de la tâche et la satisfaction du client (R deux = 0.325, p=0.000) et ont un impact significatif sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client. Les résultats de ce modèle sont synthétisés dans le tableau (5) suivant. Tableau 5: Impact individuel perçu du système CRM sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client Impact individuel perçu du système CRM sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client F = 35.444 p = 0.000 R deux= 32.5% Intensité d’usage du CRM / outil de rationalisation des B=0.275 t= 5.366 décisions ; p= 0.000 Intensité d’usage du CRM / outil de résolution de problèmes B=0.206 t= 2.06 Intensité d’usage du CRM / outil d’assistance à la clientèle B=0.447 t= 9.332 ; p= 0.000 Intensité d’usage du CRM / outil d’organisiation du travail individuel B=0.13 ; p= 0.007 t= 2.717 ; p= 0.000 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 81 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM Par ailleurs , le modèle global visant à étudier l'impact l'acceptation du système CRM sur l'innovation de la tâche révèle que cet impact est significatif (F = 14.923, p=0.000) et que l'acceptation du système CRM explique 16.8% de l'impact individuel perçu du système CRM sur l'innovation de la tâche ( R deux = 0.168, p=0.000) . Les résultats de ce modèle sont synthétisés dans le tableau (6) suivant. Tableau 6: Impact perçu du système CRM sur l'innovation de la tâche Impact perçu du système CRM sur l'innovation de la tâche F= F = 14.923 R deux= p= 0.000 16.8% Intensité d'usage du CRM / résolution des problèmes B= 0.257 t= 1.737 ; p= 0.080 Intensité d'usage du CRM / rationalisation des problèmes B= 0.206 t= 6.262 ; p= 0.000 Intensité d'usage du CRM / communication avec autrui B= 0.447 t= 2.304 ; p= 0.022 Intensité d'usage du CRM / organisation du travail individuel B= 0.130 t= 3.493 ; p= 0.001 Toutefois, l'analyse de la régression montre que la dimension de communication avec autrui n'a pas d'effet significatif sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client (t=-0.653, p= 0.514), de même pour l'impact de la dimension d'intégration horizontale est non significatif (t= -0.541, p= 0.589), de même de l'impact d'usage du CRM comme outil d'intégration horizontale sur la productivité de la tâche et la satisfaction du client (t=- 0.13, p= 0.89), de même pour l'impact de l'intensité d'usage du système comme outil d'assistance à la clientèle est non significatif (t= - 1.129, p= 0.26). Finalement, nous allons étudier l'impact de l'intensité d'usage du système CRM sur le contrôle managérial. L'analyse de régression effectuée visant à étudier l'impact de l'acceptation du système CRM sur le contrôle managérial révèle que l'acceptation du système CRM explique 15.8% de l'impact perçu du système CRM sur le contrôle managérial (R deux = 0.158, p=0.000) et que cet impact est significatif F = 18.206, p=0.000) . Les résultats de ce modèle sont synthétisés dans le tableau (7) suivant: Tableau 7: Impact perçu du système CRM sur le contrôle managérial Impact perçu du système CRM sur le contrôle managérial F= 18.206 R deux= p= 0.000 15.8% Intensité d'usage du CRM / communication avec autrui B= 0.242 t= 4.525 ; p= 0.000 Intensité d'usage du CRM / intégration horizontale B= 0.270 t= 5.046 ; p= 0.000 Intensité d'usage du CRM / assistance à la clientèle B= 0.157 t= 2.939 ; p= 0.004 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 82 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI Par ailleurs , l'analyse de la régression montre que la dimension de résolution de problèmes n'a pas d'effet significatif sur le contrôle managérial (t= -0.13, p= 0.897), de même pour l'impact rationalisation des décisions qui est non significatif (t= 0.979, p= 0.328), et aussi pour l'impact de la dimension de l'organisation du travail individuel (t= 1.154, p= 0.249). Ainsi l'hypothèse H3a et H3b et H3c et H3d est partiellement validée. Ainsi, l'impact perçu de l'acceptation de la technologie CRM sur le travail de l'utilisateur a été validé pour la plus part des dimensions des deux concepts. Ce résultat concorde avec les recherches de Bikson & al.(1983), Guimaraes & Igbaria (1997), Igbaria & Tan (1997) et Doll & Torkzadech (1998) qui ont constaté que les technologies d'informations avaient un impact positif sur le travail des utilisateurs . Conclusion Ce travail de recherche se propose d'apporter des éléments de compréhension de l'impact du contrôle panoptique électronique sur l'acceptation des utilisateurs du système CRM et l'impact de l'acceptation des utilisateurs du système CRM sur le travail des utilisateurs dans un contexte tunisien où le marché du système CRM est en pleine expansion. Les résultats de notre recherche montrent que le contrôle panoptique électronique a un impact négatif sur la satisfaction de l'utilisateur du CRM. Par ailleurs, les résultats de cette recherche vérifient l'existence d'une relation positive entre la satisfaction de l'utilisateur et l'acceptation de la technologie CRM .Cependant, cet impact ne concerne qu'une seule dimension de la satisfaction qui est celle de l'actualisation de l'information, l'autre dimension relative à la satisfaction de l'utilisateur en terme de fonctionnalités du système n'a pas été trouvée comme ayant un impact sur l'acceptation. Finalement, l'impact perçu de l'acceptation de la technologie CRM sur le travail de l'utilisateur a été validé pour la plus part des dimensions des deux concepts. L'apport théorique de cette étude consiste en la prise en considération de la variable du contrôle panoptique électronique dans l'étude de l'acceptation du système CRM. Dans un cadre d'usage du système CRM où toutes les informations sont intégrées, les actions des utilisateurs sont beaucoup plus visibles et les erreurs sont immédiatement détectées par le superviseur ce qui crée chez les utilisateurs du système CRM le sentiment d'être continuellement contrôlés fragilisant ainsi les relations de confiance entre la direction et les travailleurs aboutissant comme cela a été démontré dans notre recherche à l'insatisfaction des utilisateurs. L'apport managérial de notre étude réside en la compréhension du degré d'impact du contrôle panoptique sur l'acceptation du système CRM et l'importance de la prise en compte de cet impact lors de l'implantation d'un système CRM. Compte tenue du fait que plusieurs projets CRM sont souvent voués à l'échec parce qu'ils rencontrent de la résistance de la part des utilisateurs (Xu et al, 2002), et que le contrôle panoptique électronique a été trouvé comme étant un facteur stimulant la résistance des utilisateurs, l'entreprise se doit d'instaurer un climat de confiance et de replacer le système CRM dans son rôle d'automatisation et non de surveillance. Notre recherche comporte toutefois certaines limites. Premièrement, nous ne pouvons pas généraliser les résultats de notre étude. En effet, notre étude a été menée dans une entreprise particulière qu'est Tunisiana pour un type de système CRM bien particulier qu'est le CRM Peoplesoft. Deuxièmement, la taille de l'échantillon n'est pas grande (306 répondants) vu le caractère confidentiel du projet CRM de Tunisiana et le refus de certains employés de bien vouloir répondre au questionnaire. Les recherches futures sur l'acceptation du système CRM devraient considérer d'autres variables telles que la qualité du système, la prédisposition à la technologie, et devrait aussi s'approfondir dans les différentes facettes de l'impact de l'acceptation d'un système CRM sur le travail de l'utilisateur. De plus, avec l'avènement de l'Internet, les entreprises sont plus à même à gérer leur relation client avec le canal électronique (e-CRM) dont l'objectif est de personnaliser le contact avec le client, sans intervention humaine (Brown, 2001). Le projet du système CRM de Tunisiana s'oriente effectivement dans cette voie. Il serait aussi intéressant d'étudier les facteurs d'acceptation ou de rejet des utilisateurs de ce nouvel outil. Bibliographie Abdul-Gader Abdulla H (1997), “Determinants of computer-mediated communication success among knowledge workers in Saudi Arabia”, The Journal of Computer Information Systems, Vol. 38, pp 55-122. Adams Stacy J. (1963), Towards an Understanding of Inequity, Journal of Abnormal and Social Psychology 2 (5), pp. 422–436. Aiello, J.R. & Svec, C.M., (1993). “Computer monitoring and work performance: Extending the social facilitation framework to electronic presence”, Journal of Applied Social Psychology 23, pp. 537–548. Avlonitis J. et Panagopoulos Nikolaos G. (2005), “Antecedents and consequences of CRM technology acceptance in the Sales Force” Industrial Marketing Management , Volume 34, pp. 355–368. Baba, M.L. (1999), “Dangerous liaisons: Trust, distrust, and information technology in the American work organizations”, Human Organization”, vol. 58, n°3, pp. 331-346. Baile S. (2005) « L'approche comportementale de Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 83 Impact du contrôle sur l’acceptation du CRM l'évaluation des systèmes d'information : théories et taxonomie des modèles de recherche » la 23ème Université d'été de l'Audit Social disponible sur le site http://ias2005.free.fr/Actes/Pdf/baile.pdf consulté le 02 /02/2008 Bailey, J.E. , Pearson, S.W. (1983), “Development of a Tool for Measuring and Analysing Computer User Satisfaction”, Management Science, Vol. 29, N° 5, pp. 530-545. Baroudi, J.J., Olson, M.H. et Ives, B. (1986), “An Empirical Study of the Impact of User Involvement on System Usage and Information Satisfaction”, Communication of the ACM, Davis, F.D. (1989), “Perceived Usefulness, Perceived Ease of Use and User Acceptance of Information Technology”, MIS Quarterly, Vol. 13, n° 3, p. 319-340. Billé J., Soparnot. R.(2006) « La gestion de la relation client ou customer relationship management, une source d'innovation ? Le cas de la banque Société Général » La Revue des Sciences de Gestion Vol. 41, N° 217; pg. 101, 110 Burton-Jones Andrew; Straub Jr Detmar W (2006), “Reconceptualizing System Usage: An Approach and Empirical Test” Information Systems Research; Volume 17, N°3; pp. 228-246. Bobillier M.-E.,Chaumon, M. Dubois, D. Retour (2006) « L'acceptation des nouvelles technologies d'information : le cas des systèmes d'information en milieu bancaire » Psychologie du travail et des organisations Volume 12, pp 247–262 Bokhari. Rahat H ( 2005) “The relationship between system usage and user satisfaction: a meta-analysis” Journal of Enterprise Information Management. Vol. 18, Iss. 1/2; pg. 211, 241. BOULAY J.et KALIKA M. (2007), Big brother is watching you : le rôle des technologies de l'information dans la stratégie de contrôle des réseaux de points de vente franchisés, Décisions Marketing, N°45, pp. 7-20.Bikson, T.K. and Gutek, B.A. (1983), "Advanced office systems: an empirical look at use and satisfaction", Proceedings National Computer Conference, Arlington, pp. 319-28. Brown, S. (2001), « Le CRM, la gestion de la relation client », Editions Village Mondial, Paris / Pearson Education France. Chalmeta and R. Grangel (2005), Performance measurement systems for virtual enterprise integration, Computer Integrated Manufacturing pp. 73–84 Chau, P.Y.K. (1996), “An empirical assessment of a modified technology acceptance model” Journal of Management Information Systems, 13, 2 185-204 Chen, I. J., Popovich, K. (2003). Understanding customer relationship management (CRM): People processes and technology. Business Process Management Journal, 9 (5), 672–688. Dasgupta Subhasish, Granger Mary, McGarry. Nina (2002) “User Acceptance of E Collaboration Technology: An Extension of the Technology Acceptance Model “Group Decision and Negotiation. Vol. 11, Iss. 2; p. 87 . Davidson R. et Henderson R. (2001), Electronic performance monitoring : a lab investigation of the influence of monitoring and difficulty on task performance, mood state and selfreported stress levels, Journal of Applied Social Psychology, 30, 5, 906-920. Doll, W.J. and Torkzadeh, G., "The Measurement of End-User Computing Satisfaction," MIS Quarterly, Vol. 12, No. 2, June 1988, pp. 259-274 Etezadi-Amoli, J. & Farhoomand, M., “A structural model of end user computing satisfaction and user performance”, Information and Management, Vol., 30, 1996, pp.65-73. Foucault M. (1975), « Surveiller et punir, Naissance de la prison », Paris, Gallimard. Guimaraes Tor, Igbaria Magid. (1997), « Client/server system success: Exploring the human side”Decision Sciences. Vol. 28, Iss. 4; pg. 851, 26 pgs Goodhue, D.L. and Thompson, R.L. (1995), “TaskTechnology Fit and Individual Performance” MIS Quarterly (19:2), pp. 213-236. Griffith, T. L. (1993). « Monitoring and performance : A comparison of computer and supervisor monitoring” Journal of Applied Social Psychology, Issue 23,N° 7, 549572. Igbaria, M., Tan, M. (1997)” The consequences of the information technology acceptance on subsequent individual performance.” Information & Management 32(3):113–121. Igbaria M., Zinatelli N., Cragg P., Cavaye A. (1997) “Personal computing acceptance factors in small firms: A structural equation model” MIS Quarterly. Vol. 21, Issue. 3; pg. 279, 24 pgs Ives, B., Olson, H.M. et Baroudi, J.J. (1983), “The Measurement of User Information Satisfaction”, Communication of the ACM, Vol. 26, N° 10, pp. 785-793. Isaac H. et Kalika M. (2001), Organisation, nouvelles technologies et vie privée, Revue française de gestion, 134, pp101-106. Kracklauer, A., Passenheim, O., & Seifert, D. (2001). Mutual customer approach: How industry and trade are executing collaborative customer relationship management. International Journal of Retail & Distribution Management, 29(12), 515– 519. Kraut R., Dumais S., and Kock S., (1989) "Computerization, productivity, and quality of work-life," Communications of the ACM, 32(2), pp.220-238. Melone, N.P., 1990. A theoretical assessment of the user satisfaction construct in information system research. Management Science 36 1, pp. 76–91. Lucas, H.C. (1978) “Empirical evidence for a descriptive model of implementation”. MIS Quarterly, 2, 2 27-41. Pentland, B. T. (1989), Use and Productivity in Personal Computers: An Empirical Test, in DeGross, J., Henderson, J. and Konsynski, B. (Eds.), Proceedings of the Tenth International Conference on Information Systems, Boston, 211–222. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 84 Raouia BIRI, Jamel-Eddine GHARBI Peppers, D., Rogers, M., & Dorf, B. (1999). Is your company ready for one-to- one marketing? Harvard Business Review, 77(1), pp 101–119. Plakoyiannaki, E., & Tzokas, N. (2002)” Customer relationship management: A capabilities portfolio perspective” Journal of Database Marketing, 9(3), pp 228–237. Rai, A., Lang, S. S., Welker R. B., (2002) “Assessing The Validity of IS Success Models: An Empirical Test and Theoretical Information Analysis”, Information Systems Research, Vol. 13, No. 1, pp. 50-69. Raaij, E.M. van, Schepers, J.J.L. (2008). The acceptance and use of a virtual learning environment in China. Computers and Education, 50(3), 838-852 Sheth, J.N. and Shainesh, G.(2005) 'Customer Relationship Management - The Strategic Imperatives', Revue Francaise du Marketing, pp. 85-98 Thompson, R.L., Higgins, C.A., Howell, J.M. (1991) "Personal Computing: Toward a Conceptual Model of Utilization," MIS Quarterly (15:1), pp. 125-143. Srinivasan R., Moorman C. (2005), “Strategic firm commitments and rewards for customer relationship management in online retailing”, Journal of Marketing, 2, 4,pp 193-200. Torkzadeh, G., Doll, W.J. (1999), "The development of a tool for measuring the perceived impact of information technology on work," International Journal of Management Science (27), 3, pp. 327–339. Xu, Yurong, Yen, David C., L in, Binshan, & Chau, David C. (2002). “Adopting customer relationship management technology” Industrial Management and Data Systems, Volume 102, Issue 8, pp 442– 452. Verhoef, P. C., & Donkers, B. (2001), “Predicting customer potential value: An application in the insurance industry” Decision Support Systems, volume 32, issue 2,pp 189–199. Zablah A. R., Bellenger D. N. et Johnston W. J. (2004), «An evaluation of divergent perspectives on customer relationship management: Towards a common understanding of an emerging phenomenon Industrial Marketing Management, Volume 33, Issue 6, pp 475-489. Zuboff S. (1988), In the Age of the Smart Machine: the Future of Work and Power, New York: Basic Books. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 85 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 Design olfactif des espaces commerciaux : Intérêts et incidence sur les réactions expérientielles et comportementales des clients Norchène BEN DAHMANE MOUELHI Maître Assistante, IHEC Carthage Université 7 nouvembre à Carthage - Tunisie NIMEC Caen - MUTCOM Tunis [email protected] & Karim ERRAJAA ATER ATE, IAE Toulouse Université de Toulouse Centre de recherche en Management CRM (EAS-CNRS) [email protected] Résumé Les distributeurs ont pour souci majeur d'améliorer les ventes de leur point de vente et de fidéliser la clientèle. Ce travail vise à mieux comprendre de quelle manière les stimulations olfactives utilisées par les professionnels au point de vente agissent sur les réactions des clients. En se basant sur la littérature, les pratiques managériales en marketing olfactif et les résultats d'une investigation qualitative, ce papier tente d'amener quelques éléments de réflexion permettant de mieux appréhender cette problématique de recherche. Mots-clés expérience de consommation, comportement de consommateur, atmosphère du magasin, stimuli olfactifs, étude qualitative. 87 Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 Design olfactif des espaces commerciaux : Intérêts et incidence sur les réactions expérientielles et comportementales des clients Norchène BEN DAHMANE MOUELHI Maître Assistante, IHEC Carthage Université 7 nouvembre à Carthage - Tunisie NIMEC Caen - MUTCOM Tunis [email protected] & Karim ERRAJAA ATER ATE, IAE Toulouse Université de Toulouse Centre de recherche en Management CRM (EAS-CNRS) [email protected] Introduction L'examen des pratiques managériales amène à s'interroger sur les raisons qui poussent les spécialistes à accorder autant d'intérêt au marketing sensoriel. Plusieurs facteurs expliquent un tel engouement: d'une part, l'utilisation des facteurs d'ambiance est considérée par les professionnels du marché comme un outil de différenciation essentiel, et d'autre part, l'acte d'achat ne peut plus être considéré comme purement rationnel (Lipovetsky, 2006). L'atmosphère du magasin permet ainsi de modifier une intention d'achat en un comportement d'achat réel et ceci en utilisant des variables « atmosphériques » comme la couleur, la musique, ou les senteurs. Celles-ci permettent de différencier le lieu de vente dans l'esprit des consommateurs et de contribuer à l'augmentation de la probabilité d'achat (Kotler, 1973-1974 ; Lemoine, 2002, 2003). Si différentes recherches en marketing ont été développées pour tenter de comprendre l'influence des cinq sens sur le comportement de l'acheteur, rares sont celles qui se sont intéressées à l'odorat (Daucé, 2000 ; Guichard et al., 1998 ; Maille, 2005). Face aux effets envoûtants et incontestables des stimuli olfactifs, une meilleure compréhension de leurs effets sur le comportement de l'acheteur s'impose. Toutefois, une telle démarche reste assujettie à trois types de difficultés : la manipulation du stimulus olfactifs et de ses propriétés demeure pour l'instant complexe (Maille, 2001), le design d'expérience est souvent difficile à organiser sur le lieu de vente contrairement au laboratoire, les échelles utilisées pour mesurer les effets des parfums ambiants sur les réponses du consommateur sont parfois critiquables (Maille, 2001). Cette étude se veut exploratoire et tente d'appréhender une problématique qui intéresse une enseigne spécialisée en chaussures de haute gamme « Paraboot », à savoir : comment les stimulations olfactives influencent les réactions des clients : cognitives (e.g. temps de visite du magasin, évaluation de l'atmosphère globale), affectives (plaisir, stimulation) et comportementales (e.g. intention d'achat, achats, intention de retour, interactions sociales). Dans cette optique, le but n'était pas de manipuler, par l'intermédiaire d'un protocole expérimental, les stimuli olfactifs, mais plutôt de comprendre, sur la base d'une étude qualitative organisée au sein de l'un des magasins de l'enseigne l'influence des senteurs sur le comportement des consommateurs. Il convient de souligner, à ce titre, que le bilan de la littérature indique l'abondance des études quantitatives en marketing olfactif contrairement aux approches qualitatives. Or, comme le montre les recherches pluridisciplinaires, le rapport entre l'individu et les odeurs est fondamentalement subjectif, affectif, symbolique (Maille, 2005 ; Le Guérer, 2002 ; Jacquemier, 2005) dont la compréhension requière des méthodes qualitatives (e.g. entretiens phénoménologiques, entretiens semi-directifs, focus group, introspection. Cette recherche s'articulera autour de trois principales parties : dans un premier temps, il sera question d'apporter quelques précisions sur l'évolution managériale du marketing olfactif, dans un second temps, une synthèse des 88 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI études antérieures fondées sur les effets des stimuli olfactifs sur le comportement du consommateur sera effectuée, dans un troisième temps, les éléments de l'étude qualitative portant sur l'intérêt du design olfactif et ses effets sur le comportement du consommateur seront exposés. Pour conclure l'analyse, la discussion des résultats, ainsi que les limites, les voies de recherches sous-jacentes et les implications managériales seront présentées. L E S P R AT I Q U E S M A N A G É R I A L E S E N MARKETING OLFACTIF Rien n'illustre mieux la montée en puissance de la dimension sensorielle et hédoniste de la consommation que la prépondérance des applications expérientielles (Hetzel, 2002 ; Lipovetsky, 2006 ; Rieunier et al., 2006). Désormais, de plus en plus d'entreprises, émanant de différents secteurs d'activités, « jouent la carte de la sensorialité et de l'affectif » (Lipovetsky, 2006) à l'image de quelques exemples d'enseignes les plus aboutis comme Nature & Découvertes, Résonnances, Nespresso et bien d'autres. Les stratégies et les actions marketing intégrant la dimension olfactive se multiplient. En effet, nombreux sont les espaces de vente qui font appel à des cabinets spécialisés en design olfactif afin d'avoir une identité olfactive ou un logo olfactif. La meilleure illustration de ces pratiques managériales est certainement l'enseigne Natures & Découvertes (Grandclément, 2004 ; Lemoine, 2003 ; Rieunier, 2004 ; Rieunier et al., 2006). L'ambiance reconstituée au sein des magasins de cette chaîne contribue à faire vivre aux clients une expérience gratifiante et mémorable. Gentric (2005) désigne cette enseigne comme étant l'emblème d'une nouvelle forme de distribution où « les sens des consommateurs sont sollicités, au même titre que leur imagination, pour leur faire vivre une « expérience de consommation. Le magasin « Le Printemps », quant à lui, a imaginé une mise en scène pour le même type de rayon avec un coin avec du sable, des parasols et une odeur marine et de crème solaire (Barbet et al., 1999). Par ailleurs, les entreprises ne se contentent plus d'utiliser les senteurs d'ambiance pour attirer l'attention ou pour masquer des odeurs désagréables, elles s'efforcent de créer une identité olfactive singulière. Ainsi, étant données les spécificités de la mémoire olfactive, une odeur peut constituer, via le logo olfactif, un moyen de se rappeler de la marque (Barbet et al., 1999). En plus de la multiplication des applications managériales en marketing olfactif, de nombreux champs scientifiques tels que les neurosciences, la biologie et la médecine (Jacquemier, 2001) se sont largement faits écho de la question olfactive et l'intérêt du chercheur en marketing pour ce sujet est au demeurant récent. En dépit de cet attrait à la fois pratique et scientifique, l'olfaction constitue aujourd'hui l'un des sens les moins bien connus et l'un des terrains d'études les moins balisés en marketing sensoriel qui autorisent encore autant de développements conceptuels, méthodologiques et empiriques. Dans ce qui suit, il sera question, en s'appuyant sur la revue des travaux antérieurs, de mieux comprendre les mécanismes soustendant les effets des senteurs ambiantes sur le comportement du consommateur. LITTERATURE SUR L'OLFACTION PARTICULARITES DE LA FONCTION OLFACTIVE Alors que les mécanismes de perception visuelle ou auditive sont assez connus, le processus de perception des odeurs reste encore méconnu. Son fonctionnement, est pourtant simple à comprendre et se déroule sur trois étapes. Tout d'abord, la capture de l'odeur (au niveau de la muqueuse olfactive), puis la transmission de ce signal olfactif au cerveau (au niveau du bulbe olfactif) et enfin le décodage de cette odeur (Barbet et al., 1999). Donc, l'olfaction, qui est un sens chimique (Daucé, 2000), commence lorsque les molécules odorantes entrent en contact avec la muqueuse olfactive (c'est-à-dire, l'intérieur des narines). Cette dernière abrite des récepteurs qui portent à leur sommet un cil qui permettra la capture de l'odeur. Puis, ces récepteurs transmettent le message olfactif tout au long du nerf olfactif jusqu'au bulbe olfactif. C'est à ce niveau que s'effectue le décodage de l'odeur. Il est à noter qu'une odeur est perçue plus rapidement que tous les autres stimuli (visuels, auditifs, tactiles, gustatifs), notamment parce que dans l'odorat, le « siège du senti et du ressenti se confondent » (Barbet et al., 1999). En effet, l'information olfactive ne passe pas par le thalamus qui permet l'analyse de cette information comme pour tous les autres sens, mais parvient directement au système limbique, aussi appelé « siège des émotions ». Ce lien direct entre le nerf olfactif et le système limbique fait que l'information olfactive ne passe pas par la conscience mais sera directement liée à une émotion. Toutefois, le problème des odeurs ne se situe pas au niveau de leur détection, car elle s'opère le plus souvent de manière inconsciente (Barbet et ai., 1999 ; Daucé, 2000), mais réside surtout au niveau de leur identification. La difficulté à reconnaître et à identifier les odeurs relève de l'absence de codification verbale de ces dernières (Barbet et al., 1999 ; Daucé, 2000). Donc, le seul codage des odeurs actuellement effectué est un codage holistique, relatif à la valence hédonique des odeurs, c'est-à-dire à leur caractère plaisant ou déplaisant. Pourtant, si les odeurs font partie des stimuli sensoriels les plus difficiles à identifier et donc à mémoriser, une fois cela réalisé, elles peuvent rester stockées dans la mémoire à long terme. Par ailleurs, les souvenirs qui leurs sont associés, mêmes s'ils sont très anciens et moins accessibles que d'autres, ressurgissent avec une impressionnante précision (Barbet et ai., 1999 ; Daucé, 2000). Ainsi, pour des durées de rétention de plusieurs mois, la déperdition n'est que de 5 % pour les odeurs contre 50 % pour les images. