Efficacité d`un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de
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Efficacité d`un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de
n S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x (p=0,05) 2 Article original x a x x xx x Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Étude préliminaire Cédric Guignon 1, 2* 1 Département de recherche du Centre d’ostéopathie Atman, Sophia-Antipolis, France 2. Ostéopathe, Montlouis sur Loire, France * Correspondance [email protected] Efficacity of osteopathy in digital neuroma (metatarsalgia of Morton) Preliminary study Abstract Objective: During our osteopathic practice, we treated several patients suffering from digital neuroma. After the osteopathic treatment, they reported remarkable improvements concerning their pain complaints. A preliminary study was made to measure this efficacity in an experimental way. Methods: Sixteen patients suffering from digital neuroma were distributed into two groups: • patients with osteopathic treatment (n=8) : patients submitted to osteopathic treatment adapted with their functional disorders ; • control group (n=8) : patients that received a «simulated treatment». The assessment criteria were pain (measured with a digital scale), the number of positive marks and the moment of appearance of pain. Results: The media of the score of the digital scale of the pain decreased from 7,0 ± 0,6 to 2,6 ± 0,7 for the patients of the treated group while it decreased from 6,6 ± 0,6 to 6,3 ± 0,7 in the control group. Statistically, this difference in the evolution is significant (p=0,012). The number of positive marks diminished in the treated group and the moment of appearance of pain was delayed. Keywords: morton, metatarsalgia (digital neuroma), osteopathy Conclusion: The results of this survey are encouraging enough to justify the elaboration of clinical studies with a higher population as well as a longer observation period to evaluate the benefits of osteopathic manipulations including several sessions of treatment and also with the aim of evaluating the risk of recurrences. Mots clés : morton, métatarsalgie, ostéopathie Numero 1-2: 2012 www.larevuedelosteopathie.com 5 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Introduction Plusieurs tests permettent de mettre en évidence des signes de compression du nerf : -- le signe de la sonnette (figure 2) : une pression du pouce dans l’espace intermétatarsien déclenche une douleur ou une irradiation dans les orteils correspondants [9] ; -- la manœuvre de Mulder (figure 3) : le praticien comprime l’avant-pied en regard des têtes métatarsiennes et exerce une pression simultanée à l’endroit présumé de la compression, provoquant une douleur et parfois d’un « clic ». Selon Winckler et al., ce signe serait pathognomonique de la maladie de Morton [10, 11] ; -- le signe de Lasègue (figure 4) : l’extension forcée de l’orteil reproduit la douleur [12]. Crédit photo La Revue de l’Ostéopathie Décrite par Thomas Morton en 1876 comme une entité purement clinique, la maladie ou « névrome » de Morton fait partie des peudo-tumeurs et tumeurs bénignes les plus fréquentes [1]. Il s’agit d’un syndrome canalaire [2] qui est, par définition, un ensemble de manifestations neurologique liées à la compression d’un nerf dans un canal inextensible, qui touche particulièrement les femmes. À force d’être comprimés, les nerfs situés entre les orteils augmentent de diamètre et se déforment. Ils deviennent si sensibles que la moindre compression fait souffrir. La douleur est située dans le 3e espace intermétatarsien, plus rarement dans 2e ou le 4e [3] ; il est décrit une fibrose périnerveuse du nerf digital plantaire commun [4] à laquelle s’ajoutent des facteurs microangiopathiques et inflammatoires [5]. Le névrome de Morton peut être asymptomatique bien que présent à l’IRM [3,6,7]. Signes cliniques et imagerie Le patient décrit une douleur aigue, parfois extrêmement vive, survenant de manière paroxystique, localisée dans la région des articulations métatarso-phalangiennes. La douleur peut irradier vers les orteils, ou au contraire, vers le cou-de-pied. La notion d’un facteur déclenchant est souvent décelée, comme la station debout prolongée ou le port d’une chaussure étroite. Cette douleur cède ordinairement lors du déchaussage, signe considéré comme pathognomonique par certains auteurs [8]. L’aspect du pied est normal. Une hypoesthésie dite « en feuille de livre » peut-être retrouvée sur les faces latérales des orteils correspondant à l’espace où se situe la compression (figure 1). L’exploration