À la recherche du modèle idéal
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À la recherche du modèle idéal
LJA MAGAZINE - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2015 CORPORATE - M&A CORPORATE - M&A À la recherche du modèle idéal En 2015, plusieurs spécialistes du M&A se sont laissé séduire par les stratégies développées par les cabinets pour se renforcer dans cette pratique phare. Et si le marché n’a pas connu de mobilités d’équipes de nature à redistribuer les cartes, il a enregistré quelques mouvements significatifs depuis un an. © BENJAMIN BOCCAS Confiants dans la reprise des fusions-acquisitions, grands et petits cabinets d’avocats ont consolidé leurs équipes en 2015. Olivier Diaz a ouvert le jeu des chaises musicales fin 2014 en quittant Darrois Villey Maillot Brochier pour Skadden (LJA n°L1188). C’est donc chez l’Américain qu’il est intervenu dans la fusion entre Stallergenes et Greer Laboratories et lors de la cession du groupe pharmaceutique français Cooper. Quitter la boutique la plus rentable du M&A parisien pour céder aux sirènes américainesL ? Le choix peut laisser perplexe. Olivier Diaz, lui, assumeL : «L Skadden souhaitait se renforcer avec un profil plus domestique à la suite du départ de Pierre ServanSchreiber, explique-t-il. De mon côté, je voulais rejoindre un cabinet américain de premier plan qui avait envie de renforcer sa 8 Le magazine présence active à Paris, et qui me permette de bénéficier de son implantation aux États-Unis, en Asie et en Europe. » INTUITU PERSONAE Une stratégie exactement à l’inverse de celle qu’a choisie Marcus Billam en quittant, au mois de mars, Allen & Overy pour revenir chez Darrois, dont il était parti quinze ans auparavant pour Clifford Chance (LJA n°L 1200). Même si cette arrivée s’est décidée en très peu de temps – une quinzaine de jours selon les principaux intéressés –, Marcus Billam ne pas son choix. ACCÉDER À UN VASTE regrette Durant les six derniers RÉSEAU INTERNATIO- mois, il a continué à travailler pour Vivendi dans le NAL OU REVENIR cadre de l’accord avec le fonds activiste PSAM, sur À DES RELATIONS le rachat de DailyMotion DE PROXIMITÉ... ou la vente de la filiale bréLES MOTIVATIONS SONT silienne GVT, et a accoml’État dans le cadre DIVERSES ET VARIÉES pagné de sa montée au capital de Renault. «L J’ai trouvé un cabinet extrêmement structuré, commente-t-il. Il y a peu de boutiques qui offrent une telle qualité professionnelle et une telle assise de clientèle. »LEt l’associé, passé par deux firmes du Magic Circle, de vanter le modèleLDarrois : «LLes cabinets de niche ont un fort intuitu personae avec le client et peuvent aussi lui faire bénéficier de leur réseau. Ils connaissent tous les interlocuteurs : les autorités de tutelle, les banques d’affaires, les juridictions... » Renforcer l’intuitu personae, c’est aussi ce qui a poussé Philippe Rosenpick à quitter CMS Bureau Francis Lefebvre pour Desfilis (LJA n°L1222) ou Frédéric Grillier à mettre fin à son association avec Herbert Smith Freehills pour tenter l’aventure entrepreneuriale chez Villey Girard Grolleaud (LJA n°L1207). «LLa structure des grands cabinets est trop souvent un frein à la rapidité d’intervention et la proximité, analyse Frédéric Grillier. Une structure comme la nôtre se caractérise par sa souplesse et sa capacité d’adaptation ; en particulier, il y a nécessairement moins de problèmes de conflit d’intérêts, pas de modalités de facturation imposées et l’opération est gérée en direct par l’associé. » Depuis son arrivée en mai, il a notamment participé à la cession par Adecco, Randstad et Manpower de leur société commune Pixid à Keensight Capital, et à la prise de participation de Capital Croissance dans HL Trad. « Le cabinet Villey Girard Grolleaud a une stratégie de haute couture en M&A dans sa conception la plus large, poursuit-il. Il se veut proche des directions, avec lesquelles il développe des liens étroits grâce notamment à sa capacité à intervenir, au-delà du droit des sociéArnaud Pérès a rejoint Mayer Brown en avril LJA MAGAZINE - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2015 © BENJAMIN BOCCAS CORPORATE - M&A CORPORATE - M&A Marcus Billam a quitté A&O pour rejoindre Darrois Même problématique de réputation chez Mayer Brown. L’arrivée en avril d’Arnaud Pérès et de Jean-François Louit, qui avaient travaillé ensemble chez Freshfields et Davis Polk, a permis de sortir d’une «Limage un peu réductrice » de structure uniquement dédiée au private equity. «LDepuis notre arrivée, nous sommes intervenus sur des opérations de marché pour des clients industriels, comme l’introduction en bourse de Spie, l’accord entre Altice et Alain Weil concernant l’OPA sur NextRadioTV, ou l’OPA sur Faiveley, cite Arnaud Pérès en exemple. Cela correspond à la volonté du cabinet d’élargir sa palette d’intervention, à la fois pour des clients en private equity et des corporates. »LEt d’ajouterL: «LMa décision de rejoindre Mayer Brown, c’est bien sûr un choix professionnel, mais c’est avant tout une rencontre, un choix lié à la personnalité des associés qui ont porté ce projet, Jean-Philippe Lambert et Jean-Pierre Lee, les fondateurs du cabinet à Paris. »LComme quoi l’humain peut aussi être un facteur différenciant. Laurence Garnerie tés, sur les problématiques de fiscalité patrimoniale et des transactions, ainsi que sur des problématiques de gouvernance, voire sur les contentieux pré ou post-acquisition. » Même positionnement de proximité avec les dirigeants chez Dethomas Peltier qui a accueilli en juillet Benoît Marpeau en provenance de CVML (LJA n°L1216). Lui cherchait un cabinet composé d’associés «Ltous reconnus comme excellents dans leur matière » et susceptibles de l’accompagner dans son développement, notamment auprès des grands corporates.L«LCe sont les clients les plus difficiles à approcher, reconnaît-il. Mais une fois qu’ils vous font confiance, ils sont parmi les plus fidèles et permettent d’intervenir sur les dossiers les plus stratégiques ».LDans sa nouvelle structure, il a notamment participé au rachat de Rueducommerce par Carrefour. Miser sur le M&A a aussi permis à certains cabinets de modifier un positionnement qui les freinait dans leur développement. Lassé de se voir confiner aux due diligences, EY Société d’avocats a ainsi recruté en mars Roland Montfort, en provenance de Morgan Lewis (LJA n°L 1201). « Nous gagnons en visibilité auprès des donneurs d’ordre, tant grands comptes qu’acteurs du middle market dans lequel nous sommes très présents », explique Roland Montfort, qui ne doute pas de l’efficacité du modèle d’EY pour réaliser le plan ambitieux de développement de la firme à horizon 2020 : « Nous fonctionnons pour l’essentiel comme un cabinet de pure lawyers mais notre différentiation réside dans la pluridisciplinarité de certaines de nos offres et dans le solide réseau international que nous pouvons mettre à la disposition de nos clients. Ce sont des atouts pour les accompagner de manière globale et sur le long terme. » © BENJAMIN BOCCAS RÉPUTATION Associé de Morgan Lewis, Roland Montfort a rejoint EY en mars Le magazine 9