Zibeline n° 95 en PDF

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Zibeline n° 95 en PDF
95
MENSUEL CULTUREL
& CITOYEN DU SUD-EST
DU 23.04 AU 21.05.2016
Exemplaire offert avec La Marseillaise le 23 avril 2016
JOURNALZIBELINE.FR
politique culturelle Décoloniser les arts
critiques La ZAT de Montpellier
évènements Les Musiques à Marseille
2€
FESTIVAL
DES ARTS DE LA RUE
GAP
La Criée
Photo Joël Robison
Théâtre national de Marseille Direction Macha Makeïeff
27,28,29
MAI 2016
Tous
dehors
(enfin)!
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L'AvareMolière
Mise en scène Ludovic Lagarde
18 > 22 mai
« La troupe est brillante, le jeu
provocateur, cru et cruel. » Télérama
« La version la plus folle, la plus
déjantée, la plus radicale... proposée
par Ludovic Lagarde » La Croix
« Laurent Poitrenaux, en Harpagon
magistral et brindezingue, embarque
son monde avec une verve et une
extravagance jubilatoires » La Vie
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AVRIL
MAI
2016
RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR
CULTURE ET SOCIÉTÉ
Mensuel payant paraissant un samedi par mois
Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline
BP 90007 13201 marseille Cedex 1
Dépôt légal : janvier 2008
Imprimé par Riccobono
Debout, le 54 mars
Quelque chose se passe, que l’on n’attendait plus. Les gens sont
dans la rue. Occupent, parlent, délibèrent, s’organisent, joyeusement
et avec force, décident, et imposent leur présence, courageuse, leur
révolte, légitime.
Imprim’vert - papier recyclé
Crédit couverture : © Alouette sans tête
Alors que l’on s’enfermait dans l’État d’urgence, que l’extrême droite
Conception maquette Tiphaine Dubois
montait en flèche, que le dernier remaniement ministériel et sa loi
travail avaient plombé nos ultimes illusions politiques ; alors que le
Directrice de publication & rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected] 06 09 08 30 34
Rédactrice en chef adjointe
Dominique Marçon
[email protected] 06 23 00 65 42
Secrétaire de rédaction
Delphine Michelangeli
[email protected] 06 65 79 81 10
la gauche (de la gauche) se tiraillait... voilà que le monde du travail se
réveille, que la jeunesse prend la rue, si simplement, avec une force qui
n’a rien du désespoir, et une intelligence politique insoupçonnée. Ils
parlent, ensemble, bâtissent des avancées sans leader charismatique,
s’imposent par ces réseaux sociaux qu’on pensait mortifères, et qui
06 25 54 42 22
LIVRES
Fred Robert
[email protected]
MUSIQUE ET DISQUES
Jacques Freschel
[email protected]
se révèlent une ouverture effective vers la place publique.
La couverture de Zibeline est pour eux, qui passent la nuit
06 82 84 88 94
06 20 42 40 57
06 86 94 70 44
Élise Padovani
[email protected]
debout. Ils ressemblent à ces hommes qui se sont levés
en 68, en 36, en 1870, parce que leurs gouvernements
avaient oublié l’intérêt du peuple, et que les urnes
95
restaient muettes.
Pour eux, un brin de muguet, comme au Temps des
André Gilles
[email protected]
ÉDITO
ARTS VISUELS
Claude Lorin
[email protected]
CINÉMA
Annie Gava
[email protected]
pire semblait possible, qu’une longue régression semblait entamée, que
Cerises. Pour eux, une page d’histoire sur la Commune
de Marseille, un appel à décoloniser les esprits, à combattre
avec les intermittents. Pour eux, avec eux, la floraison des arts
Polyvolants
Chris Bourgue
[email protected]
06 03 58 65 96
Gaëlle Cloarec
[email protected]
Maryvonne Colombani
[email protected]
de la rue, et tout un programme d’évènements à venir, de concerts
à entendre, d’expositions à visiter, partout, parce que ce territoire est
06 62 10 15 75
à nous, que les arts sont à nous, et que nous avons le droit d’en jouir.
Marie-Jo Dhô
[email protected]
Sortez, passez la nuit debout, enivrez-vous sans cesse. De combat,
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected] 06 64 97 51 56
d’alcool ou de poésie, mais enivrez-vous. L’été arrive, il sera chaud,
Jan Cyril Salemi
[email protected]
même lorsque les nuits s’allongeront à nouveau, et que ce beau mois
de mars finira. Rien ne pourra l’effacer, car les forces vives de la révolte
Maquettiste
Philippe Perotti
[email protected]
ont prouvé qu’elles sont là.
06 19 62 03 61
WRZ-Web Radio Zibeline
Marc Voiry
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Directrice Commerciale
Véronique Linais
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La régie
Jean-Michel Florant
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Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy,
Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau,
Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn,
Marie Michaud
Administration
Axelle Monge
[email protected]
Houda Moutaouakil
[email protected]
06 33 78 94 09
04 91 57 75 11
AGNÈS FRESCHEL
Exposition
27 avril—29 août 2016
Un génie sans piédestal
Picasso et les arts
& traditions populaires
Mucem
Picasso
Billet coupe file en vente sur mucem.org
Mucem.org
Avec le soutien exceptionnel
Esplanade du J4, 7 promenade Robert Laffont — 13002 Marseille
Design graphique : Spassky Fischer
Grâce au mécénat de
Partenaires
Pablo Picasso, Torero, 12 avril 1971, huile sur toile. Collection Particulière. Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso
para el Arte. © FABA Photo : Éric Baudouin © Succession Picasso 2016
sommaire
95
SociÉtÉ
Budget de la Région PACA (P.6)
Salon des agricultures (P.7)
Polluants invisibles et perturbateurs endocriniens (P.8)
Les fées nomades en Tunisie (P.9)
Politique culturelle
Décoloniser les arts, Les Comores (P.10-11)
Université de Toulon (P.12)
Intermittents, un combat idéologique (P.13)
Le Stéréoscope des solitaires © Agathe Dufourt
Évènements
Festival Les Musiques à Marseille (P.14)
Théâtre Liberté de Toulon (P.15)
Nuit Européenne des Musées (P.16)
Printemps des chercheurs (P.17)
MuCEM (P.18)
Caravane syrienne à Aix, Scènes de Bistrots PACA (P.19)
Printemps de la Danse, Opera Mundi Marseille,
Arts et festins du monde Gardanne (P.20-21)
Cité de la Musique Marseille, Jazz in Arles (P.22)
Joutes musicales à Correns, Jazz à Cassis,
La Paloma à Nîmes (P.23)
Ernest Pignon Ernest, Parcours Jean Genet, 2006. Serigraphie photographie in situ, Brest.
© Ernest Pignon Ernest-Adagp, Paris, 2016-Cliché Banque d’images de l’Adagp
critiques
Spectacles (P.24-29)
Montpellier, Marseille, Aix, Toulon, Avignon
Mort et réincarnation en cowboy © Christian Berthelot
au programme
Musique (P.30-34)
Spectacles (P.35-60)
Bernd Lohaus, Villeneuve, 1988, bois flottés et assemblés, 64x546x544cm
© C. Lorin/Zibeline 2016
cinéma [P.61-64]
Arts visuels [P.66 -71]
Montpellier, Sète, Marseille, Aix, Arles,
Martigues, Aubagne, Malaucène, Gap,
La Seyne, L’Isle-sur-la-Sorgue
livres [P.72-76]
histoire [P.78-79]
La Commune de Marseille
6
société
PRIORITÉ À L’ENTREPRISE,
ET À L’EMPLOI
le pastoralisme, la sécurité des gares, et un plan
« Smart Mountain » de développement des
stations de skis (canons à neige et télésièges)
qui ne pense pas une reconversion adaptée au
changement climatique...
« PENDANT 18 ANS À LA RÉGION ON N’AIMAIT PAS FORCÉMENT Économie, culture
LE MONDE DE L’ENTREPRISE. OR IL NE PEUT Y AVOIR DE CROIS- et politique
SANCE QU’AVEC LE SOUTIEN AUX ENTREPRISES. C’EST NOTRE La relance par l’investissement est un choix
politique, et une option économique de plus
PRINCIPAL DÉFI. »
en plus contestée, parce qu’à l’usage elle n’a, de
C’
est par ces mots que Christian Estrosi
présentait son budget : il faut répondre à
l’urgence économique, dans une région où
le taux de chômage atteint 12% (taux national
10%) et où « les citoyens ont été séparés de la
proximité régionale et se sont donc défoulés aux
élections ».
La mise en place du FIER, fonds d’investissement
pour les entreprises de la région, n’est pourtant
pas à proprement parler une mesure nouvelle :
un Fonds d’Investissement existait déjà, il est
augmenté de certains fonds européens, et fléché
différemment.
La Région est endettée, « la plus endettée après
l’Île de France », et Christian Estrosi veut « trouver
des marges » pour mener une politique en faveur
de l’emploi, en espérant que des entreprises
vont s’installer en PACA grâce à des garanties bancaires et des prêts régionaux, et à une
attractivité retrouvée grâce au tourisme, à la
formation, à la culture.
Pour cela, il veut « faire des économies de fonctionnement » de 44 millions. En fermant les antennes
régionales des départements, en diminuant la
masse salariale, en réduisant le parc de voitures...
autant de mesures qui semblent insuffisantes.
Car le FRAT (Fonds régional d’aménagement
des territoires) augmente, les communes rurales
pourront bénéficier pour leurs équipements d’un
investissement régional déplafonné... Mais l’idée
est de « se tourner vers l’avenir, ne plus soutenir
les secteurs qui s’effondrent et doper l’innovation ».
C’est-à-dire la transition numérique, le très haut
débit, mais aussi le nautisme de luxe de La Ciotat,
nos jours, qu’un faible impact sur l’emploi. La
relance par le soutien à la consommation est
une autre option, et il n’est pas certain que les
secteurs retenus par l’actuelle majorité soient
réellement des secteurs d’avenir.
Ainsi on peut noter une diminution de l’aide
à l’Économie Sociale et Solidaire (11% de
l’emploi dans la région est pourtant associatif),
des budgets Formation et Lycées qui diminuent,
la fin des pénalités pour les communes qui ne
respectent pas le quota minimal d’habitations
sociales...
Si la « sanctuarisation » du budget de la culture
est une bonne nouvelle (augmentation de 1,1%,
soit dans les faits un simple maintien), elle
ne sera pas suffisante pour sauver un secteur
créateur d’emploi, mais aux dotations nettement
Le carrefour des agricultures
F
angio, Bibi et Précieuse, respectivement
taureau de Camargue, mouton mérinos
et chèvre du Rove, seront les mascottes
du Salon des agricultures de Provence, qui se
tiendra du 3 au 5 juin à Salon-de-Provence.
Lors de la conférence de presse qui annonçait
l’événement, la présidente du Conseil Départemental 13, Martine Vassal, s’est réjouie de tenir
cet engagement de campagne, avec l’intention
de le pérenniser. Elle a par ailleurs maintenu
le budget de sa collectivité consacré au secteur
agricole (10 millions d’euros). Les paysans, en
plein marasme économique, ont en effet bien
besoin de soutien, et pour celle qui déclare avoir
« découvert la ruralité récemment en sillonnant
le département », il est important qu’elle soit
dynamique et attractive.
Quelques chiffres communiqués par le CD13 :
la surface agricole représente 29% du territoire,
10 000 emplois directs sont concernés et 30 000
emplois induits. Une très grande diversité de
production (maraîchage, arboriculture, riz,
vignes, oliviers, miel...) caractérise la Provence,
et le département est allé défendre auprès de
l’Europe les spécificités locales, « dont les politiques
© Gaëlle Cloarec
nationales ne tiennent pas compte ».
Ce salon, sur le papier, est bel et bon ; il peut faire
contrepoint en région au Salon International
de l’Agriculture à Paris, mettre en valeur les
immenses atouts de nos terres. Le Maire de
Salon-de-Provence, Nicolas Isnard, vantait le
site qui accueillera la manifestation, le domaine
du Merle, haut lieu du pastoralisme hébergeant
« le plus ancien centre français de formation des
bergers, et la Maison de la Transhumance ». Cet
espace réunira un village des producteurs, une
ferme aux animaux, des ateliers pédagogiques...
et un pôle professionnel. Et c’est là que le bât
blesse.
Quand une journaliste (Mireille Bianciotto, de
Radio Dialogue) pose la question majeure en
diminuées depuis des années, notamment dans les Bouches-du-Rhône,
par les autres collectivités territoriales.
Cependant Sophie Joissains, vice-présidente en charge de la Culture,
affirme vouloir continuer à subventionner les compagnies régionales,
à développer l’action culturelle, à soutenir la diffusion, les lieux,
les festivals, la formation, et les dispositifs existants. Une politique
culturelle qui ménage deux visions différentes de la culture : celle de
l’attractivité, et celle du droit culturel pour les habitants de PACA.
Car l’emploi culturel, et l’attractivité du territoire induite par la
bonne santé d’un secteur essentiel au tourisme, sont les raisons
évoquées par Christian Estrosi pour soutenir le secteur culturel : la
richesse culturelle, monuments et festivals, est citée par un nombre
croissant de touristes comme étant importante dans leur choix de
destination, et les touristes venus d’autres régions dépensent 15
milliards d’euros chaque année dans le territoire, dont 7 milliards
d’euros pour le seuls touristes étrangers.
Mais l’investissement dans la culture (53 millions d’euros comme
dans les mandatures précédentes) sert également, et essentiellement,
à construire une société meilleure. Raison qui devrait présider à tout
choix économique : l’Économie Sociale et Solidaire, la formation,
la préoccupation écologique, la volonté d’investir dans des secteurs
pas nécessairement rentables, mais essentiels au développement de
chacun, ne peuvent être oubliés. 80% des richesses produites dans
la Région sont consommées par ses habitants : en dehors même
de la préoccupation sociale, l’appauvrissement actuel de certaines
populations a un impact direct sur le recul de la consommation,
donc sur l’emploi, et la fameuse croissance.
AGNÈS FRESCHEL
Le budget 2016 de la région PACA a été voté le 8 avril
terme de santé publique des engrais et pesticides utilisés massivement par l’agriculture intensive, Claude Rossignol, président de la
Chambre d’Agriculture 13, répond : « Je n’oppose jamais les agricultures.
De l’intensive, la raisonnée ou la bio, je ne sais pas laquelle pollue le plus ».
Sur ce pôle professionnel, on craint donc de voir apparaître les
représentants en produits toxiques qui hantent les allées de l’événement parisien, entraînent la mort des sols, et celle de la paysannerie.
Rappelons que le bilan du plan Ecophyto mis en place en 2008 par
le gouvernement pour réduire l’usage des pesticides est très mauvais.
On rêverait plutôt d’un encouragement massif des collectivités aux
alternatives efficaces, biodynamie ou permaculture. On ne peut pas
dire qu’elles ne font rien, un mouvement s’amorce de protection des
terres agricoles face à la pression foncière, des aides à l’investissement
sont mises en place pour ceux qui souhaitent s’installer en bio*. Mais
il faut impérativement sortir des vieilles rhétoriques : les citoyens
s’informent, on ne peut plus leur servir le type de discours que
Claude Rossignol tient encore.
21e édition
11 > 21 MAI 2016
GAËLLE CLOAREC
* 8% des exploitations pratiquent l’agriculture biologique
en PACA, soit mieux que les 4,7% à l’échelle nationale
SCHWAB SORO / DREISAM / LOUIS SCLAVIS, DOMINIQUE PIFARÉLY,
VINCENT COURTOIS / KRIS DAVIS / JEAN-MARC FLOTZ, STÉPHAN OLIVA
BRUNO ANGELINI, RÉGIS HUBY, CLAUDE TCHAMITCHIAN, EDWARD PERRAUD
GÉRALDINE LAURENT, PAUL LAY, YONI ZELNIK, DONALD KONTOMANOU
VINCENT PEIRANI, ÉMILE PARISIEN, MICHEL PORTAL
Association du Méjan : 04 90 49 56 78
8
société
La santé
en mains sales
L’INDUSTRIE PÉTROCHIMIQUE
AURA-T-ELLE NOTRE PEAU, AVEC
L’AVAL DES INSTANCES CENSÉES
PROTÉGER LA SANTÉ PUBLIQUE
EN EUROPE ?
© Wiki Commons
I
l y a des précédents : les marchands de
tabac ont empêché les pouvoirs publics de
réglementer en leur défaveur pendant des
décennies, bien après que les médecins ont
révélé le danger lié à la fumée de cigarette.
Aujourd’hui, ce sont les producteurs de pesticides, d’OGM, de nanoparticules qui recourent
aux méthodes de ces précurseurs pour faire
valoir leurs intérêts commerciaux, alors que
l’exposition à ces produits fait exploser les
pathologies lourdes, notamment les cancers.
Dans son ouvrage PCB, des polluants invisibles et
redoutables. Une menace pour l’humanité, paru en
2015, Henry Augier dresse un tableau glaçant
de l’une des pires pollutions à laquelle nous
sommes confrontés. Les polychlorobiphényles
ont été interdits après une interminable bataille,
dans les années 80 en France puis dans l’Union
Européenne, mais ce sont des substances
particulièrement rémanentes : produits de
manière industrielle à partir de 1929, ils se sont
répandus absolument partout. On les trouvait
dans les lampes, les appareillages électriques,
le papier, les sols, les isolants, la peinture, les
radiateurs... Ils contaminent les plantes, les
animaux, les humains qui les absorbent. Volatils,
ils se dispersent dans l’atmosphère et ont une
forte affinité avec les matières organiques : ils
se concentrent dans les parties graisseuses,
foie, peau, muscles. Outre leur effets endocriniens (anomalies de la thyroïde, altération
du sperme...), ils affectent le développement
neurologique, vasculaire et immunitaire. On
en relève même sur la banquise, véhiculés par
les courants aériens et marins. Or, alors que
« très tôt des constats épidémiologiques et des études
scientifiques avaient démontré leur redoutable
dangerosité », rien n’a été fait pendant... 70
ans. Par la suite, les Préfectures ont publié des
arrêtés, pour interdire la consommation de
poissons du Rhône aux riverains, par exemple.
La dépollution est très peu concluante pour
l’instant, et conduit plutôt les pouvoirs publics
à tenter les procédures de confinement.
Pourquoi cette inaction ?
Pour comprendre, on lira avec grand intérêt
l’ouvrage de Stéphane Horel paru également
en 2015, Intoxication. L’étude menée par cette
journaliste dans les coulisses des instances
européennes, qui se dévore comme un thriller,
détaille l’influence inouïe exercée par les lobbies
de l’industrie sur les décisions politiques. Centré
sur la question des perturbateurs endocriniens
(dont font partie les PCB), son livre dévoile les
stratégies du secteur de la chimie, des pesticides
et du plastique pour que l’on continue à consommer leurs produits empoisonnés. Rappelons que
ces substances perturbent le système hormonal
subtil régissant nos organismes. « Personne ne
tombe foudroyé d’une exposition aux PE », mais ce
sont des bombes à retardement, qui explosent
20 ou 30 ans plus tard : infertilité, cancers du
sein, obésité, etc. Pour défendre l’indéfendable, une foule de lobbyistes martèle des
À lire
PCB, des polluants invisibles et redoutables
Une menace pour l’humanité
Henry Augier
Éditions Libre & Solidaire, 23 €
Intoxication
Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates :
une bataille d’influence contre la santé
Stéphane Horel
La Découverte, 19 €
messages pseudo-scientifiques dans l’écosystème
bruxellois, place des experts issus de grandes
firmes auprès de la Commission, et tente de
peser directement sur le texte des lois. Plus
le sujet est technique, plus il leur est facile de
semer le doute auprès de responsables peu
avertis -quand ils ne sont pas complaisants.
Le dossier des perturbateurs endocriniens est
ainsi resté bloqué 4 ans, faute d’en avoir adopté
une définition précise ! Malgré les études fort
sérieuses publiées par moult endocrinologues et
toxicologues, malgré le principe de précaution
qui devrait prévaloir, les lobbies parviennent à
établir qu’il existe une controverse... soulevée
par des chercheurs rémunérés par l’industrie.
Au royaume du conflit d’intérêt, les plus riches
finissent par l’emporter, car « ces mercenaires du
déni jouent un rôle déterminant dans l’apathie
des pouvoirs publics ». D’autant que les grands
traités transatlantiques se profilent, et que les
contraintes réglementaires européennes sont
une épine dans le pied des multinationales
américaines.
Voilà pourquoi la santé publique, qui représente
pourtant un coût énorme pour la société, ne
prévaut pas. Notons que les mêmes procédés sont utilisés ces jours-ci pour sortir de
« nouveaux » OGM du statut juridique qui
les encadre. On ne saurait trop vous suggérer
de vous informer par tous les moyens sur ce
qui se trame à Bruxelles : les conséquences
de ce qui s’y décide, vous aurez à vivre -ou
mourir- avec.
GAËLLE CLOAREC
9
Les fées marraines
«N
’attendons pas la paix, allons à sa
rencontre ! » s’exclame Victoria
Madier, Présidente de l’Association
évènementielle, culturelle et solidaire Les
Fées Nomades*. Nous sommes à l’ambassade
de France à Tunis, reçus par l’ambassadeur,
son Excellence François Gouyette, pour la
cérémonie de passation des « lettres de créance »
de la collection Med’In Peace. De nombreux
artistes parmi les trente-deux exposants sont
là. L’ambassadeur de France souligne que « la
France doit être le moteur de la culture, du partage
de, de la communication entre les peuples » ; Nadia
Zouari, commissaire de l’exposition, renchérit :
« la France doit être une plateforme qui unit le
monde méditerranéen, dans le respect des uns et des
autres». Énonçant « la culture, force de progrès,
comme résistance contre l’obscurantisme », Wided
Bouchamaoui, présidente de l’Utica, l’une des
quatre organisations constitutives du Quartet Expo Med’in Peace, oeuvres de Faten Rouissi et Mohamed Ghassan © Maryvonne Colombani
tunisien qui a reçu le
Prix Nobel de la Paix
Printemps des puzzles de Nadia Zouari et de ses
2015, soutient par sa
pièces mobiles aux lettres dissociées, PEACE,
présence le projet,
étrangeté émouvante de l’installation de
lampes torches Être Agi, illuminant l’ombre
de même que des
de Sana Tamzini, on voudrait les citer tous,
représentantes des
ministères tunisiens
bouquet de métal de Yosri Baharini, contes
de la Culture, et de
délicatement oniriques de Samir Makhlouf,
portraits hallucinés en diptyque de Mohamed
la Femme, Famille
Chelbi, Houda Ghorbel, Lilia El Golliures,
et Enfance, ou de
sans oublier les caisses symbole du voyage
l’Office National Expo Med’in Peace, oeuvre de Nadia Zouari © Maryvonne Colombani
du Tourisme Tunisien, ainsi que de TUNI- supporte et promeut cette initiative, Med’In Peace des œuvres…
SAIR… Amal Bourguiba, Directrice Centrale voyagera deux années en France (à Lodève, Que de belles choses et de bons sentiments !
Communication et Relations Extérieures de Clermont-Ferrand, Volvic, Grenoble, Saint- Et lorsque l’on aura évoqué le projet d’une
la compagnie aérienne nationale de la Tunisie Etienne, Lyon et dans la région à Marseille grande marche des femmes pour la paix en
explique combien sa contribution participe du à Aix et à Avignon en 2017.). Autour de l’ex- Méditerranée, un festival de la paix en Tunisie
« devoir citoyen de soutenir la culture et les artistes position, des happenings et un mini-festival, dans deux ans, le fait que l’association des Fées
tunisiens, en tant que femmes et qu’êtres humains ». avec des tables rondes, des projections de la Nomades ne fait pas de bénéfices, les sourires
jeune création cinématographique tunisienne, gentiment sceptiques s’étirent en rires… L’art
du théâtre, de la musique… Des rencontres face aux bombes et aux tentations totalitaires ?
pédagogiques, organisées en relation avec les Est-on à une époque de « bisounours » ? VicNadia Zouari affirme avec force que « la académies ou/et l’association MOSAÏC de toria Madier s’insurge, « bisounoursons donc ! »,
Tunisie n’est pas que djihadisme et artisanat local Samir El Bakkali qui souligne combien « la l’humanité vaut mieux que les destructions
typique, il y a un vivier d’artistes contemporains, culture, le sport, valorisent en invitant au partage sauvages qu’elle s’inflige, il est nécessaire de
qui parlent du monde d’aujourd’hui ! ». « Les et au construire ensemble ».
réagir, d’agir, d’apporter une contribution.
artistes ouvrent les lignes », Victoria Madier,
Le pouvoir des fées contre la barbarie, on
portée par un enthousiasme communicatif,
veut y croire !
MARYVONNE COLOMBANI
transmet sa belle énergie, et insiste : « la culture
est une arme pour la paix ».
* Nées en 2014, Les Fées Nomades assorties
L’exposition Med’In Peace ouvre la voie : Avec une belle intelligence, Thomas Wierz- du fonds de Dotation Alliances Méditerranée
elle présente trente-deux artistes tunisiens binski, conservateur des Musées de Montélimar, pour la Paix et la Solidarité, fédèrent des
contemporains sur le thème de la paix, et reçoit a organisé les œuvres en s’appuyant sur leurs professionnels de la culture et de l’évènementiel
en vue de promouvoir les idées de paix et de
deux invités d’honneur, les sculpteurs Khaled vibrations, les mettant en résonance, blancheur tolérance à travers de grandes manifestations.
Dawwa (Syrien) et Mohamed Ghassan (Ira- innocente de vêtements d’enfants de Faten
kien). Après son inauguration et un premier Rouissi, gardés par les terribles personnages
temps à Montélimar (jusqu’au 22 mai), ville qui de Mohamed Ghassan, mise en regard du les-fees-nomades.com
Changer le regard
Med’In Peace
10 Politique Culturelle
Debout
les racisés !
L
e constat de l’absence de « diversité » sur
les scènes et dans les arts commence à
entrer dans les discours du ministère (voir
Zibeline 94). Mais cette terminologie recouvre
une réalité difficile à saisir, parce que la loi
française interdit les statistiques ethniques, et
parce que le milieu a du mal à voir ce qu’il a
sous les yeux. C’est-à-dire la nette domination
numérique des hommes blancs de plus de 40
ans dans le milieu artistique...
Faut-il séparer les luttes des minoré-e-s, qui
forment la large majorité de la population
française, et souffrent de fait d’une exclusion des
représentations ? On entend par minoré-e-s les
femmes, les afropéens, les arabes, les asiatiques,
À L’OCCASION DE LA CRÉATION D’EVA DOUMBIA À LA
CRIÉE, LE COLLECTIF DÉCOLONISER LES ARTS TENAIT
CONFÉRENCE À L’EQUITABLE CAFÉ À MARSEILLE, LE 31
MARS, JOUR DE MANIFESTATION QUI FINIT PAR LA PREMIÈRE
NUIT DEBOUT...
autrement dit tous ceux qui sont dans les faits
maintenus dans une inégalité sociale, salariale,
et de représentation... Et a-t-on intérêt à faire
converger les luttes, ou à préciser comment
chacune est spécifique ?
Les trois décolonisatrices, très convaincantes,
séparent, sans les opposer, les combats. Le
collectif, formé d’artistes et d’intellectuels,
emploie le terme racisé, et le définit ainsi :
« Assigné et réduit à une origine, réelle ou
fantasmée, du fait de sa couleur de peau, son
faciès, ou son patronyme. Victime de racisme,
qu’il soit de haine, de préjugé ou d’omission. »
Le milieu culturel pratique clairement l’omission, parfois le préjugé, et rarement la haine.
Mais pour que le racisme des arts cesse, il
faut qu’il soit identifié consciemment. Sans
doute pas seulement en comptant les racisés,
mais en dénouant ce que l’histoire de France
a systématiquement caché.
Dénombrer ne suffit pas. Faut-il redire qu’il n’y
avait que des blancs parmi les 34 nominés des
Molière ? Sans doute. Mais Gerty Dambury
a raison de rappeler que l’important est de
changer les mots, les discours, les images. La
veille Laurence Rossignol, Ministre du droit
des femmes, avait lancé une phrase terrible,
et remarquée parce qu’elle s’en prenait aux
« porteuses volontaires du voile », et employait
le mot « nègres ». Mais Françoise Vergès fit
Mémoire vive
«U
ne trilogie littéraire et musicale pour
un théâtre afropéen résolument
politique et littéraire ».
Ainsi est sous-titrée La traversée! mise en scène
par Eva Dumbia, qui se propose de revisiter pas
moins de 400 ans d’histoire de l’esclavagisme
du choc originel à nos jours. Pour cela, Eva
Doumbia s’est emparée de textes qui ont en
commun d’avoir été écrits par trois femmes,
noires, romancières et descendantes d’esclaves :
un parti pris aussi fort que nécessaire.
Trois spectacles donc, réunis lors d’une soirée :
La vie sans fards (précédé de Segou) tiré des
écrits de Maryse Condé, Insulaires d’après
Jamaïca Kincaid et Fabienne Kanor et La
grande chambre de cette dernière également.
Afin de revivifier dans nos mémoires cette
terrible odyssée, Eva Doumbia a convoqué sur
scène aussi bien un orchestre et une chanteuse,
le récit dans la tradition de la transmission
orale, la vidéo et la danse. Un pari osé dans son
éclectisme et sa longueur (4 heures de spectacle
pour l’intégrale) mais réussi de bout en bout.
En effet, ces différents moyens mis en place pour
donner vie à ces textes sur scène concourent à
créer un spectacle protéiforme extraordinairement vivant. Le spectateur se trouve ainsi
constamment amené à traverser des émotions
diverses et changeantes à chaque nouveau
tableau. Si bien qu’à chaque nouvelle scène,
la surprise est au rendez-vous.
Insulaires © Cie La Part du Pauvre
Se succèdent ainsi entre autres : une scène d’une
parodie d’interview ironique et dénonciatrice
de Maryse Condé par un journaliste blanc
occidental « bien pensant » -Bernard Pivot n’est
pas loin !-, des chants d’apaisement puis de
douleur ou encore le poignant récit d’une mère
en marche vers son cruel destin d’esclave. Puis
l’on se retrouve de nos jours au Havre, dans ce
qui semble être une chambre d’hôtel où une
jeune femme hantée par le passé esclavagiste
de la ville se retrouve visitée par les spectres
du passé. Ce qui donne lieu à une danse de
groupe saccadée et syncopée, comme des
marionnettes prises de folie : impressionnant.
À saluer enfin, la présence sur scène d’une
formidable troupe de musiciens et d’acteurs
blancs et noirs, ces derniers si absents des
scènes françaises.
Une traversée à la fois de révolte et de poésie,
pour une histoire mal dite et à redire.
FRANCK MARTEYN
La trilogie a eu lieu le 1er avril
à La Criée, Marseille
11
justement observer que cela n’est pas le plus
choquant : dire Il y a des femmes qui choisissent le
port du voile, il y avait aussi des nègres américains
qui étaient pour l’esclavage, c’est ignorer combien
l’esclavage n’était choisi par aucune de ses
victimes, c’est revenir à Autant en emporte
le vent, c’est aussi oublier que la France est
restée esclavagiste bien plus longtemps que
l’Amérique. Comment peut-on, même par
abus de langage comme elle s’en est expliquée, commettre un tel abus de pensée ? Et
comment les médias qui ont dénoncé cette
phrase n’ont-ils pas relevé qu’aucun esclave
n’a jamais été volontaire ?
Selon Françoise Vergès « il faut changer la
structure de la société française, qui reste profondément marquée par la colonisation : notre
littérature, notre droit institutionnel, le droit du
travail, nos imaginaires surtout sont empreints
de siècles d’esclavagisme et de colonisation ». Eva
Doumbia l’affirme aussi : ce sont nos psychés qu’il faut bouleverser. L’histoire de la
libération des femmes, l’histoire du travail
doivent se récrire en prenant en compte les
femmes noires, le travail forcé, l’exploitation
des esclaves enchainés. Et pour cela, il faut
avant tout décoloniser les arts, parce qu’il est
primordial de changer le regard.
Comment ? Gerty Dambury explique que le
Cid peut être joué par un acteur noir, mais qu’il
faut aussi favoriser un répertoire décolonisé.
Il faut que les racisés aient accès aux outils de
travail, aux théâtres, aux écoles. Eva Doumbia
rappelle cette réunion au Théâtre de la Colline,
après laquelle le collectif s’est formé : pour
parler de la diversité, sur scène, une brochette
de metteurs en scène et directeurs blancs. « Nous
existons, nous artistes racisés. Or aucun d’entre
nous n’est à la tête d’un Centre Dramatique ou
d’une Scène Nationale (Wajdi Mouawad n’était
pas encore nommé au Théâtre National de la
Colline). Les deux seuls racisés sont des Africains
directeurs dans les DOMs, comme si c’était pareil,
comme s’il fallait un noir pour des noirs, d’où
qu’il vienne... ».
Le chemin sera long pour que les préjugés
cessent de régner en maitre. « Parmi les racisés
eux-mêmes », fit remarquer une programmatrice de musique des caraïbes : s’ils viennent
volontiers danser, ils pensent généralement
que la musique « assise » n’est pas pour eux, pas
plus que le théâtre, et reproduisent dans leur
rapport à l’art les préjugés dont ils souffrent.
La créolisation et la mondialité désirées par
Edouard Glissant supposent une réappropriation d’une culture perdue dans la cale des
bateaux négriers, mais aussi l’affirmation que
la culture des colonisateurs est aussi la leurs.
Définir comment tout cela devient nôtre est
sans doute le beau défi des années à venir.
À noter que le collectif Décoloniser les arts
organise une rencontre publique au Théâtre
National de Chaillot, à Paris, le 23 avril à 14h.
(Lire aussi p. 25)
AGNÈS FRESCHEL
Colonisation française
aux Comores
et si l’on agrandit les centres de détention,
on ne construit ni écoles ni dispensaires de
soins. « Le SMIC y est moitié moins élevé que
celui de la Réunion ».
Le militant révolutionnaire (il a passé du temps
dans les geôles de Bob Denard) déplore le
manque de courage des politiciens comoriens, « qui ne restent au pouvoir que s’ils se plient
aux volontés de la France ». Les rebelles ont
© librairie Transit
L
a librairie marseillaise Transit est spécialisée
en critique sociale, antifascisme, féminisme,
théorie de l’émancipation. Le 29 mars, elle
organisait une rencontre avec Saïd Ahmed
Saïd Mohamed Jaffar dit Guigui, militant
comorien. L’occasion pour l’assistance de
découvrir avec horreur un passé et un présent
des relations franco-comoriennes consternants.
La « patrie des droits de l’homme » a colonisé les
Comores au XIXe siècle, et depuis, bien qu’une
autonomie administrative ait été obtenue en
1946 et une accession à l’indépendance validée
au mitan des années 1970, elle se comporte
toujours comme en pays conquis.
En gardant Mayotte sous son égide, la France
a fractionné un territoire insulaire constitué
de quatre îles de manière douloureuse. Le
gouvernement Balladur a créé un visa pour
empêcher que les ressortissants des autres
îles (Grande Comore, Anjouan et Moéli) ne
se rendent à Mayotte librement, en espérant
y trouver de meilleures conditions de vie.