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 89 Design olfactif des espaces commerciaux En plus de son impressionnante longévité, la mémoire olfactive se caractérise aussi par son fort contenu émotionnel (Barbet et al., 1999 ; Daucé, 2000). Il faut savoir en effet, qu'un mot, un son ou une couleur seront stockés tels quels dans la mémoire, alors qu'une odeur a besoin, la plupart du temps, d'être reliée à un support (un lieu, une date, une situation) qui permettra sa mémorisation. De ce fait, si une personne a pris l'habitude de sentir une odeur dans un contexte spécifique, à chaque nouvelle perception de celle-ci, l'individu se remémorera le contexte qui lui est associé. Et avec ce contexte, ressurgiront en mémoire toutes les émotions ressenties lors de la première inhalation de l'odeur. Cela explique pourquoi certaines odeurs suscitent automatiquement chez ceux qui les ressentent une ou plusieurs émotions. Donc, pour des consommateurs de plus en plus polysensoriels et à la recherche d'émotions, l'ambiance olfactive apparaît comme un moyen efficace de satisfaire leurs désirs tout en permettant aux entreprises de se différencier de la concurrence. OLFACTION EN RECHERCHE MARKETING Contrairement aux autres stimuli sensoriels (visuels, auditifs), peu de recherches marketing ont été réalisées sur l'influence de l'ambiance olfactive sur le comportement du consommateur. Cependant, ces quelques travaux s'accordent sur la nécessité d'approfondir les recherches en surmontant les difficultés inhérentes aux expérimentations. Parmi les défis méthodologiques, il est possible de citer la difficulté d'isoler, d'une part, les effets engendrés par les seules caractéristiques contrôlées de l'odeur (Daucé, 2000 ; Maille, 2001), et d'autre part, d'isoler l'effet de l'ambiance olfactive des autres facteurs atmosphériques sur le comportement du consommateur. Les études antérieures portant sur l'influence de l'ambiance olfactive sur le comportement des consommateurs, menés dans des environnements réels et simulés, révèlent un certain nombre de résultats. La présence d'une odeur d'ambiance par opposition à son absence produirait des effets sur le comportement du consommateur au niveau de ses réponses cognitives, affectives et conatives. La diffusion d'une odeur dans un magasin de vêtement ou un casino (Hirsh, 1995 ; Teerling et al., 1992) a permis d'augmenter les dépenses alors qu'une étude similaire menée dans une bijouterie n'a pas révélé de résultats significatifs (Knasko, 1989). Il convient de noter la pertinence de varier les contextes dans lesquels se déroulent les expérimentations. A cet effet, Lemoine (2003) met l'accent sur « l'aspect circonstanciel » des facteurs environnementaux. Une recherche récente, réalisée dans une pizzeria, a montré que la diffusion d'une odeur d'ambiance relaxante pouvait augmenter la consommation de desserts et le temps passé (Guéguen et Petr, 2006). Il serait aussi pertinent de s'intéresser à l'influence potentielle de la diffusion d'une odeur d'ambiance sur le nombre d'achats impulsifs (Barbet et al., 1999). La présence d'une odeur d'ambiance dans un lieu de vente permettrait aussi d'amplifier la charge ou la nature stimulante de l'environnement et par la même renforcer son côté attrayant et plaisant. De plus, l'évaluation de l'atmosphère est présupposée s'étendre à l'évaluation du magasin lui-même et par conséquent aux marchandises proposées (Chébat et Michon, 2003 ; Daucé, 2000 ; Maille, 2005). L'odeur d'ambiance aurait aussi une influence sur la perception du temps (Maille, 2005 ; Spangenberg et al., 1996). Ainsi, les personnes se trouvant dans l'environnement parfumé auraient l'impression de passer moins de temps. L'ambiance olfactive présente la particularité de susciter plus fortement les réactions affectives comparée aux autres facteurs d'ambiance (Daucé, 2000) étant donné le lien direct entre le nerf olfactif et le système limbique, siège des émotions. Il est généralement admis que les odeurs plaisantes améliorent l'humeur, alors que des odeurs désagréables sont susceptibles de rendre les individus de mauvaise humeur. Cela a notamment été démontré par Ehrlichman et Halpern (1991) où sur trois groupes de personnes, l'un exposé à une odeur agréable, le second à une odeur désagréable et le troisième étant un groupe témoin, les individus de bonne humeur étaient ceux soumis à l'odeur agréable. D'autre part, il semble que la simple suggestion de la présence d'une odeur agréable semble améliorer d'une manière générale l'humeur des individus (Knasko, 1992). Récemment, Maille (2005) a mis en évidence l'effet de certaines odeurs diffusées sur le plaisir ressenti par les clients. Chébat et Michon (2003) se sont intéressés au processus d'influence de l'odeur sur l'affect et ont montré que le stimulus olfactif agissait sur le plaisir et l'éveil via respectivement le niveau d'éveil et la perception de l'environnement. Il ne faut toutefois pas tirer de conclusions hâtives, car il est difficile d'attribuer l'effet d'une odeur sur l'humeur à une des composantes ou à la somme des effets individuels des différentes composantes du stimulus olfactif d'autant plus que les individus auraient plutôt tendance à juger de l'agrément de l'odeur que du type de l'odeur (Rieunier et alii., 2006). Rieunier (2000) précise qu'il faut tenir compte du contexte d'exposition qui, selon elle, joue un rôle modérateur au niveau de l'influence de l'odeur sur le plaisir. Une odeur pourrait donc avoir des effets différents selon le moment de la journée (par exemple avant ou après le repas). Certains attribuent les effets des odeurs sur l'affect au pouvoir qu'elles ont d'évoquer des souvenirs heureux et d'agir par le biais de la nostalgie. Les odeurs ont le pouvoir de s'imprimer dans le cerveau et se caractérisent par leur longévité. La responsable du service olfactif d'un cabinet de design sensoriel, Mme Aurélie Duclos, précise que les odeurs « sont stockées au niveau du système limbique, sous forme d'émotions liées au contexte dans lequel elles ont marqué le sujet » et qu'elles permettent de resituer « la personne Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 90 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI dans ce qu'elle a vécu précédemment ». MIEUX COMPRENDRE L'INTÉRÊT DU MARKETING OLFACTIF : UNE APPROCHE QUALITATIVE La revue de littérature et le contexte managérial ainsi mobilisés ont permis de mieux appréhender l'intérêt du marketing olfactif et son incidence sur le comportement du consommateur. Afin de mieux comprendre les mécanismes sous-tendant les effets des stimulations olfactives sur les réactions et les expériences du consommateur, une étude qualitative a été menée. - Matériel & méthodes Pour une meilleure compréhension des effets de l'utilisation des stimulations olfactives dans les espaces commerciaux sur le consommateur à l'affût d'expériences affectives, polysensorielles et sociales (Lipovetsky, 2006), les chercheurs ont majoritairement privilégié des approches quantitatives (pour une revue détaillée, voir Maille, 1999 ; Turley et Milliman, 2000). Pourtant, les fondements de la démarche qualitative « offrent, aujourd'hui encore, un potentiel intéressant pour découvrir ou retrouver le sens caché de l'expérience de l'acheteur » (Vernette, 2007). A l'instar de l'article fondateur de Holbrook et Hirschman (1982), différentes recherches, fondées sur la problématique de la relation entre les espaces de vente et le comportement du consommateur, postulent que les méthodes qualitatives (i.e. entretiens individuels, focus group, introspection guidée, entretiens phénoménologiques, observation ethnographique, etc.) sont particulièrement appropriées à l'étude du comportement du consommateur et des expériences de consommation (Andreani et Conchon, 2006 ; Daucé et Rieunier, 2002 ; Gentric, 2005 ; Hetzel, 2000 ; Sherry, 1995). Dans la lignée de ces travaux, c'est l'approche qualitative qui est privilégiée ici afin de comprendre et d'explorer les effets des stimulations olfactives sur les réponses (i.e. affectives, cognitives et comportementales) du consommateur en magasin. En dépit des arguments théoriques précités, le choix de cette méthode peut aussi se justifier par les singularités qu'elle offre par rapport aux approches quantitatives usuelles : (1) favoriser une interprétation plus approfondie du phénomène de l'expérience d'achat en ce sens que le consommateur peut s'exprimer librement sur sa perception de l'environnement olfactif et les expériences qu'il peut vivre en son sein ; (2) le caractère individuel, subjectif des motivations et des expériences vécues dans les points de vente ; (3) garantir la précision et la nature des réactions suscitées par le phénomène olfactif et observer les fais sociaux et psychologiques qui sous-tendent ces réactions. Dans cette optique, 11 entretiens semi-directifs d'une durée approximative de trente-cinq à soixante minutes ont été organisée au sein d'un lieu de vente parfumé (enseigne Paraboot France) ; le matériau qualitatif fût par la suite enregistré et puis retranscrit à des fins d'analyse. Découlant de la littérature existante et conformément à la problématique d'étude, un guide d'entretien (cf. Annexe1) fût alors élaboré en respectant les règles requises (Giannelloni et Vernette, 2001). Celui-ci s'articule autour des axes reflétant la problématique d'étude principale. Globalement, plusieurs thèmes ont été traités et mettent en jeu des aspects divers comme par exemple l'attitude envers l'utilisation des senteurs dans les points de vente, la diversité des comportements suscités par les stimulations odorantes de l'environnement olfactif (i.e. réactivité affective, souvenirs affectifs, recherche active d'expériences olfactives, interactions sociales, jugement de la qualité globale du lieu de shopping et celle de ses produits, comportements d'approche versus d'évitement, etc.). Les thèmes traités proviennent de la littérature et une discussion avec les responsables du magasin étudié. Ce guide a été testé auprès de quelques personnes avant de conduire l'étude finale à proprement parler pour vérifier l'intelligibilité et la pertinence des questions. Nous avons veillé par ailleurs à respecter la neutralité et l'objectivité dans l'analyse des discours des clients. Ces derniers ont fait par la suite l'objet d'une analyse de contenu thématique (horizontale et verticale ; Bardin, 1998 ; Giannelloni et Vernette, 2001) après avoir été intégralement et fidèlement retranscrits et enregistrés. Participants Le caractère appliqué de la présente étude justifie le recours à un échantillon de clients réels qui fréquentent des magasins parfumés. Ainsi, 11 individus ont accepté de participer délibérément à l'enquête. Ces personnes ont été recrutées au sein du lieu de vente sur la base du critère de diversité en termes d'âge (entre 25 et 60 ans), de sexe, de catégories socioprofessionnelles et d'expériences de shopping passées. Ce principe de diversité constitue, comme le mentionnent Bergadaà et Nyeck (1993), « l'objectif majeur dans la constitution des échantillons des recherches qualitatives ». De plus, nous avons retenu le critère de saturation sémantique (Glaser et Strauss, 1967) qui consiste à arrêter les entretiens à partir du moment où que les données recueillies ne sont plus nouvelles (Mucchielli, 1991). Afin de vérifier cette condition et de s'assurer que tous les aspects de la problématique ont de fait été couverts, deux entretiens supplémentaires furent menés. RESULTATS Des entretiens menés in-situ ont émergé des résultats structurés autour de la problématique du rôle de l'utilisation des stimulations olfactives dans la relation unissant le consommateur et le lieu de vente. En effet, plusieurs points fondamentaux traduisent les mécanismes sous-tendant les réactions des consommateurs dans les Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 91 Design olfactif des espaces commerciaux lieux de vente parfumés : (1) identification et perception de la présence des parfums ambiants au point de vente, (2) perception des clients à l'égard du marketing olfactif, (3) pouvoir évocateur du stimulus olfactif, (4) stimulations odorantes comme source d'appropriation, (5) relation entre stimulations olfactives et autres facteurs d'ambiance, (6) influence des stimulations olfactives sur le temps passé en magasin, (7) relation entre stimulations olfactives et la qualité de service, (8) rôle des facteurs individuels et situationnels dans l'incidence des stimulations olfactives sur le comportement du consommateur. IDENTIFICATION ET PERCEPTION DE LA PRÉSENCE DES PARFUMS AMBIANTS AU POINT DE VENTE Conformément au guide d'entretien, un thème fut consacré à la capacité des consommateurs à repérer les stimulations odorantes au point de vente et leur perception de ces stimuli. Parmi les dimensions olfactives, trois d'entre-elles furent longuement évoquées (spontanément ou à l'aide des relances) dans le but de savoir comment elles sont jugées et quelles seraient leurs éventuelles conséquences sur les réactions attitudinales et comportementales du client ? A ce propos, il convient de souligner que les clients interviewés sont majoritairement favorables à l'idée d'émettre des fragrances sur les lieux de vente sous réserve qu'elles soient plaisantes. De la même manière, les répondants déclarent le fait que les parfums ambiants ne doivent pas être intenses au risque de les agresser, les irriter et les pousser, par conséquent, à quitter le point de vente. En définitive, ce que l'on peut retenir de cette analyse est qu'une mauvaise gestion de l'ambiance olfactive aurait pour effet d'induire une évaluation négative de l'atmosphère globale du magasin et des comportements négatifs. Il est à noter que les sujets se sont abondamment exprimés sur ce point comme en témoignent les discours suivants : […] Je trouve que l'ambiance olfactive de ce magasin est très calme et je me sens vraiment bien ici, car l'odeur qui y règne est très douce, juste et plaisante […], […] Il faut que l'odeur soit suffisamment subtile, juste, agréable. En même temps, il ne faut pas qu'elle soit surprenante non plus, autrement on va passer du temps à se poser des questions sur son origine alors qu'on est censé se préoccuper d'autres choses […], […] Dans ce magasin, il y a un minimum d'odeurs, je pense qu'on ne se rend même pas compte qu'il y a des odeurs, il faut qu'elle soit présente et qu'elle sente bon pour notre bien-être […]. Ce principe est d'autant plus indispensable que le praticien, qui se soucie de son image et du bien-être psychologique et sensoriel de ses clients et de son personnel en contact, doit sélectionner soigneusement et méthodiquement les stimuli olfactifs qu'il souhaite déployer au sein de ses lieux de vente ; ces stimuli doivent être agréables, relaxants de façon à aider le consommateur à effectuer son shopping et le personnel à travailler dans des conditions favorables. L'illustration caractéristique du problème de gestion du design olfactif est celle de Nature & Découvertes puisque certains consommateurs trouvaient le parfum du cèdre diffusé partout au point de vente étouffant, oppressant et excessivement fort, ce qui les poussaient à adopter des comportements de repli (versus d'approche) : […] Personnellement, j'ai rien contre l'odeur du bois que l'on trouve chez Nature & Découvertes car je trouve qu'elle se marie vachement bien avec l'enseigne mais ce qui me dérange le plus c'est le fait qu'elle soit trop agressive et oppressante, cela est dû, me semble-t-il, au mélange de l'odeur d'ambiance et celles des produits […]. Outre l'agrément et l'intensité olfactive, la congruence entre les parfums ambiants et les autres facteurs d'atmosphère semble surgir fréquemment lors des entretiens qualitatifs. Dans l'esprit des répondants, il est judicieux qu'une enseigne puisse utiliser des parfums ambiants qui « se marient bien » avec le reste de l'atmosphère (notamment, la lumière, le décor, le volume, l'esthétique, les matériaux, la classe de produits, les présentoirs, la musique, etc.), ainsi que le positionnement marketing. Les occurrences de type « se marie bien », « colle avec », « harmonie », « cohérence », « symbiose » sont révélatrices de la sensibilité des consommateurs envers la congruence olfactive. Ce résultat paraît intéressant tant sur le plan théorique que pratique. S'agissant de la recherche, l'assertion avancée ici vient conforter un principes théorique important mis en exergue par les travaux antérieurs selon lequel les facteurs « atmosphériques » doivent être conçus et