Stratégie 2016
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Stratégie 2016
ÉLECTROTECHNOLOGIES DR Patrick Bernard Président du Cos Thierry Lainé Rapporteur Patrick BERNARD Électrotechnologies Boggy – Fotolia S’il est un segment de l’économie fortement concerné par la numérisation tous azimuts, c’est bien l’ensemble des électrotechnologies. ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 83 ÉLECTROTECHNOLOGIES Amélioration des produits et des process et interopérabilité ont des conséquences sur de nombreux secteurs. 84 ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 Le développement des infrastructures de demain, avec notamment les réseaux intelligents et communicants (smart grids), les villes et communautés intelligentes (smart cities), les bâtiments intelligents et communicants (smart building), la digitalisation des processus d’échanges, la mobilité électrique et la distribution électrique en courant continu. La mise en place progressive de system committees à l’IEC doit permettre de bien traiter ces sujets de plus en plus complexes et interconnectés. La bonne prise en compte et la gestion normative de la révolution numérique engagée. L’intégration des technologies électrotechniques, informatiques et télécommunications révolutionne déjà et va bouleverser massivement les processus et modes de fonctionnement, entre machines, entre produits et machines, entre opérateurs et machines ou produits tout au long de leur cycle de vie. L’ultradigitalisation peut, potentiellement, fragiliser des solutions aujourd’hui robustes. Aussi la cybersécurité et la protection des données constituent-elles deux sujets qui méritent une attention particulière ; elles se préciseront et s’encadreront grâce à la normalisation. En corollaire, la confiance en ces « filets de sécurité » doit être maintenue à travers des processus solides d’évaluation de la conformité. La poursuite d’une prise en compte effective des besoins en termes de développement durable avec la maîtrise de l’énergie, le m anagement des énergies bas carbone, les évolutions industrielles et l’initiative Usine du futur, ainsi que l’utilisation plus efficace des ressources (écoconception, économie circulaire, management des substances), démarche dans laquelle les électrotechnologies se sont engagées il y a de nombreuses années. L’assurance impérative de la santé et la sécurité des citoyens et des installations qui concernent au premier rang les installations électriques et les produits associés, avec notamment l’anticipation des besoins liés au vieillissement de la population (silver économie), l’évolution des biens de consommation (sécurité, fonctionnalités, communication), mais aussi les exigences de sécurité au travail et les applications de défense. Le développement de nouveaux usages des électrotechnologies est facteur de progrès social et environnemental. Le renforcement de la confiance des acteurs à travers des processus d’évaluation de la conformité structurés et robustes s’accompagne d’une surveillance des marchés qui se doit d’être à la hauteur des exigences dans un contexte de globalisation. Les exigences normatives doivent être vérifiées tout comme les exigences réglementaires telles que celles relatives à l’environnement. La gouvernance des organisations et l’influence à l’international constituent deux leviers essentiels pour conforter, voire renforcer (dans certains domaines) le rayonnement des acteurs français et européens et Silvano Rebai – Fotolia L es électrotechnologies constituent un ensemble de solutions au cœur de très nombreux processus. Elles sont aussi au cœur de la réponse à de nombreux enjeux économiques, environnementaux et sociétaux. Sans exhaustivité : lutte contre le changement climatique, efficacité énergétique, mobilité durable, compétitivité industrielle, personnalisation des services, santé, bien-être des seniors et des personnes avec handicap… Les électrotechnologies permettent des gisements de progrès dans de très nombreux domaines grâce aux améliorations des produits et des systèmes et à leur interopérabilité sans cesse croissante. Nous sommes à un moment clé de cette industrie, où le lien avec les technologies de l’information et de la communication (TIC), notamment, ouvre un champ de nouvelles réponses aux exigences sociétales et environnementales contemporaines. Ce sont aussi des opportunités à saisir pour la création d’activités et d’emplois domestiques. Les électrotechnologies sont un relais de croissance pour l’ensemble de l’industrie et, partant, de l’économie. De ce point de vue, la normalisation volontaire constitue un outil majeur et essentiel que les acteurs français ont largement utilisé pour marquer les marchés de leur empreinte. La pérennisation de cette influence, parmi les premières au monde au sein de l’IEC à l’international et du Cenelec en Europe, nécessite une implication permanente tant les sujets et initiatives mis en avant par d’autres acteurs, notamment les pays émergents, sont nombreux et les enjeux économiques et sociétaux aigus. Au vu des discussions internationales au sein de l’IEC et du Cenelec, des réflexions de stratégie industrielle nationale menées dans différentes instances, des orientations récentes des politiques publiques, des réflexions sur la nouvelle stratégie française de normalisation et des échanges avec les autres Cos, les parties prenantes de l’électrotechnique retiennent six axes majeurs caractérisant les priorités du Comité électrotechnique français (CEF) ainsi que du Cos Électrotechnologies. ÉLECTROTECHNOLOGIES otamment l’industrie, pour qui la norme n représente le tout premier référentiel pour les cahiers de charges des produits et services qu’elle met sur le marché. Les enjeux sont nationaux en optimisant les commissions miroirs et en consolidant les expertises ; européens, en remettant l’industrie au cœur des débats et des grandes décisions ; et internationaux, en garantissant une influence européenne et française durable face aux grandes ambitions des pays émergents. LES AXES Développer les infrastructures de demain Des réseaux intelligents et communicants (smart grids) La France a été fortement impliquée dans les travaux européens sur les réseaux intelligents et communicants (smart grids), contribuant à en préciser les contours et accorder les positions des acteurs. Forts de cette expérience, les acteurs français ont largement porté le sujet à l’échelle internationale et se sont positionnés pour : Capitaliser sur le comité système (SyC) Smart Energy de l’IEC et l’influencer à la hauteur des ambitions des acteurs (constructeurs et opérateurs de réseaux). Faire émerger une stratégie de sortie pour l’IEC/PC 118 Interface utilisateur pour le réseau intelligent. Au-delà du sujet de l’interface utilisateur, les autres sujets traités par ce comité sont globalement en