Selon Saïd Ahmed Saïd Mohamed Jaffar, qui
évoque un véritable apartheid, des centaines de
personnes se sont noyées en tentant de rejoindre
les rives françaises à la nage, d’autres sont
détenues en prison dans des conditions atroces,
les enfants des rues peuplent les bidonvilles,
été découragés, parfois assassinés dans des
conditions troubles. « L’État français devrait
être traduit en justice devant le Tribunal Pénal
International pour le mal qu’il a fait chez nous. »
Pourquoi la France s’accroche-t-elle à ce point
aux Comores ? Parce qu’il s’agit d’un point
stratégique, une base militaire cruciale, entre
le golfe d’Aden, les Seychelles, Djibouti. Les
pétroliers passent à proximité, par le canal
de Mozambique, « et s’ils n’étaient plus là, ce
seraient les américains et les autres qui prendraient
leur place ». Comble de malheur, on y a trouvé
récemment du pétrole et du gaz de schiste.
Les quatre îles ont beau cumuler un territoire
équivalent au quart de la Corse, cela éveille
bien des convoitises... Mais la révolte gronde.
Saïd Ahmed Saïd Mohamed Jaffar déplorait à
la librairie Transit la passivité des Comoriens,
éteints par l’étouffoir du colonialisme, précisant
avec dépit : « On est encore loin de relever la tête ».
L’avenir pourrait lui donner tort : la grève
devient générale à Mayotte, qui s’enflamme
depuis le 30 mars, avec pour revendication
« l’égalité réelle ».
GAËLLE CLOAREC
La rencontre a eu lieu le 29 mars
à la librairie Transit, Marseille
12 Politique Culturelle
L’ART SUR LES BANCS
DE L’UNIVERSITÉ
L’UNIVERSITÉ DE TOULON N’A
PAS PERDU DE TEMPS POUR
CRÉER DES PASSERELLES ENTRE
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET LA CRÉATION ARTISTIQUE :
TROIS ANS, TROIS PROJETS, ET
UN AUTRE À VENIR…
E
n 2013/2014, un an avant que les étudiants
s’installent en centre ville -campus Toulon-Porte d’Italie-, deux artistes de Metaxu1
leur proposèrent de travailler sur le thème
« Habiter sa ville ». Le projet, concomitant à
l’inauguration du bâtiment PI, se concrétisa
sous la forme « d’une maquette augmentée,
sensorielle et sensitive ». Fort de cette expérience, l’Université de Toulon continua sur
sa lancée en invitant la compagnie varoise
Grand Bal à faire un petit tour de piste avec les
étudiants autour de la notion de transmission.
Un choix motivé par une première collaboration à la BU du campus de La Garde où la
chorégraphe Isabelle Magnin présenta des
haïkus. La résidence s’acheva sur la création
La Profondeur de la légèreté à l’Espace des Arts
au Pradet, objet d’une captation vidéo par les
étudiants de TÉLOMÉDIA2 diffusée pendant
le Printemps de l’université. Deux opérations
menées en concertation avec les enseignants,
les artistes et les étudiants de l’ensemble des
filières, porteuses de sens et de lien social,
véritables aiguillons pour apprendre.
« Pénétrer le bunker
par la danse »
Le Service Vie étudiante, dirigé par Ludmila
Veillard, est à l’origine de ces premiers projets inscrits dans le cadre de la convention
« Universités lieux de culture » signée entre les
ministères de la Culture et de l’Enseignement
supérieur le 12 juillet 2013. Mais Ludmila
Veillard, issue du sérail du spectacle vivant,
a souhaité aller plus loin. D’abord en créant
fin 2015 la Commission culture présidée par
Valérie Gillot, convaincue que « l’expérience
auprès des artistes forme et ouvre l’esprit des
Printemps de l’UTLN 2016 © Université de Toulon
étudiants ». Puis en lançant sur les plateformes
professionnelles un appel à projets en résonance
avec le territoire, toutes disciplines confondues.
Doté de 10 000 €, le projet est coproduit à
parts égales par l’Université et la DRAC Paca
qui soutient les résidences d’artistes. Première
sélectionnés avec Si seulement on voyait ce que
l’on fait…, la compagnie Artmacadam s’est
lancée dans l’aventure « pour partager avec les
étudiants ce qui [nous] anime » et qui fait son
ADN depuis plus de quinze ans. « La tribu,
comme l’appelle Hélène Charles, est née
dans la rue et explore de nombreux espaces non conventionnels
pour aller à la rencontre de tous
les publics », l’université était
donc un terrain d’investigation
idéal pour s’interroger : « on ne
connaît que la face extérieure vitrée
des trois plots. C’était un cadeau
que de découvrir et comprendre
comment on y déambule, comment
on y vit ». Avec, comme matière
à création et à improvisation,
« l’architecture et les étudiants »,
sans oublier « la chance d’avoir
des enseignants qui inscrivent
notre projet dans leur cursus ».
Si le déroulé des ateliers, les
processus d’élaboration, la formation technique et artistique
se déroulent à l’abri des regards
extérieurs, la suite appartient aux
toulonnais : le 24 mars au soir,
ils ont découvert la performance
sur les façades de l’université
mises en lumière et « en danse »
comme par enchantement.
Un vrai travail de forcenés en
coulisses !
Artmacadam a réussi son pari de
susciter l’imagination des jeunes et d’activer
leurs désirs, comme avant elle Metaxu et Grand
Bal, aux prochains artistes de relever le défi3…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
1
Lieu culturel dirigé par un collectif d’artistes :
Benoît Bottex, Julien Carbone, Yann Lasserre,
Hildegarde Laszak et Pauline Léonet.
2
Pôle de création et diffusion audiovisuelle et numérique
dédié au transmedia et aux nouvelles écritures.
3
Réunion de la Commission culture le 28 avril,
déclaration des résultats le 19 mai.
repères en chiffres
Nombre d’étudiants dans le cadre d’un enseignement de projets tuteurés :
• 25 en STAPS option danse Licence 1, 2, 3
• 20 en INGÉMÉDIA Licence pro TSI groupe création sonore
• 5 en MMI DUT 2 pour la communication internet et externe du projet (Métiers du Multimédia et
de l’Internet)
À cela s’ajoute une cinquantaine d’étudiants dans le cadre d’ateliers libres (vidéo, théâtre, dessin,
performance corporelle).
13
Intermittents,
un combat idéologique
LA BLAGUE EST MAUVAISE, ET
RÉCURRENTE. FAUDRA-T-IL QUE
TOUS LES DEUX ANS LE MEDEF
ET LA CFDT S’ACHARNENT À
PLOMBER LA VIE CULTURELLE
FRANÇAISE ?
N
ous voici encore acculés dans l’impasse
défensive, à justifier auprès des collectivités locales des gains sonnants que la vie
culturelle apporte aux territoires, pour chaque
euro investi. À justifier auprès des politiques
plus éclairés ce que la culture « rapporte » en
termes d’égalité des territoires, d’éducation,
d’emploi solidaire, de « rentabilité sociale ».
Et nous voici amenés, comme chaque année, à
expliquer en quoi le régime des intermittents
est indispensable, et pourquoi il n’est pas un
privilège...
Faudra-t-il une fois de plus que les Festivals
s’annulent et que les collectivités publiques,
émues pour leur santé économique, s’arrangent
pour sauver le régime in extremis, en diminuant
sa couverture ?
Les prétendus privilèges des intermittents n’en
sont pas. Seuls 50% des cotisants sont indemnisés, et l’indemnisation moyenne est de 800 €
mensuels. La rémunération totale mensuelle
(cachets + indemnité chômage) est désormais
plafonnée à 3380 € nets, ce qui ne représente
pas une rémunération maximale sidérante
au vu du niveau d’études et de qualification
de techniciens supérieurs et d’artistes qui,
contrairement aux préjugés tenaces, ne sont
pas des fainéants ou des incapables ; ils passent
souvent leur vie et leurs nuits à travailler leur
instrument, leur corps, leurs mains, et il faut
faire 43 cachets isolés en 10 mois pour être
indemnisable : aucun artiste ou technicien
approximatif n’est susceptible de dégoter 4
ou 5 cachets par mois...
Le régime est déficitaire ? Certes ! Mais sans
l’intermittence il faudrait indemniser ceux
qui deviendraient des chômeurs au régime
général, et ne généreraient plus de cotisations.
Ce qui coûterait moins cher, mais entérinerait
le reproche habituel : oui les intermittents
touchent plus qu’ils ne cotisent, mais les salariés de la culture, eux, cotisent sans toucher ;
© X-D.R
l’ensemble du secteur culturel est largement
bénéficiaire, et n’existerait pas sans l’intermittence, structurelle, de certaines des professions...
Car le secteur, mis à mal depuis des années par
les politiques publiques, continue de créer de
l’emploi, de l’activité, des richesses et du lien.
Quel est donc l’enjeu de cette lutte pour la
disparition de ce régime ?
De fait le Medef, l’Unedic et la CFDT voudraient que l’État compense le déficit du régime,
ce qu’il fait en partie depuis 2014 en payant
le différé d’indemnisation. Le bras de fer est
donc celui là : il s’agirait d’économiser 180
millions en baissant les indemnités de 100
millions (en durcissant encore les conditions
d’entrée dans le régime, en baissant les plafonds
en particulier dans le cinéma, en allongeant la
période de carence entre deux indemnisations...),
mais surtout en demandant au gouvernement
d’allonger 80 autres millions, en plus des 100
millions qu’il verse déjà depuis les grèves de
2014.
Les mauvais comptes
de l’Unedic
Pourquoi le régime des intermittents reposerait-il sur l’État et non sur les cotisations
sociales ? Les intermittents sur-cotisent au
chômage, y compris ceux qui ne sont pas indemnisés, en bas de l’échelle, en haut de l’échelle.
Ils payent donc leur régime. Par ailleurs les
caisses vieillesse et retraite des intermittents
sont bénéficiaires : la retraite des intermittents
est souvent misérable, car fondée sur leurs seuls
cachets ; ils la prennent donc tard, souvent très
tard ou pas du tout, travaillant jusqu’au bout,
même après 65 ans lorsque les indemnités
chômage s’arrêtent. Et l’espérance de vie des
artistes est particulièrement basse, en-dessous
de celle des travailleurs de force, ce qui dit
bien encore combien ces métiers sont usants...
Plus généralement, en l’absence de travail,
alors que le chômage repart à la hausse, que
les jeunes sans avenir passent la Nuit debout,
il faut savoir que les cotisations de chômage
versées à l’Unedic sont supérieures à ce qu’elle
reverse aux chômeurs : le déficit de l’Unedic
(de 4,6 Milliards d’€ en 2015, soit 25 Mds d’€
de dette cumulée) n’est pas dû à un déséquilibre
entre cotisations et indemnisations, alors même
que le nombre de chômeurs indemnisés a
considérablement augmenté (ainsi que ceux
qui ne le sont pas...).
Le principe de la solidarité continue de
fonctionner : la masse salariale française est,
depuis 2008 et malgré le chômage croissant,
relativement inchangée. Comme le dit la Cour
des comptes, « le produit des contributions
reste supérieur aux dépenses d’allocations ». Le
déficit cumulé est dû à la dette des anciennes
ASSEDIC, à l’intérêt de cette dette, à une
mauvaise gestion du capital mobilier, à des frais
importants liés aux commissions paritaires, et
à « des dépenses de gestion », à des versements
à Pôle emploi et à la l’Agirc Arcco (caisse de
retraite). Dépenses qui ont explosé, passant
de 3 Mds d’€ en 2008 à 8 Mds d’€ en 2015....
Car l’accroissement du nombre de chômeurs
dû au retard de l’âge de départ à la retraite est
conséquent : l’assurance vieillesse se redresse, les
travailleurs triment plus longtemps, le nombre
des chômeurs s’accroit, les cotisations augmentent, et le déficit passe d’une caisse à l’autre...
À côté de ces chiffres, les 180 millions d’économie supplémentaire que l’Unedic devrait
réaliser sur le dos des intermittents apparaît
pour ce qu’elle est : une option idéologique,
pour éliminer une catégorie de travailleurs
qui voudraient garder un « revenu décent »,
en adéquation avec la richesse qu’ils génèrent.
AGNÈS FRESCHEL
Rapport de la Cour des comptes
unedic.org/sites/default/files/
cour_des_comptes_observations_
definitives_gestion_ac2008-2014.pdf
14 événements
Trois en un !
Le Festival Les Musiques prend de
l’ampleur, explorant des territoires
nouveaux, et proposant cette année
trois temps forts successifs...
L
e GMEM est un Centre National de Création
Musicale, destiné à diffuser des musiques
nouvelles. Cette année, ce ne sont pas moins
de 8 créations qui auront lieu, dans 7 espaces
différents. Une quarantaine de concerts, installations et spectacles, répartis en trois temps.
Pour le week-end d’ouverture les 14 et 15 mai,
à La Criée et un peu à l’Opéra, la musique
jouera en continu, le samedi de 16h à 23h, le
dimanche dès 11h... Une installation sonore
d’objets farfelus d’Ondrej Adamek (Airmachine 1, pour flûtes, ballons, aérophones...), une
déambulation théâtrale avec l’ensemble KNM
qui joue le Stéréoscope des solitaires d’Ana
Maria Rodrigues, le jonglage de Jérôme
Thomas pour un Serious Smile (Henry Fourest,
Alexander Schubert, Javier Alvarez), un
concert pour deux chanteurs et cornemuse
(Erwan Keravec), puis des rencontres, des
performances...
Et le rythme de la semaine suivante sera soutenu :
10 concerts en quatre
soirées ! Les Percussions de Strasbourg
commencent le 16
mai à la Fondation
Camargo (Cassis)
dans un programme
japonais, jouant de
silences au-dessus
Le Stéréoscope des solitaires © Agathe Dufourt
d’une des plus belles
baies du monde... Le lendemain (17 mai à partir d’Air Machine 2 permettra de toucher les corps
de 18h) changement de rythme à La Friche : sonores d’Ondrej Adamek (le 18 mai à 14h30,
un ensemble issu du CEFEDEM-sud joue séances scolaires jusqu’au 20 mai, et concerts
une création d’Henry Fourès, également à la les 21 et 22 mai à 18h). Le soir, au Théâtre de
direction ; puis un projet participatif électroa- La Joliette, l’ensemble Taléa en trio (piano,
coustique sur des textes recueillis par Jean-Luc violon, percussions) pour un voyage à travers
Raharimanana, suivi d’une création culinaire quatre compositeurs (Furrer, Bedrossian,
et sonore composée par Pierre Adrien Charpy Norma, Aperghis), suivi par un Chant d’Hiver :
aux instruments, Marie Josée Ordener et Tanguy Viel raconte le Pôle Sud et Samuel
Emmanuel Perrodin aux fourneaux.
Siguelli met son récit en scène et en musique,
Le mercredi après midi, un atelier tout public s’inspirant du Winterreise de Schubert.
La légende des gens
J
ean-Pierre Moulères nous a habitués à ses
projets inhabituels. Au J1 pendant MP2013,
ses Chercheurs de midi avaient impliqué les
citoyens pour qu’ils plongent dans leur mémoire
commune, et fabriquent à partir de leurs photos
personnelles le portrait multiple d’un territoire
(à lire sur journalzibeline.fr). L’an dernier, au
Musée Départemental Arles Antique, J’aimerais tant voir Syracuse confrontait encore les
« gens » au patrimoine antique, et questionnait
« l’espace poétique qu’accorde la ruine » (à
lire sur journalzibeline.fr). Aujourd’hui c’est
à Toulon, dans le cadre du cycle du Théâtre
Liberté intitulé Les mots pour le dire, que ce
commissaire d’exposition du Nous cherche à
brosser un portrait mosaïque, fait de subjectivités et de mots, de cette ville qu’il déclare
« ne pas connaître du tout ». Volontairement,
pour ne pas orienter les souvenirs surgissants
de ceux qu’il interroge !
Car il y a passé du temps, à organiser des
ateliers de parole avec une association de
femmes, des familles, des collégiens, un comité
d’entreprise, les étudiants de l’école d’art...
Entretiens collectifs ou individuels, offrant
l’occasion de recueillir des souvenirs, des
histoires, des avis sur les rues et les paysages
toulonnais, du Mont Faron à la mer.
Avec toute
sa considération
Dans le hall du théâtre, l’exposition prend la
forme d’une carte légendée par de courtes
phrases sur des bristols, reliés par des fils rouges
qui forment comme un réseau sanguin. « Ma ville
ressemble à un cerveau » disent-ils... En face,
neuf écrans diffusent les dessins, les phrases,
l’abécédaire, les poèmes issus des ateliers, et
repris dans un petit livret distribué au public. La
production de chacun, traitée avec les mêmes
égards qu’une œuvre artistique, littéraire, y sort
de la banalité, y prend de la valeur. Le soir du
vernissage les « gens » réunis disaient combien
Exposition Les Mots Pour Le Dire, carte réalisée à l’occasion des dix ateliers
d’écriture ainsi que des entretiens avec des Toulonnais © X-D.R
cette exposition les considérait.
Comment légendent-ils leur ville, la dessinent-ils, la rêvent-ils ? Si le passé militaire
affleure (les rues de Toulon se nomment moins
de 10 fois au féminin, plus de 100 fois par des
noms militaires...), la parenthèse Front national
semble oubliée (refoulée ?). La nostalgie des
pompons des marins, la plage, la rade, le mistral,
le centre ville désert la nuit, les palmiers « qui
Les artistvoestrdee talable !
région à
Les Musiques
du 14 au 22 mai
04 96 20 60 16 gmem.org
VE 29 aVril 19h30 • MOISSAC-BELLEVUE (83)
Bistrot le Bellevue 04 94 85 87 45
Sa 30 aVril 19h30 • AIGLUN (06)
Auberge de Calendal 04 93 05 82 32
VE 6 mai 19h30 • CASENEUVE (84)
L’Authentic 04 90 75 71 90
Sa 7 mai 19h30 • OPPÈDE (84)
Café des Poulivets 04 90 05 88 31
A.F.
C’est peut être juste la lumière qui change
jusqu’au 8 mai
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
une deuxième phase de l’exposition, fabriquée
à partir d’éléments collectés lors du premier
accrochage, aura lieu à partir du 19 mai
© Droits réservés
Concert • Christophe Charlemagne
BON APPÉTIT !
Théâtre • Cie mises en sCène
Sa 30 aVril 12h30 • COURSEGOULES (06)
Le Bistrot de Sophie 04 93 59 11 19
Di 1Er mai 19h • LES BEAUMETTES (84)
L’Imprévu 04 32 50 17 91
VE 6 mai 19h • BEUIL (06)
Le Relais du Mercantour 06 87 71 07 57
Sa 7 mai 19h30 • ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83)
Le Cercle du Progrès 04 94 80 64 82
donnent un côté bourgeois à cette ville qui ne l’est pas », disent
les particularités de cette cité. Mais ce qu’on lit surtout, c’est le
rapport commun que chacun entretient à sa ville, et combien toutes
se ressemblent : le marché, le collège, les places et les rues, ce qui
irrite, les souvenirs, les escapades vers l’ailleurs, les rues encore, les
rencontres et les frontières, ceux qui arrivent et changent la ville,
ceux qui arrivent et qui ont peur. « Et quand on est dans l’eau, la
mer, c’est encore Toulon ? » Certainement, mais pas seulement.
L’exposition et le livret s’appellent C’est peut-être juste la lumière
qui change... Parce qu’entre Toulonnais les visions divergent mais
se rejoignent, parce qu’au-delà de Toulon le portrait tracé est celui
que chacun entretient à sa ville.
à noter
hYPNOS
© Christian Milord
AGNÈS FRESCHEL
Dîner elte
spectac *
ThE LÉON ORKESTRA
One Man Band • enji Wadel, Cie du Filet d’air
VE 13 mai 19h30 • MOISSAC-BELLEVUE (83)
Bistrot le Bellevue 04 94 85 87 45
Sa 14 mai 19h30 • OPPÈDE (84)
Café des Poulivets 04 90 05 88 31
Sa 21 mai 19h30 • BEAUMONT-DU-VENTOUX (84)
La Fourchette du Ventoux 04 90 28 97 86
Di 22 mai 19h30 • LES BEAUMETTES (84)
L’Imprévu 04 32 50 17 91
VE 27 mai 19h30 • SAUZE (06)
Auberge de Sauze 04 93 05 57 70
Sa 28 mai 19h30 • ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83)
Le Cercle du Progrès 04 94 80 64 82
*
llée auprès
Réservation consei
© Droits réservés
Le 19 mai au Klap, la violoncelliste improvisatrice Severine Ballon
sera en dialogue électroacoustique avec quatre compositeurs qui
ont écrit pour elle (dont deux femmes, il y en a, surtout quand on
leur passe commande comme à Julia Blondeau). L’électroacousticienne américaine Ashley Fure sera également au programme
en seconde partie, pour une pièce de Yuval Pick pour 5 danseurs
coproduite par l’Ircam.
Le week-end de clôture à La Friche cherchera à transgresser les
genres. Avec Extra Shapes, qui superpose trois « partitions » autonomes pour haut-parleurs, danseurs et dispositif lumineux (le 20 mai
à 18h et 21h), puis Next à 19h30, une création de trois femmes qui
travaillent ici : Mathilde Monfreux (chorégraphe), Pôm Bouvier
(électroacousticienne) et Elisabeth Saint Jalmes (plasticienne)
explorent la transformation organique des corps.
Le 21 mai, une soirée pour ensembles : le Talea ensemble au
complet cette fois pour un plusieurs pièces mixtes (acoustiques
et électroacoustiques) jouées en continu ; puis 2E2M allié au
Zeitkratzer autour de Lou Reed, et du dialogue entre musiques
savante et électronique.
Le 22 mai, Zeitkratzer reviendra pour la recréation acoustique des
deux premiers albums du groupe electro Krafter, et le Festival se
conclura par un DJ set de Pelle Buys.
de Pays
de chaque Bistrot
Conçu et réalisé par
www.laregie-paca.com
16 événements
Tous au Musée !
Arles-MDAA © Dominik Barbier
Passer la nuit dans un
Musée ? Le fantasme est
assouvi depuis douze ans
par un nombre croissant
de participants, à l’occasion de la Nuit Européenne
des Musées
L
a page française de la Nuit Européenne
des Musées a près de 30 000 abonnés sur
Facebook. C’est dire le succès populaire
de cette manifestation, dont la douzième
édition se tiendra le samedi 21 mai.
Organisée par le ministère de la Culture
et de la Communication, elle est placée
sous le patronage du Conseil de l’Europe,
de la Commission nationale française pour
l’UNESCO, et de l’ICOM (Conseil international
des musées). L’an passé, elle avait mobilisé
dans une trentaine de pays européens 3200
établissements, dont 1265 en France. C’est dire
l’ampleur de ce dispositif dans notre pays : il
permet en effet de découvrir en nocturne, sous
un angle spectaculaire, ludique ou musical,
les lieux d’art, de société, d’histoire ou de
patrimoine.
Qui ne manquent pas dans le sud-est de la
France ! Aussi on ne s’étonnera pas de la très
grande variété des propositions
L’Hérault se souvient
À Lunel, le Musée Médard divulguera les
trésors de sa bibliothèque à la tombée de la
nuit... Avec un fonds composé d’ouvrages rares
et précieux, et dans la foulée de l’exposition
consacrée à l’Enfer* des femmes, on s’attend
à de belles surprises... Ce qui ne nous empêchera de poursuivre la soirée au Musée de
la Tour des Prisons, qui invite à plonger à
la lumière de lampes torches dans l’univers
carcéral médiéval. Brrr ! 450 ans durant, les
détenus se sont succédé dans ces cachots,
certains laissant des témoignages ou graffitis
poignants à la postérité.
Sète prévoit aussi des curiosités, au MIAM
(Musée International des Arts Modestes)
notamment, avec Les folles machines, parcours
de... machines à écrire et correspondances
imaginaires, ou encore The Horror Piece of
Art Show, une virée dans l’univers gothique
de H.P. Lovecraft. (voir aussi p 71).
Au Cap d’Agde, le Musée de l’Éphèbe
recevra les curieux de pratiques antiques
en matière de médecine, de cuisine ou de
cosmétique, en répondant à toutes leurs questions sur la façon dont les romains utilisaient
les plantes, huiles et onguents dans leur vie
quotidienne.
La Provence danse !
Le musée départemental Arles antique
vient de recevoir sa troisième étoile du Guide
Vert Michelin Provence : il va pouvoir fêter
ça de belle façon avec son public, invité à
découvrir la « Camargue autour d’un méandre »,
restitution d’un atelier d’écriture, ou encore
à participer à un Cluedo romain, enquête
policière suite à la découverte de la tête de
Jules César dans le Rhône.
À Quinson, au musée de préhistoire des
gorges du Verdon, le réalisateur Axel
Clévenot évoquera son film inspiré de la
grotte Cosquer, trésor de l’humanité, réalisé
avec l’aide du Musée. Musique au Château
de la Tour d’Aigues, avec un concert donné
dans le cadre du festival Sons du Lub’ (Heymoonshaker, voir p34), ainsi qu’au Musée
Bonnard du Cannet (live electro-pop sur
la terrasse).
Tandis qu’on dansera à Toulon ; carte blanche
est donnée par l’Hôtel des arts, de 18h à
minuit, à cinq chorégraphes : Romain Bertet,
Régine Chopinot, Sébastien Ly, William
Petit et Simonne Rizzo. Danse également
au Musée Granet à Aix-en-Provence, avec
le Groupe Urbain d’Intervention Dansée
du Ballet Preljocaj, qui présentera une série
d’extraits de spectacles du chorégraphe. La
Fondation Vasarely permettra quant à
elle de découvrir 44 œuvres monumentales
de l’artiste.
À l’heure où nous imprimons, rien n’est
encore prévu au MuCEM, contrairement
à l’an dernier, mais les structures peuvent
s’inscrire au programme de la Nuit jusqu’au
dernier moment. Sur Marseille, on ira donc
avec plaisir au Musée d’Histoire, suivre
une projection-débat avec Images de ville,
consacrée à l’architecte Fernand Pouillon,
auteur du mémorable roman Les pierres
sauvages.
Avec tout cela, il va être difficile d’aller se
coucher ! L’occasion, peut-être, d’aller passer le
reste de la Nuit debout, ailleurs dans l’espace
public, à refaire le monde ?
GAËLLE CLOAREC
*Rappelons que l’Enfer d’une bibliothèque
recèle tous les livres interdits ou
à caractère licencieux...
à noter
La Nuit Européenne des
Musées entraîne une forte
participation sur les réseaux
sociaux, notamment via
le hashtag #NDM16.
Nuit Européenne des Musées
21 mai
nuitdesmusees.culturecommunication.gouv.fr
Nouvelles de la science
A
vec les beaux jours, revient à Marseille le Printemps des chercheurs. Qui fête sa 10e édition, par la présentation de 10 grandes
avancées scientifiques réalisées ces 10 dernières années en Région
PACA (ou avec des chercheurs issus de...) : le fameux Boson de Higgs,
les atouts de la beauté en recherche fondamentale, ou encore la façon
dont le cerveau traite ses propres erreurs. Des interventions à piocher
selon affinités, jusqu’au 28 avril, dans l’auditorium de la BMVR Alcazar.
Le 27 avril, lors d’une programmation proposée en partenariat avec la
MGEN 13, Marion Mathieu et Annick Guimezanes soulèveront la
question de la Vaccination : agression ou protection ? Les adhérents
MGEN qui souhaitent assister à la conférence peuvent inscrire leurs
enfants à des ateliers animés par Les Petits Débrouillards. Le même
jour, le Souk des sciences installera à nouveau ses stands devant
la bibliothèque : labos de recherche ou associations attendront les
curieux, prêts à tout leur expliquer sur le plancton, les habitants de
Marseille au temps des grecs, au Moyen-Âge ou au XIXe, l’âge des
étoiles, le plasma ou les méthodes de la police scientifique. Enfin, le
29, cerise sur le gâteau, la Cie Les sens des mots présentera deux de
ses Binômes, pertinentes et délicieuses œuvres issues de la rencontre
entre un chercheur et un artiste de théâtre. Ne les manquez pas, les
représentations sont gratuites, comme le reste de la programmation,
mais sur inscription.
GAËLLE CLOAREC
FES
TI
VA
L
Le printemps des chercheurs
jusqu’au 29 avril
Cours Belsunce et BMVR Alcazar, Marseille
printempsdeschercheurs.fr
DU
14
22
MAI
2016
AU
04 96 20 60 16
www.gmem.org
18 événements
Exposer Genet
Exposer l’écriture est
toujours un pari difficile.
Genet, l’échappée belle
renouvelle le genre, avec
la modestie et l’affection
nécessaires pour créer
l’intimité avec une œuvre
exceptionnelle
A
u centre L’homme qui marche de Giacometti, comme une figure de Genet
l’arpenteur, et le choc du Portrait exposé juste
à l’entrée, et un peu plus loin l’œuvre d’Ernest
Pignon Ernest, mise en croix d’un voyou
sublime... Les deux commissaires Emmanuelle Lambert et Albert Dichy plongent
immédiatement le visiteur dans l’émotion,
puis conduisent son regard au travers d’un
trajet complexe, vers la Méditerranée, trajet
transcrit en trois salles, chacune à la fois
chronologique et thématique.
Le Journal d’un voleur domine la première,
l’édition originale, les épreuves annotées...
mais aussi la lettre de sa mère qui l’abandonne
à l’Assistance, et très tôt les rapports sur ses
fugues, puis sa désertion, ses jugements,
sa mise sous écrou. Genet le voleur, sauvé
par l’écriture, par Cocteau et Camus, livre
un récit d’errance vers le soleil d’Espagne,
Ernest Pignon Ernest,
Parcours Jean Genet, 2006.
Serigraphie photographie in situ,
Brest. © Ernest Pignon ErnestAdagp, Paris, 2016-Cliché Banque
d’images de l’Adagp
choc littéraire clandestin, suivi d’une longue
période de silence.
C’est Giacometti qui le convaincra d’écrire à
nouveau, Les Nègres, Le Balcon, Les Paravents,
pièce qui lui vaudra en 1966 un affrontement
historique avec Occident et les restes de l’OAS,
menés devant le théâtre de l’Odéon par un
certain Jean Marie le Pen. Une photo du face à
face, les planches des costumes, les indications
de Genet se confrontent dans cette salle très
théâtrale, prélude d’un silence littéraire qui
durera plus encore que le premier. Abdallah,
son amant Funambule suicidé en 1970, est
à peine évoqué.
La troisième salle plonge dans les combats
politiques, avec les Blacks Panthers, puis en
Palestine. Genet ne publie plus, sauf quelques
articles pour soutenir Angela Davis, pour dire
l’émotion et l’horreur après le massacre de
Chatila. Mais ses derniers mois de vie seront
consacré au Captif amoureux, récit de son
combat politique, de son rapport paradoxal
aux camps, aux réfugiés, à la souffrance, qu’il
dénonce et partage, comme sa vie amoureuse,
ses émois. Sur des écrans Leila Shahid,
Angela Davis parlent de l’ami, et l’exposition
se conclut sur sa tombe marocaine tournée
vers le soleil, et un documentaire de 50 mn
retissant les fils décousus de sa vie.
L’exposition se tient jusqu’au 18 juillet, et la
programmation culturelle associée se déroulera
dans la lumière du Fort Saint Jean avec, du 4
au 8 mai, avec des rencontres (Leila Shahid,
Dominique Eddé) des lectures, un concert
littéraire...
AGNÈS FRESCHEL
Le joli mai du MuCEM
L
es beaux jours stimulent la programmation
du MuCEM, qui se fait foisonnante.
Le cycle Pensées du monde propose deux
grandes rencontres, le 28 avril avec l’historien Achille Mbembe, théoricien de la
« post-colonie » (il se demandera Où s’arrêtent
les frontières de l’Afrique ?), et le 19 mai avec
Milad Doueihi. Ce philosophe observe la
vague numérique avec les outils intellectuels
de l’humanisme.
Le 14 mai verra La Criée investir à nouveau
le MuCEM : Philippe Fenwick, qui joue
Transsibérien je suis au TNM (voir p. 35)
propose un parcours subjectif autour de
l’exposition consacrée à Picasso (voir p. 69).
L’i2MP ne chôme pas non plus, entre un
séminaire (du 25 au 29 avril, en partenariat
avec l’EHESS, sur la « construction de l’Autre
dans les images en mouvement »), une journée
professionnelle ouverte au public (le 9 mai, sur
le thème « Quelles archives pour la création »),
et le cycle La collecte ethnographique dans
les musées de société qui reprend le 20 mai,
autour des « objets naturels ».
Mais le temps fort de cette période sera
indéniablement la passerelle dressée par le
MuCEM entre Marseille et Beyrouth. Avant les
concerts et performances prévus au mois de
juin, on découvrira trois installations : Patrick
Laffont métamorphosera le Fort Saint-Jean,
avec notamment un... cèdre suspendu, le
cinéaste Ghassan Salhab dressera un portrait
de sa ville à travers des visages de femmes,
et Rani Al Rajji superposera les deux cités
en un conte « avec vue sur la Méditerranée ».
On pourra aussi assister à des rencontres
littéraires de premier ordre : pour commencer,
le 6 mai, des histoires au féminin sur Beyrouth,
avec Hyam Yared et Najwa Barakat. Le
7, un grand entretien entre Thierry Fabre et
Charif Majdalani. Le même jour, un entretien-portrait d’Hassan Daoud par le critique
littéraire Tewfik Hakem, et le lendemain,
une table ronde réunissant Najwa Barakat,
Hassan Daoud et Charif Majdalani. Un concert
de la chanteuse libanaise Rima Khcheich
clôturera en beauté le week-end du 8 mai.
Enfin dans un autre registre, pour les
jardiniers en herbe, la possibilité de suivre
une master class sur quatre séances :
la première aura lieu le 30 avril, pour
apprendre le b-a ba du jardinage, avant
d’ici l’été de s’intéresser aux semis, à la
taille, et au potager.
GAËLLE CLOAREC
Retrouvez comme chaque mois sur notre
Webradio l’émission Comme au MuCEM.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
19
Tournée générale !
Scènes de Bistrots : tournées d’artistes et de bon
petits plats organisées en
région PACA, à consommer sans modération…
Q
uoi de mieux pour favoriser la circulation
des artistes régionaux et accompagner les
cafés ruraux de proximité que d’organiser la
tournée de petites formes sur les routes des
Bistrots de Pays labellisés ? Ce printemps,
14 d’entre eux venant des Alpes-Maritimes,
du Var et du Vaucluse recevront ainsi trois
spectacles de qualité, légers techniquement
afin d’être adaptables aux meilleures conditions
dans les établissements d’accueil. Et parce
que la soif de culture n’a pas de prix, chaque
bistrotier concoctera des menus spéciaux
pour l’occasion (20 à 25 €).
Du blues tout d’abord avec le concert Hypnos
de la Compagnie des Tubercules. Seul en
scène, le multi-instrumentiste Christophe
Charlemagne (il est entouré d’une dizaine
d’instruments qu’il met en boucle dans son
looper), nous entraîne dans un voyage aux
accents d’Orient, teinté de pulsations africaines, de blues et de New-Orleans. Totalement
hypnotique !
