Zibeline n° 95 en PDF
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95 MENSUEL CULTUREL & CITOYEN DU SUD-EST DU 23.04 AU 21.05.2016 Exemplaire offert avec La Marseillaise le 23 avril 2016 JOURNALZIBELINE.FR politique culturelle Décoloniser les arts critiques La ZAT de Montpellier évènements Les Musiques à Marseille 2€ FESTIVAL DES ARTS DE LA RUE GAP La Criée Photo Joël Robison Théâtre national de Marseille Direction Macha Makeïeff 27,28,29 MAI 2016 Tous dehors (enfin)! 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu L'AvareMolière Mise en scène Ludovic Lagarde 18 > 22 mai « La troupe est brillante, le jeu provocateur, cru et cruel. » Télérama « La version la plus folle, la plus déjantée, la plus radicale... proposée par Ludovic Lagarde » La Croix « Laurent Poitrenaux, en Harpagon magistral et brindezingue, embarque son monde avec une verve et une extravagance jubilatoires » La Vie réservations 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com AVRIL MAI 2016 RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant un samedi par mois Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 Imprimé par Riccobono Debout, le 54 mars Quelque chose se passe, que l’on n’attendait plus. Les gens sont dans la rue. Occupent, parlent, délibèrent, s’organisent, joyeusement et avec force, décident, et imposent leur présence, courageuse, leur révolte, légitime. Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Alors que l’on s’enfermait dans l’État d’urgence, que l’extrême droite Conception maquette Tiphaine Dubois montait en flèche, que le dernier remaniement ministériel et sa loi travail avaient plombé nos ultimes illusions politiques ; alors que le Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli [email protected] 06 65 79 81 10 la gauche (de la gauche) se tiraillait... voilà que le monde du travail se réveille, que la jeunesse prend la rue, si simplement, avec une force qui n’a rien du désespoir, et une intelligence politique insoupçonnée. Ils parlent, ensemble, bâtissent des avancées sans leader charismatique, s’imposent par ces réseaux sociaux qu’on pensait mortifères, et qui 06 25 54 42 22 LIVRES Fred Robert [email protected] MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel [email protected] se révèlent une ouverture effective vers la place publique. La couverture de Zibeline est pour eux, qui passent la nuit 06 82 84 88 94 06 20 42 40 57 06 86 94 70 44 Élise Padovani [email protected] debout. Ils ressemblent à ces hommes qui se sont levés en 68, en 36, en 1870, parce que leurs gouvernements avaient oublié l’intérêt du peuple, et que les urnes 95 restaient muettes. Pour eux, un brin de muguet, comme au Temps des André Gilles [email protected] ÉDITO ARTS VISUELS Claude Lorin [email protected] CINÉMA Annie Gava [email protected] pire semblait possible, qu’une longue régression semblait entamée, que Cerises. Pour eux, une page d’histoire sur la Commune de Marseille, un appel à décoloniser les esprits, à combattre avec les intermittents. Pour eux, avec eux, la floraison des arts Polyvolants Chris Bourgue [email protected] 06 03 58 65 96 Gaëlle Cloarec [email protected] Maryvonne Colombani [email protected] de la rue, et tout un programme d’évènements à venir, de concerts à entendre, d’expositions à visiter, partout, parce que ce territoire est 06 62 10 15 75 à nous, que les arts sont à nous, et que nous avons le droit d’en jouir. Marie-Jo Dhô [email protected] Sortez, passez la nuit debout, enivrez-vous sans cesse. De combat, Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] 06 64 97 51 56 d’alcool ou de poésie, mais enivrez-vous. L’été arrive, il sera chaud, Jan Cyril Salemi [email protected] même lorsque les nuits s’allongeront à nouveau, et que ce beau mois de mars finira. Rien ne pourra l’effacer, car les forces vives de la révolte Maquettiste Philippe Perotti [email protected] ont prouvé qu’elles sont là. 06 19 62 03 61 WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry [email protected] Directrice Commerciale Véronique Linais [email protected] 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant [email protected] 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn, Marie Michaud Administration Axelle Monge [email protected] Houda Moutaouakil [email protected] 06 33 78 94 09 04 91 57 75 11 AGNÈS FRESCHEL Exposition 27 avril—29 août 2016 Un génie sans piédestal Picasso et les arts & traditions populaires Mucem Picasso Billet coupe file en vente sur mucem.org Mucem.org Avec le soutien exceptionnel Esplanade du J4, 7 promenade Robert Laffont — 13002 Marseille Design graphique : Spassky Fischer Grâce au mécénat de Partenaires Pablo Picasso, Torero, 12 avril 1971, huile sur toile. Collection Particulière. Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte. © FABA Photo : Éric Baudouin © Succession Picasso 2016 sommaire 95 SociÉtÉ Budget de la Région PACA (P.6) Salon des agricultures (P.7) Polluants invisibles et perturbateurs endocriniens (P.8) Les fées nomades en Tunisie (P.9) Politique culturelle Décoloniser les arts, Les Comores (P.10-11) Université de Toulon (P.12) Intermittents, un combat idéologique (P.13) Le Stéréoscope des solitaires © Agathe Dufourt Évènements Festival Les Musiques à Marseille (P.14) Théâtre Liberté de Toulon (P.15) Nuit Européenne des Musées (P.16) Printemps des chercheurs (P.17) MuCEM (P.18) Caravane syrienne à Aix, Scènes de Bistrots PACA (P.19) Printemps de la Danse, Opera Mundi Marseille, Arts et festins du monde Gardanne (P.20-21) Cité de la Musique Marseille, Jazz in Arles (P.22) Joutes musicales à Correns, Jazz à Cassis, La Paloma à Nîmes (P.23) Ernest Pignon Ernest, Parcours Jean Genet, 2006. Serigraphie photographie in situ, Brest. © Ernest Pignon Ernest-Adagp, Paris, 2016-Cliché Banque d’images de l’Adagp critiques Spectacles (P.24-29) Montpellier, Marseille, Aix, Toulon, Avignon Mort et réincarnation en cowboy © Christian Berthelot au programme Musique (P.30-34) Spectacles (P.35-60) Bernd Lohaus, Villeneuve, 1988, bois flottés et assemblés, 64x546x544cm © C. Lorin/Zibeline 2016 cinéma [P.61-64] Arts visuels [P.66 -71] Montpellier, Sète, Marseille, Aix, Arles, Martigues, Aubagne, Malaucène, Gap, La Seyne, L’Isle-sur-la-Sorgue livres [P.72-76] histoire [P.78-79] La Commune de Marseille 6 société PRIORITÉ À L’ENTREPRISE, ET À L’EMPLOI le pastoralisme, la sécurité des gares, et un plan « Smart Mountain » de développement des stations de skis (canons à neige et télésièges) qui ne pense pas une reconversion adaptée au changement climatique... « PENDANT 18 ANS À LA RÉGION ON N’AIMAIT PAS FORCÉMENT Économie, culture LE MONDE DE L’ENTREPRISE. OR IL NE PEUT Y AVOIR DE CROIS- et politique SANCE QU’AVEC LE SOUTIEN AUX ENTREPRISES. C’EST NOTRE La relance par l’investissement est un choix politique, et une option économique de plus PRINCIPAL DÉFI. » en plus contestée, parce qu’à l’usage elle n’a, de C’ est par ces mots que Christian Estrosi présentait son budget : il faut répondre à l’urgence économique, dans une région où le taux de chômage atteint 12% (taux national 10%) et où « les citoyens ont été séparés de la proximité régionale et se sont donc défoulés aux élections ». La mise en place du FIER, fonds d’investissement pour les entreprises de la région, n’est pourtant pas à proprement parler une mesure nouvelle : un Fonds d’Investissement existait déjà, il est augmenté de certains fonds européens, et fléché différemment. La Région est endettée, « la plus endettée après l’Île de France », et Christian Estrosi veut « trouver des marges » pour mener une politique en faveur de l’emploi, en espérant que des entreprises vont s’installer en PACA grâce à des garanties bancaires et des prêts régionaux, et à une attractivité retrouvée grâce au tourisme, à la formation, à la culture. Pour cela, il veut « faire des économies de fonctionnement » de 44 millions. En fermant les antennes régionales des départements, en diminuant la masse salariale, en réduisant le parc de voitures... autant de mesures qui semblent insuffisantes. Car le FRAT (Fonds régional d’aménagement des territoires) augmente, les communes rurales pourront bénéficier pour leurs équipements d’un investissement régional déplafonné... Mais l’idée est de « se tourner vers l’avenir, ne plus soutenir les secteurs qui s’effondrent et doper l’innovation ». C’est-à-dire la transition numérique, le très haut débit, mais aussi le nautisme de luxe de La Ciotat, nos jours, qu’un faible impact sur l’emploi. La relance par le soutien à la consommation est une autre option, et il n’est pas certain que les secteurs retenus par l’actuelle majorité soient réellement des secteurs d’avenir. Ainsi on peut noter une diminution de l’aide à l’Économie Sociale et Solidaire (11% de l’emploi dans la région est pourtant associatif), des budgets Formation et Lycées qui diminuent, la fin des pénalités pour les communes qui ne respectent pas le quota minimal d’habitations sociales... Si la « sanctuarisation » du budget de la culture est une bonne nouvelle (augmentation de 1,1%, soit dans les faits un simple maintien), elle ne sera pas suffisante pour sauver un secteur créateur d’emploi, mais aux dotations nettement Le carrefour des agricultures F angio, Bibi et Précieuse, respectivement taureau de Camargue, mouton mérinos et chèvre du Rove, seront les mascottes du Salon des agricultures de Provence, qui se tiendra du 3 au 5 juin à Salon-de-Provence. Lors de la conférence de presse qui annonçait l’événement, la présidente du Conseil Départemental 13, Martine Vassal, s’est réjouie de tenir cet engagement de campagne, avec l’intention de le pérenniser. Elle a par ailleurs maintenu le budget de sa collectivité consacré au secteur agricole (10 millions d’euros). Les paysans, en plein marasme économique, ont en effet bien besoin de soutien, et pour celle qui déclare avoir « découvert la ruralité récemment en sillonnant le département », il est important qu’elle soit dynamique et attractive. Quelques chiffres communiqués par le CD13 : la surface agricole représente 29% du territoire, 10 000 emplois directs sont concernés et 30 000 emplois induits. Une très grande diversité de production (maraîchage, arboriculture, riz, vignes, oliviers, miel...) caractérise la Provence, et le département est allé défendre auprès de l’Europe les spécificités locales, « dont les politiques © Gaëlle Cloarec nationales ne tiennent pas compte ». Ce salon, sur le papier, est bel et bon ; il peut faire contrepoint en région au Salon International de l’Agriculture à Paris, mettre en valeur les immenses atouts de nos terres. Le Maire de Salon-de-Provence, Nicolas Isnard, vantait le site qui accueillera la manifestation, le domaine du Merle, haut lieu du pastoralisme hébergeant « le plus ancien centre français de formation des bergers, et la Maison de la Transhumance ». Cet espace réunira un village des producteurs, une ferme aux animaux, des ateliers pédagogiques... et un pôle professionnel. Et c’est là que le bât blesse. Quand une journaliste (Mireille Bianciotto, de Radio Dialogue) pose la question majeure en diminuées depuis des années, notamment dans les Bouches-du-Rhône, par les autres collectivités territoriales. Cependant Sophie Joissains, vice-présidente en charge de la Culture, affirme vouloir continuer à subventionner les compagnies régionales, à développer l’action culturelle, à soutenir la diffusion, les lieux, les festivals, la formation, et les dispositifs existants. Une politique culturelle qui ménage deux visions différentes de la culture : celle de l’attractivité, et celle du droit culturel pour les habitants de PACA. Car l’emploi culturel, et l’attractivité du territoire induite par la bonne santé d’un secteur essentiel au tourisme, sont les raisons évoquées par Christian Estrosi pour soutenir le secteur culturel : la richesse culturelle, monuments et festivals, est citée par un nombre croissant de touristes comme étant importante dans leur choix de destination, et les touristes venus d’autres régions dépensent 15 milliards d’euros chaque année dans le territoire, dont 7 milliards d’euros pour le seuls touristes étrangers. Mais l’investissement dans la culture (53 millions d’euros comme dans les mandatures précédentes) sert également, et essentiellement, à construire une société meilleure. Raison qui devrait présider à tout choix économique : l’Économie Sociale et Solidaire, la formation, la préoccupation écologique, la volonté d’investir dans des secteurs pas nécessairement rentables, mais essentiels au développement de chacun, ne peuvent être oubliés. 80% des richesses produites dans la Région sont consommées par ses habitants : en dehors même de la préoccupation sociale, l’appauvrissement actuel de certaines populations a un impact direct sur le recul de la consommation, donc sur l’emploi, et la fameuse croissance. AGNÈS FRESCHEL Le budget 2016 de la région PACA a été voté le 8 avril terme de santé publique des engrais et pesticides utilisés massivement par l’agriculture intensive, Claude Rossignol, président de la Chambre d’Agriculture 13, répond : « Je n’oppose jamais les agricultures. De l’intensive, la raisonnée ou la bio, je ne sais pas laquelle pollue le plus ». Sur ce pôle professionnel, on craint donc de voir apparaître les représentants en produits toxiques qui hantent les allées de l’événement parisien, entraînent la mort des sols, et celle de la paysannerie. Rappelons que le bilan du plan Ecophyto mis en place en 2008 par le gouvernement pour réduire l’usage des pesticides est très mauvais. On rêverait plutôt d’un encouragement massif des collectivités aux alternatives efficaces, biodynamie ou permaculture. On ne peut pas dire qu’elles ne font rien, un mouvement s’amorce de protection des terres agricoles face à la pression foncière, des aides à l’investissement sont mises en place pour ceux qui souhaitent s’installer en bio*. Mais il faut impérativement sortir des vieilles rhétoriques : les citoyens s’informent, on ne peut plus leur servir le type de discours que Claude Rossignol tient encore. 21e édition 11 > 21 MAI 2016 GAËLLE CLOAREC * 8% des exploitations pratiquent l’agriculture biologique en PACA, soit mieux que les 4,7% à l’échelle nationale SCHWAB SORO / DREISAM / LOUIS SCLAVIS, DOMINIQUE PIFARÉLY, VINCENT COURTOIS / KRIS DAVIS / JEAN-MARC FLOTZ, STÉPHAN OLIVA BRUNO ANGELINI, RÉGIS HUBY, CLAUDE TCHAMITCHIAN, EDWARD PERRAUD GÉRALDINE LAURENT, PAUL LAY, YONI ZELNIK, DONALD KONTOMANOU VINCENT PEIRANI, ÉMILE PARISIEN, MICHEL PORTAL Association du Méjan : 04 90 49 56 78 8 société La santé en mains sales L’INDUSTRIE PÉTROCHIMIQUE AURA-T-ELLE NOTRE PEAU, AVEC L’AVAL DES INSTANCES CENSÉES PROTÉGER LA SANTÉ PUBLIQUE EN EUROPE ? © Wiki Commons I l y a des précédents : les marchands de tabac ont empêché les pouvoirs publics de réglementer en leur défaveur pendant des décennies, bien après que les médecins ont révélé le danger lié à la fumée de cigarette. Aujourd’hui, ce sont les producteurs de pesticides, d’OGM, de nanoparticules qui recourent aux méthodes de ces précurseurs pour faire valoir leurs intérêts commerciaux, alors que l’exposition à ces produits fait exploser les pathologies lourdes, notamment les cancers. Dans son ouvrage PCB, des polluants invisibles et redoutables. Une menace pour l’humanité, paru en 2015, Henry Augier dresse un tableau glaçant de l’une des pires pollutions à laquelle nous sommes confrontés. Les polychlorobiphényles ont été interdits après une interminable bataille, dans les années 80 en France puis dans l’Union Européenne, mais ce sont des substances particulièrement rémanentes : produits de manière industrielle à partir de 1929, ils se sont répandus absolument partout. On les trouvait dans les lampes, les appareillages électriques, le papier, les sols, les isolants, la peinture, les radiateurs... Ils contaminent les plantes, les animaux, les humains qui les absorbent. Volatils, ils se dispersent dans l’atmosphère et ont une forte affinité avec les matières organiques : ils se concentrent dans les parties graisseuses, foie, peau, muscles. Outre leur effets endocriniens (anomalies de la thyroïde, altération du sperme...), ils affectent le développement neurologique, vasculaire et immunitaire. On en relève même sur la banquise, véhiculés par les courants aériens et marins. Or, alors que « très tôt des constats épidémiologiques et des études scientifiques avaient démontré leur redoutable dangerosité », rien n’a été fait pendant... 70 ans. Par la suite, les Préfectures ont publié des arrêtés, pour interdire la consommation de poissons du Rhône aux riverains, par exemple. La dépollution est très peu concluante pour l’instant, et conduit plutôt les pouvoirs publics à tenter les procédures de confinement. Pourquoi cette inaction ? Pour comprendre, on lira avec grand intérêt l’ouvrage de Stéphane Horel paru également en 2015, Intoxication. L’étude menée par cette journaliste dans les coulisses des instances européennes, qui se dévore comme un thriller, détaille l’influence inouïe exercée par les lobbies de l’industrie sur les décisions politiques. Centré sur la question des perturbateurs endocriniens (dont font partie les PCB), son livre dévoile les stratégies du secteur de la chimie, des pesticides et du plastique pour que l’on continue à consommer leurs produits empoisonnés. Rappelons que ces substances perturbent le système hormonal subtil régissant nos organismes. « Personne ne tombe foudroyé d’une exposition aux PE », mais ce sont des bombes à retardement, qui explosent 20 ou 30 ans plus tard : infertilité, cancers du sein, obésité, etc. Pour défendre l’indéfendable, une foule de lobbyistes martèle des À lire PCB, des polluants invisibles et redoutables Une menace pour l’humanité Henry Augier Éditions Libre & Solidaire, 23 € Intoxication Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates : une bataille d’influence contre la santé Stéphane Horel La Découverte, 19 € messages pseudo-scientifiques dans l’écosystème bruxellois, place des experts issus de grandes firmes auprès de la Commission, et tente de peser directement sur le texte des lois. Plus le sujet est technique, plus il leur est facile de semer le doute auprès de responsables peu avertis -quand ils ne sont pas complaisants. Le dossier des perturbateurs endocriniens est ainsi resté bloqué 4 ans, faute d’en avoir adopté une définition précise ! Malgré les études fort sérieuses publiées par moult endocrinologues et toxicologues, malgré le principe de précaution qui devrait prévaloir, les lobbies parviennent à établir qu’il existe une controverse... soulevée par des chercheurs rémunérés par l’industrie. Au royaume du conflit d’intérêt, les plus riches finissent par l’emporter, car « ces mercenaires du déni jouent un rôle déterminant dans l’apathie des pouvoirs publics ». D’autant que les grands traités transatlantiques se profilent, et que les contraintes réglementaires européennes sont une épine dans le pied des multinationales américaines. Voilà pourquoi la santé publique, qui représente pourtant un coût énorme pour la société, ne prévaut pas. Notons que les mêmes procédés sont utilisés ces jours-ci pour sortir de « nouveaux » OGM du statut juridique qui les encadre. On ne saurait trop vous suggérer de vous informer par tous les moyens sur ce qui se trame à Bruxelles : les conséquences de ce qui s’y décide, vous aurez à vivre -ou mourir- avec. GAËLLE CLOAREC 9 Les fées marraines «N ’attendons pas la paix, allons à sa rencontre ! » s’exclame Victoria Madier, Présidente de l’Association évènementielle, culturelle et solidaire Les Fées Nomades*. Nous sommes à l’ambassade de France à Tunis, reçus par l’ambassadeur, son Excellence François Gouyette, pour la cérémonie de passation des « lettres de créance » de la collection Med’In Peace. De nombreux artistes parmi les trente-deux exposants sont là. L’ambassadeur de France souligne que « la France doit être le moteur de la culture, du partage de, de la communication entre les peuples » ; Nadia Zouari, commissaire de l’exposition, renchérit : « la France doit être une plateforme qui unit le monde méditerranéen, dans le respect des uns et des autres». Énonçant « la culture, force de progrès, comme résistance contre l’obscurantisme », Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, l’une des quatre organisations constitutives du Quartet Expo Med’in Peace, oeuvres de Faten Rouissi et Mohamed Ghassan © Maryvonne Colombani tunisien qui a reçu le Prix Nobel de la Paix Printemps des puzzles de Nadia Zouari et de ses 2015, soutient par sa pièces mobiles aux lettres dissociées, PEACE, présence le projet, étrangeté émouvante de l’installation de lampes torches Être Agi, illuminant l’ombre de même que des de Sana Tamzini, on voudrait les citer tous, représentantes des ministères tunisiens bouquet de métal de Yosri Baharini, contes de la Culture, et de délicatement oniriques de Samir Makhlouf, portraits hallucinés en diptyque de Mohamed la Femme, Famille Chelbi, Houda Ghorbel, Lilia El Golliures, et Enfance, ou de sans oublier les caisses symbole du voyage l’Office National Expo Med’in Peace, oeuvre de Nadia Zouari © Maryvonne Colombani du Tourisme Tunisien, ainsi que de TUNI- supporte et promeut cette initiative, Med’In Peace des œuvres… SAIR… Amal Bourguiba, Directrice Centrale voyagera deux années en France (à Lodève, Que de belles choses et de bons sentiments ! Communication et Relations Extérieures de Clermont-Ferrand, Volvic, Grenoble, Saint- Et lorsque l’on aura évoqué le projet d’une la compagnie aérienne nationale de la Tunisie Etienne, Lyon et dans la région à Marseille grande marche des femmes pour la paix en explique combien sa contribution participe du à Aix et à Avignon en 2017.). Autour de l’ex- Méditerranée, un festival de la paix en Tunisie « devoir citoyen de soutenir la culture et les artistes position, des happenings et un mini-festival, dans deux ans, le fait que l’association des Fées tunisiens, en tant que femmes et qu’êtres humains ». avec des tables rondes, des projections de la Nomades ne fait pas de bénéfices, les sourires jeune création cinématographique tunisienne, gentiment sceptiques s’étirent en rires… L’art du théâtre, de la musique… Des rencontres face aux bombes et aux tentations totalitaires ? pédagogiques, organisées en relation avec les Est-on à une époque de « bisounours » ? VicNadia Zouari affirme avec force que « la académies ou/et l’association MOSAÏC de toria Madier s’insurge, « bisounoursons donc ! », Tunisie n’est pas que djihadisme et artisanat local Samir El Bakkali qui souligne combien « la l’humanité vaut mieux que les destructions typique, il y a un vivier d’artistes contemporains, culture, le sport, valorisent en invitant au partage sauvages qu’elle s’inflige, il est nécessaire de qui parlent du monde d’aujourd’hui ! ». « Les et au construire ensemble ». réagir, d’agir, d’apporter une contribution. artistes ouvrent les lignes », Victoria Madier, Le pouvoir des fées contre la barbarie, on portée par un enthousiasme communicatif, veut y croire ! MARYVONNE COLOMBANI transmet sa belle énergie, et insiste : « la culture est une arme pour la paix ». * Nées en 2014, Les Fées Nomades assorties L’exposition Med’In Peace ouvre la voie : Avec une belle intelligence, Thomas Wierz- du fonds de Dotation Alliances Méditerranée elle présente trente-deux artistes tunisiens binski, conservateur des Musées de Montélimar, pour la Paix et la Solidarité, fédèrent des contemporains sur le thème de la paix, et reçoit a organisé les œuvres en s’appuyant sur leurs professionnels de la culture et de l’évènementiel en vue de promouvoir les idées de paix et de deux invités d’honneur, les sculpteurs Khaled vibrations, les mettant en résonance, blancheur tolérance à travers de grandes manifestations. Dawwa (Syrien) et Mohamed Ghassan (Ira- innocente de vêtements d’enfants de Faten kien). Après son inauguration et un premier Rouissi, gardés par les terribles personnages temps à Montélimar (jusqu’au 22 mai), ville qui de Mohamed Ghassan, mise en regard du les-fees-nomades.com Changer le regard Med’In Peace 10 Politique Culturelle Debout les racisés ! L e constat de l’absence de « diversité » sur les scènes et dans les arts commence à entrer dans les discours du ministère (voir Zibeline 94). Mais cette terminologie recouvre une réalité difficile à saisir, parce que la loi française interdit les statistiques ethniques, et parce que le milieu a du mal à voir ce qu’il a sous les yeux. C’est-à-dire la nette domination numérique des hommes blancs de plus de 40 ans dans le milieu artistique... Faut-il séparer les luttes des minoré-e-s, qui forment la large majorité de la population française, et souffrent de fait d’une exclusion des représentations ? On entend par minoré-e-s les femmes, les afropéens, les arabes, les asiatiques, À L’OCCASION DE LA CRÉATION D’EVA DOUMBIA À LA CRIÉE, LE COLLECTIF DÉCOLONISER LES ARTS TENAIT CONFÉRENCE À L’EQUITABLE CAFÉ À MARSEILLE, LE 31 MARS, JOUR DE MANIFESTATION QUI FINIT PAR LA PREMIÈRE NUIT DEBOUT... autrement dit tous ceux qui sont dans les faits maintenus dans une inégalité sociale, salariale, et de représentation... Et a-t-on intérêt à faire converger les luttes, ou à préciser comment chacune est spécifique ? Les trois décolonisatrices, très convaincantes, séparent, sans les opposer, les combats. Le collectif, formé d’artistes et d’intellectuels, emploie le terme racisé, et le définit ainsi : « Assigné et réduit à une origine, réelle ou fantasmée, du fait de sa couleur de peau, son faciès, ou son patronyme. Victime de racisme, qu’il soit de haine, de préjugé ou d’omission. » Le milieu culturel pratique clairement l’omission, parfois le préjugé, et rarement la haine. Mais pour que le racisme des arts cesse, il faut qu’il soit identifié consciemment. Sans doute pas seulement en comptant les racisés, mais en dénouant ce que l’histoire de France a systématiquement caché. Dénombrer ne suffit pas. Faut-il redire qu’il n’y avait que des blancs parmi les 34 nominés des Molière ? Sans doute. Mais Gerty Dambury a raison de rappeler que l’important est de changer les mots, les discours, les images. La veille Laurence Rossignol, Ministre du droit des femmes, avait lancé une phrase terrible, et remarquée parce qu’elle s’en prenait aux « porteuses volontaires du voile », et employait le mot « nègres ». Mais Françoise Vergès fit Mémoire vive «U ne trilogie littéraire et musicale pour un théâtre afropéen résolument politique et littéraire ». Ainsi est sous-titrée La traversée! mise en scène par Eva Dumbia, qui se propose de revisiter pas moins de 400 ans d’histoire de l’esclavagisme du choc originel à nos jours. Pour cela, Eva Doumbia s’est emparée de textes qui ont en commun d’avoir été écrits par trois femmes, noires, romancières et descendantes d’esclaves : un parti pris aussi fort que nécessaire. Trois spectacles donc, réunis lors d’une soirée : La vie sans fards (précédé de Segou) tiré des écrits de Maryse Condé, Insulaires d’après Jamaïca Kincaid et Fabienne Kanor et La grande chambre de cette dernière également. Afin de revivifier dans nos mémoires cette terrible odyssée, Eva Doumbia a convoqué sur scène aussi bien un orchestre et une chanteuse, le récit dans la tradition de la transmission orale, la vidéo et la danse. Un pari osé dans son éclectisme et sa longueur (4 heures de spectacle pour l’intégrale) mais réussi de bout en bout. En effet, ces différents moyens mis en place pour donner vie à ces textes sur scène concourent à créer un spectacle protéiforme extraordinairement vivant. Le spectateur se trouve ainsi constamment amené à traverser des émotions diverses et changeantes à chaque nouveau tableau. Si bien qu’à chaque nouvelle scène, la surprise est au rendez-vous. Insulaires © Cie La Part du Pauvre Se succèdent ainsi entre autres : une scène d’une parodie d’interview ironique et dénonciatrice de Maryse Condé par un journaliste blanc occidental « bien pensant » -Bernard Pivot n’est pas loin !-, des chants d’apaisement puis de douleur ou encore le poignant récit d’une mère en marche vers son cruel destin d’esclave. Puis l’on se retrouve de nos jours au Havre, dans ce qui semble être une chambre d’hôtel où une jeune femme hantée par le passé esclavagiste de la ville se retrouve visitée par les spectres du passé. Ce qui donne lieu à une danse de groupe saccadée et syncopée, comme des marionnettes prises de folie : impressionnant. À saluer enfin, la présence sur scène d’une formidable troupe de musiciens et d’acteurs blancs et noirs, ces derniers si absents des scènes françaises. Une traversée à la fois de révolte et de poésie, pour une histoire mal dite et à redire. FRANCK MARTEYN La trilogie a eu lieu le 1er avril à La Criée, Marseille 11 justement observer que cela n’est pas le plus choquant : dire Il y a des femmes qui choisissent le port du voile, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage, c’est ignorer combien l’esclavage n’était choisi par aucune de ses victimes, c’est revenir à Autant en emporte le vent, c’est aussi oublier que la France est restée esclavagiste bien plus longtemps que l’Amérique. Comment peut-on, même par abus de langage comme elle s’en est expliquée, commettre un tel abus de pensée ? Et comment les médias qui ont dénoncé cette phrase n’ont-ils pas relevé qu’aucun esclave n’a jamais été volontaire ? Selon Françoise Vergès « il faut changer la structure de la société française, qui reste profondément marquée par la colonisation : notre littérature, notre droit institutionnel, le droit du travail, nos imaginaires surtout sont empreints de siècles d’esclavagisme et de colonisation ». Eva Doumbia l’affirme aussi : ce sont nos psychés qu’il faut bouleverser. L’histoire de la libération des femmes, l’histoire du travail doivent se récrire en prenant en compte les femmes noires, le travail forcé, l’exploitation des esclaves enchainés. Et pour cela, il faut avant tout décoloniser les arts, parce qu’il est primordial de changer le regard. Comment ? Gerty Dambury explique que le Cid peut être joué par un acteur noir, mais qu’il faut aussi favoriser un répertoire décolonisé. Il faut que les racisés aient accès aux outils de travail, aux théâtres, aux écoles. Eva Doumbia rappelle cette réunion au Théâtre de la Colline, après laquelle le collectif s’est formé : pour parler de la diversité, sur scène, une brochette de metteurs en scène et directeurs blancs. « Nous existons, nous artistes racisés. Or aucun d’entre nous n’est à la tête d’un Centre Dramatique ou d’une Scène Nationale (Wajdi Mouawad n’était pas encore nommé au Théâtre National de la Colline). Les deux seuls racisés sont des Africains directeurs dans les DOMs, comme si c’était pareil, comme s’il fallait un noir pour des noirs, d’où qu’il vienne... ». Le chemin sera long pour que les préjugés cessent de régner en maitre. « Parmi les racisés eux-mêmes », fit remarquer une programmatrice de musique des caraïbes : s’ils viennent volontiers danser, ils pensent généralement que la musique « assise » n’est pas pour eux, pas plus que le théâtre, et reproduisent dans leur rapport à l’art les préjugés dont ils souffrent. La créolisation et la mondialité désirées par Edouard Glissant supposent une réappropriation d’une culture perdue dans la cale des bateaux négriers, mais aussi l’affirmation que la culture des colonisateurs est aussi la leurs. Définir comment tout cela devient nôtre est sans doute le beau défi des années à venir. À noter que le collectif Décoloniser les arts organise une rencontre publique au Théâtre National de Chaillot, à Paris, le 23 avril à 14h. (Lire aussi p. 25) AGNÈS FRESCHEL Colonisation française aux Comores et si l’on agrandit les centres de détention, on ne construit ni écoles ni dispensaires de soins. « Le SMIC y est moitié moins élevé que celui de la Réunion ». Le militant révolutionnaire (il a passé du temps dans les geôles de Bob Denard) déplore le manque de courage des politiciens comoriens, « qui ne restent au pouvoir que s’ils se plient aux volontés de la France ». Les rebelles ont © librairie Transit L a librairie marseillaise Transit est spécialisée en critique sociale, antifascisme, féminisme, théorie de l’émancipation. Le 29 mars, elle organisait une rencontre avec Saïd Ahmed Saïd Mohamed Jaffar dit Guigui, militant comorien. L’occasion pour l’assistance de découvrir avec horreur un passé et un présent des relations franco-comoriennes consternants. La « patrie des droits de l’homme » a colonisé les Comores au XIXe siècle, et depuis, bien qu’une autonomie administrative ait été obtenue en 1946 et une accession à l’indépendance validée au mitan des années 1970, elle se comporte toujours comme en pays conquis. En gardant Mayotte sous son égide, la France a fractionné un territoire insulaire constitué de quatre îles de manière douloureuse. Le gouvernement Balladur a créé un visa pour empêcher que les ressortissants des autres îles (Grande Comore, Anjouan et Moéli) ne se rendent à Mayotte librement, en espérant y trouver de meilleures conditions de vie. Selon Saïd Ahmed Saïd Mohamed Jaffar, qui évoque un véritable apartheid, des centaines de personnes se sont noyées en tentant de rejoindre les rives françaises à la nage, d’autres sont détenues en prison dans des conditions atroces, les enfants des rues peuplent les bidonvilles, été découragés, parfois assassinés dans des conditions troubles. « L’État français devrait être traduit en justice devant le Tribunal Pénal International pour le mal qu’il a fait chez nous. » Pourquoi la France s’accroche-t-elle à ce point aux Comores ? Parce qu’il s’agit d’un point stratégique, une base militaire cruciale, entre le golfe d’Aden, les Seychelles, Djibouti. Les pétroliers passent à proximité, par le canal de Mozambique, « et s’ils n’étaient plus là, ce seraient les américains et les autres qui prendraient leur place ». Comble de malheur, on y a trouvé récemment du pétrole et du gaz de schiste. Les quatre îles ont beau cumuler un territoire équivalent au quart de la Corse, cela éveille bien des convoitises... Mais la révolte gronde. Saïd Ahmed Saïd Mohamed Jaffar déplorait à la librairie Transit la passivité des Comoriens, éteints par l’étouffoir du colonialisme, précisant avec dépit : « On est encore loin de relever la tête ». L’avenir pourrait lui donner tort : la grève devient générale à Mayotte, qui s’enflamme depuis le 30 mars, avec pour revendication « l’égalité réelle ». GAËLLE CLOAREC La rencontre a eu lieu le 29 mars à la librairie Transit, Marseille 12 Politique Culturelle L’ART SUR LES BANCS DE L’UNIVERSITÉ L’UNIVERSITÉ DE TOULON N’A PAS PERDU DE TEMPS POUR CRÉER DES PASSERELLES ENTRE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET LA CRÉATION ARTISTIQUE : TROIS ANS, TROIS PROJETS, ET UN AUTRE À VENIR… E n 2013/2014, un an avant que les étudiants s’installent en centre ville -campus Toulon-Porte d’Italie-, deux artistes de Metaxu1 leur proposèrent de travailler sur le thème « Habiter sa ville ». Le projet, concomitant à l’inauguration du bâtiment PI, se concrétisa sous la forme « d’une maquette augmentée, sensorielle et sensitive ». Fort de cette expérience, l’Université de Toulon continua sur sa lancée en invitant la compagnie varoise Grand Bal à faire un petit tour de piste avec les étudiants autour de la notion de transmission. Un choix motivé par une première collaboration à la BU du campus de La Garde où la chorégraphe Isabelle Magnin présenta des haïkus. La résidence s’acheva sur la création La Profondeur de la légèreté à l’Espace des Arts au Pradet, objet d’une captation vidéo par les étudiants de TÉLOMÉDIA2 diffusée pendant le Printemps de l’université. Deux opérations menées en concertation avec les enseignants, les artistes et les étudiants de l’ensemble des filières, porteuses de sens et de lien social, véritables aiguillons pour apprendre. « Pénétrer le bunker par la danse » Le Service Vie étudiante, dirigé par Ludmila Veillard, est à l’origine de ces premiers projets inscrits dans le cadre de la convention « Universités lieux de culture » signée entre les ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur le 12 juillet 2013. Mais Ludmila Veillard, issue du sérail du spectacle vivant, a souhaité aller plus loin. D’abord en créant fin 2015 la Commission culture présidée par Valérie Gillot, convaincue que « l’expérience auprès des artistes forme et ouvre l’esprit des Printemps de l’UTLN 2016 © Université de Toulon étudiants ». Puis en lançant sur les plateformes professionnelles un appel à projets en résonance avec le territoire, toutes disciplines confondues. Doté de 10 000 €, le projet est coproduit à parts égales par l’Université et la DRAC Paca qui soutient les résidences d’artistes. Première sélectionnés avec Si seulement on voyait ce que l’on fait…, la compagnie Artmacadam s’est lancée dans l’aventure « pour partager avec les étudiants ce qui [nous] anime » et qui fait son ADN depuis plus de quinze ans. « La tribu, comme l’appelle Hélène Charles, est née dans la rue et explore de nombreux espaces non conventionnels pour aller à la rencontre de tous les publics », l’université était donc un terrain d’investigation idéal pour s’interroger : « on ne connaît que la face extérieure vitrée des trois plots. C’était un cadeau que de découvrir et comprendre comment on y déambule, comment on y vit ». Avec, comme matière à création et à improvisation, « l’architecture et les étudiants », sans oublier « la chance d’avoir des enseignants qui inscrivent notre projet dans leur cursus ». Si le déroulé des ateliers, les processus d’élaboration, la formation technique et artistique se déroulent à l’abri des regards extérieurs, la suite appartient aux toulonnais : le 24 mars au soir, ils ont découvert la performance sur les façades de l’université mises en lumière et « en danse » comme par enchantement. Un vrai travail de forcenés en coulisses ! Artmacadam a réussi son pari de susciter l’imagination des jeunes et d’activer leurs désirs, comme avant elle Metaxu et Grand Bal, aux prochains artistes de relever le défi3… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 1 Lieu culturel dirigé par un collectif d’artistes : Benoît Bottex, Julien Carbone, Yann Lasserre, Hildegarde Laszak et Pauline Léonet. 