définis de manière parfaitement harmonieuse et autour d'une thématique donnée en fonction évidemment des objectifs et du positionnement de l'entreprise (Rieunier, 2004 ; Rieunier et al., 2006). Récemment, une recherche expérimentale (Mattila et Wirtz, 2001) a pu révéler que la senteur et la musique d'ambiance, lorsqu'elles sont congruentes en termes de stimulation, ont tendance à influencer positivement la perception de l'atmosphère globale du point de vente, les achats d'impulsion, les ressentis émotionnels, la satisfaction et l'intention de revenir au point de vente. Au niveau managérial, l'analyse qualitative montre, une fois de plus, que les professionnels, soucieux de créer à bon escient l'atmosphère multi-sensorielle de leurs espaces commerciaux, doivent opérer une sélection méthodique et réfléchie des senteurs de manière à ce qu'elles soient cohérentes avec l'ensemble des éléments du lieu de vente et ne pas s'en tenir à une gestion intuitive. PRATIQUE DU MARKETING OLFACTIF SUR LE TERRAIN : AVIS DES CONSOMMATEURS Une des questions les plus souvent soulevées par la littérature et qui intéresse les entreprises est de savoir ce que pensent les consommateurs de l'usage des stimulations olfactives dans la pratique ? Deux points essentiels Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 92 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI semblent se dégager de l'analyse qualitative qui dévoile que le marketing olfactif n'est pas interprété de la même manière par l'ensemble des consommateurs. Certes, pour la majorité interviewée, le recours à ce type de pratique constitue une pratique légitime et pertinente pour des raisons commerciales, en revanche, d'autres, bien que minoritaires, y voient une source de « manipulation » et de tromperie. La partie suivante présente les deux cas de figures. - Le marketing olfactif comme pratique légitime : la majorité des répondants déclare être favorable quant à la diffusion des senteurs ambiantes dans les lieux commerciaux. En ce sens, elle trouve qu'il est légitime et opportun pour le praticien d'utiliser, si nécessaire, les stimulations odorantes à des fins commerciales diverses : […] Je me sens super à l'aise dans une atmosphère olfactive, mais à condition bien sûr que ce type de moyen ne soit pas fait pour manipuler les gens et les pousser à dépenser plus d'argent. Il ne faut pas que ça soit maladroit mais plutôt un moyen d'amélioration de l'ambiance des lieux et pas de manipulation […]. En voici quelques unes qui émergent de l'étude : - Masquer les odeurs nauséabondes : les parfums ambiants peuvent être exploités pour éliminer les odeurs désagréables et irritantes susceptibles de provenir des facteurs humains (foule) ou bien d'autres sources olfactives : […] La diffusion des odeurs en magasin est importante, ça permet de masquer les mauvaises odeurs, améliorer l'ambiance du magasin […]. C'est sans doute cet objectif qui est le plus recherché dans le cadre du marketing olfactif ; - Favoriser une expérience hédonique et esthétique : les consommateurs voient dans le marketing olfactif un moyen ludique qui peut être contrôlé par le manager pour apporter au consommateur des sensations de bien-être et de confort polysensoriel. Cela montre que les clients sont à l'affût des expériences au-delà des bénéfices utilitaires : […] Côté émotionnel et ben ça me donne un sentiment de bien être et me met dans un bon étant psychologique […], […] Oui, ça fait plaisir et on se sent bien quand même, […] L'utilisation des odeurs dans les magasins peut paraître pour certains un truc ridicule mais moi je trouve cela a un intérêt justifié vu que ça ne peut que faire du bien aux gens, les rendre détendus et les aident à faire leurs courses tranquillement, […]. Il conforte, par ailleurs, l'idée communément admise selon laquelle le point de vente serait pour le consommateur un espace de vie, de divertissement, de détente, de rencontres sociales et non pas uniquement un lieu de ravitaillement (Hetzel, 2002 ; Lemoine, 2005 ; Lipovetsky, 2006). - Renforcer la qualité du produit : outre son aspect organisationnel, le stimulus olfactif peut s'appréhender comme un élément d'action qui permet de mettre en relief les attributs des produits : […] La diffusion des odeurs en magasin est importante, ça permet de renforcer la qualité des produits […], […] (Silence) Je pense que l'odeur diffusée ici reflète bien la qualité du produit, (silence), je pense qu'elle reflète aussi l'image du magasin […], […] Les odeurs d'ambiance peuvent renforcer la qualité et la résistance de certains produits comme les chaussures […]. Cela est d'autant plus vrai et intéressant que le lieu de vente dans lequel s'est déroulée l'étude s'efforce de diffuser la senteur de cuir pour, entre autres, appuyer les caractéristiques des chaussures vendues ; - Se différencier de la concurrence : l'idée selon laquelle l'atmosphère du magasin, notamment sa dimension olfactive est destinée à procurer au praticien un avantage concurrentiel (Rieunier et al., 2006) émerge des entretiens. A cet égard, certains répondants estiment qu'il est stratégique et judicieux pour un praticien, confronté à l'hyperconcurrence (Lipovetsky, 2006), de miser sur des éléments intangibles, en particulier, les facteurs ambiants et de ne pas se cantonner uniquement au marketing-mix : […] C'est bénéfique également pour les magasins puisque c'est un moyen de proposer quelque chose de différent par rapport aux concurrents et de mettre en avant les produits proposés […] ; - Attirer les clients et augmenter les ventes : il semblerait que les répondants sont lucides et avisés concernant l'utilisation des stimulations olfactives à des fins fondamentalement commerciales. En d'autres termes, ils sont parfaitement conscients que les managers ont recours au marketing olfactif afin d'augmenter leurs ventes tout en optimisant l'attrait et l'intérêt des consommateurs pour leur offre de produits et/ou de services : […] Oui c'est une bonne idée et ça permet aussi au magasin d'attirer plus de clientèle […]. Ceci peut s'expliquer par le flux important d'informations disponibles sur le marché facilement accessible aux consommateurs, ce qui les rend constamment à l'affût des fondements et des avancées du marketing sensoriel, en particulier olfactif. Le marketing olfactif comme source de « manipulation » : si certains répondants semblent développer une attitude positive envers le marketing olfactif, d'autres le sont moins. Ces derniers estiment de manière explicite leur hostilité à l'égard de certaines pratiques olfactives. Ils pensent que le marketing olfactif peut être utilisé de manière abusive par certaines entreprises moins scrupuleuses qui tentent de « manipuler » le consommateur par ce biais afin de doper leurs ventes. Ils suggèrent que ce type de pratiques doit obéir à un certain nombre de règles dont il faut tenir compte comme le respect de la santé des individus : […] Je me sens super à l'aise dans une atmosphère olfactive, mais à condition bien sûr que ce type de moyen ne soit pas fait pour manipuler les gens et les pousser à dépenser plus d'argent. Il faut pas que ça soit maladroit mais plutôt un moyen d'amélioration de l'ambiance des lieux et pas de manipulation […], […] L'idée de diffuser des odeurs dans les lieux de vente n'a absolument rien de négatif et dérangeant dès lors que l'usage qu'on en fait est pertinent et légal, il y a quand même des gens allergiques et qui ne peuvent pas supporter Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 93 Design olfactif des espaces commerciaux des odeurs trop fortes […], […] (Silence), plutôt positif par rapport à l'idée de diffusion des odeurs ambiantes mais sous réserve bien entendu qu'elles ne portent pas atteinte à la santé des gens […]. Ce résultat renvoie au débat suscité à l'heure actuelle par l'éthique du marketing sensoriel et olfactif en particulier. Ainsi, chercheurs et praticiens se sont penchés récemment sur une telle problématique : le marketing sensoriel est-il un moyen de manipulation ou simplement de différenciation ? Convient-il de souligner que ce problème se pose plus particulièrement pour l'olfaction dans le sens où l'action de stimulation olfactive se fait à l'insu du consommateur. Dans cette perspective, Hetzel (www.journaldunet.com) insiste sur l'importance d'appliquer l'éthique au marketing sensoriel ; un encadrement de ces pratiques par la loi aiderait à mieux soigner l'image des entreprises et à protéger les consommateurs contre d'éventuelles tentatives de tromperie et d'instrumentalisation. POUVOIR ÉVOCATEUR DU STIMULUS OLFACTIF L'analyse thématique des entrevues met en évidence une pluralité d'évocations imaginaires suscitées par la diffusion des stimuli olfactifs sur le lieu de vente. Ainsi, il ressort que l'utilisation des parfums ambiants en magasin est interprétée par le consommateur comme étant un facteur subtil, susceptible de générer des évocations nostalgiques, de se laisser transporter dans des univers marquants et de se souvenir des expériences passées (i.e., rencontres sociales, voyages, expériences mémorables, univers et objets particuliers, retour au passé, etc.). La notion de nostalgie, comme le suggèrent Divard et RobertDemontrond (1997), malgré sa popularité, demeure assez difficile à cerner et risque d'être facilement confondue avec d'autres dimensions olfactives. En se fondant sur une importante revue de littérature, par ailleurs intéressante, ces auteurs proposent de définir la nostalgie comme étant « une réaction affective douce-amère, éventuellement associée à une activité cognitive, et qui est éprouvée par un individu lorsqu'un stimulus externe ou interne a pour effet de le transporter dans une période ou un événement issu d'un passé idéalisé, s'inscrivant ou non dans son propre vécu ». En transposant une telle définition dans notre cadre de recherche, il est possible d'affirmer, au regard des propos recueillis sur ce thème, que le parfum ambiant joue effectivement le rôle du stimulus externe qui induit des évocations nostalgiques affectives très souvent positives rendues possibles au moyen d'un processus de traitement d'information concernant le parfum émis (hédonicité, intensité, congruence, symbolique, etc.). Dans ces verbatim on retrouve désormais la puissance évocatrice extraordinaire attribuée aux stimulations sensorielles (en l'occurrence olfactives) : […] on est vraiment dans le domaine de la chaussure […], […] (silence) je l'associe au cuir, à la nature et à la compagne. Je la trouve agréable, inhabituelle et m'évoque également les souvenirs d'enfance et d'adolescence […], […] ça me rappelle également la côté artisanal de la fabrication des chaussures […], […] ça me rappelle le bois et la forêt […], […] ça me rappelle des choses liées à une période révolue, l'harmonie saisonnière, un peu d'ambiance et ça renvoie à l'orthodoxie paysanne en tout cas ce sont des choses que je peux associer à l'odeur du cuir ici présente […]. Récemment, des travaux de recherche se sont faits écho du rôle majeur des différentes évocations imagées fondamentalement inhérentes aux stimulations odorantes. Ochs (2005), dans le cadre d'une réflexion qualitative sur l'expérience d'appropriation en magasin parfumé, établit clairement que le stimulus olfactif peut, dans certaines conditions, jouer le rôle de « conducteur » qui fait voyager le consommateur vers d'autres univers. En outre, Jacquemier (2005) explique fort justement l'importance de la puissance évocatrice et symbolique de l'olfaction : « les odeurs « signifient » pour nous, et elles ont cette particularité de signifier autre chose qu'elles-mêmes ; elles renvoient à tout un univers imaginaire et personnel, si bien dépeint par les philosophes et les écrivains qui vont évoquer, pour l'un, l'enfance et des sentiments associés à la nostalgie, pour l'autre la projection dans le futur d'un désir refoulé ». Ce résultat peut en effet être mis en parallèle avec l'émergence de ce qu'il convient d'appeler le rétromarketing ou le marketing de la nostalgie (Cova et al., 2003 ; Lipovetsky, 2006) dont le principe consiste à exploiter la dimension nostalgique et la quête du sens liée à l'olfaction. Une illustration exemplaire de ce type d'applications est sans doute celle des magasins d'atmosphère contemporains tels que Résonances, Nature & Découvertes, Comptoir de Famille, et bien d'autres. Les entreprises souhaitent se distinguer de la concurrence et offrir au client des expériences mémorables et sensitives devraient, a priori, veiller à utiliser des parfums ambiants susceptibles d'évoquer des choses positives, d'où l'importance dés lors de faire appel aux enquêtes d'opinion pour étudier et prédire la perception et les attentes des consommateurs en ce qui concerne le pouvoir évocateur des parfums ambiants destinés à être utilisés dans le cadre du projet du marketing olfactif. Si le développement du marketing de la nostalgie dans une perspective olfactive n'est plus à démontrer, force est de constater que cet aspect n'est, en réalité, pas suffisamment traité en recherche marketing. Des travaux futurs doivent se pencher sur la problématique globale du lien entre l'olfaction et la nostalgie. STIMULATIONS ODORANTES COMME SOURCE D'APPROPRIATION DE L'ESPACE Les résultats établis tendent à montrer que l'ambiance olfactive constitue un facteur déclencheur des comportements d'appropriation dans le sens où le consommateur s'efforce de toucher les objets présents sur le lieu de vente comme les produits, les objets de décoration (présentoirs et matériaux), de se déplacer en Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 94 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI son sein, de déambuler entre les allées. Derrière ces comportements se cache une dimension expérientielle intéressante et forte du fait que le consommateur s'efforce d'exercer une sorte de contrôle, d'emprise et d'intervention sur l'espace, de créer un rapport de proximité avec le lieu ; ces pratiques constituent pour le consommateur une manière de renforcer et de valoriser son expérience de consommation : […] ça me donne envie de bouger dans le magasin et profiter de la visite du magasin pour changer un peu les idées […], […] Je pense qu'en sentant l'odeur du cuir on est tenté de réfléchir sur le sens derrière et donc du coup ça nous implique physiquement et même mentalement en particulier en ce qui concerne l'essai des chaussures, oui je pense que ça peut me rendre dynamique […]. La question d'appropriation, étudiée en sciences humaines et psychosociales (Fisher, 1997), et récemment en comportement du consommateur (Bonnin, 2000 ; Caru