Puis, avec la pièce Bon appétit !, du théâtre
gourmand collecté à partir de la parole des
Bon Appétit © Delphine Michelangeli
habitants des quartiers d’Avignon et Cavaillon,
savoureusement délayé par un quatuor réjouissant de femmes reconnues sur les scènes de
notre région. À savoir la chanteuse Mardjane
Chemirani, la comédienne Mylène Richard
et la musicienne Maria Simoglou, mises
en scène par Michèle Addala (directrice
artistique de la Cie Mises en Scène). Dans un
« charivari sonore et textuel », elles débattent
des hommes, des enfants et des petites galères,
et parsèment des gouttes d’amour et de bonne
humeur dans leur marmite à souvenirs.
Enfin, retour à la musique avec du swing
dans The Leon Orkestra, un « one man band
autour de l’histoire du Jazz » distillé par Enji
Wadel qui réinvente l’homme-orchestre, en
prenant appui sur le récit de la vie de Django
Reinhardt. Il ne restera plus qu’à pousser les
tables, pour danser la chansonnette !
De quoi (re)découvrir nos petits villages,
applaudir nos artistes et partager une bonne
adresse conviviale. Réservations conseillées.
À la vôtre !
DE.M .
Scènes de Bistrots
Alpes-Maritimes, Var et Vaucluse
29 avril au 28 mai
laregie-paca.com
Trois jours pour la Syrie
© Hosam Katan
D
epuis 2014, la Caravane culturelle
syrienne, initiée par des intellectuels et
des artistes, parcourt l’Europe et propose
partout où elle se pose des expositions, des
tables rondes, des rencontres, des projections
de films, des concerts… pour faire découvrir
la société civile syrienne et promouvoir la
culture et l’art contemporains de ce pays. Des
échanges riches que Les Écritures Croisées,
fidèles à leur engagement d’ouverture sur le
monde, ont souhaité susciter aussi à la Cité
du Livre d’Aix-en-Provence durant trois jours,
en association avec l’Institut de l’Image et
l’Institut d’Études Politiques. Le ton sera
donné dès le vernissage de l’exposition Focale
syrienne – guerre en contraste le 9 mai à 19h :
véritables fenêtres ouvertes sur la Syrie, les
photographies de Hosam Katan révèlent le
quotidien des enfants d’Alep, illustrent leurs
joies et leurs douleurs, le courage et les peurs
qui les accompagnent dans cette guerre civile
terrifiante. S’ensuivra la projection, à 20h15, du
film de Talal Derki, Retour à Homs, qui suit
l’évolution de deux jeunes hommes épris de
liberté qui seront contraints par les événements
à faire des choix différents. L’actrice Hanna
Schygulla, marraine de l’événement, sera
présente dès le lendemain lors de la table ronde
sur l’Art, langage universel qui réunira Samar
Yazbek, Hala Kodmani, Yassine Haj Saleh
et Rania Samara, pour une lecture d’extraits
de leurs œuvres, mais aussi le 11 mai pour
la rencontre avec les poètes Golan Haji et
Khouloud Al Zghayare lors de laquelle elle
partagera avec eux une lecture de leurs écrits,
et pour la projection de son film Entre Guerre
et paix qui précèdera celui de Mohamad Al
Roumi, Bleu-Gris. Le quartet Bab Assalam
clôturera par ailleurs la journée du 10 mai, avec
les musiciens syriens Khaled et Mohanad
Aljaramani respectivement au oud et aux
percussions, Raphaël Vuillard aux clarinettes
et Philippe Barbier à la guitare électrique.
DOMINIQUE MARÇON
Caravane culturelle syrienne
9 au 11 mai
Cité du Livre, Aix-en-Provence
04 42 26 16 85 citedulivre-aix.com
20 événements
Alors on danse
Q
uand les soucis et les difficultés se dressent,
il reste parfois une solution pour les chasser.
Comme dans le célèbre morceau de Stromae,
« on sort pour oublier tous les problèmes ».
Même si, toujours dans cette chanson, « quand
y en a plus, eh ben y en a encore ». Depuis
le début 2016, les ennuis se sont accumulés
pour l’Espace Culturel Busserine (voir
Zib’ 93 et 94). Pendant ce premier trimestre,
la pression a été forte sur l’équipe de l’un des
rares lieux culturels des quartiers nord de
Marseille. Au prétexte de travaux, prévus de
longue date à l’ECB, mais finalement repoussés
au moins jusqu’en 2017, Stéphane Ravier le
maire de secteur (Front national) a tenté de
fermer le lieu. Pendant quelques semaines,
les salariés ont dû abandonner leur poste de
travail et étaient affectés en mairie des 13e
et 14e arrondissements. L’activité de l’ECB
Nos Limites © Renaud Vezin
Gardanne
gourmande et festive
À
manger, à boire, à écouter, à danser, à
découvrir, voilà le programme alléchant
du festival Arts et festins du monde à
Gardanne. Les 20 et 21 mai, la 17e édition
se tiendra sur le grand axe du centre-ville,
entre cours de la République, cours Forbin et
place de la mairie. Et il y en aura pour tous
les sens, y compris pour les papilles. Le long
des avenues, une trentaine de camions-resto
(il paraît qu’on peut dire aussi food-trucks)
seront stationnés. Au milieu, des tables et des
bancs alignés, pouvant accueillir un millier de
personnes venues apprécier les petits plats du
monde entier. Cultures et traditions culinaires
des cinq continents seront au rendez-vous,
pour un délice de couleurs et de saveurs.
La promenade sur la planète se poursuivra
par la rencontre des nombreux artisans qui
exposeront leurs créations, vêtements, bijoux
et bien d’autres choses, venus aussi des quatre
coins du globe. Puis il y aura la musique et la
danse pour saupoudrer l’ambiance de bons
sons et de chaleur. Cinq concerts, tous gratuits
et en plein air, seront à l’affiche. Voyage et
petit tour du monde en rythme sont également
prévus. Pour ouvrir le bal, le 20 mai, Adama
Dramé et le Foliba, sa troupe de musiciens
et danseurs, entreront en scène à 21h. Du
haut de ses 50 ans de carrière, le maître du
djembé de culture mandingue -et citoyen
d’honneur de la ville de Gardanne- donnera le
ton de ce week-end. Le lendemain, dès 16h,
l’Orchestre Tarab de Fouad Didi proposera son répertoire, puisé dans le patrimoine
traditionnel arabo-andalou, avec quelques
détours par le chaâbi ou le melhoun. À 18h,
Rio Mandingue, diffusera sa « world kora
samba », fusion des musiques du Brésil et
de l’Afrique de l’Ouest, suivi à 20h du Trio
Cordes Sensibles pour des standards de
Django Reinhardt et de jazz manouche. Final
en beauté à 21h30, avec le flamenco de Luis
de la Carrasca et son spectacle-hommage
à Grenade et ses artistes célèbres.
JAN-CYRIL SALEMI
Arts et festins du monde
20 & 21 mai
Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Adama Dramé
© X-D.R
21
était alors éteinte, et le plus grand flou était
entretenu sur son devenir.
Comité de programmation
Depuis, la mairie FN a actionné la marche
arrière, même si rien n’est encore vraiment
réglé. Les employés ont pu reprendre leur
travail à la Busserine et une partie des activités
de l’Espace ont redémarré. Reste à savoir ce
qu’il en sera de l’avenir. La mairie prévoit de
mettre en place un « comité de programmation », dont les contours sont encore incertains.
Des élus FN et des collaborateurs du maire
de secteur devraient en faire partie, tout
comme l’équipe de l’ECB. Sans que l’on sache
précisément quelles seront les missions de
chacun, quelles pourront être les propositions
et surtout à qui reviendra la décision de valider
la programmation. Et dans quelle mesure la
mairie pèsera sur les choix retenus pour la
saison prochaine. « Celui qui paye l’orchestre
doit pouvoir choisir la musique », répète sans
cesse Stéphane Ravier, qui n’a jamais caché
son intention de reprendre la main sur l’ECB.
La forte mobilisation populaire de ce début
d’année l’a contraint à faire des concessions.
Mais tant que ce comité de programmation
ne sera pas constitué, difficile d’imaginer le
futur fonctionnement du lieu.
Bon App’ !, variation en hip hop et beat-boxing
sur la nourriture, la cuisine et nos façons de
manger. Le 11, Mauvais Rêves de Bonheur, par
la Cie Havin’ Fun, proposition étonnante, où
la langue des signes devient un code dansé et
se mêle aux mouvements hip hop. Enfin, le 27,
Nos limites, par la Cie Alexandra N’Possee,
pour qui toutes les limites, celles de la société
comme celles que nous nous créons, sont
surtout faites pour être franchies. Et pour
atteindre la liberté. Alors, on danse ?
Printemps au Merlan
JAN-CYRIL SALEMI
En attendant, on danse. Pas à l’Espace, car
les travaux prévus avaient conduit l’équipe
à s’organiser en amont. Le Printemps de
la Danse est donc programmé cette année
au Théâtre du Merlan tout proche. Trois
spectacles de danse urbaine seront à l’affiche.
Le 4 mai, la Cie Racine Carrées présentera
Printemps de la Danse
4, 11, 27 mai
Espace Culturel Busserine, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
Le climat,
matière à penser
O
à Marseille depuis le mois de janvier, avec
son cycle de conférences très couru, tant au
FRAC qu’à la Bibliothèque de l’Alcazar. Le
2 avril dernier, c’est une philosophe venue
de Paris-Nanterre qui s’est exprimée, sur les
apports de l’écoféminisme aux réflexions
contemporaines. D’après Émilie Hache,
ce courant antinucléaire et pacifiste né à la
fin des années 1970 aux États-Unis, en pleine
guerre froide, est largement méconnu du fait
qu’il s’agissait d’une mobilisation féminine.
Alors que, puissamment politique et subversif,
il a énormément à apporter. « Ce n’était pas une
argumentation savante, mais avant tout une
expérience collective de milliers de femmes
en colère face à la menace nucléaire ». Après
la catastrophe de Three Mile Island, se formalise leur contestation radicale de l’idéologie
techniciste et viriliste, mortifère. En novembre
80, elles marchent sur le Pentagone, durant
toute la période, elles font le siège de centrales,
parfois pendant des mois. Le parallèle entre
leur hantise de vivre sur des terres contaminées, et notre monde rongé par les produits
chimiques, est frappant. Aujourd’hui comme
alors on oppose l’homme et la nature, la raison
Emilie Hache @ Opera Mundi
pera Mundi met Le climat en questions
à l’irrationalité, considérée comme féminine.
Les écoféministes rejetaient ce dualisme forcé,
revendiquaient « l’aspect positif de la féminité,
des émotions et de la nature » : pour elles
une réponse intelligente à la crise devait être
pleine de joie, et la masculinité devait pouvoir
aussi penser collectif plutôt qu’individuel, soin
plutôt que profit, partage plutôt que conflit.
Que l’humanité soit capable de garder un
lien avec le monde vivant : n’est-ce pas ce
dont il est question de nos jours, de manière
exacerbée par le changement climatique et
l’effondrement de la biodiversité ?
Face aux raisonnements funestes qui nous
ont amenés à cette situation, on peut heureusement compter sur ces précurseures :
« leur mouvement n’existe plus, mais le militantisme ne s’est pas arrêté là, il se décline
dans l’altermondialisme, la permaculture,
les femmes qui se révoltent en Inde ou en
Amérique du Sud... » Il ne tient qu’à nous de
poursuivre leur réflexion, et c’est bien ce que
propose Opera Mundi avec les intervenants
à venir, dans la continuité d’Émilie Hache.
Après Isabelle Stengers, de l’Université
Libre de Bruxelle, venue développer le 19 avril
son exploration de la puissance des récits,
un autre philosophe interviendra au Frac
le 14 mai. Frédéric Neyrat, enseignant à
l’Université du Wisconsin, auteur de La part
inconstructible de la Terre, a intitulé son
allocution Théorie des hommes sans monde.
Il interrogera la « tendance de l’humanité à
ravager les fondements écologiques de son
existence ». La dernière conférence du cycle
aura lieu le 17 mai, avec François Gemenne
(Sciences Po Paris et Université de Liège), qui
traitera de géopolitique du climat à la BMVR.
Le changement climatique arrive ; quoi que
nous fassions, il va être brutal : le penser et
l’anticiper est indispensable si nous voulons
un tant soit peu infléchir son impact.
GAËLLE CLOAREC
Opera Mundi, Marseille
facebook.fr/operamundi
22 événements
L’esprit du voyage souffle sur la Cité
Les Fils du Vent : un festival dédié à la musique
tsigane et gitane du 29
avril au 21 mai
n alternant concerts, exposition et documentaires pour illustrer la rencontre entre
esprits gitan et tsigane, l’événement du mois
de mai à la Cité de la Musique est libre
comme le vent ! Pendant trois semaines, les
Fils du Vent sont à l’honneur dès le hall de
la Cité avec l’exposition Tsiganes, portraits
de danseurs & musiciens du photographe
Jean-Luc Nail. De superbes photographies
en noir et blanc, proche du travail social de
l’Américaine Dorothea Lange, réalisées par un
artiste sensible à la cause des communautés
Roms et Tsiganes et bercé par les notes de
Django Reinhardt et Stéphane Grappeli.
Puis, les concerts s’enchaîneront, dès le 9
mai avec Tchanelas y Negrita qui tissent
un pont entre les communautés venant d’Espagne et des pays de l’Est. Accompagnés
par six musiciens, un souffle d’énergie et
de passion emplira l’Auditorium. Le 12 mai,
envolée pour un spectacle envoûtant au pays
des maharadjahs avec Dhoad, les Gitans
Gitans du Rajasthan, Dhoad © Fraunebox
E
du Rajasthan, au confluent des cultures
gitanes, hindoues et musulmanes. Arte
Gitano, le 13 mai, fera place aux trois pôles
de la musique flamenca : guitare, chant et
danse seront représentés par les fleurons de
l’art gitan (Antonio El Titi, Christo Cortes,
Sandie Santiago). Côté documentaires, de
magnifiques propositions : Fanfaron, Fanfaron
de Cornel Gheorghita (9 & 13 mai) nous
entraînera sur les traces des fanfares en
Moldavie ; puis Katia Martin-Maresco
sur celles d’Hippolyte Baliardo et les Gitans
de Montpellier (10 mai) ; et pour finir dans
les pas du chanteur Gaucho, personnage
principal de Chakaraka par Sylvain Mavel
et Eric Cron (12 mai).
DELPHINE MICHELANGELI
Les Fils du Vent
29 avril au 21 mai
Cité de la Musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
Le monde jazze in Arles
Du 11 au 21 mai, avec le festival Jazz in Arles,
la Chapelle du Méjan résonnera du meilleur jazz
contemporain
festival exceptionnel, cadre exceptionnel !
Pour cette 21e édition de Jazz in Arles,
l’acoustique remarquable de la Chapelle
du Méjan mettra à l’honneur la clarinette
et le saxophone, mais aussi de nouveaux
talents, des coups de cœur et des musiciens
renommés qui témoigneront de la vitalité
du jazz contemporain. Tout comme certains
concerts donnés gratuitement confirmeront
la volonté de l’équipe organisatrice d’ouvrir à
tous cet événement : le jeune duo composé
par le contrebassiste Raphaël Schwab et
le saxophoniste Julien Soro ouvrira ainsi le
festival (à la Médiathèque), et le 12, le groupe
cosmopolite Dreisam donnera un concertapéro réjouissant (à la Chapelle).
D’autres nouveaux talents seront à découvrir :
la pianiste Kris Davis, étoile montante de la
Raphaël Schwab et Julien Soro © Jean-Baptiste Millot
À
scène new-yorkaise, en solo (le 18 mai) ; ou
la saxophoniste Géraldine Laurent, Prix
du disque français 2016, en quartet avec le
pianiste Paul Lay, prix Django Reinhardt 201,
le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur
Donald Kontomanou (le 20 mai).
Côté valeurs sûres, outre Michel Portal,
figure essentielle de la scène jazz actuelle
qui clôturera le festival avec une conversation musicale aux racines du jazz animée
entre le saxophoniste Emile Parisien et
l’accordéoniste Vincent Peirani (le 21 mai),
d’autres grands noms se ramasseront à la
pelle : Louis Sclavis, Vincent Courtois
et Dominique Pifarély seront en trio le 17,
Stéphan Oliva en duo avec Jean-Marc
Foltz (le 18), et l’excellent contrebassiste
Claude Tchamitchian en quartet avec
Bruno Angelini, Régis Huby et Edward
Perraud dans Instant sharings (le 19).
DE.M .
Jazz in Arles
11 au 21 mai
04 90 49 56 78
lemejan.com
23
Correns fait
son printemps musical
Jazz à Camargo
Tamia Ramos
& Toninho Ramos
© Juanjo Rodriguez
Le festival des musiques du monde
revient dans le village varois du 13
au 15 mai
P
our la 19e édition, les Joutes Musicales de printemps feront la
part belle au « Féminin, pluriel », en poursuivant l’exigence artistique
et l’esprit de convivialité instaurés à Correns par le lieu laboratoire Le
Chantier. Le Centre de création des nouvelles musiques traditionnelles
& musiques du monde souhaite faire partager à un public curieux de
la marche du monde toute la richesse des musiques de tradition orale.
Formes patrimoniales, expérimentales, artistes virtuoses, rencontres,
bals, scènes ouvertes et surprises locales jalonnent ce festival d’une belle
diversité culturelle. Embarquement au cœur de la Provence Verte pour
30 concerts (dont 10 créations du Chantier) et trois jours d’émotions.
Dès le premier soir, le 13 mai, le ton sera donné avec le duo chantharpe Leiz an dorn, offert par Rozenn Talec et Lina Bellard qui
reprennent les complaintes de la tradition populaire bretonne. Suivront
les Traversées diatoniques de l’accordéoniste Sébastien Bertrand,
puis dans Sons libres, accordéon encore (chromatique cette fois) avec
Anne Guinot et le chanteur-percussionniste Adama Diop, pour un
bal de musique néo-trad franco-sénégalaise.
Le samedi, magnifique programme éclectique et riche avec, notamment pour les plus jeunes, le ciné-concert-conte La maîtresse des
ombres d’après Lotte Reiniger par Benjamin Macke & Sandrine
Gniady (également le 15). Puis, voyage dans les musiques des Balkans
avec le Quintet Bumbac, cubaines avec Sorah Rionda, chinoises
avec Sissy Zhou ou italiennes avec Nuda Voce. En soirée, Sayon
Bamba, La grande folie ou les chants des Comores d’Ahamada
Smis enchanteront le théâtre de Verdure, Shillelagh fera danser
jusqu’au bout de la nuit. Le 15 mai, 16 propositions s’enchaineront dès
9h30. Ne ratez pas la table ronde sur les femmes dans les musiques
du monde, les chants tibétains de Kyab Yul-Sa, Ottilie [B] et ses
invités, le répertoire grec de Nena Venetsnanou (également le 14),
Yamm triö et Les Dames de la Joliette qui revisitent les poétesses
du monde. Le bal folk de Toctoctoc conclura ces trois jours de balade
dans les confins du monde.
A
vant de pouvoir déguster la programmation du Festival Jazz
à Porquerolles au Fort Sainte Agathe cet été (il aura lieu
du 8 au 12 juillet), vous pourrez en avoir un avant-goût le 19
mai avec une soirée en deux parties accueillie, pour la première
fois, par la Fondation Camargo (Cassis) et au Théâtre Denis
(Hyères). La chanteuse Sophie Antkowiak interprètera les
grands standards de jazz, accompagnée par Paul Pioli, Franck
Cassenti, Pierre Fénichel, Dimitri Reverchon et Olivia
Rivet, après une première partie assurée par Toninho et Tamia
Ramos. La jeune chanteuse et percussionniste habite de sa voix
voluptueuse et subtilement éthérée les compositions de son père,
guitariste, imprégnées de musique traditionnelles brésiliennes,
de musique classique, de free jazz et de musique atonale. Une
musique brésilienne dont ces compositions contribuent à faire
évoluer de son extraordinaire créativité rythmique.
DO.M.
19 mai
Fondation Camargo, Cassis
06 31 79 81 90 jazzaporquerolles.org
20 mai
Théâtre Denis, Hyères
06 31 79 81 90 jazzaporquerolles.org
Delco festival
L
DE.M.
Lina Bellard & Rozenn Talec © Eric Legret
Joutes musicales de printemps, Correns
13 au 15 mai
04 94 59 56 49 le-chantier.com
’association Trig, collectif de musiciens et artistes plasticiens,
se pose à la Paloma, Scène de musiques actuelles de Nîmes
Métropole, pour la dernière date de son festival de musiques
expérimentales. Au programme : deux géants de la contrebasse,
Barre Philips et Mark Dresser, dialogueront à distance, le
premier depuis Nîmes, le second en direct de l’université de San
Diego grâce à un dispositif sonore et visuel élaboré par l’équipe
de FrenchKiss ; la formation de jazz Ion, qui réunit Aymeric
Avice (trompette, bugle), Olivier Lété (basse électrique), Philippe
Lemoine (saxophone ténor) et Samuel Silvant (batterie) ; et enfin
People like us -pseudo derrière lequel se cache Vicky Bennett,
artiste anglaise post-pop qui pratique l’art du collage visuel et
sonore ainsi que du détournement-, qui présentera sa dernière
œuvre audiovisuelle Citation City, constituée d’une multitude
de documents relatifs à la ville de Londres et assemblés selon
un procédé inspiré du Das Passagen-Werk de Walter Benjamin.
DO.M.
7 mai
Paloma, Nîmes
04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr
24 critiques spectacles
C’est la ZAT
qu’elle préfère
L
a Ville a mis en place un projet culturel
ambitieux, qui depuis 10 éditions investit
l’espace public et en modifie durablement
la perception. On se souvient de magnifiques
propositions foraines, plastiques, pyrotechniques ou dansées, qui ont permis de décaler
les regards des habitants, et de construire le
récit d’une ville.
Cette année, c’est Lieux Publics, Centre National des arts de la rue marseillais, qui était
aux commandes, dans le quartier populaire
et métissé de Figuerolles. Un décor parfait
pour poser des propositions intimes dans
leur esprit : maisons basses, squares, balcons,
parc, places, chapelle désacralisée... une cité
aussi, et ses murs à grimper.
Pierre Sauvageot, directeur de Lieux Publics
et compositeur, a voulu que cette édition soit
surtout musicale : « Ecoutez Figuerolles comme
vous ne l’avez jamais vu », propose-t-il, et
effectivement, dans ce quartier retransformé en
village sans voiture, la musique était partout,
et modelait les paysages.
À l’accueil d’abord, juste à l’entrée du quartier,
une organisatrice hystérique proposait un
quizz d’opéra, puis se mettait à chanter : Adila
Carles, vraie mezzo lyrique, entraînait le public
dans sa version partagée, et chaleureuse, de
Carmen. Puis on avançait dans la grande
rue traversante, sous les Forces invisibles
de Ray Lee, une série de haut-parleurs
tournants successifs qui spatialisaient des
longs accords évoluant doucement... À leur
pieds, des tables où s’asseoir un moment,
tandis que des danseurs surgissent le long
des murs, à chaque coin de rue déclinant
par groupes de jolies Glissades, conçues par
Yann Lheureux et Anne Marie Porras. Le
temps se détend, on croise la manif et ceux de
la Nuit Debout, complices... Aux balcons, 13
chœurs de Brigitte Cirla entonnent toutes
sortes de chants, folkloriques, médiévaux,
hommages aux pratiques amateurs. La foule
devient compacte, s’attarde le temps d’un
verre à La Friche de Mimi, lieu alternatif, puis
s’achemine vers des Kaléidophones de Michel
Risse, très belles sculptures acoustiques
permettant de filtrer les sources comme de
précises longues vues sonores...
Dans l’église Saint Gély, une star accueille un
public nombreux, venu se faire portraiturer.
Jean François Zygel au piano fait venir
sur scène un groupe d’enfants, les interroge,
puis improvise autour de leurs querelles,
empruntant aux Jeux d’enfants ; un chanteur
amateur se prête au jeu et entonne sur ses
accords ; une ancienne timide vient se livrer,
et le pianiste improvise sa sortie de l’ombre.
Durant 5 heures les candidats à la confession
viennent recueillir leur portrait musical, brossé
par le musicien infatigable.
Spectacles dans la foule
© A.F
À Montpellier, la ZAT
est un événement
qui transforme un à
un les quartiers en
Zones Artistiques
Temporaires. Partagées par une foule de
spectateurs !
Sur la place, après un très beau solo acrobatique
évoquant Icare, de Yann Lheureux encore,
Impérial Orphéon propose un concert
épatant : les quatre musiciens inventent
une musique faite de citations diverses,
d’homophonies subtiles, de rythmes venus
de tous les coins du monde, l’accordéoniste
fondant sa voix de ténor dans les mélodies
du saxophone, pour un moment musical de
haut vol, et profondément singulier...
Puis le soir s’approche, dans la Cité Gély la
foule trop compacte peine à suivre les « traceurs » de la FreeRun Family qui sautent de
toits en toits... Le Parc de la Guirlande offre
un terrain de repli intime, avec ses speakers
sous parapluies qui murmurent des paroles
recueillies dans le quartier et ailleurs, morceaux
de vies offerts comme on converse. Puis le soir
franchement tombé, le Parc voit des parapluies
s’allumer de bleu, et des musiciens s’installer
dessous, une harpe, une contrebasse classique, une guitare jazz, un accordéon russe,
un violon tzigane, une chanteuse qui offre
des berceuses aux enfants... 45 musiciens
qui se succèdent et que l’on va visitant, en
petits groupes assemblés au gré des envies.
Le lendemain, dimanche, cela continuera
avec les solistes de l’Opéra de Montpellier, les
300 choristes, une conférence, une tartinade.
Achevant de démontrer que la musique est
un art de la rue, capable de toucher chacun,
de mettre en récit et de transformer l’espace...
Une ZAT réussie, même si la foule, sans doute
insuffisamment orientée, ne permettaient pas
toujours de profiter de chacune des propositions. Manquait-il un grand spectacle visible
par tous ? Peut-être, mais Figuerolles est un
quartier intime...
AGNÈS FRESCHEL
La ZAT 10, produite par la Ville de
Montpellier et organisée par Lieux
Publics, s’est tenue les 9 et 10 avril
25
Dubois,
vers nos douleurs
encore vives
Mon élue noire, Olivier Dubois © François Stemmer
On reconnaît un grand artiste au fait qu’il déplace son art.
Comme Olivier Dubois, danseur au corps inattendu, chorégraphe des élans et des concepts, qu’il met en espaces,
toujours politiques
M
ichel Kelemenis invitait le directeur
du Ballet du Nord en son KLAP et aux
Bernardines, pour trois petites formes.
Un duo d’abord, Prêt à baiser : deux hommes
assis sur un banc se regardent, approchent
imperceptiblement leurs corps puis la musique
éclate et leurs lèvres se joignent, et ne se
quitteront plus durant les 40 minutes du Sacre.
Sur cette musique mémoire de la danse, qui
depuis plus d’un siècle fait surgir la sauvagerie
dans cet art jadis policé, les corps dansent le
désir, se goûtent, s’imprègnent, se caressent
et se brutalisent. La pièce est volontairement
irritante dans son rapport au temps, jouant au
début sur une attente presque insupportable,
retardant chacune de ses progressions vers
l’étreinte, puis mettant tout à coup les corps
entiers en jeu, en lutte, ménageant dans les
dernières minutes une succession d’effets
finals... Sans doute la danse à deux depuis
toujours ne dit que cela, le désir, et comment
le corps sort de lui-même pour, un instant,
atteindre l’autre.
À nos faunes, autre duo masculin sur les 12
minutes de Debussy, nécessite plus d’érudition : Olivier Dubois explore cette figure
étrange incarnée à sa création par Nijinski,
incroyablement provocateur en 1912 : le virtuose renonçait à « danser » pour figurer, en
2D comme sur un vase antique, une sexualité
hybride et fétichiste. Olivier Dubois reprend
mot à mot la gestuelle, corps de face, têtes
et bras de profil, mais au lieu d’observer les
nymphes il danse avec un homme, en parallèle
presque jusqu’au bout, où ils s’allongent non
sur une écharpe dérobée mais la main sur
le sexe, affirmant que la masturbation des
faunes est sortie de l’imagerie de la perversion.
Plus politique encore, Mon Élue Noire, avec
Germaine Acogny. Cette sublime danseuse
de 72 ans, qui a inventé avec Mudra Afrique et
invente encore dans son École des Sables la
danse contemporaine africaine, est encagée.
Elle fume la pipe, danse lentement, évoque
toutes les douleurs, les cris, les révoltes, les
humiliations, les tortures faites au corps
africain. Au bout d’un temps elle dit le Discours sur le colonialisme de Césaire : « ces
têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ce
sang qui fume, on ne s’en débarrassera pas
à si bon compte ». Sa cage fume, son corps
se vide d’un sang épais et blanc, elle écrit
sur les parois, nous regarde. Décidément ce
Sacre du Printemps nous parle, années après
années, de nos barbaries, de celle que Césaire
renvoie en miroir au public de cette femme
noire encagée : traiter l’autre en animal, c’est
perdre sa propre humanité. La colonisation a
produit cela, on ne s’en débarrassera pas à si
bon compte. (À lire aussi, complémentaires,
les pages 10 et 11).
AGNÈS FRESCHEL
Ces trois pièces se sont jouées en
mars dans le cadre de + de danse
à Marseille, festival de culture
chorégraphique produit par le KLAP
26 critiques spectacles
Combat sur un ring de danse
est un combat à armes égales qui se
joue dans Rocco quand les danseurs
deviennent des boxeurs et les boxeurs, des
danseurs. Seul le costume diffère : visages
et corps entièrement masqués de noir pour
les uns, maillot, short et pieds nus pour les
autres. De rounds en rounds, deux hommes
s’affrontent au corps à corps dans deux
séquences interrompues par une scène comico-parodique sur l’air de Paroles… paroles…
chanté par Dalida et Alain Delon (clin d’œil
à Visconti). Un tel déploiement d’écritures
témoigne de l’inventivité d’Emio Greco et
de Pieter C. Scholten, directeurs du BNM
de Marseille. La première séquence fascine
par la légèreté des déplacements, les points
de contact brefs, les frémissements des pieds
en appui. Dans un espace de danse réduit au
minimum, chacun jauge l’autre en restant à
la lisière du cercle de lumière qui, peu à peu,
s’amplifie. Ils dansent à bord vif, comme à la
marge. La seconde impressionne par sa force
athlétique, l’alternance des accélérations et des
ralentis : souffle court, petites foulées, muscles
bandés, ruades animales, échanges plus rudes,
chocs virils. Les danseurs entrent dans l’arène
© Alwin Poiana
C’
en véritables toreros sous une lumière à large
spectre qui, peu à peu, s’amenuise. Comme en
contrepoint, l’échange à fleurets mouchetés
s’est transformé en un combat à mains nues.
L’équilibre est parfait et la dramaturgie lisible :
les rôles ont évolué, les danseurs-boxeurs
sont passés «de frères à amants, d’amis à
ennemis». Dommage que la bande son surfe
du disco à la musique baroque, de fait aussi
déconcertante que l’interlude «bonbons et
chocolats» rigolo mais superficiel.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Rocco a été joué les 30 mars et 1er avril
au Théâtre des Bernardines et du 20
au 24 avril au BNM, à Marseille
Contre UtopiK
© Fred Robert
catégories bien distinctes :
les VIP, auxquels on distribue
gracieusement friandises et
chocolats ; les dissidents,
tolérés mais copieusement
conspués ; les intellectuels ;
les membres des pays frères.
Tous reçoivent de jolis foulards
rouges à nouer autour du cou
(selon les consignes) et les
paroles de l’hymne soviétique
(à chanter comme un seul
homme) ; chacun est sommé
d’applaudir vigoureusement
au signal. Une « mise en parvis » énergique
et autoritaire. On s’y croirait presque. Viendra
ensuite, appelé par la sirène, le chœur, pas prêt,
débraillé, mais fidèle au poste quand il s’agit
d’entonner l’hymne et d’accueillir, comme il se
doit, Pietr Gatazoff de la région Médoff, délégué
à la Culture. Celui-ci, chapka sur le crâne, buste
couvert de décorations, prononce alors un
de ces discours qui ont fait la réputation de
l’Union Soviétique : salmigondis de pseudo
russe d’où émergent parfois quelques mots en
français. La deuxième sirène interrompra ce
M
arseille, mercredi 6 avril. Un bon moment
avant que ne se déclenche la première
sirène, c’est déjà le branle-bas sur le parvis
de l’Opéra. À la manœuvre (et au micro) Philippe Fenwick, aidé par une assistante très
déterminée. C’est qu’il s’agit de (re)jouer,
ou d’imaginer, l’arrivée dans une bourgade
sibérienne d’un haut dignitaire du régime
venu inaugurer un nouveau lieu culturel. Eh
oui, aujourd’hui à Marseille, en 2016, nous
voici renvoyés aux belles heures de la défunte
URSS. Le public est ainsi installé selon des
discours qui aurait pu devenir fleuve. Sabotage,
évidemment ! On appelle alors ouvertement
à la délation, avant de trouver le coupable
idéal : celui qui danse, se contorsionne, sort
du rang. Comme l’âne de la fable, il est tout
désigné. Pas besoin d’énoncer la sentence.
Le chœur reprend de plus belle et on rit
plutôt jaune… On se demande où Fenwick
veut en venir, lui qui a intitulé cette étape
de travail Utopik. Nostalgie d’une utopie ?
Satire de nos sociétés de publics manipulés ?
Son prochain spectacle Transsibérien je suis
répondra peut-être à ces questions (lire p35).
FRED ROBERT
Utopik a été représenté le 6 avril sur
le parvis de l’Opéra de Marseille
à venir
Station (Groupe Noni)
4 mai
Lieux publics, Marseille
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
Suite baroque
SCène Conventionnée
PôLe régionaL
de déveLoPPement CuLtureL
PôLe tranSfrontaLier
mer 27 avril 19:00 théâtre
LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119
Comment
moi je ?
Cie tournebouLé
mar 03 mai 19:00 théâtre
les
Pieds tanqués
artSCéniCum théâtre
mer 11 mai 16:00 danSe
dans le cadre de Mai-Li Mai-Lo
du 18 au 20 mai
Création © breSt breSt breSt
Pourquoi
la hyène…
Cie Seydou boro
magie/muSique
Les ÉchappÉes #2 — horS LeS murS
À Saint-auban, Le Chaffaut Saint-Jurson, Seyne-les-alpes
titre définitif*
(*titre
Provisoire)
Cie raouL Lambert
infos résa 04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
© Richard Schroeder
C
inq robes, cinq contes, une seule histoire composée de multiples
histoires… Une seule actrice pour le tout, Marie Vialle, seule
sur scène, reprend le texte écrit sur mesure par Pascal Quignard,
Princesse, vieille reine, vaporeux, léger comme la robe de tulle dans
laquelle l’actrice court délimitant le cercle de cet autre monde
circonscrit par les mots. La voix fraîche de l’actrice raconte, apportant
une première distance, dans la grâce de sa fausse innocence. Les
phrases s’enlacent, gourmandes, jubilatoires, oniriquement érotiques,
jouent de la surprise, jouissent des mots, des sens qui se doublent,
deviennent fable en sachant échapper à toute pesante morale. Le
verbe trace dans la neige les aveux de la nuit d’Emmen, fille de
Charlemagne. Comment cacher ses amours avec Éginhard dans
l’abri d’un noir et inconfortable bûcher ? Porter jusqu’au palais son
amant, juché sur elle à califourchon… inénarrable ! La morale se
charge d’ironie : « c’est depuis ce temps que les femmes ont pris
l’habitude de porter les hommes sur leurs épaules ». Abandonnant sa
longue tunique, notre héroïne devient jeune captive, concubine de
l’Empereur de Chine, maîtresse séduite et abandonnée d’un prince
japonais… La sensualité, affleure, la bestialité des hommes aussi,
tout est dit, avec un art consommé de l’ellipse, du détail juste, dans
une langue d’une simplicité lumineuse, que les chants d’oiseaux
viennent scander, marquant les âges, jusqu’à cet « autrefois, avant
tous les autrefois », où règne cette vieille reine qui fut princesse…
Attente, hiver, où les paronymes « décembre descendre, des cendres »
composent un ultime envoûtement. Robe blanche, tunique longue,
kimono, sac, manteau de fourrure, manteau satiné de blancheur…
Passant d’un costume à l’autre, Marie Vialle joue sur tous les registres
avec une finesse ingénue, qui, distillant une discrète ironie, teinte
l’ensemble d’une poétique nostalgie.