2 Pôle de création et diffusion audiovisuelle et numérique dédié au transmedia et aux nouvelles écritures. 3 Réunion de la Commission culture le 28 avril, déclaration des résultats le 19 mai. repères en chiffres Nombre d’étudiants dans le cadre d’un enseignement de projets tuteurés : • 25 en STAPS option danse Licence 1, 2, 3 • 20 en INGÉMÉDIA Licence pro TSI groupe création sonore • 5 en MMI DUT 2 pour la communication internet et externe du projet (Métiers du Multimédia et de l’Internet) À cela s’ajoute une cinquantaine d’étudiants dans le cadre d’ateliers libres (vidéo, théâtre, dessin, performance corporelle). 13 Intermittents, un combat idéologique LA BLAGUE EST MAUVAISE, ET RÉCURRENTE. FAUDRA-T-IL QUE TOUS LES DEUX ANS LE MEDEF ET LA CFDT S’ACHARNENT À PLOMBER LA VIE CULTURELLE FRANÇAISE ? N ous voici encore acculés dans l’impasse défensive, à justifier auprès des collectivités locales des gains sonnants que la vie culturelle apporte aux territoires, pour chaque euro investi. À justifier auprès des politiques plus éclairés ce que la culture « rapporte » en termes d’égalité des territoires, d’éducation, d’emploi solidaire, de « rentabilité sociale ». Et nous voici amenés, comme chaque année, à expliquer en quoi le régime des intermittents est indispensable, et pourquoi il n’est pas un privilège... Faudra-t-il une fois de plus que les Festivals s’annulent et que les collectivités publiques, émues pour leur santé économique, s’arrangent pour sauver le régime in extremis, en diminuant sa couverture ? Les prétendus privilèges des intermittents n’en sont pas. Seuls 50% des cotisants sont indemnisés, et l’indemnisation moyenne est de 800 € mensuels. La rémunération totale mensuelle (cachets + indemnité chômage) est désormais plafonnée à 3380 € nets, ce qui ne représente pas une rémunération maximale sidérante au vu du niveau d’études et de qualification de techniciens supérieurs et d’artistes qui, contrairement aux préjugés tenaces, ne sont pas des fainéants ou des incapables ; ils passent souvent leur vie et leurs nuits à travailler leur instrument, leur corps, leurs mains, et il faut faire 43 cachets isolés en 10 mois pour être indemnisable : aucun artiste ou technicien approximatif n’est susceptible de dégoter 4 ou 5 cachets par mois... Le régime est déficitaire ? Certes ! Mais sans l’intermittence il faudrait indemniser ceux qui deviendraient des chômeurs au régime général, et ne généreraient plus de cotisations. Ce qui coûterait moins cher, mais entérinerait le reproche habituel : oui les intermittents touchent plus qu’ils ne cotisent, mais les salariés de la culture, eux, cotisent sans toucher ; © X-D.R l’ensemble du secteur culturel est largement bénéficiaire, et n’existerait pas sans l’intermittence, structurelle, de certaines des professions... Car le secteur, mis à mal depuis des années par les politiques publiques, continue de créer de l’emploi, de l’activité, des richesses et du lien. Quel est donc l’enjeu de cette lutte pour la disparition de ce régime ? De fait le Medef, l’Unedic et la CFDT voudraient que l’État compense le déficit du régime, ce qu’il fait en partie depuis 2014 en payant le différé d’indemnisation. Le bras de fer est donc celui là : il s’agirait d’économiser 180 millions en baissant les indemnités de 100 millions (en durcissant encore les conditions d’entrée dans le régime, en baissant les plafonds en particulier dans le cinéma, en allongeant la période de carence entre deux indemnisations...), mais surtout en demandant au gouvernement d’allonger 80 autres millions, en plus des 100 millions qu’il verse déjà depuis les grèves de 2014. Les mauvais comptes de l’Unedic Pourquoi le régime des intermittents reposerait-il sur l’État et non sur les cotisations sociales ? Les intermittents sur-cotisent au chômage, y compris ceux qui ne sont pas indemnisés, en bas de l’échelle, en haut de l’échelle. Ils payent donc leur régime. Par ailleurs les caisses vieillesse et retraite des intermittents sont bénéficiaires : la retraite des intermittents est souvent misérable, car fondée sur leurs seuls cachets ; ils la prennent donc tard, souvent très tard ou pas du tout, travaillant jusqu’au bout, même après 65 ans lorsque les indemnités chômage s’arrêtent. Et l’espérance de vie des artistes est particulièrement basse, en-dessous de celle des travailleurs de force, ce qui dit bien encore combien ces métiers sont usants... Plus généralement, en l’absence de travail, alors que le chômage repart à la hausse, que les jeunes sans avenir passent la Nuit debout, il faut savoir que les cotisations de chômage versées à l’Unedic sont supérieures à ce qu’elle reverse aux chômeurs : le déficit de l’Unedic (de 4,6 Milliards d’€ en 2015, soit 25 Mds d’€ de dette cumulée) n’est pas dû à un déséquilibre entre cotisations et indemnisations, alors même que le nombre de chômeurs indemnisés a considérablement augmenté (ainsi que ceux qui ne le sont pas...). Le principe de la solidarité continue de fonctionner : la masse salariale française est, depuis 2008 et malgré le chômage croissant, relativement inchangée. Comme le dit la Cour des comptes, « le produit des contributions reste supérieur aux dépenses d’allocations ». Le déficit cumulé est dû à la dette des anciennes ASSEDIC, à l’intérêt de cette dette, à une mauvaise gestion du capital mobilier, à des frais importants liés aux commissions paritaires, et à « des dépenses de gestion », à des versements à Pôle emploi et à la l’Agirc Arcco (caisse de retraite). Dépenses qui ont explosé, passant de 3 Mds d’€ en 2008 à 8 Mds d’€ en 2015.... Car l’accroissement du nombre de chômeurs dû au retard de l’âge de départ à la retraite est conséquent : l’assurance vieillesse se redresse, les travailleurs triment plus longtemps, le nombre des chômeurs s’accroit, les cotisations augmentent, et le déficit passe d’une caisse à l’autre... À côté de ces chiffres, les 180 millions d’économie supplémentaire que l’Unedic devrait réaliser sur le dos des intermittents apparaît pour ce qu’elle est : une option idéologique, pour éliminer une catégorie de travailleurs qui voudraient garder un « revenu décent », en adéquation avec la richesse qu’ils génèrent. AGNÈS FRESCHEL Rapport de la Cour des comptes unedic.org/sites/default/files/ cour_des_comptes_observations_ definitives_gestion_ac2008-2014.pdf 14 événements Trois en un ! Le Festival Les Musiques prend de l’ampleur, explorant des territoires nouveaux, et proposant cette année trois temps forts successifs... L e GMEM est un Centre National de Création Musicale, destiné à diffuser des musiques nouvelles. Cette année, ce ne sont pas moins de 8 créations qui auront lieu, dans 7 espaces différents. Une quarantaine de concerts, installations et spectacles, répartis en trois temps. Pour le week-end d’ouverture les 14 et 15 mai, à La Criée et un peu à l’Opéra, la musique jouera en continu, le samedi de 16h à 23h, le dimanche dès 11h... Une installation sonore d’objets farfelus d’Ondrej Adamek (Airmachine 1, pour flûtes, ballons, aérophones...), une déambulation théâtrale avec l’ensemble KNM qui joue le Stéréoscope des solitaires d’Ana Maria Rodrigues, le jonglage de Jérôme Thomas pour un Serious Smile (Henry Fourest, Alexander Schubert, Javier Alvarez), un concert pour deux chanteurs et cornemuse (Erwan Keravec), puis des rencontres, des performances... Et le rythme de la semaine suivante sera soutenu : 10 concerts en quatre soirées ! Les Percussions de Strasbourg commencent le 16 mai à la Fondation Camargo (Cassis) dans un programme japonais, jouant de silences au-dessus Le Stéréoscope des solitaires © Agathe Dufourt d’une des plus belles baies du monde... Le lendemain (17 mai à partir d’Air Machine 2 permettra de toucher les corps de 18h) changement de rythme à La Friche : sonores d’Ondrej Adamek (le 18 mai à 14h30, un ensemble issu du CEFEDEM-sud joue séances scolaires jusqu’au 20 mai, et concerts une création d’Henry Fourès, également à la les 21 et 22 mai à 18h). Le soir, au Théâtre de direction ; puis un projet participatif électroa- La Joliette, l’ensemble Taléa en trio (piano, coustique sur des textes recueillis par Jean-Luc violon, percussions) pour un voyage à travers Raharimanana, suivi d’une création culinaire quatre compositeurs (Furrer, Bedrossian, et sonore composée par Pierre Adrien Charpy Norma, Aperghis), suivi par un Chant d’Hiver : aux instruments, Marie Josée Ordener et Tanguy Viel raconte le Pôle Sud et Samuel Emmanuel Perrodin aux fourneaux. Siguelli met son récit en scène et en musique, Le mercredi après midi, un atelier tout public s’inspirant du Winterreise de Schubert. La légende des gens J ean-Pierre Moulères nous a habitués à ses projets inhabituels. Au J1 pendant MP2013, ses Chercheurs de midi avaient impliqué les citoyens pour qu’ils plongent dans leur mémoire commune, et fabriquent à partir de leurs photos personnelles le portrait multiple d’un territoire (à lire sur journalzibeline.fr). L’an dernier, au Musée Départemental Arles Antique, J’aimerais tant voir Syracuse confrontait encore les « gens » au patrimoine antique, et questionnait « l’espace poétique qu’accorde la ruine » (à lire sur journalzibeline.fr). Aujourd’hui c’est à Toulon, dans le cadre du cycle du Théâtre Liberté intitulé Les mots pour le dire, que ce commissaire d’exposition du Nous cherche à brosser un portrait mosaïque, fait de subjectivités et de mots, de cette ville qu’il déclare « ne pas connaître du tout ». Volontairement, pour ne pas orienter les souvenirs surgissants de ceux qu’il interroge ! Car il y a passé du temps, à organiser des ateliers de parole avec une association de femmes, des familles, des collégiens, un comité d’entreprise, les étudiants de l’école d’art... Entretiens collectifs ou individuels, offrant l’occasion de recueillir des souvenirs, des histoires, des avis sur les rues et les paysages toulonnais, du Mont Faron à la mer. Avec toute sa considération Dans le hall du théâtre, l’exposition prend la forme d’une carte légendée par de courtes phrases sur des bristols, reliés par des fils rouges qui forment comme un réseau sanguin. « Ma ville ressemble à un cerveau » disent-ils... En face, neuf écrans diffusent les dessins, les phrases, l’abécédaire, les poèmes issus des ateliers, et repris dans un petit livret distribué au public. La production de chacun, traitée avec les mêmes égards qu’une œuvre artistique, littéraire, y sort de la banalité, y prend de la valeur. Le soir du vernissage les « gens » réunis disaient combien Exposition Les Mots Pour Le Dire, carte réalisée à l’occasion des dix ateliers d’écriture ainsi que des entretiens avec des Toulonnais © X-D.R cette exposition les considérait. Comment légendent-ils leur ville, la dessinent-ils, la rêvent-ils ? Si le passé militaire affleure (les rues de Toulon se nomment moins de 10 fois au féminin, plus de 100 fois par des noms militaires...), la parenthèse Front national semble oubliée (refoulée ?). La nostalgie des pompons des marins, la plage, la rade, le mistral, le centre ville désert la nuit, les palmiers « qui Les artistvoestrdee talable ! région à Les Musiques du 14 au 22 mai 04 96 20 60 16 gmem.org VE 29 aVril 19h30 • MOISSAC-BELLEVUE (83) Bistrot le Bellevue 04 94 85 87 45 Sa 30 aVril 19h30 • AIGLUN (06) Auberge de Calendal 04 93 05 82 32 VE 6 mai 19h30 • CASENEUVE (84) L’Authentic 04 90 75 71 90 Sa 7 mai 19h30 • OPPÈDE (84) Café des Poulivets 04 90 05 88 31 A.F. C’est peut être juste la lumière qui change jusqu’au 8 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr une deuxième phase de l’exposition, fabriquée à partir d’éléments collectés lors du premier accrochage, aura lieu à partir du 19 mai © Droits réservés Concert • Christophe Charlemagne BON APPÉTIT ! Théâtre • Cie mises en sCène Sa 30 aVril 12h30 • COURSEGOULES (06) Le Bistrot de Sophie 04 93 59 11 19 Di 1Er mai 19h • LES BEAUMETTES (84) L’Imprévu 04 32 50 17 91 VE 6 mai 19h • BEUIL (06) Le Relais du Mercantour 06 87 71 07 57 Sa 7 mai 19h30 • ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83) Le Cercle du Progrès 04 94 80 64 82 donnent un côté bourgeois à cette ville qui ne l’est pas », disent les particularités de cette cité. Mais ce qu’on lit surtout, c’est le rapport commun que chacun entretient à sa ville, et combien toutes se ressemblent : le marché, le collège, les places et les rues, ce qui irrite, les souvenirs, les escapades vers l’ailleurs, les rues encore, les rencontres et les frontières, ceux qui arrivent et changent la ville, ceux qui arrivent et qui ont peur. « Et quand on est dans l’eau, la mer, c’est encore Toulon ? » Certainement, mais pas seulement. L’exposition et le livret s’appellent C’est peut-être juste la lumière qui change... Parce qu’entre Toulonnais les visions divergent mais se rejoignent, parce qu’au-delà de Toulon le portrait tracé est celui que chacun entretient à sa ville. à noter hYPNOS © Christian Milord AGNÈS FRESCHEL Dîner elte spectac * ThE LÉON ORKESTRA One Man Band • enji Wadel, Cie du Filet d’air VE 13 mai 19h30 • MOISSAC-BELLEVUE (83) Bistrot le Bellevue 04 94 85 87 45 Sa 14 mai 19h30 • OPPÈDE (84) Café des Poulivets 04 90 05 88 31 Sa 21 mai 19h30 • BEAUMONT-DU-VENTOUX (84) La Fourchette du Ventoux 04 90 28 97 86 Di 22 mai 19h30 • LES BEAUMETTES (84) L’Imprévu 04 32 50 17 91 VE 27 mai 19h30 • SAUZE (06) Auberge de Sauze 04 93 05 57 70 Sa 28 mai 19h30 • ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83) Le Cercle du Progrès 04 94 80 64 82 * llée auprès Réservation consei © Droits réservés Le 19 mai au Klap, la violoncelliste improvisatrice Severine Ballon sera en dialogue électroacoustique avec quatre compositeurs qui ont écrit pour elle (dont deux femmes, il y en a, surtout quand on leur passe commande comme à Julia Blondeau). L’électroacousticienne américaine Ashley Fure sera également au programme en seconde partie, pour une pièce de Yuval Pick pour 5 danseurs coproduite par l’Ircam. Le week-end de clôture à La Friche cherchera à transgresser les genres. Avec Extra Shapes, qui superpose trois « partitions » autonomes pour haut-parleurs, danseurs et dispositif lumineux (le 20 mai à 18h et 21h), puis Next à 19h30, une création de trois femmes qui travaillent ici : Mathilde Monfreux (chorégraphe), Pôm Bouvier (électroacousticienne) et Elisabeth Saint Jalmes (plasticienne) explorent la transformation organique des corps. Le 21 mai, une soirée pour ensembles : le Talea ensemble au complet cette fois pour un plusieurs pièces mixtes (acoustiques et électroacoustiques) jouées en continu ; puis 2E2M allié au Zeitkratzer autour de Lou Reed, et du dialogue entre musiques savante et électronique. Le 22 mai, Zeitkratzer reviendra pour la recréation acoustique des deux premiers albums du groupe electro Krafter, et le Festival se conclura par un DJ set de Pelle Buys. de Pays de chaque Bistrot Conçu et réalisé par www.laregie-paca.com 16 événements Tous au Musée ! Arles-MDAA © Dominik Barbier Passer la nuit dans un Musée ? Le fantasme est assouvi depuis douze ans par un nombre croissant de participants, à l’occasion de la Nuit Européenne des Musées L a page française de la Nuit Européenne des Musées a près de 30 000 abonnés sur Facebook. C’est dire le succès populaire de cette manifestation, dont la douzième édition se tiendra le samedi 21 mai. Organisée par le ministère de la Culture et de la Communication, elle est placée sous le patronage du Conseil de l’Europe, de la Commission nationale française pour l’UNESCO, et de l’ICOM (Conseil international des musées). L’an passé, elle avait mobilisé dans une trentaine de pays européens 3200 établissements, dont 1265 en France. C’est dire l’ampleur de ce dispositif dans notre pays : il permet en effet de découvrir en nocturne, sous un angle spectaculaire, ludique ou musical, les lieux d’art, de société, d’histoire ou de patrimoine. Qui ne manquent pas dans le sud-est de la France ! Aussi on ne s’étonnera pas de la très grande variété des propositions L’Hérault se souvient À Lunel, le Musée Médard divulguera les trésors de sa bibliothèque à la tombée de la nuit... Avec un fonds composé d’ouvrages rares et précieux, et dans la foulée de l’exposition consacrée à l’Enfer* des femmes, on s’attend à de belles surprises... Ce qui ne nous empêchera de poursuivre la soirée au Musée de la Tour des Prisons, qui invite à plonger à la lumière de lampes torches dans l’univers carcéral médiéval. Brrr ! 450 ans durant, les détenus se sont succédé dans ces cachots, certains laissant des témoignages ou graffitis poignants à la postérité. Sète prévoit aussi des curiosités, au MIAM (Musée International des Arts Modestes) notamment, avec Les folles machines, parcours de... machines à écrire et correspondances imaginaires, ou encore The Horror Piece of Art Show, une virée dans l’univers gothique de H.P. Lovecraft. (voir aussi p 71). Au Cap d’Agde, le Musée de l’Éphèbe recevra les curieux de pratiques antiques en matière de médecine, de cuisine ou de cosmétique, en répondant à toutes leurs questions sur la façon dont les romains utilisaient les plantes, huiles et onguents dans leur vie quotidienne. La Provence danse ! Le musée départemental Arles antique vient de recevoir sa troisième étoile du Guide Vert Michelin Provence : il va pouvoir fêter ça de belle façon avec son public, invité à découvrir la « Camargue autour d’un méandre », restitution d’un atelier d’écriture, ou encore à participer à un Cluedo romain, enquête policière suite à la découverte de la tête de Jules César dans le Rhône. À Quinson, au musée de préhistoire des gorges du Verdon, le réalisateur Axel Clévenot évoquera son film inspiré de la grotte Cosquer, trésor de l’humanité, réalisé avec l’aide du Musée. Musique au Château de la Tour d’Aigues, avec un concert donné dans le cadre du festival Sons du Lub’ (Heymoonshaker, voir p34), ainsi qu’au Musée Bonnard du Cannet (live electro-pop sur la terrasse). Tandis qu’on dansera à Toulon ; carte blanche est donnée par l’Hôtel des arts, de 18h à minuit, à cinq chorégraphes : Romain Bertet, Régine Chopinot, Sébastien Ly, William Petit et Simonne Rizzo. Danse également au Musée Granet à Aix-en-Provence, avec le Groupe Urbain d’Intervention Dansée du Ballet Preljocaj, qui présentera une série d’extraits de spectacles du chorégraphe. La Fondation Vasarely permettra quant à elle de découvrir 44 œuvres monumentales de l’artiste. À l’heure où nous imprimons, rien n’est encore prévu au MuCEM, contrairement à l’an dernier, mais les structures peuvent s’inscrire au programme de la Nuit jusqu’au dernier moment. Sur Marseille, on ira donc avec plaisir au Musée d’Histoire, suivre une projection-débat avec Images de ville, consacrée à l’architecte Fernand Pouillon, auteur du mémorable roman Les pierres sauvages. Avec tout cela, il va être difficile d’aller se coucher ! L’occasion, peut-être, d’aller passer le reste de la Nuit debout, ailleurs dans l’espace public, à refaire le monde ? GAËLLE CLOAREC *Rappelons que l’Enfer d’une bibliothèque recèle tous les livres interdits ou à caractère licencieux... à noter La Nuit Européenne des Musées entraîne une forte participation sur les réseaux sociaux, notamment via le hashtag #NDM16. Nuit Européenne des Musées 21 mai nuitdesmusees.culturecommunication.gouv.fr Nouvelles de la science A vec les beaux jours, revient à Marseille le Printemps des chercheurs. Qui fête sa 10e édition, par la présentation de 10 grandes avancées scientifiques réalisées ces 10 dernières années en Région PACA (ou avec des chercheurs issus de...) : le fameux Boson de Higgs, les atouts de la beauté en recherche fondamentale, ou encore la façon dont le cerveau traite ses propres erreurs. Des interventions à piocher selon affinités, jusqu’au 28 avril, dans l’auditorium de la BMVR Alcazar. Le 27 avril, lors d’une programmation proposée en partenariat avec la MGEN 13, Marion Mathieu et Annick Guimezanes soulèveront la question de la Vaccination : agression ou protection ? Les adhérents MGEN qui souhaitent assister à la conférence peuvent inscrire leurs enfants à des ateliers animés par Les Petits Débrouillards. Le même jour, le Souk des sciences installera à nouveau ses stands devant la bibliothèque : labos de recherche ou associations attendront les curieux, prêts à tout leur expliquer sur le plancton, les habitants de Marseille au temps des grecs, au Moyen-Âge ou au XIXe, l’âge des étoiles, le plasma ou les méthodes de la police scientifique. Enfin, le 29, cerise sur le gâteau, la Cie Les sens des mots présentera deux de ses Binômes, pertinentes et délicieuses œuvres issues de la rencontre entre un chercheur et un artiste de théâtre. Ne les manquez pas, les représentations sont gratuites, comme le reste de la programmation, mais sur inscription. GAËLLE CLOAREC FES TI VA L Le printemps des chercheurs jusqu’au 29 avril Cours Belsunce et BMVR Alcazar, Marseille printempsdeschercheurs.fr DU 14 22 MAI 2016 AU 04 96 20 60 16 www.gmem.org 18 événements Exposer Genet Exposer l’écriture est toujours un pari difficile. Genet, l’échappée belle renouvelle le genre, avec la modestie et l’affection nécessaires pour créer l’intimité avec une œuvre exceptionnelle A u centre L’homme qui marche de Giacometti, comme une figure de Genet l’arpenteur, et le choc du Portrait exposé juste à l’entrée, et un peu plus loin l’œuvre d’Ernest Pignon Ernest, mise en croix d’un voyou sublime... Les deux commissaires Emmanuelle Lambert et Albert Dichy plongent immédiatement le visiteur dans l’émotion, puis conduisent son regard au travers d’un trajet complexe, vers la Méditerranée, trajet transcrit en trois salles, chacune à la fois chronologique et thématique. Le Journal d’un voleur domine la première, l’édition originale, les épreuves annotées... mais aussi la lettre de sa mère qui l’abandonne à l’Assistance, et très tôt les rapports sur ses fugues, puis sa désertion, ses jugements, sa mise sous écrou. Genet le voleur, sauvé par l’écriture, par Cocteau et Camus, livre un récit d’errance vers le soleil d’Espagne, Ernest Pignon Ernest, Parcours Jean Genet, 2006. Serigraphie photographie in situ, Brest. © Ernest Pignon ErnestAdagp, Paris, 2016-Cliché Banque d’images de l’Adagp choc littéraire clandestin, suivi d’une longue période de silence. C’est Giacometti qui le convaincra d’écrire à nouveau, Les Nègres, Le Balcon, Les Paravents, pièce qui lui vaudra en 1966 un affrontement historique avec Occident et les restes de l’OAS, menés devant le théâtre de l’Odéon par un certain Jean Marie le Pen. Une photo du face à face, les planches des costumes, les indications de Genet se confrontent dans cette salle très théâtrale, prélude d’un silence littéraire qui durera plus encore que le premier. Abdallah, son amant Funambule suicidé en 1970, est à peine évoqué. La troisième salle plonge dans les combats politiques, avec les Blacks Panthers, puis en Palestine. Genet ne publie plus, sauf quelques articles pour soutenir Angela Davis, pour dire l’émotion et l’horreur après le massacre de Chatila. Mais ses derniers mois de vie seront consacré au Captif amoureux, récit de son combat politique, de son rapport paradoxal aux camps, aux réfugiés, à la souffrance, qu’il dénonce et partage, comme sa vie amoureuse, ses émois. Sur des écrans Leila Shahid, Angela Davis parlent de l’ami, et l’exposition se conclut sur sa tombe marocaine tournée vers le soleil, et un documentaire de 50 mn retissant les fils décousus de sa vie. L’exposition se tient jusqu’au 18 juillet, et la programmation culturelle associée se déroulera dans la lumière du Fort Saint Jean avec, du 4 au 8 mai, avec des rencontres (Leila Shahid, Dominique Eddé) des lectures, un concert littéraire... AGNÈS FRESCHEL Le joli mai du MuCEM L es beaux jours stimulent la programmation du MuCEM, qui se fait foisonnante. Le cycle Pensées du monde propose deux grandes rencontres, le 28 avril avec l’historien Achille Mbembe, théoricien de la « post-colonie » (il se demandera Où s’arrêtent les frontières de l’Afrique ?), et le 19 mai avec Milad Doueihi. Ce philosophe observe la vague numérique avec les outils intellectuels de l’humanisme. Le 14 mai verra La Criée investir à nouveau le MuCEM : Philippe Fenwick, qui joue Transsibérien je suis au TNM (voir p. 35) propose un parcours subjectif autour de l’exposition consacrée à Picasso (voir p. 69). L’i2MP ne chôme pas non plus, entre un séminaire (du 25 au 29 avril, en partenariat avec l’EHESS, sur la « construction de l’Autre dans les images en mouvement »), une journée professionnelle ouverte au public (le 9 mai, sur le thème « Quelles archives pour la création »), et le cycle La collecte ethnographique dans les musées de société qui reprend le 20 mai, autour des « objets naturels ». Mais le temps fort de cette période sera indéniablement la passerelle dressée par le MuCEM entre Marseille et Beyrouth. Avant les concerts et performances prévus au mois de juin, on découvrira trois installations : Patrick Laffont métamorphosera le Fort Saint-Jean, avec notamment un... cèdre suspendu, le cinéaste Ghassan Salhab dressera un portrait de sa ville à travers des visages de femmes, et Rani Al Rajji superposera les deux cités en un conte « avec vue sur la Méditerranée ». On pourra aussi assister à des rencontres littéraires de premier ordre : pour commencer, le 6 mai, des histoires au féminin sur Beyrouth, avec Hyam Yared et Najwa Barakat. Le 7, un grand entretien entre Thierry Fabre et Charif Majdalani. Le même jour, un entretien-portrait d’Hassan Daoud par le critique littéraire Tewfik Hakem, et le lendemain, une table ronde réunissant Najwa Barakat, Hassan Daoud et Charif Majdalani. Un concert de la chanteuse libanaise Rima Khcheich clôturera en beauté le week-end du 8 mai. Enfin dans un autre registre, pour les jardiniers en herbe, la possibilité de suivre une master class sur quatre séances : la première aura lieu le 30 avril, pour apprendre le b-a ba du jardinage, avant d’ici l’été de s’intéresser aux semis, à la taille, et au potager. GAËLLE CLOAREC Retrouvez comme chaque mois sur notre Webradio l’émission Comme au MuCEM. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org 19 Tournée générale ! Scènes de Bistrots : tournées d’artistes et de bon petits plats organisées en région PACA, à consommer sans modération… Q uoi de mieux pour favoriser la circulation des artistes régionaux et accompagner les cafés ruraux de proximité que d’organiser la tournée de petites formes sur les routes des Bistrots de Pays labellisés ? Ce printemps, 14 d’entre eux venant des Alpes-Maritimes, du Var et du Vaucluse recevront ainsi trois spectacles de qualité, légers techniquement afin d’être adaptables aux meilleures conditions dans les établissements d’accueil. Et parce que la soif de culture n’a pas de prix, chaque bistrotier concoctera des menus spéciaux pour l’occasion (20 à 25 €). Du blues tout d’abord avec le concert Hypnos de la Compagnie des Tubercules. Seul en scène, le multi-instrumentiste Christophe Charlemagne (il est entouré d’une dizaine d’instruments qu’il met en boucle dans son looper), nous entraîne dans un voyage aux accents d’Orient, teinté de pulsations africaines, de blues et de New-Orleans. Totalement hypnotique ! Puis, avec la pièce Bon appétit !, du théâtre gourmand collecté à partir de la parole des Bon Appétit © Delphine Michelangeli habitants des quartiers d’Avignon et Cavaillon, savoureusement délayé par un quatuor réjouissant de femmes reconnues sur les scènes de notre région. À savoir la chanteuse Mardjane Chemirani, la comédienne Mylène Richard et la musicienne Maria Simoglou, mises en scène par Michèle Addala (directrice artistique de la Cie Mises en Scène). Dans un « charivari sonore et textuel », elles débattent des hommes, des enfants et des petites galères, et parsèment des gouttes d’amour et de bonne humeur dans leur marmite à souvenirs. Enfin, retour à la musique avec du swing dans The Leon Orkestra, un « one man band autour de l’histoire du Jazz » distillé par Enji Wadel qui réinvente l’homme-orchestre, en prenant appui sur le récit de la vie de Django Reinhardt. Il ne restera plus qu’à pousser les tables, pour danser la chansonnette ! De quoi (re)découvrir nos petits villages, applaudir nos artistes et partager une bonne adresse conviviale. Réservations conseillées. À la vôtre ! DE.M . Scènes de Bistrots Alpes-Maritimes, Var et Vaucluse 29 avril au 28 mai laregie-paca.com Trois jours pour la Syrie © Hosam Katan D epuis 2014, la Caravane culturelle syrienne, initiée par des intellectuels et des artistes, parcourt l’Europe et propose partout où elle se pose des expositions, des tables rondes, des rencontres, des projections de films, des concerts… pour faire découvrir la société civile syrienne et promouvoir la culture et l’art contemporains de ce pays. Des échanges riches que Les Écritures Croisées, fidèles à leur engagement d’ouverture sur le monde, ont souhaité susciter aussi à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence durant trois jours, en association avec l’Institut de l’Image et l’Institut d’Études Politiques. Le ton sera donné dès le vernissage de l’exposition Focale syrienne – guerre en contraste le 9 mai à 19h : véritables fenêtres ouvertes sur la Syrie, les photographies de Hosam Katan révèlent le quotidien des enfants d’Alep, illustrent leurs joies et leurs douleurs, le courage et les peurs qui les accompagnent dans cette guerre civile terrifiante. S’ensuivra la projection, à 20h15, du film de Talal Derki, Retour à Homs, qui suit l’évolution de deux jeunes hommes épris de liberté qui seront contraints par les événements à faire des choix différents. L’actrice Hanna Schygulla, marraine de l’événement, sera présente dès le lendemain lors de la table ronde sur l’Art, langage universel qui réunira Samar Yazbek, Hala Kodmani, Yassine Haj Saleh et Rania Samara, pour une lecture d’extraits de leurs œuvres, mais aussi le 11 mai pour la rencontre avec les poètes Golan Haji et Khouloud Al Zghayare lors de laquelle elle partagera avec eux une lecture de leurs écrits, et pour la projection de son film Entre Guerre et paix qui précèdera celui de Mohamad Al Roumi, Bleu-Gris. Le quartet Bab Assalam clôturera par ailleurs la journée du 10 mai, avec les musiciens syriens Khaled et Mohanad Aljaramani respectivement au oud et aux percussions, Raphaël Vuillard aux clarinettes et Philippe Barbier à la guitare électrique. DOMINIQUE MARÇON Caravane culturelle syrienne 9 au 11 mai Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 26 16 85 citedulivre-aix.com 20 événements Alors on danse Q uand les soucis et les difficultés se dressent, il reste parfois une solution pour les chasser. Comme dans le célèbre morceau de Stromae, « on sort pour oublier tous les problèmes ». Même si, toujours dans cette chanson, « quand y en a plus, eh ben y en a encore ». Depuis le début 2016, les ennuis se sont accumulés pour l’Espace Culturel Busserine (voir Zib’ 93 et 94). Pendant ce premier trimestre, la pression a été forte sur l’équipe de l’un des rares lieux culturels des quartiers nord de Marseille. Au prétexte de travaux, prévus de longue date à l’ECB, mais finalement repoussés au moins jusqu’en 2017, Stéphane Ravier le maire de secteur (Front national) a tenté de fermer le lieu. Pendant quelques semaines, les salariés ont dû abandonner leur poste de travail et étaient affectés en mairie des 13e et 14e arrondissements. L’activité de l’ECB Nos Limites © Renaud Vezin Gardanne gourmande et festive À manger, à boire, à écouter, à danser, à découvrir, voilà le programme alléchant du festival Arts et festins du monde à Gardanne. Les 20 et 21 mai, la 17e édition se tiendra sur le grand axe du centre-ville, entre cours de la République, cours Forbin et place de la mairie. Et il y en aura pour tous les sens, y compris pour les papilles. Le long des avenues, une trentaine de camions-resto (il paraît qu’on peut dire aussi food-trucks) seront stationnés. Au milieu, des tables et des bancs alignés, pouvant accueillir un millier de personnes venues apprécier les petits plats du monde entier. Cultures et traditions culinaires des cinq continents seront au rendez-vous, pour un délice de couleurs et de saveurs. La promenade sur la planète se poursuivra par la rencontre des nombreux artisans qui exposeront leurs créations, vêtements, bijoux et bien d’autres choses, venus aussi des quatre coins du globe. Puis il y aura la musique et la danse pour saupoudrer l’ambiance de bons sons et de chaleur. Cinq concerts, tous gratuits et en plein air, seront à l’affiche. Voyage et petit tour du monde en rythme sont également prévus. Pour ouvrir le bal, le 20 mai, Adama Dramé et le Foliba, sa troupe de musiciens et danseurs, entreront en scène à 21h. Du haut de ses 50 ans de carrière, le maître du djembé de culture mandingue -et citoyen d’honneur de la ville de Gardanne- donnera le ton de ce week-end. Le lendemain, dès 16h, l’Orchestre Tarab de Fouad Didi proposera son répertoire, puisé dans le patrimoine traditionnel arabo-andalou, avec quelques détours par le chaâbi ou le melhoun. À 18h, Rio Mandingue, diffusera sa « world kora samba », fusion des musiques du Brésil et de l’Afrique de l’Ouest, suivi à 20h du Trio Cordes Sensibles pour des standards de Django Reinhardt et de jazz manouche. Final en beauté à 21h30, avec le flamenco de Luis de la Carrasca et son spectacle-hommage à Grenade et ses artistes célèbres. JAN-CYRIL SALEMI Arts et festins du monde 20 & 21 mai Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr Adama Dramé © X-D.R 21 était alors éteinte, et le plus grand flou était entretenu sur son devenir. Comité de programmation Depuis, la mairie FN a actionné la marche arrière, même si rien n’est encore vraiment réglé. Les employés ont pu reprendre leur travail à la Busserine et une partie des activités de l’Espace ont redémarré. Reste à savoir ce qu’il en sera de l’avenir. La mairie prévoit de mettre en place un « comité de programmation », dont les contours sont encore incertains. Des élus FN et des collaborateurs du maire de secteur devraient en faire partie, tout comme l’équipe de l’ECB. Sans que l’on sache précisément quelles seront les missions de chacun, quelles pourront être les propositions et surtout à qui reviendra la décision de valider la programmation. Et dans quelle mesure la mairie pèsera sur les choix retenus pour la saison prochaine. « Celui qui paye l’orchestre doit pouvoir choisir la musique », répète sans cesse Stéphane Ravier, qui n’a jamais caché son intention de reprendre la main sur l’ECB. La forte mobilisation populaire de ce début d’année l’a contraint à faire des concessions. Mais tant que ce comité de programmation ne sera pas constitué, difficile d’imaginer le futur fonctionnement du lieu. Bon App’ !, variation en hip hop et beat-boxing sur la nourriture, la cuisine et nos façons de manger. Le 11, Mauvais Rêves de Bonheur, par la Cie Havin’ Fun, proposition étonnante, où la langue des signes devient un code dansé et se mêle aux mouvements hip hop. Enfin, le 27, Nos limites, par la Cie Alexandra N’Possee, pour qui toutes les limites, celles de la société comme celles que nous nous créons, sont surtout faites pour être franchies. Et pour atteindre la liberté. Alors, on danse ? Printemps au Merlan JAN-CYRIL SALEMI En attendant, on danse. Pas à l’Espace, car les travaux prévus avaient conduit l’équipe à s’organiser en amont. Le Printemps de la Danse est donc programmé cette année au Théâtre du Merlan tout proche. Trois spectacles de danse urbaine seront à l’affiche. Le 4 mai, la Cie Racine Carrées présentera Printemps de la Danse 4, 11, 27 mai Espace Culturel Busserine, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org Le climat, matière à penser O à Marseille depuis le mois de janvier, avec son cycle de conférences très couru, tant au FRAC qu’à la Bibliothèque de l’Alcazar. Le 2 avril dernier, c’est une philosophe venue de Paris-Nanterre qui s’est exprimée, sur les apports de l’écoféminisme aux réflexions contemporaines. D’après Émilie Hache, ce courant antinucléaire et pacifiste né à la fin des années 1970 aux États-Unis, en pleine guerre froide, est largement méconnu du fait qu’il s’agissait d’une mobilisation féminine. Alors que, puissamment politique et subversif, il a énormément à apporter. « Ce n’était pas une argumentation savante, mais avant tout une expérience collective de milliers de femmes en colère face à la menace nucléaire ». Après la catastrophe de Three Mile Island, se formalise leur contestation radicale de l’idéologie techniciste et viriliste, mortifère. En novembre 80, elles marchent sur le Pentagone, durant toute la période, elles font le siège de centrales, parfois pendant des mois. Le parallèle entre leur hantise de vivre sur des terres contaminées, et notre monde rongé par les produits chimiques, est frappant. Aujourd’hui comme alors on oppose l’homme et la nature, la raison Emilie Hache @ Opera Mundi pera Mundi met Le climat en questions à l’irrationalité, considérée comme féminine. Les écoféministes rejetaient ce dualisme forcé, revendiquaient « l’aspect positif de la féminité, des émotions et de la nature » : pour elles une réponse intelligente à la crise devait être pleine de joie, et la masculinité devait pouvoir aussi penser collectif plutôt qu’individuel, soin plutôt que profit, partage plutôt que conflit. Que l’humanité soit capable de garder un lien avec le monde vivant : n’est-ce pas ce dont il est question de nos jours, de manière exacerbée par le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité ? Face aux raisonnements funestes qui nous ont amenés à cette situation, on peut heureusement compter sur ces précurseures : « leur mouvement n’existe plus, mais le militantisme ne s’est pas arrêté là, il se décline dans l’altermondialisme, la permaculture, les femmes qui se révoltent en Inde ou en Amérique du Sud... » Il ne tient qu’à nous de poursuivre leur réflexion, et c’est bien ce que propose Opera Mundi avec les intervenants à venir, dans la continuité d’Émilie Hache. Après Isabelle Stengers, de l’Université Libre de Bruxelle, venue développer le 19 avril son exploration de la puissance des récits, un autre philosophe interviendra au Frac le 14 mai. Frédéric Neyrat, enseignant à l’Université du Wisconsin, auteur de La part inconstructible de la Terre, a intitulé son allocution Théorie des hommes sans monde. Il interrogera la « tendance de l’humanité à ravager les fondements écologiques de son existence ». La dernière conférence du cycle aura lieu le 17 mai, avec François Gemenne (Sciences Po Paris et Université de Liège), qui traitera de géopolitique du climat à la BMVR. Le changement climatique arrive ; quoi que nous fassions, il va être brutal : le penser et l’anticiper est indispensable si nous voulons un tant soit peu infléchir son impact. GAËLLE CLOAREC Opera Mundi, Marseille facebook.fr/operamundi 22 événements L’esprit du voyage souffle sur la Cité Les Fils du Vent : un festival dédié à la musique tsigane et gitane du 29 avril au 21 mai n alternant concerts, exposition et documentaires pour illustrer la rencontre entre esprits gitan et tsigane, l’événement du mois de mai à la Cité de la Musique est libre comme le vent ! Pendant trois semaines, les Fils du Vent sont à l’honneur dès le hall de la Cité avec l’exposition Tsiganes, portraits de danseurs & musiciens du photographe Jean-Luc Nail. De superbes photographies en noir et blanc, proche du travail social de l’Américaine Dorothea Lange, réalisées par un artiste sensible à la cause des communautés Roms et Tsiganes et bercé par les notes de Django Reinhardt et Stéphane Grappeli. Puis, les concerts s’enchaîneront, dès le 9 mai avec Tchanelas y Negrita qui tissent un pont entre les communautés venant d’Espagne et des pays de l’Est. Accompagnés par six musiciens, un souffle d’énergie et de passion emplira l’Auditorium. Le 12 mai, envolée pour un spectacle envoûtant au pays des maharadjahs avec Dhoad, les Gitans Gitans du Rajasthan, Dhoad © Fraunebox E du Rajasthan, au confluent des cultures gitanes, hindoues et musulmanes. Arte Gitano, le 13 mai, fera place aux trois pôles de la musique flamenca : guitare, chant et danse seront représentés par les fleurons de l’art gitan (Antonio El Titi, Christo Cortes, Sandie Santiago). Côté documentaires, de magnifiques propositions : Fanfaron, Fanfaron de Cornel Gheorghita (9 & 13 mai) nous entraînera sur les traces des fanfares en Moldavie ; puis Katia Martin-Maresco sur celles d’Hippolyte Baliardo et les Gitans de Montpellier (10 mai) ; et pour finir dans les pas du chanteur Gaucho, personnage principal de Chakaraka par Sylvain Mavel et Eric Cron (12 mai). DELPHINE MICHELANGELI Les Fils du Vent 29 avril au 21 mai Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com Le monde jazze in Arles Du 11 au 21 mai, avec le festival Jazz in Arles, la Chapelle du Méjan résonnera du meilleur jazz contemporain festival exceptionnel, cadre exceptionnel ! Pour cette 21e édition de Jazz in Arles, l’acoustique remarquable de la Chapelle du Méjan mettra à l’honneur la clarinette et le saxophone, mais aussi de nouveaux talents, des coups de cœur et des musiciens renommés qui témoigneront de la vitalité du jazz contemporain. Tout comme certains concerts donnés gratuitement confirmeront la volonté de l’équipe organisatrice d’ouvrir à tous cet événement : le jeune duo composé par le contrebassiste Raphaël Schwab et le saxophoniste Julien Soro ouvrira ainsi le festival (à la Médiathèque), et le 12, le groupe cosmopolite Dreisam donnera un concertapéro réjouissant (à la Chapelle). D’autres nouveaux talents seront à découvrir : la pianiste Kris Davis, étoile montante de la Raphaël Schwab et Julien Soro © Jean-Baptiste Millot À scène new-yorkaise, en solo (le 18 mai) ; ou la saxophoniste Géraldine Laurent, Prix du disque français 2016, en quartet avec le pianiste Paul Lay, prix Django Reinhardt 201, le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou (le 20 mai). Côté valeurs sûres, outre Michel Portal, figure essentielle de la scène jazz actuelle qui clôturera le festival avec une conversation musicale aux racines du jazz animée entre le saxophoniste Emile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani (le 21 mai), d’autres grands noms se ramasseront à la pelle : Louis Sclavis, Vincent Courtois et Dominique Pifarély seront en trio le 17, Stéphan Oliva en duo avec Jean-Marc Foltz (le 18), et l’excellent contrebassiste Claude Tchamitchian en quartet avec Bruno Angelini, Régis Huby et Edward Perraud dans Instant sharings (le 19). DE.M . Jazz in Arles 11 au 21 mai 04 90 49 56 78 lemejan.com 23 Correns fait son printemps musical Jazz à Camargo Tamia Ramos & Toninho Ramos © Juanjo Rodriguez Le festival des musiques du monde revient dans le village varois du 13 au 15 mai P our la 19e édition, les Joutes Musicales de printemps feront la part belle au « Féminin, pluriel », en poursuivant l’exigence artistique et l’esprit de convivialité instaurés à Correns par le lieu laboratoire Le Chantier. Le Centre de création des nouvelles musiques traditionnelles & musiques du monde souhaite faire partager à un public curieux de la marche du monde toute la richesse des musiques de tradition orale. Formes patrimoniales, expérimentales, artistes virtuoses, rencontres, bals, scènes ouvertes et surprises locales jalonnent ce festival d’une belle diversité culturelle. Embarquement au cœur de la Provence Verte pour 30 concerts (dont 10 créations du Chantier) et trois jours d’émotions. Dès le premier soir, le 13 mai, le ton sera donné avec le duo chantharpe Leiz an dorn, offert par Rozenn Talec et Lina Bellard qui reprennent les complaintes de la tradition populaire bretonne. Suivront les Traversées diatoniques de l’accordéoniste Sébastien Bertrand, puis dans Sons libres, accordéon encore (chromatique cette fois) avec Anne Guinot et le chanteur-percussionniste Adama Diop, pour un bal de musique néo-trad franco-sénégalaise. Le samedi, magnifique programme éclectique et riche avec, notamment pour les plus jeunes, le ciné-concert-conte La maîtresse des ombres d’après Lotte Reiniger par Benjamin Macke & Sandrine Gniady (également le 15). Puis, voyage dans les musiques des Balkans avec le Quintet Bumbac, cubaines avec Sorah Rionda, chinoises avec Sissy Zhou ou italiennes avec Nuda Voce. En soirée, Sayon Bamba, La grande folie ou les chants des Comores d’Ahamada Smis enchanteront le théâtre de Verdure, Shillelagh fera danser jusqu’au bout de la nuit. Le 15 mai, 16 propositions s’enchaineront dès 9h30. Ne ratez pas la table ronde sur les femmes dans les musiques du monde, les chants tibétains de Kyab Yul-Sa, Ottilie [B] et ses invités, le répertoire grec de Nena Venetsnanou (également le 14), Yamm triö et Les Dames de la Joliette qui revisitent les poétesses du monde. Le bal folk de Toctoctoc conclura ces trois jours de balade dans les confins du monde. A vant de pouvoir déguster la programmation du Festival Jazz à Porquerolles au Fort Sainte Agathe cet été (il aura lieu du 8 au 12 juillet), vous pourrez en avoir un avant-goût le 19 mai avec une soirée en deux parties accueillie, pour la première fois, par la Fondation Camargo (Cassis) et au Théâtre Denis (Hyères). La chanteuse Sophie Antkowiak interprètera les grands standards de jazz, accompagnée par Paul Pioli, Franck Cassenti, Pierre Fénichel, Dimitri Reverchon et Olivia Rivet, après une première partie assurée par Toninho et Tamia Ramos. La jeune chanteuse et percussionniste habite de sa voix voluptueuse et subtilement éthérée les compositions de son père, guitariste, imprégnées de musique traditionnelles brésiliennes, de musique classique, de free jazz et de musique atonale. Une musique brésilienne dont ces compositions contribuent à faire évoluer de son extraordinaire créativité rythmique. DO.M. 19 mai Fondation Camargo, Cassis 06 31 79 81 90 jazzaporquerolles.org 20 mai Théâtre Denis, Hyères 06 31 79 81 90 jazzaporquerolles.org Delco festival L DE.M. Lina Bellard & Rozenn Talec © Eric Legret Joutes musicales de printemps, Correns 13 au 15 mai 04 94 59 56 49 le-chantier.com ’association Trig, collectif de musiciens et artistes plasticiens, se pose à la Paloma, Scène de musiques actuelles de Nîmes Métropole, pour la dernière date de son festival de musiques expérimentales. Au programme : deux géants de la contrebasse, Barre Philips et Mark Dresser, dialogueront à distance, le premier depuis Nîmes, le second en direct de l’université de San Diego grâce à un dispositif sonore et visuel élaboré par l’équipe de FrenchKiss ; la formation de jazz Ion, qui réunit Aymeric Avice (trompette, bugle), Olivier Lété (basse électrique), Philippe Lemoine (saxophone ténor) et Samuel Silvant (batterie) ; et enfin People like us -pseudo derrière lequel se cache Vicky Bennett, artiste anglaise post-pop qui pratique l’art du collage visuel et sonore ainsi que du détournement-, qui présentera sa dernière œuvre audiovisuelle Citation City, constituée d’une multitude de documents relatifs à la ville de Londres et assemblés selon un procédé inspiré du Das Passagen-Werk de Walter Benjamin. DO.M. 7 mai Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr 24 critiques spectacles C’est la ZAT qu’elle préfère L a Ville a mis en place un projet culturel ambitieux, qui depuis 10 éditions investit l’espace public et en modifie durablement la perception. On se souvient de magnifiques propositions foraines, plastiques, pyrotechniques ou dansées, qui ont permis de décaler les regards des habitants, et de construire le récit d’une ville. Cette année, c’est Lieux Publics, Centre National des arts de la rue marseillais, qui était aux commandes, dans le quartier populaire et métissé de Figuerolles. Un décor parfait pour poser des propositions intimes dans leur esprit : maisons basses, squares, balcons, parc, places, chapelle désacralisée... une cité aussi, et ses murs à grimper. Pierre Sauvageot, directeur de Lieux Publics et compositeur, a voulu que cette édition soit surtout musicale : « Ecoutez Figuerolles comme vous ne l’avez jamais vu », propose-t-il, et effectivement, dans ce quartier retransformé en village sans voiture, la musique était partout, et modelait les paysages. À l’accueil d’abord, juste à l’entrée du quartier, une organisatrice hystérique proposait un quizz d’opéra, puis se mettait à chanter : Adila Carles, vraie mezzo lyrique, entraînait le public dans sa version partagée, et chaleureuse, de Carmen. Puis on avançait dans la grande rue traversante, sous les Forces invisibles de Ray Lee, une série de haut-parleurs tournants successifs qui spatialisaient des longs accords évoluant doucement... À leur pieds, des tables où s’asseoir un moment, tandis que des danseurs surgissent le long des murs, à chaque coin de rue déclinant par groupes de jolies Glissades, conçues par Yann Lheureux et Anne Marie Porras. Le temps se détend, on croise la manif et ceux de la Nuit Debout, complices... Aux balcons, 13 chœurs de Brigitte Cirla entonnent toutes sortes de chants, folkloriques, médiévaux, hommages aux pratiques amateurs. La foule devient compacte, s’attarde le temps d’un verre à La Friche de Mimi, lieu alternatif, puis s’achemine vers des Kaléidophones de Michel Risse, très belles sculptures acoustiques permettant de filtrer les sources comme de précises longues vues sonores... Dans l’église Saint Gély, une star accueille un public nombreux, venu se faire portraiturer. Jean François Zygel au piano fait venir sur scène un groupe d’enfants, les interroge, puis improvise autour de leurs querelles, empruntant aux Jeux d’enfants ; un chanteur amateur se prête au jeu et entonne sur ses accords ; une ancienne timide vient se livrer, et le pianiste improvise sa sortie de l’ombre. Durant 5 heures les candidats à la confession viennent recueillir leur portrait musical, brossé par le musicien infatigable. Spectacles dans la foule © A.F À Montpellier, la ZAT est un événement qui transforme un à un les quartiers en Zones Artistiques Temporaires. Partagées par une foule de spectateurs ! Sur la place, après un très beau solo acrobatique évoquant Icare, de Yann Lheureux encore, Impérial Orphéon propose un concert épatant : les quatre musiciens inventent une musique faite de citations diverses, d’homophonies subtiles, de rythmes venus de tous les coins du monde, l’accordéoniste fondant sa voix de ténor dans les mélodies du saxophone, pour un moment musical de haut vol, et profondément singulier... Puis le soir s’approche, dans la Cité Gély la foule trop compacte peine à suivre les « traceurs » de la FreeRun Family qui sautent de toits en toits... Le Parc de la Guirlande offre un terrain de repli intime, avec ses speakers sous parapluies qui murmurent des paroles recueillies dans le quartier et ailleurs, morceaux de vies offerts comme on converse. Puis le soir franchement tombé, le Parc voit des parapluies s’allumer de bleu, et des musiciens s’installer dessous, une harpe, une contrebasse classique, une guitare jazz, un accordéon russe, un violon tzigane, une chanteuse qui offre des berceuses aux enfants... 45 musiciens qui se succèdent et que l’on va visitant, en petits groupes assemblés au gré des envies. Le lendemain, dimanche, cela continuera avec les solistes de l’Opéra de Montpellier, les 300 choristes, une conférence, une tartinade. Achevant de démontrer que la musique est un art de la rue, capable de toucher chacun, de mettre en récit et de transformer l’espace... Une ZAT réussie, même si la foule, sans doute insuffisamment orientée, ne permettaient pas toujours de profiter de chacune des propositions. Manquait-il un grand spectacle visible par tous ? Peut-être, mais Figuerolles est un quartier intime... AGNÈS FRESCHEL La ZAT 10, produite par la Ville de Montpellier et organisée par Lieux Publics, s’est tenue les 9 et 10 avril 25 Dubois, vers nos douleurs encore vives Mon élue noire, Olivier Dubois © François Stemmer On reconnaît un grand artiste au fait qu’il déplace son art. Comme Olivier Dubois, danseur au corps inattendu, chorégraphe des élans et des concepts, qu’il met en espaces, toujours politiques M ichel Kelemenis invitait le directeur du Ballet du Nord en son KLAP et aux Bernardines, pour trois petites formes. Un duo d’abord, Prêt à baiser : deux hommes assis sur un banc se regardent, approchent imperceptiblement leurs corps puis la musique éclate et leurs lèvres se joignent, et ne se quitteront plus durant les 40 minutes du Sacre. Sur cette musique mémoire de la danse, qui depuis plus d’un siècle fait surgir la sauvagerie dans cet art jadis policé, les corps dansent le désir, se goûtent, s’imprègnent, se caressent et se brutalisent. La pièce est volontairement irritante dans son rapport au temps, jouant au début sur une attente presque insupportable, retardant chacune de ses progressions vers l’étreinte, puis mettant tout à coup les corps entiers en jeu, en lutte, ménageant dans les dernières minutes une succession d’effets finals... Sans doute la danse à deux depuis toujours ne dit que cela, le désir, et comment le corps sort de lui-même pour, un instant, atteindre l’autre. À nos faunes, autre duo masculin sur les 12 minutes de Debussy, nécessite plus d’érudition : Olivier Dubois explore cette figure étrange incarnée à sa création par Nijinski, incroyablement provocateur en 1912 : le virtuose renonçait à « danser » pour figurer, en 2D comme sur un vase antique, une sexualité hybride et fétichiste. Olivier Dubois reprend mot à mot la gestuelle, corps de face, têtes et bras de profil, mais au lieu d’observer les nymphes il danse avec un homme, en parallèle presque jusqu’au bout, où ils s’allongent non sur une écharpe dérobée mais la main sur le sexe, affirmant que la masturbation des faunes est sortie de l’imagerie de la perversion. Plus politique encore, Mon Élue Noire, avec Germaine Acogny. Cette sublime danseuse de 72 ans, qui a inventé avec Mudra Afrique et invente encore dans son École des Sables la danse contemporaine africaine, est encagée. Elle fume la pipe, danse lentement, évoque toutes les douleurs, les cris, les révoltes, les humiliations, les tortures faites au corps africain. Au bout d’un temps elle dit le Discours sur le colonialisme de Césaire : « ces têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ce sang qui fume, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte ». Sa cage fume, son corps se vide d’un sang épais et blanc, elle écrit sur les parois, nous regarde. Décidément ce Sacre du Printemps nous parle, années après années, de nos barbaries, de celle que Césaire renvoie en miroir au public de cette femme noire encagée : traiter l’autre en animal, c’est perdre sa propre humanité. La colonisation a produit cela, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. (À lire aussi, complémentaires, les pages 10 et 11). AGNÈS FRESCHEL Ces trois pièces se sont jouées en mars dans le cadre de + de danse à Marseille, festival de culture chorégraphique produit par le KLAP 26 critiques spectacles Combat sur un ring de danse est un combat à armes égales qui se joue dans Rocco quand les danseurs deviennent des boxeurs et les boxeurs, des danseurs. Seul le costume diffère : visages et corps entièrement masqués de noir pour les uns, maillot, short et pieds nus pour les autres. De rounds en rounds, deux hommes s’affrontent au corps à corps dans deux séquences interrompues par une scène comico-parodique sur l’air de Paroles… paroles… chanté par Dalida et Alain Delon (clin d’œil à Visconti). Un tel déploiement d’écritures témoigne de l’inventivité d’Emio Greco et de Pieter C. Scholten, directeurs du BNM de Marseille. La première séquence fascine par la légèreté des déplacements, les points de contact brefs, les frémissements des pieds en appui. Dans un espace de danse réduit au minimum, chacun jauge l’autre en restant à la lisière du cercle de lumière qui, peu à peu, s’amplifie. Ils dansent à bord vif, comme à la marge. La seconde impressionne par sa force athlétique, l’alternance des accélérations et des ralentis : souffle court, petites foulées, muscles bandés, ruades animales, échanges plus rudes, chocs virils. Les danseurs entrent dans l’arène © Alwin Poiana C’ en véritables toreros sous une lumière à large spectre qui, peu à peu, s’amenuise. Comme en contrepoint, l’échange à fleurets mouchetés s’est transformé en un combat à mains nues. L’équilibre est parfait et la dramaturgie lisible : les rôles ont évolué, les danseurs-boxeurs sont passés «de frères à amants, d’amis à ennemis». Dommage que la bande son surfe du disco à la musique baroque, de fait aussi déconcertante que l’interlude «bonbons et chocolats» rigolo mais superficiel. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Rocco a été joué les 30 mars et 1er avril au Théâtre des Bernardines et du 20 au 24 avril au BNM, à Marseille Contre UtopiK © Fred Robert catégories bien distinctes : les VIP, auxquels on distribue gracieusement friandises et chocolats ; les dissidents, tolérés mais copieusement conspués ; les intellectuels ; les membres des pays frères. Tous reçoivent de jolis foulards rouges à nouer autour du cou (selon les consignes) et les paroles de l’hymne soviétique (à chanter comme un seul homme) ; chacun est sommé d’applaudir vigoureusement au signal. Une « mise en parvis » énergique et autoritaire. On s’y croirait presque. Viendra ensuite, appelé par la sirène, le chœur, pas prêt, débraillé, mais fidèle au poste quand il s’agit d’entonner l’hymne et d’accueillir, comme il se doit, Pietr Gatazoff de la région Médoff, délégué à la Culture. Celui-ci, chapka sur le crâne, buste couvert de décorations, prononce alors un de ces discours qui ont fait la réputation de l’Union Soviétique : salmigondis de pseudo russe d’où émergent parfois quelques mots en français. La deuxième sirène interrompra ce M arseille, mercredi 6 avril. Un bon moment avant que ne se déclenche la première sirène, c’est déjà le branle-bas sur le parvis de l’Opéra. À la manœuvre (et au micro) Philippe Fenwick, aidé par une assistante très déterminée. C’est qu’il s’agit de (re)jouer, ou d’imaginer, l’arrivée dans une bourgade sibérienne d’un haut dignitaire du régime venu inaugurer un nouveau lieu culturel. Eh oui, aujourd’hui à Marseille, en 2016, nous voici renvoyés aux belles heures de la défunte URSS. Le public est ainsi installé selon des discours qui aurait pu devenir fleuve. Sabotage, évidemment ! On appelle alors ouvertement à la délation, avant de trouver le coupable idéal : celui qui danse, se contorsionne, sort du rang. Comme l’âne de la fable, il est tout désigné. Pas besoin d’énoncer la sentence. Le chœur reprend de plus belle et on rit plutôt jaune… On se demande où Fenwick veut en venir, lui qui a intitulé cette étape de travail Utopik. Nostalgie d’une utopie ? Satire de nos sociétés de publics manipulés ? Son prochain spectacle Transsibérien je suis répondra peut-être à ces questions (lire p35). FRED ROBERT Utopik a été représenté le 6 avril sur le parvis de l’Opéra de Marseille à venir Station (Groupe Noni) 4 mai Lieux publics, Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com Suite baroque SCène Conventionnée PôLe régionaL de déveLoPPement CuLtureL PôLe tranSfrontaLier mer 27 avril 19:00 théâtre LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119 Comment moi je ? Cie tournebouLé mar 03 mai 19:00 théâtre les Pieds tanqués artSCéniCum théâtre mer 11 mai 16:00 danSe dans le cadre de Mai-Li Mai-Lo du 18 au 20 mai Création © breSt breSt breSt Pourquoi la hyène… Cie Seydou boro magie/muSique Les ÉchappÉes #2 — horS LeS murS À Saint-auban, Le Chaffaut Saint-Jurson, Seyne-les-alpes titre définitif* (*titre Provisoire) Cie raouL Lambert infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © Richard Schroeder C inq robes, cinq contes, une seule histoire composée de multiples histoires… Une seule actrice pour le tout, Marie Vialle, seule sur scène, reprend le texte écrit sur mesure par Pascal Quignard, Princesse, vieille reine, vaporeux, léger comme la robe de tulle dans laquelle l’actrice court délimitant le cercle de cet autre monde circonscrit par les mots. La voix fraîche de l’actrice raconte, apportant une première distance, dans la grâce de sa fausse innocence. Les phrases s’enlacent, gourmandes, jubilatoires, oniriquement érotiques, jouent de la surprise, jouissent des mots, des sens qui se doublent, deviennent fable en sachant échapper à toute pesante morale. Le verbe trace dans la neige les aveux de la nuit d’Emmen, fille de Charlemagne. Comment cacher ses amours avec Éginhard dans l’abri d’un noir et inconfortable bûcher ? Porter jusqu’au palais son amant, juché sur elle à califourchon… inénarrable ! La morale se charge d’ironie : « c’est depuis ce temps que les femmes ont pris l’habitude de porter les hommes sur leurs épaules ». Abandonnant sa longue tunique, notre héroïne devient jeune captive, concubine de l’Empereur de Chine, maîtresse séduite et abandonnée d’un prince japonais… La sensualité, affleure, la bestialité des hommes aussi, tout est dit, avec un art consommé de l’ellipse, du détail juste, dans une langue d’une simplicité lumineuse, que les chants d’oiseaux viennent scander, marquant les âges, jusqu’à cet « autrefois, avant tous les autrefois », où règne cette vieille reine qui fut princesse… Attente, hiver, où les paronymes « décembre descendre, des cendres » composent un ultime envoûtement. Robe blanche, tunique longue, kimono, sac, manteau de fourrure, manteau satiné de blancheur… Passant d’un costume à l’autre, Marie Vialle joue sur tous les registres avec une finesse ingénue, qui, distillant une discrète ironie, teinte l’ensemble d’une poétique nostalgie. MARYVONNE COLOMBANI Princesse, vieille reine s’est joué du 15 au 19 avril au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04160 Château–arnoux Saint–auban TCHANELAS DHOAD, LES GITANS Y NEGRITA DU RAJASTHAN Lundi 9 Mai 20h30 Jeudi 12 Mai 20h30 ARTE GITANO Vendredi 13 Mai 20h30 28 critiques spectacles Richard III, la tragédie barock de Thomas Jolly grands coups d’effets lasers, d’esthétique gothique et de visages blafards, Thomas Jolly met un point final à son exploration shakespearienne dans un Richard III pétri d’inspirations cinématographiques. La famille Adams pour les décors et les costumes, le joker maléfique de Batman pour le perfide Richard III qu’il incarne de manière époustouflante, bossu, claudiquant, mains d’argent faites pour tuer. Et voilà Tim Burton ! Depuis l’interprétation magistrale d’Ariel Garcia Valdès dans la mise en scène de Georges Lavaudant, on croyait ne plus jamais ressentir un tel choc ! Mais le jeune Thomas Jolly* a l’intelligence du texte en bouche et le sens du théâtre visuel : la traduction de Jean-Michel Déprats réveille une myriade d’images dans le black out du plateau où une horde de croque-morts -les familles York et Lancastre- se hait, se trahit, s’entretue, fomente, s’affronte dans des joutes paroxystiques. Au cours de cette nuit perpétuelle, entre conjurations et prophéties, Richard III « le chien venimeux » taille sa route qui le mènera au trône et à la folie. La cour des hommes est vile, assoiffée de vengeance, et sa noirceur s’abat sur chaque scène, chaque dialogue, chaque vidéo (Jolly n’abuse pas de ces virgules dans le passé). Seul répit dans cette fresque démoniaque, le sacre de © Nicolas Joubard À Richard III en super star avec show lumières et mégawatt, séduisante parenthèse mais pas franchement nécessaire…Thomas Jolly est un chef d’orchestre admirable qui privilégie le plus souvent l’adresse au public, même dans les dialogues, doublé d’un comédien hors pair, d’un fin stratège de la fabrique théâtrale (décor mouvant, portraits de famille monumentaux en rideaux de scène) et d’un meneur d’hommes. Sa troupe fait bloc autour de lui, le sert à merveille tout en trouvant sa juste place. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Né en 1982 à Rouen, Thomas Jolly est artiste associé au Théâtre National de Bretagne-Rennes jusqu’en juillet 2016. * Richard III a été joué le 31 mars et le 1er avril au Théâtre Liberté, Toulon Samedi à vif et à danser ontrairement à ce que Samedi détente pourrait laisser croire, c’est un samedi tranchant comme une machette. De celles qui décimèrent les Tutsis, au Rwanda, là où est née Dorothée Munyaneza. De nationalité britannique et vivant à Marseille, la danseuse et chanteuse n’a rien oublié des évènements du 6 avril 1994 qui l’obligèrent à « quitter le nid de l’enfance ». Vingt ans plus tard, elle chorégraphie sa première pièce comme on tente de mettre des mots sur l’indicible. Acte héroïque (la création engendre une nouvelle vague d’émotions) et acte d’exorcisme (faire sortir de son corps les contractions de la douleur), Samedi détente est un long cri d’effroi suivi de silences effrayants. Quand elle chante, sa voix chaude amplifiée par les frappes des pieds sur la table remonte le chemin du souvenir jusqu’à cette nuit sauvage du 6 avril 1994. Quand elle danse, son corps résonne des terribles nouvelles transmises à la radio, transpercé, secoué, terrassé. Autour de sa silhouette lumineuse, surgis de l’ombre de la forêt et de © Laura Fouquere C la poussière rouge des pistes, Nadia Beugré témoigne de l’aveuglement du monde resté sourd : en Côte d’Ivoire, elle dansait le zoulou dans l’insouciance de ses 14 ans, et Alain Mahé évoque en paroles et en musique l’ignorance feinte du gouvernement français… « Qui est l’ennemi ? », « Qu’avez-vous vu de nous ? » accuse le trio soudé par la chaleur de leur corps, leurs chants de révolte et leurs danses de l’insoumission. Selon un dispositif ouvert à l’improvisation, Samedi détente met en espace la jeunesse volée, l’exil, la terreur, la perte des êtres aimés, l’indifférence des États, dans une danse rageuse et des mots pétris d’impuissance. Faute d’un samedi oisif, le public retient son souffle. M.G.-G. Samedi détente a été joué les 30 et 31 mars au Théâtre Liberté, Toulon © Delphine Michelangeli Liberté surveillée P résentée au Théâtre des Doms lors du festival Région en Scène, la pièce d’anticipation 2043 du Collectif Mensuel est troublante de réalité, à bien des égards. D’abord par son sujet, adapté du roman jeunesse dystopique Black-Out de Sam Mills, qui raconte comment en 2043 le gouvernement britannique, suite à des attentats commis par des ados après avoir lu un livre subversif (l’iconique 1984), a basculé dans le totalitarisme et éradiqué de la littérature toute forme de rébellion en réadaptant ces romans jugés dangereux. Un monde ultra-sécuritaire où lire devient l’acte de résistance absolue ! Ainsi, à 16 ans, Stephan, que figure un jeune comédien convaincant dans une minuscule arène étranglée, encadré en surplomb par 4 acolytes robotisés qui activent univers bruitiste et musical, raconte la manipulation qu’il a vécue suite à l’influence ô combien néfaste de son père libraire « aux idées révolutionnaires ». Adopté par une « famille parfaite », censure et lavage de cerveau deviennent son quotidien… malgré tout titillé, entre deux pilules de bonne conduite et un dévouement total envers l’institution, par l’excitation de la désobéissance. Et le voilà qui se met à écouter « du bon vieux rock », qui frétille en lisant Lady Chatterley ou l’Attrape-cœurs. Et le voilà, alors qu’un nouveau monde s’ouvre à lui et que la littérature forme son esprit critique, qualifié de terroriste. « L’ennemi d’état » a changé de bord, désormais c’est l’ado clandestin qui devra se défendre… « Mais on n’était pas des terroristes, on n’a pas posé des bombes, notre seul crime est de garder notre liberté de penser ». Déconcertante également, cette forme fixe et anxiogène qui raconte l’endoctrinement et la peur du terrorisme, par sa résonance forte avec l’actualité, jouée juste après les attentats bruxellois devant des collégiens et lycéens très attentifs au débat. Du livre à la scène, un appel réussi à la liberté de penser, à la résistance… et à la littérature pour déjouer la terreur. DELPHINE MICHELANGELI 2043 s’est joué le 25 mars au Théâtre des Doms, à Avignon 30 au programme musiques marseille bouches-du-rhône vaucluse Compositeurs de la casa de Velasquez L’Ensemble Musicatreize, sous la houlette de Roland Hayrabedian rend hommage aux musiciens d’Apollinaire*. On aura le privilège d’entendre Sept chansons de Francis Poulenc, sur des textes de Guillaume Apollinaire et Paul Éluard, puis la seule composition pour chœur a cappella de Maurice Ravel, Trois Chansons, en réponse aux horreurs de la guerre de 14 ; Guy Reibel s’inspire des Calligrammes du poète à la tête étoilée, pour ses Calliphones ; enfin, Marius Constant compose Trois poèmes élastiques pour chœur mixte et orgue de Barbarie (Pierre Charial) sur les textes de Blaise Cendrars. * en écho à l’exposition du musée de l’Orangerie Apollinaire, le regard du poète, concert au Musée d’Orsay (10 mai) Fêter le printemps avec des créations musicales de compositeurs en résidence à la Casa Velasquez devient un rendez-vous habituel au PIC. On aura ainsi le bonheur d’entendre interprétées par les merveilleux musiciens de l’Ensemble Télémaque, dirigé avec finesse par Raoul Lay, des œuvres de Roque Rivas (Trio de cuerdas, Epigrafe) et Francesca Verunelli (#Di M0ndegreen), complétées par des pièces de Yann Robin (Phigures II), Régis Campo (Pop-Art) et José María Sánchez Verdú (Qasid 7). Un hommage musical sera aussi rendu en fin de concert au compositeur Pierre Boulez disparu en janvier dernier. 14 mai Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Jacques Ibert et Arthur Honegger Dans la continuité de la superbe représentation de L’Aiglon à l’opéra, un concert conférence donné à l’Alcazar prolonge la magie avec des œuvres de musique de chambre de Jacques Ibert, l’indépendant, qui faisait « le pied de nez aux règles préconçues », de son comparse dans l’opéra précité, Arthur Honegger ainsi que trois autres membres du Groupe des Six dont ce dernier faisait partie, Darius Milhaud, Louis Durey et Georges Auric, interprétés brillamment par Jean-Marc Boissière (flûte), Armel Descotte (hautbois), Alain Geng (clarinette), Stéphane Coutable (basson) et Julien Desplanque (cor), sur les mots du conférencier Lionel Pons. Le concert a lieu à la bibliothèque l’Alcazar. 26 avril PIC-Pôle Instrumental Contemporain, Marseille 04 91 39 29 13 ensemble-telemaque.com 7 mai Salle Musicatreize, Marseille 04 91 00 91 31 musicatreize.org L’Homme approximatif Petit vivant ou soir des grand’merdes Les Petits bois de l’opéra © X-D.R 30 avril Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr © Guy Vivienne Musicatreize On connaît davantage Borodine du Groupe des Cinq pour son Prince Igor ou Les Steppes de l’Asie Centrale, et Glazounov, dernier grand romantique russe, pour ses symphonies et musiques de Ballet, comme Les Saisons (Marius Petipa). Les violons de Roland Muller et Florence Galaup, l’alto de Brice Duval et les violoncelles de Frédéric Lagarde et Yannick Callier feront découvrir avec toute leur finesse virtuose deux petits bijoux de musique de chambre de ces compositeurs russes : le Quintette à cordes en fa mineur de Borodine et le Quintette à cordes en la majeur de Glazounov. © Agnès Mellon Borodine / Glazounov Dans le cadre du Festival Mai-Diterranée du Toursky, on aura le bonheur de découvrir la nouvelle création du grand contre-ténor Alain Aubin. Il nous entraînera dans un parcours poétique et subtil aux côtés de la clarinette basse de Magali Rubio, la guitare de Philippe Azoulay, les synthétiseurs et les compositions de Phil Spectrum. On croisera ainsi les mots de Jean Giono, Rabindranah Tagore, Alfonsina Storni, Marion Courtis, Olivier Larronde, Norge, ainsi que de nouvelles créations. Un air de Naples flotte sur tout cela avec tarentelles et villanelles. Une histoire d’harmonie avec le monde, ses bonheurs et ses amertumes. 17 Mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr Grâce à l’exposition de Strasbourg qui lui a été consacrée en 2015, un nouvel engouement entoure Tristan Tzara. Le GMEM, dans le cadre du Printemps de la Francophonie à Marseille, propose une création à partir d’extraits de son poème, L’Homme approximatif. La voix de la « femme-orchestre », Catherine Jauniaux, rencontre le vibraphoniste dadaïste Alex Grillo, dans un duo qui joue des mots, des sens, des sons, d’élans et de retours, flirte avec le non-sens pour en exprimer des significations nouvelles… « Homme approximatif comme moi comme toi lecteur / tu tiens entre tes mains come pour jeter une boule / chiffre lumineux ta tête pleine de poésie » (Tzara). (Spectacle gratuit). 29 avril Auditorium des ABD Gaston-Deferre, Marseille 04 13 31 82 00 gmgm.org 31 Lucia di Lammermoor La programmation classique de Velaux surprend toujours par son éclectisme et sa qualité. Le concert de clôture n’échappe pas à la règle, avec deux œuvres majeures. Tout d’abord, l’Orchestre Régional de Cannes aiguisera ses ailes avec la Symphonie 44 en mi mineur dite funèbre de Haydn. Puis, toujours sous la houlette de Wolfgang Dœrner, offrira l’une des plus grandes œuvres du baroque italien, le Stabat Mater de Pergolèse. À l’instar du requiem de Mozart (donné l’an dernier), ce chef-d’œuvre fut écrit quelques semaines avant la mort de son compositeur. Expressivité, modernité, pureté, délicatesse, unissent les voix d’alto (Lucie Roche) et de soprano (Pauline Courtin). Trente minutes d’extase. Zuzana Markova © Harcourt Trois concerts en petit florilège de la riche programmation classique du GTP : on applaudira Insula orchestra et le Jeune chœur de Paris dirigés par Laurence Equilbey, dans un opéra seria peu joué de Mozart, Lucio Silla, amours, complots et une fin heureuse (29 avril). Puis la jeune pianiste coréenne Hj Lin apportera sa finesse et sa virtuosité aux voix multiples du Clavier bien tempéré de Bach (9 mai). Enfin, le Café Zimmermann suivra Haendel depuis ses études en Italie à ses créations londoniennes, avec sa Cantate Armida Abbandonata, des airs d’opéra pour soprano (Carolyn Sampson) et son Concerto grosso op.4. Trois autres concertos grosso complètent le programme, op.6 d’Arcangelo Corelli, op.5 de Francesco Geminiani, et concerto grosso d’après Scarlatti de Charles Avison (19 mai). Stabat Mater © Hugues Lagarde Hj Lim © Anna M Weber Classique GTP Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 04 42 87 75 00 22 mai Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com Cela se passe dans le cadre d’une Écosse romanesque du XVIe siècle. Lucia, sacrifiée par son frère aux intérêts de la famille, poignarde, la nuit de ses noces, le mari qui lui est imposé, en perd la raison, meurt. Celui qu’elle aime, Edgardo, se tue en apprenant sa fin tragique. Archétype de l’opéra romantique, l’œuvre de Donizetti reprend cette histoire pour composer une partition sublime. L’Orchestre régional Avignon-Provence et les Chœurs de l’Opéra du Grand Avignon, dirigés par Roberto Rizzi-Brignoli interpréteront l’œuvre avec fougue aux côtés des immenses solistes que sont Zuzana Markova (Lucia), Marie Karall, Jean-François Borras, Florian Sempey, Ugo Guagliardo, Julien Dran et Alain Gabriel. 23 avril Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr © Ensemble Télémaque King Kong photo Recette : prenez un film culte, en noir et blanc, fondateur d’un mythe cinématographique, King Kong, celui de 1933 d’Ernest Schoedsack ; ajoutez-lui, lors d’un ciné-concert, la musique lyrique et jubilatoire de Raoul Lay interprétée par un Ensemble Télémaque virtuose et complice, voilà le chef-d’œuvre réactivé pour notre plus grand bonheur ! L’imaginaire est ici multiplié par la brillante combinaison entre images instruments acoustiques, instruments électriques, sons électroniques et voix (dont celle tout en nuances subtiles de Brigitte Peyré). 12 & 13 mai Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 mairie-aixenprovence.fr La véritable histoire de Pierre et le Loup Pourquoi est-ce toujours le loup qui a le mauvais rôle ? On parle de lui mais qui l’écoute ? Luc Valckenaere récrit l’histoire du conte musical de Prokofiev du point de vue du loup. On retrouve tous les personnages de la fable initiale, mais leur relecture part d’un angle bien différent ! Cette « véritable histoire » (et tant pis pour les incrédules !) se dessine entre texte, musique, animation vidéo, en toute poésie avec la musique de Davy Luanghkot, son septuor de flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, batterie, guitare électrique. 11 mai Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr Le château de Barbe Bleue/ Senza Sangue Deux œuvres hongroises en création pour un même programme, les spectateurs sont gâtés ! Pour la création mondiale de la version scénique de Senza Sangue inspirée d’un roman d’Alessandro Barrico, l’Orchestre Régional Avignon-Provence sera dirigé par Peter Eötvös, le compositeur de l’œuvre lui-même. Deux personnages que tout sépare sont en présence : Pedro (Romain Bockler) a tué toute la famille de Nina (Albane Carrère), et pourtant… les questions de vengeance et de rédemption se posent, urgentes, éthiques et métaphysiques. En regard de cet ouvrage, Peter Eötvös a choisi de reprendre (car il poursuit cette volonté de dépassement du destin), Le Château de Barbe-Bleue de Bartók avec Adrienn Miksch en Judith et Károly Szeremédy en Barbe-Bleue. 15 & 17 mai Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr 32 au programme musiques vaucluse var hérault D’ouest en est L’Orchestre Régional Avignon-Provence sous la direction d’Alexandre Myrat offre deux œuvres immenses pour ce concert : la majestueuse Symphonie 41 dite Jupiter de Mozart, qui trouve son équilibre entre le style de la fugue et la forme classique de la sonate, et le Stabat Mater de Pergolèse. Deux grandes voix pour le duo de Pergolèse, la soprano Magali Léger, son sens de la phrase musicale, son articulation, sa virtuose sensibilité, et la prometteuse mezzo-soprano Aline Martin, au timbre prenant. 20 mai Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr Convergences latines Concert double le 30 avril à l’Opéra Berlioz de Montpellier, placé sous le signe de l’Espagne. D’abord (à 17h), Alexandra Dauphin (mezzo-soprano), Cyrille Tricoire (violoncelle), Michel Raynié (flûte) et Sophie Grattard (piano) interprètent les Sept chansons populaires pour mezzo-soprano de Manuel de Falla, l’Assobio a jato pour flûte et violoncelle de Villa-Lobos, la Sonate pour violoncelle et piano (Claude Debussy) où se croisent Habañera et « parfums de la nuit » d’Iberia, et les Chansons madécasses pour mezzo-soprano, flûte, violoncelle et piano de Ravel. Puis (à 19h) on rencontre Chabrier, Pascual-Vilaplana, Gagliardi, Villa-Lobos avant de finir par le Liber tango du maître Piazzola, par le Sextuor de cuivres de l’Orchestre National Montpellier Languedoc-Roussillon. 30 avril Salle Pasteur-Corum, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr La Traviata © X-D.R. Lidija et Sanja Bizjak Sans doute l’un des opéras les plus joués au monde, La Traviata de Verdi s’inspire de l’œuvre d’Alexandre Dumas fils, La dame aux camélias. Il n’est guère de rôle aussi difficile que celui de Violetta, excessive dans ses emportements, ses joies, fragile et bouleversante dans son amour et son sacrifice, du déchirant arioso Ah ! Fors’è lui, au virtuose Sempre libera… C’est Angela Nisi et sa voix cristalline qui campera le complexe personnage de Violetta et Giuseppe Tommaso celui d’Alfredo, sous la direction musicale de Paolo Olmi, dans cette production du Teatro Pergolesi de Jesi avec l’Orchestre, chœur et ballet de l’Opéra de Toulon. 04 94 93 03 76 13, 15 & 17 mai Opéra de Toulon operadetoulon.fr Elles sont jeunes et ont déjà derrière elles une carrière impressionnante, les sœurs Bizjak multiplient les récompenses et les concerts. Celui du 10 mai est d’une richesse et d’une difficulté rares, mêlant les œuvres de Debussy, Chabrier et Ravel, à la fois techniques et sensibles. On aura ainsi le privilège de les entendre dans le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy, mais aussi, entre autres pièces, dans ses Nocturnes. On se glissera dans une Espagne magnifiée par Emmanuel Chabrier (España pour deux pianos) et Maurice Ravel (Rapsodie espagnole), dont la Valse pour deux pianos conclura le concert avec ses retenues, ses explosions virtuoses, ses rapides envolées, ses échappées fantaisistes, ses temps marqués, ses murmures. Une écriture du bonheur. 10 mai Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com 11 mai Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr Martin Fröst © Mats Bäcker Magali Léger © Christian Jungwirth Concert Symphonique C’est à un long voyage de l’Amérique à la Russie que nous convie Michael SchØnwandt à la direction de l’Orchestre National Montpellier Languedoc-Roussillon. Le mystère naît avec l’énigmatique Unanswered Question de Charles Ives, les cordes situées hors de la scène jouent lentement tandis que la trompette solitaire face au public pose en courts motifs « l’éternelle question de l’existence », les flûtes répondent, brillantes, sauf la dernière fois… Puis c’est l’envoûtant Concerto pour clarinette d’Aaron Copland nourri d’influences jazziques, qui offre une vaste partition à la clarinette de Martin Fröst. Traversant l’océan et les terres, elle devient la délicieuse Shéhérazade de Rimski-Korsakov. L’orient alors s’immisce, capiteux dans cette musique descriptive et colorée. 20 & 25 mai Opéra Berlioz, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr Geneviève Junior Geneviève de Brabant d’Offenbach, opéra bouffe concocté avec malice à partir de l’histoire de la sainte, est proposé par Opéra Junior (composé de jeunes de moins de 25 ans), dans une mise en scène délirante de Benoît Bénichou. S’approprier une partition destinée aux « plus grands », goûter à l’exaltation de la scène, suscitent l’enthousiasme des interprètes et du public. D’autant plus que les jeunes artistes évolueront dans les décors de Rifail Adjarpasic qui ont accompagné la production Carlos Wagner en mars dernier (celle des « grands » !). Un jeu accessible sur le site de l’opéra permet d’explorer le décor de la pièce… Ludique et création artistique ici se rencontrent ! 13 & 15 mai Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr C O N C E RT ÉVÉNEMENT 2016 ta ri fs : 15 / 10 / 5 / 3 € d u rée ± 2 h 3 0 M US IQ UE VENDREDI 20 MAI 2016 JEANNE ADDED + FRED NEVCHÉ (1 è r e p a rti e) Depuis sa révélation lors des Transmusicales de Rennes 2014, Jeanne Added ne cesse de faire sensation avec les lives électrisants de son premier album Be Sensational. La voix accrocheuse de cette bassiste nous envoute dans un savant mélange de post-punk tellurique et de pop electronique : une véritable bouffée d’oxygène... à couper le souffle ! En ouverture de ce troisième concert de la saison, Fred Nevché nous livrera une performance dont la poésie est un fil rouge tissé entre rock et slam. SAISON 15/16 « L’impressionnante Jeanne Added fait sensation avec un premier album tendu et magnétique. » Les Inrockuptibles Théâtre national de Marseille La Criée à la Friche Transsibérien je suis 11 > 14 mai Un spectacle de Philippe Fenwick +++ Back in the USSR Samedi 14 mai De Marseille à Vladivostok, déambulation, ateliers, bal « On le savait déjà, pour brouiller les pistes, Philippe Fenwick est un as du poste d’aiguillage » L’Humanité www.theatre-lacriee.com - O4 91 54 7O 54 www.lafriche.org - O4 95 O4 95 95 Photographie © DR MAI 2016 © Marikel Lahana JEANNE ADDED + NEVCHÉ SAISON 15/16 20 / 05 / 16 34 au programme musiques marseille bouches-du-rhône alpes hérault Fred Nevchehirlian et Jeanne Added Les Sons du Lub’ Lyakam (titre inspiré du mot tamil (Inde du sud) iyakkam qui signifie mouvement) est « un bain culturel au cœur de la tradition indienne », un spectacle qui revisite et déconstruit les codes par le biais de la danse et de la musique. En quête de ses origines indiennes, une jeune femme indo-européenne, qui pratique la danse Bharata Natyam, une des huit formes de danse traditionnelle indienne, va rencontrer sur son chemin la danse contemporaine, rythmée par des sonorités jazz et flamenca. Un langage corporel et théâtral éclot alors, qui invite à un voyage intemporel. Jessie Veera est accompagnée par Ophélie Bayol au chant, Marc Daniel à la sitar électrique et au saxophone soprano et Daniel Sur aux percussions (29 avril). Dans un autre genre, le 3e opus de la série Écoute voir initiée par le MIM (laboratoire musique et informatique Marseille) est la première manifestation du projet La vidéomusique, un art du temps. Quatre compositeurs en résidence proposeront leurs créations lors du concert (26 avril). L’association Arc en Sol poursuit son action d’échange et de partage autour de la musique dans le sud Luberon, et notamment avec le festival Les Sons du Lub’. Deux jours durant vont se succéder une bourse aux instruments et à la BD, des ateliers, expos, balades et spectacles autour du thème de l’eau… et les deux concerts (21 mai, dans le cadre de la Nuit des musées, lire aussi p 16.) qui font tout le sel de cette manifestation : Ottilie [B], déjà présente en 2013, précèdera le duo londonien Heymoonshaker et leur son puissant qui allie au blues et beatbox le rock et la soul. Frédéric Nevchehirlian © X-D.R Cité de la musique Pour le 3e concert de la saison au Merlan, Fred Nevchehirlian, artiste de la Bande, livrera une performance qui aura pour fil rouge une poésie mâtinée de rock, de slam et de chansons. Il invite pour la seconde partie de soirée Jeanne Added et son rock sombre nourri de pop et d’électro. Mais auparavant, elle sera passée par la scène du Théâtre de Briançon ! 11 mai Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu Heymoonshaker © X-D.R Jessie Veeratherapillay, Lyakam © Jean-Louis Neveu 20 mai Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org Wanted Joe Dassin 21 & 22 mai Luberon sonsdulub.fr Festival Arabesques 10 mai La Criée, Marseille theatre-lacriee.com 20 mai Forum de Berre forumdeberre.com 11 au 22 mai Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu © Jules Pajot Révélation jazz de l’année 2013 aux Victoires de la musique, Thomas Enhco est l’une des étoiles montantes du jazz français. Il revient, à 27 ans, avec son quatrième opus, Feathers, inspiré de la violence, la rudesse et la folie qui entourent l’amour. Il est accompagné sur scène par Jérémy Bruyère à la contrebasse et Nicolas Charlier à la batterie. C’est en musique que le Forum clôt sa saison, et pas n’importe laquelle ! Les trois cow-boys de The Joe’s reprennent avec fougue les premières chansons de Joe Dassin, période 1965-1973, celles qui vous amènent à fredonner, avant de les chanter à tue-tête, Les Daltons, La bande à Bonnot ou Le Petit pain au chocolat, entre autres pépites ! Jean-Pierre Bottiau, dit Cheveu, Laurent Madiot et Ben Ricour apportent à ce répertoire des sons neufs et beaucoup d’humour ! Le 11e festival Arabesques, qui rend compte de la richesse artistique et culturelle du monde arabe, s’annonce foisonnante : débats, entretiens, conférences… et des concerts ! On entendra notamment l’Orchestre arabo-andalou de Fès à l’Opéra de Montpellier (16 mai) ; et au Domaine d’O le Quartet Bab Assalam qui présentera son second album Zyriab (20 mai), Karimouche et Hindi Zahra (20 mai), la jeune syrienne oudiste et chanteuse Waed Bouhassoun (21 mai), le groupe Egyptian Project qui allie la pure tradition égyptienne au trip hop, à l’électro et à la musique classique (21 mai) et le cabaret oriental Tam Tam (21 mai). Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com Thomas Enhco Trio 04 91 54 70 54 04 42 10 23 60 Retour à Berratham Scène conventionnée pour la création jeune public tout public 2 0 1 6 © Jean-Claude Carbonne Vrais mensonges Angelin Preljocaj a créé Retour à Berratham en juillet 2015 dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Depuis, cette œuvre fermement amarrée au texte du romancier Laurent Mauvignier a eu le temps de mûrir, se densifier encore. Quatorze danseurs de son ballet évoluent sur une trame narrative tragique, la quête d’un jeune homme à la recherche de son aimée dans un univers hanté par la violence. La scénographie est signée Adel Abdessemed. 04 91 54 70 54 Danse SUBLIME COMPAGNIE ARCOSM HORS LES MURS 5 avenue Rostand 13003 Marseille 20 MAI À 19h 30 avril La Criée, Marseille theatre-lacriee.com Théâtre + 13 ans YVONNE, PRINCESSE DE BOURGOGNE SUR CHÂTEAU TOBBOGAN Transsibérien je suis 26 au 29 avril Représentation en langue des signes le 28 La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com + 7 ans 13 MAI À 20h En partenariat avec La Baleine qui dit « Vagues », La Criée reçoit Gilles Bizouerne, conteur, voyageur, amoureux des histoires et auteur jeunesse à succès. Un homme capable de mettre une selle à sa fourmi, de l’enfourcher, et de partir au galop en quête d’aventures plus mirobolantes les unes que les autres. Vraies comme le sont les rêves : tout est dans le ressenti ! Un spectacle tout public à partir de 7 ans EN RANG D’OIGNONS COMPAGNIE Friche la Belle de Mai 41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille 04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com © Patrick Berger © X-D.R. Garde Barrière et Garde fous On connaît l’émission Les pieds sur terre de France Culture : tous les jours, une demiheure de reportage, sans commentaires. Jean-Louis Benoît, touché par deux vies de femmes, s’en est inspiré pour livrer ces récits à la première personne. Monique est garde-barrière à Bourg-en-Bresse, Catherine, infirmière de nuit en service psychiatrique à l’Hôpital Sainte Anne, et Léna Bréban leur prête sa voix. Un hommage à la générosité de ces travailleuses « normales » : peu reconnues. 04 91 54 70 54 26 au 29 avril La Criée, Marseille theatre-lacriee.com La nouvelle création de Philippe Fenwick, dont on a eu un aperçu sur le parvis de l’Opéra de Marseille, lors de la « Sirène » d’avril, est une autofiction en forme de poupée russe. L’auteur et interprète a décidé de monter un spectacle itinérant sur le tracé du Transsibérien, en hommage au chanteur de cabaret brestois Jacques Mercier... qui n’a jamais quitté sa Bretagne natale pour réaliser ce rêve. On le suit donc « de Brest à Vladivostok en passant par Marseille », entouré de musiciens et artistes du cirque : une épopée ! 11 au 14 mai Spectacle proposé par La Criée au Grand Plateau de La Friche, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 36 au programme spectacles marseille L’Avare El Sur Tremblez, naïfs adeptes d’un Molière « à la papa », car Harpagon, cette fois, est armé d’un fusil de chasse, et sa folie pécuniaire a enflé terriblement. Ludovic Lagarde met en scène un Avare paranoïaque, en costumes contemporains, qui résonne on ne peut plus directement avec notre époque de capitalisme exacerbé. La souffrance sous le vice, tous deux révélés par la farce... Une rencontre avec l’équipe artistique est prévue à l’issue de la représentation du 20 mai. Le Víctor Ullate Ballet Comunidad rend hommage à l’immense chanteur espagnol Enrique Morente. Figure innovante de la scène flamenca, il a su mieux que personne en exprimer la rage et la passion, sans s’enfermer dans la tradition. Sur ses compositions musicales, le ballet madrilène tisse une histoire de fatale attraction et de jalousie en triangle, « au delà de l’amour ». Brûlant comme un été andalou ! 6 mai Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr 18 au 22 mai La Criée, Marseille theatre-lacriee.com © X-D.R 04 91 54 70 54 La comédienne-danseuse Fanny Avram et le chorégraphe Thierry Escarmant adaptent un texte de Sonia Chiambretto, relatant sa rencontre avec une jeune Tchéchène émigrée à Marseille pour fuir la guerre dans son pays. Une œuvre à l’intersection entre danse, musique et théâtre, sur le déracinement, l’autocensure qui en découle, la supplantation d’une langue par une autre. Fanny Avram est accompagnée sur scène du compositeur et vocaliste Frédéric Jouanlong. Le texte original est paru aux éditions Acte Sud - Papiers. © ballet Victor Ullate © Pascal Gely Chto, interdit aux moins de 15 ans 27 avril Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net Une mouette et autres cas d’espèces L’art de la danse Dans cette création, Hubert Colas met en scène une libre adaptation de La Mouette par Édith Azam, Liliane Giraudon, Nathalie Quintane, Angélica Liddell, Annie Zadek et Jacob Wren. Chaque auteur, se saisissant du texte mythique d’Anton Tchekhov pour parler de sa propre « perception du monde, de l’amour, de la littérature, du théâtre », cherche où se cache l’art. Une ambitieuse symphonie collective. 26 au 30 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net © ballet Victor Ullate Entre résistance et résignation, souvent notre cœur balance -un peu trop- et c’est dans cet espace malaisé que deux chorégraphes, Thierry Escarmant et Manon Avram, s’insèrent. En s’appuyant sur la pensée de Camille de Toledo, Bernard Stiegler, Didier-Georges Gabily ou Miguel Benasayag, ils interrogent le sentiment d’impuissance éprouvé face aux impasses du monde contemporain. © Manuel Buttner © Sam Taylor-Johnson, Courtesy White Cube Qu’avez-vous vu ? 30 avril Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net La danse, un langage universel ? C’est ce que l’on est enclin à penser au vu de ce panorama traversant les âges et les styles, du ballet classique à la comédie musicale façon Fred Astaire, en passant par le modern jazz, le tango ou encore le flamenco. Victor Ullate et Eduardo Lao invitent au voyage, sur des airs de Mozart, Wagner, Chopin, Gaetano Donizetti... et Massive Attack. 8 mai Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr 37 L’homme est bon, mais le veau est meilleur Peau d’Âne Ah, Beaumarchais ! Délice des intrigues enlevées, des dialogues ciselés, des amours contrariées qui finissent en triomphe après mille rebondissements... Frédéric Rey emmène sa version vers la commedia dell’arte avec une troupe rodée à la pratique. Et l’on constate que non seulement le texte s’y retrouve parfaitement, mais que le port d’un masque s’avère propice aux doubles sens contemporains. Conte initiatique, Peau d’âne se laisse porter au cinéma comme au théâtre avec la même aisance, la même exigence de merveilleux. Jean-Michel Rabeux réécrit le conte de Perrault, et le met en scène avec une belle liberté, jonglant merveilleusement entre les époques, jouant de décors mobiles, écroulements de cartons colorés, poésie délirante où la jeune princesse toujours échappe aux griffes de son père. La cruauté du conte est apprivoisée par les ailes de l’imagination. Un spectacle pour petits et grands. © El Kabaret Le barbier de Séville © X-D.R La troupe hétéroclite El Kabaret propose un « Opéra de rue et de lieux improbables en neuf rounds et dix-sept chansons pour douze chanteurs-acteurs-danseurs et un musicien », d’après Le petit Mahagonny de Bertolt Brecht. Pour cette fois, ils investiront un théâtre « en dur », mais rien ne garantit que l’opération se déroulera sagement. Préparez-vous, la scène du Théâtre de Lenche risque de déborder, dans un grand mouvement de joie contagieuse. © Ronan Thenadey 05 91 91 52 22 No World/FPLL Le massacre des italiens Sur un texte de Gérard Noiriel, Jérémy Beschon met en scène Virginie Aimone. Comme de coutume dans les productions du collectif Manifeste Rien, la comédienne porte une réflexion sociale de fond : il s’agit ici de sonder le racisme, à travers un massacre d’ouvriers italiens commis en 1893 dans le Gard. Une centaine de personnes venues travailler dans les salins avaient alors trouvé la mort, sans que leurs assassins ne soient condamnés par le jury populaire amené à se prononcer sur leur cas. Représentation suivie d’un débat avec Benoît Larbiou, docteur en sciences politiques. © Samuel Rubio My dinner with André En s’inspirant tant de la structure en tableaux de la Divine Comédie de Dante que des conférences internationales TED, diffusées sur le net, la Winter Family empoigne nos comportements hyperconnectés comme un sujet politique majeur. Du théâtre documentaire acide, mené par Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, corrodant un monde tel qu’il est partagé sur Facebook : « lisse, démocratique, sucré, multiculturel, blanc et saturé ». Spectacle en français et anglais surtitré. © Manifeste Rien 05 91 91 52 22 10 mai Le Lenche, Marseille theatredelenche.info 10 & 11 mai Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr Damiaan De Schrijver et Peter Van den Eede se sont inspirés d’un film de Louis Malle, portant sur les échanges de deux convives attablés dans un restaurant chic à New York. Un auteur dramatique désargenté et un metteur en scène à succès poursuivent une conversation autour d’un repas bien arrosé, tandis qu’un vrai cuisinier leur fournit abondance de mets plus de trois heures durant. Une œuvre culte, jouant sur l’ambiguïté entre personnes réelles et personnages de fiction, subtilement interprétée par ces deux comédiens ! 