permet de trouver un point douloureux très précis entre deux têtes métatarsiennes, juste en arrière ou, surtout, juste en avant d’elles. La douleur peut irradier à la face latérale d’un ou de plusieurs orteils, en suivant le ou les filets nerveux intéressés par le névrome. La douleur peut, en outre, irradier sous la plante ou à la face dorsale du pied et donner la sensation de crampes. Il existe parfois une zone d’hypoesthésie plantaire. Crédit photo La Revue de l’Ostéopathie Figure 2. — Signe de la sonnette. Crédit photo La Revue de l’Ostéopathie Crédit photo La Revue de l’Ostéopathie Figure 3. — Signe de Mulder. Figure 1. — Hypoesthésie en feuille de livre. Figure 4. — Signe de Lasègue de l’orteil. n 6 S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a Numero 1-2: 2012 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Sélection des patients Un bilan radiologique de l’avant pied, en décharge et en appui, doit être effectué de manière systématique pour éliminer toute pathologie osseuse et renseigner sur la statique, mais le névrome de Morton n’est pas visible à la radiographie. À l’échographie la lésion, ronde ou ovoïde, est visible dans l’espace intermétatarsien [13-16], avec 50 % de faux négatifs pour des névromes de taille inférieure à 5 mm [17]. Le ressaut obtenu par la manœuvre de Mulder peut être visualisé et montre l’énucléation du névrome en direction plantaire. Le diagnostic est essentiellement clinique [18], confirmé par l’IRM [19-21]. Critères d’inclusion -- homme ou femme sans distinction d’âge souffrant d’une métatarsalgie de Morton diagnostiquée par un médecin ; -- ou patient présentant un syndrome douloureux et caractérisé par une douleur siégeant dans un espace inter-capito-métatarsien d’apparition brutale, soudaine lors de la marche ou d’un faux pas, et répondant positivement à au moins deux des tests suivants : •le signe de la sonnette ; •la manoeuvre de Mulder ; •le signe de Lasègue de l’orteil ; •une hypoesthésie dite « en feuille de livre ». -- en échec de traitement médicamenteux ou refusant de recevoir une infiltration, en attente d’intervention chirurgicale ou en refus d’intervention ; -- capable de lire et de comprendre le français ; -- ayant accepté et signé la lettre d’information. Traitement Le traitement médical initial consiste en la prescription d’antalgiques et d’anti-inflammatoires, ainsi que des conseils sur le port de chaussures plus larges, associés à un repos relatif. Le changement du type de chaussure est efficace dans 63 % des cas. Les chaussures doivent être larges et souples pour éviter la compression. Les talons hauts doivent être proscrits. Les patients doivent éviter les marches trop longues et le piétinement. Le patient peut être orienté vers un podologue pour réaliser une orthèse d’éviction des points d’appui qui est une orthèse de soulagement de l’appui plantaire avec appui rétrocapital améliorant ainsi la statique du pied, ouvrant l’espace intermétatarsien et ainsi diminuant le conflit canalaire. En cas de persistance des symtômes, la solution avant chirurgie consiste à faire une ou plusieurs infiltrations de corticostéroïdes, au contact de la lésion. Ces injections seraient efficaces dans 50 % à 82 % des cas [22, 23], mais leur utilisation est controversée car pouvant provoquer des atrophies ou des nécroses [24]. L’injection d’alcool améliore la douleur dans 90 % des cas [25]. En cas d’échec de ces traitements, deux types de chirurgie sont proposés, la neurolyse [ 26, 27] et la neurectomie [28,29], avec de bons résultats [30], mais Johnson et al. mentionnent un taux de récidive de 10 % à 20 % et un taux de réintervention variant de 20 % à 82 % selon les études [31]. Lors de notre pratique ostéopathique, nous avons traité plusieurs patients souffrant de métatarsalgies de Morton. Ces patients ont constaté des améliorations nettes de leur douleur après traitement ostéopathique. Nous n’avons pas trouvé d’étude publiée évaluant l’efficacité de l’ostéopathie pour les patients souffrant de cette parhologie. Nous avons décidé de faire un essai comparatif et nous avons commencé par réaliser une étude préliminaire, objet du présent article. Critères de non inclusion -- pathologie évolutive ; -- traumatisme récent (moins de 45 jours) sur la cheville ou le pied concerné ; -- prise actuelle d’antalgiques au long cours quelle que soit la classe ; -- intervention chirurgicale récente pour métatarsalgie de Morton (moins de 45 jours) ; -- participation simultanée à une autre recherche biomédicale ; -- incapacité à se conformer aux contraintes de l’étude. Critères d’exclusion pendant l’étude -- prise d’anti-inflammatoires