L`aide-soignant, référent logistique

pratique
profession
L’aide-soignant, référent logistique
L’organisation des soins à l’hôpital nécessite du matériel, des lieux de stockage,
un suivi des quantités disponibles pour faciliter le travail de tous les acteurs de soins.
Le parcours de deux aides-soignants à l’hôpital Lariboisière, à Paris (AP-HP, 75)
devenus “référents logistiques” est exemplaire de ces nouvelles missions.
Référent logistique aux urgences
Depuis huit ans, Jérôme, 38 ans, est aide-soignant
au service des urgences de l’hôpital Lariboisière à
Paris (AP-HP, 75), le plus grand service d’urgences d’Île-de-France. En quelques mois, sa fonction a changé : il se retrouve détaché des soins
et se consacre à la logistique. Un précieux atout
pour le service car, fort de son expérience d’aidesoignant, il sait utiliser les différents appareils
techniques et connaît les besoins du service.
Organiser l’approvisionnement
Jérôme occupe un poste clé dans l’organisation du service. Son rôle est fondamental et ses
missions variées. Il est l’intermédiaire entre les
équipes et les services hôteliers et médicaux,
la pharmacie, les services économiques et les
différents prestataires extérieurs. Il a en charge
les commandes (une formation initiale permet
de maîtriser l’outil informatique et les logiciels de
commandes) et il organise les stockages pour
optimiser les flux de divers matériels, gérant ainsi
au mieux l’approvisionnement selon les besoins.
Sa maîtrise du conditionnement permet aux soignants de se repérer et de gagner un temps précieux. Le renouvellement des marchés, l’évolution des techniques et l’apparition de nouveaux
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L’aide-soignante Avril 2012
• n° 136
© BSIP/A. Benoît
L’
hôpital est en constante évolution. De
nouvelles technologies et de nouvelles
organisations (par pôle ou regroupement
hospitalier) font émerger des exigences inédites :
des métiers naissent au sein des établissements
de santé. Parmi eux, celui de “référent logistique”.
Ce poste est en général proposé aux aides-soignants expérimentés, au sein d’un service tech­
nique tel que la réanimation, le bloc opératoire ou
les urgences ou bien dans des regroupements de
services, par spécialité ou par pôle.
L’aide-soignant, référent logistique, se transforme en gestionnaire pour anticiper les besoins et éviter les ruptures
de stocks.
produits exigent un investissement important pour
actualiser ses bases de données.
À l’écoute des besoins
Et si un lit est cassé, un appareil à tension ou un
appareil de monitorage en panne ? C’est Jérôme
qui gère les diverses réparations, en collaboration
avec l’équipe biomédicale, le service technique
et des sociétés extérieures. Véritable gestionnaire, le logisticien doit être capable d’anticiper
les besoins et de s’adapter aux aléas quotidiens
(comme les ruptures de stocks). Il assure en outre
le suivi de ses actions par une rigoureuse traçabilité des commandes, des réparations en cours,
des étalonnages des différents appareils.
Pour occuper ce poste, il faut également faire
preuve de compétences relationnelles et quasi
commerciales. En effet, un logisticien travaille
dans l’échange avec les autres. Il est à l’écoute
des soignants (équipes médicale et paramédicale)
et travaille en réseau. Il doit savoir négocier avec
les prestataires.
L’appellation “référent logistique” recouvre un
rôle polyvalent où être réactif et avoir un bon
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sens de l’organisation apparaissent comme des
qualités essentielles. Jérôme utilise avec brio
son expérience d’aide-soignant et ses qualités
au profit de sa nouvelle fonction. Il a acquis des
connais­sances et a développé de compétences.
Ce poste est, pour lui, synonyme d’enrichissement personnel et d’épanouissement.
Référent logistique
en réanimation médicale
Éric, 45 ans, est entré à l’Assistance publiqueHôpitaux de Paris (AP-HP) il y a vingt-quatre ans
en tant qu’agent administratif. En 1992, il obtient
son diplôme d’État d’aide-soignant et occupe
aussitôt un poste aux urgences puis en réanimation médicale à l’hôpital Lariboisière.
Faire fonctionner
les équipements médicaux
Après plusieurs années d’expérience et au regard
de ses compétences, l’encadrement lui confie
deux nouvelles missions : coordinateur d’apprentissage et responsable logistique. Pour mener à
bien ses objectifs, Éric est complètement détaché des soins. Ses horaires sont modifiés : il
ne travaille plus sur 12 heures comme le reste
de l’équipe mais sur 9 heures, quatre jours par
semaine du lundi au vendredi. Il partage la fonction logistique avec un autre collègue. Éric est
responsable de l’ensemble du matériel tech­nique
et son collègue gère les commandes hôtelières
et médicales. L’un et l’autre travaillent en complémentarité. Éric doit plus spécifiquement s’assurer du bon fonctionnement des équipements
médicaux, organiser et planifier leurs révisions et
leurs réparations.
Créer des outils de traçabilité
Avant d’être proposée à Éric, la fonction de logisticien n’existait pas dans le service. La technicité
du poste l’attire, son expérience d’aide-soignant
au sein du service est un atout. Il n’hésite pas
à accepter et à relever le défi. Au début de sa
prise de poste, Éric rencontre deux difficultés
majeures :
– il n’existe pas d’antécédent. Éric doit innover
en créant des outils de suivi et de traçabilité du
matériel, s’organiser en répertoriant tout le parc
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d’équipement du service de réanimation, forger
son propre réseau interne (auprès des différents
services) et externes (fournisseurs, autres hôpitaux, etc.).
– il faut s’imposer auprès de ses collègues pour
prouver le réel bénéfice de ce nouveau poste.
La réanimation est un service de haute technicité.
Le parc d’équipement y est varié et complexe
(pousse-seringue, appareil de monitorage, échographe, appareil de dialyse, fibroscope, respirateur, etc.). Au fur et à mesure qu’Éric s’approprie
ses différentes tâches, l’équipe découvre que sa
fonction est un atout facilitateur dans son travail
quotidien. Éric développe alors ce poste en se formant sur des audits de bonnes pratiques, en participant aux groupes de travail pour élaborer des
protocoles (par exemple, la décontamination du
fibroscope en réanimation), en formant les agents
à l’utilisation des équipements médicaux.
Sa fonction lui demande une constante mise
à jour de ses connaissances. Il participe aux
congrès de réanimation pour être informé des
nouveaux équipements du marché, des dernières
innovations techniques. Il anticipe et planifie le
renouvellement des appareils vétustes en contribuant au plan d’équipement du service. Il prend
régulièrement une part active à différentes manifestations telles que les journées de formation du
service ou les journées de pôle.
Aujourd’hui, le poste d’Éric est considéré par tous
comme fondamental au bon fonctionnement du
service.
Conclusion
L’hôpital Lariboisière compte à ce jour douze
agents responsables de la logistique. Certains
exercent dans un service très spécialisé, comme
Éric en réanimation ou Jérôme aux urgences ;
d’autres travaillent dans plusieurs services (par
exemple : un logisticien pour trois services de cardiologie). Ces nouveaux métiers constituent une
opportunité d’évolution de carrière passionnante
pour des aides-soignants expérimentés. •
Karine Jan
fonction, lieu d’exercice
[email protected]
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L’aide-soignante Avril 2012
• n° 136