redondance avec les programmes de travail d’autres comités de l’IEC (TC 8 Aspects système de la fourniture d’énergie électrique, TC 57 Gestion des systèmes de puissance et échanges d’informations associés…). Par ailleurs, des velléités s’affirment de plus en plus pour pousser à l’adoption à l’échelle internationale de normes potentiellement contradictoires avec la série de normes IEC 61850 Réseaux et systèmes de communication pour l’automatisation des systèmes électriques dont le développement comme pierre angulaire des réseaux intelligents est une priorité pour les acteurs français. Enfin, le caractère temporaire d’un comité de projet (PC) doit être réaffirmé. Favoriser la prise en compte de la problématique des microgrids (actuellement évaluée par le groupe d’évaluation système SEG 6 Réseaux de distribution non traditionnels/ microréseaux) par le comité système SyC Smart Energy. Contribuer et valoriser les travaux du Cenelec dans le contexte du développement et de la mise en œuvre des codes réseaux (Network code). Pour les compteurs intelligents, promouvoir la suite DLMS/Cosem (Device Language Message specification/Companion Specification for Energy Metering) pour les échanges de données de comptage et plus particulièrement pour le contexte français les normes pour la technologie CPL-G3 (courant porteur en ligne). Le comité système (SyC) Smart Energy est un comité système de l’IEC qui développe un cadre de référence, une démarche méthodologique pour produire des « livrables » de niveau système (architecture de référence, cas d’usage) et une priorisation des travaux normatifs des comités techniques de l’IEC concernés par les systèmes électriques intelligents. Ce SyC Smart Energy couvre également les interactions avec les autres énergies ou fluide (gaz, eau, chaleur). En France le suivi du SyC Smart Energy est assuré via la commission miroir Approche systèmes de la gestion intelligente de l’énergie électrique (UF ASGIEE), qui a établi ses priorités : s’accorder sur des cas d’usage (Use Cases ou UCs) prioritaires (en nombre limité et suffisamment génériques) ; caractériser et valoriser les éventuels besoins de marchés spécifiques « France » différents de besoins européens ou internationaux, en cohérence avec les ambitions françaises dans le cadre de l’initiative Réseaux électriques intelligents (REI) ; contribuer au plan de développement du SyC Smart Energy à élaborer ; être force de proposition quant à la gouvernance et l’organisation des travaux du comité Système IEC. Des bâtiments intelligents, communicants et évolutifs (smart buildings & homes) Compte tenu de la fin de la période de prédominance du Cenelec sur l’IEC à propos des bâtiments intelligents, communicants et évolutifs, les experts français vont devoir contribuer aux travaux de l’IEC, notamment pour les systèmes d’alarme et de sécurité électroniques. La perte de pouvoir progressive de l’Europe face à l’Asie était prévisible. Il s’avère fondamental que les experts français s’investissent dans les sujets émergents. Les travaux européens en matière de bâtiments intelligents et communicants, qui ont abouti à la version 2 de Smart House, publiés en hitmanphoto – Fotolia La France s’est fortement impliquée dans les travaux sur les réseaux intelligents et communicants. 2012, ne font pas suffisamment référence. Ces travaux identifient la nécessaire coopération entre les organismes européens de normalisation, l’Union européenne et les parties prenantes, pour créer une véritable interopérabilité pour l’environnement numérique des foyers domestiques et des bâtiments. Une action de communication à l’échelon européen s’avère nécessaire. Les interfaces entre le réseau et le smart building au niveau européen sont traités par une structure du Cenelec. Stratégiquement, il s’agit de normaliser une modélisation des données permettant un interfaçage vers les réseaux hétérogènes du Smart Home. Ceux-ci se feront dans le futur au niveau IP, avec des langages de haut niveau. Au niveau français, des travaux de révision concernant la norme NF C 15-160 Installations pour la production et l’utilisation de rayonnements X – exigences de radioprotection doivent être menés. Cette révision aura notamment pour but de mettre à jour les conditions d’installation auxquelles doivent satisfaire les générateurs électriques de rayons X. À l’international, la maintenance des normes de la série IEC 60601-2 concernant les appareils médicaux de monitoring, diagnostic et aide au traitement occupera une place prépondérante en 2016. Cela témoigne de la volonté d’offrir des diagnostics encore plus fiables et des traitements toujours plus efficaces. Le nouveau comité système Aspects systèmes de l’assistance à l’autonomie à ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 85 ÉLECTROTECHNOLOGIES omicile (AAL), de par sa vision horid zontale, devra également se préoccuper, au-delà de l’interopérabilité des produits, de l’intégration de ses systèmes dans les produits et systèmes existants. Cela pourrait passer par des passerelles encore à définir entre les matériels d’aide à domicile et les systèmes existants et futurs d’automatisation et de communication de l’habitat avec tous les aspects de sécurité, fiabilité et sûreté des informations circulant dans ce cadre. La communication à assurer par ce nouveau comité système sera dès le début des travaux à affirmer comme un vecteur de rapprochement vis-à-vis des comités existants qui sont destinés à s’intégrer dans l’aspect système du SyC AAL. Un recensement exhaustif des comités ou sous-comités d’études en lien avec le sujet AAL est un préalable aux travaux. Des villes et communautés intelligentes (smart cities & communities) L’électricité et l’électronique sont au cœur des infrastructures urbaines et souvent la clé de voûte du développement d’une ville ; ainsi l’IEC aura un rôle important à jouer dans le développement de normes concernant les grands processus et la supervision des villes intelligentes. C’est pourquoi a été mis en place en 2013 un groupe d’évaluation système (SEG) Smart Cities afin de préciser les enjeux qu’elles représentent pour la filière électrique. La France soutiendra la création d’un comité système à l’IEC dont l’objectif sera de favoriser le développement de normes permettant notamment la mise en place des interfaces nécessaires entre les infrastructures urbaines au service d’une efficacité globale des systèmes de la ville (énergie, eau, déchets, mobilité, services publics, bâtiments et maisons). NORMES ET DOCUMENTS NORMATIFS IMPORTANTS PUBLIÉS EN 2015 NF EN 62676-4 Systèmes de vidéosurveillance destinés à être utilisés dans les applications de sécurité – partie 4 : directives d’application NF EN 50436-6 Éthylotests antidémarrage – méthodes d’essai et exigences de performance – partie 6 : sécurité des données NF C 18-550 Opérations sur