MARYVONNE COLOMBANI
Princesse, vieille reine s’est joué du 15 au 19 avril
au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04160
Château–arnoux
Saint–auban
TCHANELAS DHOAD, LES GITANS
Y NEGRITA
DU RAJASTHAN
Lundi 9 Mai
20h30
Jeudi 12 Mai
20h30
ARTE
GITANO
Vendredi 13 Mai
20h30
28 critiques spectacles
Richard III,
la tragédie barock de Thomas Jolly
grands coups d’effets lasers, d’esthétique
gothique et de visages blafards, Thomas
Jolly met un point final à son exploration
shakespearienne dans un Richard III pétri
d’inspirations cinématographiques. La famille
Adams pour les décors et les costumes, le joker
maléfique de Batman pour le perfide Richard III
qu’il incarne de manière époustouflante, bossu,
claudiquant, mains d’argent faites pour tuer.
Et voilà Tim Burton ! Depuis l’interprétation
magistrale d’Ariel Garcia Valdès dans la mise
en scène de Georges Lavaudant, on croyait
ne plus jamais ressentir un tel choc ! Mais le
jeune Thomas Jolly* a l’intelligence du texte
en bouche et le sens du théâtre visuel : la
traduction de Jean-Michel Déprats réveille
une myriade d’images dans le black out du
plateau où une horde de croque-morts -les
familles York et Lancastre- se hait, se trahit,
s’entretue, fomente, s’affronte dans des joutes
paroxystiques. Au cours de cette nuit perpétuelle, entre conjurations et prophéties, Richard
III « le chien venimeux » taille sa route qui
le mènera au trône et à la folie. La cour des
hommes est vile, assoiffée de vengeance, et
sa noirceur s’abat sur chaque scène, chaque
dialogue, chaque vidéo (Jolly n’abuse pas
de ces virgules dans le passé). Seul répit
dans cette fresque démoniaque, le sacre de
© Nicolas Joubard
À
Richard III en super star avec show lumières
et mégawatt, séduisante parenthèse mais pas
franchement nécessaire…Thomas Jolly est
un chef d’orchestre admirable qui privilégie
le plus souvent l’adresse au public, même
dans les dialogues, doublé d’un comédien
hors pair, d’un fin stratège de la fabrique
théâtrale (décor mouvant, portraits de famille
monumentaux en rideaux de scène) et d’un
meneur d’hommes. Sa troupe fait bloc autour
de lui, le sert à merveille tout en trouvant sa
juste place.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Né en 1982 à Rouen, Thomas Jolly est artiste
associé au Théâtre National de Bretagne-Rennes
jusqu’en juillet 2016.
*
Richard III a été joué le 31 mars
et le 1er avril au Théâtre Liberté, Toulon
Samedi à vif et à danser
ontrairement à ce que Samedi détente
pourrait laisser croire, c’est un samedi
tranchant comme une machette. De celles
qui décimèrent les Tutsis, au Rwanda, là où est
née Dorothée Munyaneza. De nationalité
britannique et vivant à Marseille, la danseuse
et chanteuse n’a rien oublié des évènements
du 6 avril 1994 qui l’obligèrent à « quitter le nid
de l’enfance ». Vingt ans plus tard, elle chorégraphie sa première pièce comme on tente de
mettre des mots sur l’indicible. Acte héroïque
(la création engendre une nouvelle vague
d’émotions) et acte d’exorcisme (faire sortir
de son corps les contractions de la douleur),
Samedi détente est un long cri d’effroi suivi
de silences effrayants. Quand elle chante, sa
voix chaude amplifiée par
les frappes des pieds sur
la table remonte le chemin
du souvenir jusqu’à cette
nuit sauvage du 6 avril
1994. Quand elle danse,
son corps résonne des
terribles nouvelles transmises à la radio, transpercé, secoué, terrassé.
Autour de sa silhouette
lumineuse, surgis de
l’ombre de la forêt et de
© Laura Fouquere
C
la poussière rouge des pistes, Nadia Beugré
témoigne de l’aveuglement du monde resté
sourd : en Côte d’Ivoire, elle dansait le zoulou
dans l’insouciance de ses 14 ans, et Alain
Mahé évoque en paroles et en musique
l’ignorance feinte du gouvernement français…
« Qui est l’ennemi ? », « Qu’avez-vous vu de
nous ? » accuse le trio soudé par la chaleur
de leur corps, leurs chants de révolte et leurs
danses de l’insoumission. Selon un dispositif
ouvert à l’improvisation, Samedi détente met
en espace la jeunesse volée, l’exil, la terreur,
la perte des êtres aimés, l’indifférence des
États, dans une danse rageuse et des mots
pétris d’impuissance. Faute d’un samedi oisif,
le public retient son souffle.
M.G.-G.
Samedi détente a été joué les 30 et 31
mars au Théâtre Liberté, Toulon
© Delphine Michelangeli
Liberté surveillée
P
résentée au Théâtre des Doms lors du festival Région en Scène, la pièce
d’anticipation 2043 du Collectif Mensuel est troublante de réalité, à bien
des égards. D’abord par son sujet, adapté du roman jeunesse dystopique
Black-Out de Sam Mills, qui raconte comment en 2043 le gouvernement
britannique, suite à des attentats commis par des ados après avoir lu un
livre subversif (l’iconique 1984), a basculé dans le totalitarisme et éradiqué
de la littérature toute forme de rébellion en réadaptant ces romans jugés
dangereux. Un monde ultra-sécuritaire où lire devient l’acte de résistance
absolue ! Ainsi, à 16 ans, Stephan, que figure un jeune comédien convaincant
dans une minuscule arène étranglée, encadré en surplomb par 4 acolytes
robotisés qui activent univers bruitiste et musical, raconte la manipulation
qu’il a vécue suite à l’influence ô combien néfaste de son père libraire « aux
idées révolutionnaires ». Adopté par une « famille parfaite », censure et lavage
de cerveau deviennent son quotidien… malgré tout titillé, entre deux pilules
de bonne conduite et un dévouement total envers l’institution, par l’excitation
de la désobéissance. Et le voilà qui se met à écouter « du bon vieux rock », qui
frétille en lisant Lady Chatterley ou l’Attrape-cœurs. Et le voilà, alors qu’un
nouveau monde s’ouvre à lui et que la littérature forme son esprit critique,
qualifié de terroriste. « L’ennemi d’état » a changé de bord, désormais c’est
l’ado clandestin qui devra se défendre… « Mais on n’était pas des terroristes,
on n’a pas posé des bombes, notre seul crime est de garder notre liberté
de penser ». Déconcertante également, cette forme fixe et anxiogène qui
raconte l’endoctrinement et la peur du terrorisme, par sa résonance forte avec
l’actualité, jouée juste après les attentats bruxellois devant des collégiens et
lycéens très attentifs au débat.
Du livre à la scène, un appel réussi à la liberté de penser, à la résistance… et
à la littérature pour déjouer la terreur.
DELPHINE MICHELANGELI
2043 s’est joué le 25 mars
au Théâtre des Doms, à Avignon
30 au programme musiques marseille bouches-du-rhône
vaucluse
Compositeurs de la casa
de Velasquez
L’Ensemble Musicatreize, sous la houlette
de Roland Hayrabedian rend hommage
aux musiciens d’Apollinaire*. On aura
le privilège d’entendre Sept chansons de
Francis Poulenc, sur des textes de Guillaume Apollinaire et Paul Éluard, puis la
seule composition pour chœur a cappella de
Maurice Ravel, Trois Chansons, en réponse
aux horreurs de la guerre de 14 ; Guy Reibel
s’inspire des Calligrammes du poète à la tête
étoilée, pour ses Calliphones ; enfin, Marius
Constant compose Trois poèmes élastiques
pour chœur mixte et orgue de Barbarie (Pierre
Charial) sur les textes de Blaise Cendrars.
* en écho à l’exposition du musée de l’Orangerie Apollinaire, le regard du poète, concert
au Musée d’Orsay (10 mai)
Fêter le printemps avec des créations musicales de compositeurs en résidence à la Casa
Velasquez devient un rendez-vous habituel
au PIC. On aura ainsi le bonheur d’entendre
interprétées par les merveilleux musiciens de
l’Ensemble Télémaque, dirigé avec finesse
par Raoul Lay, des œuvres de Roque Rivas
(Trio de cuerdas, Epigrafe) et Francesca
Verunelli (#Di M0ndegreen), complétées
par des pièces de Yann Robin (Phigures
II), Régis Campo (Pop-Art) et José María
Sánchez Verdú (Qasid 7). Un hommage
musical sera aussi rendu en fin de concert
au compositeur Pierre Boulez disparu en
janvier dernier.
14 mai
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Jacques Ibert
et Arthur Honegger
Dans la continuité de la superbe représentation
de L’Aiglon à l’opéra, un concert conférence
donné à l’Alcazar prolonge la magie avec des
œuvres de musique de chambre de Jacques
Ibert, l’indépendant, qui faisait « le pied de
nez aux règles préconçues », de son comparse
dans l’opéra précité, Arthur Honegger ainsi
que trois autres membres du Groupe des Six
dont ce dernier faisait partie, Darius Milhaud,
Louis Durey et Georges Auric, interprétés
brillamment par Jean-Marc Boissière (flûte),
Armel Descotte (hautbois), Alain Geng
(clarinette), Stéphane Coutable (basson)
et Julien Desplanque (cor), sur les mots
du conférencier Lionel Pons. Le concert a
lieu à la bibliothèque l’Alcazar.
26 avril
PIC-Pôle Instrumental Contemporain,
Marseille
04 91 39 29 13 ensemble-telemaque.com
7 mai
Salle Musicatreize, Marseille
04 91 00 91 31 musicatreize.org
L’Homme approximatif
Petit vivant
ou soir des grand’merdes
Les Petits bois de l’opéra © X-D.R
30 avril
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
© Guy Vivienne
Musicatreize
On connaît davantage Borodine du Groupe
des Cinq pour son Prince Igor ou Les Steppes
de l’Asie Centrale, et Glazounov, dernier
grand romantique russe, pour ses symphonies
et musiques de Ballet, comme Les Saisons
(Marius Petipa). Les violons de Roland Muller
et Florence Galaup, l’alto de Brice Duval
et les violoncelles de Frédéric Lagarde et
Yannick Callier feront découvrir avec toute
leur finesse virtuose deux petits bijoux de
musique de chambre de ces compositeurs
russes : le Quintette à cordes en fa mineur
de Borodine et le Quintette à cordes en la
majeur de Glazounov.
© Agnès Mellon
Borodine / Glazounov
Dans le cadre du Festival Mai-Diterranée
du Toursky, on aura le bonheur de découvrir
la nouvelle création du grand contre-ténor
Alain Aubin. Il nous entraînera dans un
parcours poétique et subtil aux côtés de la
clarinette basse de Magali Rubio, la guitare
de Philippe Azoulay, les synthétiseurs et les
compositions de Phil Spectrum. On croisera
ainsi les mots de Jean Giono, Rabindranah
Tagore, Alfonsina Storni, Marion Courtis, Olivier Larronde, Norge, ainsi que de
nouvelles créations. Un air de Naples flotte
sur tout cela avec tarentelles et villanelles.
Une histoire d’harmonie avec le monde, ses
bonheurs et ses amertumes.
17 Mai
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Grâce à l’exposition de Strasbourg qui lui a
été consacrée en 2015, un nouvel engouement
entoure Tristan Tzara. Le GMEM, dans le
cadre du Printemps de la Francophonie à
Marseille, propose une création à partir d’extraits de son poème, L’Homme approximatif.
La voix de la « femme-orchestre », Catherine
Jauniaux, rencontre le vibraphoniste dadaïste
Alex Grillo, dans un duo qui joue des mots,
des sens, des sons, d’élans et de retours, flirte
avec le non-sens pour en exprimer des significations nouvelles… « Homme approximatif
comme moi comme toi lecteur / tu tiens entre
tes mains come pour jeter une boule / chiffre
lumineux ta tête pleine de poésie » (Tzara).
(Spectacle gratuit).
29 avril
Auditorium des ABD Gaston-Deferre,
Marseille
04 13 31 82 00 gmgm.org
31
Lucia di Lammermoor
La programmation classique de Velaux surprend toujours par son éclectisme et sa qualité.
Le concert de clôture n’échappe pas à la règle,
avec deux œuvres majeures. Tout d’abord,
l’Orchestre Régional de Cannes aiguisera
ses ailes avec la Symphonie 44 en mi mineur
dite funèbre de Haydn. Puis, toujours sous la
houlette de Wolfgang Dœrner, offrira l’une
des plus grandes œuvres du baroque italien,
le Stabat Mater de Pergolèse. À l’instar du
requiem de Mozart (donné l’an dernier), ce
chef-d’œuvre fut écrit quelques semaines
avant la mort de son compositeur. Expressivité,
modernité, pureté, délicatesse, unissent les
voix d’alto (Lucie Roche) et de soprano
(Pauline Courtin). Trente minutes d’extase.
Zuzana Markova © Harcourt
Trois concerts en petit florilège de la riche
programmation classique du GTP : on applaudira Insula orchestra et le Jeune chœur
de Paris dirigés par Laurence Equilbey,
dans un opéra seria peu joué de Mozart, Lucio
Silla, amours, complots et une fin heureuse
(29 avril). Puis la jeune pianiste coréenne Hj
Lin apportera sa finesse et sa virtuosité aux
voix multiples du Clavier bien tempéré de
Bach (9 mai). Enfin, le Café Zimmermann
suivra Haendel depuis ses études en Italie à
ses créations londoniennes, avec sa Cantate
Armida Abbandonata, des airs d’opéra pour
soprano (Carolyn Sampson) et son Concerto
grosso op.4. Trois autres concertos grosso
complètent le programme, op.6 d’Arcangelo
Corelli, op.5 de Francesco Geminiani, et
concerto grosso d’après Scarlatti de Charles
Avison (19 mai).
Stabat Mater
© Hugues Lagarde
Hj Lim © Anna M Weber
Classique GTP
Grand Théâtre de Provence,
Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
04 42 87 75 00
22 mai
Espace NoVa, Velaux
espacenova-velaux.com
Cela se passe dans le cadre d’une Écosse
romanesque du XVIe siècle. Lucia, sacrifiée par
son frère aux intérêts de la famille, poignarde,
la nuit de ses noces, le mari qui lui est imposé,
en perd la raison, meurt. Celui qu’elle aime,
Edgardo, se tue en apprenant sa fin tragique.
Archétype de l’opéra romantique, l’œuvre de
Donizetti reprend cette histoire pour composer
une partition sublime. L’Orchestre régional
Avignon-Provence et les Chœurs de l’Opéra
du Grand Avignon, dirigés par Roberto Rizzi-Brignoli interpréteront l’œuvre avec fougue
aux côtés des immenses solistes que sont
Zuzana Markova (Lucia), Marie Karall,
Jean-François Borras, Florian Sempey,
Ugo Guagliardo, Julien Dran et Alain
Gabriel.
23 avril
Opéra-Théâtre du Grand Avignon
04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr
© Ensemble Télémaque
King Kong photo
Recette : prenez un film culte, en noir et blanc,
fondateur d’un mythe cinématographique, King
Kong, celui de 1933 d’Ernest Schoedsack ;
ajoutez-lui, lors d’un ciné-concert, la musique
lyrique et jubilatoire de Raoul Lay interprétée
par un Ensemble Télémaque virtuose et
complice, voilà le chef-d’œuvre réactivé pour
notre plus grand bonheur ! L’imaginaire est
ici multiplié par la brillante combinaison entre
images instruments acoustiques, instruments
électriques, sons électroniques et voix (dont
celle tout en nuances subtiles de Brigitte
Peyré).
12 & 13 mai
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 mairie-aixenprovence.fr
La véritable histoire
de Pierre et le Loup
Pourquoi est-ce toujours le loup qui a le mauvais rôle ? On parle de lui mais qui l’écoute ?
Luc Valckenaere récrit l’histoire du conte
musical de Prokofiev du point de vue du loup.
On retrouve tous les personnages de la fable
initiale, mais leur relecture part d’un angle bien
différent ! Cette « véritable histoire » (et tant pis
pour les incrédules !) se dessine entre texte,
musique, animation vidéo, en toute poésie
avec la musique de Davy Luanghkot, son
septuor de flûte, hautbois, clarinette, basson,
cor, batterie, guitare électrique.
11 mai
Théâtre La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
Le château de Barbe Bleue/
Senza Sangue
Deux œuvres hongroises en création pour
un même programme, les spectateurs sont
gâtés ! Pour la création mondiale de la version scénique de Senza Sangue inspirée d’un
roman d’Alessandro Barrico, l’Orchestre
Régional Avignon-Provence sera dirigé
par Peter Eötvös, le compositeur de l’œuvre
lui-même. Deux personnages que tout sépare
sont en présence : Pedro (Romain Bockler) a
tué toute la famille de Nina (Albane Carrère),
et pourtant… les questions de vengeance et
de rédemption se posent, urgentes, éthiques
et métaphysiques. En regard de cet ouvrage,
Peter Eötvös a choisi de reprendre (car il
poursuit cette volonté de dépassement du
destin), Le Château de Barbe-Bleue de Bartók
avec Adrienn Miksch en Judith et Károly
Szeremédy en Barbe-Bleue.
15 & 17 mai
Opéra-Théâtre du Grand Avignon
04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr
32 au programme musiques vaucluse var hérault
D’ouest en est
L’Orchestre Régional Avignon-Provence
sous la direction d’Alexandre Myrat offre
deux œuvres immenses pour ce concert :
la majestueuse Symphonie 41 dite Jupiter
de Mozart, qui trouve son équilibre entre
le style de la fugue et la forme classique de
la sonate, et le Stabat Mater de Pergolèse.
Deux grandes voix pour le duo de Pergolèse,
la soprano Magali Léger, son sens de la
phrase musicale, son articulation, sa virtuose
sensibilité, et la prometteuse mezzo-soprano
Aline Martin, au timbre prenant.
20 mai
Opéra-Théâtre du Grand Avignon
04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr
Convergences latines
Concert double le 30 avril à l’Opéra Berlioz de Montpellier, placé sous le signe de
l’Espagne. D’abord (à 17h), Alexandra
Dauphin (mezzo-soprano), Cyrille Tricoire (violoncelle), Michel Raynié (flûte)
et Sophie Grattard (piano) interprètent les
Sept chansons populaires pour mezzo-soprano
de Manuel de Falla, l’Assobio a jato pour
flûte et violoncelle de Villa-Lobos, la Sonate
pour violoncelle et piano (Claude Debussy)
où se croisent Habañera et « parfums de la
nuit » d’Iberia, et les Chansons madécasses
pour mezzo-soprano, flûte, violoncelle et
piano de Ravel. Puis (à 19h) on rencontre
Chabrier, Pascual-Vilaplana, Gagliardi, Villa-Lobos avant de finir par le Liber tango du
maître Piazzola, par le Sextuor de cuivres
de l’Orchestre National Montpellier
Languedoc-Roussillon.
30 avril
Salle Pasteur-Corum, Montpellier
04 67 601 999
opera-orchestre-montpellier.fr
La Traviata
© X-D.R.
Lidija et Sanja Bizjak
Sans doute l’un des opéras les plus joués au
monde, La Traviata de Verdi s’inspire de l’œuvre
d’Alexandre Dumas fils, La dame aux camélias.
Il n’est guère de rôle aussi difficile que celui
de Violetta, excessive dans ses emportements,
ses joies, fragile et bouleversante dans son
amour et son sacrifice, du déchirant arioso
Ah ! Fors’è lui, au virtuose Sempre libera…
C’est Angela Nisi et sa voix cristalline qui
campera le complexe personnage de Violetta
et Giuseppe Tommaso celui d’Alfredo,
sous la direction musicale de Paolo Olmi,
dans cette production du Teatro Pergolesi
de Jesi avec l’Orchestre, chœur et ballet de
l’Opéra de Toulon.
04 94 93 03 76
13, 15 & 17 mai
Opéra de Toulon
operadetoulon.fr
Elles sont jeunes et ont déjà derrière elles une
carrière impressionnante, les sœurs Bizjak
multiplient les récompenses et les concerts.
Celui du 10 mai est d’une richesse et d’une
difficulté rares, mêlant les œuvres de Debussy,
Chabrier et Ravel, à la fois techniques et
sensibles. On aura ainsi le privilège de les
entendre dans le Prélude à l’après-midi d’un
faune de Debussy, mais aussi, entre autres
pièces, dans ses Nocturnes. On se glissera
dans une Espagne magnifiée par Emmanuel
Chabrier (España pour deux pianos) et Maurice
Ravel (Rapsodie espagnole), dont la Valse
pour deux pianos conclura le concert avec
ses retenues, ses explosions virtuoses, ses
rapides envolées, ses échappées fantaisistes,
ses temps marqués, ses murmures. Une écriture
du bonheur.
10 mai
Théâtre Molière, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
11 mai
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
Martin Fröst © Mats Bäcker
Magali Léger © Christian Jungwirth
Concert Symphonique
C’est à un long voyage de l’Amérique à la Russie que nous convie Michael SchØnwandt
à la direction de l’Orchestre National
Montpellier Languedoc-Roussillon. Le
mystère naît avec l’énigmatique Unanswered
Question de Charles Ives, les cordes situées
hors de la scène jouent lentement tandis
que la trompette solitaire face au public
pose en courts motifs « l’éternelle question
de l’existence », les flûtes répondent, brillantes,
sauf la dernière fois… Puis c’est l’envoûtant
Concerto pour clarinette d’Aaron Copland
nourri d’influences jazziques, qui offre une
vaste partition à la clarinette de Martin Fröst.
Traversant l’océan et les terres, elle devient la
délicieuse Shéhérazade de Rimski-Korsakov.
L’orient alors s’immisce, capiteux dans cette
musique descriptive et colorée.
20 & 25 mai
Opéra Berlioz, Montpellier
04 67 601 999
opera-orchestre-montpellier.fr
Geneviève Junior
Geneviève de Brabant d’Offenbach, opéra
bouffe concocté avec malice à partir de
l’histoire de la sainte, est proposé par Opéra
Junior (composé de jeunes de moins de 25
ans), dans une mise en scène délirante de
Benoît Bénichou. S’approprier une partition
destinée aux « plus grands », goûter à l’exaltation de la scène, suscitent l’enthousiasme
des interprètes et du public. D’autant plus que
les jeunes artistes évolueront dans les décors
de Rifail Adjarpasic qui ont accompagné la
production Carlos Wagner en mars dernier
(celle des « grands » !). Un jeu accessible sur
le site de l’opéra permet d’explorer le décor
de la pièce… Ludique et création artistique
ici se rencontrent !
13 & 15 mai
Opéra Comédie, Montpellier
04 67 601 999
opera-orchestre-montpellier.fr
C O N C E RT
ÉVÉNEMENT
2016
ta ri fs : 15 / 10 / 5 / 3 €
d u rée ± 2 h 3 0
M US IQ UE
VENDREDI 20 MAI 2016
JEANNE ADDED
+ FRED NEVCHÉ
(1 è r e p a rti e)
Depuis sa révélation lors des Transmusicales de Rennes
2014, Jeanne Added ne cesse de faire sensation avec les
lives électrisants de son premier album Be Sensational.
La voix accrocheuse de cette bassiste nous envoute
dans un savant mélange de post-punk tellurique et de
pop electronique : une véritable bouffée d’oxygène... à
couper le souffle !
En ouverture de ce troisième concert de la saison, Fred
Nevché nous livrera une performance dont la poésie est
un fil rouge tissé entre rock et slam.
SAISON 15/16
« L’impressionnante Jeanne Added fait sensation
avec un premier album tendu et magnétique. »
Les Inrockuptibles
Théâtre national de Marseille
La Criée à la Friche
Transsibérien
je suis 11 > 14 mai
Un spectacle de Philippe Fenwick
+++ Back in the USSR Samedi 14 mai De Marseille à
Vladivostok, déambulation, ateliers, bal
« On le savait déjà,
pour brouiller les pistes,
Philippe Fenwick est un as
du poste d’aiguillage »
L’Humanité
www.theatre-lacriee.com - O4 91 54 7O 54
www.lafriche.org - O4 95 O4 95 95
Photographie © DR
MAI 2016
©
Marikel Lahana
JEANNE ADDED + NEVCHÉ
SAISON 15/16
20 / 05 / 16
34 au programme
musiques marseille
bouches-du-rhône alpes hérault
Fred Nevchehirlian
et Jeanne Added
Les Sons du Lub’
Lyakam (titre inspiré du mot tamil (Inde du sud)
iyakkam qui signifie mouvement) est « un bain
culturel au cœur de la tradition indienne », un
spectacle qui revisite et déconstruit les codes
par le biais de la danse et de la musique. En
quête de ses origines indiennes, une jeune
femme indo-européenne, qui pratique la
danse Bharata Natyam, une des huit formes
de danse traditionnelle indienne, va rencontrer sur son chemin la danse contemporaine,
rythmée par des sonorités jazz et flamenca.
Un langage corporel et théâtral éclot alors,
qui invite à un voyage intemporel. Jessie
Veera est accompagnée par Ophélie Bayol
au chant, Marc Daniel à la sitar électrique
et au saxophone soprano et Daniel Sur aux
percussions (29 avril). Dans un autre genre,
le 3e opus de la série Écoute voir initiée par
le MIM (laboratoire musique et informatique
Marseille) est la première manifestation du
projet La vidéomusique, un art du temps.
Quatre compositeurs en résidence proposeront
leurs créations lors du concert (26 avril).
L’association Arc en Sol poursuit son action
d’échange et de partage autour de la musique
dans le sud Luberon, et notamment avec
le festival Les Sons du Lub’. Deux jours
durant vont se succéder une bourse aux
instruments et à la BD, des ateliers, expos,
balades et spectacles autour du thème de
l’eau… et les deux concerts (21 mai, dans le
cadre de la Nuit des musées, lire aussi p 16.)
qui font tout le sel de cette manifestation :
Ottilie [B], déjà présente en 2013, précèdera
le duo londonien Heymoonshaker et leur
son puissant qui allie au blues et beatbox le
rock et la soul.
Frédéric Nevchehirlian © X-D.R
Cité de la musique
Pour le 3e concert de la saison au Merlan,
Fred Nevchehirlian, artiste de la Bande,
livrera une performance qui aura pour fil rouge
une poésie mâtinée de rock, de slam et de
chansons. Il invite pour la seconde partie de
soirée Jeanne Added et son rock sombre
nourri de pop et d’électro. Mais auparavant,
elle sera passée par la scène du Théâtre de
Briançon !
11 mai
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
Heymoonshaker © X-D.R
Jessie Veeratherapillay, Lyakam © Jean-Louis Neveu
20 mai
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
Wanted Joe Dassin
21 & 22 mai
Luberon
sonsdulub.fr
Festival Arabesques
10 mai
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
20 mai
Forum de Berre
forumdeberre.com
11 au 22 mai
Domaine d’O, Montpellier
0800 200 165 domaine-do-34.eu
© Jules Pajot
Révélation jazz de l’année 2013 aux Victoires
de la musique, Thomas Enhco est l’une des
étoiles montantes du jazz français. Il revient,
à 27 ans, avec son quatrième opus, Feathers,
inspiré de la violence, la rudesse et la folie
qui entourent l’amour. Il est accompagné sur
scène par Jérémy Bruyère à la contrebasse
et Nicolas Charlier à la batterie.
C’est en musique que le Forum clôt sa saison,
et pas n’importe laquelle ! Les trois cow-boys
de The Joe’s reprennent avec fougue les
premières chansons de Joe Dassin, période
1965-1973, celles qui vous amènent à fredonner,
avant de les chanter à tue-tête, Les Daltons, La
bande à Bonnot ou Le Petit pain au chocolat,
entre autres pépites ! Jean-Pierre Bottiau,
dit Cheveu, Laurent Madiot et Ben Ricour
apportent à ce répertoire des sons neufs et
beaucoup d’humour !
Le 11e festival Arabesques, qui rend
compte de la richesse artistique et culturelle
du monde arabe, s’annonce foisonnante :
débats, entretiens, conférences… et des
concerts ! On entendra notamment l’Orchestre arabo-andalou de Fès à l’Opéra
de Montpellier (16 mai) ; et au Domaine d’O
le Quartet Bab Assalam qui présentera son
second album Zyriab (20 mai), Karimouche
et Hindi Zahra (20 mai), la jeune syrienne
oudiste et chanteuse Waed Bouhassoun
(21 mai), le groupe Egyptian Project qui
allie la pure tradition égyptienne au trip hop,
à l’électro et à la musique classique (21 mai)
et le cabaret oriental Tam Tam (21 mai).
Cité de la musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
Thomas Enhco Trio
04 91 54 70 54
04 42 10 23 60
Retour à Berratham
Scène conventionnée pour
la création jeune public tout public
2
0
1
6
© Jean-Claude Carbonne
Vrais mensonges
Angelin Preljocaj a créé Retour à Berratham en juillet 2015 dans la Cour d’Honneur
du Palais des Papes. Depuis, cette œuvre
fermement amarrée au texte du romancier
Laurent Mauvignier a eu le temps de mûrir,
se densifier encore. Quatorze danseurs de
son ballet évoluent sur une trame narrative
tragique, la quête d’un jeune homme à la
recherche de son aimée dans un univers hanté
par la violence. La scénographie est signée
Adel Abdessemed.
04 91 54 70 54
Danse
SUBLIME
COMPAGNIE ARCOSM
HORS LES MURS
5 avenue Rostand
13003 Marseille
20 MAI À 19h
30 avril
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Théâtre
+ 13
ans
YVONNE,
PRINCESSE DE
BOURGOGNE SUR
CHÂTEAU TOBBOGAN
Transsibérien je suis
26 au 29 avril
Représentation en langue des signes le 28
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
+ 7
ans
13 MAI À 20h
En partenariat avec La Baleine qui dit
« Vagues », La Criée reçoit Gilles Bizouerne,
conteur, voyageur, amoureux des histoires
et auteur jeunesse à succès. Un homme
capable de mettre une selle à sa fourmi, de
l’enfourcher, et de partir au galop en quête
d’aventures plus mirobolantes les unes que
les autres. Vraies comme le sont les rêves :
tout est dans le ressenti ! Un spectacle tout
public à partir de 7 ans
EN RANG D’OIGNONS COMPAGNIE
Friche la Belle de Mai
41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille
04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com
© Patrick Berger
© X-D.R.
Garde Barrière et Garde fous
On connaît l’émission Les pieds sur terre de
France Culture : tous les jours, une demiheure de reportage, sans commentaires.
Jean-Louis Benoît, touché par deux vies
de femmes, s’en est inspiré pour livrer ces
récits à la première personne. Monique est
garde-barrière à Bourg-en-Bresse, Catherine,
infirmière de nuit en service psychiatrique à
l’Hôpital Sainte Anne, et Léna Bréban leur
prête sa voix. Un hommage à la générosité de
ces travailleuses « normales » : peu reconnues.
04 91 54 70 54
26 au 29 avril
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
La nouvelle création de Philippe Fenwick,
dont on a eu un aperçu sur le parvis de l’Opéra
de Marseille, lors de la « Sirène » d’avril, est
une autofiction en forme de poupée russe.
L’auteur et interprète a décidé de monter un
spectacle itinérant sur le tracé du Transsibérien,
en hommage au chanteur de cabaret brestois
Jacques Mercier... qui n’a jamais quitté sa
Bretagne natale pour réaliser ce rêve. On le
suit donc « de Brest à Vladivostok en passant
par Marseille », entouré de musiciens et artistes
du cirque : une épopée !
11 au 14 mai
Spectacle proposé par La Criée
au Grand Plateau de La Friche, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
36 au programme spectacles marseille
L’Avare
El Sur
Tremblez, naïfs adeptes d’un Molière « à la
papa », car Harpagon, cette fois, est armé
d’un fusil de chasse, et sa folie pécuniaire a
enflé terriblement. Ludovic Lagarde met
en scène un Avare paranoïaque, en costumes
contemporains, qui résonne on ne peut plus
directement avec notre époque de capitalisme
exacerbé. La souffrance sous le vice, tous
deux révélés par la farce... Une rencontre
avec l’équipe artistique est prévue à l’issue
de la représentation du 20 mai.
Le Víctor Ullate Ballet Comunidad rend
hommage à l’immense chanteur espagnol
Enrique Morente. Figure innovante de la
scène flamenca, il a su mieux que personne
en exprimer la rage et la passion, sans s’enfermer dans la tradition. Sur ses compositions
musicales, le ballet madrilène tisse une histoire
de fatale attraction et de jalousie en triangle,
« au delà de l’amour ». Brûlant comme un
été andalou !
6 mai
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
18 au 22 mai
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
© X-D.R
04 91 54 70 54
La comédienne-danseuse Fanny Avram et
le chorégraphe Thierry Escarmant adaptent
un texte de Sonia Chiambretto, relatant sa
rencontre avec une jeune Tchéchène émigrée à
Marseille pour fuir la guerre dans son pays. Une
œuvre à l’intersection entre danse, musique et
théâtre, sur le déracinement, l’autocensure qui
en découle, la supplantation d’une langue par
une autre. Fanny Avram est accompagnée sur
scène du compositeur et vocaliste Frédéric
Jouanlong. Le texte original est paru aux
éditions Acte Sud - Papiers.
© ballet Victor Ullate
© Pascal Gely
Chto, interdit aux moins
de 15 ans
27 avril
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Une mouette
et autres cas d’espèces
L’art de la danse
Dans cette création, Hubert Colas met en
scène une libre adaptation de La Mouette par
Édith Azam, Liliane Giraudon, Nathalie
Quintane, Angélica Liddell, Annie Zadek
et Jacob Wren. Chaque auteur, se saisissant
du texte mythique d’Anton Tchekhov pour
parler de sa propre « perception du monde, de
l’amour, de la littérature, du théâtre », cherche
où se cache l’art. Une ambitieuse symphonie
collective.
26 au 30 avril
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
© ballet Victor Ullate
Entre résistance et résignation, souvent notre
cœur balance -un peu trop- et c’est dans
cet espace malaisé que deux chorégraphes,
Thierry Escarmant et Manon Avram, s’insèrent. En s’appuyant sur la pensée de Camille
de Toledo, Bernard Stiegler, Didier-Georges
Gabily ou Miguel Benasayag, ils interrogent
le sentiment d’impuissance éprouvé face aux
impasses du monde contemporain.