28 & 29 avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr © Tim Wouters 05 91 91 52 22 29 & 30 avril Le Lenche, Marseille theatredelenche.info 20 mai Le Lenche, Marseille theatredelenche.info 26 au 29 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 38 au programme spectacles marseille var alpes-maritimes Un obus dans le cœur Festival de petites formes dansées « mais pas que », Le temps des envolées se décline sur deux jours, le samedi au Merlan et alentours, le dimanche à Klap – Maison pour la danse et à l’école Bellevue. Au programme, citons les Miniatures de Nathalie Pernette, 10 minutes d’Écoute musicale de Michel Kelemenis, ou encore Yvonne, princesse de Bourgogne sur château toboggan par Edith Amsellem. Dispersion Carole Bouquet est Rebecca, subissant l’interrogatoire jaloux de son époux. Cet amant de jeunesse, dont elle ne lui avait jamais parlé, qui était-il ? Rebecca répond par bribes, mais on s’aperçoit que ces fragments amoureux se mêlent de réminiscences historiques, non vécues directement par elle. L’héroïne du prix Nobel de littérature anglais Harold Pinter est hantée par les horreurs de l’histoire, déportation, familles amputées, destins broyés... d’où le titre original de la pièce, Ashes to Ashes. © Marie Le Grevelec L’Insomnie, Miniatures © Sebastien Laurent Le temps des envolées L’écriture de l’auteur libanais exilé au Québec Wajdi Mouawad est à la fois écorchée, remplie de poésie et de réalisme. Jean-Baptise Epiard et Julien Bleitrach s’emparent de son texte, décrivant le voyage intérieur d’un homme qui se rend à l’hôpital en pleine nuit pour veiller sa mère agonisante. Dans sa mémoire revient la blessure intime et profonde causée par un attentat meurtrier dont il a été témoin, alors il n’avait que 7 ans. 21 mai Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 3 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr © Dunnara Meas 22 mai Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr L’heure du diable Zyriab © Joss Rodriguez 29 & 30 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr © X-D.R. 23 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com Fabien Dariel adapte un texte posthume de Fernando Pessoa de manière saisissante. Emilie Maréchal interprète une jeune femme, enceinte, qui croise un homme déguisé en diable, un soir de carnaval... Eternel aboulique, rongé de doute, le Malin cherche confirmation de sa propre existence dans cette rencontre fantasmatique au clair de lune. Est-ce le diable qui rêve de Maria, ou Maria qui rêve du diable ? En tous cas, « un bon rêveur ne se réveille pas » ! 26 au 30 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr 04 93 40 53 00 26 & 27 avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com Complètement toquée Florence Demay part en croisade contre la malbouffe, dans un « solo culinaire à partir de 13 ans ». La cuisine, lieu de tous les enjeux : culturels, sociétaux, politiques... Une évidence que l’on a tendance à noyer sous le flot des expériences quotidiennes, et qui apparaît là assaisonnée d’humour, ce qui relève la pertinence du propos. Changer d’habitudes, ça commence dans l’assiette, et –allons !- ce n’est pas si difficile. 10 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr Décidément, le flamenco se renouvelle puissamment ces dernières années. Le Toursky accueille une création de José Luis Gomez, tirant vers la sobriété (si si !), et s’ouvrant à d’autres instruments, guitare électro-acoustique, basse ou piano, pour accompagner les danseurs, Rafael Martos et Maria De Mar Martinez. Le directeur artistique assure luimême les percussions, accompagné de José Fernandez et Maria-José Lopez au chant. 13 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne AIX-EN-PROVENCE 96.2 MARSEILLE 92.8 jazzradio.fr RETROUVEZ TOUS NOS ARTICLES SUR NOTRE SITE DE PRESSE journalzibeline.fr De nombreux articles exclusifs, gratuitement en lecture sur notre site. Pour nous suivre de plus près, abonnez-vous en ligne à notre newsletter hebdomadaire ! Notre prochain numéro 96 En vente en kiosques et maisons de la presse LE 21 MAI En publication associée avec LA MARSEILLAISE NOUVEAU ! Découvrez Zibeline WEB TV VOS PETITES ANNONCES Un événement à promouvoir ? Un spectacle, un concert à annoncer ? 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Jean-Paul Zennacker est Neruda, qui se lie d’amitié avec un jeune homme, et l’aide à conquérir le cœur de sa belle. Une romance si fragile, tandis que les nuages noirs de la politique s’amoncellent... Pièce la plus jouée de Witold Gombrowicz, Yvonne, princesse de Bourgogne est reprise et mise en scène par Edith Amsellem et En Rang d’Oignons Cie, avec en complément de titre Sur château-toboggan, l’ère de jeu étant le lieu de toutes les cruautés… Le prince Philippe se fiance par provocation à Yvonne, une jeune roturière laide et taciturne. Le silence de cette dernière engendre toutes les violences possibles, cristallisant la férocité de la cour, jusqu’à son meurtre, à l’instar du bouc émissaire, dans la lignée des analyses de René Girard. L’actrice interprétant Yvonne est différente tous les soirs et ignore tout de la mise en scène (à partir de 13 ans). 20 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr 18 au 20 mai Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com Sublime La compagnie Arcosm s’amuse à revisiter les codes qui cherchent par retouches, estompes, couleurs, effacements, et autres manipulations visuelles et narratives à nous offrir une image quasi totalitaire de la beauté. Humour, musique et danse bousculent joyeusement tout cela, et distordent les clichés. Le miroir renvoie toujours à un autre… Le théâtre Massalia joue hors les murs pour ce spectacle et se glisse dans l’accueillante Maison pour la Danse qu’est le Klap. 12 & 13 mai Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr À midi pile, sur le parvis de l’Opéra, le Creative Group NONI offrira la verve de ses artistes performers, percussionnistes, acrobates (accrodanse et mât chinois) dans une performance qui allie street dance, parkour, art traditionnel coréen, arts martiaux et cirque, inspirée de leur nouvelle création Station (dans le cadre du programme France-Corée 2015-2016). On peut aussi noter que ces artistes seront accueillis pour une résidence d’adaptation dans les locaux de Lieux Publics, à la Cité des arts de la rue. © NONI © Rouge Italique Station 4 mai Parvis de l’Opéra Lieux Publics, Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com 43 44 au programme spectacles marseille bouches-du-rhône Pastime, Carnation, Museum piece Louis Pi/XIV Le temps d’Educadanse Au moment de leur création, Lucinda Childs considérait ces trois pièces, Pastime (1963), Carnation (1964), Museum piece (1965), comme des expérimentations, exercices inscrits dans la lignée des recherches menées par la génération de danseurs et chorégraphes au sein de la Judson Dance Theater à New York. Elle y explore la relation entre le corps et l’objet, le mouvement qui n’est pas de la danse, ou encore entre dans une explication non dénuée d’humour du tableau de Georges Seurat, Le Cirque. Ruth Childs, nièce de la chorégraphe, danse ces solos fondateurs. Quarante-cinq minutes pour vérifier que l’autre est bien sûr différent et par là même source d’enseignement. Alexandre Lesouëf s’appuie sur cet axiome universel pour une chorégraphie qui met en scène quatre danseurs (Valentin Genin, Julien Gerard, Jérémy Gerard, Alexandre Lesouëf) qui jouent avec le public de leurs incertitudes, de leur altérité, en une oscillation féconde qui pousse chacun à se sentir partie intégrante du spectacle. Cette création de la Cie CAL sera aussi donnée lors du Festival Question de danse (au KLAP) en octobre 2016. © Yann Gouhier ©X-D.R. Alt(er) Deux découvertes dansées au Klap : le spectacle de Simonne Rizzo et la Ridzcompagnie Louis Pi/XIV qui sera créé le 15 octobre prochain à la Valette-du-Var et qui, avec trois danseuses et deux musiciens, interroge l’omnipotence, et ses conséquences ; exemplaire, l’action du Roi Soleil, grand danseur lui-même, qui codifia et protégea les arts, dont la danse et la musique. Puis, les élèves option danse du Lycée Saint-Charles (Marseille), présenteront leurs travaux, élaborés sous l’impulsion de leur enseignante, Viviane Cirillo, sur la scène de Klap (Kelemenis & cie est le partenaire principal de l’option obligatoire Art Danse du Bac Général). 28 & 29 avril Marseille Objectif Danse La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 lafriche.org Plié en 3 © X-D.R. © Cie CAL 3 mai Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr Entre La Friche de la Belle de Mai et l’Institut Français du Maroc s’est concocté un programme de résidences croisées, dans lequel s’inscrit le projet chorégraphique de Montaine Chevalier en collaboration avec Elodie Moirenc. À partir de trois pièces, Satien (2014), D’assise (2012) et Surface de divagation (2004), se tissent de nouvelles résonances, une mise en abîme du spectacle, avec sa maquette à échelle réelle, qui hésite entre montage et démontage. Surgissent Barbabelle, un chevalier, Marguerite, une anémone, une vache qui parle… du rien, naissent des formes, des images, du sens… 6 & 7 mai Marseille Objectif Danse La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 lafriche.org 27 au 29 avril Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr Intersection Balkis Moutashar s’inspire des mots de John Cage « structure without life is dead, but life without structure is un-seen » pour construire un spectacle qui joue sur les intervalles, cherchant les points de jonction entre corps et matière, inerte et mobile, statique et animé. Quatre danseurs explorent espace et mouvement. Des perches, des projecteurs, des câbles entremêlés rythment le lieu scénique, auquel se mesurent les corps… 27 avril Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr All Bovary’s S’inspirant librement de l’œuvre de Flaubert, la Compagnie à table esquisse une comédie sociale All Bovary’s qui s’interroge sur la place sociale de la femme dans la société d’aujourd’hui, entre les diktats du paraître auxquels la « ménagère de moins de cinquante ans » est censée se conformer et la spirale de la consommation si machiavéliquement orchestrée. Clara Le Picard joue de tout cela, mêle humour, réalité, absurde, aux côtés de Françoise Lebrun, quatre playmobils et le pianiste-compositeur Or Salomon (à partir de 14 ans). 3 mai Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr 45 Les Cavaliers Elles sont toutes petites encore, blotties dans leur grenier, Diane, faisant honneur à son nom, apprend l’art de la chasse, Tyto mange tout le temps et la petite Alba, poids plume, est anorexique. Le sujet est grave, mais porté par les ailes du conte, la magie tendre des marionnettes de la compagnie Alula, l’histoire finit bien. Le texte de Perrine Ledent s’adresse à un public à partir de 7 ans, et rend avec délicatesse les situations du quotidien, pour apprendre à quitter le nid en douceur… 14 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr La Escucha interior © Jeff Rabillon La compagnie Les Nuits Claires offre une création de Julien Lallier qui unit danse, poésie, inspiration flamenca et jazz, au cours de six tableaux ponctués de citations de Fernando Pessoa. Le piano du compositeur mêlera ses notes à celles des flûtes de Joce Mienniel, de la contrebasse de Joan Eche Puig et des percussions d’Antony Gatta, accompagnant la danse de la chorégraphe Karine Hérou-Gonzalez. 23 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr Galino Entre Villelaure et le plateau d’Assy, tout un voyage, celui de la vie d’un homme (père de l’auteure)… Galino, de Sabine Tamisier, raconte les dernières heures de son père, alors qu’il attend que sa famille soit réunie, pour le dernier adieu. Monologue bouleversant d’amour, qui a l’intelligence de ne pas sombrer dans le pathos. Nathalie Chemelny met en scène ce beau texte avec Francis Freyburger et Mathieu Montagnat. 18 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr Plateau humour Du rire, du talent, avec trois humoristes, rien de moins sur la scène du Comoedia ! Angel Ramos Sanchez occupe le plateau en attendant non pas Godot, mais Julio (the Julio Iglesias), qui lui non plus n’arrivera pas, puis Audrey Vernon qui a déjà transmis ses recettes pour épouser un milliardaire dans son précédent spectacle, donne un cours de rattrapage en un « one-woman-show économique », enfin, Frédéric Fromet (que vous pouvez entendre sur France Inter dans Si tu écoutes, j’annule tout) apporte ses chansons vaches accompagné de l’accordéon de François Marnier. Préparez vos zygomatiques ! 29 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr Audrey Vernon © X-D.R © Mathilde Dromard 21 mai Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr Le roman majeur de Joseph Kessel, Les Cavaliers, mène le lecteur en Afghanistan, l’initie au jeu du bouzkachi, offre une galerie de personnages forts, au travers d’une véritable épopée, où il est question, d’honneur, de cruauté, de reconnaissance, de trahison, de jugement, de hasard, de chevaux…Éric Bouvron adapte ce monument au théâtre, avec une grande économie de moyens et sait pourtant faire naître les bruits, les mots, les parfums, les couleurs, au cours de cet extraordinaire voyage initiatique et philosophique. © Cie Alula Poids plume Alexis Moati et Pierre Laneyrie mettent en scène un troisième volet de la trilogie sur Molière interprété par la compagnie Vol Plané, avec Le Misanthrope ou l’atrabilaire amoureux. Cinq interprètes, pas de décor, mais une approche vivifiante du texte. Alexis Moati rappelle avec force l’âge des protagonistes, les vingt ans d’Alceste, et lui rend une certaine adolescence. Le monde peut-il être changé ? La sagesse est-elle de se plier à l’état des choses ou de chercher à bousculer les codes ? Chaque lecture dessine différents héros… © Sabine Trensz Le Misanthrope 21 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 46 au programme spectacles bouches-du-rhône Vocazione Gold La vocation, « prédisposition naturelle » d’après les dictionnaires, sous-entend un itinéraire déjà balisé. Diano Manfredini remet en cause cette apparente simplicité, partage ses peurs, ses interrogations, à travers sa propre histoire d’acteur. Le spectacle évoque au sens premier du terme une série de figures du théâtre, en prise avec leurs échecs, leurs doutes, leur naufrage. Il y a entre autres, Nina, Mouette de Tchekhov, Minetti de Thomas Bernhard qui voudrait désespérément jouer le roi Lear « une fois rien qu’une fois et puis plus »… Ironie tendre amère pour un chant d’amour dédié au théâtre. Catherine Heigel avait obtenu à la création de cette pièce de Florian Zeller, en 2010, le Molière de la meilleure comédienne. On la retrouve dans ce rôle de mère déchirée, émouvante et magnifique aux côtés de Jean-Yves Chatelais, en mari fuyant, Olivia Bonamy, la fille mal aimée, et Éric Caravaca, fils qui, en pleine rupture sentimentale, revient un temps dans la maison familiale. Cette histoire si banalement humaine est traitée avec finesse dans une mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo. © Emanuel Gat © Agnes Dorkin La mère Emmanuel Gat offre une nouvelle version de The Goldandbergs (2013), l’adaptant à cinq danseurs. La chorégraphie, jamais illustrative, est ici conçue comme une composition contrapuntique sur une partition double, celle d’extraits des Variations Goldberg de Bach, par Glenn Gould, et la musique composée par le pianiste pour le documentaire radiophonique The Quiet in the Land (1977) qui donne à entendre un enregistrement réalisé dans une famille Mennonite de Red River. Les danseurs interprètent cette partition complexe, en infinies variations… Hypnotique ! 2 au 4 mai Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org 28 & 29 avril Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune © Laurencine Lot Ce quelque chose qui est là Zoom 26 au 30 avril Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 12 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 7 au 21 mai Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net © Patrick Najean Entre la mère de Romain Gary dans La promesse de l’aube et la poétique Gelsomina de La Strada, le personnage maternel de Gilles Granouillet tient tête à son fils dans un monologue vibrant d’espoirs déçus, de colère, de rage, d’amour, de poésie. Un univers tragique et clownesque s’offre à travers une parole véhémente portée par trois comédiennes (il n’en faut pas moins pour explorer toutes les facettes de cette figure tragique), mises en scène par Marie Provence. Un grand moment de théâtre (déconseillé aux moins de 13 ans) qui sera repris au festival Off d’Avignon, du 7 au 27 juillet à l’Entrepôt. On évoque la règle des trois C, Créativité, Changement et Challenge, pour résumer le propos du danseur chorégraphe Roderick George. Tout est mouvement, depuis le nombre dynamique impair des danseurs, à l’énergie inépuisable qui les anime, dans une écriture qui ne cesse d’inventer de nouvelles formes, conjuguant partition musicale et grammaire chorégraphique. Pas de mime ou de redondance, dans cet univers de poésie totale, spirituelle et étrange, baigné des lumières de Tanja Rühl. Le 26 avril 1986, la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire avait lieu à Tchernobyl. Le 27 avril prochain, quasi date anniversaire, sera donné au Théâtre Vitez Ce quelque chose qui est là, d’après le texte d’Antoine Choplin, La nuit tombée. Gouri veut retourner à Pripiat, dans la zone interdite, en chemin il s’arrête chez Iakov et Véra… des mots, de la vodka… de quoi rendre humble et humain ce qui nous dépasse, dans une perspective à la Günther Anders. Une pièce forte autant que faussement simple, portée par l’Équipe de création théâtrale de Grenoble, dans une mise en scène de Chantal Morel. 19 au 21 mai Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org 27 avril Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com Dust 47 La Chapelle Sextine La fin du monde est pour dimanche L’école des femmes 28 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 4 mai Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr Alcools Peau d’âne L’Homme qui plantait des arbres © Jean Reverdito © Théâtre du Maquis Ils sont quatre de la Cie Hangar Palace et interprètent tous les rôles du conte de Perrault, mâtiné de comédie musicale avec les chansons de Jacques Demy. Quatre (Christine Gaya, Cathy Ruiz, Julien Asselin, Jean-Louis Kamoun), mis en scène avec un humour décapant par Caroline Ruiz. Infidèle fidélité au texte sur le mode jubilatoire, délicieusement iconoclaste, qui établit d’emblée une complicité malicieuse avec le public. Les acteurs sont inénarrables de verve comique, la scénographie follement inventive… (lire chronique sur journalzibeline.fr) 29 avril Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr © Franck Moreau 2 & 3 mai Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com ATP d’Aix 04 42 63 46 22 atp-aix.net La joyeuse troupe de Ma Compagnie s’attache à un sujet gravissime, posé en trois brûlantes questions : Qu’est-ce que le sexe ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la vie ? Le spectacle tient absolument à ne pas apporter de réponse. La négative étant déjà un point certain, treize hommes et treize femmes (les superstitieux s’abstenir !) se croisent dans un rythme endiablé, chacun en rencontrant six autres. Le texte d’Hervé Le Tellier, origine de la Sextine, est mis en scène avec un brio jubilatoire par Jeanne Béziers, Michel Ange du verbe, qui en a aussi composé les chansons. Immanquable ! (lire chronique sur journalzibeline.fr) Le Théâtre du Maquis aime les paris fous, et Apollinaire. Avant de s’attacher à la correspondance du poète à la tête étoilée, avec Et l’acier s’envole aussi, il avait déjà mis en scène le recueil Alcools. Reprenant la formule de Vitez, « faire du théâtre de tout », Pierre Béziers rappelle sa découverte du pouvoir des mots d’Apollinaire, « la poésie n’est pas une chose que l’on écoute. C’est une chose qui agit ». Pierre Béziers et Florence Hautier vivent et font vivre ces textes qui fondent la poésie contemporaine, sur des musiques de Martin Béziers (lire chronique sur journalzibeline.fr). 6 mai Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr Le spectacle « existentiel » et surréaliste de François Morel est à son image, léger, malicieux, élégant et très drôle. Sa prose s’amuse des genres, parle du temps qui passe, de la mort comme fin inéluctable, d’amour, de bonheur… Des sujets sérieux qu’il aborde au fil de saynètes dans lesquelles il fait exister une galerie de personnages en prise avec leurs rêves, leurs craintes, leurs espoirs. Des fragments de vie comme autant d’instantanés poétiques. Amoureux de sa région, la Haute-Provence, le berger Elzéard Bouffier a trouvé « un formidable moyen d’être heureux » : planter quotidiennement, en un rituel immuable, des glands pour reboiser ce territoire totalement désertifié. Des milliers d’arbres vont germer et grandir, entraînant des réactions écologiques en chaîne… Sylvie Osman, Cie Arketal, adapte et met en scène le roman de Jean Giono, avec les marionnettes à gaine chinoise de Greta Bruggeman, instillant l’idée que chacun peut agir pour le bien de tous de façon complètement désintéressée. © X-D.R © JC Bardot © X-D.R Il y a un éternel petit chat qui est mort, une pièce en cinq actes et en vers, inscrivant par sa forme le dépassement de la simple farce. La pièce de Molière reste par bien des façons d’une troublante actualité, portée par la magie du rythme de ses rimes. Le décor se pare de lampions de fête populaire… Les comédiens du Théâtre National Populaire et des Tréteaux de France unissent leurs talents sous la houlette de Christian Schiaretti. 30 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 48 au programme spectacles bouches-du-rhône Le Petit prince Retour à Reims Hyacinthe et Rose Super Elle La Cie Théâtre L’articule poursuit le travail sur la technique du livre animé, initié dans son précédent spectacle Pop-Up Cirkus, en approfondissant le dialogue de l’aplat et du volume. Dans Super Elle, elle aborde le monde des super héros ainsi que le thème difficile de la maladie, par le biais de l’histoire de Lisa qui reçoit pour son anniversaire une panoplie de super héroïne, et qui va ainsi pouvoir faire face à la maladie de sa maman. L’immense livre pop-up, avec ses dessins dépliés en trois dimensions, devient le décor du spectacle puis espace de jeu et de circulation pour Fatna Djahra et Jacques Douplat, les deux marionnettistes qui accompagnent Lisa avec beaucoup de sensibilité. 18 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net © Simon Gosselin 30 avril La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 6 au 14 mai Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net Les Pieds tanqués Occident Le texte de Rémi de Vos est bref, cinglant, incisif, cru et direct. Chaque soir, un couple ordinaire en crise se déchire à coups d’insultes, dans un incessant va-et-vient horriblement drôle. De ce combat de boxe où les mots remplacent les poings, émerge une banale et terrifiante montée du racisme ordinaire, quand l’Autre effraie au point de faire de la haine et de l’extrémisme un discours quotidien. Au service de cette comédie noire et grinçante, Valérie Bauchau et Philippe Jeusette sont éblouissants. 13 mai Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com Dans son récit autobiographique, le philosophe Didier Eribon raconte comment, après la mort de son père, il retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve sa mère. Il s’était radicalement éloigné de son milieu d’origine, ouvrier, justifiant cette distance par le rejet de son homosexualité dans sa famille… avant de réaliser que c’est la honte sociale qui l’aura fait fuir, lui, le brillant intellectuel gay dont la réussite parisienne est patente. Laurent Hatat adapte cette « pensée en action », cette brillante analyse qui fait s’interroger sur le déterminisme social. © Michel Calmon 11 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 29 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com Quatre joueurs de pétanque -un Pied Noir, un Français d’origine algérienne, un Provençal de souche et un Parisien- se retrouvent, s’opposent, livrent leur vérité, chacun avec une déchirure secrète et un lien avec la guerre d’Algérie. La Cie Artscénicum les unit au-delà de la simple partie de boule, pour évoquer, avec respect, les blessures de l’exil, de la culpabilité, des rancœurs, et des pardons. © Emilie Lauwers Est-il encore besoin de présenter le conte initiatique et humaniste d’Antoine de Saint Exupéry ? Chacun a en tête les dessins de l’auteur qui illustrent l’ouvrage, personnage à jamais identifié blanc et blond… Dans la version que met en scène Stella Serfaty, le petit prince est noir (Nelson Rafaëll Madel), qui vient bousculer nos aprioris sur l’œuvre, et ainsi prouver que « l’être intérieur n’a pas de couleur ». L’aviateur blanc (François Frapier) et le petit prince cohabitent, et au-delà des apparences sont une seule et même personne. © Manuelle Toussaint, Starface © X-D.R. Ils sont mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, mais ne s’entendent sur rien. Ou presque rien. Une seule chose unit Hyacinthe le coco bouffeur de curé, et Rose la catho et fière bigote : l’amour des fleurs. François Morel se souvient des vacances passées auprès de ses grands-parents et dresse le portrait tout en délicatesse de leurs « vies minuscules », faites de petits bonheurs et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie. 17 mai La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 3 mai Théâtre Durance, Château Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 49 Comment moi je ? La Nuit des rois Ce sont ses propres souvenirs qu’a interrogé Guy Alloucherie pour se mettre en scène dans cette conférence joyeuse et poétique : fils de mineur, il a grandi dans le bassin minier. C’est son enfance modeste mais heureuse qu’il revisite, une époque où le charbon était roi… Entre photos de famille et images filmées, il remonte le cours de l’histoire pour présenter une mémoire intime aux accents universels. L’Épiphanie, ou Nuit des Rois, était aussi appelée « fête des fous » dans la Rome antique, où culminait le désordre festif. Shakespeare, dans cette comédie échevelée, fait exploser les genres, et offre une variation vertigineuse sur le désir. Clément Poirée, avec sa brillante et énergique troupe de comédiens, livre une adaptation judicieusement dosée entre farce et pochade. © Fabien Debrabandere La Brique 04 42 11 01 99 © Nolwenn Brod 30 avril La Croisée des arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr Valser © Julien Lemore. © Philippe Houssin La pièce de la Cie Mises en capsules, mise en scène par Alexis Michalik, nous invite à relire l’Histoire, la nôtre, au travers d’un feuilleton à la Dumas, un périple à travers le temps qui mêle personnages célèbres et illustres inconnus. Cinq comédiens, sur un plateau nu, nous entraînent dans une quête vertigineuse à travers l’histoire et les continents par le biais des écrits d’un carnet mystérieux… Avec son théâtre d’objets, Christian Carrignon prouve que « Le petit théâtre a les mêmes droits que le grand théâtre », dans une mise en scène qui entremêle l’œuvre de Shakespeare avec des réflexions sur sa vie d’artiste. Aidé de Paolo Cafiero, qui transforme les jouets/chevaux-soldats-forêt-château en ombres chinoises, il mêle le texte à ses propres émotions, dans une fascinante déclaration d’amour au théâtre ! 04 42 11 01 99 26 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr 28 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com Je serai Macbeth Le Porteur d’histoire 04 42 11 01 99 04 42 56 48 48 14 mai L’Olivier, Istres scenesetcines.fr 04 42 56 48 48 27 avril Théâtre Durance, Château Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 30 avril Théâtre de Fos scenesetcines.fr 3 mai Théâtre de Fos scenesetcines.fr 04 42 11 01 99 10 mai Théâtre de Fos scenesetcines.fr 21 mai Théâtre de Fos scenesetcines.fr Le Ballet du capitole de Toulouse revient à l’Olivier avec une pièce chorégraphique de Catherine Berbessou, qui est une ode au tango. Huit danseurs, quatre couples, s’emparent avec fougue de cette danse sauvage dans un tourbillon de terre ocre qui évoque une arène ou un ring. Enlacements, contorsions, corps à corps structurent et renouvellent le langage très codifié de cette danse populaire pour en dégager la puissance phénoménale. © David Herrero © Jeremie Bernaert Bric à Brac est une petite fille qui vient de naître, seule au monde. C’est en cherchant son chemin dans l’existence qu’elle apprendra qui elle est et trouvera son chemin. La compagnie Tourneboulé questionne le monde qui nous entoure en creusant le sillon de la philosophie, pour construire sa pensée et aider à grandir. 04 42 56 48 48 30 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr 50 au programme spectacles bouches-du-rhône Sganarelle ou la représentation imaginaire Les Filles aux mains jaunes © Pierre Planchenault Tomber sur un livre 04 42 56 48 48 © Bruno Mullenaerts Inspirée de la première comédie en vers de Molière, Le Cocu imaginaire, cette pièce met à l’honneur ce savoureux personnage récurrent dans l’œuvre de l’auteur, qui est ici un mari jaloux qui croit que sa femme le trompe… suite à une série de quiproquos savoureux qui amèneront tous les protagonistes à se croire cocus ! La version gaiement décalée de Catherine Riboli bouscule les codes, et transforme les spectateurs en complices ravis ! Pataruc est un clown innocent qui passe sa vie sur un arbre… jusqu’au jour où la fée Caractos le bouscule et qu’il tombe sur un livre qui l’avale ! Au cœur d’une forêt légendaire, une aventure fantastique va le conduire jusqu’à la princesse protectrice des arbres qu’il devra délivrer… Lionel Jamon et Sandrine Bernard revisitent quelques figures mythologiques des contes pour enfants, en chantant et dansant ! 18 mai L’Olivier, Istres scenesetcines.fr © Daniel Jourdanet Quand nous rêvions que les hommes et les femmes… Cette œuvre du Dynamo Théâtre, mise en scène par Joëlle Cattino sur un texte de Michel Bellier, éclaire un angle particulier de la Grande Guerre : les prémices d’une émancipation féminine qui se structure par le biais des luttes des ouvrières -du droit de vote à l’égalité des salaires- qui manipulaient la poudre de TNT dans les usines de fabrication d’obus. Une merveille de théâtre ! (lire notre critique sur journalzibeline.fr). 29 avril Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr 29 avril Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr © X-D.R. Sous nos pieds Pour Catherine Lecoq, comédienne et militante féministe, parler de l’éducation non sexiste et non violente était une nécessité absolue. Des jouets aux contes de fées, du prince rêvé au mari assassin, la pièce dénonce avec humour et subtilité les discriminations et humiliations sexistes, ainsi que les agressions physiques, morales, que subissent les femmes quotidiennement en France. Quand nous rêvions que les hommes et les femmes seraient égalEs 20 mai L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Block Deux compagnies britanniques, NoFit State Circus et Motionhouse, mêlent leurs pratiques artistiques, le cirque et la danse, pour explorer physiquement et artistiquement 20 « blocs de béton ». Elles présenteront leur spectacle en avant-première au Citron Jaune, suite à une résidence de création. À noter que la Cie NoFit State Circus propose deux ateliers freerun aux jeunes Saint-Louisiens à partir de 14 ans, les 27 et 30 avril. 30 avril Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com Jeune compagnie lyonnaise, le blÖffique théâtre crée des formes théâtrales contemporaines dans des espaces publics pour en donner une autre lecture et laisser les spectateurs s’approprier des faits imaginaires. Sous nos pieds sera un spectacle déambulatoire reposant sur le déclenchement d’une rumeur : « entre mythologie et utopie, une histoire rêvée du territoire remonte à la surface » et des découvertes fantasmagoriques amèneront un groupe de chercheurs, le Berg, à intervenir… 20 & 21 mai (sorties de chantier) Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com bouches-du-rhône gard spectacles au programme 51 Le Fond de l’air effraie Duo Bonito Julie Duclos et sa Cie L’In-quarto rendent hommage au réalisateur Jean Eustache, et à son film La Maman et la putain, en interrogeant à nouveau les utopies privées et les rapports amoureux non conventionnels. Loin des silences installés par Eustache, la jeune metteure en scène et le scénariste Guy-Patrick Sainderichin créent des dialogues emprunts d’humour qui font se demander aux cinq personnages comment concilier idéaux et pulsion de vie. Les « chansons à risque de dérapages clownesques » du Duo Bonito, échappé de la bande des Nouveaux Nez, sont à savourer sans modération hors les murs de l’Alpilium, dans l’ambiance festive de l’aérodrome de Romanin. Proposés par l’aéroclub, les ateliers et démonstrations d’aéroplane viendront parfaire le tour de chant proposée par la fougueuse Raquel, accompagnée par l’homme-orchestre Nicolas, qui dressent une sorte d’inventaire musical à la Prévert. Un couple de choc, burlesque et touchant. 04 90 52 51 51 26 & 27 avril Théâtre d’Arles theatre-arles.com 04 90 52 51 51 13 mai Théâtre d’Arles theatre-arles.com Le goût du faux et autres chansons © Siegfried. © Milan Szypura Au Japon, certains individus, des adolescents pour la plupart, vivent cloîtrés dans leur chambre et refusent toute communication, incapables de montrer le moindre intérêt pour le monde réel. C’est le cas du jeune Nils, qui vit le casque vissé sur les oreilles, dans sa chambre. Par un inventif dispositif scénique, Joris Mathieu crée une fiction qui prend la forme d’une aventure subjective et propose trois histoires différentes, trois versions, selon le point de vue entendu, celui du père, de la mère et de l’enfant. 04 90 52 51 51 20 mai L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr L’Homme de boue Hikikomori - Le refuge 3 & 4 mai Théâtre d’Arles theatre-arles.com Dans son troisième spectacle, Sophia Aram continue à déployer avec talent son humour corrosif pour lutter contre la bêtise ambiante. De son écriture affûtée, elle s’interroge sur l’état d’un débat public traversé par des idéologies et une actualité parfois dramatique, et fait plus que jamais montre d’une liberté d’expression sans concession pour décortiquer les comportements de notre époque. Sur une piste de terre circulaire, le jongleur, danseur et comédien Nathan Israël nous plonge dans un voyage sensoriel à travers cette matière première dont il s’extrait. Il est l’Homme de boue qui tente de se redresser, lutte pour s’élever, se tenir debout ; il jongle avec des massues très aériennes, malaxe et lance la terre argileuse qui le constitue, sans dire un mot. De ces mouvements charnels et troublants qu’accompagne la finesse des mots de Claude-Louis Combet naît un spectacle fascinant et poétique. 