véhicules et engins à motorisation thermique, électrique ou hybride ayant une source d’énergie électrique embarquée – prévention du risque électrique NF C 15-100/A5 Installations électriques à basse tension, amendement concernant le logement FD C 16-600 État des installations électriques des immeubles à usage d’habitation NF C 13-100 Postes de livraison alimentés par un réseau public de distribution HTA (jusqu’à 33 kV) Normes expérimentales de la série XP C 93-850 Câbles à fibres optiques (nécessaires aux travaux de la mission France très haut débit) NF EN 62325-451-4 Cadre pour les communications pour le marché de l’énergie – partie 451-4 : processus métier de règlement des écarts et de réconciliation, modèles contextuels et modèles d’assemblage pour le marché européen Série de normes NF EN 50598 NF EN 62559-2 86 Écoconception des entraînements électriques de puissance, des démarreurs de moteur, de l’électronique de puissance et de leurs applications entraînées Méthodologie des cas d’utilisation – partie 2 : définition du formulaire type de modèle de cas d’utilisation de la liste d’acteurs et de la liste d’exigences ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 Le travail du SEG 1 Smart Cities a permis d’identifier différents domaines où une normalisation d’un point de vue système est nécessaire : la continuité des services publics ; l’urbanisme et les systèmes de simulation (urban planning and simulation system : « partage de données et simulations d’urbanisme ») ; cities facilities management (gestion et construction de conduite souterraines [gaz, électricité, eau, système d’égouts, c ommunication]) ; use case Smart Home (la maison et les interactions entre les maisons et les services publics en dehors de la maison) ; use case Smart Education (l’éducation au service de la ville intelligente) ; méthode d’évaluation et indicateurs clés d’une ville intelligente ; la mobilité et la logistique. Une infrastructure en support à la digitalisation Les développements de projets liés au plan France très haut débit (THD, très haut débit pour tous à l’horizon 2022, en particulier par le câblage du pays en fibres optiques) se poursuivent notamment via l’élaboration de normes expérimentales demandées par l’Autorité de régulation de communication électroniques et des postes (Arcep), par le groupe d’harmonisation de la mission France THD et par Objectif Fibre. Réussir cette expérimentation permettra le passage de ces documents au niveau européen. Les projets de câblage cuivre (câbles à paires torsadées) pour couvrir les besoins résidentiels, y compris la télévision, en relais de l’arrivée de la fibre optique dans le logement se poursuivent. Les câblages génériques évoluent en raison de la montée à 40 Gbits/s. Le groupe stratégique SMB/SG 9 Technologies de la communication vient d’être créé en remplacement d’Actel, avec un domaine d’application très étendu, puisqu’il couvre les quatre premières couches du modèle OSI. Les infrastructures radio La norme incontournable du domaine des émetteurs de radio-télévision, l’IEC 60215 Exigences de sécurité relatives aux matériels d’émission radioélectrique, est actuellement en cours de révision. La publication d’une nouvelle édition de cette norme est prévue cette année et devra faire l’objet d’une campagne de promotion en France. ÉLECTROTECHNOLOGIES À noter également que d’autres comités techniques ont initié des travaux sur la distribution de courant continu à travers une prise USB. La mobilité électrique Le véhicule électrique En France, le nouveau guide technique (Livre vert) pour la conception et l’aménagement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables prévoit la normalisation des bornes, l’inscription de chaque borne sur un site Internet national et l’interopérabilité des bornes. La rédaction de ce guide technique a eu lieu dans un contexte international dynamique. Une stratégie de sortie du groupe d’évaluation système SEG 5 Électrotechnologies pour la mobilité entre les comités systèmes Smart Energy et Electrotechnological Aspects for Smart Cities est par ailleurs à promouvoir. La France soutient le mandat européen M/533 visant à promouvoir les énergies alternatives : elle a proposé la mise en place d’un comité technique à part entière au Cenelec. Ce comité, dont le secrétariat sera assuré par la France, permettra notamment la reprise européenne des normes internationales de l’IEC concernant les prises des véhicules électriques. Dans ce cadre, la France soutient la transposition au niveau national de la directive européenne sur le déploiement d’infrastructures de recharge pour carburants alternatifs. Le transport électrique ferroviaire La filière ferroviaire a constitué en 2014 un comité de haut niveau (CHN) regroupant les parties prenantes impliquées dans la normalisation. Ce comité a pour mission de définir les orientations stratégiques de la filière dans le domaine de la réglementation technique, de la normalisation et de la standardisation afin de défendre au mieux les intérêts des acteurs industriels, et dans le souci d’un développement accru de l’influence française dans les structures européennes et internationales. En plus des activités normatives déjà lancées (par exemple, l’implication de la filière dans le groupe du Cen sur les portes palières), les deux points principaux d’attention pour 2016 pour le transport électrique ferroviaire demeurent d’une part le développement de normes européennes en support aux directives Interopérabilité (la future directive issue du 4e paquet ferroviaire étant en continuité avec la directive actuelle), d’autre part les développements liés au mandat européen M/486 sur le rail urbain, qui concernent largement les grands acteurs français du domaine ferroviaire, y compris pour l’interurbain. À noter également différentes initiatives lancées au sein de la recherche européenne. Les travaux du projet NGTC sont lancés depuis septembre 2013 et visent à préparer une nouvelle génération du système européen de contrôle commande ferroviaire (évolution d’ETCS) s’appuyant sur la conception des systèmes de contrôle-commande utilisés dans le domaine du transport urbain (architecture de type CBTC, pilotage automatique…). La recherche ferroviaire européenne, qui se met en place avec Horizon 2020 et la Alfonso de Tomas – Fotolia Le développement du courant continu La normalisation des liaisons à courant continu (CC) du réseau de transport d’électricité a débuté dans un contexte en forte évolution, aussi bien du côté des technologies que des enjeux (quelques milliards d’investissement à l’échelle européenne). Des travaux importants sont déjà lancés et sont étendus à un réseau de transport à CC. Ces travaux sont en cours au sein de l’IEC avec une déclinaison adaptée à l’Europe pour la prise en compte des réglementations qui lui sont