ou antalgiques ; -- traumatisme direct sur le pied ; -- autre traitement ostéopathique ou soins complémentaires comme la kinésithérapie, la chiropraxie, l’homéopathie, l’acupuncture ; -- port d’orthèse ou équipement médical. Répartition Nous avons recruté 16 patients, répartis par randomisation en deux groupes : -- les patients traités (n=8) ont reçu un traitement ostéopathique adapté aux dysfonctions trouvées ; -- les patients témoin (n=8) ont reçu des techniques simulées. Le procédé de randomisation consistait en la confection d’enveloppes numérotées scellées contenant l’affectation au groupe, préalablement déterminé par une table de permutation au hasard. L’ensemble de ce processus a été réalisé par un deuxième investigateur qui n’avait pas d’autre rôle dans l’étude. Pendant la durée de l’étude, les patients n’avaient pas connaissance de leur groupe d’appartenance. L’investigateur principal en prenait connaissance au moment de réaliser le traitement réel ou simulé. Matériel et méthodes Intervenant et lieu de réalisation de l’étude L’investigateur principal était un étudiant de 6e année en ostéopathie. L’étude s’est déroulée soit au domicile du patient, soit dans un box technique du centre de soins de son établissement d’enseignement. n Numero 1-2: 2012 S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a 7 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Intervention ostéopathique Les tests suivants ont été réalisés pour tous les patients : -- test dit du « wiplash » selon Magoun [32] ; -- test des mobilités du rachis, notamment des vertèbres dites « posturales » (C0/C1, D3/D4, L3/L4) selon Wernham [33] ; -- recherche des dysfonctions de mobilité du pied. Après la phase de test, l’investigateur principal ouvrait l’enveloppe correspondant au numéro d’inclusion du patient et traitait les dysfonctions des patients du groupe traité. Pour les patients du groupe témoin, il effectuait des mobilisations de faible amplitude de la cheville et du pied. -- pour le groupe traité, application de techniques haute vélocité basse amplitude, myotensives et fasciales en fonction des dysfonctions de chaque patient, conformément à la pratique courante. Simples mobilisations de la cheville et du pied pour les témoins ; -- rhabillage du patient Analyse statistique des données Nous avons utilisé des tests de Chi² pour les variables qualitatives, et des tests de Wilcoxon appariés pour les variables quantitatives. Les différences ont été considérées significatives pour p<0,05. Critères de jugement Tous les critères de jugement ont été recueillis lors de l’inclusion et huit semaines (± une semaine) après la séance. Le critère de jugement principal était l’évaluation de la douleur par une Échelle Numérique (EN). Cette méthode d’auto-évaluation validée [34] permet au patient de noter sa douleur de 0 (absence de douleur) à 10 (douleur maximale imaginable). Nous avons utilisé des critères de jugement secondaires : -- le moment de l’apparition de la douleur dans la journée, avec six modalités : •au lever du lit ; •le matin (10 heures) ; •à midi (12 heures) ; •l’après-midi (16 heures) ; •le soir (20 heures) ; •pas de douleur ; -- la tolérance du patient à supporter le port de chaussures trop serrées ; -- les tests de la sonnette, de Mulder, de Lasègue et de l’hypoesthésie. L’évaluation à huit semaines a été réalisée par un troisième investigateur, qui ne connaissait pas le groupe d’appartenance des patients. Résultats Description de notre population Nous avons recruté 16 patients, 11 femmes et cinq hommes. La douleur était localisée dans le 2e espace pour un patient et dans le 3e espace pour les 15 autres. Parmi ces derniers, six présentaient également une douleur dans le 2e espace et trois dans le 4e. Ils souffraient tous d’irradiations dans les orteils correspondants. Quatre souffraient également d’irradiations vers le talon, un vers le mollet, et un vers le talon et le mollet. Pour les ¾, la douleur apparaissait dès le matin (figure 5). Treize ont décrit une intolérance aux chaussures trop serrées. Le signe de Mulder était le signe positif le plus fréquent (tableau I). Pour toutes les variables recueillies, nous n’avons pas trouvé de différences statistiquement significatives entre les hommes et les femmes. Les variables étaient réparties de manière comparable entre les deux groupes avant le traitement réel ou simulé. 