et Cova, 2003 ; Gentric, 2005 ; Ochs, 2005 ; Sherry, 1995) est importante pour mieux appréhender l'expérience de shopping. Elle peut se définir comme étant « un processus psychologique fondamental d'action et d'intervention sur un espace pour le transformer et le personnaliser ; ce système d'emprise sur les lieux englobe les formes et les types d'intervention sur l'espace qui se traduisent en relations de possessions et d'attachement » (Fischer, 1992, p.91). Comme le suggèrent les travaux précités, l'appropriation offre une grille de compréhension originale et riche du phénomène de l'expérience de shopping. Ce faisant, ces travaux insistent sur le fait que le consommateur ne doit pas être vu comme étant un simple spectateur de ce qui se passe autour de lui en terme de mise en scène de l'offre, et qui ne fait que subir de manière passive les effets des stimulations polysensorielles contrôlées par le praticien, mais comme un acteur à part entière qui a légitimement son rôle dans la création de l'expérience. En dépit de l'importance déterminante des états affectifs dans le processus d'influence des facteurs situationnels sur le comportement du consommateur est reconnu (Kotler, 1973 - 1974 ; Lemoine, 2002 ; Mehrabian et Russel, 1974), il n'en demeure pas moins qu'une telle approche semble aujourd'hui insuffisante et devrait être renouvelée et enrichie en partie à travers les apports du modèle de l'appropriation (Carù et Cova, 2003) et de coproduction expérientielle (Gentric, 2005 ; Sherry, 1995). Plusieurs facteurs expliquent le renouvellement de l'approche d'induction émotionnelle au moyen des modèles d'appropriation : (1) l'approche affective considère le consommateur comme étant quelqu'un qui subit de manière passive les actions, notamment les stimuli situationnels utilisés par le praticien ; or, on sait pertinemment que l'individu est capable d'agir, dans certaines circonstances, sur son environnement au travers des comportements physiques, (2) le lien entre le consommateur et le lieu de vente est fondamentalement interactif et complexe (Bonnin, 2002). Sur le plan pratique, Nature & Découvertes, Résonnances, Olivier & Co (pour ne citer que quelques exemples) fournissent une illustration intéressante de l'influence des parfums ambiants sur l'adoption par le consommateur des comportements d'appropriation sur le lieu de vente. Au niveau académique, l'état actuel des connaissances s'agissant du lien entre l'espace de vente et l'appropriation ne suffit pas pour résoudre les questions en suspens ; il est donc judicieux de conduire d'autres travaux pour mieux rendre compte des mécanismes olfactifs sous-tendant l'expérience d'appropriation en magasin afin d'éclairer les managers en matière des décisions à prendre en terme d'aménagement de leurs points de vente. RELATION ENTRE STIMULATIONS OLFACTIVES ET AUTRES FACTEURS D'AMBIANCE Bien que l'étude se soit intéressée uniquement à l'aspect olfactif de l'atmosphère du lieu de vente, force est de constater que les répondants déclarent (spontanément ou via des relances) solliciter leurs cinq sens pour s'immerger dans l'expérience de consommation. De même, ils reconnaissent le rôle majeur que peuvent jouer ces mécanismes sensoriels dans la relation avec le point de vente et les gens qui s'y trouvent : […] Plutôt agréable, attrayante bien organisée dans l'ensemble et je trouve aussi qu'il y a là un bon agencement entre les différents éléments de la boutique je pense à l'odeur du cuir, les chaussures en cuir ainsi que les tableaux de photos de chaussures collés sur le mur et pas mal de trucs intéressants à voir ici dans cette boutique […], […] Quand il y a la foule dans un magasin certaines mauvaises odeurs peuvent s'incruster […], […] Il faut qu'il y ait d'autres facteurs en plus de l'odeur […], […] Oui franchement oui mais à part l'odeur il y a aussi la vue, le toucher qui jouent un rôle important dans notre relation avec le monde extérieur, l'univers des produits et l'environnement du magasin, c'est un tout, une symbiose […]. Ce résultat paraît évident et intéressant au regard de la stratégie du marketing sensoriel privilégiée par le magasin de l'étude. Ainsi, pour aider le consommateur à s'immerger dans l'univers de la marque et à vivre une expérience gratifiante, tous les cinq sens sont désormais sollicités par le praticien au moyen d'une musique d'ambiance douce et relaxante, d'une architecture simple, agréable et cohérente avec le positionnement marketing, d'une senteur de cuir plaisante et évocatrice de l'univers de la chaussure et des matériaux et tableaux décrivant le processus de fabrication de la chaussure ; toutes ses dimensions polysensorielles s'inscrivent ainsi dans une harmonie définie autour du plaisir et du confort polysensoriels. Le résultat mis en exergue ici est intéressant tant au niveau managérial que conceptuel. - Du point de vue managérial, il montre que les professionnels s'efforcent de plus en plus d'anticiper et de définir de manière holistique l'agencement de leurs lieux Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 95 Design olfactif des espaces commerciaux - de vente (Daucé et Rieunier, 2002). Sur ce point, Hetzel (1996) recense un nombre important d'entreprises qui focalisent leur travail sur la sollicitation des cinq sens : « des concepts qui réinventent la sollicitation des cinq sens sont alors la forme moderne, revue et corrigée à l'aune de la société de consommation, des souks traditionnels où régnaient le marchandage et la sollicitation des cinq sens ». La combinaison multi-sensorielle est caractéristique de certains concepts de marque très en vogue à l'image de Nature & Découvertes, Ralph Lauren, Résonnances, Occitane, Olivier & Co, Séphora, etc. (Hetzel, 2000 ; Rieunier et al., 2006). - Du point de vue conceptuel, l'analyse conduite jusqu'ici justifie l'idée selon laquelle l'influence de l'atmosphère du magasin sur le comportement du consommateur doit être analysée dans son acception globale et non pas de manière atomisée (Hetzel, 2000 ; Lemoine, 2003 ; Mattila et Wirtz, 2001). Le principe de l'approche holistique est simple, il stipule que le consommateur, lors de sa visite du point de vente, n'est pas attentif uniquement à un seul stimulus, mais perçoit l'environnement physiquement globalement à l'aide de tous les canaux organoleptiques. Par exemple, Mattila et Wirtz (2001) ont montré que la congruence de la musique et de la senteur d'ambiance en termes de stimulation contribue à améliorer l'évaluation globale du point de vente, à augmenter le plaisir ressenti, la satisfaction à l'égard de la visite, les achats d'impulsifs et l'intention de retour. Bien que la perspective holistique et/ou conjointe de l'influence de l'atmosphère se développe progressivement en recherche marketing, l'état des travaux en la matière ne permet pas encore d'aboutir à des recommandations précises. Toutefois, des travaux futurs sont nécessaires pour une meilleure compréhension de la relation atmosphère-client. INFLUENCE DES STIMULATIONS OLFACTIVES SUR LE TEMPS PASSÉ EN MAGASIN Selon l'analyse de contenu, il paraît que les consommateurs passent plus de temps en magasin à flâner, à repérer des produits, à échanger avec les autres occupants du lieu (clients et employés), ) rechercher des informations, et à s'approprier l'espace physique lorsque le parfum ambiant est diffusé. Les verbatim suivants mettent en avant ce constat : […] Quand une odeur agréable est diffusée je peux rester plus longtemps dans le magasin […],Ça sent bon d'ailleurs et ça me détend et me donne envie de rester longtemps au sein du magasin quitte à en profiter […], […] Je pense qu'on se sent à l'aise et bien dans sa peau quand on est dans un magasin ou il y a de l'animation, de la convivialité, de l'originalité et l'odeur c'est quelque chose qui m'attire quand je visite un magasin et les marchés […]. Cette relation pourrait s'expliquer par plusieurs raisons. Nous en présentons deux qui nous semblent pertinentes : (1) le magasin de l'étude présente certaines particularités qui font que les consommateurs y restent plus longtemps que possible ; il offre ainsi une large collection de modèles de chaussures « haut de gamme » au prix minimum de 150 euros, ce qui incite les consommateurs à prendre plus de temps à réfléchir avant de prendre la décision d'acheter ou non de tels produits, (2) l'atmosphère du magasin est tellement plaisante et relaxante que les consommateurs s'y sentent « à l'aise » et éprouvent l'envie de se décontracter et de se divertir. Le résultat mis en évidence ici corrobore les conclusions développées par certaines investigations antérieures (Chébat et Turley, 2003 ; Daucé, 2000). Du point de vue pratique, il atteste qu'une bonne gestion des ambiances olfactives peut exhorter le client à prolonger sa visite en magasin afin de prendre de meilleures décisions mais aussi d'y vivre une expérience gratifiante et distrayante. RELATION ENTRE STIMULATIONS OLFACTIVES ET LA QUALITÉ DE SERVICE Bien qu'aucun axe de l'étude qualitative ne se soit focalisé sur ce point, il en ressort tout de même des éléments qu'il convient de développer. Par exemple, on apprend que les parfums ambiants sont considérés par les clients comme étant un facteur d'atmosphère qui concoure à améliorer les conditions de visite du lieu de vente et à faciliter « la rencontre avec l'espace physique » (e.g. interactions sociales, composantes multi-sensorielles, produits vendus, présentoirs, matériaux) : […] améliorer l'ambiance du magasin et renforcer la qualité des produits […], […] l'odeur fait partie du magasin…On la trouve également dans des magasins de vêtement. Ça donne un côté raffiné et ça apporte un plus comme la sérénité, le plaisir sensoriel, on de regarde plus les produits et on se sent bien […], […] Ah c'est bien et c'est bénéfique pour le magasin et pour sa représentativité, je pense que ça fait partie de l'accueil car on a l'impression comme si le client est accueilli avec une odeur sympa et bien soignée […]. Ce résultat montre que l'atmosphère du point de vente, notamment ses ressorts olfactifs peuvent favoriser les conditions d'accueil des clients agréables et a fortiori leur degré de satisfaction. Il peut être mis en parallèle avec l'évolution des pratiques managériales. Ainsi, face à un environnement qualifié d'«hyperconcurrentiel » (Lipovetsky, 2006) et l'impossibilité de se distinguer des concurrents par le marketing « traditionnel », les « marketers » ont intérêt à investir sur le marketing sensoriel pour tisser des relations de proximité avec leur clientèle. En recherche marketing, il est établi que la complémentarité des perspectives relationnelles et sensorielles du marketing peuvent jouer un rôle essentiel dans la satisfaction et la valorisation de l'expérience du magasinage du client (Hetzel, 2002 ; Rieunier et al., 2006), et l'accroissement de l'avantage concurrentiel des entreprises dans un paysage commercial où la banalisation de l'offre est au demeurant forte. Lichtlé et al., (2002) associent le design olfactif aux éléments « clés » supposés jouer un rôle saillant dans la satisfaction globale. Les Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 96 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI arguments évoqués jusqu'ici et qui sont issus de la littérature ne sont au fond que des déductions ou des pistes de réflexion qu'il convient de prolonger et d'approfondir dans le cadre des travaux futurs. RÔLE DES FACTEURS INDIVIDUELS ET SITUATIONNELS DANS L'INCIDENCE DES S T I M U L AT I O N S O L FA C T I V E S S U R L E COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR L'incidence des stimuli olfactifs sur le comportement du consommateur est différente en fonction des variables individuelles et situationnelles considérées théoriquement par la littérature comme étant modératrices (Bitner, 1992 ; Daucé et Rieunier, 2002). L'analyse de certains verbatim révèle que les effets des senteurs ambiantes sur le consommateur est tributaire d'un certain nombre de variables individuelles et situationnelles. Les occurrences de type […] Non pas du tout les odeurs ne me dérangent absolument pas parce que je suis une personne très sensible à l'odeur et j'aime bien le monde des odeurs car ça fait du bien […], […] Non, pour moi l'odeur est une chose essentielle et je pense que d'un restaurant à l'autre, notre appréciation de l'odeur n'est pas toujours la même car vous avez des restaurants où il y a des odeurs très présentes que d'autres et ça attire les gens. En fait c'est sûr que nos comportements vis-à-vis des odeurs dépendent du type d'environnement, des produits, de la personnalité de chacun et de ce qu'on attend de la visite de ces lieux […]. Ce résultat corrobore l'idée communément admise par les travaux issus du marketing et des disciplines connexes expliquant que les effets des stimulations polysensorielles ou du moins olfactives ne sont pas identiques pour tous les individus. Il est possible d'attribuer ces différences d'influence à deux principaux facteurs : individuels et situationnels. Le premier a trait aux aspects sociodémographiques (e.g, sexe, âge), psychologiques (e.g, niveau optimal de stimulation, besoin de stimulation, état d'esprit avant et pendant la fréquentation du lieu de vente), le deuxième concerne essentiellement le contexte de shopping (motivations utilitaires et/ou récréationnelles de shopping, agencement physique du magasin, densité, etc.). En recherche, le rôle modérateur de ces différences individuelles a été mis en exergue par les travaux interdisciplinaires (Barbet et al., 1999 ; Bitner, 1992 ; Daucé et Rieunier, 2002 ; Maille, 2001). Il est possible de proposer quelques exemples de différences de sensibilité envers l'olfaction. Par exemple, Barbet et al., (1999) expliquent que les femmes seraient plus sensibles à l'olfaction que les hommes et que la sensibilité olfactive diminue à mesure que l'âge augmente. En pratique, la prise en compte de ces différences individuelles est importante pour deux raisons principales : d'une part, elles peuvent être envisagées comme des critères de segmentation dédiés aux entreprises qui souhaitent adapter les attributs olfactifs de leurs produits à leurs cibles (Maille, 2001), d'autre part, elles servent de conditions nécessaires pour créer des ambiances olfactives adaptées aux préférences et attentes des clients. Se pose dès lors la question de savoir comment et sur quelle base explorer les différences individuelles et situationnelles ? Comme l'expliquent Rieunier et al., (2006), les études de marché (qualitatives et quantitatives) demeurent l'approche idéale permettant de