19 & 20 mai Église des Frères Prêcheurs, Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com Portée par Jeanne Candel, cette joyeuse bande de comédiens-musiciens-chanteurs fédérée en collectif (Cie La Vie Brève) est une figure emblématique de la nouvelle vague française. Artistes surdoués à la fantaisie vivifiante, ils philosophent, et improvisent, sur les origines du monde et cuisinent à leur manière la formation de l’univers. Un spectacle hybride en forme de cadavre exquis théâtral qui mêle avec le plus grand sérieux une succession de séquences, passant de la musique baroque à la mélancolie des insectes, de la peinture flamande à la saveur des sorbets à la fraise…! © Jean-Louis Fernandez © Pierre Sautelet © Nicolas Reitzaum Nos serments 04 66 36 65 10 3 mai Théâtre de Nîmes theatredenimes.com 52 au programme spectacles vaucluse À quoi rêvent les Fishsticks Le metteur en scène libanais Nabil El Azan adapte la pièce de l’auteure québécoise Evelyne de la Chenelière : une chronique de la névrose ordinaire et de la solitude dans laquelle deux personnages, voisins de palier, s’épient, s’observent mais n’osent jamais s’aborder… jusqu’au jour où… Des Chinoiseries portées par Christine Murillo et Jean-Claude Legay, respectivement Mme Potée et M. Chiton, un couple de quinquas complexés qui devra apprendre à communiquer « en empilant les situations ubuesques ». © X-D.R Remarquables d’audace et d’aisance, les six comédiens dirigés par le metteur en scène François Rancillac font résonner superbement la langue flamboyante de Corneille. Dans cette comédie, énergique, insolente, aux quiproquos et rebondissements étourdissants, voire parfois révoltants, le scénario romanesque de l’auteur classique apparaît dans toute sa surprenante modernité. Autour d’Alidor et Angélique qui s’aiment (trop ?) follement, d’autres histoires d’amour se greffent pour débattre d’identité, d’altérité et de liberté. Chinoiseries © iFou pour Le Pole media 3 mai La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com © Maxime L’Anthoen Fleisch En partenariat avec le Vélo Théâtre, dans le cadre du dispositif Tridanse, La Garance accueille cette étonnante pièce chorégraphique, librement inspirée du livre d’Horace Mc Coy, On achève bien les chevaux, qu’adapta Sydney Pollack en 1969, sur les impitoyables marathons de danse auxquels participaient jusqu’à l’épuisement des couples pour survivre, en pleine crise économique des années 30 aux États-Unis. Des comédiens professionnels et des amateurs du territoire participent à ce Marathon de danse d’aujourd’hui, dans la crise européenne actuelle, où performance et improvisation nourrissent la partition écrite par Pauline Laidet. Quelle résistance aujourd’hui face à la déshumanisation et à la compétition ? 18 mai La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 11 et 12 mai Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com Un temps de vie Soirée caritative au profit de l’association L’Enfance de l’Art au Théâtre des Halles, en soutien aux enfants atteints du syndrome de Little (nés prématurément). Sur une idée originale de Jean Robin, Raymond Roux lit des textes poétiques japonais qui retracent la vie d’un homme ordinaire qui cherche à se faire un nom à travers l’écriture. Conte écologique et futuriste pour les enfants entre 4 et 8 ans par la compagnie bruxelloise Madame Véro. Couramment utilisée en Belgique, l’appellation « Fish stick » désigne en anglais le bâtonnet de poisson pané aggloméré. En y mêlant l’évocation du 7e « continent de plastique » (phénomène décrit comme une immense plaque de déchets polluant le nord de l’océan Pacifique), la pièce, ludique et inventive, est aussi, par sa fabrication à partir du recyclage, une ode aux possibles et à la force de l’imagination. Sortie de résidence, en entrée libre sur réservation. 23 avril Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be Ressacs Un rendez-vous complice entre le Vélo Théâtre, le Théâtre des Doms et La Garance (réservations à la Scène nationale) autour du génial théâtre d’objets de (et par) Agnès Limbos et Gregory Houben. En donnant vie et sens à des objets manufacturés que manipule un couple qui vient de tout perdre, même son chien, et qui recompose un monde miniature pour interroger le mode de vie consumériste auquel aspire (ou non) l’Homme, les deux comédiens bâtissent « une fable contemporaine éclairante sur ce que nous sommes devenus, nous frères humains ». Grinçant, poétique, politique ! 19 mai Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com © Alice Piemme © Christophe Raynaud de Lage La place royale 12 mai Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be 53 Festival Émergence(s) #6 Vaille que vaille, le Festival Émergence(s), organisé par Surikat Production, poursuit sa route à la découverte des artistes prometteurs, nombreusement issus de la région Paca mais pas uniquement, reçus pendant 10 jours à Avignon (et à la Chartreuse, avec La soucoupe et le perroquet montée par l’ERAC). Pour cette 6e édition, le ton sera donné avec le théâtre immersif de la Cie du Libre Acteur et Clémence Demesme : le public fera l’expérience de l’invisibilité en « vivant » l’intimité d’un couple (Fabrik’Théâtre). Autre proposition « déjantée » sur le Parking des Italiens, avec SOAF dansé par Oxyput Compagnie, suivi par un concert de Les The Closh. Danse encore (à partir d’un texte de Mathias Enard) avec Europe Endless par le collectif nantais Étrange Miroir (Golovine). Beaux coups de théâtres avec Le chemin des passes dangereuses sur l’intimité masculine fraternelle (Halles), Rature par Les Points sauvages (Artéphile), le théâtre mouvementé à suivre de près des Corps de Passage dans Trouble(s) (Doms), et des Cordes Pas Sages dans Enfin la fin ! de l’Autrichien Peter Turrini (Carmes). À l’Entrepôt, deux propositions nocturnes autour de la poésie de Koltès et de l’auteure Nathalie Yot. Clôture musicale à l’Ajmi avec Ashkabad et R-DuG. Et tout cela à petits prix ou en participation libre… Chapeau ! © Clémence Demesme Karl Marx le retour Tintinnabulle Tintinnabulle… en voilà un joli nom pour le dernier Mercredi des Bambini de la saison, au Théâtre Golovine. Dès 2 ans, les enfants sont invités à suivre l’univers de Bulle qui dort encore au creux de son petit monde, où rien n’est encore droit, et où les lendemains changent tout. Signé par la compagnie l’Estafette, ce spectacle ingénieux tout en candeur et délicatesse, avec ses boites à malices et son théâtre d’ombres, évoque la place faite à l’enfant. Et lui ouvre les portes de la poésie ! © Christiane Robin Foutue guerre Hommage aux grands hommes et remède contre l’oubli, la pièce de Philippe Forget, Foutue guerre, est une prise de conscience sur un épisode particulièrement dramatique de la grande guerre et sur l’histoire de la résistance. Menée tambour battant par trois comédiens de la compagnie Le jeu du hasard, qui nous racontent le courage exemplaire d’un petit contingent militaire dirigé par le commandant Raynal combattant jusqu’à l’épuisement au fort de Vaux, en 1916. Une démonstration de l’héroïsme, capitale. 27 avril Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com Sous les traits d’Ivan Romeuf, très inspiré par son illustre personnage, Karl Marx revient sur terre pour défendre ses idées, loin d’être désuètes, dans une ultime leçon de philosophie... Un one man show qui transforme le père du Capital en personnage de fiction et bénéficie de l’humour et des profondeurs de vue de l’historien américain Howard Zinn, auteur du texte. Une farce truculente qui n’est pourtant pas qu’une fantaisie, portée par le Théâtre de l’Egregore. Troubles © Jean-Bernard Vincens 04 90 85 00 80 6 au 15 mai Divers lieux, Avignon et Villeneuve-les-Avignon 09 82 52 43 69 emergences-festival.com 29 et 30 avril Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org 12 mai Théâtre Benoit XII ATP, Avignon 04 86 81 61 97 En partenariat avec La Garance et le théâtre des Doms, le Vélo Théatre accueille la compagnie belge La Gare Centrale, emmenée par la poésie d’Agnès Limbos et la trompette de Gregory Houben (voir également la pièce Ressacs, accueillie aux Doms le 12 mai, p. 52). Avec son théâtre d’objets miniatures, et son imagination débordante, mis en scène par Sabine Durand, le duo nous emmène de tout son humour pince-sans-rire dans l’histoire d’un couple de tourtereaux dont le monde chavire. Entre l’ennui et le désamour… sauveront-ils leur mariage ? 10 mai Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 velotheatre.com 54 au programme spectacles vaucluse alpes var Salon du Livre en pays d’Apt Le préambule des étourdis © Jean-Francois Gaultier Résister, crier, murmurer, donner de la voix pour mieux entendre et provoquer ce qui vient, c’est le moment ! « Engageons-nous-en littérature » : l’injonction du 5e Salon du Livre en pays d’Apt souligne la pertinence de la soirée organisée au Vélo Théâtre par les Cris Poétiques dont les deux invités (Bernard Noël, grand parmi les grands et Florence Pazzottu, poète-vidéaste à l’expression ouverte) font œuvre de leur relation vive au monde. De liberté, de désir, d’éveil et de partage il sera question. Il faut en être ! 100 % Shakespeare : Gilles Cailleau livre une performance de comédien époustouflante au plus près de l’intime. Le comédien parcourt à lui tout seul les 37 pièces de l’auteur britannique. Acrobate, musicien, mime, l’interprète virtuose est tour à tour Hamlet et Macbeth, Roméo ou Juliette, Othello puis le Roi Lear, endossant l’histoire (et la roulotte) d’un vieux comédien passionné par le dramaturge anglais. Un tour de force de la Cie Attention Fragile pour un spectacle ludique, instructif et inoubliable, à voir en famille ! (lire chronique sur journalzibeline.fr) © Danica Bijeljac Bernard Noël © X-D.R. Le tour complet du coeur 20 mai Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 velotheatre.com 04 92 52 52 52 Adaptée librement de La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier, la création d’Estelle Savasta s’est nourrie d’une immersion en milieu scolaire pour recueillir les témoignages d’enfants sur le sujet du handicap et de la différence. On trimballe tous des casseroles secrètes et bien cachées derrière nous, une rencontre suffit parfois à les rendre un peu moins lourdes. Autour d’Anatole, un peu différent certes et tellement attachant, et de son amie Miette, fragile et volontaire, se noue une leçon de vie, d’amitié et de solidarité. Dès 7 ans. 04 92 52 52 52 11 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu 26 au 30 avril La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu Pourquoi la hyène a les pattes inférieures Montagne Le titre entier de la pièce composée par la compagnie Seydou Boro est interminable… mais vaut le détour (de jeu) : Pourquoi la hyène a les pattes inférieures plus courtes que celles de devant et le singe les fesses pelées ? Effectivement, on peut se poser la question ? Ce conte burkinabé est magnifiquement transposé ici en ballet par le chorégraphe Seydou Boro. Cinq danseurs masqués et un griot (féminin !) composent ce carnaval des animaux comme une petite leçon de vie. Dès 4 ans. 11 mai Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr © Quillardet Ciné-spectacle proposé par la compagnie La Cordonnerie qui rapproche et chamboule le conte originel de Blanche neige, transposé en 1989 dans une cité HLM, avec la chute du mur de Berlin, comme celui dressé entre les deux héroïnes. L’histoire filmée et le jeu théâtral se conjuguent à merveille, les bruitages, sons et 1001 trouvailles s’y mêlant avec une poésie remarquable pour servir cette délicate histoire relationnelle à fleur d’humanité. Dès 10 ans. © La Cordonnerie © L. Pappens Blanche neige ou la Chute du mur de Berlin 04 92 52 52 52 3 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu Pour concevoir ce nouveau rendez-vous des Curieux de Nature initiés par La Passerelle, Thomas Quillardet a arpenté les monts et vallées du Gapençais et à 10 000 km de là, sur l’île d’Honshu dans les Alpes japonaises ! Il en a ramené un carnet de bord faits de témoignages et de sensations, et en a tiré le socle dramaturgique de sa future création. Un rendez-vous imaginé entre trois promeneurs, dans lequel les histoires surgissent mêlant réalité et fantastique, auquel vous convie la Scène nationale des Alpes du Sud… en pleine nature ! 04 92 52 52 52 13 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu 55 © Jean Paul Fermet-Cie Antipodes 2014 La femme en chantier Ma vie de grenier 27 au 30 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu 04 92 52 52 52 19 au 28 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu 3 mai Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu 3 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 13 & 14 mai Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu Franito Bêtes de foire © Lionel Pesque Coloriage Lune, Colorin et Larmélie sont les trois protagonistes de ce livre d’images proposé par la Cie La Locomotive, dont on tourne les pages avec délices. Créativité, légèreté, fantaisie… tout est là, dans une danse contemporaine où liberté et espièglerie composent une série de saynètes drôles et poétiques. Un spectacle en forme de pop-up chorégraphié et scénographié par Yan Giraldou, accompagné d’Amélie Port et Yui Mitsuhashi, trois danseurs issus de l’École supérieure de danse Rosella Hightower à Cannes, accessible dès 4 ans. Programmé pendant la pause déjeuner artistique au bar du Théâtre Liberté, voyage d’une rive de la Méditerranée à une autre en compagnie de la chorégraphe Myriam Benharroch et ses danseuses. Grâce aux mélodies issues du répertoire judéo-espagnol, arabo-andalou et oriental jouées par un quatuor, l’esprit d’Al Andalous traversera durant une heure le hall du Théâtre. © X-D.R. Parcours chorégraphique déambulatoire proposé par la compagnie Antipodes. Suivez ces femmes qui dansent, plus singulières qu’elles ne paraissent, dans des lieux inattendus, un lavomatic, un coin de trottoir ou un magasin… À l’affût des stéréotypes sur la « femme parfaite », des indices vous inviteront à vous jouer des lieux communs et à rencontrer des danseuses qui bousculent les clichés ! Déconseillé aux moins de 15 ans. Avant le spectacle, restitution d’ateliers intergénérationnels sur la mémoire, menés par la compagnie. D’une rive à l’autre Le comédien Patrice Thibaud et le danseur Fran Espinosa mêlent danse, musique, théâtre… mais aussi Louis de Funès, tablao incandescent et humour, pour livrer un nouveau spectacle inspiré du Flamenco et traversé par le burlesque. S’y raconte l’histoire d’une mère étouffante et de son fils, qui se réfugie dans sa passion pour le flamenco en transformant sa petite cuisine andalouse en grand plateau de théâtre. Un duo inventif, drôle et extravagant, visible à partir de 7 ans. Dans un esprit nomade, Laurent Cabrol et Elsa de Witte ont dressé un chapiteau à leur mesure et font briller de mille feux leur piste aux étoiles. Au centre, un couple, énigmatique : l’homme, un clown-circassien sans âge, manipule des objets aux qualités étonnantes ; la femme, une costumière-comédienne un peu magicienne sur les bords, rafistole des marionnettes. Ils recréent un cirque de quartier, bricolé, ingénieux, où les vieux habits et les matériaux recyclés donnent lieu à une immense poésie du miniature. Des bêtes de foires qui naissent à partir de l’absurde, absolument attachantes. 27 au 29 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr © Jean-Louis Duzert © Marie-France Pernin, Carnage Productions « J’y suis, j’y reste », telle est la devise de Gaëtan Lecroteux, un personnage tragiquement comique que campe une figure des arts de la rue Stéphane Filloque, venu s’installer à la meilleure place pour participer à un vide-grenier… une semaine à l’avance. Afin d’y liquider ses vieilleries, il dresse l’inventaire de sa vie en enchaînant les péripéties, et nous fait passer du rire aux larmes. Une performance drôle et sensible présentée en itinérance dans les villages, à partir de 8 ans. 3 & 4 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 56 au programme spectacles var Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus… La pièce fétiche du chorégraphe Jean-Claude Gallotta, après avoir parcouru le monde depuis 1985, avait été enrichie en 2002 d’éléments narratifs pour être accessible au jeune public. Voici revenue sur scène la tribu hétéroclite des Mamammes, toute de shorts vêtue, pour des tribulations pittoresques et joyeuses, emmenée par un frétillant lutin conteur. Un retour à l’enfance et un accès ludique à la danse contemporaine sonnant comme un hymne à la différence et à la fraternité. À partir de 6 ans. © Guy Delahaye Sur fond de révolution égyptienne, créé en 2013, le spectacle de François Cervantes fait se rencontrer culturellement les deux rives de la Méditerranée, de Marseille au Caire. Joué en français et en arabe, par deux artistes de la scène indépendante égyptienne, Hassan El Geretly et Boutros Raouf Boutros-Ghali, qui nous font entendre leur désir de survie en mêlant intime et Histoire. En scène, deux amis, l’un en costume cravate, l’autre visiblement plus clownesque, qui se retrouvent et tentent de dialoguer alors que dehors la révolution gronde… L’enfance de Mammame 12 & 13 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 10 mai CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com © La Palmera © Christophe Raynaud De Lage Le prince séquestré L’intrigue d’Andromaque (quasiment) résumée en un titre ? Avec cette parfaite adaptation des vers de Racine, dans une version ludique et audacieuse portée par deux comédiens formidables, le Collectif La Palmera réussit en tout cas à passionner son auditoire autour de cette chaîne amoureuse inoubliable… Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort 27 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr Mini marathon Fragile Dom Juan © Vincent Hanotaux 14 mai GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net Inséparable tandem créatif, Nicolas Bouchaud (dans le rôle-titre) et Jean-François Sivadier (à la mise en scène) sont à nouveau réunis autour de Molière, pour le meilleur pressent-on, en compagnie de ces deux monstres sacrés du théâtre. Alors que le comédien récompensé incarne le séducteur invétéré, blasphémateur devant l’éternel, Sganarelle est joué par l’excellent Vincent Guédon, une autre promesse de réussite. « El pueblo unido jamás será vencido ! » À l’heure des manifs contre la Loi Travail et tandis qu’essaiment les Nuits Debout un peu partout en France, voici un spectacle qui tombe à point ! Véritable héritage populaire, les chants et textes révolutionnaires, de lutte ou de résistance, imposent leurs rythme. Eric Lacascade à la mise en scène, David Lescot à la direction musicale et Norah Krief à l’interprétation, se plongent dans les tourments de l’histoire, en forte résonance avec l’actualité. © Brigitte Enguérand © Brigitte Enguérand Revue Rouge 26 au 30 avril CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 20 & 21 mai CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com Un spectacle, ça va. Trois, bonjour le régal ! Gilles Cailleau, et sa troupe Attention Fragile, convie ses complices Les Presque Siamoises pour offrir ce petit marathon de théâtre et de cirque. Partenaires depuis 2009, les deux compagnies proposent trois formes courtes : Tor, conte pour petits et grands, Bertha et Miranda, tout en humour et poésie, et D’ébauche, où les contorsions des siamoises Flora Le Quémener et Sophie Ollivon s’enchaînent en musique. 23 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr 57 Tempus fugit ? Des milliards d’humains sur la terre, et moi, et moi et moi ? C’est un peu la question que posent les trois personnages de cette « comédie existentielle joyeusement baroque ». La compagnie québécoise Le Clou interroge notre gourmand rapport au monde, contrarié par la nécessité de préserver notre intimité. Samuel Côté, Florence Longpré et Pascale Renaud-Hébert sont les interprètes touchants du texte de David Paquet. Conseillé à partir de 14 ans, le spectacle est mis en scène par Benoît Vermeulen. Attention, ces dates sont à cocher en rouge sur les agendas ! Pour clore sa saison, le Carré de Sainte-Maxime recevra le Cirque Plume pour quatre soirées exceptionnelles. Renouvelant l’art du cirque depuis 30 ans, les artistes présenteront leur spectacle puis se joindront au public pour une fête « en famille ». Pendant et après le tour de piste, trapézistes, clowns et jongleurs entraîneront les spectateurs dans leur univers féerique et poétique. © Nathalie Hervieux Appels entrants illimités Quand le diable s’en mêle Silence © Yves Kerstius Élise et Jean ont vécu ensemble 65 ans, et leurs silences disent tout de cette vie d’amour infini partagée jusqu’à la maison de retraite. Ensemble ils ont tout traversé, inséparables, jusqu’à ce que la mémoire d’Élise s’en aille voir ailleurs, là où la parole n’a plus lieu d’être… Les marionnettes hyperréalistes grandeur nature sont manipulées à vue par deux fabuleuses comédiennes de la Cie belge Night Shop qui donnent à voir, et à entendre, par-delà les mots, l’amour qui perdure (lire notre chronique sur journalzibeline.fr). 10 mai Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr Tempus fugit © Cirque plume 26 avril Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr 3 & 4 mai Scène nationale, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com 7 mai Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com 10 mai Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 13 au 16 mai Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com Les irrévérencieux Les Nuits Singulières L’épisode 4 des Nuits Singulières vient conclure la saison du Carré de Sainte-Maxime. Thème retenu pour cette dernière édition : en famille. En plus du rendez-vous exceptionnel avec le Cirque Plume (voir ci-contre la pièce Tempus fugit ?), le Carré se métamorphosera en fête foraine. Au menu, jeux, fanfare, gaufres, barbe à papa, buffet à la bonne franquette, et un spectacle mêlant feux d’artifice et artistes de rue. L’expo photo de Francesca Torracchi, qui reviendra sur les temps forts de la saison, sera également à découvrir. Une véritable fusion, c’est le terme qui convient le mieux à ce spectacle étonnant et détonnant. Mêlant à la fois la commedia dell arte, la danse hip hop et le beat-boxing, la compagnie des Asphodèles croise avec délice les genres et les époques. La rencontre des saltimbanques du XVIe siècle avec la culture urbaine du XXIe est admirablement portée par les sept interprètes. Cette création hors du commun a reçu le coup de cœur de la presse lors du Festival Off d’Avignon 2013. 13 mai Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com © Yoran Merrien © Spinprod Trois courtes pièces de Feydeau sont au programme de ce spectacle, signé Didier Bezace. Le metteur en scène, qui a également réalisé l’adaptation des textes, réunit ici une troupe de huit comédiens. Les déboires de la vie conjugale et les incompréhensions entre hommes et femmes sont évidemment au cœur des intrigues. Quand le fragile équilibre des relations de couple se rompt, il peut vite conduire à l’enfer... 21 mai La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr 58 au programme spectacles var alpes-maritimes monaco 30/40 Livingstone En compagnie de Jiri Kylian 11 mai Théâtre de Grasse theatredegrasse.com Le mois du Chrysanthème 29 avril Kiosque à musique, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com 28 avril au 1er mai Salle des Princes, Grimaldi Forum, Monaco +377 99 99 30 00 balletsdemontecarlo.com Juste, fais-le © Vincent Lucas Trois représentations, à 12h, 18h et 21h, en plein air et en accès libre, voici la proposition concoctée par Alexandra Tobelaim. Avec les comédiens de sa compagnie Tandaim, elle mettra en espace cette forme courte, d’une trentaine de minutes, composée de textes issus de Douleur exquise de Sophie Calle. Les acteurs dansent, déambulent au milieu des spectateurs puis tombent comme morts sur un rectangle d’herbe. Le public est alors invité à s’approcher de ces corps inertes qui murmurent encore. Soirée d’exception dans le cadre du trentenaire des Ballets de Monte-Carlo, en compagnie de Jiri Kylian, compagnon de route de cette belle formation. Trois pièces pour un « programme anniversaire » qui permettra d’approcher les grands thèmes chers au chorégraphe. Parabole sur l’esthétique, la sensualité, la manière d’appréhender le monde, Bella Figura joue sur sa polysémie, une « belle figure » artistique et « faire belle/ bonne figure », face aux aléas de la vie. Gods and Dogs réfléchit sur la place de l’individu dans la société, tandis que Chapeau apporte sa verve colorée, rappelant que l’art donne du sens et de la beauté… 29 avril Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com Le titre de ce spectacle évoque inévitablement le slogan d’une célèbre marque d’articles de sport, avec une virgule pour emblème. Le nom de cette marque, que chacun reconnaîtra même sans la citer, est issu d’une déesse grecque symbolisant la victoire. C’est peutêtre l’idée de victoire sur soi-même qui a guidé Anne Frèches dans le choix de ce titre. L’artiste multiforme allie la comédie, le chant, la danse et la performance pour se livrer à une introspection, sorte d’autoportrait vivant, tracé avec son corps. Imprévus Jean-Christophe Maillot, chorégraphe de la Compagnie des Ballets de MonteCarlo, offre à ses danseurs la possibilité de se confronter à la création chorégraphique, lors des derniers Imprévus de la saison dans le sanctuaire des Ballets, à Beausoleil. L’originalité de cette approche lie fortement musique, arts plastiques, littérature, aux évolutions des danseurs. Les étudiants en scénographie du Pavillon Bosio-École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco accompagneront ces chorégraphes en herbe pour l’éclosion de ce subtil équilibre entre les arts. Entrée réservée aux possesseurs de la carte « Ballets de Monte-Carlo ». © X-D.R. 04 93 40 53 00 © Bernd Uhlig Dans un univers absurde et drolatique (écrit, mis en scène et interprété par l’acteur césarisé Sergi López et le danseur Jorge Picó), deux monstres sacrés du théâtre inventent un duo d’équilibristes autour de la quête désespérée d’un animal légendaire… Une fable jubilatoire dans laquelle un explorateur en pleine ébullition existentielle souhaite s’émanciper ; il rencontrera dans une suite de scènes plus déjantées les unes que les autres un tennisman, un danseur… et un cerf. Une poésie loufoque aux accents humanistes pour un plaisir communicatif porté joyeusement par les deux acteurs catalans. Avec sa danse tonique et spectaculaire, parfois proche de l’acrobatie, la troupe Ballet Revolucion, venue de Cuba, est reconnue internationalement. Le talent, la virtuosité et la cohésion des dix-neuf interprètes forment un ensemble exceptionnel. La vaste palette de ces danseurs les mène vers des chorégraphies inattendues, aux influences classiques et latinos, mêlées de R’n’B ou de hip hop. Ambiance discothèque et énergie communicative garanties, avec des sons de Prince, Usher, Beyoncé, Rihanna ou David Guetta.v © Javier del Real © David Ruano Ballet Revolucion 30 avril Théâtre Alexandre III, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com 18 au 21 mai Atelier des Ballets de Monte-Carlo, Beausoleil +377 97 70 65 20 balletsdemontecarlo.com hérault spectacles au programme 59 Mort et réincarnation en cow-boy Portrait d’une femme arabe qui regarde la mer Malandain Ballet Biarritz 12 & 13 mai Scène nationale, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com Ce texte de Rodrigo Garcia est empreint à la fois d’ombre profonde et de lumière éclatante. La mise en scène, dirigée par l’auteur lui-même, amplifie ce paradoxe. Toute l’ambiguïté, la complexité du passage de la vie à la mort (à moins que ce soit l’inverse ?) est portée par les trois interprètes, Juan Loriente, Juan Navarro et Marina Hoisnard. Leurs corps se cherchent, se trouvent et se heurtent. Le spectacle, en espagnol, sera accompagné de surtitres en français. 21 mai CDN Humain trop humain, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr 10 au 14 mai CDN Humain trop humain, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr Bestias Comme l’indique le titre, il y a des nouveaux venus dans la troupe de cirque Baro d’Evel. La compagnie franco-catalane invite les animaux à se mêler aux humains sur la piste. Chevaux et oiseaux accompagnent les artistes et sont eux aussi interprètes du spectacle. La chorégraphie allie les mouvements des acrobates à ceux des bêtes, avec en commun la terre et le ciel. Poétique, drôle et émouvant, ce spectacle se ressent autant qu’il se regarde. 10 mai Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com Las ideas 7 & 8 mai Domaine d’O, Montpellier 9 au 29 mai en itinérance dans l’Hérault 0800 200 165 domaine-do-34.eu © Bea Borgers Festival Saperlipopette Les jours grandissent, le soleil se fait plus vif et avec la belle saison arrive aussi le Festival Saperlipopette. Les 7 et 8 mai, la 19e édition investira le Domaine d’O à Montpellier. Pour un week-end, l’immense jardin se transformera en théâtre géant dédié au conte et au jeune public. Cinq espaces, répartis sur toute la surface du parc, accueilleront spectacles, animations, jeux ou ateliers. Et il y en aura pour tous les âges, même pour ceux qui ne sont plus tout à fait des enfants depuis déjà quelques temps ! Du nord au sud du Domaine, il vous faudra compter une petite demi-heure pour la traversée, et sûrement un peu plus, tant les prétextes à étapes jalonneront le chemin. Une vingtaine de spectacles seront au programme, reprenant l’univers traditionnel du conte, en l’adaptant et le renouvelant avec fantaisie et talent. Jusqu’à la fin mai, le Festival voyagera également un peu partout dans le département. Pour être en accord avec le titre de cette œuvre, mieux vaut être proche de l’eau. C’est le choix retenu par Laurent Berger, qui en proposera une lecture et une mise en espace sur la plage de Carnon. Le texte de Davide Carnevali, traduit de l’italien par Caroline Michel, prendra dans ce cadre une tout autre résonance. La soirée sera organisée avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre International de la Traduction Théâtrale, et en partenariat avec la Médiathèque de l’Ancre. Deux hommes sur une scène, et en guise de décor, une table de ping-pong. Qui sert aussi de simple table, où s’entassent un ordinateur, quelques bouteilles d’alcool ou des paquets de cigarettes. Julián Tello et l’auteur Federico León, également à la mise en scène, se renvoient la balle dans un processus de création. La fabrique des idées, la mécanique artistique, sont au cœur de ce spectacle, signé par l’un des représentants majeurs de la scène argentine. Présenté en espagnol et surtitré en français. 18 au 20 mai CDN Humain trop humain, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr © Arthur Bramao © Olivier Houeix © Christian Berthelot La troupe de Thierry Malandain, fondée en 1998, connaît un rayonnement international. Le chorégraphe présentera deux de ses créations, conçues chacune pour une vingtaine de danseurs. Nocturnes repose sur les œuvres de Chopin du même nom. Mélancolie et langueur rythment l’interprétation. À l’inverse, Estro s’appuie sur la musique tonique de Vivaldi. Gaieté et légèreté sont cette fois au programme. 10 au 13 mai Sous chapiteau à Frontignan Scène nationale, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com 60 au programme spectacles gard La petite reine 10 au 13 mai Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr © Nicolas Joubard Compagnie partenaire du Cratère depuis deux ans, l’Impérial Orphéon propose une création, Gala. Le quartet initial, composé de l’accordéoniste et chanteur Rémy Poulakis, capable de passer du chant lyrique au rock aux choros ou aux chants tziganes, Gérald Chevillon, saxophones basse, ténor et soprano, Damien Sabatier, saxophones baryton, alto, sopranino et Antonin Leymarie, batterie, percussions, et objets variés (sic !), devient sextuor avec l’ajout de deux circassiens, Sylvain Julien et Olivier Debelhoir. On est convié à une quête virtuose du poète et musicien Orphée, traversant la mythologie grecque dans un rythme époustouflant et jubilatoire. Arlequin poli par l’amour Le spectacle de marionnettes conçu par la Cie Hélice Théâtre s’inspire de l’univers coloré de la plasticienne Kveta Pacoska sur les mots de Catherine Anne. En six scènes de huit minutes les six personnages d’une famille du voyage sont présentés, puis l’histoire se promène, à la force… des mollets de la marionnettiste Christelle Mélen, campée sur un cheval fougueux, son vélo. Derrière, une petite carriole se transforme en castelet magique où l’on offre même, en entrée en matière, des sirops multicolores ! Un spectacle délicieusement poétique empli de surprises et d’humour. (À partir de cinq ans). © Talou Coron © X-D.R Gala Récompensé par le Molière du meilleur metteur en scène pour son Henri VI donné à Avignon en 2015, Thomas Jolly revient avec la Cie La Piccola Familia et une pièce de Marivaux, courte (un acte) et légère, Arlequin poli par l’amour. Dans ce conte, une fée amoureuse enlève le bel Arlequin, mais il est aussi sot que beau. Le sentiment que cet Apollon va éprouver pour la bergère Silvia le rend spirituel et intelligent… La jalousie de la fée tentera sans succès de séparer les amants. La violence des émotions, le chaos que l’amour peut provoquer nourrissent cette fantaisie. (À partir de 10 ans). 