10 9 8 7 6 5 4 3 2 Déroulement de la séance -- accueil et information du patient ; -- vérification des critères d’éligibilité ; -- recueil des critères de jugement ; -- déshabillage du patient ; -- installation sur une table de soins ; -- tests ostéopathiques ; -- ouverture de l’enveloppe contenant le groupe d’appartenance ; 1 0 Mulder Mulder seul + Sonnette + Sonnette + Lasègue + Sonnette + Lasègue + Hypoesthésie Sonnette + Lasègue Témoins Total 7 3 1 3 0 1 8 1 3 3 1 0 15 4 4 6 1 1 Midi Après-midi Soir Comparabilité des deux groupes après traitement Échelle numérique de douleur La moyenne du score de l’échelle numérique de douleur est passée de 7,0 ± 0,6 à 2,6 ± 0,7 pour les patients du groupe traité, et de 6,6 ± 0,6 à 6,3 ± 0,7 pour les patients du groupe témoin (figure 6). Cette différence d’évolution est statistiquement significative (p=0,012). n 8 Matin Figure 5. — Répartition des moments d’apparition de la douleur pour notre population d’étude. Tableau I. — Répartition des signes positifs dans notre population. Traités Lever du lit S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a Numero 1-2: 2012 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Deux d’entre eux n’avaient plus de douleurs. Dans le groupe témoin, un seul patient a constaté une amélioration, avec une douleur apparaissant deux heures plus tard. Les barres verticales représentent les intervalles de confiance à 0,95 10 9 Echelle numérique de douleur 8 Localisation des interventions ostéopathiques Les techniques ostéopathiques ont été appliquées en fonction des dysfonctions de mobilité perçues par l’investigateur. Elles ont concerné en majorité la cheville et le pied (54 %) (figure 9). Parmi elles, 38 % des techniques ont été appliquées sur l’avant-pied et 62 % sur l’arrière-pied, notamment le calcanéum et l’astragale (figure 10). Les dysfonctions des métatarsiens concernaient préférentiellement les 2e et 3e. 7 6 5 4 3 2 Groupe Traité Groupe Témoin 1 0 EN 1 EN 2 Figure 6. — Evolution du score de l’échelle numérique de douleur entre les deux mesures. Occiput/ Atlas, 9% Wiplash, 3% Dorsales, 5% Critères de jugement secondaires Lombaires, 6% Le nombre de signes positifs a diminué chez les patients du groupe traité, avec des différences significatives pour le signe de la sonnette (p=0,04) et le signe de Lasègue (p=0,04) par rapport au groupe témoin (tableau II). Le moment de déclenchement de la douleur a été plus tardif chez tous les patients du groupe traité (figures 7 et 8). Pied/Cheville, 54% Bassin, 23% Tableau II. — Evolution des signes positifs dans notre population. Après Avant Traités Témoins Intolérance chaussures Mulder Sonnette Lasègue Hypoesthésie 7 7 5 5 0 p 6 8 7 7 1 Traités Témoins NS NS NS NS NS 3 6 2 2 0 Figure 9. — Proportions des localisations d’interventions ostéopathiques. p 5 8 7 7 1 Phalanges, 4% NS NS 0,04 0,04 NS Astragale Calcanéum, 28% Métatarse, 26% 5 4 3 Cunéiforme, 8% Traités Naviculaire, 14% Témoins 2 Cuboïde, 20% 1 0 Figure 10. — Proportions des techniques réalisées au niveau du pied. Lever du lit Matin Midi Après-midi Soir Pas de douleur Discussion Figure 7. — Moments de déclenchement de la douleur avant traitement pour chaque groupe. Les résultats de cette étude préliminaire confirment nos impressions cliniques. Après une seule consultation, chacun des patients du groupe traité a constaté des améliorations. Pour les patients du groupe témoin, les symptômes sont restés quasi-constants. Les critères d’éligibilité correspondent aux caractéristiques des patients souffrant de métatarsalgies de Morton qui consultent les ostéopathes en pratique courante. Nous avons sélectionné une population présentant des symptômes occasionnant une gêne dans leur vie quotidienne et se plaignant de fortes douleurs, cotées en moyenne à 6,8 sur une échelle 5 4 3 Traités Témoins 2 1 0 Lever du lit Matin Midi Après-midi Soir Pas de douleur Figure 8. — Moments de déclenchement de la douleur après traitement pour chaque groupe. n Numero 1-2: 2012 S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a 9 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton de 0 à 10. Les quatre patients qui ne présentaient qu’un seul signe positif ont été inclus dans notre étude car ils avaient été préalablement diagnostiqués par un médecin. Leur évolution à été comparable à celle des autres patients que nous avons recrutés. Notre population comprenait cinq hommes et 11 femmes. Cette proportion d’hommes est supérieure à ce que décrit la littérature [1]. Du fait de la faiblesse de nos effectifs, cette différence peut être expliquée par les fluctuations d’échantillonnage. Nous précisons que les hommes de notre population étaient des coureurs à pieds, pratiquant des courses de fond. Tous les patients du groupe traité ont constaté des améliorations cliniquement significatives. Deux ont décrit ne plus ressentir de douleur et un troisième a