BIOGRAPHIE : Originaire du Lot et Garonne, j

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BIOGRAPHIE : Originaire du Lot et Garonne, j
BIOGRAPHIE : Originaire du Lot et Garonne, j’étudie à l’université d’arts plastiques de Toulouse. Après douze années
dans les grandes agences publicitaires parisiennes en tant que directrice artistique, je passe de la palette graphique
pour retrouver celle du peintre et reprend mes études en validant un DNAP option Art à l’Ecole des Beaux-Arts. Mon
métier de publicitaire a certainement renforcé mon goût de l’image sous toutes ses formes et de la mise en scène.
J’ai passé des heures et des heures à piger régulièrement la presse, à récupérer des visuels, à recadrer, décomposer,
recomposer, remonter plusieurs visuels… retoucher et puis aller jusqu’au suivi du shooting final. Après, plus d’un 1 de
résidence à l’association 59RIVOLI, je suis maintenant dans un nouveau collectif de dessin contemporain. Mon travail est
visible sur rendez-vous ou en galeries.
TEXTE CRITIQUE : “L’œuvre dessinée de Sandra Krasker s’inscrit dans une recherche particulièrement contemporaine
sur ce qui anime le corps, non pas tant dans la forme générique du corps humain, mais dans ce qui en constituerait un
portrait possible.
D’emblée, on sent chez cette artiste en émergence un goût, que la précipitation contemporaine aura rendu suranné,
pour le travail et l’effort, mais aussi pour la lenteur, celle du temps qui se vit, celle du « faire », du dessin qui se trace,
de l’attente. Temps de l’observation, de la contemplation. Cette mise à distance de l’immédiateté se retrouve ainsi de
multiples manières dans son travail.
D’abord, dans sa manière de prendre l’histoire de l’art à rebours. Il y eut le dessin, la peinture puis la photographie,
donnant lieu à ce grand débat quant à ce qu’il allait advenir de la peinture. Avec l’essor de ce nouveau média et support
visuel, s’ouvre l’ère d’une prolifération des images sans précédent. Il fallut alors que la peinture repense le sens de sa
représentation. Ainsi, à l’instar d’un Degas, d’un Vuillard, d’un Monet ou d’un Delacroix, ou plus récemment, comme
peut le faire, par exemple, Philippe Pasqua, certains artistes utilisent la photographie pour assimiler ses données dans
le processus pictural. Et puis certains, comme Bacon, passent par la photo pour emprunter le chemin inverse, nourrir
la peinture de sa vérité. Sandra Krasker, elle, utilise la photographie pour en venir au dessin.
Tout commence donc avec une séance de pose, car Sandra ne dessine pas d’ « après nature ». En l’absence du modèle,
la relation avec sa représentation diffère. L’artiste n’est pas perturbée par ce tiers regard, la voici seule avec sa photographie qu’elle peut scruter, « déformer », travailler et interpréter sans entrave. Cette absence concrète du sujet renvoie l’artiste à l’introspection dont elle a besoin, la confronte, paradoxalement, plus immédiatement au corps du modèle,
au trait, à la perception, à son observation. Sous l’objectif, peu à peu, le sujet avait pris confiance, s’était laissé aller à
un certain abandon, avait délivré quelque chose de son intimité, noué avec elle une relation éphémère dans le lieu et
l’instant clos de l’atelier.
Dans ce travail a posteriori, Sandra Krasker entend saisir une vérité du modèle, une vérité sous-jacente, perceptible
dans un regard, une attitude, un geste… Il s’agit pour elle de privilégier la saisie de l’émotion, du vécu, du ressenti, une
forme de beauté qui n’est pas celle, académique, ade parfaites proportions, mais qui a à voir avec ce qui transparaît de
l’humain, ce qui en fait la beauté, en somme, réévaluant ainsi le sens de la « figuration ».
Car derrière cette sorte de perfection classique de la ligne, ce n’est pas le corps qu’elle dessine mais c’est à travers
lui, parce qu’il est enveloppe et support nécessaire, la saisie d’une intériorité implicite, le choix de la vulnérabilité de
la chair à la fois que de sa puissance, une certaine forme de véracité au-delà, ou en deçà de la matière. Bien que les
hommes et les femmes que dessinent Sandra Krasker soient le plus souvent partiellement nus, l’artiste ne se situe
pourtant pas dans la crudité de Freud par exemple, car si elle exprime la réalité concrète de la chair, il n’y a ici ni volonté
de violenter l’intimité du corps ni véracité inquisitrice mais bien plutôt un appel à l’autre, à la rencontre et à la sollicitude, pour s’inspirer des thèmes chers à Emmanuel Levinas. Et sous l’apparent académisme d’une citation néo-classique, perce alors une authentique modernité, nourrie d’une réflexion sans concession sur la question du traitement
de la figure humaine, à la recherche d’une part de vérité de l’humain contemporain, tant dans son rapport au corps que
dans ses désarrois perceptibles.
Le thème classique des « écorchés » renforce cette dimension existentielle. Si Sandra Krasker ne tombe pas dans l’empathie avec son modèle, ou dans une forme d’expressionnisme, elle n’a pas non plus le regard du biologiste, ni ne pose
la distance, la neutralité du dessin d’anatomie. Elle maintient ainsi sans cesse une sorte d’ambiguïté entre le souci de
réel et la puissance émotionnelle et charnelle qui se dégage de ses esquisses. Le « sous la peau », l’organique presque,
le besoin de sentir les palpitations de la vie, le sang qui coule dans les veines, la chair dans son dénuement, sa fragilité
concrète, sa complexité aussi, bref, tout ce qui donne sa valeur intrinsèque et inaliénable à l’humain, à l’heure où le
cynisme l’emporte parfois sur la vie.