particulières (HVDC Grid Code). De nombreux projets européens de liaisons de ce type sont soit en cours, soit en phase de décision afin de renforcer les interconnexions entre États membres, d’une part, ou de renforcer les évacuations de grandes quantités de productions intermittentes, d’autre part, comme celles par exemple des fermes offshore, afin de promouvoir le marché de l’électricité européen. La France restera active au sein de la normalisation européenne dans les prochaines années. Les réseaux à courant continu sont actuellement principalement dédiés à l’alimentation à basse tension de certains centres de traitement de données (data centers) et centres de télécommunications. Cependant des besoins nouveaux apparaissent avec des usages du courant continu en domestique (applications home), en grands bâtiments tertiaires ou dans des quartiers isolés non connectés au réseau dans les pays en développement. À l’international, le groupe d’évaluation système SEG 4 Low Voltage Direct Current Applications, Distribution And Safety For Use In Developed And Developing Economies a été créé début 2015 pour rassembler les experts du domaine du courant continu en basse tension afin d’évaluer les usages du courant continu et les applications possibles, le tout dans un objectif d’efficacité énergétique et de propositions de développement de nouvelles applications. Les acteurs français doivent être force de proposition sur les scénarios de sortie du SEG 4 en termes de structures et d’organisation futures pour traiter de ce sujet devenu incontournable. La révision de la norme NF C 15-100 Installations électriques à basse tension est en cours. ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 87 ÉLECTROTECHNOLOGIES Joint Undertaking (JU) Shift2Rail, verra le développement de systèmes de contrôle-commande dans le train (TCMS) sans fil, de moteurs ou convertisseurs avec des composants (semi-conducteurs) fonctionnant à plus hautes températures, de trains moins consommateurs d’énergie, etc. La composante homologation virtuelle et la normalisation seront de plus en plus présentes. La révolution numérique Les objets connectés La normalisation autour de l’Internet des objets, également appelé objets connectés, a démarré au comité joint Iso/IEC/JTC 1 et dans plusieurs consortiums (IEEE, IIC ou OIC). Des propositions traitant des architectures générales sont d’ores et déjà en cours d’élaboration. Bien que les travaux ne fassent pas apparaître de besoins particuliers côté infrastructures, la téléalimentation des produits (alimentation par le câble de communication) devient une possibilité. Les travaux de normalisation associés sont en gestation ; l’analyse des applications visées devrait permettre de définir la puissance à véhiculer. Les travaux (échauffement des câbles, normalisation de câbles hybrides cuivre-optique…) vont se poursuivre tout au long de l’année. La bonne connaissance, compréhension et influence des débats sur la scène mondiale sont essentielles. Les fonctions et applications métiers vont évoluer et surtout s’enrichir du fait des nouvelles possibilités qu’offre cette révolution. Si les technologies de communication existent déjà, elles devront se durcir pour permettre cette évolution dans les processus industriels, et plus largement, les processus sensibles. Il sera bien de la responsabilité des métiers et autres secteurs de définir ces nouvelles fonctionnalités et de les encadrer, NORMES ET DOCUMENTS NORMATIFS IMPORTANTS PRÉVUS EN 2016 88 NF EN 50436-7 Éthylotests antidémarrage – méthodes d’essais et exigences de performance – partie 7 : document d’installation Série de normes NF EN 61511 Sécurité fonctionnelle – systèmes instrumentés de sécurité pour le secteur des industries de transformation NF C 18-510/A1 Opérations sur les ouvrages et installations électriques et dans un voisinage électrique – prévention du risque électrique NF EN 60335-1/A2 Appareils électrodomestiques et analogues – sécurité – partie 1 : exigences générales NF EN 60335-2-113 Appareils électrodomestiques et analogues – sécurité – partie 2-113 : exigences particulières pour les appareils destinés aux soins cosmétiques et esthétiques comportant des lasers et des sources de lumière de forte intensité NF C 17-200 Installations électriques extérieures – règles NF C 14-100/A3 Installations de branchements à basse tension Série de normes expérimentales XP C 93-923 Boîtier pour point de branchement optique NF EN 61851-1 Système de charge conductive pour véhicules électriques – partie 1 : exigences générales NF EN 60215 Règles de sécurité applicables aux matériels d’émission radioélectrique ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 si nécessaire, grâce aux documents normatifs adéquats. Une bonne coordination, voire la participation active de la filière aux commissions miroir des différents SC et WG du JTC 1, est indispensable. Par ailleurs, l’extrême transversalité du sujet, qui ressort d’ailleurs parfaitement de la dernière consultation, mérite une attention particulière en France. Le Cos recommande la mise en place d’un groupe de coordination inter Cos présidé par le Cos ICN. Compatibilité électromagnétique Les produits embarquant de l’électronique se généralisent. Avec l’avènement annoncé des objets connectés, ainsi que par l’utilisation accrue des communications sans fil, la pollution électromagnétique demeure un point de focalisation pour tous les acteurs. Le point important pour les acteurs français en 2016 reste la qualité des transmissions possibles par courant porteur en basses fréquences pour le relevage automatique des compteurs d’énergie électrique. Cette technologie pourrait se développer pour relever d’autres types de compteurs. Dans le domaine des courants porteurs, le débat commencé en 2015 quant au niveau de perturbation autorisé sur le réseau électrique se poursuit activement. C’est la qualité des communications des équipements dialoguant sur le réseau électrique qui est en jeu. Dans le cadre des travaux à l’IEC et suite à l’accord obtenu sur la bande de fréquences entre 2 et 30 kHz, les travaux vont maintenant se focaliser sur la bande de fréquences entre 30 et 150 kHz. Une technologie, très adaptée au mode industriel, permet de communiquer à distance sur quelques mètres, sans aucun problème de compatibilité électromagnétique (CEM) : elle ne déborde pas en dehors du local où elle est mise en œuvre ; il s’agit du Light Fidelity (LiFi), technologie pour laquelle plusieurs acteurs français ont investi. Une norme IEEE existe pour définir le protocole, mais aucune norme n’est encore développée pour la partie matérielle, les Led. Le bâtiment numérique L’activité normative européenne et internationale devient conséquente pour les systèmes électroniques résidentiels dans les foyers domestiques et les bâtiments, compte tenu du foisonnement