mieux examiner les effets modérateurs des variables en question sur les réponses du consommateur en magasin. CONCLUSION La littérature en marketing olfactif fait état de nombreuses interrogations qui requièrent des développements conceptuels et empiriques (Maille, 2001), et ce, en s'appuyant sur les apports des méthodes de recherche hybrides qualitatives et quantitatives (Bergadaà et Nyeck, 1992). La démarche de recherche menée ici reste essentiellement exploratoire. Son but fut donc de mieux comprendre les effets de l'ambiance olfactive sur les réactions attitudinales et comportementales du client au point de vente. Plusieurs contributions peuvent être assignées à ce travail. Sur le plan conceptuel, les résultats des travaux pluridisciplinaires de l'olfaction ont permis de délimiter les contours de ce concept et de comprendre les particularités de la fonction olfactive. C'est ainsi que Maille (2001) suggère que la richesse pluridisciplinaire peut être considérée comme « un moyen d'enrichir et de « vivifier » la discipline du marketing ». Des entretiens menés sont nées des contributions supplémentaires. Ainsi, l'étude contribue à la compréhension du design olfactif en tant que source d'expérience d'appropriation d'espace, approche qui, à ce jour, est nous semble-t-il, peu explorée en marketing sensoriel. En ce sens, la présence du parfum ambiant serait un moyen qui incite certains clients à exercer des actions et une sorte d'intervention sur l'espace en tant qu'acteur à part entière dans la dynamique de création de l'expérience de visite. Elle montre, de surcroît, que la présence des parfums ambiants au point de vente suscite chez les consommateurs une expérience nostalgique affective ; celle-ci se traduit, selon le matériau qualitatif, par des souvenirs liés aux expériences passées et vécues individuellement ou dans le cadre des réseaux sociaux (famille, amis, etc.). Une telle relation demeure à notre connaissance peu explorée en marketing sensoriel exceptées deux récentes recherches (Mattila et Wirtz, 2001 ; Ochs, 2005). De même, il ressort que les stimuli olfactifs peuvent influencer le temps passé en magasin ; en d'autres termes, les clients ont tendance à passer plus de temps au point de vente lorsque le parfum ambiant plaisant y est présent. Pendant sa visite du lieu de vente, le consommateur profite du maximum du temps pour s'immerger dans une expérience de magasinage gratifiante (flâner, s'évader, discuter avec les occupants du lieu, explorer le magasin, acheter, passer des moments agréables, se divertir, etc.). Autre contribution Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 97 Design olfactif des espaces commerciaux intéressante réside dans le rôle saillant des interactions entre les facteurs d'atmosphère du lieu de l'expérience ; celle-ci vient corroborer les enseignements de la littérature selon lesquels la perception du consommateur de l'environnement physique est fondamentalement holistique dans la mesure où tous les canaux sensoriels sont sollicités au moment de la fréquentation du magasin (Daucé et Rieunier, 2002 ; Hetzel, 2000). L'étude amène également l'idée, communément acceptée par la littérature pluridisciplinaire (Barbet et al., 1999 ; Maille, 2001), qui met à jour le rôle modérateur des facteurs individuels et situationnels dans le processus d'influence du design olfactif sur le comportement du consommateur. Cela étant dit, il est stipulé théoriquement que l'influence de l'atmosphère du magasin, notamment sa dimension olfactive n'est pas identique pour tous les individus. Un tel mécanisme est tributaire des éléments qu'il convient de contrôler : facteurs sociodémographiques, psychologiques (niveau optimal de stimulation, recherche de stimulation, affect, humeur, etc.), buts de la visite (récréationnels vs. utilitaires), situationnels (ex : foule). Sur le plan managérial, les managers (consultants, responsables de magasins) en charge de développement des ambiances olfactives peuvent : - développer des stratégies de différenciation et de satisfaction des consommateurs en s'appuyant sur les pouvoirs envoûtants et extraordinaires des senteurs. Dans cette perspective, le marketing olfactif peut être considéré comme un outil de gestion et de différenciation au même titre que les autres outils marketing « classiques » ; - utiliser les stimuli olfactifs en tant que moyen permettant au consommateur de s'approprier l'espace physique (produits, coins de détente, objets de décoration, etc.), de se sentir comme étant une partie prenante dans le processus de construction de sa propre expérience sous le contrôle bien entendu du praticien. Toutefois, cette expérience ne serait possible et performante que si des conditions sont réunies : créer un espace spacieux où les consommateurs peuvent se déplacer et explorer l'offre sans être dérangés et oppressés, leur donner une certaine marge de liberté d'agir sur l'environnement physique, créer des « coins » de détente propices à une expérience d'appropriation ludique et gratifiante. Comme le suggère Bonnin (2002), « pour créer un espace ludique, il ne suffit pas d'introduire des stimuli sensoriels (comme la musique ou les odeurs) mais il importe également de modifier la forme même de l'espace » ; - exploiter les pouvoirs relaxant et plaisant des senteurs pour permettre au client de passer plus de temps au point de vente à flâner et à effectuer ses courses dans un cadre convivial ; - se servir des pouvoirs évocateurs puissants des senteurs pour procurer au consommateur une expérience de souvenirs agréable et ludique. En définitive, ce travail met en évidence combien le marketing sensoriel, et en particulier le design olfactif, est un vecteur stratégique de positionnement, de différenciation et de production d'expérience de consommation dans un environnement devenu « hyperconcurrentiel » (Lipovetsky, 2006). Si cette recherche tente d'améliorer la compréhension du comportement du consommateur à l'égard du design olfactif, il n'en demeure pas moins que certaines limites, qui donnent lieu à autant de voies de recherche, relativisent les résultats obtenus. La présente étude aurait gagné en robustesse si elle était complétée par une approche expérimentale et quantitative (Jolibert et Jourdan, 2007). L'avantage des méthodes hybrides (quantitatives et qualitatives) repose sur la possibilité de manipuler sur un plan expérimental les stimuli olfactifs et quantifier, via un questionnaire, leurs effets sur le comportement du consommateur et de révéler, par le biais d'un protocole qualitatif, « le sens caché de l'expérience de l'acheteur » (Vernette, 2007). Il faut rappeler que cette étude a été conduite dans un seul contexte, à savoir la France; il est, toutefois, nécessaire de poursuivre les investigations dans différents pays, notamment in-situ afin de se rapprocher au maximum de la réalité des entreprises et de mieux comprendre les différences interculturelles, en s'intéressant aux différentes catégories de produit. Dans cette optique, une réflexion en cours, fondée sur une comparaison interculturelle (Tunisie, Maroc, Canada et France), devrait apporter des éléments de réponses supplémentaires quant à l'influence du marketing olfactif sur le comportement du consommateur. A l'instar des spécificités culturelles, les chercheurs, qui essayeront de mieux comprendre le processus d'influence des odeurs sur le comportement des individus, devront nécessairement tenir compte d'autres variables modératrices comme la personnalité des individus, l'âge, le genre, ou encore la tendance à la recherche de sensations et au comportement exploratoire (Maille, 2003). Il faudrait ainsi tirer profit de la pluridisciplinarité des nombreuses études sur les stimuli olfactifs réalisées dans le cadre de différentes disciplines annexes. A cet effet, Maille (2001) précise que la richesse pluridisciplinaire peut être considérée comme « un moyen d'enrichir et de « vivifier » la discipline du marketing » (Maille, 2001). Notes de fin de texte : (1) Pour le dire en un mot, si les méthodes quantitatives permettent de déterminer, à l'aide des protocoles expérimentaux, les effets de causalité entre les senteurs ambiantes et le comportement du consommateur (sans tous ses aspects), elles ne permettent pas pour autant d'approfondir et d'expliquer cette relation d'influence et sa complexité. Les méthodes qualitatives ont ceci d'intéressant qu'elles consistent à donner du sens à ce type de phénomène. Notre propos n'est pas de montrer la supériorité d'une approche par rapport à une autre à partir du moment où il n'y a pas de comparaison méthodologique. De surcroit, comme n'avons pas eu l'accord de l'enseigne pour manipuler les senteurs, via un protocole expérimental (présence vs absence), seule une étude qualitative, menée dans un but exploratoire, nous a semble ici faisable (les explications relatives au fonctionnement de la méthodologie de recherche sont détaillées un peu plus loin). (2) Paraboot Toulouse (www.paraboot.com). Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 98 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI (3) En effet, les molécules odorantes flottant dans l'air pénètrent la cavité nasale, ce qui a pour effet d'exciter des cellules réceptrices extrêmement sensibles. Lors de cette « capture », une information volatile jusqu'alors chimique va se transformer en une information électrique sous la forme d'impulsions nerveuses (4) C'est la conception épisodique de la mémoire qui considère que l'information est retenue avec tout son contexte (5) Mood Media est le leader européen du design sensoriel, www.moodmedia.fr. (6) Il faut noter que cette analyse a été effectuée sur la base d'une grille d'analyse (Cf. Annexe) élaborée à partir des thèmes principaux de l'étude ; l'avantage de cette grille est qu'elle permet une lecture flottante et comparative des interviews afin d'en déduire des éléments d'interprétation et de discussion. (7) www.journaldunet.com. (8) www.journaldunet.com. Bibliographie Barbet V., Breese P., Guichard N., Lecoquierre C., Lehu J.M. & Van Heems R. (1999), Le marketing olfactif, Les presses du management, Paris, Bardin L. (1998), L'analyse de contenu, Paris, PUF, Collection Le psychologue, 9e édition. Bergadaà M. et Nyeck S. (1992), Recherche en marketing : un état des controverses, Recherche et Applications en marketing, 7, 3, 23 – 44. Bitner M.J. (1992), Servicescapes: the impact of physical surroundings on customers and employees, Journal of marketing, 56, 2, 57 – 71. Bonnin G. (2000), L'expérience de magasinage : conceptualisation et exploration des rôles du comportement physique et de l'aménagement de l'espace, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Bourgogne, Faculté des Sciences Economiques et de gestion, Dijon, 419 pages. Bonnin G. (2002), L'appropriation de l'expérience de magasinage, Décisions Marketing, 28, 62 – 76. Bonnin G. (2003), Mobilité du consommateur : une étude exploratoire de l'influence de l'aménagement spatial, Recherches et Applications en Marketing, 18, 3, 7 – 29. Bouchet P. (2004), L'expérience au cœur de l'analyse des relations magasin-magasineur, Recherche et Applications en Marketing, 19, 2, 55-72. Chébat J.C & Michon, R. (2003), Impact of odors on shoppers'emotions, cognition and spending: A test of a competitive causal theories, Journal of Business Research, 56, 529- 539. Caru A. et Cova B. (2003), Approche empirique de l'immersion dans l'expérience de consommation : les opérations d'appropriation, Recherche et Applications en Marketing, 18, 2, 47 – 65. Cova B., Louyot M-C. et Louis-Louisy M. (2003), Les innovations marketing en réponse à la montée de l'hédonisme : Articulations avec le CRM ?, Actes du 3ème Congrès international des Tendances du Marketing. Daucé B. (2000), La diffusion de senteurs d'ambiance dans un lieu commercial : Intérêts et tests des effets sur le comportement, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Rennes 1, Rennes. Daucé B. et Rieunier S. (2002), Le Marketing sensoriel du point de vente, Recherche et applications en Marketing, 17, 4, 45-65. Divard R. et Robert-Demontrond P. (1997), La nostalgie : un thème récent dans la recherche marketing, Recherche et applications en Marketing, 12, 4, 41 – 62. Ehrlichman H. & Halpern J.N. (1988), Affect and memory: Effects of pleasant and unpleasant odors on retrieval of happy and unhappy memories, Journal of Personality and Social Psychology, 55, 769-779. Ehrlichman H. et Bastone L. (1991), Odor experience as an affective state: effects of odor pleasantness on cognition, Working paper The International Fragrance Foundation, New York, NY Fischer (1992), La psychosociologie de l'espace, Paris, PUF, 1992. Gentric M. (2005), La relation client – magasin : de la stimulation sensorielle au genius loci, Thèse de Doctorat en sciences de gestion, Université de Rennes I, France, 475 pages. Giannelloni J.L. et Vernette E. (2001), Etudes de marché, Paris, Vuibert. Grandclément C. (2004), Climatiser le marché. Les contributions des marketings de l'ambiance et de l'atmosphère, ethnographiques, 6, [en ligne : www.ethnographiques.org/2004/Grandclement.html]. Guéguen N. et Petr C. (2006), Odor and Consumer Behavior in a restaurant, International Journal of Hospitality Management, 25, 335-339. Guichard N., Lehu J.M. & Vanheems R. (1998), Marketing du cinquième sens : l'aromachologie au service de la stratégie marketing ?, Décisions Marketing, 14, 7-17. Hetzel P. (2000), Approches socio-sémiotiques du design d'environnement des lieux de distribution postmodernes, XVIème Congrès de l'Association Française du Marketing, Hetzel P. (2002), Planète conso : Marketing expérientiel et nouveaux univers de consommation, Paris, Editions d'Organisation. Hirsh, A.R. (1995), Effects of ambient odors on slotmachine usage in a Las Vegas casino, Psychology and Marketing, 12, 7, 585-594. Holbrook M.B et Hirschman E.C. (1982), The experiential aspects of consumption: consumer fantasies, feeling and fun, Journal of Consumer Research, 9, 2, 132140. Jacquemier L. (2001), L'étude de la perception des odeurs : Le cas d'une société de transport en commun, Décisions Marketing, 22, Janvier - Avril, 33 – 41. Jacquemier L. (2005), L'influence de l'odeur sur la perception du bénéfice produit : les mécanismes de persuasion de l'odeur, Thèse de doctorat, Université de Caen Basse Normandie, IAE de CAEN. Jolibert A. et Jourdan Ph. (2007), Marketing Research, Méthodes de recherche et d'études en marketing, Dunod. Knasko S.C. (1989), Ambient odor and shopping behaviour, Chemical Senses, 1, pp. 718. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 99 Design olfactif des espaces commerciaux Knasko S.C. (1992), Wiewing time and linking of slides in the presence of congruent and inconguent odors, Chemical Senses, 17, 652. Knasko S.C. (1993), Lingering time in a museum in the presence of congruent and incongruent odors, Chemical Senses, 18, 581. Kotler P. (1974), Atmospherics as a Marketing Tool, Journal of Retailing, 49, 4, 48-64. Leenders M., Smidts A. & Langereld, M. (1999), Effects of ambient scent in a supermarkets: a field experiment, Actes du 28ème congrés de L'E.M.A.C, Umbold University, Berlin. Le Guérer (2002), Les pouvoirs de l'odeur, 3ème édition, Odile Jacob, 300 pages. Lemoine J.F & Bonnin G. (1998), L'utilisation de l'odeur d'ambiance comme variable d'influence des comportements en magasin : quelles justifications ?, Actes du 1er Colloque Ethienne Thill, La Rochelle, 60 - 77. Lemoine J.F, (2002), Perception de l'atmosphère du point de vente et réactions, Actes du 5ème colloque Ethienne Thil, Université de La Rochelle. Lemoine J.F (2003), Vers une approche globale de l'atmosphère du point de vente, Revue Française du Marketing, 194, 4/5, 83 – 101. Lichtlé M.C, Llosa S. et Plichon V. (2002), La contribution des différents éléments d'une grande surface alimentaire à la satisfaction du client, Recherche et Applications en Marketing, 17, 4, 23 – 34. Lipovetsky G. (2006), Le bonheur paradoxal, essai sur la société d'hyperconsommation, Paris, Gallimard. Maille V. (2001), L'influence des stimuli olfactifs sur le comportement du consommateur : un état de recherches, Recherches et Applications en Marketing, 16, 2, 1-25. Maille V. (2003), L'influence des odeurs sur le consommateur : La tendance à la recherche de sensations et au comportement exploratoire comme variables modératrices, Revue Française du Marketing, Septembre, 194, 4/5, 49 – 64. Maille V. (2005), Parfumer les points de vente d'un service public : suffit-il que ça sente bon ?, Actes du 5ème Congrès International des Tendances du Marketing. Mattila A.S. et Wirtz J. (2001), Congruency of scent and music as a driver of in-store evaluations and behaviour, Journal of Retailing, vol.77, p.273-289. Mehrabian A., Russell P. (1974), An approach to environmental psychology, Boston: MA, MIT Press. Mitchell D.J., Kahn B.E. & Knasko S.C. (1995), There's something in the Air: effects of congruent or incongruent ambient odor on consumer decision making, Journal of Consumer Research, 22, September, 229-236. Ochs A. (2005), Le parcours expérientiel, le rôle de l'expérience olfactive dans le processus d'appropriation d'une expérience de magasinage, Actes des 4émes Journées Normandes de Consommation. Rieunier S. (2000), L'influence de la musique d'ambiance sur le comportement des consommateurs dans le point de vente, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université Paris 9 Dauphine, Paris. Rieunier S. (2004), Le marketing sensoriel chez Nature et Découvertes : 10 ans d'évolution de l'offre sensorielle en restant à l'instant à l'écoute du consommateur, Décisions Marketing, 33, 77 – 80. Rieunier S., Daucé B., Dion D., Gallopel K., Maille V., Rémy E., Roullet B. et Siekierski E. (2006), Le marketing sensoriel du point de vente, 2ème édition, Dunod, 291 pages. Sherry J.F (1995), Contemporary Marketing and consumer behavior, An Anthropological Sourcebook. Thousand Oaks : Sage. Spangenberg E., Crowley A. E. & Henderson P. (1996), Améliorer l'environnement du magasin: les signaux olfactifs affectent-ils les évaluations et les comportements ?, Recherche et Application en Marketing, 11, 4, 71-91. Teerling A., Nixdor R.R. & Köster E.P. (1992), The effects of ambient odors on shopping behaviour, Chemical Senses, 17, 6, 886. Turley L.W et Milliman R.E. (2000), Atmospherics effects on shopping behavior: a review of the experimental evidence, Journal of Business Research, 49, 193 – 211. Vernette E. (2007), Une nouvelle méthode de groupe pour interpréter le sens d'une expérience de consommation : « l'Album On-Line » (AOL), Actes des 12émes Journées de Recherche en Marketing de Bourgogne. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 100 Norchène BEN DAHMANE MOUELHI ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN Encadré méthodologique : Guide d'entretien 1. Thème 1 – L'atmosphère du point de vente : Q.1 : Voulez-vous me raconter ce que vous pensez de l'atmosphère de ce magasin ? Questions de relance : Q.2 : Pouvez-vous nous décrire l'atmosphère du point de vente? Q.3 : Qui-ce qui vous attire le plus lorsque vous visitez le magasin ? A quoi pensez-vous en vous rendant à ce magasin ? Q.4 : Comment imaginez-vous l'atmosphère idéale d'un point de vente ? 2. Thème 2 (phase de centrage) - La présence des stimuli olfactifs au sein du magasin : Q.5 : Maintenant nous allons imaginer que vous visitez un espace commercial où une senteur d'ambiance est présente, pensez-vous que vous aurez le même comportement que dans un espace inodore ? Si oui, qu'apporte-il de différent ? Questions de relance : Q.6 : Avez-vous remarqué la présence d'une senteur d'ambiance au sein du magasin ? Si oui, comment la jugez-vous ? Q.7 : Pensez-vous que l'odeur diffusée dans ce magasin influence-t-elle vos sentiments ? Si oui, quels sentiments évoque-t-elle ? 3. Thème 3 (Phase d'approfondissement) – L'influence de la présence des senteurs sur des réponses affectives, évaluatives et comportementales des clients : Q.8 : Comment réagissez-vous à l'idée qu'une senteur soit diffusée dans ce point de vente ? Q.9 : Pensez-vous que la senteur d'ambiance diffusée dans ce magasin peut-t-elle influencer votre sentiment de plaisir pendant la visite ? Q.10 : Pouvez-vous me dire si la présence de cette senteur vous stimule et vous procure plus d'énergie? Si oui, racontez-moi comment cela se passe-t-il ? Q.11 : Maintenant, j'aimerais que vous me disiez si, tout compte fait, l'odeur peut être un attribut ou une caractéristique qui peut vous inciter à visiter un magasin commercial. Individu 1 THEMES ANNEXE 2 : GRILLE D'ANALYSE QUALITATIVE* * Pour ne pas alourdir l'article, seul un extrait d'entretien figure dans la grille d'analyse. Pour plus d'informations, les auteurs peuvent être contactés. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 101 Abstracts des articles A NEW FORMATIVE MEASURE OF BRAND EQUITY Abstract: Brands are at the core of strategic marketing. Brand equity is the added emotional and financial value that a brand brings to a product. We put forward a new measure of brand equity that rests on a formative approach. We show that the combined effect of the force and the valence of associations is the best measure of the value of the brand. For that purpose, we build a path analysis model including two antecedents of brand equity (attention and familiarity with the brand) and three consequences (general attitude towards the brand, intention of purchase and fidelity). Our new measure is better predicted by the antecedents and predict better the consequences of brand equity that three other measures. Keywords : Formative approach, Attention, Attitude, Brand equity, Path analysis, Familiarity, Fidelity, Purchase intention, Valence EFFECT OF PERCEIVED MARKETING ACTIONS AND BRAND PERSONALITY ON BRAND EQUITY: A FINE MIXTURE-PLS APPROACH The main goal of this research is to test and compare brand personality dimensions, using Ambroise's (2006) scale, and perceived marketing actions effects, on brand equity. An application of a Finite Mixture-PLS Procedure reveals that the initial sample can be split into four sub-groups. This segmentation is made according to the importance given to path coefficients in each segment. The groups are called: “Selective”, “Confident”, “Symbolic” and “Functional”. Key-words : Brand personality, Perceived marketing actions, Brand equity, Finite Mixture PLS Approach. THE SATISFACTION THROUGH IMMERSION'S PROCESS IN AN EXPERIENCE OF TRAVELLING: EXPLORATION BY A PHENOMENOLOGICAL APPROACH OF A JOURNEY CARRIED OUT BY A GROUP OF TOURISTS. Abstract : The process developed by a tourist to participate to different journey's proposals is composed of experience that can be source of satisfaction. Until now, adopted quantity based methods did not provide appropriate feedback on how to reach satisfactory experience. In order to attain in depth restitution of the tourist's experience, we went through a qualitative testing method with phenomenological inspiration. Key Words : experience, interaction tourist–offer, immersion, satisfaction, phenomenology. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 102 TOURISM PRODUCT FACTORS SUCCESS IN CONTEXT OF SUCCESSUL COLLABORATION Abstract : A survey to which participated 256 managers identifies the success factors insuring the performance of the product developed in the course of collaborative tourism projects. According to respondents, factors linked to relationships between partners, those linked to the partners themselves as well as project planning and clear project goal have influenced the perceived performance of the product. The study also shows that financing, in such a context, is not an important success factor. Key words : Tourism sector ; collaboration , partnership ; new product or service ; critical success factor ; project management THE IMPACT OF ELECTRONIC PANOPTIC CONTROL ON THE ACCEPTANCE OF USERS OF CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT: CASE TUNISIANA The main objective of this article is to study the impact of electronic panoptic control on user acceptance of Customer Relationship Management (CRM ) system and the impact of user acceptance of this system on the work of users. The results of our research show that electronic panoptic control influences negatively the user satisfaction. Indeed, the panoptic control is perceived by individuals as a lack of confidence on the part of management can lead to distend the trust and causing dissatisfaction towards the system. In addition, the results show that user acceptance of CRM system has a positive impact on the work of users. Key words : CRM, satisfaction, panoptic electronic control, acceptance. EFFECT OF PERCEIVED MARKETING ACTIONS AND BRAND PERSONALITY ON BRAND EQUITY: A FINE MIXTURE-PLS APPROACH The retailers have to enhance sales and to assure consumer loyalty. This paper presents a better understanding of scents' impact on consumer behaviour. So, it proposes retailers' practices, a synthesis of previous studies and a qualitative study results'. They show that a presence of fragrance in store can increase consumer's satisfaction and have an impact on cognitive responses and behaviour. Key words : experience of consumption, atmospherics, consumer behaviour, ambient scent, qualitative study. n, stimuli olfactifs, étude qualitative. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 103 Marketing news A p p e l à contribution Marketing News est une rubrique ouverte à toute la communauté marketing. Cette rubrique qui se veut l'écho de la recherche marketing en Tunisie, en méditerranée et dans le monde a besoin de votre contribution active. Nous attendons vos informations sur des soutenances de thèses en marketing, des critiques ou des recommandations d'ouvrages récents, des événements marketing de grande envergure, des annonces de recrutement spécifiques en marketing, des projets de formation académiques en marketing, des appels de communications internationaux de revues partenaires, etc. A vos plumes… merci Email : [email protected] Objet : Rubrique Marketing News Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 104 Marketing news Appel à contribution Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 105 Marketing news THESES EN MARKETING RECEMENT SOUTENUES Salem BEN BRAHIM Date de soutenance: 23/11/2009 Titre: L'entreprise et l'exportation : Les modèles d'évaluation de la performance à l'exportation de la PME. Application aux PME Tunisiennes. Université : FSEG Tunis Directeur de recherche : Mustapha Zghal Jury: Farouk KRIAA, Néji BOUSLAMA, Salah BOUMAIZA, Messaoud BOUDHIAF. Résumé: La problématique de la présente thèse consiste à élaborer et à tester un modèle conceptuel explicatif intégrant les caractéristiques internes à l'entreprise(CIE), la stratégie marketing à l'exportation(SME) et la performance à l'exportation(PE) de la PME. Ce sont les déterminants de la performance que nous cherchons à vérifier à travers une enquête exploratoire auprès de 166 PME exportatrices Tunisiennes. Pour le traitement des données nous avons notamment recouru à des analyses descriptives pour caractériser les entreprises de l'échantillon, à des analyses factorielles, afin de déterminer les variables nécessaires à la vérification des hypothèses. Nous avons également utilisé la méthode des équations structurelles, au moyen du logiciel Lisrel, afin de valider le modèle conceptuel et la structure des relations causales entre d'une part, les CIE et la SME et d'autre part, les composantes de la SME et la PE de la PME Tunisienne. Les résultats obtenus valident globalement le modèle conceptuel ainsi que la structure des relations causales et débouchent sur deux principaux résultats. Premièrement, ils montrent que la SME est déterminé significativement par les ressources, de production et de vente, de l'entreprise, le mix de l'offre à l'export, les motivation du dirigeant vis-à-vis de l 'exportation, les voyages à l'étranger et le système d'information. Deuxièmement, ils indiquent que la PE est significativement influencée négativement par l'adaptation de SME et qu'elle est positivement déterminée à la fois par la recherche des clients et le réseau de distribution et révèlent que les moyens d'information agissent positivement sur la PE. Adel Béjaoui Titre de la thèse : L'évaluation de l'offre sur un site marchand : alternance des modes de traitement de l'information, facteurs de variabilité et impact sur les intentions comportementales. Date de la soutenance : 04/11/2009. Université : FSEG Tunis Directeur de recherche : Gharbi Abderrazak Jury : Alaya M'barek, Jamel-Eddine Gharbi, Imed Zaiem, Kaouther Saied Ben Rached Résumé : la thèse propose un cadre conceptuel des mécanismes engagés lors de l'évaluation d'une offre sur un site marchand. La construction de ce cadre est guidée par la prise en compte des spécificités d'un environnement commercial virtuel et s'appuie sur la littérature en matière de comportement du consommateur en général et celle de l'acheteur en ligne en particulier. Nous soutenons à cet égard que différents modes de traitement de l'information peuvent coexister lors de l'évaluation des attributs de l'offre par l'acheteur en ligne. L'identification des conditions de co-occurrence de ces modes de traitement et leur impact sur les intentions comportementales de l'acheteur en ligne nécessitent le recours aux théories de traitement de l'information, à l'approche expérientielle, et au modèle intégrateur de formation de l'attitude. Par ailleurs, les résultas de la présente recherche montrent des relations significatives entre les variables indépendantes et les variables dépendantes. L'analyse des données de l'étude montre aussi que la pression du temps exerce un effet modérateur sur l'intensité des relations de notre modèle. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 106 Marketing news Naouel ABDELMOULA SEBAI Date de soutenance: 28/10/2009 Titre: Marketing relationnel et théorie des ressources pour la création de l'avantage concurrentiel : Rôle des capacités dynamique. Université : FSEG Tunis Directeur de recherche :Mustapha Zghal Jury: Adnéne BEN FADHL, Abderrazek GHARBI, Romdhane KHMEKHEM, Kamilia BAHIA. Résumé : Cette recherche part du fait que la théorie des ressources en servant de base au marketing relationnel peut contribuer à la réussite de l'entreprise en créant un avantage concurrentiel. L'objectif de la thèse est double : Etudier l'impact des capacités dynamiques de l'entreprise – représentées plus spécifiquement par l'apprentissage organisationnel et la culture marketing – sur le marketing relationnel. Et analyser l'impact du marketing relationnel sur l'obtention de l'avantage concurrentiel. Pour cela, nous sommes partis d'une étude qualitative complétée par une enquête menée à partir d'entrevue en face à face auprès de 256 entreprises dans les secteurs du B to B et B to C. Les données ont été traitées avec les méthodes des équations structurelles (AKOS 7). Les résultats confirment que les capacités dynamiques influencent positivement le marketing relationnel permettant l'obtention d'un avantage concurrentiel. Cette recherche démontre donc l'importance de la gestion des ressources dans un contexte de marketing relationnel. Elle met, par ailleurs, en valeur la primauté de la culture marketing sur l'apprentissage organisationnel. Chaouki OUERDA Date de soutenance:3/10/2009 4 Titre: Les facteurs explicatifs de l'utilisation des technologies bancaires libre-service «Un essai de modélisation ». Université : FSEG Tunis Directeur de recherche :Mustapha Zghal Jury: Faouzi JILANI, Kamilia BAHIA TANABENE, Kaouther SAIED BEN RACHED, Salah BOUMAIZA. Résumé: Cette recherche a pour objectif d'étudier déterminants explicatifs de l'utilisation des technologies bancaires libreservice. Après avoir présenté une revue de la littérature sur la question, nous proposons un modèle de recherche initial considérant les antécédents à la l'attitude vis-à-vis des différentes technologies. Dans un deuxième temps, nous tentons d'adapter le modèle théorique au contexte Tunisien. Les résultats de l'étude qualitative montrent l'importance de la familiarité avec la technologie ainsi que le rôle modérateur de la confiance institutionnelle. Le modèle final proposé est teste auprès de 650 clients de banques. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 107 Kawther ZENAIDI Date de soutenance: 26/06/2009 5 Titre: Le capital-marque: Proposition d'un modèle conceptuel el validation d'une mesure. Université : FSEG Tunis Directeur de recherche :Mustapha Zghal Jury: Néji DRISS, Néji BOUSLAMA, Slim KHALBOUS, Mohamed ALI OMRI. Résumé: Managers et chercheurs accordent un intérêt accru à la marque. Elle est considérée comme un atout favorisant la pérennité et la croissance de l'entreprise. Le capital-marque est défini comme la valeur ajoutée qu'apporte une marque à ses produits. Nous nous interrogeons sur les sources de la valeur de la marque ainsi que sur la bonne mesure du capitalmarque. Nous proposons une nouvelle mesure du capital-marque tel que perçu par les consommateurs, basée sur une approche formative. Cette mesure est intégrée dans un modèle de chemins de causalité, selon lequel capital-marque médiatise la relation entre ses deux antécédents (attention à la marque et familiarité avec la marque)et ses trois conséquences(attitude général envers la marque, intention d'achat et fidélité).En comparant différentes mesures, nous démontrons que l'effet conjugué de la force el la valence des associations liées à la marque est à la meilleure mesure de la Imen TRIGUI Titre de la thèse : Analyse de l'effet expérientiel sur les préférences du consommateur : application aux produits labellisés Date de soutenance : 10/12/ 2008 Université : Université Clermont Ferrand Directeur de recherche : Georges GIRAUD Composition du Jury : Yves NEGRO, Mohamed MERDJI, Lucie SIRIEIX Résumé : Les produits alimentaires labellisés ayant une région d'origine identifiée par les consommateurs se démarquent des produits courants par leur contenu émotionnel et sensoriel, procurant souvent un plaisir lié au goût et/ou à l'origine. Ils sont susceptibles d'assurer une garantie à la fois technique et expérientielle. Les labels officiels (l'Appellation d'Origine Contrôlée ou protégée (AOC/AOP), l'Indication Géographique Protégée (IGP), le Label Rouge (LR), le label Agriculture Biologique (AB), deviennent de plus en plus nombreux. Ils sont considérés comme des formes de reconnaissance de la typicité des produits alimentaires. Devant ce volume de plus en plus croissant de labels et d'appellations à la fois officiels et non officiels, comment le consommateur se comporte-t-il ? Perçoit-il l'ensemble des valeurs expérientielles offertes par ces labels ? L'objectif principal de cette recherche est d'analyser l'effet de l'expérience de consommation sur les préférences du consommateur à l'égard des produits alimentaires labellisés. Dés lors, nous nous attendons à ce que les préférences résultant de cette approche expérientielle soient polymorphes. Il convient ainsi d'examiner cette variété de préférences, à la fois sensorielles, déclarées et effectives lors de l'analyse du comportement des consommateurs à l'égard des produits alimentaires labellisés. Nous proposons de confronter l'approche déclarative traditionnellement utilisée en marketing pour la collecte des données auprès des répondants (questionnaire) à l'approche comportementale basée sur des techniques expérientielles adaptées aux objectifs de la présente recherche (tests hédoniques, tests de préférences et enregistrement des achats par le biais d'un panel scannerisé). Ce qui permet de tester la cohérence/divergence entre les choix observés, les choix énoncés, les préférences hédoniques en aveugle et les préférences hédoniques en présence de l'information sur les produits testés. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 108 Ventes et abonnements En espèce Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 109 Instruction aux auteurs Les articles soumis à la RTM doivent être présentés de la façon suivante : 1. Le texte ne doit pas excéder 30 pages dactylographiées, y compris les tableaux, figures, références et annexes. Il doit être en Times New Roman, police de caractère 12, interligne double, marges de 2,5 cm de chaque côté. L'article doit être tapé impérativement sous Word (version 2003 de préférence) et sur ordinateur compatible PC. 2. L'article doit comprendre deux pages de garde. La première page de garde (qui est réservée à la présentation et qui sera éliminée pour assurer l'anonymat de l'évaluation) doit comporter le titre de l'article, et pour chaque auteur : prénom & nom, fonction, institution, coordonnées complètes de correspondance (adresse, téléphone, fax, e-mail). La deuxième page de garde doit également comporter le titre de l'article, un résumé de 80 mots maximum et 5 ou 6 mots-clés. Toutes ces informations doivent être présentées en français et en anglais. 3. Les titres et les sous-titres doivent être bien présentés. La mise en page hiérarchique des titres se fera er ème comme suit : 1 niveau : ARIAL, 12, Gras, PETITES MAJUSCULES. 2 niveau : ARIAL, 11, Italique, PETITES MAJUSCULES. 3ème niveau : ARIAL, 10, Italique, avec un retrait de 0,5 cm. 4. En ce qui concerne les référencements dans le texte : Les tableaux et les figures doivent être intégrés dans le texte avec chacun un titre et un numéro, leur mise en page doit être particulièrement soignée. Utiliser de préférence un caractère 10 et une interligne simple. Les notes de fin de texte (numérotés dans l'ordre) doivent être utilisées en remplacement des notes de bas de page. Les citations seront saisies entre guillemets, en caractère standard (Times New Roman, 12). Les mots qui ne sont pas en langue française seront saisis en italique. Les références bibliographiques seront présentées en fin de phrase, ou à une coupure logique de la phrase, comme suit : nom de l'auteur et l'année de parution entre parenthèses (Auteur, 2009), si plusieurs auteurs (Auteur 1, 2007 ; Auteur 2, 2009), si deux auteurs sur la même publication (Auteur 1 & Auteur 2, 2009), si trois auteurs ou plus (Auteur 1 & al, 2009). Si deux références ont le même auteur la même année, la différenciation se fera par des lettres (Auteur, 2009a) et (Auteur, 2009b). Ces lettres apparaîtront aussi dans la bibliographie. Les éventuelles annexes doivent également être numérotés et désignées par Annexe1, Annexe 2, etc. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 110 Instruction aux auteurs 5. Présentation de la bibliographie en fin de texte : Les articles de revues, utiliser le nom de l'auteur et l'initial du prénom suivie de l'année de la publication, du titre de l'article, du nom de la revue (sans abréviation) en italique, du numéro du volume, du numéro de la revue dans le volume et des numéros de pages. Exemple : Auteur P. (2009), Titre complet de l'article, Revue Tunisienne du Marketing, 01, 01, 3-24. Les ouvrages, utiliser également le nom de l'auteur et l'initial du prénom suivie de l'année de la publication, du titre de l'ouvrage en italique, du lieu de la publication et du nom de l'éditeur. Exemple : Auteur1 P. et Auteur2 P. (2009), Le titre complet de l'ouvrage, Tunis, Nom Editeur. Les actes de colloques et de congrès, utiliser le nom de l'auteur et l'initial du prénom suivie de l'année de la publication, du titre de l'article, de l'intitulé du colloque mis en italique, du numéro du volume, du lieu de la publication, et du numéro des pages. Exemple : Auteurs P. (2009), Le titre complet de l'article, Actes du Colloque International l'Association Tunisienne du Marketing, 7, Hammamet, 112-133. Les documents non publiés, utiliser le nom de l'auteur et l'initial du prénom suivie de l'année de la soutenance ou de la présentation des travaux, du titre du document (Thèse, rapport, cahier de recherche…), du nom de l'université ou de l'école (éventuel), ainsi que le lieu de référence. Exemple : Auteur P. (2009), Titre complet du document, Thèse de doctorat en sciences de gestion, IHEC, Carthage. 6. Enfin, en matière d'éthique, tous les détails du texte susceptibles de trahir l'identité de l'auteur, ou des auteurs, doivent être supprimés. Pour tout document emprunté, les auteurs devront joindre l'autorisation de reproduction. Lors de la rédaction, les auteurs doivent faire particulièrement attention aux phrases empruntées et à la qualité du référencement. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 111 Revue Tunisienne du Marketing Objectif & Positionnement de la RTM La Revue Tunisienne du Marketing offre un espace de publication pour des articles de recherche en marketing. Ces articles sont rédigés soit par des enseignants-chercheurs nationaux ou internationaux, soit par des responsables d'entreprises impliqués dans la recherche scientifique à vocation managériale. La Revue Tunisienne du Marketing est alimentée en priorité par les chercheurs en marketing, soit avec des articles présentant des résultats de recherches appliquées s'appuyant sur des cadres conceptuels de référence, soit des articles de synthèse bibliographique, soit par des articles de réflexion et de synthèse sur un problème marketing donné. Toutefois la revue se veut en même temps, un espace de rencontre et d'échange entre le monde universitaire et celui des entreprises et s'adresse donc aussi bien aux chercheurs, qu'aux enseignants et aux managers. De ce fait, les articles soumis à la Revue Tunisienne du Marketing doivent être conceptuellement et scientifiquement rigoureux, mais être rédigés de façon à être accessibles, certes à des lecteurs avertis, mais pas forcément spécialistes de tous les domaines du marketing ou de toutes les méthodologies de recherche. Les articles doivent également mettre l'accent sur les implications managériales de la recherche en marketing. Organisation de la RTM La Revue Tunisienne du Marketing est éditée par l'association tunisienne du marketing. Elle est dirigée par une équipe dynamique et polyvalente qui assure bénévolement sa gestion et veille à la qualité du contenu diffusé. Sa gestion est assurée par deux comités : (1) un Comité de rédaction : composé du Directeur de la Publication (Président de l'ATM), d'un Rédacteur en Chef (coordination du comité de rédaction) et de 5 Rédacteurs tous membres de l'ATM. (2) un Comité Scientifique de lecture : composé par un grand nombre d'éminents chercheurs nationaux et internationaux reconnus dans le domaine du marketing. Processus d'évaluation de la RTM Tous les articles proposés à la Revue Tunisienne du Marketing pour une éventuelle publication sont soumis par le Comité de Rédaction à la lecture d'au moins deux évaluateurs choisis selon leurs spécialités parmi les membres du Comité Scientifique de Lecture. La procédure classique et rigoureuse du double anonymat (auteurs – évaluateurs) sera adoptée. Si les avis des deux évaluateurs divergent, le Comité de Rédaction désigne un troisième lecteur pour trancher. Les comités de la revue prêteront tout particulièrement attention au respect de l'éthique de la recherche scientifique et aux problèmes de plagiat. Exclusivité de la publication RTM La Revue Tunisienne du Marketing acceptera des articles améliorés déjà présentés en tant que communication dans des colloques ou congrès, toutefois, dès la soumission à la RTM et tant que le processus d'évaluation est en cours, l'article ne doit en aucun cas être soumis à un autre support et le ou les auteurs s'engagent à ne pas publier leur article dans une autre revue quelle qu'elle soit pendant cette période. Fréquence des publications RTM La Revue Tunisienne du Marketing est une publication semestrielle avec 2 numéros multi-thèmes par an ; plus un numéro thématique spécifique non permanent. Revue Tunisienne du Marketing, vol 1, n°1, 2009 112