© Manuel Buttner
© Sam Taylor-Johnson, Courtesy White Cube
Qu’avez-vous vu ?
30 avril
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
La danse, un langage universel ? C’est ce que
l’on est enclin à penser au vu de ce panorama
traversant les âges et les styles, du ballet
classique à la comédie musicale façon Fred
Astaire, en passant par le modern jazz, le
tango ou encore le flamenco. Victor Ullate
et Eduardo Lao invitent au voyage, sur des
airs de Mozart, Wagner, Chopin, Gaetano
Donizetti... et Massive Attack.
8 mai
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
37
L’homme est bon, mais le veau
est meilleur
Peau d’Âne
Ah, Beaumarchais ! Délice des intrigues
enlevées, des dialogues ciselés, des amours
contrariées qui finissent en triomphe après mille
rebondissements... Frédéric Rey emmène sa
version vers la commedia dell’arte avec une
troupe rodée à la pratique. Et l’on constate que
non seulement le texte s’y retrouve parfaitement, mais que le port d’un masque s’avère
propice aux doubles sens contemporains.
Conte initiatique, Peau d’âne se laisse porter
au cinéma comme au théâtre avec la même
aisance, la même exigence de merveilleux.
Jean-Michel Rabeux réécrit le conte de
Perrault, et le met en scène avec une belle
liberté, jonglant merveilleusement entre les
époques, jouant de décors mobiles, écroulements de cartons colorés, poésie délirante
où la jeune princesse toujours échappe aux
griffes de son père. La cruauté du conte est
apprivoisée par les ailes de l’imagination. Un
spectacle pour petits et grands.
© El Kabaret
Le barbier de Séville
© X-D.R
La troupe hétéroclite El Kabaret propose
un « Opéra de rue et de lieux improbables en
neuf rounds et dix-sept chansons pour douze
chanteurs-acteurs-danseurs et un musicien »,
d’après Le petit Mahagonny de Bertolt Brecht.
Pour cette fois, ils investiront un théâtre « en
dur », mais rien ne garantit que l’opération se
déroulera sagement. Préparez-vous, la scène
du Théâtre de Lenche risque de déborder, dans
un grand mouvement de joie contagieuse.
© Ronan Thenadey
05 91 91 52 22
No World/FPLL
Le massacre des italiens
Sur un texte de Gérard Noiriel, Jérémy
Beschon met en scène Virginie Aimone.
Comme de coutume dans les productions
du collectif Manifeste Rien, la comédienne
porte une réflexion sociale de fond : il s’agit ici
de sonder le racisme, à travers un massacre
d’ouvriers italiens commis en 1893 dans le
Gard. Une centaine de personnes venues
travailler dans les salins avaient alors trouvé
la mort, sans que leurs assassins ne soient
condamnés par le jury populaire amené à se
prononcer sur leur cas. Représentation suivie
d’un débat avec Benoît Larbiou, docteur
en sciences politiques.
© Samuel Rubio
My dinner with André
En s’inspirant tant de la structure en tableaux
de la Divine Comédie de Dante que des
conférences internationales TED, diffusées
sur le net, la Winter Family empoigne nos
comportements hyperconnectés comme un
sujet politique majeur. Du théâtre documentaire
acide, mené par Ruth Rosenthal et Xavier
Klaine, corrodant un monde tel qu’il est partagé sur Facebook : « lisse, démocratique, sucré,
multiculturel, blanc et saturé ». Spectacle en
français et anglais surtitré.
© Manifeste Rien
05 91 91 52 22
10 mai
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
10 & 11 mai
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr
Damiaan De Schrijver et Peter Van den
Eede se sont inspirés d’un film de Louis Malle,
portant sur les échanges de deux convives
attablés dans un restaurant chic à New York.
Un auteur dramatique désargenté et un metteur
en scène à succès poursuivent une conversation autour d’un repas bien arrosé, tandis
qu’un vrai cuisinier leur fournit abondance de
mets plus de trois heures durant. Une œuvre
culte, jouant sur l’ambiguïté entre personnes
réelles et personnages de fiction, subtilement
interprétée par ces deux comédiens !
28 & 29 avril
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr
© Tim Wouters
05 91 91 52 22
29 & 30 avril
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
20 mai
Le Lenche, Marseille
theatredelenche.info
26 au 29 avril
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
38 au programme spectacles marseille
var
alpes-maritimes
Un obus dans le cœur
Festival de petites formes dansées « mais pas
que », Le temps des envolées se décline sur
deux jours, le samedi au Merlan et alentours,
le dimanche à Klap – Maison pour la danse et
à l’école Bellevue. Au programme, citons les
Miniatures de Nathalie Pernette, 10 minutes
d’Écoute musicale de Michel Kelemenis,
ou encore Yvonne, princesse de Bourgogne
sur château toboggan par Edith Amsellem.
Dispersion
Carole Bouquet est Rebecca, subissant
l’interrogatoire jaloux de son époux. Cet amant
de jeunesse, dont elle ne lui avait jamais parlé,
qui était-il ? Rebecca répond par bribes, mais
on s’aperçoit que ces fragments amoureux
se mêlent de réminiscences historiques, non
vécues directement par elle. L’héroïne du prix
Nobel de littérature anglais Harold Pinter est
hantée par les horreurs de l’histoire, déportation, familles amputées, destins broyés... d’où
le titre original de la pièce, Ashes to Ashes.
© Marie Le Grevelec
L’Insomnie, Miniatures © Sebastien Laurent
Le temps des envolées
L’écriture de l’auteur libanais exilé au Québec
Wajdi Mouawad est à la fois écorchée, remplie de poésie et de réalisme. Jean-Baptise
Epiard et Julien Bleitrach s’emparent de son
texte, décrivant le voyage intérieur d’un homme
qui se rend à l’hôpital en pleine nuit pour
veiller sa mère agonisante. Dans sa mémoire
revient la blessure intime et profonde causée
par un attentat meurtrier dont il a été témoin,
alors il n’avait que 7 ans.
21 mai
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
3 mai
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
© Dunnara Meas
22 mai
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
L’heure du diable
Zyriab
© Joss Rodriguez
29 & 30 avril
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
© X-D.R.
23 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Fabien Dariel adapte un texte posthume
de Fernando Pessoa de manière saisissante.
Emilie Maréchal interprète une jeune femme,
enceinte, qui croise un homme déguisé en
diable, un soir de carnaval... Eternel aboulique,
rongé de doute, le Malin cherche confirmation
de sa propre existence dans cette rencontre
fantasmatique au clair de lune. Est-ce le
diable qui rêve de Maria, ou Maria qui rêve
du diable ? En tous cas, « un bon rêveur ne
se réveille pas » !
26 au 30 avril
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
04 93 40 53 00
26 & 27 avril
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
Complètement toquée
Florence Demay part en croisade contre la
malbouffe, dans un « solo culinaire à partir de
13 ans ». La cuisine, lieu de tous les enjeux :
culturels, sociétaux, politiques... Une évidence
que l’on a tendance à noyer sous le flot des
expériences quotidiennes, et qui apparaît
là assaisonnée d’humour, ce qui relève la
pertinence du propos. Changer d’habitudes,
ça commence dans l’assiette, et –allons !- ce
n’est pas si difficile.
10 mai
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Décidément, le flamenco se renouvelle puissamment ces dernières années. Le Toursky
accueille une création de José Luis Gomez,
tirant vers la sobriété (si si !), et s’ouvrant à
d’autres instruments, guitare électro-acoustique, basse ou piano, pour accompagner les
danseurs, Rafael Martos et Maria De Mar
Martinez. Le directeur artistique assure luimême les percussions, accompagné de José
Fernandez et Maria-José Lopez au chant.
13 mai
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne
AIX-EN-PROVENCE 96.2
MARSEILLE 92.8
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marseille spectacles au programme
Ardente patience
© Benoit Fortyre
Yvonne,
princesse de Bourgogne
© JM Coubart
« Ardente patience ». L’expression est d’Arthur
Rimbaud, cité par Pablo Neruda dans son discours de réception du Prix Nobel de Littérature,
et c’est le titre choisi par Antonio Skarmeta
pour son livre consacré au poète chilien,
adapté ici par Michael Batz. Jean-Paul
Zennacker est Neruda, qui se lie d’amitié
avec un jeune homme, et l’aide à conquérir
le cœur de sa belle. Une romance si fragile,
tandis que les nuages noirs de la politique
s’amoncellent...
Pièce la plus jouée de Witold Gombrowicz,
Yvonne, princesse de Bourgogne est reprise
et mise en scène par Edith Amsellem et En
Rang d’Oignons Cie, avec en complément
de titre Sur château-toboggan, l’ère de jeu
étant le lieu de toutes les cruautés… Le
prince Philippe se fiance par provocation à
Yvonne, une jeune roturière laide et taciturne.
Le silence de cette dernière engendre toutes
les violences possibles, cristallisant la férocité
de la cour, jusqu’à son meurtre, à l’instar du
bouc émissaire, dans la lignée des analyses
de René Girard. L’actrice interprétant Yvonne
est différente tous les soirs et ignore tout de
la mise en scène (à partir de 13 ans).
20 mai
Théâtre Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
18 au 20 mai
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Sublime
La compagnie Arcosm s’amuse à revisiter les
codes qui cherchent par retouches, estompes,
couleurs, effacements, et autres manipulations
visuelles et narratives à nous offrir une image
quasi totalitaire de la beauté. Humour, musique
et danse bousculent joyeusement tout cela,
et distordent les clichés. Le miroir renvoie
toujours à un autre… Le théâtre Massalia
joue hors les murs pour ce spectacle et se
glisse dans l’accueillante Maison pour la
Danse qu’est le Klap.
12 & 13 mai
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
À midi pile, sur le parvis de l’Opéra, le Creative
Group NONI offrira la verve de ses artistes
performers, percussionnistes, acrobates (accrodanse et mât chinois) dans une performance
qui allie street dance, parkour, art traditionnel
coréen, arts martiaux et cirque, inspirée de
leur nouvelle création Station (dans le cadre
du programme France-Corée 2015-2016).
On peut aussi noter que ces artistes seront
accueillis pour une résidence d’adaptation
dans les locaux de Lieux Publics, à la Cité
des arts de la rue.
© NONI
© Rouge Italique
Station
4 mai
Parvis de l’Opéra
Lieux Publics, Marseille
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
43
44 au programme spectacles marseille bouches-du-rhône
Pastime, Carnation,
Museum piece
Louis Pi/XIV
Le temps d’Educadanse
Au moment de leur création, Lucinda Childs
considérait ces trois pièces, Pastime (1963),
Carnation (1964), Museum piece (1965), comme
des expérimentations, exercices inscrits
dans la lignée des recherches menées par
la génération de danseurs et chorégraphes
au sein de la Judson Dance Theater à New
York. Elle y explore la relation entre le corps
et l’objet, le mouvement qui n’est pas de la
danse, ou encore entre dans une explication
non dénuée d’humour du tableau de Georges
Seurat, Le Cirque. Ruth Childs, nièce de la
chorégraphe, danse ces solos fondateurs.
Quarante-cinq minutes pour vérifier que
l’autre est bien sûr différent et par là même
source d’enseignement. Alexandre Lesouëf
s’appuie sur cet axiome universel pour une
chorégraphie qui met en scène quatre danseurs (Valentin Genin, Julien Gerard,
Jérémy Gerard, Alexandre Lesouëf) qui
jouent avec le public de leurs incertitudes, de
leur altérité, en une oscillation féconde qui
pousse chacun à se sentir partie intégrante
du spectacle. Cette création de la Cie CAL
sera aussi donnée lors du Festival Question
de danse (au KLAP) en octobre 2016.
© Yann Gouhier
©X-D.R.
Alt(er)
Deux découvertes dansées au Klap : le spectacle de Simonne Rizzo et la Ridzcompagnie Louis Pi/XIV qui sera créé le 15 octobre
prochain à la Valette-du-Var et qui, avec trois
danseuses et deux musiciens, interroge l’omnipotence, et ses conséquences ; exemplaire,
l’action du Roi Soleil, grand danseur lui-même,
qui codifia et protégea les arts, dont la danse
et la musique. Puis, les élèves option danse du
Lycée Saint-Charles (Marseille), présenteront
leurs travaux, élaborés sous l’impulsion de
leur enseignante, Viviane Cirillo, sur la scène
de Klap (Kelemenis & cie est le partenaire
principal de l’option obligatoire Art Danse
du Bac Général).
28 & 29 avril
Marseille Objectif Danse
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95 lafriche.org
Plié en 3
© X-D.R.
© Cie CAL
3 mai
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
Entre La Friche de la Belle de Mai et l’Institut Français du Maroc s’est concocté un
programme de résidences croisées, dans
lequel s’inscrit le projet chorégraphique de
Montaine Chevalier en collaboration avec
Elodie Moirenc. À partir de trois pièces,
Satien (2014), D’assise (2012) et Surface de
divagation (2004), se tissent de nouvelles
résonances, une mise en abîme du spectacle,
avec sa maquette à échelle réelle, qui hésite
entre montage et démontage. Surgissent
Barbabelle, un chevalier, Marguerite, une
anémone, une vache qui parle… du rien,
naissent des formes, des images, du sens…
6 & 7 mai
Marseille Objectif Danse
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95 lafriche.org
27 au 29 avril
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
Intersection
Balkis Moutashar s’inspire des mots de
John Cage « structure without life is dead,
but life without structure is un-seen » pour
construire un spectacle qui joue sur les intervalles, cherchant les points de jonction entre
corps et matière, inerte et mobile, statique et
animé. Quatre danseurs explorent espace et
mouvement. Des perches, des projecteurs, des
câbles entremêlés rythment le lieu scénique,
auquel se mesurent les corps…
27 avril
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
All Bovary’s
S’inspirant librement de l’œuvre de Flaubert,
la Compagnie à table esquisse une comédie
sociale All Bovary’s qui s’interroge sur la
place sociale de la femme dans la société
d’aujourd’hui, entre les diktats du paraître
auxquels la « ménagère de moins de cinquante
ans » est censée se conformer et la spirale
de la consommation si machiavéliquement
orchestrée. Clara Le Picard joue de tout
cela, mêle humour, réalité, absurde, aux côtés
de Françoise Lebrun, quatre playmobils
et le pianiste-compositeur Or Salomon (à
partir de 14 ans).
3 mai
Théâtre Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
45
Les Cavaliers
Elles sont toutes petites encore, blotties dans
leur grenier, Diane, faisant honneur à son nom,
apprend l’art de la chasse, Tyto mange tout
le temps et la petite Alba, poids plume, est
anorexique. Le sujet est grave, mais porté
par les ailes du conte, la magie tendre des
marionnettes de la compagnie Alula, l’histoire finit bien. Le texte de Perrine Ledent
s’adresse à un public à partir de 7 ans, et rend
avec délicatesse les situations du quotidien,
pour apprendre à quitter le nid en douceur…
14 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
La Escucha interior
© Jeff Rabillon
La compagnie Les Nuits Claires offre une
création de Julien Lallier qui unit danse,
poésie, inspiration flamenca et jazz, au cours
de six tableaux ponctués de citations de
Fernando Pessoa. Le piano du compositeur
mêlera ses notes à celles des flûtes de Joce
Mienniel, de la contrebasse de Joan Eche
Puig et des percussions d’Antony Gatta,
accompagnant la danse de la chorégraphe
Karine Hérou-Gonzalez.
23 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Galino
Entre Villelaure et le plateau d’Assy, tout un
voyage, celui de la vie d’un homme (père de
l’auteure)… Galino, de Sabine Tamisier,
raconte les dernières heures de son père, alors
qu’il attend que sa famille soit réunie, pour
le dernier adieu. Monologue bouleversant
d’amour, qui a l’intelligence de ne pas sombrer
dans le pathos. Nathalie Chemelny met en
scène ce beau texte avec Francis Freyburger
et Mathieu Montagnat.
18 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Plateau humour
Du rire, du talent, avec trois humoristes,
rien de moins sur la scène du Comoedia !
Angel Ramos Sanchez occupe le plateau
en attendant non pas Godot, mais Julio (the
Julio Iglesias), qui lui non plus n’arrivera pas,
puis Audrey Vernon qui a déjà transmis ses
recettes pour épouser un milliardaire dans son
précédent spectacle, donne un cours de rattrapage en un « one-woman-show économique »,
enfin, Frédéric Fromet (que vous pouvez
entendre sur France Inter dans Si tu écoutes,
j’annule tout) apporte ses chansons vaches
accompagné de l’accordéon de François
Marnier. Préparez vos zygomatiques !
29 avril
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Audrey Vernon © X-D.R
© Mathilde Dromard
21 mai
Théâtre Fontblanche, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
Le roman majeur de Joseph Kessel, Les
Cavaliers, mène le lecteur en Afghanistan,
l’initie au jeu du bouzkachi, offre une galerie
de personnages forts, au travers d’une véritable épopée, où il est question, d’honneur,
de cruauté, de reconnaissance, de trahison,
de jugement, de hasard, de chevaux…Éric
Bouvron adapte ce monument au théâtre,
avec une grande économie de moyens et sait
pourtant faire naître les bruits, les mots, les
parfums, les couleurs, au cours de cet extraordinaire voyage initiatique et philosophique.
© Cie Alula
Poids plume
Alexis Moati et Pierre Laneyrie mettent
en scène un troisième volet de la trilogie
sur Molière interprété par la compagnie Vol
Plané, avec Le Misanthrope ou l’atrabilaire
amoureux. Cinq interprètes, pas de décor, mais
une approche vivifiante du texte. Alexis Moati
rappelle avec force l’âge des protagonistes, les
vingt ans d’Alceste, et lui rend une certaine
adolescence. Le monde peut-il être changé ?
La sagesse est-elle de se plier à l’état des
choses ou de chercher à bousculer les codes ?
Chaque lecture dessine différents héros…
© Sabine Trensz
Le Misanthrope
21 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
46 au programme spectacles
bouches-du-rhône
Vocazione
Gold
La vocation, « prédisposition naturelle » d’après
les dictionnaires, sous-entend un itinéraire
déjà balisé. Diano Manfredini remet en
cause cette apparente simplicité, partage ses
peurs, ses interrogations, à travers sa propre
histoire d’acteur. Le spectacle évoque au
sens premier du terme une série de figures
du théâtre, en prise avec leurs échecs, leurs
doutes, leur naufrage. Il y a entre autres, Nina,
Mouette de Tchekhov, Minetti de Thomas
Bernhard qui voudrait désespérément jouer
le roi Lear « une fois rien qu’une fois et puis
plus »… Ironie tendre amère pour un chant
d’amour dédié au théâtre.
Catherine Heigel avait obtenu à la création
de cette pièce de Florian Zeller, en 2010, le
Molière de la meilleure comédienne. On la
retrouve dans ce rôle de mère déchirée, émouvante et magnifique aux côtés de Jean-Yves
Chatelais, en mari fuyant, Olivia Bonamy,
la fille mal aimée, et Éric Caravaca, fils qui,
en pleine rupture sentimentale, revient un
temps dans la maison familiale. Cette histoire si banalement humaine est traitée avec
finesse dans une mise en scène de Marcial
Di Fonzo Bo.
© Emanuel Gat
© Agnes Dorkin
La mère
Emmanuel Gat offre une nouvelle version
de The Goldandbergs (2013), l’adaptant à cinq
danseurs. La chorégraphie, jamais illustrative, est ici conçue comme une composition
contrapuntique sur une partition double, celle
d’extraits des Variations Goldberg de Bach,
par Glenn Gould, et la musique composée
par le pianiste pour le documentaire radiophonique The Quiet in the Land (1977) qui
donne à entendre un enregistrement réalisé
dans une famille Mennonite de Red River. Les
danseurs interprètent cette partition complexe,
en infinies variations… Hypnotique !
2 au 4 mai
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
28 & 29 avril
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 88 71 74 80
aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune
© Laurencine Lot
Ce quelque chose qui est là
Zoom
26 au 30 avril
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
12 mai
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
7 au 21 mai
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
© Patrick Najean
Entre la mère de Romain Gary dans La promesse de l’aube et la poétique Gelsomina de
La Strada, le personnage maternel de Gilles
Granouillet tient tête à son fils dans un
monologue vibrant d’espoirs déçus, de colère,
de rage, d’amour, de poésie. Un univers tragique
et clownesque s’offre à travers une parole
véhémente portée par trois comédiennes (il
n’en faut pas moins pour explorer toutes les
facettes de cette figure tragique), mises en
scène par Marie Provence. Un grand moment
de théâtre (déconseillé aux moins de 13 ans)
qui sera repris au festival Off d’Avignon, du
7 au 27 juillet à l’Entrepôt.
On évoque la règle des trois C, Créativité,
Changement et Challenge, pour résumer le
propos du danseur chorégraphe Roderick
George. Tout est mouvement, depuis le
nombre dynamique impair des danseurs, à
l’énergie inépuisable qui les anime, dans une
écriture qui ne cesse d’inventer de nouvelles
formes, conjuguant partition musicale et grammaire chorégraphique. Pas de mime ou de
redondance, dans cet univers de poésie totale,
spirituelle et étrange, baigné des lumières
de Tanja Rühl.
Le 26 avril 1986, la plus grande catastrophe
nucléaire de l’histoire avait lieu à Tchernobyl.
Le 27 avril prochain, quasi date anniversaire,
sera donné au Théâtre Vitez Ce quelque chose
qui est là, d’après le texte d’Antoine Choplin, La nuit tombée. Gouri veut retourner
à Pripiat, dans la zone interdite, en chemin il
s’arrête chez Iakov et Véra… des mots, de la
vodka… de quoi rendre humble et humain
ce qui nous dépasse, dans une perspective
à la Günther Anders. Une pièce forte autant
que faussement simple, portée par l’Équipe
de création théâtrale de Grenoble, dans
une mise en scène de Chantal Morel.
19 au 21 mai
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
27 avril
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
Dust
47
La Chapelle Sextine
La fin du monde
est pour dimanche
L’école des femmes
28 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
4 mai
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Alcools
Peau d’âne
L’Homme qui plantait
des arbres
© Jean Reverdito
© Théâtre du Maquis
Ils sont quatre de la Cie Hangar Palace et
interprètent tous les rôles du conte de Perrault,
mâtiné de comédie musicale avec les chansons
de Jacques Demy. Quatre (Christine Gaya,
Cathy Ruiz, Julien Asselin, Jean-Louis
Kamoun), mis en scène avec un humour
décapant par Caroline Ruiz. Infidèle fidélité
au texte sur le mode jubilatoire, délicieusement iconoclaste, qui établit d’emblée une
complicité malicieuse avec le public. Les
acteurs sont inénarrables de verve comique,
la scénographie follement inventive… (lire
chronique sur journalzibeline.fr)
29 avril
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
© Franck Moreau
2 & 3 mai
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
ATP d’Aix
04 42 63 46 22 atp-aix.net
La joyeuse troupe de Ma Compagnie s’attache à un sujet gravissime, posé en trois
brûlantes questions : Qu’est-ce que le sexe ?
Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la
vie ? Le spectacle tient absolument à ne pas
apporter de réponse. La négative étant déjà
un point certain, treize hommes et treize
femmes (les superstitieux s’abstenir !) se
croisent dans un rythme endiablé, chacun
en rencontrant six autres. Le texte d’Hervé
Le Tellier, origine de la Sextine, est mis en
scène avec un brio jubilatoire par Jeanne
Béziers, Michel Ange du verbe, qui en a aussi
composé les chansons. Immanquable ! (lire
chronique sur journalzibeline.fr)
Le Théâtre du Maquis aime les paris fous,
et Apollinaire. Avant de s’attacher à la correspondance du poète à la tête étoilée, avec Et
l’acier s’envole aussi, il avait déjà mis en scène
le recueil Alcools. Reprenant la formule de
Vitez, « faire du théâtre de tout », Pierre Béziers
rappelle sa découverte du pouvoir des mots
d’Apollinaire, « la poésie n’est pas une chose
que l’on écoute. C’est une chose qui agit ».
Pierre Béziers et Florence Hautier vivent
et font vivre ces textes qui fondent la poésie
contemporaine, sur des musiques de Martin
Béziers (lire chronique sur journalzibeline.fr).
6 mai
Maison du Peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Le spectacle « existentiel » et surréaliste de
François Morel est à son image, léger, malicieux, élégant et très drôle. Sa prose s’amuse
des genres, parle du temps qui passe, de la
mort comme fin inéluctable, d’amour, de
bonheur… Des sujets sérieux qu’il aborde
au fil de saynètes dans lesquelles il fait exister
une galerie de personnages en prise avec
leurs rêves, leurs craintes, leurs espoirs. Des
fragments de vie comme autant d’instantanés
poétiques.
Amoureux de sa région, la Haute-Provence,
le berger Elzéard Bouffier a trouvé « un formidable moyen d’être heureux » : planter
quotidiennement, en un rituel immuable, des
glands pour reboiser ce territoire totalement
désertifié. Des milliers d’arbres vont germer et
grandir, entraînant des réactions écologiques
en chaîne… Sylvie Osman, Cie Arketal,
adapte et met en scène le roman de Jean
Giono, avec les marionnettes à gaine chinoise
de Greta Bruggeman, instillant l’idée que
chacun peut agir pour le bien de tous de
façon complètement désintéressée.
© X-D.R
© JC Bardot
© X-D.R
Il y a un éternel petit chat qui est mort, une
pièce en cinq actes et en vers, inscrivant par
sa forme le dépassement de la simple farce.
La pièce de Molière reste par bien des façons
d’une troublante actualité, portée par la magie
du rythme de ses rimes. Le décor se pare de
lampions de fête populaire… Les comédiens
du Théâtre National Populaire et des
Tréteaux de France unissent leurs talents
sous la houlette de Christian Schiaretti.
30 avril
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
48 au programme spectacles
bouches-du-rhône
Le Petit prince
Retour à Reims
Hyacinthe et Rose
Super Elle
La Cie Théâtre L’articule poursuit le travail
sur la technique du livre animé, initié dans
son précédent spectacle Pop-Up Cirkus, en
approfondissant le dialogue de l’aplat et du
volume. Dans Super Elle, elle aborde le monde
des super héros ainsi que le thème difficile
de la maladie, par le biais de l’histoire de Lisa
qui reçoit pour son anniversaire une panoplie
de super héroïne, et qui va ainsi pouvoir faire
face à la maladie de sa maman. L’immense
livre pop-up, avec ses dessins dépliés en trois
dimensions, devient le décor du spectacle
puis espace de jeu et de circulation pour
Fatna Djahra et Jacques Douplat, les
deux marionnettistes qui accompagnent Lisa
avec beaucoup de sensibilité.
18 mai
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
© Simon Gosselin
30 avril
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
6 au 14 mai
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Les Pieds tanqués
Occident
Le texte de Rémi de Vos est bref, cinglant,
incisif, cru et direct. Chaque soir, un couple
ordinaire en crise se déchire à coups d’insultes,
dans un incessant va-et-vient horriblement
drôle. De ce combat de boxe où les mots
remplacent les poings, émerge une banale et
terrifiante montée du racisme ordinaire, quand
l’Autre effraie au point de faire de la haine et
de l’extrémisme un discours quotidien. Au
service de cette comédie noire et grinçante,
Valérie Bauchau et Philippe Jeusette
sont éblouissants.
13 mai
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39
theatre-semaphore-portdebouc.com
Dans son récit autobiographique, le philosophe
Didier Eribon raconte comment, après la
mort de son père, il retourne à Reims, sa ville
natale, et retrouve sa mère. Il s’était radicalement éloigné de son milieu d’origine, ouvrier,
justifiant cette distance par le rejet de son
homosexualité dans sa famille… avant de
réaliser que c’est la honte sociale qui l’aura
fait fuir, lui, le brillant intellectuel gay dont
la réussite parisienne est patente. Laurent
Hatat adapte cette « pensée en action », cette
brillante analyse qui fait s’interroger sur le
déterminisme social.
© Michel Calmon
11 mai
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
29 avril
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39
theatre-semaphore-portdebouc.com
Quatre joueurs de pétanque -un Pied Noir, un
Français d’origine algérienne, un Provençal
de souche et un Parisien- se retrouvent, s’opposent, livrent leur vérité, chacun avec une
déchirure secrète et un lien avec la guerre
d’Algérie. La Cie Artscénicum les unit au-delà
de la simple partie de boule, pour évoquer,
avec respect, les blessures de l’exil, de la
culpabilité, des rancœurs, et des pardons.
© Emilie Lauwers
Est-il encore besoin de présenter le conte
initiatique et humaniste d’Antoine de Saint
Exupéry ? Chacun a en tête les dessins de
l’auteur qui illustrent l’ouvrage, personnage
à jamais identifié blanc et blond… Dans la
version que met en scène Stella Serfaty, le
petit prince est noir (Nelson Rafaëll Madel),
qui vient bousculer nos aprioris sur l’œuvre, et
ainsi prouver que « l’être intérieur n’a pas de
couleur ». L’aviateur blanc (François Frapier)
et le petit prince cohabitent, et au-delà des
apparences sont une seule et même personne.
© Manuelle Toussaint, Starface
© X-D.R.
Ils sont mariés depuis quarante-cinq ans,
ensemble depuis toujours, mais ne s’entendent
sur rien. Ou presque rien. Une seule chose unit
Hyacinthe le coco bouffeur de curé, et Rose
la catho et fière bigote : l’amour des fleurs.
François Morel se souvient des vacances
passées auprès de ses grands-parents et
dresse le portrait tout en délicatesse de leurs
« vies minuscules », faites de petits bonheurs
et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie.
17 mai
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21 scenesetcines.fr
3 mai
Théâtre Durance, Château
Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
49
Comment moi je ?
La Nuit des rois
Ce sont ses propres souvenirs qu’a interrogé
Guy Alloucherie pour se mettre en scène
dans cette conférence joyeuse et poétique :
fils de mineur, il a grandi dans le bassin minier.
C’est son enfance modeste mais heureuse qu’il
revisite, une époque où le charbon était roi…
Entre photos de famille et images filmées, il
remonte le cours de l’histoire pour présenter
une mémoire intime aux accents universels.
L’Épiphanie, ou Nuit des Rois, était aussi
appelée « fête des fous » dans la Rome antique,
où culminait le désordre festif. Shakespeare,
dans cette comédie échevelée, fait exploser les
genres, et offre une variation vertigineuse sur
le désir. Clément Poirée, avec sa brillante
et énergique troupe de comédiens, livre une
adaptation judicieusement dosée entre farce
et pochade.
© Fabien Debrabandere
La Brique
04 42 11 01 99
© Nolwenn Brod
30 avril
La Croisée des arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
Valser
© Julien Lemore.
© Philippe Houssin
La pièce de la Cie Mises en capsules, mise
en scène par Alexis Michalik, nous invite
à relire l’Histoire, la nôtre, au travers d’un
feuilleton à la Dumas, un périple à travers
le temps qui mêle personnages célèbres
et illustres inconnus. Cinq comédiens, sur
un plateau nu, nous entraînent dans une
quête vertigineuse à travers l’histoire et les
continents par le biais des écrits d’un carnet
mystérieux…
Avec son théâtre d’objets, Christian Carrignon prouve que « Le petit théâtre a les
mêmes droits que le grand théâtre », dans
une mise en scène qui entremêle l’œuvre
de Shakespeare avec des réflexions sur sa
vie d’artiste. Aidé de Paolo Cafiero, qui
transforme les jouets/chevaux-soldats-forêt-château en ombres chinoises, il mêle
le texte à ses propres émotions, dans une
fascinante déclaration d’amour au théâtre !
04 42 11 01 99
26 avril
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
28 avril
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Je serai Macbeth
Le Porteur d’histoire
04 42 11 01 99
04 42 56 48 48
14 mai
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
04 42 56 48 48
27 avril
Théâtre Durance, Château
Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
30 avril
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
3 mai
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
04 42 11 01 99
10 mai
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
21 mai
Théâtre de Fos
scenesetcines.fr
Le Ballet du capitole de Toulouse revient
à l’Olivier avec une pièce chorégraphique de
Catherine Berbessou, qui est une ode au
tango. Huit danseurs, quatre couples, s’emparent avec fougue de cette danse sauvage
dans un tourbillon de terre ocre qui évoque une
arène ou un ring. Enlacements, contorsions,
corps à corps structurent et renouvellent le
langage très codifié de cette danse populaire
pour en dégager la puissance phénoménale.
© David Herrero
© Jeremie Bernaert
Bric à Brac est une petite fille qui vient de
naître, seule au monde. C’est en cherchant son
chemin dans l’existence qu’elle apprendra qui
elle est et trouvera son chemin. La compagnie
Tourneboulé questionne le monde qui nous
entoure en creusant le sillon de la philosophie,
pour construire sa pensée et aider à grandir.
04 42 56 48 48
30 avril
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
50 au programme spectacles
bouches-du-rhône
Sganarelle ou
la représentation imaginaire
Les Filles aux mains jaunes
© Pierre Planchenault
Tomber sur un livre
04 42 56 48 48
© Bruno Mullenaerts
Inspirée de la première comédie en vers de
Molière, Le Cocu imaginaire, cette pièce met à
l’honneur ce savoureux personnage récurrent
dans l’œuvre de l’auteur, qui est ici un mari
jaloux qui croit que sa femme le trompe…
suite à une série de quiproquos savoureux
qui amèneront tous les protagonistes à se
croire cocus ! La version gaiement décalée
de Catherine Riboli bouscule les codes, et
transforme les spectateurs en complices ravis !
Pataruc est un clown innocent qui passe
sa vie sur un arbre… jusqu’au jour où la
fée Caractos le bouscule et qu’il tombe sur
un livre qui l’avale ! Au cœur d’une forêt
légendaire, une aventure fantastique va le
conduire jusqu’à la princesse protectrice des
arbres qu’il devra délivrer… Lionel Jamon
et Sandrine Bernard revisitent quelques
figures mythologiques des contes pour enfants,
en chantant et dansant !
18 mai
L’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
© Daniel Jourdanet
Quand nous rêvions que les
hommes et les femmes…
Cette œuvre du Dynamo Théâtre, mise en
scène par Joëlle Cattino sur un texte de
Michel Bellier, éclaire un angle particulier
de la Grande Guerre : les prémices d’une
émancipation féminine qui se structure par le
biais des luttes des ouvrières -du droit de vote
à l’égalité des salaires- qui manipulaient la
poudre de TNT dans les usines de fabrication
d’obus. Une merveille de théâtre ! (lire notre
critique sur journalzibeline.fr).
29 avril
Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis
04 42 48 52 31 scenesetcines.fr
29 avril
Espace Pièle, Cornillon-Confoux
04 90 55 71 53 scenesetcines.fr
© X-D.R.
Sous nos pieds
Pour Catherine Lecoq, comédienne et
militante féministe, parler de l’éducation non
sexiste et non violente était une nécessité
absolue. Des jouets aux contes de fées, du
prince rêvé au mari assassin, la pièce dénonce
avec humour et subtilité les discriminations et
humiliations sexistes, ainsi que les agressions
physiques, morales, que subissent les femmes
quotidiennement en France.
Quand nous rêvions que les hommes
et les femmes seraient égalEs
20 mai
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
Block
Deux compagnies britanniques, NoFit State
Circus et Motionhouse, mêlent leurs pratiques artistiques, le cirque et la danse, pour
explorer physiquement et artistiquement
20 « blocs de béton ». Elles présenteront leur
spectacle en avant-première au Citron Jaune,
suite à une résidence de création. À noter
que la Cie NoFit State Circus propose deux
ateliers freerun aux jeunes Saint-Louisiens à
partir de 14 ans, les 27 et 30 avril.