de projets autour des smart grids. Il est stratégique de s’assurer de la ÉLECTROTECHNOLOGIES La réglementation Étiquetage énergie s’applique à de nombreuses familles d’appareils électriques du quotidien, dont l’électroménager. La révolution numérique dans l’industrie Face aux difficultés de l’industrie française à se développer, voire à maintenir son rang, les industriels ont lancé l’initiative « Alliance pour l’industrie du futur ». Le gouvernement l’accompagne avec un programme de promotion d’initiatives industrielles propres à permettre une relance des investissements sectoriels dans des domaines prometteurs pour l’avenir. Une technologie disruptive appelée fabrication additive consiste à fabriquer pièces mécaniques, composants électriques ou électroniques à l’aide d’imprimantes dites 3D ; elle risque, à terme, d’affecter profondément la fabrication industrielle, en particulier les petites séries, spécialités françaises. Les travaux sur l’Internet des objets (IoT), la généralisation de l’adressage IPV6, la normalisation des protocoles de communication devraient trouver une large application dans l’industrie. Consciente de sa vulnérabilité envers la malveillance, celle-ci travaille désormais de manière active dans la cybersécurité, afin d’anticiper une probable réglementation. Le domaine des micro et nanomoteurs, appelés MEMS, est porteur pour plusieurs entreprises françaises. La normalisation de ces composants (caractéristiques, dimensions, tension…) permettrait d’étendre leur marché. Les définitions de modèles de données génériques des produits indispensables pour permettre l’interopérabilité des systèmes sont développées en utilisant les techniques de l’ontologie. Les ontologies de produits sont établies sous forme de dictionnaire de référence pour leur description générale et leurs données techniques d’ingénierie. Cela consiste à décrire des familles ou types de produits similaires, appelés classes, en utilisant un ensemble de caractéristiques standardisées appelées propriétés. Classes et propriétés sont identifiées de manière TR – Fotolia c ohérence des projets entre les diverses activités internationales et européennes, issues des organisations de normalisations comme des consortiums. La modélisation des données d’un bâtiment par des maquettes numériques intelligentes, outils de conception virtuelle, devrait transformer, dans les années qui viennent, la construction à l’échelle mondiale. Les installations électriques seront aussi concernées et devront prendre en compte ces nouveaux modèles et outils. unique, nommées et définies sans ambiguïté. La base de données de l’IEC baptisée CDD (component data dictionnary) est continuellement enrichie, notamment avec les produits d’instrumentation utilisés dans l’industrie du process (IEC 61987) ou les appareillages électriques (IEC 62683). Ces dictionnaires servent de référence pour les catalogues électroniques tels que eCl@ss ou Etim. Il convient de poursuivre ce travail essentiel pour assurer l’interopérabilité des systèmes industriels. Agir efficacement pour le développement durable L’efficacité énergétique des installations et process À l’échelle internationale, les aspects d’efficacité énergétique, la prise en compte des implications des smarts grids sur les installations, le développement du courant continu, la connectivité aux réseaux des énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien notamment) ainsi que l’alimentation des véhicules électriques constituent les principaux domaines pour lesquels les travaux de normalisation déjà engagés se poursuivent. De nombreux comités techniques ont engagé dans leur domaine des travaux ayant trait à l’efficacité énergétique. Il est important pour le Cos Électrotechnologies d’assurer le suivi et la cohérence des différentes initiatives et notamment : encourager une intégration rapide des exigences des normes d’installations électriques dans le programme de révision de la norme NF C 15-100 ; suivre la mise en œuvre de la directive Efficacité énergétique (2012/27/UE) en France en liaison avec les Cos URE et Construction pour assurer un développement cohérent avec le marché des normes associées ; veiller à assurer un engagement au bon niveau dans les travaux en cours sur la mesure de l’énergie en aval compteur ; suivre les travaux du nouveau comité système IEC Smart Energy et des premiers projets à venir au sein du TC 120 qui traitent des systèmes de stockage de l’énergie électrique ainsi que des avancées réalisées à l’Iso dans le cadre de la réflexion en cours pour une restructuration de ses comités techniques en charge de l’efficacité énergétique. Les énergies décarbonées La Conférence internationale sur le climat, fin 2015 au Bourget, devrait avoir un impact sur l’évolution des énergies décarbonées et compléter les actions lancées suite aux travaux sur la transition énergétique. Les réflexions liées à l’adaptation aux variations climatiques vont se poursuivre, avec des répercussions sur les travaux normatifs. Les différentes politiques vont de plus en plus être orientées vers une amélioration de l’efficacité écologique des systèmes énergétiques connectés et de leurs utilisations finales dans les bâtiments, l’industrie et le transport et non plus de produits isolés : l’implantation des éoliennes off-shore se renforce et les travaux normatifs vont avant tout être axés sur l’installation et la certification de systèmes et non plus de turbines seules. La mise en place des hydroliennes, en particulier fluviales, exploitant l’énergie des débits des rivières, va nécessiter un travail normatif accru ; pour le photovoltaïque, les publications européennes sur l’utilisation dans le bâti des cellules photovoltaïques vont être éditées cette année, avec deux sous-ensembles différents, modules et systèmes, ce qui augmentera cette notion de systèmes dans les normes concernées ; ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 89 ÉLECTROTECHNOLOGIES L’utilisation efficace des ressources (resource efficiency) L’écoconception Un nouveau projet européen piloté par l’Allemagne a été approuvé par le Cenelec. La norme expérimentale française XP C 08-100-1 Déclarations environnementales relatives aux équipements électriques, électroniques et de génie climatique destinés à un usage dans les ouvrages de bâtiment – règles d’élaboration communes doit constituer une base d’orientation pour ces travaux. Ce sujet devrait ensuite être porté sur la scène internationale, les pays industriels asiatiques souhaitant y joindre leur contribution. L’économie circulaire Des difficultés sont apparues sur des questions de responsabilité pour les utilisateurs ou fabricants d’articles utilisant un (ou des) composant(s) recyclé(s). Cette question est importante : elle va remettre en cause certaines définitions sur la traçabilité et la maîtrise des