rapporté une faible douleur résiduelle lors de courses à pied prolongées, et de manière inconstante, en fonction de la nature du terrain. Les patients du groupe traité qui ressentaient encore des douleurs ont tous constaté leur déclenchement plus tardif : un seul patient a décrit avoir ses douleurs qui apparaissent dans le milieu de la journée, alors qu’ils étaient sept au début de l’étude et un qui les ressentait dès le lever du lit, il y a donc eu un décalage de l’apparition des douleurs vers la fin de journée. Ils ont tous rapporté la disparition d’au moins un test positif. Dans le groupe témoin, il n’y a pas eu de diminution de la moyenne des sores de l’échelle numérique de douleur. Un patient a rapporté une amélioration de l’intolérance au port de chaussures serrées. Pour un autre la douleur était déclenchée deux heures plus tard. Il est possible que ces modifications soient dues à l’effet des tests de mobilité et des mobilisations, ou fasse partie des variations naturelles de cette pathologie. Nous avons décidé de traiter les dysfonctions de mobilité ressenties par le praticien, ce qui est conforme à la pratique courante. Nous sommes conscient que cette étude ne permet pas d’identifier quelle technique a été efficace pour les améliorations des patients du groupe traité. Nous avons présenté la répartition des zones d’application des techniques ostéopathiques, à titre purement indicatif. En effet, ces zones étaient déterminées par la présence de dysfonctions de mobilité ressenties par l’investigateur principal : un autre praticien aurait sans doute perçu des sensations différentes, et serait intervenu sur d’autres zones. Les futures études devront prendre en compte cette caractéristique de notre discipline et intégrer des évaluations de la fiabilité des test ostéopathiques. Les hypothèses et modèles explicatifs de nos résultats sont donc à considérer avec prudence : le traitement ostéopathique a-t-il eu un impact sur les zones de surcharge ? Il serait intéressant, lors d’une future étude, d’utiliser un matériel de mesure podologique pour vérifier cette hypothèse. Cette étude préliminaire a été réalisée avec des petits effectifs. Des études cliniques sont à élaborer, comprenant des effectifs plus importants, une période de suivi plus longue afin d’évaluer les effets d’une prise en charge ostéopathique comportant plusieurs séances de traitement. Il est nécessaire également d’évaluer si l’on observe des récidives à long terme. Les résultats de notre étude préliminaire sont suffisamment encourageants pour justifier de mettre en place de telles études. Conflits d’intérêts : l’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien avec cet article. n 10 S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a Numero 1-2: 2012 Efficacité d’un traitement ostéopathique sur les métatarsalgies de Morton Références 1. Bousson V, Hamzé B, Wybier M, Daguet E, Parlie C, Petrover D, et al. 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Étude préliminaire Résumé Objectif : Lors de notre pratique ostéopathique, nous avons traité plusieurs patients souffrant de métatarsalgies de Morton. Ces patients ont constaté des améliorations nettes de leur douleur après traitement ostéopathique. Pour évaluer expérimentalement cette efficacité, nous avons réalisé une étude préliminaire. Méthodes : 16 patients souffrant de métatarsalgies de Morton ont été répartis en deux groupes : • traité (n=8) : les patients ont reçu un traitement ostéopathique adapté aux dysfonctions de mobilité trouvées ; • témoin (n=8) : les patients ont reçu un traitement simulé. Les critères de jugement étaient la douleur mesurée par une échelle numérique, le nombre de signes positifs et le moment d’apparition de la douleur. Résultats : La moyenne du score de l’échelle numérique de douleur est passée de 7,0 ± 0,6 à 2,6 ± 0,7 pour les patients du groupe traité, et de 6,6 ± 0,6 à 6,3 ± 0,7 pour les patients du groupe témoin. Cette différence d’évolution est statistiquement significative (p=0,012). Le nombre de signes positif a diminué chez les traités, et le moment de déclenchement de la douleur a été retardé. Conclusion : Les résultats de cette étude sont suffisamment encourageants pour justifier de mettre en place des études cliniques avec des effectifs plus importants, une période de suivi plus longue afin d’évaluer les effets d’une prise en charge ostéopathique comportant plusieurs séances de traitement et évaluer le risque de récidives. n 12 S i =1 x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie x x2 (p=0,05) x xx x x x a Numero 1-2: 2012
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