19 & 20 mai Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 18 mai Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 11° SALON D’ART CONTEMPORAIN 12 au16 MAI du 2016 200 ARTISTES AIX-EN-PROVENCE PARC JOURDAN > CENTRE VILLE www.salonsmart-aix.com marseille Les Yeux brûlés cinéma au programme 61 De Manille au sud de l’Italie UnderGronde Les Yeux brûlés de Laurent Roth © Shellac Deux chances vous seront données de voir ou revoir Les Yeux brûlés, ce docu-fiction réalisé par Laurent Roth dans les années 80 : le 23 avril à 18h30 et le 3 mai à 19h30, pour une séance en présence du cinéaste. Face à une Mireille Perrier qui joue la candide, au terminal des arrivées de Roissy où elle doit récupérer la cantine d’un reporter mort à Dien bien Phu le 8 mai 1954, des anciens compagnons du disparu parlent de leur travail. Photographier la guerre ne laisse pas indemne même si on échappe à la mort : aux risques physiques s’ajoutent des risques éthiques. Laurent Roth pose les bonnes questions, parfois dérangeantes. Le 4 mai à 19h30, le cinéma Le Gyptis propose une balade à travers l’Europe du fanzinat et de l’édition graphique indépendante avec UnderGronde, un documentaire de Francis Vadillo alias Shock Corridor. Ce réalisateur, figure du rock et de l’underground montpelliérain, disparu en 2014, nous y fait découvrir le langage fédérateur de ces artistes du « sous-sol », leurs univers créatifs, sans frontières, hors des circuits institutionnels et marchands.La projection sera suivie d’une rencontre avec Pakito Bolino, responsable du collectif d’auteurs Le Dernier Cri et protagoniste du film. Manille, dans les griffes des ténèbres de Lino Brocka © Nef Diffusion Cinquième rendez-vous avec la cinémathèque de Bologne le 13 mai au MuCEM : De Manille au sud de l’Italie. À 19h, Salvatore Giuliano de Francesco Rosi (1962), un « film dossier » qui dresse un portrait de la Sicile des années 1940. À 21h30, ce sera Manille, dans les griffes des ténèbres (1975) du réalisateur philippin Lino Brocka, la longue descente aux enfers d’un jeune pêcheur parti à la recherche de sa fiancée dans les réseaux de prostitution de Manille. MuCEM, Marseille 04 91 59 06 88 mucem.org Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis La Mafia fait la loi Mustang UnderGronde de Francis Vadillo © Luc Reder. Mustang de Deniz Gamze Ergüven © Ad Vitam Si vous avez raté Mustang de la réalisatrice turque Deniz Gamze Ergüven, unanimement salué par la presse depuis sa sortie en 2015, et multi primé dans les festivals internationaux, courez au Gyptis le 10 mai à 19h30. Ce beau film montre la lutte de cinq sœurs, promises à des mariages arrangés et à un destin domestique, pour faire triompher leur légitime désir de liberté. On pourra y rencontrer après la projection, deux techniciens qui ont contribué à la réussite de cette œuvre : la monteuse image Mathilde Van de Mootel (sous réserve) et le monteur son Damien Guillaume. Séance organisée en partenariat avec SATIS Alumni, association des anciens élèves du département SATIS d’Aix-Marseille Université. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis Il giorno della civetta de Damiano Damiani © Les Films Corona Dracula, version black Si vous avez plus de douze ans, préparez vos gousses d’ail, vos pieux et aiguisez votre sens de la syncope pour la soirée Blaxploitation et funk, organisée le 30 avril à partir de 20h au cinéma Les Variétés. Après la projection de Blacula, le vampire noir de William Crain, un film très seventies, qui imagine un Prince africain transformé voilà deux siècles en vampire et ramené dans son cercueil à Los Angeles par deux collectionneurs d’antiquités en 1972, Brididii & L assurera un mix d’enfer « à faire trembler les pissenlits ». Cinéma Les Variétés, Marseille 0982 68 05 97 cinemetroart.com Le 13 mai à 18h, à l’Institut Culturel Italien de Marseille, projection de Il giorno della civetta de Damiano Damiani avec Claudia Cardinale, récompensé du David de Donatello, et du Nastro d’argento. Inspiré du roman éponyme de Leonardo Sciascia, le film suit l’enquête d’un jeune commissaire (Franco Nero) qui tente de résoudre une affaire de meurtre et se trouve confronté à à la mafia. Institut Culturel Italien, Marseille 04 91 48 51 94 iicmarsiglia.esteri.it 62 au programme cinéma bouches-du-rhône vaucluse alpes-maritimes Hommage à Jean-Pierre Melville Cinéastes libanaises Au travail Trêve de Myriam El Hajj © Abbout productions Dans le cadre du temps fort Beyrouth ya Beyrouth, au MuCEM, focus sur les cinéastes libanaises engagées le 21 mai. À 14h30, Trêve en présence de la réalisatrice Myriam El Hajj qui, dans ce premier film, s’interroge sur les origines de la violence dans son pays et se demande comment construire son identité de femme dans cette société. À 16h30, Home, sweet home, le retour au pays de Nadine Naous qui sera là pour en parler, et à 21h, un film réalisé par la première femme cinéaste sélectionnée à Cannes, Heiny Srour : Leila et les loups (1984), une œuvre marquante dans l’histoire du cinéma féministe du Moyen-Orient. Scènes et Cinés propose une programmation de spectacle vivant, cinéma, lectures, expos autour de la mémoire ouvrière. Le 28 avril à18h30, au cinéma L’Odyssée de Fos-surMer, Luc Joulé, présentera le documentaire qu’il a réalisé avec Sébastien Jousse, C’est quoi ce travail ? (lire chronique sur journalzibeline.fr). Les salariés d’une usine qui produit 800 000 pièces d’automobiles par jour et le compositeur Nicolas Frize dont la création musicale s’invente au cœur des ateliers, sont au travail. Chacun à sa manière, ils disent leur travail. Chacun à sa manière, ils posent la question : alors, c’est quoi le travail ? La projection sera suivie d’une rencontre avec Luc Joulé et François Bon qui fera une lecture le lendemain. Le Samouraï de Jean-Pierre Melville © TC Productions Du 10 au 19 mai, l’Eden Théâtre reprend le cycle proposé par Cinémas du Sud et rend hommage à Jean-Pierre Melville (né Grumbach) en présentant cinq de ses films, Le Doulos, Le Cercle rouge, Le Silence de la mer, L’Armée des Ombres, Le Samouraï. Le 17 mai à 20h30, sera projeté en présence de Rémy Grumbach, neveu du cinéaste, et du réalisateur Olivier Bohler dont on aura pu voir à 18h30 le documentaire, Sous le Nom de Melville : une évocation du parcours de Melville pendant la Seconde guerre mondiale. MuCEM, Marseille 04 91 59 06 88 mucem.org 04 96 18 52 49 Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com C’est quoi ce travail de Luc Joulé © Shellac Au cœur de la lutte Cinéma L’Odyssée, Fos-sur-Mer 04 42 11 02 10 scenesetcines.fr Claude Lelouch Eva for ever Comme des lions de Françoise Davisse © Balibari films Dans le cadre de la programmation proposée par Scènes et Cinés autour de la mémoire ouvrière, projection le 27 avril à 19h à l’Espace Gérard Philipe de Port-Saint-Louis du documentaire de Françoise Davisse, Comme des lions, une plongée au cœur de la lutte des ouvriers de l’usine PSA-Aulnay contre sa fermeture. Soirée en partenariat avec la Ligue des Droits de l’Homme, en présence d’un intervenant. Réservations conseillées. Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr Le 9 mai à 20h30, le cinéma Utopia d’Avignon (Manutention), en collaboration avec l’association Miradas Hispanas, présente Eva ne dort pas, en présence de son réalisateur Pablo Aguero. Mêlant images d’archives et scènes de fiction, le film raconte le périple d’Eva Perón momifiée, enlevée en grand secret et cachée via le Vatican durant près de 25 ans, une réflexion sur la valeur symbolique des grandes figures historiques. Eva ne dort pas de Pablo Aguero © Pyramide Cinéma Utopia, Avignon 04 90 82 65 36 cinemas-utopia.org/avignon Un + Une de Claude Lelouch © Les Films 13 Le week-end des 7 et 8 mai, Claude Lelouch présentera à l’Eden Théâtre quatre de ses films, quatre périples amoureux à travers le monde. Le samedi 7 mai à 18h, Un Homme qui me plaît, un road-movie romantique avec Jean-Paul Belmondo et Annie Girardot et à 21h, Hasards ou Coïncidences, l’histoire d’une danseuse étoile, interprétée par son ex-femme, Alessandra Martines. Le 8 mai à 16h, son dernier film, Un + Une, avec Jean Dujardin, Elsa Zilberstein et Christophe Lambert et à 19h, Itinéraire d’un Enfant Gâté avec Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina. 04 96 18 52 49 Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com 63 Festival au Château E n marge du Festival de Cannes, dans le cadre paradisiaque du Château des Mineurs de Mandelieu-la-Napoule, modeste et convivial, le Festival Visions Sociales, organisé par les Activités Sociales de l’énergie, continue depuis 14 ans son travail de fond en faveur d’un cinéma d’auteur qui interroge l’ordre et les désordres du monde. Côté documentaires, on y retrouvera cette année les récentes et belles sur- Géronimo de Tony Gatlif © Les Films du Losange prises du cinéma de combat : le revigorant née après la guerre et résistant vaillamment Merci Patron de François Ruffin, pied de nez aux assauts du libéralisme. belge au puissant PDG de LVMH, le vivifiant Côté fictions, on misera sur la comédie dénonComme des lions de Françoise Lavisse, plon- ciatrice avec Nous trois ou rien de Kheiron gée dans la lutte des ouvriers de l’usine PSA et Good luck Algeria de Farid Bentoumi, d’Aulnay, et le stimulant Demain de Mélanie et on rendra hommage à Philippe Faucon Laurent et Cyril Dion, résolument tourné avec la projection de ses deux derniers opus : vers les solutions possibles aux anxiogènes le multi primé Fatima (lire chronique sur jourproblèmes écologiques et socio-économiques nalzibeline.fr) bouleversant portrait d’une de notre planète. On découvrira La Sociale mère de peine et femme de lumière puis La de Gilles Perret consacré à l’histoire de la Désintégration, analyse sans concession de Sécurité Sociale, cette institution solidaire la radicalisation de la jeunesse des cités. À ce focus s’ajouteront onze films venus du monde entier, choisis dans les festivals soutenus par la CCAS et quatre inédits sélectionnés par les sections partenaires : l’ACID, la Semaine de la critique, la Quinzaine des Réalisateurs et Un Certain Regard. Comme chaque année la manifestation, qui se déroulera du 14 au 20 mai, s’est donné un parrainage fort et emblématique: celui du fougueux et rugueux Tony Gatlif. Le week-end d’ouverture, il présentera deux de ses films pulsant la même énergie : Géronimo (2014), histoire d’amour turco-gitane sur une chorégraphie endiablée et Swing (2001), initiation du jeune Max au jazz manouche et aux premiers battements du cœur. Une programmation tonique, de nombreux invités... Gageons-le, la 14e édition de Visions sociales n’engendrera pas la mélancolie ! ÉLISE PADOVANI Festival Visions sociales Château Mandelieu La Napoule, Cannes 14 au 20 mai ccas-visions-sociales.org Toutes et tous à La Ciotat ! A près le Festival de Cannes, vous avez envie de continuer à voir des films, de rencontrer des cinéastes, des comédiens ? Alors rendez-vous à La Ciotat du 24 au 28 mai ! L’Eden Théâtre accueille, la 34e édition du Festival du Premier Film francophone organisée par le Berceau du Cinéma en partenariat avec Yves Alion, directeur de la revue Avant Scène-Cinéma. Première invitée, Baya Kasmi, à la soirée d’ouverture du 24 mai avec son premier long métrage Je suis à vous tout de suite, l’histoire de la jeune Hanna, atteinte de la névrose de la gentillesse. Ce ne sera pas la seule invitée ! Trois autres réalisatrices présenteront leur long métrage : Eva Husson s’est intéressée à la sexualité d’une bande de jeunes et à leurs « histoires d’amour modernes » dans Bang Gang, le 25 à 17h. Vania Leturcq suit deux adolescentes, amies depuis toujours, à un tournant de leur vie, dans L’année prochaine, le 26 à 20h. Le lendemain, à 14h, Rachel Lang, dans Baden Baden, fait le portrait d’Ana qui tente de se débrouiller avec la vie… mais pas dans la ville d’eau. Six réalisateurs complètent cette compétition de 10 longs métrages. Gilles Bannier raconte l’histoire d’une erreur judiciaire dans Arrêtez-moi là, adapté du roman de Lain Levison Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi © Le pacte inspiré d’un fait divers, avec Réda Kateb dont l’excellent court métrage, Pitchoune, fait partie des 10 courts en compétition. Laurent Larivière aborde le sentiment d’échec et la honte sociale dans Je suis un soldat, l’histoire d’une fille qui tombe, incarnée par la superbe Louise Bourgoin. Julien Rappeneau s’est inspiré du roman graphique de Camille Jourdy pour sa comédie Rosalie Blum où Noémie Lvovsky incarne une Rosalie, solitaire et mystérieuse dont Vincent (Kyan Khojandi) veut découvrir le secret. Il y aura aussi Ni le ciel, ni la terre de Clément Cogitore, Les Cow-boys de Thomas Bidegain et Le grand jeu de Nicolas Pariser. Tâche difficile pour le jury, vu la variété des films ! Le public est également invité à voter lors de toutes les séances qui permettent de voir, en plus des longs métrages, des courts parmi lesquels le superbe travail d’animation expérimental d’Antoine Delacharlery, Ghost Cell. Cerise sur le gâteau, Emma Luchini présente, hors compétition, 28 mai à 17h son deuxième film, Un début prometteur, précédé de The Lizard de Jonathan Trullard, avant la cérémonie de clôture à 20h. ANNIE GAVA Festival du Premier Film francophone 24 au 28 mai Berceau du Cinéma, La Ciotat berceau-cinema.com 64 critiques cinéma Musique au c(h)œur M obile étoile est une mélodie créée par le compositeur Fernand Halphen, « mort pour la France » en 1917, élève de Ernest Giraud et de Jules Massenet, promoteur de cette musique française si élégante à cheval sur deux siècles. C’est aussi le dernier film du réalisateur franco-israélien d’origine marseillaise, Raphaël Nadjari, avec dans les rôles phares une autre Marseillaise de naissance Géraldine Pailhas et le Québécois Luc Picard. Ils y interprètent Hannah, chanteuse de musique classique et Daniel, pianiste, qui vivent à Montréal et peinent à maintenir à flot leur petite chorale spécialisée dans la musique française sacrée de la fin XIXe. Une musique composée à l’origine pour les synagogues et dont les partitions demeurent souvent introuvables. Un ancien amant-professeur d’Hannah, Samuel, lui apporte l’une de ces partitions-trésor, retrouvée et restaurée. Sa venue bouleverse l’équilibre du groupe auquel s’est adjointe une jeune soprano, Abigail (Eléonore Lagacé) tandis que le père de Daniel ancien pianiste atteint d’Alzheimer s’enfonce dans l’oubli. Raphaël Nadjari offre ici un travail plutôt courageux, par son sujet si... ténu, sa réalisation si... délicate et son traitement si... radical. Un film musical où les dialogues ne sont pas chantés mais où toute la communication passe par les Mobile étoile de Raphaël Nadjari © Sebastien Raymond chants, où le choix de l’interprétation d’une pièce inspirée par le Cantique des cantiques devient l’enjeu d’un conflit artistico-amoureux et un véritable suspense, où la progression dramatique joue sur la répétition de scènes du quotidien concret des musiciens (déménager des instruments, trouver des lieux de travail, prendre des rendez-vous, mendier des subventions, signer des chèques, coordonner le groupe) et sur la quête personnelle de tout artiste entre humilité et orgueil, continuité et rupture. David donne un cours au Conservatoire sur la Nuance dans la musique française qui pourrait être une des clés de lecture de ce film-partition, « joué » presque toujours à mezza voce, voire à sotto voce avec un fortissimo réprimé ou maîtrisé. La musique entièrement composée pour l’occasion par Jérôme Lemonnier (à l’exception de Mobile étoile) sur des adaptations poétiques d’Emmanuel Moses, à partir de textes hébraïques, est tout aussi convaincante que les interprètes doublés par des professionnels. Le réalisateur prend le temps de faire entendre ces chants célébrant l’amour en Dieu, jusqu’à la dernière note. Et c’est très beau. ELISE PADOVANI L’avant-première a eu lieu au cinéma Le César en présence de Géraldine Pailhas et de Raphaël Nadjari le 13 avril avec un débat animé par Xavier Nataf (sortie nationale le 27 avril) O n connait les vols d’enfants commis en Espagne par la dictature franquiste, pour les soustraire à l’influence « néfaste » des Républicains, moins ceux qui ont continué après. Ces rapts de nouveau-nés dans les hôpitaux publics qui ont perduré dans la démocratie ont indigné la jeune cinéaste Anna López Luna ; elle a donc pris contact, par le biais d’associations de victimes, avec des femmes à qui les institutions administratives, médicales, religieuses ont menti et qui ont été privées de leurs enfants. En 2012, elle est allée à leur rencontre à Grenade, Valence, Madrid, Saragosse… libérant une parole enfouie depuis plus de 40 ans parfois. Une soixantaine d’entretiens avec des mères, quelques pères et « enfants » volés, devenus adultes et ayant découvert ce secret. Elle en a gardé 24 fragments qu’elle nous donne à entendre, son documentaire étant avant Enterrar y callar d’Anna López Luna © Anna López Luna « Sur ce gouffre de douleur » tout un film de paroles. Les témoignages s’enchaînent, ponctués par des comptines et photos d’archives, plus bouleversants les uns que les autres : à l’une on a dit que son enfant était mort-né, à l’autre qu’un problème était survenu subitement. À toutes, on a refusé de montrer le corps. Certaines ont eu droit à des simulacres d’enterrement. Plus tard, quand des recherches ont démarré, les dossiers administratifs et médicaux, les archives, avaient disparu ! Tous, fragiles mais décidés à continuer leur combat, confient leur désarroi, leur peine, leur révolte avec une grande dignité, filmés frontalement par la caméra discrète d’Anna López Luna. « Mon film est une métaphore de ce que fut la transition démocratique », a précisé la réalisatrice qui a répondu aux questions nombreuses du public, surpris de découvrir ces vols d’enfants, encore impunis à cause de la complicité des institutions, de l’Église et du corps médical. La projection d’Enterrar y callar dont le titre rappelle une des eaux-fortes de Goya, Désastres de la guerre, et le poème éponyme d’Eluard, a eu lieu aux Variétés en partenariat avec la Ligue des Droits de l’Homme. ANNIE GAVA Enterrar y callar a été projeté le 14 avril au cinéma Les Variétés, à Marseille Salagon, musée et jardins à Mane, Alpes de Haute-Provence SIMONE, ALEXANDRA ET LES AUTRES… Sortons les femmes de l’ombre 2 MARS - 15 DÉCEMBRE 2016 www.musee-de-salagon.com Retrouvez-nous sur C’est l’imprimerie... Carte visite n vœux n postale n invitation n faire-part Communication d’entreprise catalogue n plaquette n fiche produit Publicité flyer n affiche n plv n calendrier Edition brochure n livre Réactivité, qualité, savoir-faire... avec le sourire ! Maintenant, c’est aussi u vea le grand format... nou Impression grand format jusqu’à 160 cm de laize Affiches n Bâches Autocollants vinyl Stickers découpés en forme... 5 min à pied du métro Baille - 10 min à pied de la place Castellane - Plan au verso Du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h 00 et de 14 h 00 à 19 h 00 13, rue Bérard - 13005 Marseille ✆ 04 91 32 64 54 www.magenta-numerique.com 66 critiques arts visuels Le miroir aux alouettes J usqu’à l’exposition Culture Cuts au [MAC] Marseille qui fait suite à une première version conçue pour la Kunsthalle de Düsseldorf en 2015, Cody Choi était seulement connu d’une poignée de fins limiers. De ceux qui ont repéré cet artiste né en Corée, exilé aux USA, formé au Pasadena Art Alliance Fine Art Grant en Californie, enseignant à l’I.S.P. Foundation Grant à New-York avant son retour sur sa terre natale. L’Année France-Corée 2015-2016 offre donc l’occasion de découvrir son « monde dyspeptique », selon la formule de l’artiste Mike Kelley, ballotté entre deux visions différenciées selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre de l’océan Pacifique. Cet aller involontaire et ce retour choisi ont totalement restructuré la vie personnelle et familiale de Cody Choi, autant que son parcours artistique. Parti de Corée pour des raisons politiques, la tête farcie de références et d’images iconiques des États-Unis (omniprésents depuis la fin de la seconde guerre mondiale), Cody Choi fait un atterrissage forcé le corps et l’esprit fragmentés. Exil contraint, perte de deux de ses sœurs, en total déséquilibre affectif, le chemin de la reconstruction sera long et sa rencontre avec Mike Kelley déterminante qui lui propose de nombreuses lectures pour éclairer son état et son mal être… Lui qui a Cody Choi © Nathalie Ammirati étudié la sociologie en Corée découvre la pratique picturale dans une école américaine gérée par des artistes, loin de toutes pensées académiques. Cela agira comme un puissant révélateur ! À tel point qu’une fois immergé dans la pensée moderniste, l’œil aguerri à la création occidentale et à sa riche histoire, il s’en réapproprie les styles, les esthétiques, les codes « mais de manière décentrée » explique Marie de Brugerolle, commissaire associée de l’exposition marseillaise. En leur réinjectant le fruit de ses réflexions, de ses interrogations, de ses critiques, quitte à les désacraliser. De célèbres œuvres de Rodin, Manet, Matisse ou encore Bacon font l’objet de « sabotages » c’est-à-dire de relectures à l’aune de son expérience américaine : ainsi l’Olympia de Manet s’accompagne-t-elle de l’inscription Hans Hartung, le pinceau au bout du fusil À Aubagne, Beau geste, Hans Hartung, peintre et légionnaire éclaire d’un jour nouveau l’œuvre et la vie de l’artiste allemand naturalisé français en 1946, maître de l’abstraction lyrique et précurseur de l’action painting. Ce sont en fait deux expositions en contrepoint que déclinent le Centre d’art des Pénitents noirs et le Musée de la Légion étrangère. La première est solaire, composée de dix sept acryliques sur toile qui disent « les sublimations du sud », irradiante de lumière à l’heure même du crépuscule de l’artiste. Étrange paradoxe que ces peintures aux couleurs éclatantes créées les 11, 14 et 16 juillet 1989 quelques mois à peine avant sa mort ! L’autre plus sombre, Beau Geste, qui tire son nom du film éponyme de l’américain William A. Wellman, couvre la période de son engagement dans la Légion étrangère. Elle réunit un ensemble de peintures et d’œuvres graphiques inédites réalisées en 1939, durant l’été 1940 et entre 1942 et 1944, qui portent en elles « la désolation de la guerre ». La violence des combats qu’il vécut jusque dans sa chair, lui l’artiste engagé par antinazisme, amputé et condamné à finir sa vie dans un fauteuil. Un art de la libération Les deux faces de son œuvre mise en regard embrassent 75 années de création dont 67 dévolues à l’abstraction. Entre ces deux périodes de fervente émulation -même sur le front il continuera à dessiner-, « un tropisme commun : l’urgence de créer, alors que la mort guette ». Entre la série de visages mi-abstraits mi-figuratifs inspirés de Guernica de Picasso, les peintures abstraites aux constructions habiles, d’une grande sophistication, le bel ensemble de dessins dont chaque intention est unique, et les toiles jaillissantes de flux de couleurs, d’éclaboussures de lignes, le même homme « bousculé par les événements dramatiques qui agitent le monde ». Le même artiste contraint d’inventer de nouveaux outils pour pallier son handicap physique (il utilise alors une sulfateuse), éternellement curieux d’expérimenter sur l’espace de la toile et du papier l’huile, l’acrylique, la gouache, le crayon ou le pastel. Jusqu’à atteindre une extraordinaire liberté du geste, un « lâcher prise » fondé sur une maitrise technique totale. T1989-K33, 16 juillet 1989, 200 x 250 cm, acrylique sur toile © Hans Hartung 67 Traits amoureux manuscrite « Flower from East » peinte sur des lambeaux de toile ; ainsi Le Penseur de Rodin est-il recouvert d’une épaisse couche de médicament contre les crampes d’estomac appelé Pepto Bismol. D’un rose flashy qui fait passer le médicament pour un inoffensif bonbon, mais d’un rose inconvenant au regard des Coréens… Une seule couleur et le grand écart est consommé ? L’art serait-il un leurre ? Son retour à Séoul n’est pas chose aisée non plus. Il fait face au « crépuscule de la culture coréenne à l’aune de l’impérialisme occidental » et, fort de son expérience, se lance dans l’enseignement avec pour seul mot d’ordre : garder sa singularité. C’est dans cette dualité culturelle que s’est forgée son œuvre polymorphe et polémiste -peinture, photographie de performance, sculpture et installation- dont le fondement pourrait se résumer ainsi : il n’y a plus de haute ni de basse culture. Dont acte. Pour le Pavillon de Vendôme, Dominique Castell s’abandonne au temps mêlé du dessin et du sentiment amoureux MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Culture Cuts jusqu’au 28 août [MAC] Musée d’art contemporain, Marseille 8e 04 91 25 01 07 mac.marseille.fr Dominique Castell, En attendant (doute), dessin mural à la craie, 2016 © Jean Bernard C L’une comme l’autre exposition est l’occasion de vivre, à notre tour, un moment de grâce. Réputé de son vivant, adoubé par l’avant-garde puis retombé dans l’oubli, Hans Hartung réapparait aujourd’hui à la faveur de ce parcours inédit conçu par le directeur du Musée d’Art moderne de Paris Fabrice Hergott, financé par la Fondation Hartung-Bergman à Antibes et la Ville d’Aubagne. Un investissement de 200 000 euros qui n’aura pas été vain puisque la rencontre avec « Beau Geste » est un moment fort, et incontournable, dans le calendrier des rendez-vous artistiques de la région. M G-G. Hans Hartung, L’engagement et la liberté Centre d’art des Pénitents Noirs et Musée de la Légion étrangère, Aubagne jusqu’au 28 août 04 42 18 17 26 / 04 42 18 10 99 hanshartung-aubagne.net ette adorable « folie » héritée du Grand Siècle qu’est le Pavillon de Vendôme à Aix-en-Provence est une source d’inspiration singulière pour les femmes créatrices. Après Isa Barbier, Aïcha Hamu et Sophie Menuet, Dominique Castell s’est sentie « se fondre dans cette histoire et cette architecture » dédiée aux amours aristocratiques cachés de Louis de Mercoeur et Gabrielle d’Estrées -pourtant ceux-ci ne purent en profiter, le projet étant resté inachevé à la mort du duc-. Ressentir Pour Dominique Castell, pour qui les Fragments du discours amoureux de Roland Barthes ne sont jamais très loin, il s’agit bien ici d’inachèvement et d’attente. Sous les fastes maniéristes, l’artiste éprouve une sorte de seconde vie. Ce sont ces choses qui viennent de loin, dont ses dessins et deux courtes vidéos (un bel univers électro acoustique de Fabrice Martin) sont les traces fugaces, telle une « ... plongée au cœur de l’expérience du dessin comme moyen de tracer et d’acheminer les émotions changeantes du sentiment amoureux ». Qui débute au rez-de-chaussée dans les deux grandes alcôves en vis-à-vis abritant d’imposants dessins sur papier noir, l’un à la mine de plomb, l’autre à la craie blanche. Suit une complexe composition murale de cent dessins noir sur noir, faisant la part belle et subtile aux nuances moirées de crayon, mine de plomb, stylo bille, dont un travail de palimpseste sur scans de gravures de ruines appartenant à la collection du Pavillon de Vendôme, où se dissimule un couple d’amoureux indifférent au monde alentour. Le rosé soufré emblématique de l’artiste envahit progressivement les lieux par vagues successives et se retrouve dans les carnations des joues empourprées de portraits peints anciens. Pour aboutir dans la chambre où s’égrène Figures libres, saynète filmique où affleure sur un écran de papier le passé de gymnaste de l’artiste. Grâce à deux petits personnages se jouant de la pesanteur, nous nous sentons comme libérés dont on ne sait de quelle retenue. Rendez-vous avec l’artiste lors de la parution du catalogue le 28 avril et pour la Nuit des Musées le 21 mai (voir p.16). CLAUDE LORIN Figures libres jusqu’au 19 juin Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence 04 42 91 88 75 aixenprovence.fr 68 critiques arts visuels L’art du dépouillement À l’abbaye de Montmajour, des œuvres modernes et contemporaines tracent avec des objets d’art médiévaux un parcours très minimaliste conçu par Gérard Traquandi C eux qui avaient apprécié la proposition de Christian Lacroix en 2013, pourront aujourd’hui trouver le parti-pris de Gérard Traquandi bien austère. Répondant à la carte blanche offerte par le Centre des monuments nationaux qui gère l’abbaye, le peintre-commissaire a opté pour une posture de retrait personnel -trois œuvres seulement- pour privilégier ses pairs et un choix restreint d’objets d’art roman, en correspondance avec le lieu. La proposition de Gérard Traquandi s’avère déconcertante tant elle apparaît minimaliste. Tout d’abord par un choix esthétique « suivant [son] intuition », d’un dépouillement évident en résonance avec l’histoire de cet ancien lieu de vie monastique conduit sous la règle bénédictine. Le peintre-commissaire a recherché davantage l’intégration que l’exhibition. « Ce que j’aime dans l’art d’avant la Renaissance, c’est que c’est un art hyper contextualisé dans l’architecture. Dans le modèle renaissant sur lequel on est encore, l’homme est au centre. Tout est égocentré. Pour le Moyen-âge il n’est pas question de ça. Je crois que les artistes que je montre ici ressemblent à cette histoire de l’art pré-renaissante. » Humilité et règles de l’art Pour autant, si les œuvres présentées ne relèvent pas de l’art sacré à proprement parler, elles ont à y voir par la simplicité, l’humilité de leur présence. La sculpture de Bernd Lohaus ordonnée au sol sous les voûtes de la grande nef, bien que de grandes dimensions, intègre et structure l’espace discrètement, pour en appeler à la disponibilité du vide. « Je ne suis pas sensé faire obstacle au regard du visiteur » insiste Gérard Traquandi, comme le montre son installation murale colorée composée pour Helmut Federle, Siedlung Korea I, 1988, acrylique-toile, Centre Pompidou, Paris © ADAGP, Paris 2016 Bernd Lohaus, Villeneuve, 1988, bois flottés et assemblés, 64x546x544cm © C. Lorin/Zibeline 2016 l’exposition comme une partition médiévale. Ainsi des peintures essentielles de JeanPierre Bertrand posées simplement dans le parloir. « Nous parlions de règle. Pour ce chapiteau qui vient de Cluny, voilà quelqu’un qui a travaillé selon les règles de l’art et en respectant les règles de l’histoire religieuse. Mais on sent bien qu’il l’a fait avec une certaine liberté. C’est peut-être ça l’intuition. » On notera que les artistes retenus appartiennent à une génération née au siècle passé (Hilma af Klint, pionnière méconnue de l’art abstrait, en 1862) et on aurait apprécié que cette sélection sollicite la vision actuelle de jeunes créateurs suivant leur intuition, comme les règles qu’ils se donnent peut-être. Le catalogue à paraître contiendra les reproductions des objets d’art roman et des œuvres présentées in situ de Giovanni Anselmo, Jean-Pierre Bertrand, stanley brouwn, Helmut Federle, Hans Josephsohn, Hilma af Klint, Bernd Lohaus, Gérard Traquandi, un entretien avec Paul-Hervé Parsy et un essai inédit de Paul Audi. CLAUDE LORIN La règle et l’intuition jusqu’au 19 septembre Abbaye de Montmajour, Arles 04 90 54 64 17 abbaye-montmajour.fr marseille bouches-du-rhône arts visuels au programme 69 Un génie sans piédestal Cette rétrospective donne à voir comment Picasso, installé dans son époque et attaché à ses racines, a nourri son œuvre d’influences issues des arts et traditions populaires. Elle réunit des œuvres essentielles et iconiques de l’artiste et des objets-références issus des collections du MuCEM autour de ses thèmes et motifs de prédilection : la parure, la musique, la tauromachie, le jouet, le cirque… M.G.-G. Picasso et les arts et traditions populaires 27 avril au 29 août MuCEM, Marseille 2e 04 84 35 13 13 mucem.org Pablo Picasso, Pichet Le peintre et deux modèles, France, Vallauris, 1954. Terre cuite, 26,5 x 23,5 x 18 cm. MuCEM, Marseille / MuCEM / Yves Inchierman © Succession Picasso 2016 Nicolas Pilard Peintures et volumes de Nicolas Pilard sont encore imprégnés du souvenir de sa découverte du temple hypogé de Santa Cristina, en Sardaigne, baigné par la lumière zénithale jusque dans ses entrailles. Ses colonnes se dressent autour d’un vide intérieur et ses peintures se constituent à partir d’un manque central, comme une invitation au silence et à la méditation. M.G.-G . Acédie Galerie Passage de l’art, Lycée du Rempart, Marseille 7e jusqu’au 31 mai 04 91 31 04 08 lepassagedelart.fr Exposition Acedie, Nicolas Pilard, Passage de l’art, 2016 © Cécile Coudreau Fabrice Pichat Suite à sa résidence de création, Fabrice Pichat propose une expérience inédite avec une installation utilisant les vibrations pour générer un phénomène optique, une projection lumineuse, et un film réalisé in situ explorant la relation entre site géographique et instruments d’enregistrement optique. Vernissage le 27 avril de 16h à 21h ; conférence de l’artiste le 26 avril à 18h30 à l’École supérieure d’art. C.L. Hors Là 28 avril au 1 juillet 3 bis f, Hôpital Montperrin, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com Photogramme du film Hors là de Montperrin, film muet, 2016 © F. Pichat Sm’Art Cette 11e édition conforte la formule qui fait le succès du Sm’Art : la promotion de la diversité des médiums et expressions artistiques comme son ouverture à l’international, avec la présence cette année de l’artiste indien Raju Sutar, la galerie NFF (Japon). Plusieurs événements avec les performances de l’artiste niçois Patrick Moya ou du collectif de designers textile 110 par minute, et conférence de Charlotte Delsol sur le rôle de la Maison des Artistes. C.L. 12 au 16 mai Parc Jourdan, Aix-en-Provence salonsmart-aix.com Une création du collectif 110 par minute à l’occasion d’un Speed Motif © 110 par minute 70 au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse L’école de Marseille La nouvelle exposition du musée Ziem consacre l’école de Marseille. Au XIXe siècle, plusieurs artistes participent au renouveau pictural du naturalisme en Provence, particulièrement à travers le traitement du paysage. Les œuvres de Grésy, Guigou, Loubon sont confortées par un accrochage repensé avec l’ensemble des Dufy mais aussi Picabia, Derain, Seyssaud, Dellepiane... CL. Loubon, Grésy, Guigou ou l’école de Marseille jusqu’au 5 juin Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60 Fabius Brest (1823-1900) Paysage de la Nerthe avec le tunnel du Rove, 1848 © Musée Ziem, Martigues Olivier Leroi Les œuvres protéiformes d’Olivier Leroi sont conçues le plus souvent en relation avec le contexte humain et naturel où il se trouve. Sa formation au milieu forestier y est, pour une part, au service d’une interprétation poétique non dénuée d’humour comme d’une grande économie de moyens. À travers différents médiums, l’exposition arlésienne (livre éponyme chez Actes Sud) propose un panorama de ses œuvres anciennes jusqu’aux plus récentes. C.L. Chronopoétique jusqu’au 22 mai Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com La géométrie enseignée aux mésanges, 2013, bois © Olivier Leroi Sculpture en partage Cinq ans après son inauguration, la Villa Datris présente l’ensemble des œuvres acquises au fil des expositions par la maitresse des lieux, Danièle Kapel-Marcovivi. Une collection d’une centaine de pièces qui dessine l’histoire de la sculpture moderne et contemporaine dans toute sa diversité de formes, de matières, de techniques, toutes générations et nationalités confondues. M.G.