substances dans les produits dans plusieurs directives européennes. Aujourd’hui, la directive Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) exclut la réutilisation de produits (ou pièces détachées) non conformes à la directive ROHS (qui vise à limiter l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques). Ces questions devront être traitées cette année en Europe et en France pour débloquer la situation et inciter les parties prenantes à s’engager avec de nouveaux référentiels. Il s’agira d’une évolution majeure de l’approche écoconception, avec l’introduction de critères mesurables de durabilité, réemploi, 90 ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 réparabilité, recyclabilité et taux de matériaux recyclés. Le mandat en cours d’approbation (écodesign) va générer le développement d’un grand nombre de normes transverses et/ ou sectorielles pour permettre l’évaluation de ces critères sur les différents produits. Les biens de consommation L’étiquetage énergie Considérée comme l’un des outils clés de l’économie circulaire, la réglementation européenne Étiquetage énergie s’applique à de nombreuses familles d’appareils électriques de notre quotidien (électroménager, télévision, éclairage, chauffage, production d’eau chaude sanitaire…). Cette réglementation, complétée par sa composante « écoconception », est appelée à : s’étendre pour inciter les fabricants à concevoir et produire de nouvelles familles d’appareils, présentant une meilleure efficacité énergétique, une réduction significative des impacts environnementaux et une excellente aptitude à la fonction ; renforcer les exigences existantes pour constituer de nouveaux objectifs en matière de développement durable ; fixer de nouvelles dispositions environnementales. Outils basés sur la Nouvelle approche, les normes constituent les référentiels qui définissent les différentes méthodes de mesure nécessaires. Les organismes européens Cen et Cenelec se doivent d’anticiper le plus possible l’élaboration de ces normes selon les exigences réglementaires envisagées afin qu’elles soient disponibles, a minima, lors de l’entrée en application des règlements propres aux différentes familles de produits et qu’elles présentent un haut niveau de répétabilité et de reproductibilité de par l’impact de l’étiquetage énergie sur la concurrence commerciale entre fabricants. électriques à basse tension à horizon 2017. Cette révision consiste à remettre à jour l’ensemble des parties de la norme, en cohérence avec les normes IEC et les documents d’harmonisation du Cenelec correspondants, et à y intégrer les exigences normatives contenues dans les guides UTE liés à la NF C 15-100. Il va s’avérer nécessaire, en parallèle, de mener une réflexion globale sur la structure et le format de cette norme, afin de prendre en compte les attentes des utilisateurs (artisans et installateurs notamment) sur la simplification des documents (lisibilité, densité, coût, etc.). La publication récente d’un amendement au niveau du Cenelec traitant de l’installation des détecteurs de défaut d’arc (AFDD) conduira la commission U 15 Installations électriques à basse tension à se pencher sur la manière de les prendre en compte dans la NF C 15-100. Les produits d’installation et biens de consommation Les principaux travaux doivent se concentrer sur la contribution des produits à l’efficacité énergétique du bâtiment, le développement de composants sur les réseaux de distribution en courant continu ainsi que la création d’une nouvelle norme sur les fonctions spécifiques pour l’efficacité énergétique du bâtiment. Un groupe de travail couvrant le petit appareillage a pour objectif de normaliser, Assurer durablement la sécurité des citoyens et des installations Les installations électriques En France, des travaux importants ont démarré l’an dernier, avec la révision complète de la norme NF C 15-100 Installations Efficacité énergétique des installations et process, énergies décarbonées font partie, à certains égards, du champ du Cos Électrotechnologies. Andrey Popov – Fotolia dans les systèmes de piles à combustible (PAC), de nouveaux projets normatifs ont vu le jour à la suite des travaux pour les stations de recharge hydrogène. D’autres sujets importants émergent dans le contexte du mandat européen pour la rédaction de normes sur les infrastructures de recharge pour les carburants alternatifs, ou dans le cadre des discussions sur le stockage de l’énergie ; enfin le nucléaire est mis à contribution pour participer à la rénovation énergétique à court terme. Les commissions de normalisation vont travailler essentiellement à répondre aux besoins normatifs post-Fukushima en matière de sécurité et sûreté des centrales nucléaires, de protection des personnes, et d’instrumentation de mesure de la contamination de la chaîne alimentaire. ÉLECTROTECHNOLOGIES La distribution de l’énergie est au cœur de problématiques complexes : individualisation et miniaturisation pour le consommateur, interconnexions transnationales pour les fournisseurs. Les atmosphères explosibles La directive Atex 2014/34/UE relative aux appareils et systèmes de protection destinés à être utilisés en atmosphères explosibles a été transposée en droit français par le décret n° 2015-799 du 1er juillet 2015. Ce point génère une demande croissante concernant les normes Atex, en particulier l’intégration des exigences concernant les gaz, les poussières, l’intégration des niveaux de protection des équipements (EPL) dans toutes les normes et la sécurité fonctionnelle des systèmes fixes de détection. La sécurité au travail Volonté de créer le projet sous la référence EN 50365 Casques électriquement isolants pour utilisation sur installations en basse tension en France avec l’aide de la filière générale puis de le faire remonter à l’échelle européenne. Promotion du projet, en collaboration avec la filière générale, qui a débouché l’an dernier sur une proposition française au Cenelec sous le titre EN 50321-2 Travaux sous tension – chaussures pour protection électrique – chaussure avec semelle électriquement isolante. Ce projet doit être promu et soutenu cette année pour être pris en compte en Europe. Suite à une forte pression française dans les instances européennes et internationales après publication de normes IEC mettant en cause la concordance entre les essais des EPI en courant alternatif ou continu, un groupe ad hoc est en place à l’IEC. Les experts français inscrits vont être très vigilants lors du déroulement des travaux. Suivi particulier de la commission S 100 A Compatibilité des équipements de protection individuelle (EPI) de la filière générale, qui va traiter de la compatibilité de ces EPI avec la création en Europe d’un groupe Cen/Cenelec, dans lequel il conviendra de s’assurer de la prise en compte des spécificités et intérêts de la