30 avril
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis
04 42 48 40 04 lecitronjaune.com
Jeune compagnie lyonnaise, le blÖffique
théâtre crée des formes théâtrales contemporaines dans des espaces publics pour en
donner une autre lecture et laisser les spectateurs s’approprier des faits imaginaires. Sous
nos pieds sera un spectacle déambulatoire
reposant sur le déclenchement d’une rumeur :
« entre mythologie et utopie, une histoire rêvée
du territoire remonte à la surface » et des
découvertes fantasmagoriques amèneront un
groupe de chercheurs, le Berg, à intervenir…
20 & 21 mai (sorties de chantier)
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis
04 42 48 40 04 lecitronjaune.com
bouches-du-rhône
gard
spectacles au programme
51
Le Fond de l’air effraie
Duo Bonito
Julie Duclos et sa Cie L’In-quarto rendent
hommage au réalisateur Jean Eustache, et
à son film La Maman et la putain, en interrogeant à nouveau les utopies privées et les
rapports amoureux non conventionnels. Loin
des silences installés par Eustache, la jeune
metteure en scène et le scénariste Guy-Patrick Sainderichin créent des dialogues
emprunts d’humour qui font se demander
aux cinq personnages comment concilier
idéaux et pulsion de vie.
Les « chansons à risque de dérapages clownesques » du Duo Bonito, échappé de la
bande des Nouveaux Nez, sont à savourer
sans modération hors les murs de l’Alpilium,
dans l’ambiance festive de l’aérodrome de
Romanin. Proposés par l’aéroclub, les ateliers et
démonstrations d’aéroplane viendront parfaire
le tour de chant proposée par la fougueuse
Raquel, accompagnée par l’homme-orchestre
Nicolas, qui dressent une sorte d’inventaire
musical à la Prévert. Un couple de choc,
burlesque et touchant.
04 90 52 51 51
26 & 27 avril
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
04 90 52 51 51
13 mai
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Le goût du faux
et autres chansons
© Siegfried.
© Milan Szypura
Au Japon, certains individus, des adolescents
pour la plupart, vivent cloîtrés dans leur
chambre et refusent toute communication,
incapables de montrer le moindre intérêt pour
le monde réel. C’est le cas du jeune Nils, qui
vit le casque vissé sur les oreilles, dans sa
chambre. Par un inventif dispositif scénique,
Joris Mathieu crée une fiction qui prend la
forme d’une aventure subjective et propose
trois histoires différentes, trois versions, selon
le point de vue entendu, celui du père, de la
mère et de l’enfant.
04 90 52 51 51
20 mai
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
mairie-saintremydeprovence.fr
L’Homme de boue
Hikikomori - Le refuge
3 & 4 mai
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Dans son troisième spectacle, Sophia Aram
continue à déployer avec talent son humour
corrosif pour lutter contre la bêtise ambiante.
De son écriture affûtée, elle s’interroge sur l’état
d’un débat public traversé par des idéologies
et une actualité parfois dramatique, et fait
plus que jamais montre d’une liberté d’expression sans concession pour décortiquer
les comportements de notre époque.
Sur une piste de terre circulaire, le jongleur,
danseur et comédien Nathan Israël nous
plonge dans un voyage sensoriel à travers
cette matière première dont il s’extrait. Il est
l’Homme de boue qui tente de se redresser,
lutte pour s’élever, se tenir debout ; il jongle
avec des massues très aériennes, malaxe et
lance la terre argileuse qui le constitue, sans
dire un mot. De ces mouvements charnels
et troublants qu’accompagne la finesse des
mots de Claude-Louis Combet naît un
spectacle fascinant et poétique.
19 & 20 mai
Église des Frères Prêcheurs, Arles
04 90 52 51 51 theatre-arles.com
Portée par Jeanne Candel, cette joyeuse
bande de comédiens-musiciens-chanteurs
fédérée en collectif (Cie La Vie Brève) est
une figure emblématique de la nouvelle vague
française. Artistes surdoués à la fantaisie
vivifiante, ils philosophent, et improvisent,
sur les origines du monde et cuisinent à
leur manière la formation de l’univers. Un
spectacle hybride en forme de cadavre exquis
théâtral qui mêle avec le plus grand sérieux
une succession de séquences, passant de la
musique baroque à la mélancolie des insectes,
de la peinture flamande à la saveur des sorbets
à la fraise…!
© Jean-Louis Fernandez
© Pierre Sautelet
© Nicolas Reitzaum
Nos serments
04 66 36 65 10
3 mai
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
52 au programme spectacles vaucluse
À quoi rêvent les Fishsticks
Le metteur en scène libanais Nabil El Azan
adapte la pièce de l’auteure québécoise Evelyne de la Chenelière : une chronique de la
névrose ordinaire et de la solitude dans laquelle
deux personnages, voisins de palier, s’épient,
s’observent mais n’osent jamais s’aborder…
jusqu’au jour où… Des Chinoiseries portées
par Christine Murillo et Jean-Claude
Legay, respectivement Mme Potée et M.
Chiton, un couple de quinquas complexés
qui devra apprendre à communiquer « en
empilant les situations ubuesques ».
© X-D.R
Remarquables d’audace et d’aisance, les six
comédiens dirigés par le metteur en scène
François Rancillac font résonner superbement la langue flamboyante de Corneille.
Dans cette comédie, énergique, insolente, aux
quiproquos et rebondissements étourdissants,
voire parfois révoltants, le scénario romanesque
de l’auteur classique apparaît dans toute sa
surprenante modernité. Autour d’Alidor et
Angélique qui s’aiment (trop ?) follement,
d’autres histoires d’amour se greffent pour
débattre d’identité, d’altérité et de liberté.
Chinoiseries
© iFou pour Le Pole media
3 mai
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
© Maxime L’Anthoen
Fleisch
En partenariat avec le Vélo Théâtre, dans le
cadre du dispositif Tridanse, La Garance
accueille cette étonnante pièce chorégraphique, librement inspirée du livre d’Horace Mc
Coy, On achève bien les chevaux, qu’adapta
Sydney Pollack en 1969, sur les impitoyables
marathons de danse auxquels participaient
jusqu’à l’épuisement des couples pour survivre,
en pleine crise économique des années 30
aux États-Unis. Des comédiens professionnels
et des amateurs du territoire participent à ce
Marathon de danse d’aujourd’hui, dans la
crise européenne actuelle, où performance et
improvisation nourrissent la partition écrite
par Pauline Laidet. Quelle résistance
aujourd’hui face à la déshumanisation et à
la compétition ?
18 mai
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
11 et 12 mai
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Un temps de vie
Soirée caritative au profit de l’association
L’Enfance de l’Art au Théâtre des Halles,
en soutien aux enfants atteints du syndrome
de Little (nés prématurément). Sur une idée
originale de Jean Robin, Raymond Roux
lit des textes poétiques japonais qui retracent
la vie d’un homme ordinaire qui cherche à
se faire un nom à travers l’écriture.
Conte écologique et futuriste pour les enfants
entre 4 et 8 ans par la compagnie bruxelloise
Madame Véro. Couramment utilisée en
Belgique, l’appellation « Fish stick » désigne en
anglais le bâtonnet de poisson pané aggloméré.
En y mêlant l’évocation du 7e « continent de
plastique » (phénomène décrit comme une
immense plaque de déchets polluant le nord
de l’océan Pacifique), la pièce, ludique et
inventive, est aussi, par sa fabrication à partir
du recyclage, une ode aux possibles et à la
force de l’imagination. Sortie de résidence,
en entrée libre sur réservation.
23 avril
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
Ressacs
Un rendez-vous complice entre le Vélo Théâtre,
le Théâtre des Doms et La Garance (réservations à la Scène nationale) autour du génial
théâtre d’objets de (et par) Agnès Limbos
et Gregory Houben. En donnant vie et sens
à des objets manufacturés que manipule un
couple qui vient de tout perdre, même son
chien, et qui recompose un monde miniature
pour interroger le mode de vie consumériste
auquel aspire (ou non) l’Homme, les deux
comédiens bâtissent « une fable contemporaine
éclairante sur ce que nous sommes devenus,
nous frères humains ». Grinçant, poétique,
politique !
19 mai
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
© Alice Piemme
© Christophe Raynaud de Lage
La place royale
12 mai
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
53
Festival Émergence(s) #6
Vaille que vaille, le Festival Émergence(s),
organisé par Surikat Production, poursuit sa
route à la découverte des artistes prometteurs,
nombreusement issus de la région Paca mais
pas uniquement, reçus pendant 10 jours à
Avignon (et à la Chartreuse, avec La soucoupe
et le perroquet montée par l’ERAC). Pour cette
6e édition, le ton sera donné avec le théâtre
immersif de la Cie du Libre Acteur et Clémence Demesme : le public fera l’expérience
de l’invisibilité en « vivant » l’intimité d’un
couple (Fabrik’Théâtre). Autre proposition
« déjantée » sur le Parking des Italiens, avec
SOAF dansé par Oxyput Compagnie, suivi
par un concert de Les The Closh. Danse
encore (à partir d’un texte de Mathias Enard)
avec Europe Endless par le collectif nantais
Étrange Miroir (Golovine). Beaux coups
de théâtres avec Le chemin des passes dangereuses sur l’intimité masculine fraternelle
(Halles), Rature par Les Points sauvages
(Artéphile), le théâtre mouvementé à suivre de
près des Corps de Passage dans Trouble(s)
(Doms), et des Cordes Pas Sages dans Enfin
la fin ! de l’Autrichien Peter Turrini (Carmes).
À l’Entrepôt, deux propositions nocturnes
autour de la poésie de Koltès et de l’auteure
Nathalie Yot. Clôture musicale à l’Ajmi avec
Ashkabad et R-DuG. Et tout cela à petits
prix ou en participation libre… Chapeau !
© Clémence Demesme
Karl Marx le retour
Tintinnabulle
Tintinnabulle… en voilà un joli nom pour le
dernier Mercredi des Bambini de la saison,
au Théâtre Golovine. Dès 2 ans, les enfants
sont invités à suivre l’univers de Bulle qui
dort encore au creux de son petit monde, où
rien n’est encore droit, et où les lendemains
changent tout. Signé par la compagnie l’Estafette, ce spectacle ingénieux tout en candeur
et délicatesse, avec ses boites à malices et
son théâtre d’ombres, évoque la place faite à
l’enfant. Et lui ouvre les portes de la poésie !
© Christiane Robin
Foutue guerre
Hommage aux grands hommes et remède
contre l’oubli, la pièce de Philippe Forget,
Foutue guerre, est une prise de conscience sur
un épisode particulièrement dramatique de la
grande guerre et sur l’histoire de la résistance.
Menée tambour battant par trois comédiens
de la compagnie Le jeu du hasard, qui nous
racontent le courage exemplaire d’un petit
contingent militaire dirigé par le commandant
Raynal combattant jusqu’à l’épuisement au
fort de Vaux, en 1916. Une démonstration de
l’héroïsme, capitale.
27 avril
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
Sous les traits d’Ivan Romeuf, très inspiré
par son illustre personnage, Karl Marx revient
sur terre pour défendre ses idées, loin d’être
désuètes, dans une ultime leçon de philosophie... Un one man show qui transforme le
père du Capital en personnage de fiction et
bénéficie de l’humour et des profondeurs de
vue de l’historien américain Howard Zinn,
auteur du texte. Une farce truculente qui
n’est pourtant pas qu’une fantaisie, portée
par le Théâtre de l’Egregore.
Troubles
© Jean-Bernard Vincens
04 90 85 00 80
6 au 15 mai
Divers lieux, Avignon et
Villeneuve-les-Avignon
09 82 52 43 69
emergences-festival.com
29 et 30 avril
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
12 mai
Théâtre Benoit XII
ATP, Avignon
04 86 81 61 97
En partenariat avec La Garance et le théâtre des
Doms, le Vélo Théatre accueille la compagnie
belge La Gare Centrale, emmenée par la
poésie d’Agnès Limbos et la trompette de
Gregory Houben (voir également la pièce
Ressacs, accueillie aux Doms le 12 mai, p.
52). Avec son théâtre d’objets miniatures, et
son imagination débordante, mis en scène
par Sabine Durand, le duo nous emmène
de tout son humour pince-sans-rire dans
l’histoire d’un couple de tourtereaux dont le
monde chavire. Entre l’ennui et le désamour…
sauveront-ils leur mariage ?
10 mai
Vélo Théâtre, Apt
04 90 04 85 25 velotheatre.com
54 au programme spectacles vaucluse
alpes
var
Salon du Livre en pays d’Apt
Le préambule des étourdis
© Jean-Francois Gaultier
Résister, crier, murmurer, donner de la voix
pour mieux entendre et provoquer ce qui
vient, c’est le moment ! « Engageons-nous-en
littérature » : l’injonction du 5e Salon du Livre
en pays d’Apt souligne la pertinence de la
soirée organisée au Vélo Théâtre par les Cris
Poétiques dont les deux invités (Bernard
Noël, grand parmi les grands et Florence
Pazzottu, poète-vidéaste à l’expression
ouverte) font œuvre de leur relation vive au
monde. De liberté, de désir, d’éveil et de partage
il sera question. Il faut en être !
100 % Shakespeare : Gilles Cailleau livre une
performance de comédien époustouflante au
plus près de l’intime. Le comédien parcourt à
lui tout seul les 37 pièces de l’auteur britannique. Acrobate, musicien, mime, l’interprète
virtuose est tour à tour Hamlet et Macbeth,
Roméo ou Juliette, Othello puis le Roi Lear,
endossant l’histoire (et la roulotte) d’un vieux
comédien passionné par le dramaturge anglais.
Un tour de force de la Cie Attention Fragile pour un spectacle ludique, instructif et
inoubliable, à voir en famille ! (lire chronique
sur journalzibeline.fr)
© Danica Bijeljac
Bernard Noël © X-D.R.
Le tour complet du coeur
20 mai
Vélo Théâtre, Apt
04 90 04 85 25 velotheatre.com
04 92 52 52 52
Adaptée librement de La petite casserole
d’Anatole d’Isabelle Carrier, la création
d’Estelle Savasta s’est nourrie d’une
immersion en milieu scolaire pour recueillir
les témoignages d’enfants sur le sujet du
handicap et de la différence. On trimballe
tous des casseroles secrètes et bien cachées
derrière nous, une rencontre suffit parfois
à les rendre un peu moins lourdes. Autour
d’Anatole, un peu différent certes et tellement
attachant, et de son amie Miette, fragile et
volontaire, se noue une leçon de vie, d’amitié
et de solidarité. Dès 7 ans.
04 92 52 52 52
11 mai
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
26 au 30 avril
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Pourquoi la hyène
a les pattes inférieures
Montagne
Le titre entier de la pièce composée par la
compagnie Seydou Boro est interminable…
mais vaut le détour (de jeu) : Pourquoi la hyène
a les pattes inférieures plus courtes que celles
de devant et le singe les fesses pelées ? Effectivement, on peut se poser la question ? Ce
conte burkinabé est magnifiquement transposé
ici en ballet par le chorégraphe Seydou Boro.
Cinq danseurs masqués et un griot (féminin !)
composent ce carnaval des animaux comme
une petite leçon de vie. Dès 4 ans.
11 mai
Théâtre Durance,
Château-Arnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
© Quillardet
Ciné-spectacle proposé par la compagnie La
Cordonnerie qui rapproche et chamboule le
conte originel de Blanche neige, transposé en
1989 dans une cité HLM, avec la chute du mur
de Berlin, comme celui dressé entre les deux
héroïnes. L’histoire filmée et le jeu théâtral se
conjuguent à merveille, les bruitages, sons et
1001 trouvailles s’y mêlant avec une poésie
remarquable pour servir cette délicate histoire
relationnelle à fleur d’humanité. Dès 10 ans.
© La Cordonnerie
© L. Pappens
Blanche neige
ou la Chute du mur de Berlin
04 92 52 52 52
3 mai
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
Pour concevoir ce nouveau rendez-vous des
Curieux de Nature initiés par La Passerelle,
Thomas Quillardet a arpenté les monts et
vallées du Gapençais et à 10 000 km de là,
sur l’île d’Honshu dans les Alpes japonaises !
Il en a ramené un carnet de bord faits de
témoignages et de sensations, et en a tiré le
socle dramaturgique de sa future création. Un
rendez-vous imaginé entre trois promeneurs,
dans lequel les histoires surgissent mêlant
réalité et fantastique, auquel vous convie
la Scène nationale des Alpes du Sud… en
pleine nature !
04 92 52 52 52
13 mai
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
55
© Jean Paul Fermet-Cie Antipodes 2014
La femme en chantier
Ma vie de grenier
27 au 30 avril
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
04 92 52 52 52
19 au 28 mai
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
3 mai
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
3 mai
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
13 & 14 mai
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
theatre-du-brianconnais.eu
Franito
Bêtes de foire
© Lionel Pesque
Coloriage
Lune, Colorin et Larmélie sont les trois protagonistes de ce livre d’images proposé par la Cie
La Locomotive, dont on tourne les pages avec
délices. Créativité, légèreté, fantaisie… tout est
là, dans une danse contemporaine où liberté et
espièglerie composent une série de saynètes
drôles et poétiques. Un spectacle en forme
de pop-up chorégraphié et scénographié par
Yan Giraldou, accompagné d’Amélie Port
et Yui Mitsuhashi, trois danseurs issus de
l’École supérieure de danse Rosella Hightower
à Cannes, accessible dès 4 ans.
Programmé pendant la pause déjeuner
artistique au bar du Théâtre Liberté, voyage
d’une rive de la Méditerranée à une autre
en compagnie de la chorégraphe Myriam
Benharroch et ses danseuses. Grâce aux
mélodies issues du répertoire judéo-espagnol, arabo-andalou et oriental jouées par
un quatuor, l’esprit d’Al Andalous traversera
durant une heure le hall du Théâtre.
© X-D.R.
Parcours chorégraphique déambulatoire
proposé par la compagnie Antipodes.
Suivez ces femmes qui dansent, plus singulières qu’elles ne paraissent, dans des lieux
inattendus, un lavomatic, un coin de trottoir
ou un magasin… À l’affût des stéréotypes
sur la « femme parfaite », des indices vous
inviteront à vous jouer des lieux communs
et à rencontrer des danseuses qui bousculent
les clichés ! Déconseillé aux moins de 15
ans. Avant le spectacle, restitution d’ateliers
intergénérationnels sur la mémoire, menés
par la compagnie.
D’une rive à l’autre
Le comédien Patrice Thibaud et le danseur
Fran Espinosa mêlent danse, musique,
théâtre… mais aussi Louis de Funès, tablao
incandescent et humour, pour livrer un
nouveau spectacle inspiré du Flamenco et
traversé par le burlesque. S’y raconte l’histoire
d’une mère étouffante et de son fils, qui se
réfugie dans sa passion pour le flamenco en
transformant sa petite cuisine andalouse en
grand plateau de théâtre. Un duo inventif,
drôle et extravagant, visible à partir de 7 ans.
Dans un esprit nomade, Laurent Cabrol
et Elsa de Witte ont dressé un chapiteau
à leur mesure et font briller de mille feux
leur piste aux étoiles. Au centre, un couple,
énigmatique : l’homme, un clown-circassien
sans âge, manipule des objets aux qualités
étonnantes ; la femme, une costumière-comédienne un peu magicienne sur les bords,
rafistole des marionnettes. Ils recréent un
cirque de quartier, bricolé, ingénieux, où les
vieux habits et les matériaux recyclés donnent
lieu à une immense poésie du miniature.
Des bêtes de foires qui naissent à partir de
l’absurde, absolument attachantes.
27 au 29 avril
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
© Jean-Louis Duzert
© Marie-France Pernin, Carnage Productions
« J’y suis, j’y reste », telle est la devise de Gaëtan Lecroteux, un personnage tragiquement
comique que campe une figure des arts de la
rue Stéphane Filloque, venu s’installer à la
meilleure place pour participer à un vide-grenier… une semaine à l’avance. Afin d’y liquider
ses vieilleries, il dresse l’inventaire de sa vie en
enchaînant les péripéties, et nous fait passer
du rire aux larmes. Une performance drôle
et sensible présentée en itinérance dans les
villages, à partir de 8 ans.
3 & 4 mai
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
56 au programme spectacles var
Oreste aime Hermione qui
aime Pyrrhus…
La pièce fétiche du chorégraphe Jean-Claude
Gallotta, après avoir parcouru le monde depuis
1985, avait été enrichie en 2002 d’éléments
narratifs pour être accessible au jeune public.
Voici revenue sur scène la tribu hétéroclite
des Mamammes, toute de shorts vêtue, pour
des tribulations pittoresques et joyeuses,
emmenée par un frétillant lutin conteur. Un
retour à l’enfance et un accès ludique à la
danse contemporaine sonnant comme un
hymne à la différence et à la fraternité. À
partir de 6 ans.
© Guy Delahaye
Sur fond de révolution égyptienne, créé en 2013,
le spectacle de François Cervantes fait se
rencontrer culturellement les deux rives de la
Méditerranée, de Marseille au Caire. Joué en
français et en arabe, par deux artistes de la
scène indépendante égyptienne, Hassan El
Geretly et Boutros Raouf Boutros-Ghali,
qui nous font entendre leur désir de survie en
mêlant intime et Histoire. En scène, deux amis,
l’un en costume cravate, l’autre visiblement
plus clownesque, qui se retrouvent et tentent
de dialoguer alors que dehors la révolution
gronde…
L’enfance de Mammame
12 & 13 mai
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
10 mai
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
© La Palmera
© Christophe Raynaud De Lage
Le prince séquestré
L’intrigue d’Andromaque (quasiment) résumée
en un titre ? Avec cette parfaite adaptation
des vers de Racine, dans une version ludique
et audacieuse portée par deux comédiens
formidables, le Collectif La Palmera réussit
en tout cas à passionner son auditoire autour
de cette chaîne amoureuse inoubliable…
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui
aime Andromaque qui aime Hector qui est mort
27 avril
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Mini marathon Fragile
Dom Juan
© Vincent Hanotaux
14 mai
GTP, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Inséparable tandem créatif, Nicolas Bouchaud (dans le rôle-titre) et Jean-François Sivadier (à la mise en scène) sont à
nouveau réunis autour de Molière, pour le
meilleur pressent-on, en compagnie de ces
deux monstres sacrés du théâtre. Alors que
le comédien récompensé incarne le séducteur
invétéré, blasphémateur devant l’éternel,
Sganarelle est joué par l’excellent Vincent
Guédon, une autre promesse de réussite.
« El pueblo unido jamás será vencido ! » À
l’heure des manifs contre la Loi Travail et
tandis qu’essaiment les Nuits Debout un
peu partout en France, voici un spectacle qui
tombe à point ! Véritable héritage populaire,
les chants et textes révolutionnaires, de lutte
ou de résistance, imposent leurs rythme. Eric
Lacascade à la mise en scène, David Lescot
à la direction musicale et Norah Krief à l’interprétation, se plongent dans les tourments
de l’histoire, en forte résonance avec l’actualité.
© Brigitte Enguérand
© Brigitte Enguérand
Revue Rouge
26 au 30 avril
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
20 & 21 mai
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
Un spectacle, ça va. Trois, bonjour le régal !
Gilles Cailleau, et sa troupe Attention
Fragile, convie ses complices Les Presque
Siamoises pour offrir ce petit marathon de
théâtre et de cirque. Partenaires depuis 2009,
les deux compagnies proposent trois formes
courtes : Tor, conte pour petits et grands,
Bertha et Miranda, tout en humour et poésie,
et D’ébauche, où les contorsions des siamoises
Flora Le Quémener et Sophie Ollivon
s’enchaînent en musique.
23 avril
Théâtre Marelios, La Valette-du-Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
57
Tempus fugit ?
Des milliards d’humains sur la terre, et moi,
et moi et moi ? C’est un peu la question
que posent les trois personnages de cette
« comédie existentielle joyeusement baroque ».
La compagnie québécoise Le Clou interroge
notre gourmand rapport au monde, contrarié
par la nécessité de préserver notre intimité.
Samuel Côté, Florence Longpré et Pascale Renaud-Hébert sont les interprètes
touchants du texte de David Paquet. Conseillé
à partir de 14 ans, le spectacle est mis en
scène par Benoît Vermeulen.
Attention, ces dates sont à cocher en rouge
sur les agendas ! Pour clore sa saison, le Carré
de Sainte-Maxime recevra le Cirque Plume
pour quatre soirées exceptionnelles. Renouvelant l’art du cirque depuis 30 ans, les artistes
présenteront leur spectacle puis se joindront
au public pour une fête « en famille ». Pendant
et après le tour de piste, trapézistes, clowns
et jongleurs entraîneront les spectateurs dans
leur univers féerique et poétique.
© Nathalie Hervieux
Appels entrants illimités
Quand le diable s’en mêle
Silence
© Yves Kerstius
Élise et Jean ont vécu ensemble 65 ans, et
leurs silences disent tout de cette vie d’amour
infini partagée jusqu’à la maison de retraite.
Ensemble ils ont tout traversé, inséparables,
jusqu’à ce que la mémoire d’Élise s’en aille
voir ailleurs, là où la parole n’a plus lieu
d’être… Les marionnettes hyperréalistes
grandeur nature sont manipulées à vue par
deux fabuleuses comédiennes de la Cie belge
Night Shop qui donnent à voir, et à entendre,
par-delà les mots, l’amour qui perdure (lire
notre chronique sur journalzibeline.fr).
10 mai
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
Tempus fugit © Cirque plume
26 avril
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
3 & 4 mai
Scène nationale, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
7 mai
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
10 mai
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48 scenesetcines.fr
13 au 16 mai
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
Les irrévérencieux
Les Nuits Singulières
L’épisode 4 des Nuits Singulières vient
conclure la saison du Carré de Sainte-Maxime.
Thème retenu pour cette dernière édition : en
famille. En plus du rendez-vous exceptionnel
avec le Cirque Plume (voir ci-contre la pièce
Tempus fugit ?), le Carré se métamorphosera
en fête foraine. Au menu, jeux, fanfare, gaufres,
barbe à papa, buffet à la bonne franquette, et
un spectacle mêlant feux d’artifice et artistes
de rue. L’expo photo de Francesca Torracchi,
qui reviendra sur les temps forts de la saison,
sera également à découvrir.
Une véritable fusion, c’est le terme qui convient
le mieux à ce spectacle étonnant et détonnant.
Mêlant à la fois la commedia dell arte, la danse
hip hop et le beat-boxing, la compagnie des
Asphodèles croise avec délice les genres et
les époques. La rencontre des saltimbanques
du XVIe siècle avec la culture urbaine du
XXIe est admirablement portée par les sept
interprètes. Cette création hors du commun
a reçu le coup de cœur de la presse lors du
Festival Off d’Avignon 2013.
13 mai
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
© Yoran Merrien
© Spinprod
Trois courtes pièces de Feydeau sont au
programme de ce spectacle, signé Didier
Bezace. Le metteur en scène, qui a également
réalisé l’adaptation des textes, réunit ici une
troupe de huit comédiens. Les déboires de la
vie conjugale et les incompréhensions entre
hommes et femmes sont évidemment au
cœur des intrigues. Quand le fragile équilibre
des relations de couple se rompt, il peut vite
conduire à l’enfer...
21 mai
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90 st-maximin.fr
58 au programme spectacles var
alpes-maritimes monaco
30/40 Livingstone
En compagnie de Jiri Kylian
11 mai
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
Le mois du Chrysanthème
29 avril
Kiosque à musique, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
28 avril au 1er mai
Salle des Princes,
Grimaldi Forum, Monaco
+377 99 99 30 00
balletsdemontecarlo.com
Juste, fais-le
© Vincent Lucas
Trois représentations, à 12h, 18h et 21h, en
plein air et en accès libre, voici la proposition
concoctée par Alexandra Tobelaim. Avec
les comédiens de sa compagnie Tandaim,
elle mettra en espace cette forme courte,
d’une trentaine de minutes, composée de
textes issus de Douleur exquise de Sophie
Calle. Les acteurs dansent, déambulent au
milieu des spectateurs puis tombent comme
morts sur un rectangle d’herbe. Le public
est alors invité à s’approcher de ces corps
inertes qui murmurent encore.
Soirée d’exception dans le cadre du trentenaire des Ballets de Monte-Carlo, en
compagnie de Jiri Kylian, compagnon de
route de cette belle formation. Trois pièces
pour un « programme anniversaire » qui permettra d’approcher les grands thèmes chers
au chorégraphe. Parabole sur l’esthétique,
la sensualité, la manière d’appréhender le
monde, Bella Figura joue sur sa polysémie,
une « belle figure » artistique et « faire belle/
bonne figure », face aux aléas de la vie. Gods
and Dogs réfléchit sur la place de l’individu
dans la société, tandis que Chapeau apporte
sa verve colorée, rappelant que l’art donne
du sens et de la beauté…
29 avril
Palais des Festivals, Cannes
04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com
Le titre de ce spectacle évoque inévitablement
le slogan d’une célèbre marque d’articles de
sport, avec une virgule pour emblème. Le nom
de cette marque, que chacun reconnaîtra
même sans la citer, est issu d’une déesse
grecque symbolisant la victoire. C’est peutêtre l’idée de victoire sur soi-même qui a
guidé Anne Frèches dans le choix de ce
titre. L’artiste multiforme allie la comédie, le
chant, la danse et la performance pour se
livrer à une introspection, sorte d’autoportrait
vivant, tracé avec son corps.
Imprévus
Jean-Christophe Maillot, chorégraphe
de la Compagnie des Ballets de MonteCarlo, offre à ses danseurs la possibilité de se
confronter à la création chorégraphique, lors
des derniers Imprévus de la saison dans le
sanctuaire des Ballets, à Beausoleil. L’originalité de cette approche lie fortement musique,
arts plastiques, littérature, aux évolutions des
danseurs. Les étudiants en scénographie du
Pavillon Bosio-École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco accompagneront
ces chorégraphes en herbe pour l’éclosion
de ce subtil équilibre entre les arts. Entrée
réservée aux possesseurs de la carte « Ballets
de Monte-Carlo ».
© X-D.R.
04 93 40 53 00
© Bernd Uhlig
Dans un univers absurde et drolatique (écrit,
mis en scène et interprété par l’acteur césarisé Sergi López et le danseur Jorge Picó),
deux monstres sacrés du théâtre inventent
un duo d’équilibristes autour de la quête
désespérée d’un animal légendaire… Une
fable jubilatoire dans laquelle un explorateur
en pleine ébullition existentielle souhaite
s’émanciper ; il rencontrera dans une suite de
scènes plus déjantées les unes que les autres
un tennisman, un danseur… et un cerf. Une
poésie loufoque aux accents humanistes pour
un plaisir communicatif porté joyeusement
par les deux acteurs catalans.
Avec sa danse tonique et spectaculaire, parfois proche de l’acrobatie, la troupe Ballet
Revolucion, venue de Cuba, est reconnue
internationalement. Le talent, la virtuosité
et la cohésion des dix-neuf interprètes forment un ensemble exceptionnel. La vaste
palette de ces danseurs les mène vers des
chorégraphies inattendues, aux influences
classiques et latinos, mêlées de R’n’B ou de
hip hop. Ambiance discothèque et énergie
communicative garanties, avec des sons de
Prince, Usher, Beyoncé, Rihanna ou David
Guetta.v
© Javier del Real
© David Ruano
Ballet Revolucion
30 avril
Théâtre Alexandre III, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
18 au 21 mai
Atelier des Ballets de Monte-Carlo,
Beausoleil
+377 97 70 65 20
balletsdemontecarlo.com
hérault
spectacles au programme
59
Mort et réincarnation
en cow-boy
Portrait d’une femme arabe
qui regarde la mer
Malandain Ballet Biarritz
12 & 13 mai
Scène nationale, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
Ce texte de Rodrigo Garcia est empreint à la
fois d’ombre profonde et de lumière éclatante.
La mise en scène, dirigée par l’auteur lui-même,
amplifie ce paradoxe. Toute l’ambiguïté, la
complexité du passage de la vie à la mort (à
moins que ce soit l’inverse ?) est portée par
les trois interprètes, Juan Loriente, Juan
Navarro et Marina Hoisnard. Leurs corps
se cherchent, se trouvent et se heurtent. Le
spectacle, en espagnol, sera accompagné de
surtitres en français.
21 mai
CDN Humain trop humain, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
10 au 14 mai
CDN Humain trop humain, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
Bestias
Comme l’indique le titre, il y a des nouveaux
venus dans la troupe de cirque Baro d’Evel.
La compagnie franco-catalane invite les animaux à se mêler aux humains sur la piste.
Chevaux et oiseaux accompagnent les artistes
et sont eux aussi interprètes du spectacle.
La chorégraphie allie les mouvements des
acrobates à ceux des bêtes, avec en commun
la terre et le ciel. Poétique, drôle et émouvant,
ce spectacle se ressent autant qu’il se regarde.
10 mai
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Las ideas
7 & 8 mai
Domaine d’O, Montpellier
9 au 29 mai en itinérance dans l’Hérault
0800 200 165 domaine-do-34.eu
© Bea Borgers
Festival Saperlipopette
Les jours grandissent, le soleil se fait plus vif
et avec la belle saison arrive aussi le Festival
Saperlipopette. Les 7 et 8 mai, la 19e édition
investira le Domaine d’O à Montpellier. Pour
un week-end, l’immense jardin se transformera
en théâtre géant dédié au conte et au jeune
public. Cinq espaces, répartis sur toute la
surface du parc, accueilleront spectacles,
animations, jeux ou ateliers. Et il y en aura
pour tous les âges, même pour ceux qui ne
sont plus tout à fait des enfants depuis déjà
quelques temps ! Du nord au sud du Domaine,
il vous faudra compter une petite demi-heure
pour la traversée, et sûrement un peu plus,
tant les prétextes à étapes jalonneront le
chemin. Une vingtaine de spectacles seront
au programme, reprenant l’univers traditionnel
du conte, en l’adaptant et le renouvelant avec
fantaisie et talent. Jusqu’à la fin mai, le Festival
voyagera également un peu partout dans le
département.
Pour être en accord avec le titre de cette
œuvre, mieux vaut être proche de l’eau. C’est
le choix retenu par Laurent Berger, qui en
proposera une lecture et une mise en espace
sur la plage de Carnon. Le texte de Davide
Carnevali, traduit de l’italien par Caroline
Michel, prendra dans ce cadre une tout autre
résonance. La soirée sera organisée avec le
soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre
International de la Traduction Théâtrale, et en
partenariat avec la Médiathèque de l’Ancre.
Deux hommes sur une scène, et en guise
de décor, une table de ping-pong. Qui sert
aussi de simple table, où s’entassent un
ordinateur, quelques bouteilles d’alcool ou
des paquets de cigarettes. Julián Tello et
l’auteur Federico León, également à la
mise en scène, se renvoient la balle dans un
processus de création. La fabrique des idées,
la mécanique artistique, sont au cœur de ce
spectacle, signé par l’un des représentants
majeurs de la scène argentine. Présenté en
espagnol et surtitré en français.
18 au 20 mai
CDN Humain trop humain, Montpellier
04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr
© Arthur Bramao
© Olivier Houeix
© Christian Berthelot
La troupe de Thierry Malandain, fondée
en 1998, connaît un rayonnement international. Le chorégraphe présentera deux de
ses créations, conçues chacune pour une
vingtaine de danseurs. Nocturnes repose sur
les œuvres de Chopin du même nom. Mélancolie et langueur rythment l’interprétation.