-G. 6 mai au 1er novembre Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue 04 90 95 23 70 villadatris.com Sans titre, Vincent Mauger, 2010, Plaques d’inox découpées, tubes d’aluminium et boulonnerie inox, 160 x 160 x 160 cm, Courtesy de l’artiste © Tim Perceval Pincemin et Domergue Michel Barjol a eu la bonne idée de réunir deux artistes dont les pratiques semblent à priori dissemblables. Versant peinture avec Nicolas Pincemin, installations mix-media in situ pour Philippe Domergue. Leurs œuvres interrogent le rapport au réel et les dispositifs de sa restitution, et ont été réalisées spécialement pour l’exposition. C.L. jusqu’au 5 juin Galerie Martagon, Malaucène 04 90 65 14 29 galeriemartagon.com Philippe Domergue, outrimage, dimensions variables, 2016. © Michel Barjol alpes var hérault arts visuels au programme 71 François Deladerrière Profitant d’une résidence artistique sur les hauteurs gapençaises, le photographe arlésien a complété sa série L’Illusion du tranquille commencée plusieurs années auparavant. Ces clichés récents, liés principalement au paysage et à la notion de territoire, maintiennent cette inquiétante étrangeté originelle entre chien et loup. Vernissage le 23 avril en présence de l’artiste. C.L L’Illusion du tranquille 26 avril au 2 juillet Théâtre de la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu © François Deladerrière Arnaud Labelle-Rojoux En regardant dans son rétroviseur, Arnaud Labelle-Rojoux a découvert la permanence de thèmes récurrents dans son œuvre depuis les années 70 : « L’amour toujours », « Mondo Cane », « la Passion triste »… De cette collusion temporelle et esthétique est née une exposition comme un « mixage musical » de travaux anciens et d’œuvres récentes, de disques, de publications et d’objets divers. M.G.-G. Esprit es-tu là ? jusqu’au 19 juin Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 villatamaris.org Fantasy, 2008, collage et acrylique sur papier, 150 x 135 cm © Arnaud Labelle-Rojoux Providence Le MIAM de Sète se fait l’écho du fracas psychédélique en Nouvelle Angleterre à l’occasion de Providence, une exposition aux connexions multiples qui rassemble des artistes empruntant aux registres fantastiques. Car dans l’imaginaire collectif, la petite ville de Providence reste attachée au passage d’Edgar Allan Poe et d’Howard Philip Lovecraft…M.G.-G. jusqu’au 22 mai MIAM, Sète 04 99 04 76 44 miam.org Jessica Ciocci, Untitled, 2013, Tricot, Collections privées Jungil Hong, Alchemy II & I, 2014, Jacquard tissé, laine, mohair, coton, polyester, Collection privée Jim Drain, LFSVR, 2004, Tissus sur acier et armature de bois, Collection privée © Pierre Schwartz Carole Benzaken Conçue pour l’espace du Carré Sainte-Anne plongé dans une semi obscurité, l’installation monumentale de Carole Benzaken, Yod, est composée de 15 cuves lumineuses et réfléchissantes formant une « chapelle » au cœur de l’ancienne église néo-gothique désacralisée. Liens historiques et religieux en résonance à son histoire personnelle et familiale, et, plus largement, à la migration des peuples. M.G.-G. jusqu’au 22 mai Carré Sainte-Anne, Montpellier 04 67 60 82 11 montpellier.fr Carole Benzaken, In Situ © Carré Sainte-Anne, Ville de Montpellier © David Bordes, 2016 72 critiques livres Ceux qui disparaissent S ans doute est-ce à cause de sa formation d’historien ? Arnaldur Indridason ne cesse, au fil de ses romans noirs (16 à son actif désormais dont 13 traduits en français), d’interroger le passé de son pays, l’Islande. Un petit pays perdu au fin fond des glaces et des interminables nuits, longtemps très isolé, profondément rural, qui a connu une entrée fulgurante, donc forcément déstabilisante, dans le monde moderne. Son héros récurrent, Erlendur, est de cette génération qui a été témoin du changement radical de la vie de ses compatriotes. Dans Le lagon noir, édité en 2014 et tout récemment traduit, on retrouve donc Erlendur en 1979. Une enquête ancienne alors qu’il vient tout juste d’intégrer la brigade d’enquêtes criminelles dirigée par Marion Briem (précisons que Marion est un homme). L’enquête principale tourne autour de la mort très suspecte d’un ingénieur islandais qui travaillait sur la base américaine de Keflavik. Parallèlement à celle-ci, Erlendur travaille sur une affaire non résolue : la disparition d’une jeune fille survenue quelque quarante ans plus tôt, alors qu’elle se rendait en cours et devait pour ce faire longer les baraquements de Camp Knox, d’où le titre original de l’ouvrage. Deux époques ; mais toujours la présence américaine sur le sol islandais. Et toujours aussi l’attrait du flic pour les disparitions. Erlendur a perdu un frère sur la lande, un jour de tempête de neige. Depuis ce traumatisme d’enfance, il s’intéresse à ceux qui sont confrontés à la perte. Dans ce roman comme dans les précédents, il s’obstine, avec gentillesse mais sans rien lâcher, et sa méthode s’avère payante. Les deux enquêtes seront résolues, la plupart des interrogations levées. Un regret : malgré l’intérêt de ce retour en arrière vers la période de la guerre froide, et plus loin encore vers les années d’occupation américaine en Islande, on aimerait, dans un prochain roman, retrouver l’Erlendur d’aujourd’hui, moins lisse, plus tourmenté. FRED ROBERT Le romancier islandais était récemment invité pour le grand rendez-vous lyonnais Quais du polar (1 au 3 avril) Le lagon noir Arnaldur Indridason Éditions Métailié, 20 € Devenir un homme Dans les limbes L E e début du dernier roman de Sylvie Germain nous plonge dans le chaos, la guerre et le sang. Seul rescapé d’un massacre, un porcelet apprend très vite à se méfier des hommes et survit avec quelques animaux de ferme et une jeune corneille. L’intervention du fantastique dans le récit métamorphose le goret en enfant sauvage. Moment culminant du roman où l’on retrouve la patte subtile de l’auteure qui nous plonge dans son univers si particulier mêlant le fantastique poétique et le réalisme le plus cru. Commencera alors l’apprentissage de celui qui sera nommé Babel par les habitants revenus, la guerre finie, pour reconstruire sur les ruines. La doyenne le recueille, lui apprend à porter des vêtements et quelques rudiments d’éducation pour une vie en communauté. Cependant la présence de l’étranger trouble, et sa différence dérange surtout les autres enfants. Le « gosse » sera éloigné définitivement pour le soustraire à leur haine. Yelnat, qui autrefois s’est battu contre un régime totalitaire, l’emmène ailleurs, dans un pays où l’on parle une autre langue. Accueilli par deux frères dans une immense demeure, une autre vie et un nouvel apprentissage commencent pour lui. Sylvie Germain développe les notions d’amitié, d’épanouissement dans le partage. « Exister un peu aux yeux des autres », voilà une notion qui donne envie de vivre. La fiction baigne dans un climat très actuel où l’on reconnaît entre les lignes les conflits qui ont déchiré l’Europe orientale et même la trace en filigrane des crimes actuels inspirés de l’intolérance. Message d’espoir néanmoins. CHRIS BOURGUE Sylvie Germain sera en résidence à Marseille à La Marelle à partir de septembre en compagnie du photographe Tadeusz Kluba avec un projet sur les « trous » de mémoire À la table des hommes Albin Michel, 19,80 € Sylvie Germain n 1944, Peleliu a été pendant plus de deux mois le théâtre de l’une des batailles les plus féroces de la guerre du Pacifique. C’est sur cette petite île de l’archipel des Palaus, au large des Philippines, que le narrateur du nouveau livre de Jean Rolin débarque « dans les derniers jours de février 2015, sans [se] heurter à un mur de flammes ni rencontrer de difficulté particulière ». Peleliu n’est pas à proprement parler une destination paradisiaque. C’est une terre mangée par la mangrove, à la végétation anarchique, où la nature déploie sauvagement ses formes et ses couleurs sur les vestiges d’un combat infernal relégué dans l’oubli. Le lecteur avance aux côtés du narrateur sur les traces de la bataille, dont l’évocation alterne avec la découverte de cette île infestée de poules sauvages et de crabes de terre, dotée d’un volatile dont le chant ressemble « aux efforts que ferait un idiot, sans y parvenir, pour jouer de la flûte ». Une île où il est facile, si petite soit-elle, de s’égarer, vide dans sa plus grande partie de présence humaine ou de signalisation. Jean Rolin décrit magnifiquement son paysage tourmenté, en certains points dévasté par le passage en 2012 du typhon Bopha : « L’ouragan a dispersé les arbres qu’il venait d’arracher, leurs troncs nus, comme fossilisés, déployant dans les airs un éventail de racines semblables à de géantes araignées noires. » La pénombre 73 La traversée d’un siècle C e livre, c’est l’incroyable épopée de Rosa Masur, vieille Juive d’origine biélorusse qui, du haut de ses quatre-vingt-douze ans, saisit l’opportunité de gagner 5000 marks en participant à un livre de commande qu’une bourgade allemande souhaite publier en l’honneur des minorités migrantes qu’elle accueille. Une contrainte d’écriture : faire le récit d’une expérience singulière à dimension universelle... Et voici le lecteur emporté dans une histoire à couper le souffle, celle d’une femme à la peau dure et l’humour acerbe qui traverse un siècle de vie et de tragédies. Du tsarisme au communisme, de la première à la deuxième guerre mondiale, Rosa connaît son lot d’infortunes et le sort réservé aux Juifs de Russie : Pogroms, antisémitisme des Russes et des Allemands, plongée dans l’enfer du siège de Leningrad, terreur stalinienne. Dans ce roman chargé d’espoirs et de désillusions, où destins individuels et Grande Histoire se répondent et se confondent, l’auteur du Pacifique des grottes, transformées jadis en bunkers ou en positions d’artillerie, contraste avec le « blanc pulvérulent » des routes, d’« un éclat presque insoutenable à l’œil nu », la « masse incessamment renouvelée d’écume blanche, étincelante » de la mer se brisant sur le récif corallien. Par la pureté et la précision de son style, la finesse et la sensibilité d’un regard jamais absent d’ironie, Jean Rolin fait de Peleliu une nouvelle terre littéraire, plus ample et plus riche de réflexions que sa seule réalité contemporaine . Peleliu Jean Rolin Éditions P.O.L, 14 euros MARIE MICHAUD consommation que l’héroïne découvre à l’Ouest. Publié en allemand en 2001, il a fallu attendre 15 ans pour que L’étrange mémoire de Rosa Masur le soit en français ; les éditions Métailié ont porté ce grand roman jusqu’à nous. MARION CORDIER Vladimir Vertlib était en rencontre à la librairie l’Attrape-Mots le 25 février s’inspire de son histoire familiale qu’il nourrit de romanesque. La structure narrative suit le souvenir, les époques se font écho, les points de vue évoluent, passant de la troisième à la première personne ; le regard est vif, incisif et sans complaisance, y compris quand il s’agit de pointer les travers de la société de L’étrange mémoire de Rosa Masur Vladimir Vertlib Éditions Métailié, 22 € Un choix déchirant C élibataire, trentenaire, vivant dans un studio, travaillant beaucoup, l’héroïne de ce roman semble mener la vie de tant d’autres parisiennes, ni heureuse ni malheureuse. Pourtant, sa vie est un défi permanent. Née à Alger, elle a grandi dans les années 90 sous la menace des attentats terroristes. Puis, elle décide de mener des études supérieures à Paris. C’est à travers les appels répétés de sa mère que se mène son combat intérieur. En effet, en Algérie, le destin des femmes semble focalisé dès leur naissance sur un seul impératif : le mariage. Ce que sa mère ne cesse de lui rappeler ; son célibat prenant la mesure d’un drame familial. Ainsi le mariage, qui devient le thème récurrent de ce roman de Kaouther Adimi, constitue comme un prisme de la société algérienne qu’elle mène à mal. L’hypocrisie des hommes d’abord. Celle de son père, aimé et respecté pourtant, qui fait semblant de lire son journal pendant la diffusion d’une série diffusée par la télévision nationale où apparaît néanmoins une brune pulpeuse et sensuelle en guise d’héroïne. Ces hommes encore qui se collent aux jeunes filles dans les bus bondés d’Alger. Les femmes ne sont pas laissées en reste : moquerie, dédain, sourires en coin, voire mépris pour la femme encore célibataire qu’elle est. Pourtant, c’est aussi un pays qu’elle aime. Le roman d’une femme déchirée entre une vie de femme libre de son destin et la hantise des traditions. Comment choisir, telle est la question qu’elle pose. Un roman écrit dans un style clair et limpide, pour une histoire qui ne l’est pas. FRANCK MARTEYN Des pierres dans ma poche Seuil, 11,99 € Kaouther Adimi 74 critiques livres Shanghai movies C entre financier le plus important de l’Orient dans les années 30, Shanghai attire les puissances étrangères ; Anglais, Américains, Français y possèdent de vastes concessions. Les luttes d’influence sont rudes, retorses, entre les différents mouvements mafieux et leurs trafics, les aspirations du tout jeune Parti communiste chinois, les ambitions de conquête japonaises, l’afflux des Russes Blancs… Cadre parfait des polars, des films noirs où les femmes sont belles et vénéneuses, où les hommes viennent cacher un passé trouble dans des affaires plus glauques encore… Le roman de Xiao Bai, La concession française, se situe là, dans une évocation de ces années confuses. Tout est double, jusqu’aux titres des chapitres qui, sobres comme des minutes de procès, précisent entre parenthèses à côté de 1931, « an XX de la République », premier brouillage temporel. Les personnages jouent tous de l’équivoque, entretiennent la confusion jusque dans leurs noms, empruntent diverses identités, s’identifient à des archétypes, au point de se perdre eux-mêmes dans les mensonges échafaudés, manipulent les informations, les personnes, laissant des fragments de vérité sa première mise à distance. L’intrigue ainsi diffractée dépasse le simple triangle amoureux (Xue, son amante biélorusse, bijoutière et trafiquante d’armes, la belle et sulfureuse Térésa et la jeune espionne Len Xiaoman, qui travaille pour l’Organisation, groupe révolutionnaire). La postface et les annexes complètent un véritable art poétique, dans lequel s’inclut l’auteur lui-même, dans une véritable auto-construction. À l’instar de ses personnages, il revient sur l’élaboration du récit : la fiction, reine, se situe au cœur de toute perception. MARYVONNE COLOMBANI dans la masse de leurs inventions. Chacun se projette, imagine des scènes, qui seront contredites par la réalité, contaminée par les mythes des « héros américains » du temps de la prohibition, multipliée par les points de vue photographiques (Xue, le personnage principal est photographe) et cinématographiques, dans une vertigineuse mise en abîme. Fulgurante scène où le casse d’une banque est filmé en direct sur les ordres de Gu, sorte de parrain interlope ! Le réel devient ici objet d’art, dans La concession française Xiao Bai traduit du chinois par Emmanuelle Péchenart Éditions Philippe Picquier, 23 € Fouad Bouchoucha I nitiée par Maud Chavaillon pour Sexant et plus, cette première monographie consacrée à Fouad Bouchoucha, conçue par l’artiste avec la collaboration du collectif de graphistes S-y-n-d-i-c-a-t (Sacha Léopold, François Havegeer) se veut une « publication sophistiquée ». À l’instar de maintes publications dans le domaine de l’art contemporain celle-ci se présente comme un objet artistique se jouant particulièrement des codes du genre. L’accent est mis sur le travail de la maquette et ses effets visuels. Les annotations et légendes en gras sont manifestement très « données à voir », parfois en surimpression, certains italiques sont renversés, sans sommaire, contrairement aux usages traditionnels, quitte à brouiller la lecture tout en proposant d’en renouveler le processus de compréhension. La tranche se laisse voir en non-fini, brochage cousu et colle visibles. Une jaquette l’entoure faisant office en partie de couverture, au format poster à déplier, qui reproduit d’un côté une image façon test d’imprimerie et de l’autre une œuvre de l’artiste. L’ensemble fait se succéder à première vue deux sections semblant identiques. La première, avec reproductions d’œuvres et textes en français, est imprimée en France ; la seconde, imprimée en Lituanie, reprend les textes traduits en anglais et les œuvres ou les vues d’expositions sont présentées sous des angles nouveaux. Une fois admise cette étape de lecture déconcertante, il faut se retourner vers les essais des contributeurs, Rebecca Lamarche-Vadel (analyse de l’installation monumentale Paysages Topographiques), Alice Marquaille (sciences, technologie), Hélène Meisel (records, bodybuilding), Leïla Quillacq (démesure) et dans l’interview donnée avec Guillaume Mansart pour entrer davantage dans la démarche complexe du plasticien-performeur fasciné par les démesures de notre époque. Les visiteurs des expositions et performances commises par Fouad Bouchoucha notamment à Marseille à la Friche de la Belle de Mai, lors du festival Riam à Montévidéo ou à l’occasion de l’inauguration du FRAC en 2013, comprendront mieux leur hébétude. CLAUDE LORIN Fouad Bouchoucha Sextant et plus/Les presses du réel, 22 € www.lamarseillaise.fr 76 critiques livres Chant profond S erge Mestre, comme les « anatifes » ou autres « cirripèdes » dégustés dans son roman qui ont pour particularité de se développer accrochés à leur support, étoffe inlassablement de l’intérieur sa proximité avec les évènements de la guerre d’Espagne depuis ses précédents romans (La lumière et l’oubli ou Les plages du silence) ; ce fils de républicain réfugié dans le sud-ouest aime les mots peu usités, en abuse parfois -au bonheur de « l’immarcescible » !- et c’est sans doute ce qui intrigue le plus dans ce récit des sept dernières années de quatre hommes assassinés par les phalangistes le 18 août 1936 au lieu-dit Ainadamar. L’un d’eux est Federico Garcia Lorca et il constitue forcément la clé de voûte d’un édifice solidement bâti sur de courts chapitres, denses, innervés de l’œuvre du poète dont l’auteur a retraduit des extraits ; le roman est fait de divers moments à « cloche-pied sur la chronologie » vus au travers d’une loupe, de détails en gros plans qui campent un ensemble (la mécanique d’un pédalier, les articulations des doigts de la main dans un geste significatif…) entre BD et macrophotographie ; de discours imbriqués avec l’hétérogénéité des langages, inclus dans une narration explicitement et malicieusement commentée par un narrateur omniprésent (« ça rappelle quelque chose n’est-ce pas ? » « on en a parlé quelques pages en amont ») et d’une syntaxe fantasque qui perd parfois en route son sujet ou le fait revivre sous un autre thème. L’alternance systématique de l’imparfait type arrêt sur image et du présent de narration irrite un peu, tout comme la construction attendue des personnages au cœur d’événements historiques que l’on connaît (l’instituteur dévoué à l’émancipation du peuple, les banderillos anarchistes etc…). Le plus réussi est sûrement l’évocation du rapport de Garcia Lorca à la musique aussi bien à Grenade qu’à New-York et à Cuba, et dans ces pages-là la prose libre et bondissante de Serge Mestre prend tout son sens. MARIE-JO DHÔ Ainadamar / La Fontaine aux larmes Serge Mestre Sabine Wespieser éditeur, 21 € Du noir en technicolor Q u’est-ce qui fait qu’on accroche autant à la lecture d’un roman graphique d’Anthony Pastor, Bonbons atomiques en l’occurrence ? D’abord sans doute son sens aigu des codes du polar façon hard boiled et sa façon originale de les utiliser pour mieux les réinventer. Bonbons atomiques est la seconde enquête de Sally Salinger : une filature (classique) ; une fille étrange et sexy, aux faux airs d’Amy Winehouse et au short ras le bonbon (classique toujours) ; un patron qui inonde la ville de bonbons énergisants et très très dopants (la drogue, un classique là encore) ; tout cela sur fond de crise et de guerre des gangs, dans une ville-frontière nommée Trituro (sic !). Sauf que le privé est une femme, chargée de famille -deux ados pas faciles- qui se console de la « disparition » de son mari avec son amant, poète et homme de ménage (faut bien gagner sa vie). L’enquête policière version XXIe siècle. Et puis il y a les décors, américains of course : enseignes de motels ou de drugstores, longues voitures et pickups, centrale désaffectée et salle de sports. Le lecteur retrouve un univers que le cinéma et la télévision lui ont rendu familier, mais que Pastor distord habilement par des cadrages inattendus. Y a quelque chose de pourri à Trituro ; certaines pleines pages en disent long -bien plus long que tous les mots- sur l’état de déshérence de la ville. Enfin c’est toujours le choc des couleurs qui séduit. Anthony Pastor plonge son histoire dans un bain coloré qui la charge d’intensité : rose fuschia, rouge, orange, les tonalités chaudes envahissent les ciels nocturnes ; les bleus et les jaunes claquent. Une ambiance acidulée, comme les bonbons atomiques. Et tout aussi addictive. FRED ROBERT Le roman graphique d’Anthony Pastor fait partie de la sélection BD du Prix Littéraire des lycéens et apprentis de la région PACA Bonbons atomiques Anthony Pastor Actes Sud-L’an 2, 21,80 € Pub A&F 2016 Zibeline.qxp_Mise en page 1 18/04/16 14:05 Page1 www.presscode.fr La radio des sons d’aujourd’hui et de demain www.raje.fr 78 histoire La Commune Révolutionnaire de Marseille Épisode 1 Les manifestations massives contre la loi sur le travail, le mouvement du 32 mars et de Nuit Debout ont redonné du souffle à la contestation populaire. Les mots démocratie, liberté, révolte, et même révolution résonnent un peu différemment depuis ce mois de mars 2016 qui n’en finit pas. Toutes proportions gardées, il est intéressant de donner un coup d’œil dans le rétroviseur. Il y a 145 ans, la Commune Révolutionnaire de Marseille fut la première à se mettre en place, avant celle de Paris. Entre août 1870 et avril 1871, le gouvernement du peuple parvint à s’imposer sur la ville. Premier épisode de ce récit historique L e 4 septembre, Gaston Crémieux, Clovis Hugues, Benoît Malon, Auguste Blanqui. Ces mots, ces noms, sont connus aujourd’hui pour être associés à des rues de Marseille. Mais combien de Marseillais savent encore vraiment à quoi font référence cette date et ces personnages ? Au matin de son exécution, le 30 novembre 1871, Gaston Crémieux, héros et martyr de la Commune de Marseille déclarait, lucide : « On parlera un peu de moi, ce soir, dans les cafés ; mais demain, on n’y pensera plus. » Hugues fut aussi un Communard marseillais. Malon et Blanqui animaient l’agitation sociale à Paris, qui s’amplifia d’autant plus après la proclamation de la République, le 4 septembre 1870. Pendant neuf mois, d’août 1870 à avril 1871, Marseille vécut en situation d’insurrection populaire. Pour comprendre comment un tel mouvement a pu naître, il faut remonter à la source. Empire, capitalisme et prolétariat En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, auteur d’un coup d’état un an plus tôt, devient Napoléon III, empereur des Français. Pour s’imposer, le régime autoritaire qui en résulte s’appuie sur la puissance militaire et sur le capitalisme naissant. L’expansion coloniale, associée à l’essor du commerce et de l’industrie sont les recettes du Second Empire. À Marseille, de grands travaux sont entrepris. La construction de bâtiments (la Préfecture, le Pharo...), et le percement de grandes avenues sont au programme. Mais derrière ces apparences de prospérité, la situation sociale est bouillonnante partout dans le pays. Dans les milieux ouvriers, le ralliement aux idées de Marx ou Bakounine prend de l’ampleur. Les conflits sociaux et les grèves se multiplient. Marseille, où les chantiers prévus exigent une main d’œuvre très nombreuse, n’y échappe pas. En février 1867, 200 ouvriers maçons et tailleurs de pierre, travaillant au percement de la rue Impériale (future rue de la République), se mettent en grève. Cette même année, en juillet, la section marseillaise de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) voit le jour. Cette organisation, née à Londres trois ans plus tôt, prône l’émancipation des travailleurs. À Marseille et dans sa région, où l’agitation sociale est de plus en plus vive, l’AIT apporte un soutien financier aux grévistes et coordonne des réseaux de solidarité entre les ouvriers. En 1869, la section marseillaise de l’Internationale compte environ 4 500 membres. Marseille est devenue l’une des bases de la Révolution prolétaire mondiale à laquelle aspire l’organisation. Guerre à la Prusse À l’été 1870, une nouvelle situation politique va précipiter les événements. Bakounine, qui plus tard tentera de mener l’insurrection à Lyon, déclare alors : « Si les ouvriers de Lyon et Marseille ne se lèvent pas immédiatement, la France et le socialisme européen sont perdus. » Le 19 juillet 1870, Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse. Au-delà de l’aspect militaire, l’Empereur entend profiter du conflit pour retrouver du prestige auprès de la population. Les premiers jours, l’euphorie patriotique gagne le pays. À Marseille aussi, l’enthousiasme est de mise. Les soldats, qui rentrent d’Algérie, font route pour le front de l’Est et sont acclamés dans les rues. Mais bien vite, les revers de l’armée s’enchaînent, et à l’euphorie succèdent l’inquiétude et l’indignation. Le 7 août, au lendemain de la défaite de Forbach, une foule de 40 000 personnes se masse devant la Préfecture. L’immense cortège est mené, entre autres, par Gustave Naquet, un journaliste, et Gaston Crémieux, surnommé en ville l’avocat des pauvres. Le bâtiment de la Préfecture, achevé en 1867, est le symbole même de l’Empire 79 Insurrection populaire Gustave Naquet, rédacteur en chef du journal Le Peuple, lance un discours hostile au régime impérial. Son arrestation, le soir même, pour « cri séditieux et offense à l’Empereur », sera le détonateur de la première tentative d’insurrection. Les groupes républicains et socialistes forment alors un Comité d’action des ouvriers, des professeurs, des journalistes, des avocats. À sa tête se trouve l’homme qui va devenir le personnage majeur de tous ces mois d’émeute : Gaston Crémieux. Le but déclaré de ce gouvernement éphémère est d’organiser la défense de la ville. Mais au bout de quelques heures, la police donne l’assaut. Les insurgés sont arrêtés et conduits en prison. L’expérience fut brève, mais elle va souder l’ardeur révolutionnaire pour les mois à venir. Le 10 août, l’état de siège est décrété à Marseille. Toute manifestation est interdite, l’Empire, qui vit ses derniers jours, tente de reprendre la main et d’imposer l’ordre. Le Les portes de la mairie cèdent facilement, et, acclamés par les manifestants, les membres du Comité révolutionnaire s’emparent du pouvoir. Une Commission s’installe, la toute première Commune populaire vient de naître. révolutionnaire qui, le lendemain, 8 août, mène une marche vers l’Hôtel de Ville. Les portes de la mairie cèdent facilement, et, acclamés par les manifestants, les membres du Comité révolutionnaire s’emparent du pouvoir. Une Commission s’installe, la toute première Commune populaire vient de naître. La Commission compte de nombreux adhérents à l’Internationale, et regroupe à la fois 27 août, les insurgés de la mairie sont jugés en Conseil de Guerre. Treize personnes sont finalement condamnées à des peines d’un mois à deux ans de prison. Crémieux écope de six mois de détention. Le verdict, relativement clément, suscite pourtant l’indignation, et l’avocat en tire encore un peu plus de popularité auprès des Marseillais. La République proclamée Huit jours plus tard, le 3 septembre, quelques rumeurs sur la situation au front commencent à parcourir les rues. Le 4 septembre au petit matin, des affiches recouvrent les murs, annonçant la débâcle de l’armée à Sedan et la capture de Napoléon III. Dans la journée, tous les symboles impériaux de la ville sont attaqués. Les aigles, les statues, les fresques, tout est détruit dans une grande effervescence. La ferveur républicaine est partout, et sur le balcon de la mairie, les Marseillais proclament la République. Le soir, dans l’enthousiasme général, l’annonce est faite que la République est proclamée à Paris, et que s’est constitué un gouvernement de la défense nationale. Des milliers de personnes sont dans les rues. Elles marchent jusqu’à la prison et libèrent tous les insurgés du 8 août. Pendant toute la nuit, la liesse gagne la ville et les manifestants finissent par se rassembler devant le dernier symbole impérial encore debout : la Préfecture. Le 5 septembre à l’aube, la foule enfonce les portes et envahit la Préfecture. Le préfet, représentant en chef du pouvoir central, échappe de peu au lynchage et prend la fuite. Le peuple tient sa revanche, il occupe le palais-forteresse du régime impérial. La République est fragile, la nation est vacillante, la patrie est menacée, et Marseille s’apprête à vivre quelques semaines de véritable autonomie. À suivre... JAN-CYRIL SALEMI La Préfecture de Marseille symbole du Second Empire © JCS que rejettent tous les manifestants. Ce palais, au coût faramineux, a été édifié avant tout pour rappeler à Marseille l’autorité du pouvoir central. La population, réunie sur le parvis, crie sa colère. 41 ZIBELINE EST EN VENTE DANS NOS LIBRAIRIES ET LIEUX PARTENAIRES À L’ENCRE BLEUE 86 boulevard Roger Chieusse - 13016 Marseille 04 91 51 46 96 CINÉMA LE CÉSAR 4 place Castellane - 13006 Marseille 04 96 11 61 61 / 09 75 83 53 19 THÉÂTRE DU CHÊNE NOIR 8 rue Sainte-Catherine, 84000 Avignon 04 90 86 58 11/ 04 90 86 74 84 HISTOIRE DE L’OEIL 25 rue Fontange - 13006 Marseille 04 91 48 29 92 CINÉMA LES VARIÉTÉS 37 rue Vincent Scotto - 13001 Marseille 04 96 11 61 61 / 09 75 83 53 19 CINÉMA UTOPIA MANUTENTION 4, rue des Escaliers Sainte-Anne 84000 Avignon 04 90 82 65 36 LA SALLE DES MACHINES Friche La Belle de Mai - 41 rue Jobin 13003 Marseille 04 95 04 95 95 EDEN THEATRE Boulevard Georges Clemenceau 13600 La Ciotat 04 96 18 52 49 L’ORANGE BLEUE 23 rue Caristie - 84100 Orange 04 90 51 78 59 LIBRAIRIE DE L’ARBRE 38 rue des 3 mages - 13006 Marseille 09 50 14 68 18 LIBRAIRIE L’ALINÉA Place de Provence - 13127 Vitrolles 04 42 46 38 74 LIBRAIRIE LE BLEUET Rue Pasteur - 04150 Banon 04 92 73 25 85 LIBRAIRIE L’ATINOIR 4 rue Barbaroux - 13001 Marseille 04 91 02 80 70 LIBRAIRIE L’ALINÉA 12 rue Jean Roque - Quartier Ferrières 13500 Martigues 04 42 42 19 03 LIBRAIRIE AU POIVRE D’ÂNE 9 place de l’Hôtel de Ville - 04100 Manosque 04 92 72 45 08 LIBRAIRIE L’ATTRAPE-MOTS 212 rue Paradis - 13006 Marseille 04 91 57 08 34 AUX VENTS DES MOTS 32 boulevard Carnot - 13120 Gardanne 04 42 52 65 47 LIBRAIRIE LE PETIT POIS 32 rue grande - Place Saint-Sauveur 04100 Manosque 04 92 71 17 20 LIBRAIRIE GOULARD 37 cours Mirabeau - 13100 Aix-en-Provence 04 42 27 66 47 LA LIBRAIRIE DE LA GARGOUILLE 5 Grande Rue - 05100 Briançon 04 92 21 22 95 LIBRAIRIE DE PROVENCE 31 cours Mirabeau - 13100 Aix-en-Provence 04 42 26 07 23 CARACTÈRES LIBRES 25 rue Maréchal Foch - 83630 Aups 04 94 67 51 63 BOOK IN BAR 4 rue Cabassol - 13100 Aix-en-Provence 04 42 26 60 07 LIBRAIRIE LE BATEAU BLANC 10 rue de la République - 83170 Brignoles 04 94 59 04 95 LIBRAIRIE MAUPETIT 142-144 La Canebière - 13232 Marseille 04 91 36 50 50 LIBRAIRIE LE BLASON 2 rue Jacques de la Roque 13100 Aix-en-Provence 04 42 63 12 07 LA SOUPE DE L’ESPACE 9 avenue des îles d’or - 83400 Hyères 04 94 66 84 03 LIBRAIRIE DU MUCEM 1 esplanade du J4 - 13002 Marseille 04 84 35 14 95 LA BÉDÉRIE 9 rue des cordeliers - 13100 Aix-en-Provence 09 81 77 75 45 LIBRAIRIE PRADO PARADIS 19 avenue de Mazargues - 13008 Marseille 04 91 76 55 96 LA PORTÉE DES MOTS 34/36 rue des frères Kennedy 13300 Salon-de-Provence 04 90 55 93 20 LIBRAIRIE DE LA BOURSE 8 rue Paradis - 13001 Marseille 04 91 33 63 06 LIBRAIRIE IMBERNON 280 boulevard Michelet - Le Corbusier n°357 13008 Marseille 04 91 22 56 84 LIBRAIRIE JEANNE LAFFITTE Les Arcenaulx - 25 cours d’Estienne d’Orves 13001 Marseille 04 91 59 80 40 L’ODEUR DU TEMPS 35 rue du pavillon - 13001 Marseille 04 91 54 81 56 THÉÂTRE STRAPONTIN 111 rue de l’Olivier - 13005 Marseille 06 25 97 85 08 TRANSIT LIBRAIRIE 45 bd de la Libération - 13001 Marseille 04 13 04 02 60 ESPACE POTENTIELLES 128 bd de la Libération - 13004 Marseille 04 91 37 78 17 LE GRENIER D’ABONDANCE 38 rue Auguste Moutin 13300 Salon-de-Provence 04 90 58 36 40 FORUM HM LIVRE 3-5 rue du Président Wilson - 13200 Arles 04 90 93 65 39 LIBRAIRIE DE L’ÉTOILE 9 place Gambetta - 84300 Cavaillon 04 90 78 01 65 LE MOULIN DES CONTES 3 bis rue du puits - 83400 Hyères 04 94 35 79 28 LE JARDIN DES LETTRES 11 rue du Général de Gaulle 83470 Saint-Maximin 04 94 59 91 27 LIBRAIRIE PAPETERIE MIRABEAU 2 bis rue Mirabeau - 83470 Saint-Maximin 04 94 37 85 94