filière électrique. ChiccoDodiFC – Fotolia à l’échelle internationale, les aspects sécurité, compatibilité électromagnétique (CEM) et installation des systèmes électroniques pour les foyers domestiques et les bâtiments (HBES). Les travaux dans ce domaine se limitaient pour l’essentiel au niveau européen. Pour les biens de consommation, la normalisation des aspects sécurité (produits et personnes), en appui de la réglementation, demeure un travail prioritaire. Elle est particulièrement concernée par les mandats ou projets de mandats élaborés par la Commission européenne. AAL et ses implications Ce nouveau sujet éminemment transversal a pour objectif d’établir une vision des besoins en termes d’assistance à la personne, compte tenu notamment du vieillissement général de la population et des modes de vie des familles. Là où plus globalement les technologies vont permettre le développement de services nouveaux mettant en œuvre l’inter opérabilité entre fournisseurs de produits et services et fournisseurs de systèmes touchant des domaines allant de l’électromédical au multimédia, à l’électrodomestique, aux systèmes de surveillance… Interopérabilité et sécurité se révèlent être des points clés dans ce contexte, d’où la création d’un groupe de travail international spécifique à l’IEC, dont les travaux démarrent cette année. La transformation d’un groupe stratégique de l’IEC en 2014 en comité système Active Assisted Living (AAL) a débouché sur la création d’une commission miroir en France intitulée UF AAL Aspects systèmes de l’assistance à l’autonomie à domicile. Les travaux démarrent cette année. En Europe, l’accessibilité et la prise en compte des exigences relatives à l’accessibilité des personnes dans une acception large (personnes vulnérables, personnes en situation de handicap, jeunes et très jeunes enfants) sont traitées par l’intermédiaire d’un mandat européen. L’Europe, dans sa stratégie normative pour 2020, s’est fixé comme objectif de prendre en compte de manière générale la santé et les mutations démographiques, autrement dit la silver économie, les besoins des seniors. En Europe et en France, des initiatives ont déjà été lancées avec la création de groupes thématiques de coordination. Pour la e-santé, la modernisation de l’offre de soins au sein des établissements de santé répond à deux objectifs : amélioration de la qualité des soins avec l’utilisation de robots médicaux pour la chirurgie par exemple ; diminution des coûts par une meilleure prise en charge des patients, notamment par le biais des systèmes d’information (Iso 13606-X). Télécommunications En France, il est nécessaire de s’assurer que le nouveau groupe stratégique du SMB de l’IEC (SG 9 Technologies de la communication) sur les télécommunications ne traite pas uniquement les aspects logiciels, mais prenne aussi en compte les aspects sécurité des réseaux physiques de communication. Des propositions françaises relatives aux aspects sécurité des réseaux de communication sont à l’étude et pourront être proposées au JTC 1/SC 25 Interconnexion des équipements liés aux technologies de l’information. La cybersécurité et la protection des données Au sein de l’IEC, un comité consultatif, l’Advisory Committee on Information Security and Data Privacy (Acsec), a été mis en place afin de proposer une approche cohérente pour la cybersécurité et la protection des données des systèmes électrotechniques et électroniques. Dans le contexte des systèmes smart et des objets connectés, ces questions sont de nature transversale, et beaucoup de TC/SyC de l’IEC pourraient être concernés par la mise en œuvre de recommandations. L’Acsec doit être un lieu d’échange avec les autres organismes produisant des normes dans le domaine pour garantir la cohérence des propositions normatives développées. ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 91 ÉLECTROTECHNOLOGIES Everythingpossible – Fotolia Un comité consultatif a été mis en place à l’IEC afin de proposer une approche cohérente pour la protection des données des systèmes électroniques et électriques. Dans les villes et communautés urbaines, la façon dont la ville est en mesure de répondre aux menaces de sécurité et catastrophe potentielles est une préoccupation centrale des responsables. L’électricité étant une clé de bon fonctionnement de la plupart des systèmes de la ville, l’élaboration de normes pour la continuité de service d’un réseau électrique et la sauvegarde de l’alimentation sont des aspects à prendre en considération. Par ailleurs, une caractéristique des villes intelligentes tient à la masse de données, récoltées et agrégées, analysées et utilisées afin d’aider à gérer la ville dans son ensemble. Exemple de ce que les normes IEC pourraient développer : le partage de données entre les systèmes automatiques gérés électroniquement d’une manière qui serait sécurisée, sûre, fiable et dans le respect de la vie privée. Un renforcement du suivi des activités liées aux matériels et systèmes de navigation et de radiocommunication maritimes s’avère nécessaire. Le système réglementaire dans le maritime dépasse la simple réglementation française : les réglementations internationales influencent fortement la normalisation ; l’arrivée de la e-navigation renforce la nécessité de concevoir des infrastructures robustes et immunes aux attaques. Les produits connectés, smart products : la manière de les mettre en communication entre eux, en intégrant la problématique de la sécurité fonctionnelle, ce qui signifie bien assurer une sécurité via un logiciel, assurer une interopérabilité entre produits connectés, assurer la sécurité des données (personnelles, techniques, mise à jour des produits…) ; le chantier est immense et touchera à terme quasiment tous les produits domestiques, tertiaires et industriels. La défense Objectif prioritaire, le maintien du développement des technologies duales par l’utilisation autant que possible de normes civiles dans 92 ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 le militaire et le développement de normes hybrides concernent autant la défense que la sécurité. Dans la sûreté de fonctionnement, le projet « Collecte et exploitation du retour d’expérience en sûreté de fonctionnement des systèmes et équipements », initié sous l’égide du secteur de la défense est en cours d’étude finale cette année, avec la volonté de proposer ce sujet sur la scène internationale. Renforcer la confiance des acteurs Évaluation de la conformité La norme établie, l’évaluation de la conformité de l’objet concerné (produit, système, service…) à ce document permet au fournisseur de démontrer la conformité de sa fourniture et aux différents acteurs de vérifier cette conformité. Il convient de garder présent à l’esprit, lors de la rédaction des normes, que les exigences décrites pourront être utilisées pour évaluer