Bien entendu, apparaissent en filigrane les questions, fondamentales, de la précarité de la vie, de la corruption et de
la mort. Mais il semble qu’il y ait avant tout chez Sandra Krasker une émotion réelle face aux déploiements de la vie, à
l’existence même. Sous l’âpreté de son trait, contrastant avec la douceur de son regard, et la peinture qui coule, manifestant discrètement la mobilité et la déliquescence des choses et des êtres, l’œuvre montre l’humain en situation dans
le monde, avec ses faiblesses et sa corruption, poignante mais sans pathos.
Depuis quelques temps, Sandra Krasker a manifesté sa volonté de faire passer le dessin dans une forme de tridimensionnalité avec des installations aux ambitions sculpturales ou dans lesquelles le spectateur serait immergé, par le
biais d’un système de « papiers suspendus » donnant à la fois profondeur et densité charnelle au dessin. Ainsi, les « mo-
biles », permettant de tourner autour du dessin comme on le ferait avec une sculpture ou encore la très intéressante
installation «Force et précarité du corps», dans laquelle un dessin est traversé par une tige de cuivre de 2m. Sous le
poids naturel de l’attraction terrestre et la fragilité du papier, le dessin finira par glisser ou se détériorer, signifiant ainsi,
dit l’artiste, « la précarité de notre enveloppe corporelle ».
Sandra Krasker esquisse ainsi de portrait en portrait les contours d’une œuvre puissante, tant dans la rigueur de son
exécution, que dans les émotions qu’elle sait y laisser affleurer.”
MARIE DEPARIS-YAFIL, critique d’art, commissaire d’exposition et en collaboration avec différents lieux d’art contemporain et galeries
Biography: Sandra Krasker was born in Lot et Garonne, France in 1976, she studied Fine Arts. After twelve years as an
Art Director for an advertising agency she swapped the Tool palette for the painter’s. Her work at the agency has determined her taste for images in its various forms and settings. As a freelance, Sandra has spent hours recuperating,
reframing, composing, editing and supervising shoot sessions. After more than a year as a resident artist in 59 Rivoli, an
art venue and residency in Paris, she decided to join a new collective of artists of drawing, very close to Paris.
Critic text: “The Works of Sandra Krasker enters a very contemporary issue of the animated body. Not much upon generic human forms but in what could be a possible portrait. Right from the beginning we feel in her works a taste which
contemporary precipitation has outdated. Work and effort, slowness; that of time in the making, sketching. Times of
observation, times of contemplation. This postponement of immediacy underlies her works in various ways.
Formost she counts back history of arts in a personal way. There was sketching, painting and photography where rose
debates on the future of painting as a medium. With photography an unprecedented era opened to the proliferation of
images. Painters were urged to think over the sense of their representation. Hence Degas, Vuillard, Monet, Delacroix, or
even more recently Philippe Pasqua used photography to assimilate its data into the pictural process. Some like Francis
Bacon used photography to count backwards nuturing painting of it’s own reality. Sandra uses photography to approach
drawing.
At first there is a pose session, then in the absence of the model Sandra is alone with the selected snap. This avoids
the third look disturbance and she can work and interprete freely. This situation drives the artist towards the necessary
introspection through which she confronts the model out of immediacy. Traits, lines, observation and perception are
hence freed, through the lenses the model let go and take in confidence, casting some of it’s intimacy. An ephemeral
relation in the studio.
In this a posteriori work Sandra seizes a look, an attitude, a gesture, which underlies an innate reality of the model.
She privileges emotion, life, feelings, a non academic sense of beauty with perfect proportions underlying the human,
reevaluating the sense of figuration works.
For, she draws not the body behind the classic lines, but the implicit interiority through the envelloppe. A choice for the
vulnerable flesh, as well as it’s power, a veracity far beyond the physical. Though Sandra’s models are partially nude,
she is not in the Freudian nakedness. She does not express the physical to violate intimacy. Her works are a call for an
encounter and sollicitude inspired by Emmanuel Levinas. Beneath the apparent academic neo-classical approach there
arises an authentic modernity, nurtured by the unconceded questioning of the human figure’s treatment. Searching for
a part of truth of her contemporaries, in their relation to the body and it’s declared confusion.
The classic « écorchés » theme reinforces an existentialist dimension. Sandra does not show empathy for her models
nor does she fit in a form of expressionism. Neither does she bear a biologist’s look allowing the distance and neutrality
of anatomic drawings. Thus she manitains the ambiguity between the emotional and carnal pulse relayed by the realism
of her sketches. That which lies under the skin, the organic, the necessary palpitations of life, bleeding veins, crude nude
flesh, it’s fragility, it’s complexity. In short all that provides the intrinsic and unalienable value to the human at a time
when cynism catches over life.
The implicit questions of precarity of life, of its corruption and death appears in hers works as well as it’s emotions and
feelings. Her fine line drawings, the paint dripping and running down the canvas or paper implies the discreet mobility
and deliquescence of beings. It situates the human in the world with it’s weaknesses and corruption, whilst omitting the
pathetic.
Sandra has been showing her sketches in a tri-dimensional form, these installations bear a sculptural ambition. Where
the viewer immerges through her hanging papers, thus providing depth and carnal density to her drawings. Hence the
viewer walks around these mobiles just as one would do with sculpture. « Force et précarité du corps » is an installation
where a 2 meter copper rod is thrusted through the paper. Under its own weight and fragility the drawing slips and distorts itself, thus nearing the precarity of our carnal envellope, as Sandra Krasker puts it.
Portrait after portrait Sandra is sketching a powerful work both in regards of her technical riguor and in the feelings
she lets flow.”
MARIE DEPARIS-YAFIL, Art Critique and Curator
Translation in English by Henri Murden