À l’inverse, Estro s’appuie sur la musique
tonique de Vivaldi. Gaieté et légèreté sont
cette fois au programme.
10 au 13 mai
Sous chapiteau à Frontignan
Scène nationale, Sète
04 67 74 66 97 theatredesete.com
60 au programme spectacles gard
La petite reine
10 au 13 mai
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
© Nicolas Joubard
Compagnie partenaire du Cratère depuis
deux ans, l’Impérial Orphéon propose une
création, Gala. Le quartet initial, composé de
l’accordéoniste et chanteur Rémy Poulakis,
capable de passer du chant lyrique au rock aux
choros ou aux chants tziganes, Gérald Chevillon, saxophones basse, ténor et soprano,
Damien Sabatier, saxophones baryton, alto,
sopranino et Antonin Leymarie, batterie,
percussions, et objets variés (sic !), devient
sextuor avec l’ajout de deux circassiens,
Sylvain Julien et Olivier Debelhoir. On
est convié à une quête virtuose du poète et
musicien Orphée, traversant la mythologie
grecque dans un rythme époustouflant et
jubilatoire.
Arlequin poli par l’amour
Le spectacle de marionnettes conçu par la
Cie Hélice Théâtre s’inspire de l’univers
coloré de la plasticienne Kveta Pacoska sur
les mots de Catherine Anne. En six scènes
de huit minutes les six personnages d’une
famille du voyage sont présentés, puis l’histoire
se promène, à la force… des mollets de la
marionnettiste Christelle Mélen, campée
sur un cheval fougueux, son vélo. Derrière,
une petite carriole se transforme en castelet
magique où l’on offre même, en entrée en
matière, des sirops multicolores ! Un spectacle
délicieusement poétique empli de surprises
et d’humour. (À partir de cinq ans).
© Talou Coron
© X-D.R
Gala
Récompensé par le Molière du meilleur metteur
en scène pour son Henri VI donné à Avignon
en 2015, Thomas Jolly revient avec la Cie La
Piccola Familia et une pièce de Marivaux,
courte (un acte) et légère, Arlequin poli par
l’amour. Dans ce conte, une fée amoureuse
enlève le bel Arlequin, mais il est aussi sot
que beau. Le sentiment que cet Apollon
va éprouver pour la bergère Silvia le rend
spirituel et intelligent… La jalousie de la fée
tentera sans succès de séparer les amants. La
violence des émotions, le chaos que l’amour
peut provoquer nourrissent cette fantaisie.
(À partir de 10 ans).
19 & 20 mai
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
18 mai
Le Cratère, Alès
04 66 52 52 64 lecratere.fr
11° SALON D’ART CONTEMPORAIN
12
au16
MAI
du
2016
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Les Yeux brûlés
cinéma au programme
61
De Manille au sud de l’Italie
UnderGronde
Les Yeux brûlés de Laurent Roth © Shellac
Deux chances vous seront données de voir
ou revoir Les Yeux brûlés, ce docu-fiction
réalisé par Laurent Roth dans les années
80 : le 23 avril à 18h30 et le 3 mai à 19h30, pour
une séance en présence du cinéaste. Face
à une Mireille Perrier qui joue la candide,
au terminal des arrivées de Roissy où elle
doit récupérer la cantine d’un reporter mort
à Dien bien Phu le 8 mai 1954, des anciens
compagnons du disparu parlent de leur travail.
Photographier la guerre ne laisse pas indemne
même si on échappe à la mort : aux risques
physiques s’ajoutent des risques éthiques.
Laurent Roth pose les bonnes questions,
parfois dérangeantes.
Le 4 mai à 19h30, le cinéma Le Gyptis
propose une balade à travers l’Europe du
fanzinat et de l’édition graphique indépendante avec UnderGronde, un documentaire
de Francis Vadillo alias Shock Corridor. Ce
réalisateur, figure du rock et de l’underground
montpelliérain, disparu en 2014, nous y fait
découvrir le langage fédérateur de ces artistes
du « sous-sol », leurs univers créatifs, sans
frontières, hors des circuits institutionnels et
marchands.La projection sera suivie d’une
rencontre avec Pakito Bolino, responsable
du collectif d’auteurs Le Dernier Cri et
protagoniste du film.
Manille, dans les griffes des ténèbres de Lino Brocka © Nef Diffusion
Cinquième rendez-vous avec la cinémathèque de Bologne le 13 mai au MuCEM :
De Manille au sud de l’Italie. À 19h, Salvatore
Giuliano de Francesco Rosi (1962), un « film
dossier » qui dresse un portrait de la Sicile des
années 1940. À 21h30, ce sera Manille, dans
les griffes des ténèbres (1975) du réalisateur
philippin Lino Brocka, la longue descente
aux enfers d’un jeune pêcheur parti à la
recherche de sa fiancée dans les réseaux
de prostitution de Manille.
MuCEM, Marseille
04 91 59 06 88 mucem.org
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
La Mafia fait la loi
Mustang
UnderGronde de Francis Vadillo © Luc Reder.
Mustang de Deniz Gamze Ergüven © Ad Vitam
Si vous avez raté Mustang de la réalisatrice
turque Deniz Gamze Ergüven, unanimement salué par la presse depuis sa sortie
en 2015, et multi primé dans les festivals
internationaux, courez au Gyptis le 10 mai
à 19h30. Ce beau film montre la lutte de cinq
sœurs, promises à des mariages arrangés et
à un destin domestique, pour faire triompher
leur légitime désir de liberté. On pourra y
rencontrer après la projection, deux techniciens qui ont contribué à la réussite de cette
œuvre : la monteuse image Mathilde Van
de Mootel (sous réserve) et le monteur son
Damien Guillaume.
Séance organisée en partenariat avec SATIS
Alumni, association des anciens élèves du
département SATIS d’Aix-Marseille Université.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25
lafriche.org/content/le-gyptis
Il giorno della civetta de Damiano Damiani © Les Films Corona
Dracula, version black
Si vous avez plus de douze ans, préparez vos
gousses d’ail, vos pieux et aiguisez votre sens
de la syncope pour la soirée Blaxploitation
et funk, organisée le 30 avril à partir de 20h
au cinéma Les Variétés. Après la projection de Blacula, le vampire noir de William
Crain, un film très seventies, qui imagine un
Prince africain transformé voilà deux siècles
en vampire et ramené dans son cercueil à Los
Angeles par deux collectionneurs d’antiquités
en 1972, Brididii & L assurera un mix d’enfer
« à faire trembler les pissenlits ».
Cinéma Les Variétés, Marseille
0982 68 05 97 cinemetroart.com
Le 13 mai à 18h, à l’Institut Culturel Italien de Marseille, projection de Il giorno
della civetta de Damiano Damiani avec
Claudia Cardinale, récompensé du David
de Donatello, et du Nastro d’argento. Inspiré
du roman éponyme de Leonardo Sciascia, le
film suit l’enquête d’un jeune commissaire
(Franco Nero) qui tente de résoudre une
affaire de meurtre et se trouve confronté à
à la mafia.
Institut Culturel Italien, Marseille
04 91 48 51 94 iicmarsiglia.esteri.it
62
au programme cinéma bouches-du-rhône
vaucluse alpes-maritimes
Hommage
à Jean-Pierre Melville
Cinéastes libanaises
Au travail
Trêve de Myriam El Hajj © Abbout productions
Dans le cadre du temps fort Beyrouth ya
Beyrouth, au MuCEM, focus sur les cinéastes
libanaises engagées le 21 mai. À 14h30, Trêve
en présence de la réalisatrice Myriam El Hajj
qui, dans ce premier film, s’interroge sur les
origines de la violence dans son pays et se
demande comment construire son identité
de femme dans cette société. À 16h30, Home,
sweet home, le retour au pays de Nadine
Naous qui sera là pour en parler, et à 21h, un
film réalisé par la première femme cinéaste
sélectionnée à Cannes, Heiny Srour : Leila
et les loups (1984), une œuvre marquante
dans l’histoire du cinéma féministe du
Moyen-Orient.
Scènes et Cinés propose une programmation
de spectacle vivant, cinéma, lectures, expos
autour de la mémoire ouvrière. Le 28 avril
à18h30, au cinéma L’Odyssée de Fos-surMer, Luc Joulé, présentera le documentaire
qu’il a réalisé avec Sébastien Jousse, C’est
quoi ce travail ? (lire chronique sur journalzibeline.fr). Les salariés d’une usine qui produit
800 000 pièces d’automobiles par jour et le
compositeur Nicolas Frize dont la création
musicale s’invente au cœur des ateliers, sont
au travail. Chacun à sa manière, ils disent
leur travail. Chacun à sa manière, ils posent
la question : alors, c’est quoi le travail ?
La projection sera suivie d’une rencontre
avec Luc Joulé et François Bon qui fera
une lecture le lendemain.
Le Samouraï de Jean-Pierre Melville © TC Productions
Du 10 au 19 mai, l’Eden Théâtre reprend le
cycle proposé par Cinémas du Sud et rend
hommage à Jean-Pierre Melville (né
Grumbach) en présentant cinq de ses films,
Le Doulos, Le Cercle rouge, Le Silence de la
mer, L’Armée des Ombres, Le Samouraï. Le
17 mai à 20h30, sera projeté en présence de
Rémy Grumbach, neveu du cinéaste, et du
réalisateur Olivier Bohler dont on aura pu
voir à 18h30 le documentaire, Sous le Nom
de Melville : une évocation du parcours de
Melville pendant la Seconde guerre mondiale.
MuCEM, Marseille
04 91 59 06 88 mucem.org
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
C’est quoi ce travail de Luc Joulé © Shellac
Au cœur de la lutte
Cinéma L’Odyssée, Fos-sur-Mer
04 42 11 02 10 scenesetcines.fr
Claude Lelouch
Eva for ever
Comme des lions de Françoise Davisse © Balibari films
Dans le cadre de la programmation proposée
par Scènes et Cinés autour de la mémoire
ouvrière, projection le 27 avril à 19h à l’Espace Gérard Philipe de Port-Saint-Louis
du documentaire de Françoise Davisse,
Comme des lions, une plongée au cœur de
la lutte des ouvriers de l’usine PSA-Aulnay
contre sa fermeture.
Soirée en partenariat avec la Ligue des Droits
de l’Homme, en présence d’un intervenant.
Réservations conseillées.
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis
04 42 48 52 31 scenesetcines.fr
Le 9 mai à 20h30, le cinéma Utopia d’Avignon (Manutention), en collaboration avec
l’association Miradas Hispanas, présente
Eva ne dort pas, en présence de son réalisateur
Pablo Aguero.
Mêlant images d’archives et scènes de fiction,
le film raconte le périple d’Eva Perón momifiée, enlevée en grand secret et cachée via le
Vatican durant près de 25 ans, une réflexion
sur la valeur symbolique des grandes figures
historiques.
Eva ne dort pas de Pablo Aguero © Pyramide
Cinéma Utopia, Avignon
04 90 82 65 36
cinemas-utopia.org/avignon
Un + Une de Claude Lelouch © Les Films 13
Le week-end des 7 et 8 mai, Claude Lelouch
présentera à l’Eden Théâtre quatre de ses
films, quatre périples amoureux à travers le
monde. Le samedi 7 mai à 18h, Un Homme
qui me plaît, un road-movie romantique avec
Jean-Paul Belmondo et Annie Girardot
et à 21h, Hasards ou Coïncidences, l’histoire
d’une danseuse étoile, interprétée par son
ex-femme, Alessandra Martines.
Le 8 mai à 16h, son dernier film, Un + Une,
avec Jean Dujardin, Elsa Zilberstein et
Christophe Lambert et à 19h, Itinéraire d’un
Enfant Gâté avec Jean-Paul Belmondo et
Richard Anconina.
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
63
Festival au Château
E
n marge du Festival de Cannes, dans
le cadre paradisiaque du Château
des Mineurs de Mandelieu-la-Napoule, modeste et convivial, le Festival Visions Sociales, organisé par
les Activités Sociales de l’énergie,
continue depuis 14 ans son travail de
fond en faveur d’un cinéma d’auteur
qui interroge l’ordre et les désordres
du monde.
Côté documentaires, on y retrouvera
cette année les récentes et belles sur- Géronimo de Tony Gatlif © Les Films du Losange
prises du cinéma de combat : le revigorant née après la guerre et résistant vaillamment
Merci Patron de François Ruffin, pied de nez aux assauts du libéralisme.
belge au puissant PDG de LVMH, le vivifiant Côté fictions, on misera sur la comédie dénonComme des lions de Françoise Lavisse, plon- ciatrice avec Nous trois ou rien de Kheiron
gée dans la lutte des ouvriers de l’usine PSA et Good luck Algeria de Farid Bentoumi,
d’Aulnay, et le stimulant Demain de Mélanie et on rendra hommage à Philippe Faucon
Laurent et Cyril Dion, résolument tourné avec la projection de ses deux derniers opus :
vers les solutions possibles aux anxiogènes le multi primé Fatima (lire chronique sur jourproblèmes écologiques et socio-économiques nalzibeline.fr) bouleversant portrait d’une
de notre planète. On découvrira La Sociale mère de peine et femme de lumière puis La
de Gilles Perret consacré à l’histoire de la Désintégration, analyse sans concession de
Sécurité Sociale, cette institution solidaire la radicalisation de la jeunesse des cités. À ce
focus s’ajouteront onze films venus du monde
entier, choisis dans les festivals soutenus par
la CCAS et quatre inédits sélectionnés par
les sections partenaires : l’ACID, la Semaine
de la critique, la Quinzaine des Réalisateurs
et Un Certain Regard.
Comme chaque année la manifestation, qui
se déroulera du 14 au 20 mai, s’est donné
un parrainage fort et emblématique: celui
du fougueux et rugueux Tony Gatlif. Le
week-end d’ouverture, il présentera deux de
ses films pulsant la même énergie : Géronimo
(2014), histoire d’amour turco-gitane sur une
chorégraphie endiablée et Swing (2001), initiation du jeune Max au jazz manouche et
aux premiers battements du cœur.
Une programmation tonique, de nombreux
invités... Gageons-le, la 14e édition de Visions
sociales n’engendrera pas la mélancolie !
ÉLISE PADOVANI
Festival Visions sociales
Château Mandelieu La Napoule, Cannes
14 au 20 mai
ccas-visions-sociales.org
Toutes et tous à La Ciotat !
A
près le Festival de Cannes, vous avez envie
de continuer à voir des films, de rencontrer des cinéastes, des comédiens ? Alors
rendez-vous à La Ciotat du 24 au 28 mai !
L’Eden Théâtre accueille, la 34e édition du
Festival du Premier Film francophone
organisée par le Berceau du Cinéma en
partenariat avec Yves Alion, directeur de
la revue Avant Scène-Cinéma.
Première invitée, Baya Kasmi, à la soirée
d’ouverture du 24 mai avec son premier long
métrage Je suis à vous tout de suite, l’histoire
de la jeune Hanna, atteinte de la névrose de
la gentillesse. Ce ne sera pas la seule invitée !
Trois autres réalisatrices présenteront leur
long métrage : Eva Husson s’est intéressée
à la sexualité d’une bande de jeunes et à leurs
« histoires d’amour modernes » dans Bang
Gang, le 25 à 17h. Vania Leturcq suit deux
adolescentes, amies depuis toujours, à un
tournant de leur vie, dans L’année prochaine, le
26 à 20h. Le lendemain, à 14h, Rachel Lang,
dans Baden Baden, fait le portrait d’Ana qui
tente de se débrouiller avec la vie… mais pas
dans la ville d’eau.
Six réalisateurs complètent cette compétition
de 10 longs métrages. Gilles Bannier raconte
l’histoire d’une erreur judiciaire dans Arrêtez-moi là, adapté du roman de Lain Levison
Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi © Le pacte
inspiré d’un fait divers, avec Réda Kateb dont
l’excellent court métrage, Pitchoune, fait partie
des 10 courts en compétition. Laurent Larivière aborde le sentiment d’échec et la honte
sociale dans Je suis un soldat, l’histoire d’une
fille qui tombe, incarnée par la superbe Louise
Bourgoin. Julien Rappeneau s’est inspiré
du roman graphique de Camille Jourdy
pour sa comédie Rosalie Blum où Noémie
Lvovsky incarne une Rosalie, solitaire et
mystérieuse dont Vincent (Kyan Khojandi)
veut découvrir le secret. Il y aura aussi Ni le
ciel, ni la terre de Clément Cogitore, Les
Cow-boys de Thomas Bidegain et Le grand
jeu de Nicolas Pariser.
Tâche difficile pour le jury, vu la variété des
films ! Le public est également invité à voter
lors de toutes les séances qui permettent de
voir, en plus des longs métrages, des courts
parmi lesquels le superbe travail d’animation
expérimental d’Antoine Delacharlery,
Ghost Cell.
Cerise sur le gâteau, Emma Luchini présente, hors compétition, 28 mai à 17h son
deuxième film, Un début prometteur, précédé
de The Lizard de Jonathan Trullard, avant
la cérémonie de clôture à 20h.
ANNIE GAVA
Festival du Premier Film francophone
24 au 28 mai
Berceau du Cinéma, La Ciotat
berceau-cinema.com
64 critiques cinéma
Musique au c(h)œur
M
obile étoile est une mélodie créée par le
compositeur Fernand Halphen, « mort
pour la France » en 1917, élève de Ernest
Giraud et de Jules Massenet, promoteur de
cette musique française si élégante à cheval
sur deux siècles. C’est aussi le dernier film du
réalisateur franco-israélien d’origine marseillaise, Raphaël Nadjari, avec dans les rôles
phares une autre Marseillaise de naissance
Géraldine Pailhas et le Québécois Luc
Picard. Ils y interprètent Hannah, chanteuse
de musique classique et Daniel, pianiste, qui
vivent à Montréal et peinent à maintenir à flot
leur petite chorale spécialisée dans la musique
française sacrée de la fin XIXe. Une musique
composée à l’origine pour les synagogues
et dont les partitions demeurent souvent
introuvables. Un ancien amant-professeur
d’Hannah, Samuel, lui apporte l’une de ces
partitions-trésor, retrouvée et restaurée. Sa
venue bouleverse l’équilibre du groupe auquel
s’est adjointe une jeune soprano, Abigail
(Eléonore Lagacé) tandis que le père de
Daniel ancien pianiste atteint d’Alzheimer
s’enfonce dans l’oubli.
Raphaël Nadjari offre ici un travail plutôt courageux, par son sujet si... ténu, sa réalisation si...
délicate et son traitement si... radical. Un film
musical où les dialogues ne sont pas chantés
mais où toute la communication passe par les
Mobile étoile de Raphaël Nadjari © Sebastien Raymond
chants, où le choix de l’interprétation d’une
pièce inspirée par le Cantique des cantiques
devient l’enjeu d’un conflit artistico-amoureux
et un véritable suspense, où la progression
dramatique joue sur la répétition de scènes
du quotidien concret des musiciens (déménager des instruments, trouver des lieux de
travail, prendre des rendez-vous, mendier des
subventions, signer des chèques, coordonner
le groupe) et sur la quête personnelle de tout
artiste entre humilité et orgueil, continuité et
rupture. David donne un cours au Conservatoire
sur la Nuance dans la musique française qui
pourrait être une des clés de lecture de ce
film-partition, « joué » presque toujours à mezza
voce, voire à sotto voce avec un fortissimo
réprimé ou maîtrisé. La musique entièrement composée pour l’occasion par Jérôme
Lemonnier (à l’exception de Mobile étoile)
sur des adaptations poétiques d’Emmanuel
Moses, à partir de textes hébraïques, est
tout aussi convaincante que les interprètes
doublés par des professionnels. Le réalisateur
prend le temps de faire entendre ces chants
célébrant l’amour en Dieu, jusqu’à la dernière
note. Et c’est très beau.
ELISE PADOVANI
L’avant-première a eu lieu au cinéma
Le César en présence de Géraldine
Pailhas et de Raphaël Nadjari
le 13 avril avec un débat animé par
Xavier Nataf (sortie nationale le 27 avril)
O
n connait les vols d’enfants commis en Espagne par la dictature
franquiste, pour les soustraire à l’influence « néfaste » des Républicains,
moins ceux qui ont continué après.
Ces rapts de nouveau-nés dans les
hôpitaux publics qui ont perduré
dans la démocratie ont indigné la
jeune cinéaste Anna López Luna ;
elle a donc pris contact, par le biais
d’associations de victimes, avec des
femmes à qui les institutions administratives, médicales, religieuses ont
menti et qui ont été privées de leurs enfants.
En 2012, elle est allée à leur rencontre à Grenade, Valence, Madrid, Saragosse… libérant une
parole enfouie depuis plus de 40 ans parfois.
Une soixantaine d’entretiens avec des mères,
quelques pères et « enfants » volés, devenus
adultes et ayant découvert ce secret. Elle en
a gardé 24 fragments qu’elle nous donne
à entendre, son documentaire étant avant
Enterrar y callar d’Anna López Luna © Anna López Luna
« Sur ce gouffre de douleur »
tout un film de paroles. Les témoignages
s’enchaînent, ponctués par des comptines
et photos d’archives, plus bouleversants les
uns que les autres : à l’une on a dit que son
enfant était mort-né, à l’autre qu’un problème était survenu subitement. À toutes,
on a refusé de montrer le corps. Certaines
ont eu droit à des simulacres d’enterrement.
Plus tard, quand des recherches ont démarré,
les dossiers administratifs et médicaux, les
archives, avaient disparu ! Tous, fragiles mais
décidés à continuer leur combat, confient
leur désarroi, leur peine, leur révolte avec
une grande dignité, filmés frontalement par
la caméra discrète d’Anna López Luna.
« Mon film est une métaphore de ce que
fut la transition démocratique », a précisé
la réalisatrice qui a répondu aux questions
nombreuses du public, surpris de découvrir
ces vols d’enfants, encore impunis à cause
de la complicité des institutions, de l’Église
et du corps médical.
La projection d’Enterrar y callar dont le
titre rappelle une des eaux-fortes de Goya,
Désastres de la guerre, et le poème éponyme
d’Eluard, a eu lieu aux Variétés en partenariat
avec la Ligue des Droits de l’Homme.
ANNIE GAVA
Enterrar y callar a été projeté le 14 avril
au cinéma Les Variétés, à Marseille
Salagon, musée et jardins
à Mane, Alpes de Haute-Provence
SIMONE, ALEXANDRA ET LES AUTRES…
Sortons les femmes de l’ombre
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66 critiques arts visuels
Le miroir aux alouettes
J
usqu’à l’exposition Culture Cuts au [MAC]
Marseille qui fait suite à une première version conçue pour la Kunsthalle de Düsseldorf
en 2015, Cody Choi était seulement connu
d’une poignée de fins limiers. De ceux qui
ont repéré cet artiste né en Corée, exilé aux
USA, formé au Pasadena Art Alliance Fine
Art Grant en Californie, enseignant à l’I.S.P.
Foundation Grant à New-York avant son retour
sur sa terre natale. L’Année France-Corée
2015-2016 offre donc l’occasion de découvrir
son « monde dyspeptique », selon la formule
de l’artiste Mike Kelley, ballotté entre deux
visions différenciées selon que l’on se trouve
d’un côté ou de l’autre de l’océan Pacifique.
Cet aller involontaire et ce retour choisi ont
totalement restructuré la vie personnelle et
familiale de Cody Choi, autant que son parcours
artistique. Parti de Corée pour des raisons politiques, la tête farcie de références et d’images
iconiques des États-Unis (omniprésents depuis
la fin de la seconde guerre mondiale), Cody
Choi fait un atterrissage forcé le corps et
l’esprit fragmentés. Exil contraint, perte de
deux de ses sœurs, en total déséquilibre affectif,
le chemin de la reconstruction sera long et
sa rencontre avec Mike Kelley déterminante
qui lui propose de nombreuses lectures pour
éclairer son état et son mal être… Lui qui a
Cody Choi © Nathalie Ammirati
étudié la sociologie en Corée découvre la
pratique picturale dans une école américaine
gérée par des artistes, loin de toutes pensées
académiques. Cela agira comme un puissant
révélateur ! À tel point qu’une fois immergé
dans la pensée moderniste, l’œil aguerri à la
création occidentale et à sa riche histoire, il
s’en réapproprie les styles, les esthétiques, les
codes « mais de manière décentrée » explique
Marie de Brugerolle, commissaire associée
de l’exposition marseillaise. En leur réinjectant
le fruit de ses réflexions, de ses interrogations,
de ses critiques, quitte à les désacraliser. De
célèbres œuvres de Rodin, Manet, Matisse
ou encore Bacon font l’objet de « sabotages »
c’est-à-dire de relectures à l’aune de son
expérience américaine : ainsi l’Olympia de
Manet s’accompagne-t-elle de l’inscription
Hans Hartung, le pinceau au bout du fusil
À
Aubagne, Beau geste, Hans Hartung,
peintre et légionnaire éclaire d’un jour
nouveau l’œuvre et la vie de l’artiste allemand naturalisé français en 1946, maître de
l’abstraction lyrique et précurseur de l’action
painting. Ce sont en fait deux expositions en
contrepoint que déclinent le Centre d’art
des Pénitents noirs et le Musée de la
Légion étrangère. La première est solaire,
composée de dix sept acryliques sur toile qui
disent « les sublimations du sud », irradiante
de lumière à l’heure même du crépuscule de
l’artiste. Étrange paradoxe que ces peintures
aux couleurs éclatantes créées les 11, 14 et
16 juillet 1989 quelques mois à peine avant
sa mort ! L’autre plus sombre, Beau Geste, qui
tire son nom du film éponyme de l’américain
William A. Wellman, couvre la période de son
engagement dans la Légion étrangère. Elle
réunit un ensemble de peintures et d’œuvres
graphiques inédites réalisées en 1939, durant
l’été 1940 et entre 1942 et 1944, qui portent en
elles « la désolation de la guerre ». La violence
des combats qu’il vécut jusque dans sa chair,
lui l’artiste engagé par antinazisme, amputé
et condamné à finir sa vie dans un fauteuil.
Un art de la libération
Les deux faces de son œuvre mise en regard
embrassent 75 années de création dont 67
dévolues à l’abstraction. Entre ces deux
périodes de fervente émulation -même sur
le front il continuera à dessiner-, « un tropisme
commun : l’urgence de créer, alors que la mort
guette ». Entre la série de visages mi-abstraits
mi-figuratifs inspirés de Guernica de Picasso,
les peintures abstraites aux constructions
habiles, d’une grande sophistication, le bel
ensemble de dessins dont chaque intention
est unique, et les toiles jaillissantes de flux
de couleurs, d’éclaboussures de lignes, le
même homme « bousculé par les événements
dramatiques qui agitent le monde ». Le même
artiste contraint d’inventer de nouveaux outils
pour pallier son handicap physique (il utilise
alors une sulfateuse), éternellement curieux
d’expérimenter sur l’espace de la toile et
du papier l’huile, l’acrylique, la gouache, le
crayon ou le pastel. Jusqu’à atteindre une
extraordinaire liberté du geste, un « lâcher
prise » fondé sur une maitrise technique totale.
T1989-K33, 16 juillet 1989, 200 x 250 cm, acrylique sur toile © Hans Hartung
67
Traits amoureux
manuscrite « Flower from East » peinte sur
des lambeaux de toile ; ainsi Le Penseur de
Rodin est-il recouvert d’une épaisse couche
de médicament contre les crampes d’estomac
appelé Pepto Bismol. D’un rose flashy qui
fait passer le médicament pour un inoffensif
bonbon, mais d’un rose inconvenant au regard
des Coréens… Une seule couleur et le grand
écart est consommé ? L’art serait-il un leurre ?
Son retour à Séoul n’est pas chose aisée
non plus. Il fait face au « crépuscule de la
culture coréenne à l’aune de l’impérialisme
occidental » et, fort de son expérience, se
lance dans l’enseignement avec pour seul
mot d’ordre : garder sa singularité. C’est dans
cette dualité culturelle que s’est forgée son
œuvre polymorphe et polémiste -peinture,
photographie de performance, sculpture et
installation- dont le fondement pourrait se
résumer ainsi : il n’y a plus de haute ni de
basse culture. Dont acte.
Pour le Pavillon de Vendôme, Dominique Castell s’abandonne au temps mêlé du dessin et du
sentiment amoureux
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Culture Cuts
jusqu’au 28 août
[MAC] Musée d’art
contemporain, Marseille 8e
04 91 25 01 07 mac.marseille.fr
Dominique Castell, En attendant (doute), dessin mural à la craie, 2016 © Jean Bernard
C
L’une comme l’autre exposition est l’occasion
de vivre, à notre tour, un moment de grâce.
Réputé de son vivant, adoubé par l’avant-garde
puis retombé dans l’oubli, Hans Hartung
réapparait aujourd’hui à la faveur de ce parcours inédit conçu par le directeur du Musée
d’Art moderne de Paris Fabrice Hergott,
financé par la Fondation Hartung-Bergman
à Antibes et la Ville d’Aubagne. Un investissement de 200 000 euros qui n’aura pas été
vain puisque la rencontre avec « Beau Geste »
est un moment fort, et incontournable, dans
le calendrier des rendez-vous artistiques de
la région.
M G-G.
Hans Hartung, L’engagement et la liberté
Centre d’art des Pénitents Noirs et
Musée de la Légion étrangère, Aubagne
jusqu’au 28 août
04 42 18 17 26 / 04 42 18 10 99
hanshartung-aubagne.net
ette adorable « folie » héritée du Grand
Siècle qu’est le Pavillon de Vendôme à
Aix-en-Provence est une source d’inspiration
singulière pour les femmes créatrices. Après
Isa Barbier, Aïcha Hamu et Sophie Menuet,
Dominique Castell s’est sentie « se fondre
dans cette histoire et cette architecture »
dédiée aux amours aristocratiques cachés
de Louis de Mercoeur et Gabrielle d’Estrées
-pourtant ceux-ci ne purent en profiter, le
projet étant resté inachevé à la mort du duc-.
Ressentir
Pour Dominique Castell, pour qui les Fragments
du discours amoureux de Roland Barthes
ne sont jamais très loin, il s’agit bien ici
d’inachèvement et d’attente. Sous les fastes
maniéristes, l’artiste éprouve une sorte de
seconde vie. Ce sont ces choses qui viennent
de loin, dont ses dessins et deux courtes
vidéos (un bel univers électro acoustique de
Fabrice Martin) sont les traces fugaces, telle
une « ... plongée au cœur de l’expérience du
dessin comme moyen de tracer et d’acheminer les émotions changeantes du sentiment
amoureux ». Qui débute au rez-de-chaussée
dans les deux grandes alcôves en vis-à-vis
abritant d’imposants dessins sur papier noir,
l’un à la mine de plomb, l’autre à la craie
blanche. Suit une complexe composition
murale de cent dessins noir sur noir, faisant
la part belle et subtile aux nuances moirées
de crayon, mine de plomb, stylo bille, dont
un travail de palimpseste sur scans de gravures de ruines appartenant à la collection
du Pavillon de Vendôme, où se dissimule un
couple d’amoureux indifférent au monde
alentour. Le rosé soufré emblématique de
l’artiste envahit progressivement les lieux
par vagues successives et se retrouve dans
les carnations des joues empourprées de
portraits peints anciens. Pour aboutir dans la
chambre où s’égrène Figures libres, saynète
filmique où affleure sur un écran de papier le
passé de gymnaste de l’artiste. Grâce à deux
petits personnages se jouant de la pesanteur,
nous nous sentons comme libérés dont on
ne sait de quelle retenue.
Rendez-vous avec l’artiste lors de la parution
du catalogue le 28 avril et pour la Nuit des
Musées le 21 mai (voir p.16).
CLAUDE LORIN
Figures libres
jusqu’au 19 juin
Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence
04 42 91 88 75 aixenprovence.fr
68 critiques arts visuels
L’art du dépouillement
À l’abbaye de Montmajour, des œuvres
modernes et contemporaines tracent avec
des objets d’art médiévaux un parcours très
minimaliste conçu par
Gérard Traquandi
C
eux qui avaient apprécié la proposition
de Christian Lacroix en 2013, pourront
aujourd’hui trouver le parti-pris de Gérard
Traquandi bien austère. Répondant à la carte
blanche offerte par le Centre des monuments
nationaux qui gère l’abbaye, le peintre-commissaire a opté pour une posture de retrait
personnel -trois œuvres seulement- pour
privilégier ses pairs et un choix restreint
d’objets d’art roman, en correspondance
avec le lieu.
La proposition de Gérard Traquandi s’avère
déconcertante tant elle apparaît minimaliste.
Tout d’abord par un choix esthétique « suivant
[son] intuition », d’un dépouillement évident
en résonance avec l’histoire de cet ancien lieu
de vie monastique conduit sous la règle bénédictine. Le peintre-commissaire a recherché
davantage l’intégration que l’exhibition. « Ce
que j’aime dans l’art d’avant la Renaissance,
c’est que c’est un art hyper contextualisé dans
l’architecture. Dans le modèle renaissant sur
lequel on est encore, l’homme est au centre.
Tout est égocentré. Pour le Moyen-âge il n’est
pas question de ça. Je crois que les artistes
que je montre ici ressemblent à cette histoire
de l’art pré-renaissante. »
Humilité et règles de l’art
Pour autant, si les œuvres présentées ne
relèvent pas de l’art sacré à proprement parler,
elles ont à y voir par la simplicité, l’humilité de
leur présence. La sculpture de Bernd Lohaus
ordonnée au sol sous les voûtes de la grande
nef, bien que de grandes dimensions, intègre
et structure l’espace discrètement, pour en
appeler à la disponibilité du vide. « Je ne suis
pas sensé faire obstacle au regard du visiteur »
insiste Gérard Traquandi, comme le montre
son installation murale colorée composée pour
Helmut Federle, Siedlung Korea I, 1988, acrylique-toile, Centre Pompidou, Paris © ADAGP, Paris 2016
Bernd Lohaus, Villeneuve,
1988, bois flottés et assemblés,
64x546x544cm
© C. Lorin/Zibeline 2016
l’exposition comme une partition médiévale.
Ainsi des peintures essentielles de JeanPierre Bertrand posées simplement dans
le parloir. « Nous parlions de règle. Pour ce
chapiteau qui vient de Cluny, voilà quelqu’un
qui a travaillé selon les règles de l’art et en
respectant les règles de l’histoire religieuse.
Mais on sent bien qu’il l’a fait avec une certaine
liberté. C’est peut-être ça l’intuition. »
On notera que les artistes retenus appartiennent à une génération née au siècle passé
(Hilma af Klint, pionnière méconnue de
l’art abstrait, en 1862) et on aurait apprécié
que cette sélection sollicite la vision actuelle
de jeunes créateurs suivant leur intuition,
comme les règles qu’ils se donnent peut-être.
Le catalogue à paraître contiendra les reproductions des objets d’art roman et des œuvres
présentées in situ de Giovanni Anselmo,
Jean-Pierre Bertrand, stanley brouwn,
Helmut Federle, Hans Josephsohn, Hilma
af Klint, Bernd Lohaus, Gérard Traquandi,
un entretien avec Paul-Hervé Parsy et un
essai inédit de Paul Audi.