la conformité à la norme. La satisfaction des exigences de la norme doit notamment pouvoir être vérifiée dans des conditions économiques acceptables. L’IEC a mis en place (et continue de développer) des systèmes d’évaluation de la conformité supervisés par le Conformity Assessment Board (CAB). Afin de permettre un accès le plus simple possible aux marchés internationaux, ces systèmes se caractérisent par l’engagement des organismes d’évaluation de la conformité qui y participent de travailler selon des procédures communes et de reconnaître les évaluations de leurs homologues. L’IEC, à travers sa structure du CAB, mène une promotion permanente de ses différents systèmes auprès de toutes les parties prenantes, y compris les autorités et les institutions réglementaires, pour encourager l’acceptation des certificats émis dans les différents pays. Cet axe de développement des activités de l’IEC doit être encouragé et promu pour faciliter l’accès des entreprises aux marchés internationaux. Les représentants du CEF doivent s’attacher à participer activement à ces travaux et être forces de propositions. Après la création en 2015 du nouveau système d’évaluation IECRE dédié aux énergies renouvelables, il existe deux projets importants en développement : la certification en cybersécurité et la certification des produits de communication. Ces sujets sont traités dans le cadre du groupe de travail de l’IECEE et du CAB. Là aussi, la présence des membres du CEF est indispensable pour orienter favorablement les travaux. Le financement des différents systèmes d’évaluation de la conformité est un sujet majeur de l’IEC. Un nouveau modèle de financement doit être établi et mis en place cette année pour être appliqué au plus tôt en 2017. Ses objectifs principaux sont d’assurer le développement et la pérennité des différents systèmes pour répondre aux attentes actuelles et futures des parties prenantes. L’engagement des membres du CEF à travers les postes de trésoriers et les participations aux groupes de travail dédiés doit être effectif et efficace pour orienter les nouveaux modèles. Enfin, l’évolution des règles de base des systèmes devrait être surveillée au plus près pour assurer une adéquation permanente des systèmes aux besoins des industriels et autres parties prenantes. L’engagement des membres du CEF dans les instances en charge de ces règles doit être pérennisé pour éviter toute dérive préjudiciable à terme. 2014 et 2015 ont vu la création de quatre comités de concertation pour l’évaluation de la conformité en France : le CCEC, miroir du CAB de l’IEC ; le CCFIECEE, miroir de l’IECEE ; le CCFIECEx, miroir de l’IECEx ; le CCFIECRE, miroir de l’IECRE (en cours de constitution). Ces comités sont importants pour la prise de position du comité français dans les différentes instances. Comparés aux structures mises en place par d’autres pays (États-Unis, Canada, Allemagne), ils ne semblent cependant pas suffisants pour assurer et augmenter notre capacité d’influence. Il serait opportun cette année de faire des propositions d’organisation qui permettraient au CEF d’étendre son influence au service des parties prenantes. ÉLECTROTECHNOLOGIES Gouvernance et influence internationale La gouvernance de l’IEC et plus tard celle du Cenelec ont été des éléments essentiels du succès et de l’influence des acteurs européens et notamment français sur les marchés mondiaux des électrotechnologies, dans les réseaux, les produits ou les installations et notamment basse tension. Les positions de leadership des acteurs français en sont un résultat tangible. De nombreuses impulsions sont actuellement en cours, comme l’initiative Steer en Europe ou les travaux autour de TTIP entre Cen/ Cenelec et American National Standards Institute (Ansi). Une implication des acteurs du Cos et plus particulièrement de l’industrie est essentielle pour garantir la bonne prise en compte de leurs exigences spécifiques, résultant notamment de leur implication historique dépassant largement les comités techniques. Établir une priorité des initiatives est essentiel pour garantir la bonne implication des experts vis-à-vis des sujets choisis. Les organisations ou structures mises en place à tous les niveaux doivent éviter toute redondance. Le bon équilibre entre l’investissement à l’international et en Europe des acteurs du marché doit demeurer au cœur des p réoccupations et débats du Cos. Partage et mutualisation des investissements sont des conditions essentielles pour demeurer très influents face à des pays comme l’Allemagne, en Europe, la Chine et les États-Unis dans le monde. En Europe, les parties prenantes françaises sont toujours très attachées à la nouvelle approche mise en place depuis plus de vingt ans, qui limite la réglementation aux exigences essentielles et s’appuie sur les normes pour la définition des moyens de conformité correspondants. Cette articulation réglementation/norme est la raison même de l’existence des organismes de normalisation européens (ESO). La France observe une érosion des budgets alloués aux consultants, qui faute de moyens effectuent ce travail de plus en plus difficilement. Or la présence d’une tierce partie indépendante pour vérifier la compatibilité des normes avec la réglementation est une nécessité : les parties prenantes ne peuvent être juges et parties. Une action doit être portée au sein des Cen/Cenelec pour rappeler ces principes et la demande de sa bonne application dans l’intérêt des ESO et des filières industrielles européennes. ● Denisismagilov – Fotolia Surveillance du marché Si l’évaluation de la conformité permet de démontrer la conformité d’un produit ou service à un référentiel donné, ce qui a pour effet de renforcer la confiance des utilisateurs, cette confiance peut toutefois être remise en cause. Les produits non conformes et/ou dangereux représentent environ 5 % du marché français, taux pouvant atteindre des chiffres très significatifs dans le cas de certains marchés émergents. La surveillance du marché est un domaine essentiel qu’il faut renforcer pour assurer à chacun des acteurs un marché sûr et loyal. Ce problème prend de plus en plus d’importance compte tenu de l’arrivée sur le marché de certifications ou de déclarations de performance (luminaires, électroménager par exemple) qui faute de contrôles suffisants laissent la porte ouverte à des acteurs peu scrupuleux. Sans remettre en cause les prérogatives des autorités en charge de cette surveillance, les industriels compléteront leur investissement dans la normalisation par un investissement collectif pour apporter leur soutien et contribution à cette tâche essentielle et stratégique pour les acteurs européens. Le concept de smart house dans sa version 2 concerne à la fois le bâtiment intelligent et le bâtiment communicant. ENJEUX N° 362 – Supplément – Mars 2016 93