CLAUDE LORIN
La règle et l’intuition
jusqu’au 19 septembre
Abbaye de Montmajour, Arles
04 90 54 64 17 abbaye-montmajour.fr
marseille
bouches-du-rhône arts visuels au programme 69
Un génie sans piédestal
Cette rétrospective donne à voir comment Picasso, installé dans son
époque et attaché à ses racines, a nourri son œuvre d’influences issues
des arts et traditions populaires. Elle réunit des œuvres essentielles
et iconiques de l’artiste et des objets-références issus des collections
du MuCEM autour de ses thèmes et motifs de prédilection : la parure,
la musique, la tauromachie, le jouet, le cirque… M.G.-G.
Picasso et les arts et traditions populaires
27 avril au 29 août
MuCEM, Marseille 2e
04 84 35 13 13 mucem.org
Pablo Picasso, Pichet
Le peintre et deux modèles,
France, Vallauris, 1954.
Terre cuite,
26,5 x 23,5 x 18 cm.
MuCEM, Marseille /
MuCEM / Yves Inchierman
© Succession Picasso 2016
Nicolas Pilard
Peintures et volumes de Nicolas Pilard sont encore imprégnés du
souvenir de sa découverte du temple hypogé de Santa Cristina, en
Sardaigne, baigné par la lumière zénithale jusque dans ses entrailles.
Ses colonnes se dressent autour d’un vide intérieur et ses peintures
se constituent à partir d’un manque central, comme une invitation
au silence et à la méditation. M.G.-G .
Acédie
Galerie Passage de l’art, Lycée du Rempart, Marseille 7e
jusqu’au 31 mai
04 91 31 04 08 lepassagedelart.fr
Exposition Acedie, Nicolas Pilard, Passage de l’art, 2016 © Cécile Coudreau
Fabrice Pichat
Suite à sa résidence de création, Fabrice Pichat propose une
expérience inédite avec une installation utilisant les vibrations
pour générer un phénomène optique, une projection lumineuse, et
un film réalisé in situ explorant la relation entre site géographique
et instruments d’enregistrement optique. Vernissage le 27 avril
de 16h à 21h ; conférence de l’artiste le 26 avril à 18h30 à l’École
supérieure d’art. C.L.
Hors Là
28 avril au 1 juillet
3 bis f, Hôpital Montperrin, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 3bisf.com
Photogramme du film Hors là de Montperrin, film muet, 2016 © F. Pichat
Sm’Art
Cette 11e édition conforte la formule qui fait le succès du Sm’Art :
la promotion de la diversité des médiums et expressions artistiques
comme son ouverture à l’international, avec la présence cette année
de l’artiste indien Raju Sutar, la galerie NFF (Japon). Plusieurs
événements avec les performances de l’artiste niçois Patrick Moya
ou du collectif de designers textile 110 par minute, et conférence
de Charlotte Delsol sur le rôle de la Maison des Artistes. C.L.
12 au 16 mai
Parc Jourdan, Aix-en-Provence
salonsmart-aix.com
Une création du collectif 110 par minute à l’occasion d’un Speed Motif © 110 par minute
70
au programme arts visuels bouches-du-rhône
vaucluse
L’école de Marseille
La nouvelle exposition du musée Ziem consacre l’école de Marseille.
Au XIXe siècle, plusieurs artistes participent au renouveau pictural
du naturalisme en Provence, particulièrement à travers le traitement
du paysage. Les œuvres de Grésy, Guigou, Loubon sont confortées
par un accrochage repensé avec l’ensemble des Dufy mais aussi
Picabia, Derain, Seyssaud, Dellepiane... CL.
Loubon, Grésy, Guigou ou l’école de Marseille
jusqu’au 5 juin
Musée Ziem, Martigues
04 42 41 39 60
Fabius Brest (1823-1900) Paysage de la Nerthe avec le tunnel du Rove, 1848 © Musée Ziem, Martigues
Olivier Leroi
Les œuvres protéiformes d’Olivier Leroi sont conçues le plus
souvent en relation avec le contexte humain et naturel où il se
trouve. Sa formation au milieu forestier y est, pour une part, au
service d’une interprétation poétique non dénuée d’humour comme
d’une grande économie de moyens. À travers différents médiums,
l’exposition arlésienne (livre éponyme chez Actes Sud) propose un
panorama de ses œuvres anciennes jusqu’aux plus récentes. C.L.
Chronopoétique
jusqu’au 22 mai
Chapelle du Méjan, Arles
04 90 49 56 78 lemejan.com
La géométrie enseignée aux mésanges, 2013, bois © Olivier Leroi
Sculpture en partage
Cinq ans après son inauguration, la Villa Datris présente l’ensemble
des œuvres acquises au fil des expositions par la maitresse des lieux,
Danièle Kapel-Marcovivi. Une collection d’une centaine de pièces
qui dessine l’histoire de la sculpture moderne et contemporaine
dans toute sa diversité de formes, de matières, de techniques, toutes
générations et nationalités confondues. M.G.-G.
6 mai au 1er novembre
Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue
04 90 95 23 70 villadatris.com
Sans titre, Vincent Mauger, 2010, Plaques d’inox découpées, tubes d’aluminium et boulonnerie inox,
160 x 160 x 160 cm, Courtesy de l’artiste © Tim Perceval
Pincemin et Domergue
Michel Barjol a eu la bonne idée de réunir deux artistes dont les
pratiques semblent à priori dissemblables. Versant peinture avec
Nicolas Pincemin, installations mix-media in situ pour Philippe
Domergue. Leurs œuvres interrogent le rapport au réel et les
dispositifs de sa restitution, et ont été réalisées spécialement pour
l’exposition. C.L.
jusqu’au 5 juin
Galerie Martagon, Malaucène
04 90 65 14 29 galeriemartagon.com
Philippe Domergue, outrimage, dimensions variables, 2016. © Michel Barjol
alpes var hérault arts visuels au programme 71
François Deladerrière
Profitant d’une résidence artistique sur les hauteurs gapençaises,
le photographe arlésien a complété sa série L’Illusion du tranquille
commencée plusieurs années auparavant. Ces clichés récents, liés
principalement au paysage et à la notion de territoire, maintiennent
cette inquiétante étrangeté originelle entre chien et loup. Vernissage
le 23 avril en présence de l’artiste. C.L
L’Illusion du tranquille
26 avril au 2 juillet
Théâtre de la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu
© François Deladerrière
Arnaud Labelle-Rojoux
En regardant dans son rétroviseur, Arnaud Labelle-Rojoux a
découvert la permanence de thèmes récurrents dans son œuvre
depuis les années 70 : « L’amour toujours », « Mondo Cane », « la
Passion triste »… De cette collusion temporelle et esthétique est née
une exposition comme un « mixage musical » de travaux anciens et
d’œuvres récentes, de disques, de publications et d’objets divers.
M.G.-G.
Esprit es-tu là ?
jusqu’au 19 juin
Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer
04 94 06 84 00 villatamaris.org
Fantasy, 2008, collage et acrylique sur papier, 150 x 135 cm
© Arnaud Labelle-Rojoux
Providence
Le MIAM de Sète se fait l’écho du fracas psychédélique en Nouvelle Angleterre à l’occasion de Providence, une exposition aux
connexions multiples qui rassemble des artistes empruntant aux
registres fantastiques. Car dans l’imaginaire collectif, la petite ville
de Providence reste attachée au passage d’Edgar Allan Poe et
d’Howard Philip Lovecraft…M.G.-G.
jusqu’au 22 mai
MIAM, Sète
04 99 04 76 44 miam.org
Jessica Ciocci, Untitled, 2013, Tricot, Collections privées
Jungil Hong, Alchemy II & I, 2014, Jacquard tissé, laine, mohair, coton, polyester, Collection privée Jim Drain, LFSVR, 2004, Tissus sur acier et armature de bois, Collection privée © Pierre Schwartz
Carole Benzaken
Conçue pour l’espace du Carré Sainte-Anne plongé dans une semi
obscurité, l’installation monumentale de Carole Benzaken, Yod, est
composée de 15 cuves lumineuses et réfléchissantes formant une
« chapelle » au cœur de l’ancienne église néo-gothique désacralisée.
Liens historiques et religieux en résonance à son histoire personnelle
et familiale, et, plus largement, à la migration des peuples. M.G.-G.
jusqu’au 22 mai
Carré Sainte-Anne, Montpellier
04 67 60 82 11 montpellier.fr
Carole Benzaken, In Situ
© Carré Sainte-Anne,
Ville de Montpellier
© David Bordes, 2016
72 critiques livres
Ceux qui disparaissent
S
ans doute est-ce à cause de sa formation
d’historien ? Arnaldur Indridason ne
cesse, au fil de ses romans noirs (16 à son
actif désormais dont 13 traduits en français),
d’interroger le passé de son pays, l’Islande.
Un petit pays perdu au fin fond des glaces et
des interminables nuits, longtemps très isolé,
profondément rural, qui a connu une entrée
fulgurante, donc forcément déstabilisante,
dans le monde moderne. Son héros récurrent,
Erlendur, est de cette génération qui a été
témoin du changement radical de la vie de
ses compatriotes. Dans Le lagon noir, édité en
2014 et tout récemment traduit, on retrouve
donc Erlendur en 1979. Une enquête ancienne
alors qu’il vient tout juste d’intégrer la brigade
d’enquêtes criminelles dirigée par Marion
Briem (précisons que Marion est un homme).
L’enquête principale tourne autour de la mort
très suspecte d’un ingénieur islandais qui
travaillait sur la base américaine de Keflavik.
Parallèlement à celle-ci, Erlendur travaille sur
une affaire non résolue : la disparition d’une
jeune fille survenue quelque quarante ans plus
tôt, alors qu’elle se rendait en cours et devait
pour ce faire longer les baraquements de Camp
Knox, d’où le titre original de l’ouvrage. Deux
époques ; mais toujours la présence américaine
sur le sol islandais. Et toujours aussi l’attrait du
flic pour les disparitions. Erlendur a perdu un
frère sur la lande, un jour de tempête de neige.
Depuis ce traumatisme d’enfance, il s’intéresse
à ceux qui sont confrontés à la perte. Dans ce
roman comme dans les précédents, il s’obstine,
avec gentillesse mais sans rien lâcher, et sa
méthode s’avère payante. Les deux enquêtes
seront résolues, la plupart des interrogations
levées. Un regret : malgré l’intérêt de ce retour
en arrière vers la période de la guerre froide, et
plus loin encore vers les années d’occupation
américaine en Islande, on aimerait, dans un
prochain roman, retrouver l’Erlendur d’aujourd’hui, moins lisse, plus tourmenté.
FRED ROBERT
Le romancier islandais était récemment
invité pour le grand rendez-vous
lyonnais Quais du polar (1 au 3 avril)
Le lagon noir Arnaldur Indridason
Éditions Métailié, 20 €
Devenir un homme
Dans les limbes
L
E
e début du dernier roman de Sylvie Germain
nous plonge dans le chaos, la guerre et le
sang. Seul rescapé d’un massacre, un porcelet
apprend très vite à se méfier des hommes et
survit avec quelques animaux de ferme et une
jeune corneille. L’intervention du fantastique
dans le récit métamorphose le goret en enfant
sauvage. Moment culminant du roman où l’on
retrouve la patte subtile de l’auteure qui nous
plonge dans son univers si particulier mêlant
le fantastique poétique et le réalisme le plus
cru. Commencera alors l’apprentissage de
celui qui sera nommé Babel par les habitants
revenus, la guerre finie, pour reconstruire sur
les ruines. La doyenne le recueille, lui apprend
à porter des vêtements et quelques rudiments
d’éducation pour une vie en communauté.
Cependant la présence de l’étranger trouble, et
sa différence dérange surtout les autres enfants.
Le « gosse » sera éloigné définitivement pour
le soustraire à leur haine. Yelnat, qui autrefois
s’est battu contre un régime totalitaire, l’emmène ailleurs, dans un pays où l’on parle une
autre langue. Accueilli par deux frères dans
une immense demeure, une autre vie et un
nouvel apprentissage commencent pour lui.
Sylvie Germain développe les notions d’amitié,
d’épanouissement dans le partage. « Exister
un peu aux yeux des autres », voilà une notion
qui donne envie de vivre. La fiction baigne
dans un climat très actuel où l’on reconnaît
entre les lignes les conflits qui ont déchiré
l’Europe orientale et même la trace en filigrane
des crimes actuels inspirés de l’intolérance.
Message d’espoir néanmoins.
CHRIS BOURGUE
Sylvie Germain sera en résidence
à Marseille à La Marelle à partir
de septembre en compagnie
du photographe Tadeusz Kluba avec
un projet sur les « trous » de mémoire
À la table des hommes
Albin Michel, 19,80 €
Sylvie Germain
n 1944, Peleliu a été pendant plus de deux
mois le théâtre de l’une des batailles les
plus féroces de la guerre du Pacifique. C’est
sur cette petite île de l’archipel des Palaus,
au large des Philippines, que le narrateur du
nouveau livre de Jean Rolin débarque « dans
les derniers jours de février 2015, sans [se]
heurter à un mur de flammes ni rencontrer
de difficulté particulière ».
Peleliu n’est pas à proprement parler une destination paradisiaque. C’est une terre mangée par
la mangrove, à la végétation anarchique, où la
nature déploie sauvagement ses formes et ses
couleurs sur les vestiges d’un combat infernal
relégué dans l’oubli. Le lecteur avance aux
côtés du narrateur sur les traces de la bataille,
dont l’évocation alterne avec la découverte
de cette île infestée de poules sauvages et
de crabes de terre, dotée d’un volatile dont
le chant ressemble « aux efforts que ferait un
idiot, sans y parvenir, pour jouer de la flûte ».
Une île où il est facile, si petite soit-elle, de
s’égarer, vide dans sa plus grande partie de
présence humaine ou de signalisation. Jean
Rolin décrit magnifiquement son paysage
tourmenté, en certains points dévasté par le
passage en 2012 du typhon Bopha : « L’ouragan
a dispersé les arbres qu’il venait d’arracher,
leurs troncs nus, comme fossilisés, déployant
dans les airs un éventail de racines semblables
à de géantes araignées noires. » La pénombre
73
La traversée d’un siècle
C
e livre, c’est l’incroyable épopée de Rosa
Masur, vieille Juive d’origine biélorusse
qui, du haut de ses quatre-vingt-douze ans,
saisit l’opportunité de gagner 5000 marks en
participant à un livre de commande qu’une
bourgade allemande souhaite publier en
l’honneur des minorités migrantes qu’elle
accueille. Une contrainte d’écriture : faire le
récit d’une expérience singulière à dimension
universelle... Et voici le lecteur emporté dans
une histoire à couper le souffle, celle d’une
femme à la peau dure et l’humour acerbe qui
traverse un siècle de vie et de tragédies. Du
tsarisme au communisme, de la première à la
deuxième guerre mondiale, Rosa connaît son
lot d’infortunes et le sort réservé aux Juifs de
Russie : Pogroms, antisémitisme des Russes et
des Allemands, plongée dans l’enfer du siège
de Leningrad, terreur stalinienne.
Dans ce roman chargé d’espoirs et de désillusions, où destins individuels et Grande Histoire se répondent et se confondent, l’auteur
du Pacifique
des grottes, transformées jadis en bunkers
ou en positions d’artillerie, contraste avec le
« blanc pulvérulent » des routes, d’« un éclat
presque insoutenable à l’œil nu », la « masse
incessamment renouvelée d’écume blanche,
étincelante » de la mer se brisant sur le récif
corallien.
Par la pureté et la précision de son style, la
finesse et la sensibilité d’un regard jamais
absent d’ironie, Jean Rolin fait de Peleliu une
nouvelle terre littéraire, plus ample et plus riche
de réflexions que sa seule réalité contemporaine
.
Peleliu Jean Rolin
Éditions P.O.L, 14 euros
MARIE MICHAUD
consommation que l’héroïne découvre à l’Ouest.
Publié en allemand en 2001, il a fallu attendre
15 ans pour que L’étrange mémoire de Rosa
Masur le soit en français ; les éditions Métailié
ont porté ce grand roman jusqu’à nous.
MARION CORDIER
Vladimir Vertlib était en rencontre
à la librairie l’Attrape-Mots le 25 février
s’inspire de son histoire familiale qu’il nourrit
de romanesque. La structure narrative suit le
souvenir, les époques se font écho, les points
de vue évoluent, passant de la troisième à la
première personne ; le regard est vif, incisif
et sans complaisance, y compris quand il
s’agit de pointer les travers de la société de
L’étrange mémoire de Rosa Masur
Vladimir Vertlib
Éditions Métailié, 22 €
Un choix déchirant
C
élibataire, trentenaire, vivant dans un studio,
travaillant beaucoup, l’héroïne de ce roman
semble mener la vie de tant d’autres parisiennes, ni heureuse ni malheureuse. Pourtant,
sa vie est un défi permanent. Née à Alger, elle
a grandi dans les années 90 sous la menace
des attentats terroristes. Puis, elle décide de
mener des études supérieures à Paris. C’est à
travers les appels répétés de sa mère que se
mène son combat intérieur. En effet, en Algérie,
le destin des femmes semble focalisé dès leur
naissance sur un seul impératif : le mariage.
Ce que sa mère ne cesse de lui rappeler ; son
célibat prenant la mesure d’un drame familial.
Ainsi le mariage, qui devient le thème récurrent
de ce roman de Kaouther Adimi, constitue
comme un prisme de la société algérienne
qu’elle mène à mal. L’hypocrisie des hommes
d’abord. Celle de son père, aimé et respecté
pourtant, qui fait semblant de lire son journal
pendant la diffusion d’une série diffusée par la
télévision nationale où apparaît néanmoins une
brune pulpeuse et sensuelle en guise d’héroïne.
Ces hommes encore qui se collent aux jeunes
filles dans les bus bondés d’Alger. Les femmes
ne sont pas laissées en reste : moquerie, dédain,
sourires en coin, voire mépris pour la femme
encore célibataire qu’elle est. Pourtant, c’est
aussi un pays qu’elle aime.
Le roman d’une femme déchirée entre une
vie de femme libre de son destin et la hantise
des traditions. Comment choisir, telle est la
question qu’elle pose. Un roman écrit dans
un style clair et limpide, pour une histoire qui
ne l’est pas.
FRANCK MARTEYN
Des pierres dans ma poche
Seuil, 11,99 €
Kaouther Adimi
74 critiques livres
Shanghai movies
C
entre financier le plus important de l’Orient
dans les années 30, Shanghai attire les
puissances étrangères ; Anglais, Américains,
Français y possèdent de vastes concessions.
Les luttes d’influence sont rudes, retorses,
entre les différents mouvements mafieux et
leurs trafics, les aspirations du tout jeune Parti
communiste chinois, les ambitions de conquête
japonaises, l’afflux des Russes Blancs… Cadre
parfait des polars, des films noirs où les femmes
sont belles et vénéneuses, où les hommes
viennent cacher un passé trouble dans des
affaires plus glauques encore… Le roman de
Xiao Bai, La concession française, se situe là,
dans une évocation de ces années confuses.
Tout est double, jusqu’aux titres des chapitres
qui, sobres comme des minutes de procès,
précisent entre parenthèses à côté de 1931,
« an XX de la République », premier brouillage
temporel. Les personnages jouent tous de
l’équivoque, entretiennent la confusion jusque
dans leurs noms, empruntent diverses identités,
s’identifient à des archétypes, au point de
se perdre eux-mêmes dans les mensonges
échafaudés, manipulent les informations, les
personnes, laissant des fragments de vérité
sa première mise à distance. L’intrigue ainsi
diffractée dépasse le simple triangle amoureux
(Xue, son amante biélorusse, bijoutière et
trafiquante d’armes, la belle et sulfureuse
Térésa et la jeune espionne Len Xiaoman,
qui travaille pour l’Organisation, groupe
révolutionnaire). La postface et les annexes
complètent un véritable art poétique, dans
lequel s’inclut l’auteur lui-même, dans une
véritable auto-construction. À l’instar de ses
personnages, il revient sur l’élaboration du
récit : la fiction, reine, se situe au cœur de
toute perception.
MARYVONNE COLOMBANI
dans la masse de leurs inventions. Chacun
se projette, imagine des scènes, qui seront
contredites par la réalité, contaminée par les
mythes des « héros américains » du temps de
la prohibition, multipliée par les points de vue
photographiques (Xue, le personnage principal
est photographe) et cinématographiques, dans
une vertigineuse mise en abîme. Fulgurante
scène où le casse d’une banque est filmé en
direct sur les ordres de Gu, sorte de parrain
interlope ! Le réel devient ici objet d’art, dans
La concession française Xiao Bai
traduit du chinois par
Emmanuelle Péchenart
Éditions Philippe Picquier, 23 €
Fouad Bouchoucha
I
nitiée par Maud Chavaillon pour Sexant et
plus, cette première monographie consacrée
à Fouad Bouchoucha, conçue par l’artiste
avec la collaboration du collectif de graphistes
S-y-n-d-i-c-a-t (Sacha Léopold, François
Havegeer) se veut une « publication sophistiquée ». À l’instar de maintes publications dans
le domaine de l’art contemporain celle-ci se
présente comme un objet artistique se jouant
particulièrement des codes du genre. L’accent
est mis sur le travail de la maquette et ses effets
visuels. Les annotations et légendes en gras
sont manifestement très « données à voir »,
parfois en surimpression, certains italiques
sont renversés, sans sommaire, contrairement
aux usages traditionnels, quitte à brouiller la
lecture tout en proposant d’en renouveler le
processus de compréhension. La tranche se
laisse voir en non-fini, brochage cousu et colle
visibles. Une jaquette l’entoure faisant office
en partie de couverture, au format poster à
déplier, qui reproduit d’un côté une image façon
test d’imprimerie et de l’autre une œuvre de
l’artiste. L’ensemble fait se succéder à première
vue deux sections semblant identiques. La
première, avec reproductions d’œuvres et
textes en français, est imprimée en France ;
la seconde, imprimée en Lituanie, reprend les
textes traduits en anglais et les œuvres ou les
vues d’expositions sont présentées sous des
angles nouveaux. Une fois admise cette étape
de lecture déconcertante, il faut se retourner
vers les essais des contributeurs, Rebecca
Lamarche-Vadel (analyse de l’installation
monumentale Paysages Topographiques),
Alice Marquaille (sciences, technologie),
Hélène Meisel (records, bodybuilding),
Leïla Quillacq (démesure) et dans l’interview donnée avec Guillaume Mansart
pour entrer davantage dans la démarche
complexe du plasticien-performeur fasciné
par les démesures de notre époque. Les
visiteurs des expositions et performances
commises par Fouad Bouchoucha notamment à Marseille à la Friche de la Belle de
Mai, lors du festival Riam à Montévidéo ou
à l’occasion de l’inauguration du FRAC en
2013, comprendront mieux leur hébétude.
CLAUDE LORIN
Fouad Bouchoucha
Sextant et plus/Les presses du réel, 22 €
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76 critiques livres
Chant profond
S
erge Mestre, comme les « anatifes »
ou autres « cirripèdes » dégustés dans
son roman qui ont pour particularité de se
développer accrochés à leur support, étoffe
inlassablement de l’intérieur sa proximité
avec les évènements de la guerre d’Espagne
depuis ses précédents romans (La lumière et
l’oubli ou Les plages du silence) ; ce fils de
républicain réfugié dans le sud-ouest aime
les mots peu usités, en abuse parfois -au
bonheur de « l’immarcescible » !- et c’est sans
doute ce qui intrigue le plus dans ce récit des
sept dernières années de quatre hommes
assassinés par les phalangistes le 18 août
1936 au lieu-dit Ainadamar. L’un d’eux est
Federico Garcia Lorca et il constitue forcément
la clé de voûte d’un édifice solidement bâti
sur de courts chapitres, denses, innervés de
l’œuvre du poète dont l’auteur a retraduit des
extraits ; le roman est fait de divers moments
à « cloche-pied sur la chronologie » vus au
travers d’une loupe, de détails en gros plans
qui campent un ensemble (la mécanique d’un
pédalier, les articulations des doigts de la
main dans un geste significatif…) entre BD et
macrophotographie ; de discours imbriqués
avec l’hétérogénéité des langages, inclus dans
une narration explicitement et malicieusement
commentée par un narrateur omniprésent
(« ça rappelle quelque chose n’est-ce pas ? »
« on en a parlé quelques pages en amont »)
et d’une syntaxe fantasque qui perd parfois
en route son sujet ou le fait revivre sous un
autre thème. L’alternance systématique de
l’imparfait type arrêt sur image et du présent
de narration irrite un peu, tout comme la
construction attendue des personnages au
cœur d’événements historiques que l’on
connaît (l’instituteur dévoué à l’émancipation
du peuple, les banderillos anarchistes etc…).
Le plus réussi est sûrement l’évocation du
rapport de Garcia Lorca à la musique aussi
bien à Grenade qu’à New-York et à Cuba, et
dans ces pages-là la prose libre et bondissante
de Serge Mestre prend tout son sens.
MARIE-JO DHÔ
Ainadamar / La Fontaine aux
larmes Serge Mestre
Sabine Wespieser éditeur, 21 €
Du noir en technicolor
Q
u’est-ce qui fait qu’on accroche autant à la
lecture d’un roman graphique d’Anthony
Pastor, Bonbons atomiques en l’occurrence ?
D’abord sans doute son sens aigu des codes
du polar façon hard boiled et sa façon originale de les utiliser pour mieux les réinventer.
Bonbons atomiques est la seconde enquête
de Sally Salinger : une filature (classique) ;
une fille étrange et sexy, aux faux airs d’Amy
Winehouse et au short ras le bonbon (classique
toujours) ; un patron qui inonde la ville de
bonbons énergisants et très très dopants (la
drogue, un classique là encore) ; tout cela sur
fond de crise et de guerre des gangs, dans
une ville-frontière nommée Trituro (sic !). Sauf
que le privé est une femme, chargée de famille
-deux ados pas faciles- qui se console de la
« disparition » de son mari avec son amant,
poète et homme de ménage (faut bien gagner
sa vie). L’enquête policière version XXIe siècle.
Et puis il y a les décors, américains of course :
enseignes de motels ou de drugstores, longues
voitures et pickups, centrale désaffectée et
salle de sports. Le lecteur retrouve un univers
que le cinéma et la télévision lui ont rendu
familier, mais que Pastor distord habilement
par des cadrages inattendus. Y a quelque
chose de pourri à Trituro ; certaines pleines
pages en disent long -bien plus long que tous
les mots- sur l’état de déshérence de la ville.
Enfin c’est toujours le choc des couleurs qui
séduit. Anthony Pastor plonge son histoire dans
un bain coloré qui la charge d’intensité : rose
fuschia, rouge, orange, les tonalités chaudes
envahissent les ciels nocturnes ; les bleus et
les jaunes claquent. Une ambiance acidulée,
comme les bonbons atomiques. Et tout aussi
addictive.
FRED ROBERT
Le roman graphique d’Anthony
Pastor fait partie de la sélection BD
du Prix Littéraire des lycéens et
apprentis de la région PACA
Bonbons atomiques Anthony Pastor
Actes Sud-L’an 2, 21,80 €
Pub A&F 2016 Zibeline.qxp_Mise en page 1 18/04/16 14:05 Page1
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La radio des sons
d’aujourd’hui et de demain
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78 histoire
La Commune
Révolutionnaire
de Marseille
Épisode 1
Les manifestations massives contre la loi sur le travail, le mouvement du 32
mars et de Nuit Debout ont redonné du souffle à la contestation populaire. Les
mots démocratie, liberté, révolte, et même révolution résonnent un peu différemment depuis ce mois de mars 2016 qui n’en finit pas. Toutes proportions
gardées, il est intéressant de donner un coup d’œil dans le rétroviseur. Il y a 145
ans, la Commune Révolutionnaire de Marseille fut la première à se mettre en
place, avant celle de Paris. Entre août 1870 et avril 1871, le gouvernement du
peuple parvint à s’imposer sur la ville. Premier épisode de ce récit historique
L
e 4 septembre, Gaston Crémieux, Clovis Hugues, Benoît Malon, Auguste
Blanqui. Ces mots, ces noms, sont connus
aujourd’hui pour être associés à des rues de
Marseille. Mais combien de Marseillais savent
encore vraiment à quoi font référence cette
date et ces personnages ?
Au matin de son exécution, le 30 novembre
1871, Gaston Crémieux, héros et martyr de
la Commune de Marseille déclarait, lucide :
« On parlera un peu de moi, ce soir, dans les
cafés ; mais demain, on n’y pensera plus. »
Hugues fut aussi un Communard marseillais. Malon et Blanqui animaient l’agitation
sociale à Paris, qui s’amplifia d’autant plus
après la proclamation de la République, le 4
septembre 1870. Pendant neuf mois, d’août
1870 à avril 1871, Marseille vécut en situation
d’insurrection populaire. Pour comprendre
comment un tel mouvement a pu naître, il
faut remonter à la source. Empire, capitalisme
et prolétariat
En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte,
auteur d’un coup d’état un an plus tôt, devient
Napoléon III, empereur des Français. Pour
s’imposer, le régime autoritaire qui en résulte
s’appuie sur la puissance militaire et sur le
capitalisme naissant. L’expansion coloniale,
associée à l’essor du commerce et de l’industrie sont les recettes du Second Empire.
À Marseille, de grands travaux sont entrepris.
La construction de bâtiments (la Préfecture, le
Pharo...), et le percement de grandes avenues
sont au programme.
Mais derrière ces apparences de prospérité, la
situation sociale est bouillonnante partout dans
le pays. Dans les milieux ouvriers, le ralliement
aux idées de Marx ou Bakounine prend de
l’ampleur. Les conflits sociaux et les grèves se
multiplient. Marseille, où les chantiers prévus
exigent une main d’œuvre très nombreuse,
n’y échappe pas. En février 1867, 200 ouvriers
maçons et tailleurs de pierre, travaillant au
percement de la rue Impériale (future rue de
la République), se mettent en grève.
Cette même année, en juillet, la section marseillaise de l’Association Internationale
des Travailleurs (AIT) voit le jour. Cette
organisation, née à Londres trois ans plus
tôt, prône l’émancipation des travailleurs.
À Marseille et dans sa région, où l’agitation
sociale est de plus en plus vive, l’AIT apporte
un soutien financier aux grévistes et coordonne
des réseaux de solidarité entre les ouvriers.
En 1869, la section marseillaise de l’Internationale compte environ 4 500 membres.
Marseille est devenue l’une des bases de
la Révolution prolétaire mondiale à laquelle
aspire l’organisation. Guerre à la Prusse
À l’été 1870, une nouvelle situation politique
va précipiter les événements. Bakounine, qui
plus tard tentera de mener l’insurrection à
Lyon, déclare alors : « Si les ouvriers de Lyon
et Marseille ne se lèvent pas immédiatement, la France et le socialisme européen
sont perdus. » Le 19 juillet 1870, Napoléon
III a déclaré la guerre à la Prusse. Au-delà de
l’aspect militaire, l’Empereur entend profiter
du conflit pour retrouver du prestige auprès de
la population. Les premiers jours, l’euphorie
patriotique gagne le pays. À Marseille aussi,
l’enthousiasme est de mise. Les soldats, qui
rentrent d’Algérie, font route pour le front de
l’Est et sont acclamés dans les rues.
Mais bien vite, les revers de l’armée s’enchaînent, et à l’euphorie succèdent l’inquiétude
et l’indignation. Le 7 août, au lendemain de
la défaite de Forbach, une foule de 40 000
personnes se masse devant la Préfecture. L’immense cortège est mené, entre autres, par
Gustave Naquet, un journaliste, et Gaston
Crémieux, surnommé en ville l’avocat des
pauvres. Le bâtiment de la Préfecture, achevé
en 1867, est le symbole même de l’Empire
79
Insurrection populaire
Gustave Naquet, rédacteur en chef du journal Le Peuple, lance un discours hostile au
régime impérial. Son arrestation, le soir même,
pour « cri séditieux et offense à l’Empereur »,
sera le détonateur de la première tentative
d’insurrection. Les groupes républicains et
socialistes forment alors un Comité d’action
des ouvriers, des professeurs, des journalistes,
des avocats. À sa tête se trouve l’homme qui
va devenir le personnage majeur de tous ces
mois d’émeute : Gaston Crémieux.
Le but déclaré de ce gouvernement éphémère
est d’organiser la défense de la ville. Mais au
bout de quelques heures, la police donne
l’assaut. Les insurgés sont arrêtés et conduits
en prison. L’expérience fut brève, mais elle
va souder l’ardeur révolutionnaire pour les
mois à venir. Le 10 août, l’état de siège est décrété à
Marseille. Toute manifestation est interdite,
l’Empire, qui vit ses derniers jours, tente de
reprendre la main et d’imposer l’ordre. Le
Les portes de la mairie cèdent facilement, et,
acclamés par les manifestants, les membres du
Comité révolutionnaire s’emparent du pouvoir.
Une Commission s’installe, la toute première
Commune populaire vient de naître.
révolutionnaire qui, le lendemain, 8 août, mène
une marche vers l’Hôtel de Ville.
Les portes de la mairie cèdent facilement, et,
acclamés par les manifestants, les membres
du Comité révolutionnaire s’emparent du
pouvoir. Une Commission s’installe, la toute
première Commune populaire vient de naître.
La Commission compte de nombreux adhérents à l’Internationale, et regroupe à la fois
27 août, les insurgés de la mairie sont jugés
en Conseil de Guerre. Treize personnes sont
finalement condamnées à des peines d’un mois
à deux ans de prison. Crémieux écope de six
mois de détention. Le verdict, relativement
clément, suscite pourtant l’indignation, et
l’avocat en tire encore un peu plus de popularité auprès des Marseillais. La République proclamée
Huit jours plus tard, le 3 septembre, quelques
rumeurs sur la situation au front commencent
à parcourir les rues. Le 4 septembre au petit
matin, des affiches recouvrent les murs,
annonçant la débâcle de l’armée à Sedan et
la capture de Napoléon III. Dans la journée,
tous les symboles impériaux de la ville sont
attaqués. Les aigles, les statues, les fresques,
tout est détruit dans une grande effervescence.
La ferveur républicaine est partout, et sur le
balcon de la mairie, les Marseillais proclament
la République.
Le soir, dans l’enthousiasme général, l’annonce
est faite que la République est proclamée à
Paris, et que s’est constitué un gouvernement
de la défense nationale. Des milliers de personnes sont dans les rues. Elles marchent
jusqu’à la prison et libèrent tous les insurgés
du 8 août.
Pendant toute la nuit, la liesse gagne la ville
et les manifestants finissent par se rassembler
devant le dernier symbole impérial encore
debout : la Préfecture. Le 5 septembre à
l’aube, la foule enfonce les portes et envahit
la Préfecture. Le préfet, représentant en
chef du pouvoir central, échappe de peu au
lynchage et prend la fuite. Le peuple tient sa
revanche, il occupe le palais-forteresse du
régime impérial. La République est fragile, la
nation est vacillante, la patrie est menacée, et
Marseille s’apprête à vivre quelques semaines
de véritable autonomie.
À suivre...
JAN-CYRIL SALEMI
La Préfecture de Marseille symbole du Second Empire © JCS
que rejettent tous les manifestants. Ce palais,
au coût faramineux, a été édifié avant tout
pour rappeler à Marseille l’autorité du pouvoir
central. La population, réunie sur le parvis,
crie sa colère. 41
ZIBELINE EST EN VENTE
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